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Province autonome (Trentin-Haut-Adige - Italie) |
Capitale régionale:
Trente (ital.: Trento) Population : 520 000 (2010) Langue officielle (province de Trente): italien Groupe majoritaire: italien Groupes minoritaires reconnus: ladin, mochène et cimbre Système politique: province autonome faisant partie de la Région autonome du Trentin-Haut-Adige Articles constitutionnels (langue): art. 3 de la Constitution de 1947 et Statut spécial du Trentin-Haut-Adige (1972) abrogé par le Statut spécial pour le Trentin-Haut-Adige du 31 janvier 2001 ; Loi constitutionnelle du 31 janvier 2001 Lois linguistiques italiennes: Loi du 14 avril 1975, n° 103 en matière de diffusion radiophonique et télévisée ; Décret du président de la République du 6 avril 1984, n° 426 sur la création du tribunal administratif régional de Trento et la section autonome de Bolzano ; Décret du président de la République du 15 juillet 1988, n° 574, sur l'emploi de l'allemand et du ladin dans les relations entre les citoyens et l'administration publique et dans la procédure judiciaire; Décret législatif du 16 avril 1994, n° 297, en matière d'instruction ; Décret-loi n° 321 du 2 septembre 1997, en matière de protection des minorités linguistiques dans la province du Trentin ; Décret législatif n° 487 du 15 décembre 1998 en matière d'initiatives pour la réception de programmes de radiotélévision en ladin; Décret-loi n° 344 du 8 septembre 1999, concernant les écoles situées dans les localités ladines ; Règles en matière de protection des minorités linguistiques historiques, n° 482, du 15 décembre 1999 ; Règles de principe en matière d'organisation du système de radiotélévision et de la RAI, n° 112 du 3 mai 2004 ; Décret législatif du 14 mai 2010, n° 86, sur l'équivalence des certificats d'aptitude en italien et en allemand; Lois régionales: Loi régionale du 20 novembre 1988, n° 26, sur les mesures de compensation au bilinguisme et d'indemnité dans les transcriptions des actes et documents ; Loi régionale du 21 février 1991, n° 5, sur l'amélioration du service de traduction dans l'administration régionale et les mesures d'urgence en ce qui concerne le personnel et le règlement du personnel des chambres de commerce, etc. ; Loi régionale du 19 juin 2009, n° 2, sur la publication et la diffusion du Bulletin officiel de la Région autonome du Trentin-Haut-Adige ; Lois provinciales du Trentin: Loi provinciale de Trento du 14 août 1975, n° 29 sur la création de l'Institut culturel ladin ; Loi provinciale du 27 août 1987, n° 16, portant sur la toponymie (abrogée) ; Loi provinciale du 31 août 1987, n° 18, sur la création de l'Institut mochène et de l'Institut cimbre, et règles pour la protection et la promotion de la culture des populations germanophones dans la province du Trentin ; Décret législatif du 16 décembre 1993, n° 592, sur les dispositions de protection des populations ladine, mochène et cimbre dans la province du Trentin ; Loi provinciale du 13 février 1997, n° 4, sur l'enseignement de la langue et culture ladines à l'école obligatoire; Décret du président de la Junte provinciale du 11 mai 1998 sur l'établissement de la langue et de la culture ladines à l'école maternelle, primaire et secondaire des premier et second cycles ; Loi provinciale du 30 août 1999, n° 4, sur la protection des populations de langue minoritaire dans la province du Trentin (abrogée) ; Décret du président de la Junte provinciale du 18 octobre 1999, nos 13-12, concernant les Règles d'autonomie des établissements d'enseignement ; Loi provinciale du 16 juin 2006, n° 3, sur les Règles relatives à l'autonomie gouvernementale du Trentin ; Loi provinciale du 7 août 2006, n° 5, sur le système d'éducation et de formation du Trentin ; Loi provinciale du 3 octobre 2007, n° 15, sur la réglementation des activités culturelles ; Loi provinciale du 30 juillet 2008, n° 13, sur l'instauration de la Journée de l'autonomie et la réglementation des caractéristique distinctives dans la Province autonome du Trentin ; Loi provinciale du 19 juin 2008, n° 6, sur la protection et la promotion des minorités linguistiques locales ; Loi provinciale du 10 février 2010, n° 1, sur l'approbation du statut de la Communauté générale de Fascia. |
La Province autonome du Trentin (Provincia
autonoma di Trento) est l'une des deux provinces de la
Région du Trentin-Haut-Adige (Regione
Autonoma di Trentino-Alto Adige) située au nord-est de l'Italie. Cette
province couvre une superficie de 6200 km², soit 45,6 % du
territoire du Trentin-Haut-Adige. La province est limitée au
nord par la Province autonome de Bolzano, à l'est et au
sud-est par la Vénétie (provinces de Belluno, Vicenza et
Verona), au sud et à l'ouest par la Lombardie (provinces de
Mantova, Brescia et Sondrio). Le nom francisé de Trento peut
être Trentin ou
Trente (prononcé
comme 30); dans ces pages, Trento et Trentin
seront tous deux indifféremment utilisés. La capitale de la province est Trento (112 600 hab.), ville qui a donné le nom à la province dont le nombre des municipalités est de 223. Faisant partie des Alpes rhétiques à l'ouest, la province du Trentin est une région de hautes montagnes avec les Dolomites à l'est. |
Avant 1918, le Trentin faisait partie du Tyrol et était appelé le «Tyrol italien», alors que l'on distinguait le Tyrol du Nord (aujourd'hui en Autriche), le Tyrol de l'Est (aujourd'hui en Italie), le Tyrol du Sud (aujourd'hui Bolzano) et le Tyrol italien ou Welschtirol (aujourd'hui le Trentin). La province du Trentin (ou province de Trento), comme la province de Bolzano, bénéficie d'un statut particulier parmi les provinces italiennes: c'est une province «autonome». L'article 116 de la Constitution italienne reconnaît ce statut spécial non seulement aux régions du Trentin-Haut-Adige/Südtirol, du Frioul-Vénétie Julienne, de la Sardaigne, de la Sicile et du Val d'Aoste, mais également aux provinces du Trentin et de Bolzano (par. 2):
Article 1161. Des formes et des conditions particulières d'autonomie sont attribuées au Frioul-Vénétie Julienne, à la Sardaigne, à la Sicile, au Trentin-Haut Adige/Südtirol et au Val d'Aoste, selon les statuts spéciaux respectifs adoptés par loi constitutionnelle.2. La région autonome du Trentin-Haut Adige/Südtirol se compose des provinces autonomes de Trento et de Bolzano. 3. Des formes et des
conditions particulières d'autonomie concernant les matières visées
au troisième alinéa de l'article 117 et les matières visées au
deuxième alinéa dudit article aux alinéas l), pour ce qui est de
l'organisation de la justice de paix, n) et s), peuvent être
attribuées, par la loi de l'État, à d'autres régions, à l'initiative
de la région intéressée, après avoir reçu l'avis des collectivités
locales, dans le respect des principes fixés par l'article 119.
Ladite loi est adoptée par les chambres à la majorité absolue de
leurs membres, sur la base d'une entente entre l'État et la région
intéressée. |
La Province autonome du Trentin est donc dotée de véritables pouvoirs législatifs, dans la mesure où ceux-ci ont été transférés de la Région (Trentin-Haut-Adige) aux provinces: Bolzano et Trentin. Ce sont les délégués des conseils provinciaux qui siègent au Conseil régional (Consiglio regionale), ce qui signifie qu'il n'existe pas de conseil régional distinct. Le Conseil provincial (Consiglio provinciale) du Trentin désigne une instance exécutive appelée Junte provinciale (Giunta provinciale). À la tête du Conseil provincial on trouve un «président» (Presidente) qui préside également la province et la Junte provinciale. Il désigne ses «assesseurs» (assessori) parmi les membres de la Junte et dirige les services administratifs de la province. Les membres Conseil provincial et le président de la province sont élus par les citoyens résidant dans la province. Alternativement, aux deux ans, la présidence de la Région passe du président d'une province à l'autre. La ville de Trento est la capitale du Trentin-Haut-Adige, mais Bolzano est le siège du Conseil régional et d'une partie de l'administration régionale. La province du Trentin dispose d’un Exécutif provincial (Junte provinciale) responsable de l'application des lois adoptées par le Parlement régional et de celles du Conseil provincial, puis administre la province. Le gouvernement provincial se compose du gouverneur de la province, d'un vice-gouverneur de langue allemande et d'un autre de langue italienne, ainsi que des conseillers provinciaux.
La Région du Trentin-Haut-Adige comptait en 2009 plus d'un million d'habitants (plus précisément : 1 019 830), dont 519 800 dans la province du Trentin (50,9 %) et 500 030 dans la province de Bolzano (49 %).
Province | Toponyme alternatif | Population (2009) | Superficie (km²) | Densité (hab./km²) |
Province autonome de Bolzano | Haut-Adige, Tyrol du Sud | 500 030 | 7 399,97 | 67,57 |
Province autonome du Trentin | Trento | 519 800 | 6 206,90 | 83,75 |
Trentin-Haut-Adige | Trentin-Tyrol du Sud | 1 019 830 | 13 606,87 | 74,9 |
Dans la province du Trentin, il faut distinguer trois communautés linguistiques: les italophones (98 %), les ladinophones (1,4 %) et les germanophones (0,6 %). La filiation linguistique de l'italien en tant que langue romane et de l'allemand en tant que langue germanique est généralement bien connue. Mais le cas du ladin est en principe plus méconnu. À l’instar de l’italien, du français, de l’espagnol, etc., le ladin fait partie des langues romanes dont il constitue un sous-groupe particulier avec le romanche et le frioulan. Il s'agit des langues dites rétho-romanes (voir la structure arborescente et la carte linguistique). Le romanche est parlé dans le canton suisse des Grisons, le ladin, dans les provinces italiennes de Bolzano et du Trentin et le frioulan dans le Frioul-Vénétie Julienne en Italie, à l'est des Alpes (voir la carte linguistique des langues rhéto-romanes).
2.1 Les italophones
Comptant pour 98 % de la
population, les italophones sont manifestement très
majoritaires dans la Province autonome du Trentin. Mais il existe
deux types d'italophones: il y a les Trentinois qui
parlent l'italien standard (ceux qui ont immigré dans la
province) et ceux qui parlent des dialectes italiens
locaux. Comme la province est située géographiquement
entre la Lombardie à l'est et la Vénétie à l'ouest, les
parlers régionaux du Trento subissent l'influence
linguistique de ces deux régions frontalières. Le parler local le plus important est le
dialecte
trentin appelé en italien dialetto trentino.
La structure géomorphologique et l'histoire ont fait en
sorte que
la province du Trentin est divisée en
trois grandes aires dialectales :
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Le trentin occidental (1) est caractérisé par une forte influence du dialecte lombard parlé en Lombardie. Le trentin oriental (3) est marqué par des influences du dialecte vénitien utilisé en Vénétie. Quant au trentin central ou trentin méridional (2), il fut jadis caractérisé par des influences lombardes, mais il subit aujourd'hui un stade de vénitianisation avancée. Voici quelques exemples comparatifs: italien standard, dialecte trentin central, dialecte nònes (< italien: val di Non), dialecte valsuganotto oriental (source: Wikipedia) :
Français | Italien | Dialecte trentin (Trento) | Dialecte nònes | Dialecte valsuganotto oriental |
---|---|---|---|---|
Quel est votre nom | Come ti chiami? | Come te ciamet? | Come te clames po? | Come te ciamitu po? |
Quel est votre âge? | Quanti ani gat? | Quanti ani gat? | Canti ani gias po? | Quanti ani ghetu po? |
Je rentre chez moi. | Vado a casa. | Vago a cà. | Von a ciasa. | Vo a casa. |
J'habite à Trento. | Vivo a Trento. | Vivo a Trènt. | Vivi a Trent. | Vivo a Trènto |
Ou habitez-vous? | Dove abiti? | En do abitet? | En do abites? | N do abitu po? |
Tous les italophones parlant le dialecte trentin parlent aussi l'italien standard et n'écrivent que dans cette langue. On ignore le nombre exact des locuteurs de ces dialectes italiens, mais on peut présumer que la majorité des Trentinois le parlent encore dans la vie quotidienne.
2.2 Les
ladinophones
Dans la province deuTrentin, les populations ladinophones occupent
deux aires linguistiques : d'une part, le Val di Fassa au nord-est (mitoyen avec les
provinces de Bolzano et de Belluno), d'autre part, le Val di Non et le
Val di Sole au nord-ouest.
Le Val di Fassa (appelé le «Val de Fascia», en ladin) comprend sept municipalités ladinophones, toutes situées dans le Val di Fassa: Moena, Pozza di Fassa/Poza, Canazei/Cianacei, Vigo di Fassa/Vich, Campitello di Fassa/Ciampedel, Soraga/Sorèga, Mazzin/Mazin, auxquelles il faut ajouter une partie de la commune de Val Pusteria (voir la carte linguistique). Seules les populations ladinophones du Val di Fassa sont reconnues et protégées par une législation dans la province du Trentin. La variété ladine parlée dans le Val di Fassa est appelée le fassano. |
|
Les autres communautés ladinophones situées dans le Val di Non (37 800 hab.) et le Val di Sole (15 000 hab.) ne sont ni reconnues ni protégées. Lors du recensement de 2001, plus de 7500 locuteurs ont affirmé parler le ladin, ce qui représenterait 14,2 % de la population totale des deux vallées (52 800). Bien que les variétés ladines locales, le nones et le solandro, soient reconnues par la plupart des linguistes comme du ladin au même titre que le fassano du Val di Fassa, elles ne sont pas considérées à l'échelle provinciale sur un même pied d'égalité que les autres minorités linguistiques historiques. Depuis plusieurs années, les locuteurs ladinophones du Val di Non et du Val di Sole demandent avec une insistance croissante une reconnaissance officielle du ladin. |
L'aire géographique des Ladins s'appelle la Ladinia
Dolomitica, laquelle est divisée en
cinq «vallées» (valli)
réparties dans les provinces de Trento (Val di Fassa), de Bolzano
(Val Gardena et Val Badia) et de Belluno (Livinallongo et Ampezzo).
Le ladin parlé dans les cinq vallées présente d’importantes variations linguistiques locales, dont
l'intercompréhension demeure tout de même aisée. On peut classer les variétés
ladines comme suit :
Aire occidentale | Aire centrale | Aire orientale |
gardenese
(Val Gardena - BOLZANO) |
badioto-marebbano
(Val Badia - BOLZANO) |
ampezzano (Cortina
- BELLUNO) |
Dans la province du Trentin, on trouve le fassano dans le Val di Fassa au nord-est, ainsi que, au nord-ouest, le nones prononcé [nônès] (ou noneso ou anaunico) dans le Val di Non (Valdenon / Nonsberg) et le solandro (ou solander) dans le Val di Sole (Valdesol / Sulzberg). La Junte provinciale du Trentin (gouvernement provincial) a créée un organisme unificateur pour le Val di Fassa, appelé officiellement, dans sa dénomination ladine, la Comun general de Fascia, ou en italien la Comunità della Val di Fassa, ce qui correspondrait en français à la «Communauté générale de Fascia» (ou Fassa). Cette «communauté» a été créée par la Loi provinciale n° 3 du 16 juin 2006.
2.3 Les germanophones
Les germanophones sont concentrés dans la vallée de Mòcheni (communes de Fierozzo/Vlarötz, Frassilongo/Garait et Palù del Ferzina/Palai en Bersntol) et de Lucerne (Luserna/Lusérn). À l’instar de la province de Bolzano, ces locuteurs germanophones ne parlent pas l’allemand comme langue maternelle, mais des dialectes germaniques austro-bavarois proches du bavarois du Sud (ou Südbairisch): il s’agit du fersentaler ou mochène (mòcheno) et du cimbrien (ou cimbro) appelé aussi simplement cimbre. Le mochène est parlé par 947 locuteurs dans l'aire linguistique mochène ainsi que par 1329 autres dans le reste de la province pour un total possible de 2276 locuteurs. Le cimbre est parlé par 267 locuteurs à Luserna/Lusérn et par 615 dans le reste de la province pour un total possible de 882 locuteurs. Ces deux communautés germanophones sont installées dans la Province autonome du Trentin depuis le Moyen Âge. |
Voici un tableau tiré de l'Annuario Statistico de 2008 de la Province autonome du Trentin:
Tableau I.5 - COMPOSITION DE LA
POPULATION DE LANGUES LADINE, MOCHÈNE ET CIMBRE, |
|||
Commune |
Ladins |
Non-Ladins |
Population |
Campitello di Fassa/Ciampedel |
625 |
107 |
732 |
Canazei/Cianacëi |
1.498 |
320 |
1.818 |
Mazzin/Mazin |
381 |
59 |
440 |
Moena/Moena |
1.967 |
635 |
2.602 |
Pozza di Fassa/Poza |
1.587 |
200 |
1.787 |
Soraga/Soraga |
574 |
99 |
673 |
Vigo di Fassa/Vich |
921 |
152 |
1.073 |
Total de l'aire ladine |
7.553 |
1.572 |
9.125 |
Reste de la province |
8.909 |
458.983 |
467.892 |
Province |
16.462 |
460.555 |
477.017 |
Commune |
Mochènes |
Non-Mochènes |
Population |
Fierozzo/Vlarötz |
423 |
18 |
441 |
Frassilongo/Garait |
340 |
17 |
357 |
Palù del Fersina/Palai en Bersntol |
184 |
11 |
195 |
Total de l'aire mochène |
947 |
46 |
993 |
Reste de la province |
1.329 |
474.695 |
476.024 |
Province |
2.276 |
474.741 |
477.017 |
Commune |
Cimbres |
Non-Cimbres |
Population |
Luserna/Lusérn |
267 |
30 |
297 |
Reste de la province |
615 |
476.105 |
476.720 |
Province |
882 |
476.135 |
477.017 |
SOURCE: Istat - PAT, Servizio Statistica 2008 |
La commune de Lusern/luserna est la dernière communauté où le cimbre, considéré comme le plus ancien parler périphérique existant dans le domaine linguistique allemand, est parlé en tant que langue maternelle. Autrefois, cette langue était parlée également sur le plateau des "Sette Comuni", anciennement la «Fédération des Sept Villes» fondée en 1310 sous le nom de "Lega delle Sette Terre Sorelle", l'Alliance des Sept Terres soeurs, une petite nation indépendante dont le territoire aujourd'hui connue comme le plateau des Sette Comuni et de certaines autres villes contiguës aujourd'hui appartenant à d'autres régions administratives, dans les provinces actuelles de Vicenza (en Vénétie) et de Trento (au Trentin-Haut-Adige). Cette fédération disparut en 1807 à l'instigation de Napoléon Ier qui l'a abolie. La langue parlée dans la Fédération était le cimbre; encore aujourd'hui, la toponymie des vallées, montagnes et forêts portent des noms cimbres. Le cimbre n'est parlé et connu seulement par une petite proportion de la population et uniquement dans la commune de Lusern/lusern.
Vers 500 avant notre ère,
apparurent dans la région du Trentin un peuple
d'origine incertaine (celte,
italique,
ligure ou même
étrusque, sans certitude aucune), les Rhètes (ou
Rhétiens). Ils vécurent sur un territoire comprenant
à l'ouest, l'actuel canton des Grisons, et
s'entendant vers l'est jusqu'à l'actuelle Slovénie,
incluant le Haut-Adige et le Frioul-Vénétie Julienne. L'aire de peuplement avait
commencé dans les Grisons pour progresser vers
l'est, jusqu'en Slovénie.
En l'an 15 avant notre ère, les Rhètes furent soumis aux Romains (sous Tibère), en même temps que la plupart des peuples celtes des Alpes. Cette grande région alpine, remplie de vallées, devint une province romaine appelée «province de Rhétie» (ou la Raetia). Progressivement, les Rhètes, à l'instar des peuples voisins, adoptèrent le latin des Romains et se latinisèrent. |
Étant donné que les Rhètes vivaient dans des vallées protégées par de hautes montagnes, leur latin parlé évolua différemment au cours des siècles pour devenir les langues «rhéto-romanes» que sont le romanche (et ses variétés dialectales) dans le canton des Grisons, le ladin des Dolomites italiennes et le frioulan dans la Région autonome de du Frioul-Vénétie julienne. D'autres langues issues du latin se développèrent tels le lombard, le piémontais, le trentino, etc.
Pendant la période romaine, la ville de Trento, appelée en latin Tridentum («ville des trois dents»), se développa et devint un important carrefour de communication où se rencontraient militaires, commerçants, artisans, ouvriers, etc. La ville de Tridentum avait l'avantage d'être intégrée dans l'Empire romain par un réseau routier, la Via Claudia Augusta Padana et la Via Augusta Altinate. Elle possédait toute l'infrastructure typique d'une ville romaine importante, avec son amphithéâtre, ses bains, ses aqueducs, son port fluvial, ses maisons (villas) et ses infrastructures à l'extérieur des murs de la ville. Au cours des IVe et Ve siècles, la ville de Tridentum constituait un centre économique, commerciale et militaire prospère dans la région.
3.1 La germanisation du territoire
Mais à la fin du Ve siècle, les Ostrogoths, qui se déplaçaient vers le sud, occupèrent la région du Tyrol autrichien ainsi que celle du Tyrol du Sud et y introduisirent leur langue germanique. La région fut ensuite prise par les Lombards (VIe siècle), puis par les Francs (VIIIe siècle) avant de devenir une possession du Saint Empire romain germanique. Seule une partie de la population latinisée conserva sa langue: le ladin qu’on retrouve aujourd’hui dans la région, car les Francs germanisèrent le reste de la population. C'est pourquoi le territoire du Trentin, l'ancienne «Vénétie-Tridentine» (ou Alpes tridentines), le territorium Tridentinum, est considéré comme une aire linguistique germanophone, sauf pour ce qui est des vallées de langue ladine. Ainsi, ce territoire constitue un carrefour où se rencontrent les langues germaniques du Nord et les langues latines du Sud. En 982, la région du Tridentinum a été annexée par Otton dans le Saint-Empire romain germanique et fut entièrement christianisée. La première unité territoriale du Trentin remonte à 1027, lorsque l'empereur du Saint-Empire, Conrad II, créa officiellement l'évêché de Trento et en fit une principauté. Le territoire de la Principauté ne coïncidait pas entièrement avec celle de l'actuelle province du Trentin; certaines régions, notamment celles qui se trouvent dans l'actuel Haut-Adige (Bozner Unterland), firent l'objet de contestation politique avec les comtes du Tyrol, d'autres gravitaient dans l'orbite de la Vénétie (la Haute Valsugana et la Basse Valsugana). Néanmoins, cette entité survécut pendant près de huit siècles, ce qui a permis une certaine autonomie au Trentin, d'abord au sein du Saint-Empire romain germanique, puis dans l'Empire autrichien.
Quant à la ville de Trento (Trente en français), elle devint célèbre en raison du concile qui s'y tint de 1545 à 1563. Le concile de Trente fur l'un des plus importants de l'histoire du catholicisme. Convoqué par le pape Paul III en 1542, ce concile débuta le 13 décembre 1545 pour se terminer dix-huit ans plus tard, après avoir couvert cinq pontificats (Paul III, Jules III, Marcel II, Paul IV et Pie IV) et tenté de répondre aux demandes formulées par Martin Luther dans le cadre de la Réforme protestante.
Sous la souveraineté des Habsbourg d’Autriche, les princes-archevêques gouvernèrent la région de 1363 à 1802 (à l’exception d’une période d’occupation française de 1797 à 1801), date à laquelle la principauté fut laïcisée et intégrée politiquement au Tyrol autrichien. Les Français reprirent la région en 1809 (avec la création du département français du Haut-Adige), mais elle fut rendue à l’Autriche en 1814. Après la fin de l'époque napoléonienne (1815), l'évêché de Trento fut dissous et le Trentin fit alors partie du comté du Tyrol, où la majorité de la population était de langue allemande. Au début des années 1870, il s'est développé un fort nationalisme dans la province du Trentin dans les milieux politiques qui tentaient de défendre la ville italienne de tentatives de germanisation prises par les plus nationalistes du Tyrol allemand. Bien que relativement bien gérée, et malgré la présence de représentants du Trentin dans les diètes (parlements) d'Innsbruck et de Vienne, la région du Trentin vit naître un mouvement de rattachement au Royaume d'Italie: cette idéologie fut largement véhiculée par des intellectuels comme Cesare Battisti et Fabio Filzi, mais elle ne souleva que fort peu de soutien parmi la population essentiellement rurale.
Le territoire du Trentin devint l'un des principaux fronts du conflit (1915-1918) entre l'Italie et l'Autriche-Hongrie, et subit d'importantes destructions. Après l'appel aux armes demandé par l'empereur François-Joseph d'Autriche le 31 juillet 1914, plus de 60 000 habitants du Trentin se sont battus pour l'Autriche, d'abord contre la Russie et la Serbie, puis à partir de 1915 également contre les Italiens. Plus de 10 000 Trentinois sont décédés, et beaucoup d'autres ont été blessés ou faits prisonniers. En outre, des centaines de milliers de civils furent contraints d'abandonner leur région d'origine parce qu'ils étaient trop près des lignes de front. Beaucoup d'entre eux, capturés par l'armée italienne, furent ensuite transférés dans le sud de l'Italie en tant que colons. Comme il fallait s'y attendre, la majorité des habitants du Trentin n'était pas en faveur d'une annexion à l'Italie.
Puis, en 1816, toute la province actuelle du Trentin revint à l'Empire des Habsbourg, parce que le comté princier du Tyrol était historiquement lié depuis des siècles à la principauté des princes-évêques de Trento. Mais le Congrès de Vienne de 1815 ne rétablit pas l'ancien gouvernement du prince-évêque, déjà aboli par Napoléon.
3.2 Le rattachement à l’Italie
La Première Guerre mondiale fut pour le Trentin, comme pour le reste de la zone frontalière, une tragédie aux proportions immenses, également caractérisée par l'évacuation de la plupart de la population civile. Après la guerre, le traité de Versailles, signé le 28 juin 1919, mit un terme à l’Empire austro-hongrois, mais ce fut le traité de Saint-Germain-en-Laye de 1919 qui rattacha à l’Italie le Tyrol du Sud et la province du Trentin (ainsi que la province de Trieste et le Frioul-Vénétie Julienne). Selon les termes du traité de Saint-Germain-en-Laye, le Tyrol du Sud et la province du Trentin, auparavant sous la souveraineté de l'Empire austro-hongrois, furent rattachés à l'Italie. Le territoire fut rebaptisée Venezia Tridentina.
À cette époque, la région du Trentin-Haut-Adige ne comptait que 7000 italophones, mais plus de 220 000 germanophones. Il s’agissait pour l’Italie d’une acquisition considérable, au surplus obtenue facilement de la part des puissances alliées. La plupart des germanophones du Südtirol ont à l'époque considéré ce «rattachement» comme une véritable «annexion» par l'Italie. En effet, les Tyroliens du Sud croyaient que le Tyrol autrichien, qui comprenait alors le «Tyrol du Nord» (all.: Nordtirol), le «Tyrol de l'Est» (all.: Osttirol), le «Tyrol du Sud» (all.: Südtirol) et le Trentin (all. : Welschtirol signifiant «Tyrol celte» ou «latin»), serait partagé conformément à la frontière linguistique, donc entre le Tyrol du Sud et le Trentin. Or, ce n'est pas ce qui s'est passé: les Italiens ont annexé le Haut-Adige (Tyrol du Sud) en ne respectant pas la frontière linguistique. Ils ont plutôt consenti à des accommodements linguistiques à l'égard des germanophones de la nouvelle «province de Bolzano» (Südtirol), sans les accorder à la «province du Trentin». Mais les germanophones ne se sont jamais considérés comme des «Italiens». |
Au début des années 1920, Mussolini prit le pouvoir en Italie et fit interdire l'usage officiel de la langue allemande, sous peine de sanctions graves, et réussit à supprimer des services publics la quasi-totalité des «Tyroliens du Sud» de langue allemande, c’est-à-dire les «personnes de race étrangère», comme le rappelait Mussolini dans un discours au Parlement de Rome en 1928. Les fascistes italiens entreprirent une politique d'italianisation du territoire en y introduisant des milliers de travailleurs italophones venus de toute la péninsule. Pour leur assurer des emplois, on encouragea les grandes entreprises à s'installer dans la région, grâce à une série de mesures fiscales avantageuses. Le processus de centralisation provoquée par les fascistes réduit l'autonomie que des villes comme Trento ou Rovereto avait joui sous les précédents gouvernements libéraux, alors que beaucoup de petites communes («comuni») étaient unis, en réduisant leur nombre de la 366 sous les Habsbourg à 127.
3.3 L'autonomie imposée pour la protection des germanophones
Après la Seconde Guerre mondiale, le Haut-Adige resta à l'Italie, mais les Alliés imposèrent à l'Italie un traité de protection concernant la minorité germanophone en octroyant une véritable autonomie à la province de Bolzano (cf. l'Accord De Gasperi-Gruber de 1947). Le président du Conseil italien, Alcide de Gasperi, originaire de la province du Trentin (Pieve Tesino dans le Nord-Est), voulut élargir cette autonomie à ses concitoyens. C'est alors que fut créée la Région autonome du Trentin-Haut-Adige, où les Italiens étaient majoritaires, ce qui rendait pratiquement l'autonomie impossible aux Tyroliens du Sud (province de Bolzano).
Dans ces conditions, d'autant plus que le Trentin vit arriver d'autres immigrés italiens, les germanophones se révoltèrent, tandis que, dans les années 1960, le mouvement terroriste du BAS (all. Befreiungsausschuss Südtirol : «Comité pour la libération du Tyrol du Sud») vit le jour afin d'obtenir la réunification du Tyrol au sein de l'Autriche. Le conflit s'envenima entre les forces de l'ordre italiennes et la population «autochtone». Mais il aura fallu plus de trente ans de patience et de laborieuses négociations pour mettre au point le nouveau Statut d'autonomie de 1972, qui donna suite à l'égalité des droits aux germanophones et aux italophones au moyen de modalités d'application et de divers décrets particuliers. La plupart des compétences législatives et administratives, de même que les ressources financières, furent transférées de la Région aux deux provinces du Trentin et de Bolzano.
C’est seulement en mai 1989, après de fastidieuses négociations, que fut promulgué le Décret du président de la République n° 574/1988 pour la parité des langues italienne et allemande, et pour l'utilisation de la langue allemande dans l'administration publique, au tribunal, à la police, etc. Dans la province de Bolzano/Bozen, les services gouvernementaux régionaux et provinciaux furent tenus, lors de leurs relations avec les germanophones, d'utiliser la langue allemande. La province de Bolzano demeurait majoritairement germanophones, mais pas la province du Trentin. Pendant ce temps, cette dernière mit du temps à appliquer la parité des droits entre germanophones, italophones et ladinophones.
3.4 La protection réelle de 2001
Jusqu'à la réforme du Statut d'autonomie de 2001, la province du Trentin ne s'était que fort peu préoccupée de ses minorités ladinophones et germanophones. Contrairement à la province de Bolzano/Bozen, qui a choisi un système de protection basé sur la déclaration d'appartenance ethnique en fonction d'une approche dite «personnelle» ou «individuelle», la Province autonome de Trento aintroduit un critère territorial pour assurer la protection et la valorisation des minorités linguistiques.
À la suite aussi de l'adoption par le Parlement national de la loi n° 482 du 15 décembre 1999 (Règles en matière de protection des minorités linguistiques historiques), de la Loi provinciale n° 4 du 30 août 1999, de la Loi provinciale n° 5 du 7 août 2006 (Système d'éducation et formation du Trentin) et surtout de l'importante Loi provinciale du 19 juin 2008, n° 6 (Règles de protection et de promotion des minorités linguistiques locales), les minorités linguistiques sont maintenant protégées au plan juridique. Cet important texte de loi a été adopté par le Conseil provincial à la quasi-unanimité, soit 28 voix sur 30, dont une abstention et un vote contre. Par la Loi provinciale du 7 août 2006, n° 5 (Système d'éducation et de formation du Trentin), la Province a affirmé le principe de la protection des minorités linguistiques dans les établissements d'enseignement situés dans les communes ladines, mochènes et cimbre (Luserna). Finalement, la réglementation nationale en matière de minorités linguistiques (cf. la loi n° 482 du 15 décembre 1999 portant dispositions en matière de protection des minorités linguistiques historiques) a prévu d'autres mesures, mais aussi la possibilité pour les administrations publiques locales d'accéder à des allocations financières de l'État italien.
La mise en œuvre de toutes ces mesures de protection a aussi entraîné la création d'organismes divers :
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- l'Istituto culturale ladino (l'Institut culturel ladin);
- l'Istituto cuturale mòcheno ou Institut culturel mochène ;
- l'Istituto culturale cimbro ou Institut culturel cimbre ;
- le Consulta Ladina, nom ladin désignant le «Conseil ladin», un organisme interprovincial favorisant l'union culturelle des Ladins des Dolomites et réunissant les ladinophones des provinces de Trento, Bolzano et Belluno.
La langue officielle de la Province autonome de Trento est l'italien. En réalité, aucun texte juridique provincial (Trento) ne proclame de langue officielle. La Constitution italienne de 1947 ne proclame pas davantage l’italien comme langue officielle de l’État, puisque une telle déclaration semble tout à fait inutile. Dans les faits, pour l'ensemble du territoire, l'État italien ne reconnaît qu'une seule langue: l'italien. Au point de vue juridique, l'un des très rares textes où l'on mentionne le caractère officiel de l'italien est dans l'article 99 du Statut spécial pour le Trentin-Haut-Adige du 31 janvier 2001, qui énonce que, dans la Région, «la langue allemande est à parité avec l’italien qui est la langue officielle de l'État», mais il est aussi stipulé que «la langue italienne prévaut dans les actes ayant caractère législatif et dans les cas où le présent Statut prévoit une rédaction bilingue»:
Article 99 Dans la Région, la langue allemande est à parité avec l’italien qui est la langue officielle de l'État. La langue italienne prévaut dans les actes ayant caractère législatif et dans les cas où le présent Statut prévoit une rédaction bilingue. |
Toutefois, si la langue allemande est à parité avec l'italien dans l'administration de la Région autonome du Trentin-Haut-Adige, il faut comprendre que ce n'est pas nécessairement le cas pour chacune des deux provinces. Si l'allemand est considéré comme officiel dans toute la province de Bolzano, ce statut n'est attribué dans la province du Trentin que dans les localités ou vivent les minorités germanophones mochèmes et cimbres. En fait, l'article 102 du Statut d'autonomie de 2001 (ainsi que celui de 1972, aujourd'hui abrogé) reconnaît aux minorités ladines et germanophones de la province du Trentin un statut de minorité:
Article 102 1. Les populations ladines et celles du mochène et du cimbre des communes de Fierozzo, de Frassilongo, de Palu de la Fersina et Luserna ont droit à la valorisation de leurs initiatives et de leurs activités culturelles, récréatives et celles concernant la presse, ainsi qu’au respect de leur toponymie et de leurs traditions. |
Bref, l'allemand est une langue co-officielle avec l'italien pour la Région, mais uniquement pour la province de Bolzano et dans les localités germanophones de la province du Trentin. Quant au ladin, il est co-officiel, avec l'italien, dans les localités ladines des deux provinces.
N'oublions pas que les langues parlées dans la Province autonome de Trento bénéficient de mesures de protection dans trois paliers de gouvernement : les lois nationales de la République italienne, les lois régionales du Trentin-Haut-Adige et les lois provinciales du Trento. En Italie, ce sont les lois locales qui sont importantes, car ce sont elles qu'on applique de façon concrète.
5.1 La protection nationale
La protection accordée par la législation nationale, le Parlement de Rome, est assez considérable. Mentionnons d'abord la Constitution italienne de 1947 (articles 3 et 6), ainsi que l'accord De Gasperi-Gruber (1947), lequel équivaut à un texte constitutionnel. De plus, l'Italie a adopté un statut juridique particulier pour la Région du Trentin-Haut-Adige: le Statut spécial du 31 janvier 2001. Il existe aussi de nombreuses lois et plusieurs décrets concernant strictement le Trentin-Haut-Adige ou l'une ou l'autre des deux provinces constituantes (Bolzano et Trento). Voici une liste non exhaustive de la législation nationale au sujet de la Région du Trentin-Haut-Adige:
- Statut spécial pour le Trentin-Haut-Adige du 31 janvier 2001
- Décret du président de la République du 31 mai 1974, n° 417 : Règlement sur le statut juridique du personnel enseignant, du personnel de gestion et d'inspection des écoles maternelles, primaires, secondaires et des écoles artistiques de l'État;
- Loi du 14 avril 1975, n° 103 en matière de diffusion radiophonique et télévisée ;
- Décret du président de la République du 26 juillet 1976, n° 752 en matière de proportionnalité dans les bureaux de l'État dans la province de Bolzano et la maîtrise des deux langues dans la fonction publique ;
- Décret du président de la République du 19 octobre 1977, n° 846 en matière proportionnelle dans les bureaux de l'État situés dans la province de Bolzano et en matière de connaissance des deux langues dans les emplois publics ;
- Décret du président de la République du 6 avril 1984, n° 426 sur la création du tribunal administratif régional de Trento et la section autonome de Bolzano ;
- Décret du président de la République du 15 juillet 1988, n° 574 sur l'emploi de l'allemand et du ladin dans les relations entre les citoyens et l'administration publique et dans les procédures judiciaires;
- Décret législatif du 16 décembre 1993, n° 592, en matière de protection de la population de langue ladine dans la province de Trento ;
- Décret législatif du 16 avril 1994, n° 297, en matière d'instruction ;
- Décret-loi n° 321 du 2 septembre 1997 en matière de protection des minorités linguistiques dans la province de Trento ;
- Décret-loi n° 487 du 15 décembre 1998 en matière d'initiatives pour la réception de programmes de radiotélévision en ladin ;
- Décret législatif du 20 avril 1999, n° 161, relatif à la création du Tribunal régional de justice administrative de Trento et de la section autonome de Bolzano ;
- Décret législatif n° 344 du 8 septembre 1999 concernant les écoles situées dans les localités ladines ;
- Règles en matière de protection des minorités linguistiques historiques, n° 482, du 15 décembre 1999 ;
- Règles de principe en matière d'organisation du système de radiotélévision et de la RAI, n° 112 du 3 mai 2004 ;
- Décret du président de la République, n° 345, du 2 mai 2001, portant sur les règles de protection des minorités linguistiques historiques ;
- Décret législatif du 4 avril 2006, n° 177: Règles d'application du Statut spécial de la région du Trentin-Haut Adige/Südtirol, concernant des modifications au décret du président de la République du 15 Juillet 1988, n° 574, en matière de protection de la population de langue ladine dans la province de Bolzano ;
- Décret législatif du 4 avril 2006, n° 178 : Règlement d'application du Statut spécial de la région du Trentin-Haut-Adige/Südtirol concernant les modifications au décret législatif du 16 décembre 1993, n° 592, en matière de protection de la population de langue ladine dans la province de Trento ;
- Décret législatif du 14 mai 2010, n° 86, sur l'équivalence des certificats d'aptitude en italien et en allemand ;
5.2 La protection régionale
Il faut compter également sur la législation régionale, celle adoptée par le Conseil régional (ou Parlement régional) composé des députés des diètes provinciales (parlements provinciaux) de Bolzano et de Trento, ce qui représente 35 membres pour chacune des provinces. Les lois régionales en matière de langue ne sont pas nombreuses. En voici quelques-unes:
- Loi régionale du 20 novembre 1988, n° 26, sur les mesures de compensation au bilinguisme et d'indemnité dans les transcriptions des actes et documents;
- Loi régionale du 21 février 1991, n° 5, sur l'amélioration du service de traduction dans l'administration régionale et les mesures d'urgence en ce qui concerne le personnel et le règlement du personnel des chambres de commerce, etc. ;
- Loi régionale du 19 juin 2009, n° 2, sur la publication et la diffusion du Bulletin officiel de la Région autonome du Trentin-Haut-Adige ;
Cependant, il convient de rappeler que toutes ces lois linguistiques (ou à incidence linguistique) ne s’appliquent pas nécessairement à toute la région autonome, mais à une seule province, parfois en conformité avec les résolutions adoptées par les conseils municipaux. Chacune des communes dispose de sa propre autonomie administrative, dont les compétences comprennent tous les domaines qui concernent la population et le territoire communal, notamment les services sociaux, les écoles et la langue, la planification et l'utilisation du territoire, ainsi que le développement économique. Autrement dit, des droits linguistiques reconnus par le gouvernement italien en faveur des minorités nationales peuvent n’avoir aucun effet dans la réalité si les élus locaux n’en veulent pas. Or, lorsqu’on connaît les légendaires magouilles des politiciens de ce pays, il faut comprendre que même les lois ne suffisent pas à faire appliquer les mesures de protection. Dans le cas de la province du Trentin, les lois linguistiques sont plutôt efficaces, dans la mesure où elles ont été entérinées par les élus locaux dans les communes, en supposant que toutes les minorités aient été protégées.
Depuis les années 1970, la Province autonome du Trentin (Provincia autonoma di Trento) a entamé, non sans difficultés, un processus de reconnaissance de ses minorités historiques, mais elle a restreint cette reconnaissance que pour les seules les minorités ladines orientales du Val di Fassa ainsi que pour les minorités germanophones mochènes et cimbres, qui bénéficient des mesures de protection. Toutefois, les minorités ladines occidentales du Val di Non et du Val di Sole sont laissées pour compte, car elles ne sont pas considérées comme parlant une variété de langue ladine, ce qui pourtant est le cas. |
La liste des lois adoptées par la province du Trentin dans le domaine des langues apparaît pour le moins impressionnante.
- Loi provinciale de Trento du 14 août 1975, n° 29 sur la création de l'Institut culturel ladin ;
- Loi provinciale du 27 août 1987, n° 16, portant sur la toponymie ;
- Loi provinciale du 31 août 1987, n° 18, sur la création de l'Institut mochène et de l'Institut cimbre, et règles pour la protection et la promotion de la culture des populations germanophones dans la province de Trento ;
- *Décret législatif du 16 décembre 1993, n° 592, sur les dispositions de protection des populations ladine, mochène et cimbre dans la province du Trentin ;
- Loi provinciale du 13 février 1997, n° 4, sur l'enseignement de la langue et culture ladines à l'école obligatoire;
- Décret du président de la Junte provinciale du 11 mai 1998 sur l'établissement de la langue et de la culture ladines à l'école maternelle, primaire et secondaire des premier et second cycles ;
- *Loi provinciale du 30 août 1999, n° 4 (abrogée), sur la protection des populations de langue minoritaire dans la province du Trentin ;
- Décret du président de la Junte provinciale du 18 octobre 1999, nos 13-12, concernant les Règles d'autonomie des établissements d'enseignement ;
- *Loi provinciale du 16 juin 2006, n° 3, sur les Règles relatives à l'autonomie gouvernementale du Trentin ;
- Loi provinciale du 7 août 2006, n° 5, sur le système d'éducation et de formation du Trentin ;
- Loi provinciale du 3 octobre 2007, n° 15, sur la réglementation des activités culturelles ;
- Loi provinciale du 30 juillet 2008, n° 13, sur l'instauration de la Journée de l'autonomie ;
- *Loi provinciale du 19 juin 2008, n° 6, sur la protection et la promotion des minorités linguistiques locales ;
- Loi provinciale du 10 février 2010, n° 1, sur l'approbation du statut de la Communauté générale de Fascia.
Ce sont des lois différentes qui n'ont pas toutes la même importance. Il y a les lois créant des instituts destinés aux minorités (Loi provinciale de Trento du 14 août 1975, n° 29, Loi provinciale du 31 août 1987, n° 18) et celles concernant les activités culturelles (Loi provinciale du 7 août 2006, n° 5, Loi provinciale du 30 juillet 2008, n° 13) ou la toponymie (Loi provinciale du 27 août 1987, n° 16); il y a aussi les lois portant sur l'éducation (Loi provinciale du 13 février 1997, n° 4, Décret du président de la Junte provinciale du 11 mai 1998, Décret du président de la Junte provinciale du 18 octobre 1999, nos 13-12, Loi provinciale du 7 août 2006, n° 5). Mais ce sont aussi les lois générales, celles qui portent sur plusieurs domaines à la fois, qu'il faut retenir, car elles prévoient un ensemble de droits linguistiques étendu: citons le Décret législatif du 16 décembre 1993, n° 592, la Loi provinciale du 30 août 1999, n° 4 (abrogée), Loi provinciale du 16 juin 2006, n° 3, et surtout la très importante Loi provinciale du 19 juin 2008, n° 6, celle qui remplace la loi abrogée n° 4 de 1999.
En ce qui a trait à la Province autonome de Trento, le système de protection adopté est basé, non pas sur la déclaration d'appartenance ethnique en fonction d'un droit dit «personnel» ou «individuel», mais sur un critère territorial, qui consiste à assurer la protection et la valorisation des minorités linguistiques uniquement dans des limites territoriales reconnues et non pas dans toute la province. Ainsi, dans la province du Trentin, les minorités ladines résidant dans les communes du Val di Fassa et les minorités germanophones du Val dei Môcheni (le groupe mochène) et de la commune de Luserna/Lusèrn (le groupe cimbre) jouissent d'une protection juridique explicite.
Voici quels sont les aires territoriales (voir
la carte) prévues par l'article 3 de la
Loi
provinciale du 19 juin 2008, n° 6
:
Article 3
Délimitations territoriales 2. Le territoire des communes de Fierozzo/Vlarotz, Frassilongo/Garait et Palù del Fersina/Palai en Bernstol constitue, à l'intérieur de la province de Trento, le territoire d'implantation historique de la population mochène. 3. Le territoire de la commune de Luserna/Lusérn constitue, à l'intérieur de la province de Trento, le territoire d'implantation historique de la population cimbre. |
Tous les germanophones ou ladinophones résidant à l'extérieur des communes protégées ne bénéficient d'aucun droit linguistique.
6.1 Le domaine de la législature
Le Conseil provincial (Consiglio provinciale) du Trentin n'utilise que l'italien standard dans ses projets de loi, mais les interventions orales des parlementaires peuvent se faire en italien ou en dialecte trentin (trentino). Il n'existe pas de disposition juridique particulière concernant la ou les langues à employer au Conseil provincial de Trento. S'il est possible d'employer le dialecte trentin à l'oral, seul l'italien doit être utilisé à l'écrit. On peut discuter des lois en trentin, mais on doit les adopter en italien. Dans les faits, le Conseil provincial duTrentin n’utilise que l’italien dans la rédaction des lois, sauf lorsque celles-ci concernent formellement les minorités ladinophones et germanophones.
D'ailleurs, la Loi régionale du Trentin-Haut-Adige du 19 juin 2009, n° 2, énonce, pour sa part, à l'article 9, que les actes sont publiés simultanément en italien et en allemand, à l'exception de ceux de la Province autonome du Trentin, de ceux de la Région destinés à s'appliquer seulement sur le territoire de la Province autonome du Trentin:
Article 9
Emploi
des langues allemande et ladine 2. Afin de promouvoir une meilleure compréhension de la part des citoyens germanophones, dans la législation de l'État, sont également publiés en vertu de la deuxième partie, conjointement avec l'italien et l'allemand, les lois et décrets nationaux autres que ceux énumérées à l'article 5, s'ils concernent la Région ou la Province autonome de Bolzano, en fonction des critères énoncés au paragraphe 3. 3. Sont considérés d'intérêt régional ou de provincial, aux sens du paragraphe 2, les lois et les décrets de l'État, qui se réfèrent au territoire de la Province autonome de Bolzano. |
Dans le même article de la LR n° 2, il en est ainsi pour les actes du Trentin-Haut-Adige qui doivent être publiés en ladin, ainsi que ceux des provinces autonomes du Trentin et de Bolzano, s'ils se rapportent en particulier aux populations ou localités ladines:
Article 9
4. Afin de promouvoir une meilleure compréhension de la part des citoyens ladinophones, dans la législation régionale et provinciale, sont également publiés en ladin les lois et règlements du Trentin-Haut Adige et ceux des provinces autonomes de Trento et Bolzano, s'ils se rapportent en particulier aux populations ou localités ladines. 5. Sont aussi publiés en ladin les actes émanant des administrations aux sens de l'article 32 du Décret du président de la République du 15 juillet 1988, n° 574, et du Décret législatif du 16 décembre 1993, n° 592, là où la publication est exigée par une disposition d'une règle de loi ou si ces actes concernent l'ensemble des citoyens. 6. Le texte en ladin est commandé par les administrations qui en demandent la publication. |
De plus, l'article 1.4 bis du
Décret législatif
du 16 décembre 1993, n° 592, autorise la province du Trentin à rendre disponibles «dans
leur propre langue» les actes et documents d'intérêt direct pour
les populations ladine, mochène et
cimbre, cette publication devant coïncider avec le texte en italien
au plus tard trente jours à compter de la date de publication du
texte en italien:
Article 1er 4 bis. Sauf disposition contraire dans les paragraphes précédents, la région et la province de Trento sont responsables de la publication de la législation et des circulaires d'intérêt direct pour les populations ladine, mochène et cimbre et dans leur propre langue, et en ce qui concerne les langues mochène et cimbre, en cas de non-traductibilité, dans la langue de référence. Cette publication doit, en principe, coïncider avec le texte en italien, en tout état de cause au plus tard trente jours à compter de la date de publication du texte en italien. |
En réalité, c'est dans les
assemblées locales, notamment dans la réglementation des communes ou
des municipalités, que les minorités ont le droit d'avoir accès
systématiquement à des documents dans leur langue. C'est ce
qu'autorise l'article 16.4 de la
Loi provinciale du 19
juin 2008 (Règles de protection et de
promotion des minorités linguistiques locales), n° 6:
Article 16
Usage de la langue propre de la minorité 4. Dans les assemblées des organismes élus par les collectivités locales des territoires visés à l'article 3, les membres de ces organismes peuvent utiliser la langue minoritaire dans leurs interventions orales, avec, sur demande, la traduction instantanée en italien, s'il y a des membres de ces organismes qui affirment ignorer la langue minoritaire. Les procès-verbaux doivent être rédigés à la fois en italien et dans la langue minoritaire. |
Il ne s'agit pas d'un droit accordé à toutes les minorités, peu importe les communes ou les municipalités, mais d'un droit prévu uniquement pour le ladin, le mochène et le cimbre en tant que «langue propre des populations situées dans leurs territoires respectifs» (art. 2.2). Voir à ce sujet l'article 3 de la Loi provinciale du 19 juin 2008.
6.2 La justice et les tribunaux
Rappelons les dispositions de l'article 122 du Code de procédure civile italien exigent l'emploi de l'italien dans les procès, mais que le juge peut désigner un interprète lorsqu'un individus ignore la langue officielle. Dans les deux provinces du Trentin-Haut-Adige, il existe des langues «reconnues» par la loi. or, l'article 109 du Code de procédure pénale italien autorise l'emploi des langues reconnues:
Article 109 1. Les actes de la procédure pénale doivent être faits en langue italienne. 2. Devant l'autorité judiciaire ayant juridiction en première instance ou en appel dans un territoire où est installée une minorité linguistique reconnue, le citoyen italien qui appartient à cette minorité est, à sa demande, questionné ou examiné dans la langue maternelle et le procès-verbal applicable est rédigé dans cette même langue. Dans cette langue sont traduits les actes de la procédure qui la concernent à sa demande. Le tout sans préjudice des autres droits prévus par des lois spéciales et les conventions internationales. 3. Les dispositions du présent article doivent être respectées sous peine de nullité. |
Le chapitre IV du
Décret du président de la République du 15 juillet
1988, n° 574, est consacré à l'emploi des langues dans les
procédures judiciaires. Il est mentionné à l'article 13 que les bureaux et les organismes judiciaires doivent
se servir, dans leurs relations avec les citoyens de la province de Bolzano
et dans les actes qui les concernent, de la langue
employée par le requérant:
Article 13 Les bureaux et les organismes judiciaires mentionnés à l'article 1 doivent se servir, dans leurs relations avec les citoyens de la province de Bolzano et dans les actes qui les concernent, de la langue employée par le requérant, sauf pour les dispositions prévues dans les articles qui suivent. |
Dans les tribunaux du territoire, la langue des parties constitue la langue de procédure. Dans un procès civil, l'administration publique est tenue d'employer la langue présumée du défendeur. L'allemand est utilisé lorsque quiconque s'adresse au tribunal et ne peut s'exprimer correctement en italien. D'après l'article 18 du DPR n° 574, les témoins et l'accusé sont entendus dans leur langue maternelle, les actes du procès sont traduits dans l'autre langue, les déclarations et les requêtes orales sont traduites immédiatement après avoir été formulées dans l'une ou l'autre langue, les procès-verbaux sont rédigés simultanément dans les deux langues et les décisions du juge, y compris les sentences, sont prononcées et toutes rédigées dans les deux langues. Mais il n'y aura pas de traduction si la procédure doit se dérouler dans en seule langue, l'italien ou l'allemand. Dans un procès unilingue, les sentences et les autres décisions du juge sont rédigées dans la langue du procès. Dans un procès bilingue, elles sont rédigées simultanément dans les deux langues (art. 20 du DPR n° 574).
Dans la Loi régionale du Trentin-Haut-Adige du 19 juin 2009, n° 2, l'article 5 prévoit l'emploi de l'allemand et du ladin dans les relations entre les citoyens et l'administration publique de la procédure judiciaire:
Article 5
Seconde partie : les actes officiels et
communautaires |
Si ces dispositions s'appliquent dans toute la Province autonome de Bolzano, elles ne sont accordées dans la Province autonome de Trento que dans les aires territoriales prévues à l'article 3 de la Loi provinciale du 19 juin 2008, n° 6.
Lorsque des parties parlent des langues différentes et qu'elles exigent que la cour utilise leur langue, la procédure est menée dans les deux langues, avec au besoin le recours à la traduction. Ce n'est pas la langue des juges ni celle des avocats, qui autorise l'emploi d'une autre langue que l'italien, mais celle du justiciable, le droit de l'accusé d'utiliser sa langue étant garanti. Les documents et les témoignages peuvent être produits en allemand, au besoin avec l'aide d'interprètes et de traducteurs sans frais supplémentaires pour la personne concernée. Si les témoignages ne sont pas formulés dans la langue choisie au début du procès, ceux-ci ne sont pas admis.
Il faut comprendre que le juge n'est pas tenu de comprendre le ladin ou l'allemand, et qu'il lui faut procéder à l'aide d'un interprète assermenté. Précisons que peu de juges peuvent parler l'allemand, surtout dans le Trentin.
6.3 L'administration publique
Les droits des citoyens des minorités historiques ont donné lieu à de nombreuses mesures législatives. Mais c'est la Loi provinciale du 19 juin 2008, n° 6, sur la protection et la promotion des minorités linguistiques locales, qui constitue désormais la pièce maîtresse de toute la législation concernant les minorités du Trentin. Ce texte de loi permet de regrouper en un ensemble toutes les dispositions prises au fil des années, sinon des décennies (environ une trentaine d'années). Les principales minorités — car ce ne sont pas toutes les minorités — disposent maintenant d'un instrument juridique de protection et de défense de leur langue et de leur identité culturelle. En vertu de l'article 3 de la Loi provinciale du 19 juin 2008, n° 6, les droits linguistiques sont fondés, rappelons-le, sur la territorialité et comprennent les trois aires suivantes:
1. pour la population ladine: les communes de Campitello de Fassa/Ciampedel, Canazei/Cianacei, Mazzin/Mazin, Moena, Mare de Fassa/Poza, Soraga et Vigo de Fassa/Vich;
2. pour la population mochène: les communes de Fierozzo/Vlarotz, Frassilongo/Garait et Palù del Fersina/Palai en Bernstol ;
3. pour la population cimbre: la commune de Luserna/Lusérn.
L'article 16 de la Loi provinciale du 19 juin 2008, n° 6, reconnaît le droit aux populations minoritaires situées dans les territoires visés à l'article 3 d'utiliser leur langue particulière dans les communications orales et écrites avec les établissements d'enseignement, les bureaux de la Province et les entités locales, ainsi qu'avec les organismes placés sous leur juridiction :
Article 16
Usage de la langue propre de la
minorité |
En dehors des localités visées par la loi, les minorités ne peuvent exercer leurs droits de la part du gouvernement provincial.
En ce qui concerne la toponymie, les minorités (ladines, mochènes et cimbres) ont le droit d'utiliser leur langue dans l'appellation des localités, qui leur sont propres, ainsi que sur les panneaux routiers. L'objectif est de dresser une liste des noms de lieux afin de reconnaître officiellement les noms exacts dans les territoires concernés.
L'article 18 de la Loi provinciale du 19 juin 2008, n° 6, prescrit même que «les panneaux et les indications se rapportant à la localité et à la toponymie d'une minorité doivent être rédigés dans la seule dénomination ladine, mochène ou cimbre», ce qui n'empêche nullement d'ajouter un nom correspondant en italien:
Article 19
Répertoires des toponymes 6. Sans préjudice des dénominations des communes, les panneaux et les indications se rapportant à la localité et à la toponymie d'une minorité doivent être rédigés dans la seule dénomination ladine, mochène ou cimbre. Celle-ci peut également être rédigée avec un nom correspondant en italien, si elle est consignée ainsi dans le répertoire de toponymie, mais avec une égale répartition graphique. 7. Dans les territoires des populations minoritaires, les panneaux routiers doivent indiquent les dénominations dans la langue minoritaire et en italien avec une égale répartition graphique. |
En vertu de la Loi provinciale du 16 juin 2006, n° 3 (Règles relatives à l'autonomie gouvernementale du Trentin), la réforme institutionnelle de la province du Trentin permet la décentralisation de nombreuses compétences administratives de la Province et de ses communes. Cette loi importante pose les fondements d’un système intégré par lequel chaque institution contribue au développement de l’ensemble de la communauté concernée, en lui conférant une autonomie particulière à la population ladinophone représentée par la Comun general de Fascia (la Communauté générale de Fascia). Ainsi, la Province a délégué à la Comun general de Fascia des fonctions administratives en matière d’éducation et de scolarité, d’assistance et de protection sociales, de logement, d’urbanisme, de planification économique au niveau local, de bénévolat social, de pompiers bénévoles et d’expropriations municipales, en plus des responsabilités de protection du patrimoine historique, artistique et populaire, des activités et institutions culturelles, de la promotion du ladin et de la topographie. Dorénavant, les statuts de la Comun general de Fascia, approuvés par les communes ladinophones, s’inscrivent dans la législation de la Province autonome de Trento. Cela signifie que la réglementation de la Communauté générale de Fascia sont automatiquement adoptés, sans modification, par le Conseil provincial.
Des droits similaires ont été accordés aux «communautés des vallées» constituées par les populations germanophones. Ainsi, la Comun general de Fascia et les municipalités germanophones sont habilitées à accepter ou rejeter les mesures adoptées par la Province à l’égard des différentes communautés.
L'article 18 du Statut de la Comun general de Fascia, en annexe à la Loi provinciale du 10 février 2010, n° 1, prescrit l'emploi du ladin au sein des organismes et institution de la Comun general de Fascia :
Article 18
Protection et promotion de la langue et de la culture ladines 1. La Communauté générale, également en application de l'article 01 du décret législatif du 16 décembre 1993, n° 592, protège et favorise, dans les domaines de ses compétences, les caractéristiques ethniques et culturelles de la population ladine résidant sur le territoire de la province de Trente, ainsi que la diffusion de la connaissance du ladin et de son emploi, y compris dans les relations entre les particuliers. 2. Les citoyens appartenant à la population ladine ont le droit d'utiliser le ladin dans les communications orale et écrites avec les services de la Communauté générale.
3. Dans les assemblées des organismes
de la Communauté générale, les membres peuvent employer le ladin avec
sur demande la traduction instantanée en italien s'Il y a des
membres qui l'exigent. |
Ce Statut accorde une autonomie interne aux communes ladinophones et germanophones.
6.4 Les droits à l'éducation dans les langues minoritaires
Dans le cadre de la politique provinciale sur les minorités linguistiques, l'autonomie a été étendue aux établissements d’enseignement, notamment par la loi sur la réforme du système d'éducation, la Loi provinciale du 7 août 2006, n° 5. Par les articles 45 à 50, ce texte juridique créait la Scola Ladina de Fascia («École ladine de Fascia»), qui dispose de son propre conseil de gouvernance (Consei general per l’educazion e la formazion). Celui-ci est chargé de l’organisation des services d'éducation ladins, ainsi que de son propre «directeur général» (le Sorastant) désigné par la Province en accord avec la Comun general de Fascia («Communauté générale de Fascia»), ainsi que d'un service dont la fonction porte sur les questions de formation et de recherche en éducation (OLFED: Ofize ladin formazion e enrescida didattica). L'OLFD élabore le matériel pédagogique et assure la formation initiale et continue des enseignants. Le fait de doter les minorités linguistiques d’institutions autonomes implique un système d'éducation parallèle à celui de la Province, et ce, dans le but de répondre aux besoins spécifiques des communautés locales.
L'article 17
de la Loi
provinciale du 19 juin 2008, n° 6, garantit les droits linguistiques
en éducation dans les territoires dans lesquels sont situées les
minorités linguistiques (sans les nommer formellement). On sait
qu'il s'agit des communautés ladine, mochène et cimbre
énoncées à l'article 3 de la même loi:
Article 17
Apprentissage de la langue
minoritaire 2. Les mêmes établissements d'enseignement, en collaboration avec la Province et les institutions visées à l'article 12 et les organismes locaux des territoires mentionnés à l'article 3, veillent à l'alphabétisation des adultes dans la langue des minorités et de ceux qui n'ont pas eu une instruction adéquate dans cette langue en dispensant des cours de formation permanente. |
L'article 51 de la
Loi provinciale du 7 août
2006, n° 5, prévoit des dispositions concernant les Mochèmes
et les Cimbres:
Article 51 Dispositions particulières pour le soutien de la connaissance des langues mochène et cimbre 1) Dans les écoles situées dans les communes mochènes et cimbres, la Province assure l'enseignement de la culture et des langues mochène ou cimbre et de l'allemand en rapport avec la disponibilité effective des enseignants qualifiés. 2) Afin de favoriser, dans les écoles situées dans les communes mochènes et cimbres, et celles fréquentées par les élèves mochènes et cimbres, le développement et le renforcement de la culture et les langues mochène et cimbre, ainsi que l'allemand, la province promeut les initiatives innovatrices dans les champs d'application en vertu des dispositions de l'article 57, également en ce qui concerne l'activation des parcours bilingues. |
Le système d'éducation garantit donc l'usage et l'enseignement du ladin, tant comme matière scolaire que comme langue d'enseignement les établissements scolaires du Val di Fassa, ainsi que l’enseignement de la langue et de la culture mochène et cimbre dans les territoires prévus à l'article 3 de la Loi provinciale du 19 juin 2008, là vivent ces communautés. En dehors de ces territoires, les établissements d’enseignement ayant des élèves germanophones «doivent mettre en œuvre des projets ou des interventions spécifiques, selon les possibilités de flexibilité qui leur sont accordées, pour la protection et la promotion de la connaissance de la langue, de l'histoire et de la culture mochène et cimbre, notamment en prévoyant un enseignement bilingue italien-allemand ou véhiculaire de l'allemand (art. 51.3 de la Loi provinciale du 7 août 2006).
La
Loi
provinciale du 13
février 1997, n° 4, est conçue comme un
véritable programme pour l'enseignement du ladin. ON y apprend à
l'article 1.2 que l'enseignement obligatoire de la langue et la
culture ladines est dispensé à partir de la première année de
l'école primaire et de la première de l'enseignement
secondaire, et ce, de
manière progressive à partir de l'année scolaire 1997-1998 et en tenant compte des ressources disponibles et de la
formation des enseignants. Dans le premier cycle, le ladin n'est
dispensé qu'une heure par semaine et est utilisé pour au moins
une deuxième heure par semaine pour les activités dans le
domaine du langage (musicale, artistique ou force motrice, selon
les modules, dont l'organisation, la durée, etc., et définies
dans le programme pédagogique). Au second cycle, l'enseignement
du ladin est poursuivi pendant une heure par semaine, avec un
décalage de l'usage prédominant de l'oral vers l'écrit et une
première réflexion comparative entre les différentes langues:
Le ladin dans le curriculum du primaire La langue ladine est à la fois un objet et un instrument d'enseignement dans l'enseignement des autres disciplines. a) Premier cycle Dans le premier cycle, le ladin n'est dispensé qu'une heure par semaine et est utilisé pour au moins une deuxième heure par semaine pour les activités dans le domaine du langage (musicale, artistique ou force motrice, selon les modules, dont l'organisation, la durée, etc., et définies dans le programme pédagogique). L'enseignement peut être dispensé en étroite collaboration avec l'enseignant qui a la responsabilité de la même région, ou par l'enseignant du module, à la condition qu'il soit bilingue et spécialisé dans les problèmes pédagogiques du ladin. L'horaire peut être définie avec souplesse dans le cadre des programmes pédagogiques en combinant les activités de différentes façons à différents moments. Dans ce cycle, on devra se concentrer principalement sur la standardisation des compétences en communication chez les étudiants avec l'introduction progressive de l'écriture afin de souligner les éléments communs entre les systèmes graphiques de l'italien et du ladin. b) Second cycle L'enseignement du ladin est poursuivi pendant une heure par semaine, avec un décalage de l'usage prédominant de l'oral vers l'écrit et une première réflexion comparative entre les différentes langues. En outre, pour au moins deux heures par semaine (sur la base d'une programmation souple du corps professoral), le ladin est utilisé pour traiter des questions à caractère à la fois scientifique et anthropologique, ainsi que le domaine du langage, afin d'approfondir dans une perspective centrée sur le monde ladin ce qui est proposé en italien dans le reste du module enseignant. |
Dans l'enseignement secondaire, le ladin est enseigné une heure par semaine dans l'enseignement formel et est utilisé comme langue véhiculaire pendant au moins deux heures. À l'école secondaire les objectifs de la langue ladine sont proposés en parallèle à ceux de la langue italienne et des langues étrangères afin d'atteindre, compte tenu de l'homogénéité du système, un travail efficace de raccordement avec le primaire et le secondaire, et de permettre une plate-forme commune pour la planification intégrée entre les enseignants de l'italien, due ladin, de l'allemand et de la langue seconde. En somme, l'école doit former des élèves qui deviendront bilingues ou trilingues, sachant à la fois le ladin (ou l'allemand), en plus de l'italien et d'une langue étrangère (généralement l'anglais).
Pour résumer la situation des droits scolaires, on peut affirmer qu'il n'existe légalement aucune école où l’on enseigne uniquement en allemand (pour les Mochènes et les Cimbres) ou uniquement en ladin pour les ladinophones. Ce sont donc des écoles italiennes, où l'italien est la langue d'enseignement, sauf que les élèves du primaire peuvent recevoir un enseignement d’une heure par semaine, selon le cas, en ladin ou en allemand. De plus, cet enseignement s’ajoute aux cours dispensés entièrement en italien.
Selon les articles 97 et 98
de la Loi provinciale du 7 août 2006,
n° 5, sur le système d'éducation et de formation du Trentin,
au sein des trois communautés
(ladinophones et germanophones), les établissements
d'enseignement doivent considérer comme une priorité absolue le
recrutement d'enseignants possédant une maîtrise reconnue de la
langue et de la culture de la minorité concernée :
Article 97 Dispositions particulières pour les enseignants de l'École ladine de Fascia 1) Les postes vacants et ceux disponibles pour le recrutement d'enseignants permanents et temporaires de l'École ladine de Fascia sont réservés et attribués en priorité aux enseignants en possession de l'attestation de connaissance de la langue et de la culture ladines inscrite dans la classification provinciale par titre ou établissement, conformément à l'article 2 du décret législatif n° 592 de 1993.
Article 98 1) Dans les écoles qui font partie de l'établissement d'enseignement et de formation situées dans une commune mochènes ou cimbre, reconnues au paragraphe 2 de l'article 01 du décret législatif n° 592 de 1993, les postes vacants et ceux disponibles pour le recrutement d'enseignants permanents et temporaires sont réservés et attribués en priorité aux enseignants en possession de l'attestation de connaissance de la langue et de la culture mochène ou cimbre et de l'allemand, qui demandent la mobilité territoriale et professionnelle ou qui sont inscrits sur les listes de classification provinciale ou celles de l'école, conformément à l'article 2 du décret législatif n° 592 de 1993; le certificat est délivré conformément aux règles et procédures prévues par le règlement en conformité avec les principes énoncés aux articles 2 et 01 du décret législatif n° 592 de 1993. |
Le certificat mentionné à l'article 98.1 est délivré par la Province, après vérification par une commission ad hoc.
6.5 Les médias
La
loi
nationale du 14 avril
1975, n° 103, en matière de
diffusion radiophonique et télévisée, autorisait (art. 19) les
diffuseurs à préparer des émissions de radio et de télévision en
allemand et en ladin dans la province de Bolzano, en français pour
la région autonome du Val-d'Aoste et en slovène pour la région autonome
du Frioul-Vénétie Julienne. Elle restait muette au sujet de la
province du Trentin. Cependant, la
loi nationale du 3 mai 2004,
n° 112 (Règles de principe en matière d'organisation du système
de radiotélévision et de la RAI — Radiotélévision italienne SPA —
ainsi que la délégation au gouvernement pour la promulgation d'un
texte unique sur la radiotélévision) prévoit à l'article 17 la diffusion de transmissions radiophoniques et télévisées
en allemand et en ladin pour la Province autonome de Bolzano, en ladin dans
le cas de la Province autonome de Trento, en français pour la Région
autonome du Val-d'Aoste et en slovène pour la Région autonome du
Frioul-Vénétie Julienne:
Article 17 2) Le service public général de radiotélévision, conformément au paragraphe 4 de l'article 6, garantit de toute façon:
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- La presse électronique
Évidemment, les italophones bénéficient de tous les médias dans leur langue, que ce soit la radio, la télévision ou les journaux et les périodiques. Dans la presse électronique, il existe des stations locales de la RAI («Radio Audiovisione Italiana»): la RAI-Sede di Bolzano, la Rai-Sender Bozen et la RAI-Radio TV Ladina. La RAI-Sede di Bolzano transmet en italien les nouvelles de l'actualité sur la fréquence de Radio 1 et des émissions récréatives et culturelles sur celle de Radio 2. Les programmes régionaux, entre 6 h et 22 h, sont transmis alternativement un jour à partir de Bolzano, le jour suivant à partir de Trento. Quant à la Rai-Sender Bozen, elle émet en allemand sur tout le territoire du Trentin-Haut-Adige (y compris au Trentin) à partir de Bolzano, entre 6 h et 22 h. Mais la station Sender Bozen diffuse également en italien des bulletins de nouvelles (14 h 05 et 15 h 30), ainsi que des émissions d'information en ladin (13 h 30 à 14 h 05 et 19 h à 19 h 30). Pour ce qui est de la RAI-Radio TV Ladina, il s'agit d'une station publique de radio et de télévision, qui émet en ladin, entre 13 h 30 et 19 h, dans les deux provinces du Trentin-Haut-Adige (Bolzano et Trento), ainsi que dans les localités ladines de la province voisine de Belluno (Vénétie). Tous les jours, les stations de radio autrichiennes ORF 1 et ORF 2 (Österreichischer Rundfunk) diffusent entièrement en allemand. La radio nationale italienne, la RAI, diffuse entièrement en italien.
En ce qui a trait à la télévision publique, les chaînes RAI 1, RAI 2 et RAI 3 diffusent uniquement en italien. Mais la RAI 3 diffuse en ladin un bulletin de nouvelles de 19 h 55 à 20 h; tous les jeudis, RAI 3 diffuse une émission d'une durée de quinze à vingt minutes appelée "Paladina", qui traite en ladin de questions d'actualité et de culture. La chaîne italienne RAI-TV Ladina émet en ladin quatre minutes et demie par jour à 19 h 55 et trente minutes toutes les trois semaines, le reste des émissions étant en italien et en allemand. La chaîne suisse SRG émet aussi en romanche des Grisons. La télévision privée, telle RETE 4 et CANALE 5, diffusent en italien. Cependant, il est possible de recevoir des chaînes germanophones par satellite et il existe aujourd'hui une station d'émission officielle pour les programmes de télévision ORF 1, ORF 2, ZDF et SRG. En somme, les services de télévision pour les minorités de la Province autonome de Trento sont tout de même assez limitées.
- La presse écrite
L'Alto Adige est le plus grand quotidien en langue italienne du Haut-Adige. Il compte des nouvelles locales, nationales et internationales. Les villes de Bolzano, Trento et Belluno bénéficient d'éditions distinctes pour les nouvelles locales. Pour la minorité ladine, l'Alto Adige publie chaque semaine une page en ladin, principalement en ladin des Dolomites, mais aussi en romanche et en frioulan (les langues rhéto-romanes). Depuis quelque temps, les minorités mochènes et cimbres de la province du Trentin ont obtenu une page deux fois par mois dans l'édition du vendredi. Cette page est publiée dans trois éditions, dont celle de la minorité ladine: celle de la minorité mochène s'appelle « Liaba lait» («Cher Peuple»), celle de la minorité cimbre, «Lusern Saito» («La page de Luserna»). Les germanophones bénéficient d'un quotidien tiré à 40 000 exemplaires, le Dolomiten (sous-titré en Tagblatt der Südtirol: «Journal des Tyroliens du Sud»), ainsi que de plusieurs hebdomadaires et magazines: Südtirol Profil, Südtirol Tageszeitung, Zett, Katholische Sonnagsblatt («Journal catholique du dimanche»), Südtiroler Wirtschafttszeitung («Journal économique du Tyrol du Sud»), etc.
Les italophones disposent d’un hebdomadaires (Il Segno), d’un bimensuel (Do Puschtra) et d’un mensuel (Pustrissa). Quant aux Ladins, ils possèdent leur propre hebdomadaire: La Usc di Ladins («La Voix des Ladins»). C'est un journal traitant de l'actualité dans les premières pages, puis se concentre sur les faits de chacune des cinq vallées ladines. Le journal, qui survit grâce à des contributions privées, aux abonnements et à la publicité, est publié par l'Union Generèla di Ladins dles Dolomites, a été fondé en 1949 sous le nom de Ladins Nos («Nous, Ladins»). |
Les mesures de protection dont bénéficient les minorités ladines et germanophones dans les territoires reconnues par la loi apparaissent relativement efficaces pur ce qu'ils sont. Malheureusement, les mesures de protection auront pris une trentaine d'années avant d'être adoptées. Ce qui caractérise la politique linguistique de la Province autonome du Trentin, c'est la reconnaissance de droits linguistiques fondés sur une base territoriale et accordés à de petites minorités ladinophones et germanophones, le tout assorti d'une autonomie administrative dont on trouve peu d'exemples dans les autres pays.
Cependant, les droits linguistiques dont bénéficient les ladinophones et les germanophones de la Province autonome du Trentin demeurent, par comparaison à ceux des italophones de la province de Bolzano, très limités. Ces droits se résument à quelques traductions de textes administratifs concernant spécifiquement ces communautés, l'aide d'un interprète devant les tribunaux de première instance, une heure d'enseignement par semaine dans la langue minoritaire, quelques toponymes bilingues dans les communes reconnues par la loi, quelques minutes de télé par jour, un hebdomadaire pour les ladinophones. Bref, rien qui puisse faire en sorte que le ladin des Dolomites, le mochène et le cimbre vont survivre de façon normale. Ce sont là de petits droits linguistiques qui feraient révolter, par exemple, les suédophones de Finlande ou les anglophones du Québec. On pourrait s'attendre à ce que les petites communautés minoritaires puissent bénéficier d'écoles où tout l'enseignement principal soit dispensée dans leur langue.
Enfin, ces droits linguistique ne s'appliquent que dans les territoires reconnus par l'article 3 de la Loi provinciale du 19 juin 2008, là vivent ces communautés. Or, il existe encore de nombreuses minorités à l'extérieur de ces territoires, notamment dans le Val di Non, le Val di Sole et dans la capitale Trento. Il faudra encore beaucoup de temps avant que l'opinion publique italophone de cette province autonome puisse accepter d'étendre ces droits à d'autres régions que celles retenues jusqu'ici. La politique linguistique de la Province autonome du Trentin donne l'impression de tolérer ses minorités par des mesures limités à des territoires restreints, en laissant pour compte tous les individus appartenant aux minorités. Encore faut-il considérer que ces minorités constituent non seulement des communautés vulnérables qu'il faut bien protéger à l'ère de la Charte des langues régionales ou minoritaires, mais aussi comme un avantage à mettre à profit. Il ne s'agit pas seulement de tolérer ses minorités, mais aussi de leur permettre de s'épanouir. Autrement dit, la politique linguistique de la Province autonome du Trentin pourrait être complétée.
Bibliographie
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Histoire de la langue italienne