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République française
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France
1) Situation géopolitique
et démolinguistique
LES LANGUES DE FRANCE |
Capitale: Paris
Population: 68,0 millions (est. juillet
2023) Langue officielle: français
Groupe majoritaire: français (82 %)
Groupes minoritaires: occitan (12, 2 %), alsacien (2,6 %), breton
(2 %), catalan (0,45 %), corse (0,49 %), basque (0,1 %), flamand (1, %),
etc.
Système politique: république parlementaire à deux chambres
Articles constitutionnels (langue): art. 2 et 75-1 de la
Constitution de 1958 (modifiée par la
Loi constitutionnelle n°
92-554 du 25 juin 1992)
Lois linguistiques:
Loi relative à l'emploi de la langue française ou loi Toubon (1994);
Proposition de loi n° 3008 relative au
développement des langues et cultures régionales (2010);
Loi relative à la
protection patrimoniale des langues régionales et à leur
promotion (2021).
Lois scolaires:
loi Deixonne de 1951;
loi
n° 75-620 du 11 juillet 1975
relative à
l'éducation (loi Haby);
loi
n° 84-52 du 26 janvier 1984 sur l'enseignement supérieur
(loi Savary);
loi d'orientation
n° 89-486 du 10 juillet 1989 sur l'éducation
(loi Jospin);
Code de l'éducation (2000);
Loi
n° 2005-380 du 23 avril 2005
d'orientation et de programme pour l'avenir de l'école (loi Fillon);
Loi de refondation de l’école de la République du 6 juin (2013);
Loi n° 2013-595 du 8 juillet 2013
d'orientation et de programmation pour la refondation de l'école de la
République (2013).
Lois à portée linguistique:
décret
n° 93-535 du 27 mars 1993 portant approbation du cahier des missions et
des charges de la Société nationale de radiodiffusion et de télévision
française pour l'outre-mer (RFO);
Loi d'orientation pour l'outre-mer
(2000);
Loi n° 2006-911 du 24 juillet
2006 relative à l’immigration et à l’intégration.
Au total: au moins une cinquantaine
de lois, décrets, arrêtés, sans compter les innombrables
circulaires administratives (voir une
liste des textes juridiques en matière de langue). |
Plan de l'article
La France (543 965 km²) est bordée au nord par la mer du Nord et
la Manche, à l'ouest par l'océan Atlantique, au sud par la Méditerranée. Elle
est limitée à l'est par la Belgique, le Luxembourg, l'Allemagne, la Suisse et
l'Italie, au sud par l'Espagne et la petite principauté d'Andorre.
Avec ses voisins, la France possède 56,6 km de frontière
commune avec
Andorre, 620 km avec la Belgique, 451 km avec l'Allemagne,
488 km avec l'Italie, 73 km avec le Luxembourg 73 km, 4,4 km
avec Monaco, 623 km avec l'Espagne et 573 km avec la Suisse. Si
l'on prend en considération les DOM-TOM, la superficie de la
République atteint 1 007 329 km².
1.1 La structure
administrative métropolitaine
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Le pays est administrativement découpé en 96
départements métropolitains, regroupés en
13 régions métropolitaines (incluant la Corse), mais
18 régions si l'on
compte les cinq régions d'outre-mer (Guadeloupe, Martinique,
Guyane, La Réunion et Mayotte). Avant la Révolution de 1789, la
France était organisée administrativement en
provinces.
Aujourd'hui, on compte généralement plusieurs
départements dans une région (voir
la carte). Les départements français correspondent à
des divisions administratives
placées sous l'autorité d'un préfet et administrées par un conseil
général. Les compétences propres au département concernent essentiellement
l'action sanitaire et sociale, l'équipement rural, la voirie
départementale et les dépenses d'investissement et de fonctionnement des
collèges. 1.2 La France
d'outre-mer La France comprend
également ce qu'on appelait jusqu'à récemment des
DOM-TOM.
Depuis la réforme de 2003, on distingue quatre
DROM ou «départements et
régions d'outre-mer» (Martinique, Guadeloupe, Guyane et La
Réunion), deux POM ou «pays
d'outre-mer au sein de la République» (Nouvelle-Calédonie et
Polynésie), un TOM ou
«territoire d'outre-mer» (les Terres australes et antarctiques
françaises) et trois COM ou
«collectivités d'outre-mer», dont une «collectivité spécifique»
(Corse), une «collectivité d'outre-mer départementale» (Mayotte)
et une «collectivité d'outre-mer territoriale»
(Saint-Pierre-et-Miquelon). Les collectivités d'outre-mer sont
des COM. |
De plus, depuis le 14 juillet 2007, les îles de Saint-Barthélemy et de
Saint-Martin ne font plus partie des communes de la Guadeloupe. Elles ont
cessé d’appartenir à la catégorie des DOM et sont érigées en «collectivité
d'outre-mer» (COM) et quittent également l’Union européenne. Ces nouvelles
collectivités d'outre-mer assument maintenant les compétences qui
étaient hier exercées par les communes de Saint-Barthélemy et de
Saint-Martin ainsi que par le département et la région de la Guadeloupe. En
date du 16 avril 2017, Mayotte, la Martinique et la Guyane françaisn sont
des COM.
Les départements ou territoires français d'outre-mer
français représentent seulement de 23 % de la superficie totale de la
République française, mais 93 % des 11 millions de kilomètres carrés de la
zone économique exclusive (ZEE) de la France. Parce que les territoires
d'outre-mer font partie intégrante de la France, celle-ci est voisine du
Canada, des États-Unis, du Brésil, de l'Australie et de Madagascar, ce qui
lui donne voix au chapitre presque partout. Grâce à ces territoires
d'outre-mer, la France demeure une grande puissance maritime dans le monde.
Il est manifeste que ces territoires d’outre-mer sont essentiels à
l'influence de la France, en raison de leurs intérêts politiques,
économiques, stratégiques, militaires, scientifiques, etc. On peut
comprendre pourquoi la France désire conserver et maintenir ces territoires
sans lesquels elle serait une puissance de seconde zone dans le monde
d’aujourd’hui. De plus, en tant que pilier de la Francophonie, la France
agit aussi comme une sorte de «club» à l'intérieur de l'ONU. Et son
influence passe par l'Agence France-Presse qui diffuse en plusieurs langues
(français, anglais, allemand, russe, espagnol, portugais et arabe).
La population de la France était de 58,6 millions en
1998, puis à 61,4 millions en juillet 2004
et, en janvier 2016, à 66,6 millions. La majorité (82 %) des Français parlent le
français comme langue maternelle, mais on compte un certain nombre de
«minorités historiques» dont les membres parlent une «langue régionale»
comme langue maternelle (voir
à ce sujet la carte des langues régionales).
2.1 La question des minorités
linguistiques
En France, les
expressions telles que minorités nationales,
minorités historiques et
langues minoritaires sont exclues du vocabulaire «politiquement correct»
français et du discours officiel, mais l’expression langues régionales
est d’usage courant, ce qui les différencie des «langues étrangères» et
des «langues immigrantes». Officiellement, que le français n'est pas «la langue
d'un groupe distinct des autres», mais celle de tous les multiples groupes qui
vivent et parlent en France. Autrement dit, il n'y a pas de «minorités» en
France, puisque tous les individus sont des Français. En 1977, alors qu'il était
maire de Paris, le futur président Chirac avait fait cette déclaration au
journal Le Monde: le 3 septembre 1977) en employant les mots «minorités» et
«phénomène minoritaire», mais ce n'est guère courant:
À cet égard, le problème le plus
délicat qui reste à résoudre au sein de la nation française est celui du droit
à l'identité et à l'expression culturelle des minorités. À juste titre, notre
système démocratique ignore le phénomène minoritaire. Un Français vaut un
Français, quelle que soit sa personnalité propre ou son identification
collective.
|
Évidemment, il est habile d'affirmer qu'il n'y a pas de
«minorités» sur son territoire, ce qui implique qu'il n'est pas nécessaire de les
protéger. De plus, pour bien des politiciens français, les langues régionales
auraient perdu de toute façon leur statut de langue maternelle, car elles ne
seraient plus parlées; pour ces politiciens, il s'agit là de «langues apprises»
(des langues secondes) et dont les structures grammaticales auraient été
largement modifiées «afin de répondre à des impératifs politiques autonomistes,
voire séparatistes». Voilà, le problème est réglé! Par ailleurs, comme la
plupart des langues régionales ne sont réellement «maternelles» que pour les
personnes déjà très âgées et en milieu rural... on comprend que la Nation ne
soit pas très motivée à réagir et à revendiquer des droits linguistiques.
Cette conception française des langues régionales est le résultat d’une uniformisation
linguistique toujours présente non seulement dans l’Administration, mais
encore dans l’esprit de nombreux fonctionnaires et d’une bonne partie de la
population. C'est pourquoi beaucoup de Français seraient eux-mêmes surpris d’apprendre
que leur pays est, après l’Italie, le pays d’Europe occidentale qui compte
le plus grand nombre de «langues minoritaires» sur son territoire.
En réalité, seuls les militants des partis
nationalistes à base ethnique revendiquent un statut de «minorités
opprimées», mais c'est infiniment marginal et le fait, le plus souvent, de
fonctionnaires, surtout en éducation, trop heureux d'avoir la subsistance
assurée par l'État «colonisateur». Comme les politiques savent que ces
revendications n'ont aucun écho dans la masse de la population, elles n'ont
pratiquement aucune chance d'aboutir à des réalisations concrètes.
2.2 Le problème des recensements
linguistiques
En France, les recensements ne tiennent pas compte de
l'origine ethnique ou religieuse, ce qui prive les autorités d'instruments
indispensables pour lutter contre les discriminations. Cette absence de
données démontre non seulement le faible intérêt (un euphémisme) que portent
depuis longtemps les dirigeants français, mais aussi leur aveuglement
concernant les minorités linguistiques. La France milite depuis quelques
décennie au plan international en faveur de «la diversité culturelle», mais
elle ne reconnaît pas dans asa constitution l'existence de ses langues
nationales minoritaires comme le breton, l'alsacien, l'occitan, le catalan,
le basque, etc. Tout ce qui semble aller de soi dans les autres pays voisins
de l'Europe, par exemple la prise en compte de l'existence de minorités, est
chose occultée en France, où l'on craint plus que tout le glissement vers le
«communautarisme» interprété comme le repli sur sa communauté d'origine.
Étant donné qu'il n’existe pas de recensement
linguistique officiel en France, il faut se reporter sur des données
approximatives transmises par diverses associations. En juillet 1998 et en avril 1999, deux rapports sur les langues
régionales furent remis successivement au gouvernement français. Le premier,
celui de
Bernard Poignant, maire de Quimper, ne nous permet pas de recenser le
nombre des locuteurs des langues régionales. Il dresse néanmoins la
nomenclature des langues régionales parlées sur l’ensemble du territoire
métropolitain; le rapport «Langues et cultures régionales» de B. Poignant a
surtout le mérite de nous présenter un tableau de la situation de ces langues
employées dans l’enseignement et les médias. Quant au rapport de
Bernard
Cerquiglini (avril 1999), directeur de l'Institut national de la langue
française (CNRS), il ne nous informe pas plus sur le dénombrement des
locuteurs des langues régionales. À ce sujet, l’auteur semble affirmer
presque à regret ce qui suit au sujet des «langues régionales» (qu'on
n'hésiterait pas à appeler dans un autre pays «langues minoritaires»):
En tant que linguiste, le rapporteur ne peut s'empêcher de noter combien
faible est notre connaissance de nombreuses langues que parlent des citoyens
français. Il se permet de suggérer que la France se donne l'intention et
les moyens d'une description scientifique de ses langues, aboutissant à une
publication de synthèse. La dernière grande enquête sur le patrimoine
linguistique de la République, menée il est vrai dans un esprit assez
différent, est celle de l'abbé Grégoire (1790-1792). |
Cela dit, M. Bernard Cerquiglini a retenu 75 langues différentes
considérées comme des «langues régionales» (voir
à ce sujet la carte des parlers régionaux).
Cependant, en 2008, les 75
langues inventoriées par Bernard Cerquiglini sont passées à 79 dans un texte
de la ministre de la Culture et de la Communication devant le Sénat:
l'occitan (-1) a été remplacé par chacune de ses composante, soit
l'auvergnat, le gascon, le languedocien, le limousin et le provençal (+5).
Or, cette «richesse
exceptionnelle» du patrimoine linguistique est reliée en partie à
l'appartenance à la France de départements et de territoires d'outre-mer. En
effet, les deux tiers de ces langues, soit 51 au total, sont parlées
principalement dans les DOM-TOM. Néanmoins, la publication en mars 2003 du
volume Les langues de France (Presses Universitaires de France), sous la
direction de Bernard Cerquiglini, donne un aperçu d'un dénombrement partiel
de la plupart des langues régionales non seulement dans l'Hexagone, mais aussi
dans les DOM-TOM (appelés aujourd'hui DOM et COM). C'est à partir de ces sources que nous pourrons nous baser
pour présenter le nombre (approximatif) des locuteurs des langues régionales.
Dans le tableau ci-dessous, le nombre des
locuteurs est celui inscrit par le Comité consultatif pour la promotion
des langues régionales et de la pluralité interne dans son rapport de
2013.
(LR)
Langue régionale |
(P)
Population régionale totale |
(L)
Locuteurs
régionaux - Tableau % |
(PS)
Population
scolaire 2008 - 18 % P |
(E)
Élèves en LR en 2008 - Pourcentage |
(EB)
Enseignement
bilingue 2010 - % |
Alsacien
germanique |
1
700 000 |
900 000 |
53 % |
309
000 |
193 820 |
53 % |
22 683 |
14 % |
Basque
basque |
250 000 |
72 000 |
29 % |
45 000 |
11 060 |
26 % |
11 532 |
100 % |
Breton
celtique |
1 500 000 |
172 000 |
12 % |
270
000 |
23 432 |
9 % |
19 467 |
83 % |
Catalan
romane |
370 000 |
126 000 |
34 % |
66 000 |
13 048 |
20 % |
3 053 |
24 % |
Corse
romane |
250 000 |
150 000 |
60 % |
45 000 |
34 598 |
77 % |
7 059 |
21 % |
Flamand
germanique |
1
400 000 |
30 000 |
2 % |
252 000 |
720 |
--- |
123 |
17 % |
Franco-provençal
romane |
6
000 000 |
150 000 |
3 % |
1 080 000 |
275 |
--- |
165 |
60 % |
Langues d'oïl
romane |
35 000 000 |
204 000 |
1 % |
6 300 000 |
1 761 |
(gallo
seulement) |
--- |
Occitan
romane |
13 000 000 |
3 000 000 |
23 % |
2 340 000 |
80 000 |
4 % |
6 875 |
9 % |
Francique
germanique |
2
300 000 |
400 000 |
17 % |
414 000 |
810 |
--- |
810 |
100 % |
Total |
61 770 000 |
5 202 000 |
9 % |
11 121 000 |
329 524 |
3 % |
71 767 |
22% |
(LR) = langue régionale
(P) = population totale de la
région
(L) = locuteurs et pourcentage |
(PS) = population scolaire
(E) = élèves en langue
régionale (LR)
(EB) = enseignement bilingue |
Dans ce
Tableau
récapitulatif des langues régionales
de France, il s'agit des langues régionales parlée sur le
territoire français (Hexagone) et répertoriées en 1999 par Bernard Cerquiglini, directeur de l'Institut national de la langue française (CNRS),
dans un rapport remis au ministre de l'Éducation nationale, de la Recherche et
de la Technologie, ainsi qu’à la ministre de la Culture et de la
Communication.
On se rend compte que, à l'exception de l'Alsace (53
%) et de la Corse (60 %), la proportion de locuteurs des langues locales
dans une région demeure relativement faible: 29 % pour le basque, 12 % pour
le breton, 34 % pour le catalan, 2 % pour le flamand, 3 % pour le
franco-provençal, 1 % pour les langues d'oïl, 23 % pour l'occitan et 17 %
pour le francique mosellan. Encore une fois, ces statistiques sont peu
fiables, ce qui signifie que ces résultats pourraient être revus à la baisse.
2.3 Le classement
des langues régionales
N'oublions pas que les langues régionales de France sont
nombreuses et qu'on peut les classer en fonction de leur origine
«génétique». La plupart proviennent du latin
(les langues d'oïl, l'occitan et ses variétés, le catalan, le franco-provençal et
le corse), d'autres du germanique initial
(francique, flamand, alsacien) ou du celtique
(breton); seul le basque est une langue
isolée (famille basque). On distingue les
langues
gallo-romanes (langues d'oïl et langues d'oc) et les
langues
non gallo-romanes, mais le catalan et le corse demeurent des
langues romanes. On peut également consulter une carte historique représentant
les aires linguistiques de toutes les langues de France en
cliquant ICI. On constatera que les langues non gallo-romanes
parlées au nord-est et au sud font partie d'une autre aire linguistique
(langues germaniques, catalan et basque).
Selon la Délégation générale à la langue française et aux
langues de France (DGLFLF), les langues de France sont «les langues régionales
ou minoritaires parlées traditionnellement par des citoyens français sur le
territoire de la République, et qui ne sont langue officielle d’aucun État.» On
peut les désigner comme «régionales» ou «non territoriales», mais elles
constituent un bien commun et une partie du patrimoine de l’humanité. En ce
sens, on pourrait les qualifier de «langues patrimoniales».
3.1 Les langues patrimoniales
|
Les rapports
Poignant (1998) et
Cerquiglini (1999) mentionnent précisément
l’alsacien, le basque,
le breton, le catalan,
le corse, le
francique, le flamand
occidental,
le franco-provençal, l’occitan
ou langue d'oc (partagé entre le gascon, le languedocien, le provençal, l'auvergnat-limousin et
l'alpin-dauphinois)
et huit langues d'oïl: le franc-comtois,
le wallon, le picard,
le normand, le gallo,
le poitevin, le saintongeais
et le
bourguignon-morvandiau (voir
la carte des langues d'oïl).
Les «langues transfrontalières» sont
les suivantes: l'alsacien, le
francique (souvent lorrain sur les cartes), le
basque, le catalan, le
flamand (occidental) et
le franco-provençal. On peut consulter le
TABLEAU
récapitulatif des langues régionales
de France.
Beaucoup de ces langues régionales sont considérées comme des
«langues en péril», c'est-à-dire en voie d'extinction, sauf pour l'alsacien, le
breton et le catalan.
À ces langues dites «historiques» (voir
à ce sujet la carte des parlers régionaux) s’ajoutent des
langues
immigrantes telles que le berbère, l’arabe dialectal, le yiddish, le tsigane
(ou romani chib) et l’arménien occidental. Évidemment, exception faite des minorités
immigrantes très récentes, tous les Français parlent aussi la langue nationale en
tant que langue seconde.
|
Le problème fondamental réside surtout dans le nombre
des locuteurs de toutes ces langues, les sources non officielles ayant la
fâcheuse tendance à se contredire et à présenter des données statistiques
souvent discordantes. En guise de référence, nous allons nous servir des
données relevées en 1999 par l’Agence
France-Presse en ce qui a trait aux langues régionales plus
importantes (voir la carte)
en usage sur le territoire de la Métropole:
Alsacien |
environ 900 000
locuteurs sur 1,7 million d'habitants (53 %). |
Breton |
172 000 locuteurs sur 1,5 million d'habitants
(12 %), dans la zone dite
bretonnante (Finistère, une partie des Côtes d'Armor et du Morbihan)
contre 1,2 million au début du siècle. |
Occitan |
3 millions de
locuteurs, sur 13-14 millions d'habitants (23 %), contre 10 millions en 1920.
|
Basque |
72 000 locuteurs sur
250 000 habitants (29 %); près de 100 % de la population parlait la langue au
début du siècle. |
Corse |
environ 60
000 locuteurs sur 250 000 habitants (env. 60 %); près de 100 % de la population
parlait corse au début du siècle. |
Catalan |
126 000
locuteurs ou 34 % de la
population des Pyrénées Orientales (126 000 habitants) ont déclaré le
parler, dans une enquête récente; parmi ces 34 %, quelque 17 % ont
déclaré le parler «bien». |
On peut consulter aussi le tableau des langues régionales
en cliquant ICI,
s.v.p., ainsi que les dénombrement des langues selon le
Comité consultatif pour la promotion des langues régionales et de la
pluralité interne de 2013.
On compte en France trois langues régionales d’origine
germanique: l’alsacien, le francique et le flamand du Westhoek (ou
flamand occidental).
|
- L’alsacien
(ou Elsässerditsch),
qui fait partie des langues alémaniques, serait parlé par près de 900 000
locuteurs en Alsace (sur
une population régionale — Haut-Rhin et Bas-Rhin — de 1,7 million d’habitants).
Mais quelque 230 000 personnes le parleraient de façon occasionnelle. Le sondage DNA/CSA Opinion de 1998 révèle qu'un Alsacien sur deux
déclare parler couramment l'alsacien («dialecte parlé couramment»). Au point de vue historique, l’alsacien
appartient à l’«allemand supérieur» (l’Oberdeutsch), parce qu'il
s’agit de langues ou de dialectes généralement en usage dans les régions
montagneuses de la partie méridionale de l’Allemagne. Voir à ce sujet la
carte
des dialectes allemands. - Le
francique
mosellan (ou francique de Moselle: Lothringer Platt ou
Lothringer Deitsch) fait partie des parlers franciques de l’Ouest (le Westmitteldeutsch)
et était parlé par quelque 360 000 locuteurs en 1962; Une enquête effectuée
par l'Institut national des études démographiques, dans le cadre du
recensement de 1999, confirme le recul du francique, qui compterait encore 400
000 locuteurs, dont 80 000
dans le département de
la Moselle (n° 57), notamment dans la région
de Thionville et l'extrême-nord du département (Sarreguemines-Bitche). On y
distingue le francique luxembourgeois, le francique mosellan et le
francique rhénan. La langue semble se transmettre de moins en moins chez les
jeunes générations, puisque seulement 20 % des jeunes de moins de 15 ans la
parlerait. Cette langue serait donc particulièrement en grand danger de
disparition.
|
Les dialectes
franciques font partie du moyen allemand :
francique rhénan (lorrain), hessois, francique mosellan,
luxembourgeois, francique ripuaire, thuringien et haut-saxon. Trois formes de
francique sont parlées en France (Moselle): le
francique mosellan (dans le
«pays de Nied»:
Bouzonville et Boulay);
le francique rhénan (du bassin houiller jusqu'à l'Alsace)
et le francique
luxembourgeois (dans le «pays thionvillois»:
Thionville, Sierck-les-Bains,
Cattenom et la vallée de la Fensch, ainsi que dans le
grand-duché de Luxembourg, la région
belge d'Arlon et certaines régions allemandes du
Land de Sarre à la frontière ouest, au nord d'Echternach, dans les arrondissements de Prüm et de
Bitburg. N'oublions pas que l'aire du francique est coupée en deux par la frontière linguistique séparant les
langues romanes et germaniques. En France, les locuteurs du francique disent
parler le platt (mir redde platt : «nous parlons le platt»),
même si celui-ci ne coïncide pas avec le Platt Deutsch d'Allemagne.
Ils n'emploient jamais le mot fränkisch dans l'expression mir
redde fränkisch («nous parlons le francique»).
Quant au
francique ripuaire,
il n'est pas parlé en France, mais dans la région allemande de Cologne (Dusseldorf
et Bonn) et dans les
cantons belges germanophones, son aire d'influence s'étendant essentiellement
dans le Land de Rhénanie-du-Nord-Westphalie,
avec quelques influences mineures sur le nord du Land de Rhénanie-Palatinat et la
région d'Eupen en
Belgique. On peut consulter une carte
linguistique de toutes les variétés de francique (France, Luxembourg,
Belgique et Allemagne)
en
cliquant ICI, s.v.p.
Les dialectes franciques (rhénan, mosellan,
luxembourgeois, ripuaire, etc.) sont liés
par des éléments communs issus du francique
initial, une ancienne langue germanique parlée par les Francs qui ont conquis
les Romains en Gaule au Ve siècle. Le francique demeure donc un vestige linguistique des
Francs qui ont fondé la France, même s'il est peu probable que ce soit la même
langue. En effet, la langue du roi Clovis et de sa cour était le «francique
salien», un francique plus proche du francique ripuaire, dont il n'existe pas de trace en France.
Néanmoins, l'influence francique a été considérable en
français, et cette langue (incluant ses variantes) a laissé quelque 400 mots encore en usage aujourd'hui.
- Le
flamand
(flamand occidental), appelé
le flamand du Westhoek, est utilisé par environ
30
000 locuteurs (2 % de la population de la région), ainsi que 50 000 occasionnels,
dans le département du Nord (n° 59) de la France (région
de Dunkerque), sur une population près de quatre millions d'habitants. En
réalité, il est très difficile de savoir exactement combien de locuteurs
parlent le flamand: les chiffres varient énormément, soit de 30 000 à 100 000 locuteurs (dans
les visions les plus optimistes) et on ignore tout du degré de connaissance de
la langue. Le flamand encore parlé en France est un dialecte du néerlandais associé au flamand
occidental (le West-Vlaams); il est également parlé en Flandre et aux Pays-Bas (voir
la carte linguistique à ce sujet). Le flamand du Westhoek est
aujourd’hui en nette régression.
|
Le
breton
(appelé brezoneg ou brezhoneg) est la
seule langue celtique parlée en France. Selon l'Institut TMO Région, 172 000
locuteurs (12 % de la population localre)parleraient actuellement le breton, contre
quelque 246 000 en 1999. Il
s'agit d'une population totale de 1,5 million d’habitants dans la «zone
bretonnante» de l’Ouest appelée Basse-Bretagne
ou Breizh Izel. À l’est, se trouve la partie francophone dite
Haute-Bretagne (ou Breizh Uhel) appelée également «le pays gallo»,
où l'on parle le gallo et le français. On considère généralement
qu'il existe quatre variétés de breton: 1) le léonais
(au nord-ouest); 2) le trégorrois
(au nord-est); 3) le cornouaillais
(au sud-ouest); 4) le vannetais
(au sud-est). Les jeunes ne savent pratiquement plus le breton, car deux
bretonnants sur trois se situent dans la catégorie des plus de 60 ans.
Selon un rapport de 2013, il y aurait 280 00 locuteurs du breton ainsi
que 600 000 occasionnels. Le breton a pour origine le gallois et le cornique, introduits au Ve
siècle par les immigrants venus du pays de Galles et de
Cornouailles (dans l’île
de Grande-Bretagne), après l’invasion de la Grande-Bretagne par les Saxons.
Le breton reste l'une des quatre langues celtiques qui subsistent encore
aujourd'hui, avec le gallois, l'irlandais et l'écossais, le gaulois, le
mannois et le cornique étant éteints (malgré les efforts de restauration
pour le mannois et le cornique). |
|
Le
basque appartient
à une famille linguistique isolée (famille basque) et
est parlé en France par quelque 72 000 locuteurs (chiffres optimistes) sur une population de 250 000
Basques français (29 % de la population locale). Les Basques sont répartis en Espagne et en France, soit dans sept
provinces historiques. Pour la France, les Basques habitent le département
des Pyrénées-Atlantiques (n° 64), qui comprend les provinces du Labourd, de la
Basse-Navarre et de la Soule. Quant à la langue basque, elle se compose de
plusieurs variétés dialectales dont les plus importantes sont, pour la
France, le labourdin et le bas-navarrais,
pour l’Espagne, le guipúzcoan, le
biscayen et le haut-navarrais. |
Alors que la plupart des Basques espagnols reçoivent un enseignement en
basque, seulement 20 % des enfants basques-français apprennent cette langue
dans les écoles primaires (deux à trois heures hebdomadaires). Techniquement,
le basque n'est pas une «langue régionale» de France, mais une «langue
européenne», dont une partie est en France, une autre en Espagne.
|
Le corse est une langue
romane apparentée au groupe italien (groupe italo-roman) et est parlé par moins de
70 000
locuteurs sur 250 000 habitants (dans l'île de Corse,
une collectivité territoriale spécifique), mais 100 000 autres parleraient
cette langue de façon occasionnelle, ce qui donnerait un nombre maximal et
optimiste de 160 000 locuteurs (60% de la population locale).
Cette langue a longtemps été considérée comme une forme dialectale de
l'italien. Bien que le corse ait subi une forte influence du toscan, il est
apparu dans l'histoire avant la naissance de l'italien standard, ce qui en fait
une langue bien distincte, et ce, d'autant plus que son vocabulaire comporte
une part importante de mots d'origine ligure.
Aujourd’hui, le corse demeure
la seule des langues minoritaires «françaises» à bénéficier d'un statut
particulier, lui-même étroitement lié au statut administratif de l'île. En
1999, quelque 20 % des élèves scolarisé en corse ont passé l'épreuve de
corse à l'examen. À
l’extérieur de l'île de Corse, l’enseignement de cette langue est dispensé
dans les villes d’Aix-en-Provence, Marseille, Nice et Paris. |
On peut lire la
page Web qui est consacrée exclusivement à la Corse en cliquant
ICI,
s.v.p.
La langue
d'oc ou occitan, comme le français, fait partie des
langues romanes, toutes issues du latin populaire. Le mot «occitan» est une
francisation savante du latin occitanus, alors que la forme populaire
française aurait été «occitain» (1886). Il semble que «occitanus» ait été
formé parallèlement avec «aquitanus». L'écrivain Frédéric Mistral, pour sa
part, écrivait «óucitan».
- Les catégories de l'écrivain Dante
L'une des premières attestations de l'expression langue
d'oc est attribuée à l'écrivain florentin Dante Alighieri (1265-1321).
Dans son De Vulgari Eloquentia («De l'éloquence vulgaire») rédigé
vers 1305 en latin, celui-ci
classait les trois langues romanes qu'il connaissait d'après la façon de dire oui dans chacune
d'elles (par exemple, oïl, oc, si), d'où la distinction
«langue d'oc» (< lat. hoc) au sud et «langue d'oïl» (< lat. hoc ille)
au nord, pour ensuite désigner les parlers italiens (sì < lat. sic). Le
célèbre Florentin
distinguait dans leur façon de dire «oui» les trois grandes branches des
langues romanes (issues du latin) connues: «Nam alii Oc; alii Oil, alii Sì, affirmando loquuntur, ut puta Yispani, Franci et Latini», ce qui signifie
«les uns disent oc, les autres oïl, et les autres si,
pour affirmer, par exemple, comme les Espagnols, les Français et les Latins».
Dante ajoute aussi :
Istorum vero
proferentes oc meridionalis Europe tenent partem occidentalem, a
Ianuensium finibus incipientes. Qui autem sì dicunt a predictis
finibus orientalem tenent, videlicet usque ad promuntorium illud
Ytalie qua sinus Adriatici maris incipit, et Siciliam. Sed
loquentes oil quodam modo septentrionales sunt respectu istorum:
nam ab oriente Alamannos habent et ab occidente et settentrione
anglico mari vallati sunt et montibus Aragonie terminati; a
meridie quoque Provincialibus et Apenini devexione clauduntur.
|
[Ceux qui disent
«oc» tiennent la partie occidentale de l’Europe, à partir des
frontières des Génois. Ceux qui disent «si» tiennent la partie
orientale de ces frontières, soit jusqu’à ce promontoire
d’Italie, d’où commence le golfe de la mer Adriatique jusqu’à la
Sicile. Et ceux qui disent «oïl» sont en quelque sorte
septentrionaux par rapport à ceux-ci; ils ont en effet les
Allemands à l’orient, ils sont protégés au septentrion et à
l’occident par la mer anglaise ou gauloise, et ils sont bornés
par les montagnes d’Aragon; au sud, ils sont enfermés par les
Provençaux et la courbe des Apennins.] |
|
Ces
termes sont employés par Dante pour désigner respectivement les Espagnols (oc),
les Français (oïl) et les Italiens (sì). Pour lui, les
Franci (Français) qu'il situe au nord des montagnes
d'Aragon, donc à partir de la Navarre, parlent le français d'oïl, ce qui, on
le sait aujourd'hui, étend considérablement l'aire linguistique des langues
d'oïl. De plus, lorsque Dante affirme que les Yispani (Espagnols) disent «oc», il
fait allusion uniquement au royaume d'Aragon, ce qui correspondait aux Aragonais («Aragoniae»)
et aux
Catalans qu'ils associait aux Espagnols. À cette époque, les Catalans
employaient «oc» (jusque vers 1500) et ils se sont ensuite castillanisés en
adoptant «si», comme les Castillans. Dans un passage de Vita Nuova («Vie nouvelle»), Dante opposait
déjà (vers 1293) la littérature catalane de «lingua d'oco» à celle en italien de langue
«di sì». Dante parlait donc de
littérature: il avait en haute estime la langue italienne
(florentin) et, dans Il Convivio
(«Le Banquet», vers 1303-1304), il reprochait à ses
compatriotes — «a perpetuale infamia»
— de préférer des langues vulgaires
«di lingua d'ocho» (de langue d'oc)
comme le provençal («prouenza»). Il considérait que l'italien («lo
parlare italicho» était plus précieux et plus beau que le
provençal.
|
Or, «provençal» est le nom donné par Dante à la langue
employée dans la célèbre Chronique de Jacques Ier
d’Aragon, dit le Conquérant (catalan : "Jaume I el Conqueridor"),
comte de Barcelone et seigneur de Montpellier, une chronique
littéraire rédigée en catalan et connue comme le Livre des faits (catalan:
Llivre dels feïts).
|
Ce livre était célèbre en Italie, comme
d'ailleurs les chansons des troubadours provençaux. Dante a
totalement ignoré le castillan des Espagnols pour lesquels
oui se disait sí, alors que les Catalans et les
Aragonais employaient oc. Dans ces conditions, il devient
difficile de distinguer à l'écrit le sì de l'espagnol et
le sí de l'italien. Bref, le point
de vue de Dante était littéraire et teinté de partialité.
Pour le
grand écrivain florentin,
il
n'existait alors que trois langues littéraires issues du latin:
- le français
d’oïl au nord de la Navarre et les trois quarts de la France;
- la langue d’oc dans le nord-est de la
péninsule ibérique et le sud de la France;
- la langue du si utilisée dans la péninsule
italique.
|
Si Dante ne s'est pas trompé pour désigner l'aire linguistique des
langues italiennes, il a considérablement erré en ce qui concerne les
langues d'oïl et d'oc en France et en Espagne. Néanmoins, les termes oïl, oc
et si utilisés par Dante ont connu beaucoup de succès, bien que ces
termes ne recouvrent pas les mêmes aires linguistiques ni les mêmes régions
que pour nous. Dante n'était pas linguiste et il n'avait pas les
connaissances qui se sont développées depuis la fin du XIXe
siècle.
On peut consulter aussi le texte «Les
domaines d’oc, si et oïl, selon Dante» de MM. Jean Lafitte et Guilhem Pépin,
en cliquant ICI, s.v.p.
Heureusement que d'autres termes ont servi à désigner cette langue
d'oc: roman, limousin,
provençal, gascon, catalan, etc., mais le mot provençal semble
avoir été plus populaire. C'est à partir du milieu du XIXe siècle
que le mot occitan a commencé à désigner l'ensemble des langues
d'oc. Il existe aujourd'hui une controverse en France au sujet de l'emploi du
singulier ou du pluriel pour l'expression «langue d'oc» / «langues d'oc». Dans
le premier cas, on considère qu'il n'existe qu'une seule langue d'oc,
l'occitan; dans le second, plusieurs (limousin,
provençal, gascon, languedocien, etc.). Cette controverse semble plus
idéologique — l'unicité de la France — que vraiment linguistique, mais les
partisans de l'unicité de la langue occitane semblent les plus nombreux.
- La répartition de l'occitan
L'aire linguistique de l'occitan comprend pratiquement le
tiers de la France, c'est-à-dire un territoire très vaste dans toute
la partie sud du pays. Au point de vue du découpage administratif, l'occitan
englobe les départements suivants (voir la
carte):
- Série
ne concernant que le gascon:
Pyrénées-Atlantiques
(sauf le Pays basque), Hautes Pyrénées,
Gers,
Landes et Gironde (à l'exception de la Grande et de la Petite
Gavacherie);
- Série partagée entre le gascon et le languedocien: Lot-et-Garonne, Tarn-et-Garonne, Haute-Garonne
et Ariège;
- Une faible partie des
Pyrénées-Orientales, Aude, Hérault, Tarn, Aveyron, Lot; Dordogne (sauf quelques
communes de l'ouest); Corrèze; Haute-Vienne (sauf l'extrême-nord); une partie de
la Charente; plus de la moitié orientale de la Creuse, Puy-de-Dôme (à
l'exception de quelques
communes du Nord-Ouest); quelques communes de l'Allier autour de Gannat; une
région au sud-ouest de la Loire, autour de Saint-Bonnet-le-Château; Cantal;
Haute-Loire, Lozère, Gard; Ardèche (sauf dans la
partie nord), le sud-est de
l'Isère; Drôme (sauf le nord du département); Hautes-Alpes,
Alpes-de-Haute-Provence,
Vaucluse, Bouches-du-Rhône, Var et Alpes-Maritimes.
Hors de France,
l'occitan dans sa variété gasconne est parlé dans le
Val-d'Aran (en Catalogne, Espagne);
le provençal et le provençal alpin sont parlés dans quelques
vallées alpines italiennes de Torino et Cuneo (Piémont), ainsi que dans la
principauté de Monaco (excepté les quartiers ligures de la capitale).
|
La langue d'oc est fragmentée
linguistiquement entre le gascon
(appelé aranais en Espagne), le
languedocien, le provençal
alpin et le provençal maritime, l’auvergnat-limousin et l’alpin-dauphinois (voir la carte
linguistique détaillée des variétés occitanes). L'auvergnat et le limousin sont considérés généralement comme
deux dialectes différents. Le vivaro-alpin,
une appellation controversée, est la variété de occitane du Nord parlée
dans une partie du Velay, le nord du Vivarais, le Dauphiné méridional et
les Alpes (de langue occitane) en France et en Italie (noter que le
bas-vivarois, occitan du Nord lui aussi, est du languedocien cévenol du
Nord). Ceci étant dit, l'expression «auvergnat-limousin» de
M. Cerquiglini ne paraît pas
vraiment gênante, puisque personne n'oserait affirmer parler
«l'auvergnat-limousin», mais l'auvergnat et/ou le limousin.
Certains linguistes croient que ces différentes formes d'occitan sont relativement intelligibles entre elles.
D'autres, comme le linguiste Jean Lafitte, considèrent que
l'intercompréhension n'est pas si aisée et qu'elle repose sur une
idéologie bien plus politique que sur les résultats d'études sérieuses. Rappelons que même l'écrivain Frédéric que Mistral
(1830-1914) a éprouvé le besoin de traduire en provençal un conte gascon de
Jean-François Bladé («Lou mau-parlant in Armana prouvençau», de 1868). |
Quoi qu'il en soit, un Provençal
comprendra difficilement un Gascon sans apprentissage (dont la langue est la plus différenciée du
groupe), tout en lui trouvant un petit
accent «exotique» (le [f] en [h] aspiré), quelques tournures imagées, mais
compréhensibles (pr'amor à la place de perqué) ou encore de
rares mots issus par inversion de consonnes (craba au lieu de
cabra). On peut consulter une petite liste de mots occitans pour des
fins de comparaison en cliquant
ICI.
- Le nombre des locuteurs
Il est difficile de
déterminer avec précision le nombre des locuteurs de l'occitan, mais ceux-ci peuvent
être estimés à environ deux millions de locuteurs (la plupart étant âgés
de plus de 50 ans) sur une population
locale de 13 à 14 millions d’habitants, dont entre 700 000 et un million de
locuteurs (passifs compris) pour le seul provençal. En 2013, le
rapport du
Comité consultatif pour la promotion des langues régionales et de la
pluralité interne fixait ce nombre à 600 000
occitanophones et à 1,6 million pour les locuteurs occasionnels. Compte tenu de la «désoccitanisation»
des villes de grande et moyenne importance, il est vraisemblable de fixer à
environ deux à trois millions de locuteurs ayant, à des degrés variables, une certaine
connaissance de
l'occitan. L'occitan est la principale langue d'enseignement dans quelques
écoles primaires (les Calandretas) et une matière facultative dans
d'autres. L'occitan n'est jamais employé dans l'administration française et
dans les rapports de celle-ci avec les citoyens. Il est permis d'utiliser les
noms de famille en occitan, mais les réticences demeurent encore très fortes en
ce qui a trait à l'occitanisation des toponymes officiels, des panneaux de
signalisation routière et des affiches et communications des services publics.
- Les problèmes de classement
Dans le groupe occitan, on classe parfois le
catalan. En
fait, jusqu'au Moyen Âge, ces deux langues (l'occitan et le catalan) ne
faisaient qu'une: ce sont des destins politiques différents et deux
rattachement à des blocs dominants opposés qui les ont fait évoluer chacune de
leur côté. Ce n'est qu'en 1934 que les intellectuels catalans ont fini par
proclamer solennellement que le catalan était distinct de l'occitan. C'est pourquoi, aujourd'hui, on a plutôt tendance à en faire deux groupes distincts,
mais certains linguistes placent délibérément le catalan au nombre des
«langues d'oc» (au pluriel). Ainsi, ce sont souvent des raisons politiques
qui servent de critère pour classer les langues. Du point de vue strictement
linguistique, le catalan est plus proche de l’occitan qu’il ne l’est du
castillan (espagnol); par ailleurs, l’occitan est plus proche du catalan que
du français. Peu importe les classements officiels et non officiels, il
existe néanmoins une bonne intercompréhension entre les locuteurs du catalan
et ceux de l'occitan.
Comme pour le basque, le catalan n'est pas une «langue
régionale» de France, mais une grande «langue européenne», dont une petite
partie est en France, une autre beaucoup plus grande en Espagne.
|
Le
catalan est une langue romane parlée par quelque
126
000 locuteurs sur une population 370 000 habitants dans le département
des Pyrénées-Orientales (n° 66). Cette langue a acquis un statut officiel dans la
principauté d’Andorre et en Espagne (Catalogne, Pays valencien et Baléares)
où l'on retrouve cette aire linguistique.
Le catalan forme un groupe particulier parmi les langues
romanes, bien que historiquement catalan et occitan ont déjà constitué une
seule et même langue. En France, le catalan est principalement parlé dans
ce qu'on appelle la Catalogne du Nord (Catalunya del Nord), tout
autour de Perpignan. La variante géographique du catalan parlée en France
a été traditionnellement connue sous le nom de catalan septentrional
ou plus souvent roussillonnais. |
|
La Catalogne du Nord ou Catalunya
del Nord (par opposition à
la Catalogne du Sud), plus souvent
appelée le Roussillon, correspond globalement à l’actuel
département des Pyrénées-Orientales,
bien que la région des Fenouillèdes (Fenolleda) et celle des
Corberes, toutes deux situées au nord; elle est
occitane et faisait partie à l'origine du
Languedoc. Cette région compte sept zones géographiques (d'ouest en
est): l'Alta
Cerdanya (Haute-Cerdagne), le Capcir, le Conflent, le Vallespir,
le Rosselló (Roussillon), les Aspres
et
les Corberes (Corbières). Bien que
le catalan soit considéré comme une des langues régionales de France,
il ne bénéficie d'aucun statut juridique spécifique.
Perpignan (Perpinyà
en catalan) est la capitale de la Catalogne du Nord. On peut consulter une page particulière
consacrée à la description et à l'histoire de la langue catalane
en cliquant
ICI, sv.p. |
|
Le
franco-provençal
(lire
le texte de Manuel Meune à ce sujet)
est une autre langue romane parlée à l'origine dans
les régions qui s'étendaient des environs de Neuchâtel en Suisse jusqu'au
sud de l'Isère et de la Savoie (France),
en passant par la Vallée d'Aoste en
Italie. Cette langue, ou l'une de ses variétés, est encore parlée dans
certains villages
de la région Rhône-Alpes, ainsi que dans les
canton de Fribourg et du
Valais et dans la
Vallée d’Aoste. Sauf pour le Val-d’Aoste (et encore!), il
est difficile de connaître le nombre exact des locuteurs de cette langue, y
compris en
France. On
estime le nombre de ses locuteurs à 80 000, voire 150 000 avec les
locuteurs occasionnels, la plupart âgés de
plus de 60 ans, pour une population totale de quelque six millions d'habitants.
Mais le nombre des locuteurs occasionnels est nettement supérieur (voir le
tableau). La langue est en voie d'extinction en
France et en Suisse, mais elle est demeurée vivante jusqu'à récemment dans la
Vallée d'Aoste
(Italie). Dans ce dernier cas, l'absence de recensement linguistique depuis
1921 masque certainement la réalité. Il est donc possible que le
franco-provençal ne soit plus une langue utilisée par beaucoup de locuteurs,
même dans la Vallée d’Aoste où il est réputé avoir
survécu. Le sondage de la Fondation
Émile-Chanoux de 2001 révèle qu'environ 5 % des Valdôtains utilisent le
franco-provençal comme langue maternelle (patois confondus), alors qu'il n'est
parlé que par 7 % des habitants de la vallée.
|
Si cette tendance devait continuer — ce qui est
probable —, le franco-provençal de la Vallée d'Aoste serait
sur la voie de l'extinction d'ici une ou deux décennies. Théoriquement, en France, le franco-provençal serait encore parlé
dans la plus grande partie du Dauphiné, dans le Lyonnais, le Forez, la Savoie,
le Bugey, la Bresse, le sud de la Franche-Comté.
Le terme de franco-provençal a été créé au XIXe siècle par un linguiste italien du nom de
Ascoli qui, le premier, a identifié cette langue
(franco-provenzale) comme un ensemble
linguistique spécifique. Le terme est parfois
contesté et semble relativement impropre dans la mesure où il cette langue
n'est même pas en contact à proprement parler avec le provençal et n'a pas
grand-chose à voir avec le français. Le franco-provençal est plus
proche des langues d'oïl que de la langue d'oc. On utilise parfois les termes
savoyard,
dauphinois, lyonnais,
bressan, forézien et arpitan (en France, de ar-, signifiant «montagnes» ou
«rochers», de pe au sens de «sous» et de tan signifiant «pour»:
la langue de celui qui vit au pied des montagnes), romand,
valaisan, fribourgeois (en Suisse),
valdôtain (en
Italie) ou assez généralement
le mot patois (partout), ce qui, en ce cas, ne désigne pas
particulièrement le «franco-provençal».
Par ailleurs, il existe une tendance à
remplacer le terme de franco-provençal avec trait d'union
(comme dans toute graphie française du type franco-québécois, franco-américain
ou anglo-américain) par celui de
francoprovençal sans trait d'union, ceci pour éviter la fréquente
confusion qui amène à penser que les idiomes de ce type (savoyard, valdôtain,
etc.) forment un «mélange» de français et d'occitan (provençal), alors qu'elles
constituent un groupe linguistique roman distinct. Autrement dit, la graphie
francoprovençal (sans trait d'union) ne repose pas sur une
règle typographique, mais idéologique. Tout au cours de son
histoire, le franco-provençal est resté une langue essentiellement orale.
Pour
prendre la mesure de sa diversité, on peut consulter quelques textes illustrant
diverses variantes du franco-provençal:
- France: la
variante bressane
(Bresse), la variante bugiste
(Bugey), la variante dauphinoise
(Dauphiné), la variante
forézienne (région historique du Forez) et la
variante lyonnaise
(Lyon);
- Italie: la variante valdôtaine (Vallée d'Aoste, Italie);
- Suisse:
la variante genevoise†
(Genève), la variante gruérienne (Fribourg),
la variante vaudoise
(Vaud), la variante
neuchâteloise† (Neuchâtel) et la
variante valaisanne
(Valais).
3.9 Les langues d’oïl
|
Il est malaisé de parler des «langues
d'oïl» en raison de notre ignorance en général à leur sujet et du
fait que le français en est issu. Les locuteurs des langues
d’oïl (voir la carte) sont aujourd’hui peu
nombreux en France et la plupart de ces idiomes ont pratiquement disparu.
Il sont associés maintenant à des parlers français régionaux.
Autrement dit, certains parlers régionaux tels que le picard (au nord,
près de la Belgique), le gallo (à l'ouest, près de la Bretagne), le poitevin,
le saintongeais, le normand, le morvandiau, le champenois,
et d'autres encore (wallon, lorrain, franc-comtois, bourguignon), constituent aujourd’hui des formes régionales du
français. Ces parlers — en réalité des langues — sont relativement intelligibles
entre eux: un locuteur de l'orléanais comprend assez bien un locuteur du
tourangeau et un Québécois comprendrait encore plus facilement un locuteur
du normand, si tant est qu'il en rencontre un! Dans certains établissements d'enseignement, ces parlers régionaux bénéficient d'un
horaire spécifique sous l’appellation de «langues régionales». Il n’existe
pas de statistiques sur le nombre de ces locuteurs, mais une enquête de
l'INSEE estime à 204 000 pour l'ensemble des locuteurs de ces langues. En 2013,
le rapport du
Comité consultatif pour la promotion des langues régionales et de la
pluralité interne fixait ce nombre à 204 000,
ainsi que 730 000 autres comme locuteurs occasionnels. De toute façon, seul
1 % de la population peut encore s'exprimer dans l'une des langues d'oïl. |
3.10 Les autres
langues d'intérêt historique
Certaines langues ne sont que rarement
identifiées, mais elles constituent des langues historiquement «françaises»:
le ligurien, le wallon, le niçois et l'alémanique. Le ligurien est
une langue romane parlée essentiellement dans la principauté de Monaco où
elle est désignée comme le monégasque, et dans les campagnes françaises
environnantes. Le niçois (ou nissart) est une langue occitane,
relativement proche du provençal, parlée à Nice et
dans ses environs immédiats. Le wallon est parlé près de la frontière
avec la Belgique dans une région appelée «Wallonie française». Quant à l'alémanique,
une langue germanique différente de l'alsacien, il est utilisé par peu de
locuteurs en Alsace.
On peut s'interroger sur le sort des langues régionales de France. Dans
tous les cas, elles doivent faire face à l'omniprésence du français, langue
officielle de l'État.
4.1 La transmission en régression
Une enquête de l'INSEE (Institut
national de la statistique et des études économiques), publiée le 21
février 2002 et intitulée Langues régionales, langues étrangères: de
l'héritage à la pratique, montre que la place du français progresse
continuellement et
que les autres langues, surtout régionales, se transmettent de moins en moins.
Cette a été réalisée auprès de 380 000 personnes vivant «en Métropole»
et porte sur les langues parlées aux gens pendant leur petite enfance. Ainsi,
pour 74 % de l'ensemble des adultes, on ne leur a parlé qu'en français. Pour
les 26 % restant, 10 % parlent habituellement le français et occasionnellement
une autre langue, 2 % habituellement deux langues, 6 % habituellement une autre
langue et occasionnellement le français et 8 % ne parlent pas le français du
tout. L'étude montre également que les langues étrangères se transmettent
mieux que les langues régionales. Parmi ces dernières, les plus en usage sont
l'alsacien, le breton, le basque, le corse, le «Platt mosellan» et le
catalan.
L'enquête de l'INSEE montre aussi que l'usage des langues régionales
est l'apanage des générations nées avant 1940 et semble particulièrement
fréquent chez les agriculteurs, mais très rare chez les cadres. La situation
semble particulièrement critique pour le franco-provençal, le breton, le
flamand et les langues d'oc, dont le nombre des locuteurs paraît avoir subi un
recul très important, par rapport à la génération précédente; ces langues
semblent se pratiquer entre adultes, sans être retransmises aux enfants. Par
ailleurs, cette enquête révèle que, dans l'échantillonnage, près de 400
langues ont été identifiées.
L'enquête «Famille» de 1999 (de l'INSEE)
montrait que la plupart des langues régionales semblent avoir été transmises
presque toujours de façon occasionnelle, en accompagnement du français, et plus
souvent par un seul des parents. C'est particulièrement vrai de la «langue
d'oc» et des «langues d'oïl», déjà en nette régression. Ces langues (voir la
figure 1) ont accompagné l'enfance de très nombreux adultes, soit
respectivement 610 000 à titre habituel et 1 060 000 à titre secondaire pour la
«langue d'oc» (l'occitan et ses variétés : nissart, provençal, languedocien,
rouergat, limousin, gascon, etc., 570 000 et 850 000 pour les «langues d'oïl»
(picard, chtimi ou «patois du Nord», lorrain roman, normand, gallo de Bretagne,
vendéen, bourbonnais, etc.). Quelque 280 000
personnes se souviennent d'avoir parlé, lorsqu'ils étaient enfants, le breton
et 400 000 autres l'ont reçu «en complément du français». Avec le
corse, le catalan ou les créoles (sachant que l'enquête est limitée à la
Métropole), le breton figure parmi les langues
dont la transmission était déjà plus souvent occasionnelle qu'habituelle, sans
que le décalage soit toutefois aussi avancé que pour les langues d'oïl et d'oc.
Le cas est différent avec l'alsacien, car il semble reçu plus souvent sur un
mode habituel (660 000 personnes) qu'occasionnel (240 000). Rappelons que
l'alsacien était encore, il y a une génération, la langue régionale la mieux
transmise. De même, dans une bonne partie de la Moselle voisine, le francique (ou
«Platt
lorrain») était transmis habituellement dans la famille. Dans le reste de la
France, seul le basque semble avoir connu une situation similaire.
Figure 1 -
Principales langues autres que le français reçues
dans l'enfance et retransmises à la génération suivante
4.2 L'inévitable
diglossie
La connaissance des langues régionales
est généralement perçue par bien des Français comme peu utile pour l'avenir, étant donné leur manque
de prestige. Malheureusement, il semble que l'intérêt pour ces langues importe
beaucoup plus en raison de leur valeur culturelle et symbolique pour l'identité
régionale que pour leur utilité pratique. Bref, l'État français aurait beaucoup
de travail à faire pour redonner un certain souffle à ces langues qui font
toutes partie du patrimoine français. Le français est inévitable, contrairement
aux langues régionales, ce qui impose la diglossie aux locuteurs de ces
langues. Rappelons cette définition du Dictionnaire de linguistique et des
sciences du langage de Jean Dubois & al., 1973) :
On donne parfois à
diglossie le sens de situation bilingue dans laquelle une des
deux langues est de statut sociopolitique inférieur. Toutes les
situations bilingues que l’on rencontre en France sont des
diglossies, que ce soit en pays d’oïl (bilinguisme français et
dialectes français), en pays d’oc (bilinguisme français et
dialectes d’oc), en Roussillon (français et catalan), en Corse
(français et dialectes rattachés à la famille italienne), en
Bretagne (français et langue gaélique), en pays basque (français
et basque), en Alsace et en Flandre (français et parlers
germaniques) |
C'est une situation généralisée dans
toute la France. Pour las vaste majorité des Français, le sort des langues
régionales ne les empêche pas de dormir. Si pour les uns, ces langues sont
considérées comme un trésor culturel à sauvegarder, pour d'autres, il s'agit
d'une survivance linguistique négligeable.
Enfin, pour de nombreux Français à
tendance jacobine, le maintien de ces langues pourrait entraîner le
séparatisme de certaines communautés; on parlerait donc de communautarisme,
un terme nécessairement péjoratif qui désigne une minorité qui
revendiquerait des droits linguistiques particuliers, ce qui les isolerait
du reste de la société. Bref, ces langues régionales, pratiquement sont
devenues une autre source de conflits, notamment depuis l'adoption de la
«loi Molac» adoptée le 8 avril 2021 sur l’enseignement des langues
régionales: officiellement «Loi
du 21 mai 2021 relative à la protection patrimoniale des langues régionales
et à leur promotion».
4.3 La «loi Molcac»
Cette loi a été déposée par le député
breton Paul Molac. La loi a pour double objectif de protéger et de
promouvoir le patrimoine immatériel et la diversité culturelle dont les
langues régionales constituent l’une des expressions. Trois élément doivent
être retenus:
1. Le texte reconnait, dans le Code
du patrimoine, l’existence d’un patrimoine linguistique, constitué de la
langue française et des langues régionales.
2. La loi oblige les communes de résidence, qui ne disposent pas
d'écoles bilingues, à contribuer aux frais de scolarité des écoles
privées sous contrat proposant un enseignement bilingue (comme les
écoles Diwan en Bretagne). Bref, il s'agit de généraliser l’enseignement
des langues régionales comme matière facultative dans le cadre de
l’horaire normal d’enseignement (de la maternelle au lycée), sur le
modèle développé en Corse depuis 20 ans.
3. Enfin, la loi prévoit un emploi
des langues régionales dans les services publics. Cela se résume à
signalétique bilingue qui est désormais reconnue dans la loi; celle-ci
autorise les services publics à recourir à des traductions dans une
langue régionale, par exemple sur les bâtiments publics, les panneaux de
signalisation, mais aussi dans la communication institutionnelle.
4.4 Les langues en
danger, selon l'Unesco
Depuis plusieurs années, l'Unesco publie
un Atlas des langues en danger dans le monde. Cet atlas vise à
susciter une prise de conscience de la part des autorités, des communautés
de locuteurs et du public en général à propos des menaces pesant sur les
langues et du besoin de sauvegarder la diversité linguistique mondiale.
L'Atlas distingue plusieurs niveaux de vitalité linguistique:
Niveau de vitalité |
Langues |
Transmission de la langue d'une
génération à l'autre |
Sûre |
? |
La
langue est parlée par toutes les
générations ; la transmission
intergénérationnelle est
ininterrompue. |
Vulnérable |
flamand
occidental, francique mosellan,
francique rhénan, alémanique, basque |
La
plupart des enfants parlent la
langue, mais elle peut être
restreinte à certains domaines (par
exemple, la maison). |
En danger |
gascon,
corse, ligurien (monégasque),
franco-provençal, provençal alpin,
wallon |
Les
enfants n'apprennent plus la langue
comme langue maternelle à la maison. |
Sérieusement en danger |
breton,
gallo, normand, picard (ch'ti),
lorrain, champenois, bourguignon,
franc-comtois, limousin,
poitevin-saintongeais, auvergnat,
languedocien, provençal |
La
langue est parlée par les
grands-parents ; alors que la
génération des parents peut la
comprendre, ils ne la parlent pas
entre eux ou avec les enfants. |
En situation critique |
? |
Les
locuteurs les plus jeunes sont les
grands-parents et leurs ascendants,
et ils ne parlent la langue que
partiellement et peu fréquemment. |
Éteinte |
? |
Il ne
reste plus de locuteurs. |
L'Unesco
dénombre 26 langues pour la France, mais n'en
donne aucune dans les catégories «En situation
critique» et «Éteinte». Il n'en demeure pas
moins que l'Unesco identifie 26 langues «en
danger», «sérieusement en danger» ou
«vulnérables». Aucune de ces langues n'a obtenu
de statut ni n'a été reconnue par la loi. La
Constitution française reconnaît uniquement,
depuis le 23 juillet 2008, que
«les langues régionales
appartiennent au patrimoine de la France».
|
Distinguons les langues parlées dans les départements
d'outre-mer (DOM) et celles parlées dans les territoires (TOM). Rappelons que, depuis la
réforme constitutionnelle de 2003,
les DOM sont devenus techniquement des
DROM (pour «Département et région
d'outre-mer», mais DOM pour «Département d'outre-mer») et les
TOM sont disparus, sauf pour les Terres
australes, afin de faire place aux COM
(pour «Collectivité d'outre-mer»). Quant à la Polynésie française et la
Nouvelle-Calédonie, elles forment maintenant des POM
(pour «Pays d'outre-mer» au sein de la République); la Polynésie française est
néanmoins une «collectivité d'outre-mer», tandis que la Nouvelle-Calédonie a un
statut provisoire de «collectivité spécifique» en attendant qu'un référendum local décide de son indépendance ou de son maintien au sein de la
République.
|
5.1 Les départements
d'outre-mer (DOM)
Dans les départements d’outre-mer ou DOM (Martinique,
Guadeloupe, La Réunion et Guyane: voir
la carte cliquable) il
faut d’abord distinguer les créoles à base lexicale française (créole
martiniquais, créole guadeloupéen, créole guyanais et créole réunionnais),
les créoles bushinengés (à base lexicale anglo-portugaise) de Guyane (saramaca,
aluku, njuka, paramaca), les langues amérindiennes de Guyane (galibi ou
kalina, wayana, palikour, arawak proprement dit ou lokono, wayampi et émerillon)
ainsi que le hmong (parlé par les Laotiens).
5.2 Les «pays d'outre-mer» (POM)
Dans les pays d'outre-mer, on a
recensé en Nouvelle-Calédonie
28 langues kanakes (groupe mélanésien de la
famille austronésienne): nyelâyu, kumak, caac, yuaga, jawe, nemi, fwâi, pije, pwaamei, pwapwâ, dialectes de la
région de Voh-Koné, cèmuhî, paicî, ajië, arhâ, arhö, ôrôwe, neku,
sîchë, tîrî, xârâcùù, xârâgùrè, drubéa, numèè; nengone, drehu,
iaai, fagauvea).
En
Polynésie
française, on
a répertorié les langues polynésiennes suivantes: tahitien, marquisien, langue des Tuamotu,
langue mangarévienne, langue de Ruturu (îles Australes), langue de Ra'ivavae
(îles Australes), langue de Rapa (îles Australes).
5.3 Les collectivités territoriales
(COM)
Dans l'océan Indien, à
Mayotte on distingue le shimaoré (ou mahorais) et le
shibushi, c'est-à-dire des langues
comoriennes dérivées du swahili appartenant à la
famille bantoue.
Dans le Pacifique, plus précisément l'archipel de
Wallis-et-Futuna,
mentionnons le wallisien et le futunien, des langues
appartenant au
groupe malayo-polynésien
oriental
de la
famille austronésienne.
Les autres COM sont les suivantes: la Corse, l'archipel de
Saint-Pierre-et-Miquelon, l'île de
Saint-Barthélemy et l'île de
Saint-Martin. Depuis 2015, il
faut ajouter l’île Mayotte, la Martinique
et la Guyane
française.
Pour une présentation plus exhaustive de toutes ces
langues, il suffit de consulter le fichier
DOM-TOM ou cliquer sur l’une des pages consacrées à
la Guadeloupe,
à l’île de La
Réunion, la Nouvelle-Calédonie,
la Polynésie
française, les îles Wallis-et-Futuna.
La France actuelle compte
beaucoup d'immigrants, ce qui les distingue des «vrais Français de souche». Il
n'existe pas de statistiques officielles sur les populations immigrantes. Les
statistiques françaises ne font pas la distinction entre un Mohamed né de
parents ouvriers en banlieue de Paris et un Didier du XVIe
arrondissement. Ce sont des Français!
6.1 Les étrangers
On estime à quelque 3,6 millions d'étrangers et 4,2
millions d'immigrants incluant les étrangers (69 %) et les personnes nées à
l'étranger et qui ont obtenu la citoyenneté française (env. 100 000
annuellement). C'est près de 10 millions de personnes! Avant 1990, plus ou moins 55 % des immigrants provenaient
d'autres pays d'Europe, surtout l'Espagne, le Portugal, l'Italie, etc. Depuis
1990, les origines géographiques des immigrants
se sont diversifiées, aux dépens des personnes d’origine européenne.
D'ailleurs, la part des immigrants venus d’un pays de l’Union européenne
est en baisse constante depuis un quart de siècle. Ils représentaient 57 % de
la population étrangère en 1975, 49 % en 1990, puis 45 % en 1999. Au milieu de
2004, la France métropolitaine comptait 4,9 millions d’immigrés, d’après
l’INSEE, soit 760 000 de plus qu’en 1999 et 8,1 % de la population totale.
Quarante pour cent d’entre eux avaient la nationalité française, qu’ils ont
pu acquérir par naturalisation ou par mariage. En 2010, l'immigration en
France représentait 7,2 millions de personnes, soit 11,1 % de sa population,
dont 5,1 millions (7,8 %) nées hors de l'Union européenne. En guise de
résumé, voici le tableau qui suit:
Flux d'immigration en
France par année et région d’origine
Région |
2004 |
2005 |
2006 |
2007 |
2008 |
2009 |
2010 |
2011 |
2012 |
Europe |
80 500 |
78 660 |
80 120 |
79 290 |
80 330 |
75 040 |
88 820 |
94 580 |
105 830 (46,0%) |
Afrique |
70 200 |
66 110 |
62 340 |
62 140 |
63 470 |
66 480 |
65 610 |
66 280 |
68 640 (29,8%) |
Asie |
30 960 |
30 120 |
30 520 |
32 070 |
30 180 |
32 960 |
29 810 |
32 430 |
32 060 (13,9%) |
Amérique et Océanie |
19 810 |
19 990 |
20 460 |
18 770 |
21 440 |
20 450 |
26 270 |
26 270 |
23 070 (10,0%) |
Toutes nationalités
confondues |
201 460 |
194 880 |
193 440 |
199 658 |
195 410 |
194 920 |
210 510 |
216 640 |
229 600 |
De 2004 à 2012, quelque 200 000 immigrants sont entrés
chaque année, en moyenne, sur le territoire français. Compte tenu des décès
et des départs, la population immigrée a crû en moyenne de 90 000 personnes
par an. Au début 2013, elle représentait 8,8 % de la population française.
De 2004 à 2009, les entrées en France sont restées stables, puis elles ont
augmenté de 2009 à 2012 en raison essentiellement de l’afflux d’Européens.
En 2012, les immigrants venaient d'autre pays d'Europe
dans une proportion de 46% (Allemagne, Espagne, Pologne, Royaume-Uni,
Roumanie, Belgique, Suisse, Portugal, Italie, etc.); l'Afrique a fourni près
de 30 % des immigrants (Maroc, Tunisie, Algérie, Sénégal, etc.); l'Asie,
près de 14 % (Chine, Turquie, etc.); l'Amérique, 10% (États-Unis, Brésil,
Haïti, etc.). La très
grande majorité de ces immigrants habitent les villes, la concentration étant
particulièrement sensible à Paris où plus d’un habitant sur six est étranger
et en Seine-Saint-Denis où la proportion atteint une personne sur cinq.
Au 1er
janvier 2014, on comptait 5,9 millions d'étrangers en France, soit
8,9 % de la population, selon le décompte de l'INSEE (Institut national de
la statistique et des études économiques). Ce chiffre était en hausse de 731
000 personnes par rapport à 2006. Leur part dans la population s'est accrue
de 0,8 point entre 2006 et 2014. Dans le même temps, l'ensemble de la
population a progressé parallèlement de 2,6 millions, à 65,8 millions
d'habitants.
6.2 Les langues immigrantes
Évidemment, ce flux d'étrangers entraîne l'arrivée et le maintien des
langues étrangères. Au moins 660 000 locuteurs parleraient l'arabe
algérien;
492 000 l'arabe marocain; 212 900 l'arabe tunisien; 537 000 le kabyle
(berbère); 150 000 le tamazight (berbère); un million l'italien; 260 000
l'espagnol; 150 000 le portugais; 150 000 le créole
(antillais); 135 000 le turc; 70
000 l'arménien; 40 000 le farsi (iranien); 50 000 le khmer; 35 000 le
wolof; 10 000 le vietnamien; etc. Par le fait même, on
compterait entre trois et cinq millions de musulmans en France. Comme il n’existe guère de statistiques fiables en ce
qui a trait à ces langues, il s'agit là de données bien approximatives.
Cependant, l'enquête de l'INSEE (Institut
national de la statistique et des études économiques) du 21
février 2002 — Langues régionales, langues étrangères: de
l'héritage à la pratique — révèle que les langues les plus utilisées
dans les foyers sont d'abord l'arabe (toutes variétés confondues), puis
l'espagnol, le portugais et l'italien, ensuite l'allemand, le polonais et le
turc.
En 1999, l'enquête «Famille», réalisée auprès de 380 000
personnes, révélait que la transmission des langues d'immigration dans
l'enfance semble avoir été plutôt habituelle qu'occasionnelle. En effet,
quelque 940 000 adultes vivant en métropole se souviennent que leurs parents
leur parlaient d'abord l'arabe dans leur prime enfance, contre seulement 230
000 qui évoquent une transmission occasionnelle généralement associée au
français. La situation est la même pour le portugais : 580 000 adultes l'ont
reçu à titre habituel, contre 100 000 à titre occasionnel. Cependant,
l'espagnol et l'italien, langues dont l'immigration est plus ancienne, voient
augmenter la part de la transmission de «second rang». Enfin, la
diversification des courants migratoires se traduit par l'apparition de
nouvelles familles de langues, africaines ou asiatiques, dont le mode de
transmission (presque toujours habituel) témoigne d'une installation récente :
l'enfant les a généralement reçues de ses deux parents au pays d'origine, avant
la migration. Le turc présente un autre exemple de cette situation similaire.
Figure 2 -
Principales langues autres que le français reçues
dans l'enfance et retransmises à la génération suivante
D’ici quelques décennies, il est probable que beaucoup d'immigrants
actuels feront aussi partie des «minorités historiques». Dans la mesure où
quelques-uns de ces groupes auront conservé leur langue, il serait logique
qu’ils bénéficient des mêmes droits linguistiques que les autres.
6.3 Les difficultés de l'intégration
En attendant, la France semble connaître des difficultés
à intégrer ses millions d'immigrants et enfants d'immigrants, souvent
disséminés autour des banlieues des grandes villes. En réalité, la plupart
d'entre eux sont établis en France depuis au moins deux générations. N'oublions pas que près d’un tiers de la
population française d'aujourd'hui descend des immigrants du XXe siècle. Si la France a su davantage intégrer ses immigrants au
cours des siècles passés, elle éprouve aujourd'hui des difficultés avec les dernières
générations arrivées, surtout depuis que les deux tiers des nouveaux
arrivants sont de confession musulmane. Évidemment, l’opinion publique
pressent que l’islam pose un problème quand il n’est plus vécu comme une
religion personnelle, mais comme comme une idéologie politique ou un code de
conduite. En ce sens, l'islam peut être plus qu'une religion. Sondage après
sondage, les résultats montrent que l'image de l'islam se dégrade fortement
en France et en Occident en général depuis une dizaine d'années.
- Un important foyer musulman
Or, lorsqu'il existe ce type de
divergence entre les nouveaux venus et la population autochtone, il peut
s'ensuivre une certaine période d'incompréhension en raison des méfiances et
des craintes que cette différence suscite. Il n'est pas
réaliste de demander que les immigrants renoncent complètement à leur héritage
passé pour devenir des Français d'origine; il faut du temps. Quoi qu'il en soit, beaucoup
d'anciens immigrants ou enfants d'immigrants ne sont plus des immigrants: ce sont
maintenant des «Français», mais certains Français dits «de souche», plus conservateurs, l'ignorent!
Il existe encore en France une minorité de citoyens qui demeurent plus craintifs
lorsqu'ils voient arriver des immigrants différents d'eux par la couleur de
la peau ou la religion, surtout lorsque ces immigrants ont tendance à habiter les
mêmes quartiers.
La
France est aujourd'hui, proportionnellement à sa superficie et à sa population (68
millions), le plus important foyer musulman du monde occidental (avec six
millions de musulmans).
Plusieurs siècles de colonisation intensive à
travers le monde n'ont pas encore banalisé la présence des «basanés» sur le sol
français. De plus, on peut compter de trois à quatre millions de locuteurs dont
la langue maternelle est l'une des nombreuses variétés d'arabe dialectal, ce
qui fait de l'arabe après le français la deuxième langue la plus parlée sur
le territoire.
- Le monde idéal de la droite
En France, la loi n° 2005-32 de programmation pour la
cohésion sociale du 18 janvier 2005 contient des mesures prévoyant la
généralisation des contrats d’accueil et d’intégration. En cas de besoin,
une formation à la langue française d’une durée comprise entre deux cents et
cinq cents heures est proposée. De plus, la loi
n° 2006-911 du 24 juillet
2006 relative à l’immigration et à l’intégration, instaure une «immigration
choisie», c’est-à-dire la possibilité de sélectionner la main-d’œuvre selon
les besoins de l’économie française et d’accueillir des étrangers «porteurs
d’un projet économique, scientifique, culturel ou humanitaire»; la loi veut
aussi favoriser l’accueil des étudiants étrangers. Devant l'afflux des
immigrants en France, l'éternelle candidate du Front national à la présidence de la
République, Marine Le Pen, croit que les immigrants sont à la source de tous
les maux ou presque de la société française. Pour elle, beaucoup
d'immigrants ont recréé leur communauté d’origine; ils vivent dans une
langue, selon des mœurs et des lois qui ne sont pas de France, sur le sol
français. La politicienne française se défend d'être raciste, tout en se
positionnant contre l'immigration massive: «L'immigration n'est pas une
chance pour la France. C'est un drame pour la France.» Elle considère que
plusieurs gouvernements étrangers étaient «naïfs face à l'immigration» et
elle les qualifie de «Bisounours» (jouets en peluche). L'expression «on ne
vit pas dans le monde des Bisounours» est passée dans le langage courant
pour signifier qu'on ne vit pas dans le monde idéal.
- Un travail
d'intégration difficile
La France se semble pas avoir réussi à assainir ses relations avec
son passé colonial. Ni Charles de Gaulle, ni François Mitterrand, ni aucun
autre président français n'ont essayé d'adoucir la mémoire meurtrie de la
guerre d'Algérie, voire de la guerre d'Indochine. La France peine à prendre
en charge le destin de ceux qui appartiennent à cette deuxième ou troisième
génération d'immigrants qui ne sont plus des immigrés, mais des Français.
Rien n'a été entrepris, ni dans les quartiers ni dans les prisons. En ce sens, le «modèle français» n'est
pas forcément une réussite, mais il n'est pas non plus un échec considérable
quand on le compare au «modèle américain». Il faut admettre qu'il est nettement plus facile d'intégrer trois
Papous dans une société que des millions de
personnes appartenant plus ou moins toutes au même groupe ethnique, habitant plus ou moins dans les mêmes
régions. C'est là un problème que connaissent plusieurs pays.
De plus, l'intégration des immigrants dans la société
d'accueil peut devenir un mélange
explosif si la situation est mal gérée! Or, selon une étude de 2006 sur
les ressortissants de pays tiers (INTI), les immigrants séjournant en France
sont ceux qui ont le moins accès au marché du travail parmi les 28 pays
étudiés: ils sont exclus de l'emploi, de la création d'entreprise, ou bien leurs
qualifications obtenues en dehors de l'Union européenne ne sont pas reconnues dans
plusieurs secteurs. La mauvaise gestion est une expérience que les États-Unis connaissent
fort bien: il
n'est pas aisé d'intégrer des millions de Latinos qui ont la peau
basanée, mangent des tacos, parlent l'espagnol et sont catholiques dans un
monde de Blancs, mangeant des hamburgers, parlant l'anglais et professant le
protestantisme. Au
contraire, il paraît plus aisé d'intégrer quelques milliers de Coréens ou de Japonais répartis dans
l'ensemble du territoire américain.
Pour terminer, précisions que la loi n° 2007-1631 du 20 novembre 2007 relative à la maîtrise de l’immigration, à
l’intégration et à l’asile a pour objets de lutter contre l’immigration
irrégulière, de limiter les conditions d’entrée et de séjour en France, de
maîtriser l’immigration familiale et d’encourager l’immigration pour des
raisons professionnelles. Bien que la France éprouve certaines difficultés
avec l'intégration des immigrants, on ne voit pas pourquoi
elle ne trouverait pas à long terme de
solution satisfaisante. Ce pays demeure une grande démocratie et dispose de
moyens financiers et sociaux considérables.
Dernière mise à jour:
18 févr. 2024