Pays d'outre-mer au sein de la République
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Polynésie française (France)
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Capitale:
Papeete Population: 275
000 (2012) Langue officielle: français
Groupe majoritaire: tahitien (45 %)
Groupes minoritaires: français (30 %),
chinois hakka (9,6 %), français (7,6
%), tuamotu (7,2 %), tubuai-rurutu (4 %), marquisien (2,7 %), mangarévien (0,8 %), etc.
Système politique: ancien territoire d’outre-mer
autonome
(TOM), devenu depuis 2003 un POM (pays d'outre-mer au sein de la
République) Articles constitutionnels langue):
art. 2 et
75-1 de la Constitution de 1992 de la
République française Lois linguistiques:
toutes les lois linguistiques de la République,
dont les suivantes: loi
no
84-747 du 2 août 1984 relative aux compétences des régions de Guadeloupe, de Guyane, de
Martinique et de La Réunion;
loi no 75-620 du 11 juillet 1975
relative à
l'éducation (loi Haby); Décision
no 2036 du 28 novembre 1980 donnant à la langue tahitienne qualité
de langue officielle du territoire de la Polynésie française;
loi no 84-52 du 26 janvier 1984 sur l'enseignement supérieur;
Arrêté no 1266 CM du 20 octobre
1986 portant organisation du service de la traduction et de
l’interprétariat;
loi d'orientation no 89-486 du 10 juillet 1989 sur l'éducation
(loi Jospin);
décret
no 93-535 du 27 mars 1993 portant approbation du cahier des missions et
des charges de la Société nationale de radiodiffusion et de télévision
française pour l'outre-mer (RFO);
loi du 4 août 1994 relative à l'emploi de la langue française
(1994); Loi organique no 96-312
du 12 avril 1996 portant statut d'autonomie de la Polynésie
française (abrogée);
Code de
l'éducation (2000);
Loi d'orientation pour l'outre-mer
(2000); Loi organique no 2004-192
du 27 février 2004 portant statut d'autonomie de la Polynésie
française; Loi no 2005-380
du 23 avril 2005 d'orientation et de programme pour l'avenir de
l'école (loi Fillon).
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1 Situation géographique
La Polynésie française est un POM, un
pays d'outre-mer français situé
dans le Pacifique-Sud, entre la Nouvelle-Zélande et l’Amérique du Sud. En
fait, ce territoire fait partie d’un ensemble plus vaste couvrant une grande
partie du Pacifique et formant un vaste ensemble géographique qu’on appelé le triangle
polynésien, dont les
sommets sont Hawaï au nord, l’île de Pâques au
sud-est et la Nouvelle-Zélande au sud-ouest (voir
la carte du Pacifique).
Mentionnons qu'en
Polynésie française les appellations Polynésie, Polynésien et polynésien ne font
référence qu’aux «Polynésiens français» et à la «Polynésie française» (et non pas
aux Polynésiens issus d’autres régions de la Polynésie, au sens géographique et
ethnologique). Le nom Polynésien peut désigner seulement les autochtones
(appelés Maohis) ou globalement tous les résidents, selon le contexte.
La Polynésie française,
au point de vue géographique, est constituée d’environ 118 îles
couvrant une superficie émergée (incluant les lagons) de 4200 km², dispersée
sur 2,5 millions de kilomètres carrés équivalant à la surface de l’Europe
(moins la Russie). En guise de comparaison, rappelons que la superficie de l’Australie
est de 7,6 millions km²; l’Indonésie, 1,9 million km²; la France, 534 000 km²;
les États-Unis, 9,3 millions km²; le Canada, 9,9 millions km². Ces îles de la Polynésie française sont
regroupées en cinq archipels.
Archipel de la Société |
1747
km² |
- les Îles-du-Vent (Tahiti, Mooréa et Tetiaroa) et
Maiao (interdite aux étrangers), Meetia (inhabitée);
- les Îles-Sous-le-Vent (Raiatea, Tahaa, Huahine, Bora
Bora et Maupiti);
|
Archipel des Marquises |
1274 km² |
- 10 îles, dont six
habitées |
Archipel des Tuamotu |
1000 km² |
- 84 îles, dont 41
habitées |
Archipel des Gambier |
36 km² |
- 12 îles, dont six
seulement sont habitées |
Archipel des Australes (ou Tubuai) |
141 km² |
- îles Rurutu, Tubuai, Rimatara, Raivavae
et Rapa |
En Polynésie française, les îles sont généralement de dimension réduite
(voir
la carte 2): la plus importante est l’île de Tahiti, (1042
km²)
et, par comparaison, elle est 20 fois plus petite que la Grande Terre de la
Nouvelle-Calédonie. La capitale, Papeete (23 555 habitants; avec
l'agglomération: 140 000), est située dans l’île
de Tahiti, soit à une distance de 17 100 km de Paris, 8800 km du Japon, 6200 km
des États-Unis(Los Angeles) et 5700 km de l’Australie (Sydney). La zone urbaine
de Papeete, qui s’étend sur environ 40 km², soit 1 % du
territoire, regroupe 65,4 % de la population.
Au sein même de la Polynésie française, les distances peuvent être très
grandes d’un archipel à l’autre (voir
la carte 3). Par exemple, les Îles-sous-le-Vent sont à 200 km de
Tahiti située dans les Îles-du-Vent; l’archipel des Marquises est situé à
1500 km au nord de Tahiti, alors que les îles Australes sont à une distance
variant entre 600 km du point le plus proche de Papeete à 1500 km de son point
le plus éloigné. L’archipel des Tuamotu est égrené sur quelque 1500 km²
et est séparé de Tahiti par près de 2000 km² de territoire marin. Rappelons
que la Polynésie française couvre une superficie de 2,5 millions de
kilomètres carrés, soit l’équivalant environ de la surface de l’Europe
(moins la Russie).
Ajoutons une mention sur la petite île
de Clipperton, appelée «île de la Passion» par les Français, qui est un
atoll de 9 km² situé dans l'océan Pacifique, à quelque 1280 kilomètres à l'ouest
du Mexique et à 6500 km de l'archipel de Tahiti. Attribué définitivement à la
France en 1931, l'atoll inhabité, constitué au centre d'un lagon d’eau douce, a
été sous la juridiction des Établissements français d'Océanie à partir de 1936,
puis de la Polynésie française jusqu'en mars 1986; mais aujourd'hui l'île relève
du «domaine public maritime» et reste sous l'autorité du ministre de l'Outre-Mer
(depuis février 2007). Dans les faits, cette petite possession française ne fait
pas partie des DOM-TOM. En 1981, l'Académie des sciences d'outre-mer avait
proposé de construire une piste d'atterrissage et un port et y installer des
habitants, mais le projet ne s'est jamais concrétisé.
2 Données démolinguistiques
Le recensement de 2002 faisait état de 244
830 habitants en Polynésie
française, dont 169 333, c’est-à-dire 69,1 %, vivant sur la seule île de
Tahiti. Les estimations de 2012 révèlent que la population serait de 275 000
habitants, dont 178 00 à Tahiti (64,7 %). Dans ces conditions, la population n’est pas répartie uniformément
dans les archipels:
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2002 |
2012 |
Îles de la Société
Îles-du-Vent
Îles-sous-le-Vent
Îles Marquises
Îles Tuamotu-Gambier
Îles Australes
(Tubuaï) |
[214 107] (87,45 %)
183 804 (75,07 %)
30 303 (12,37 %)
8 548 (3,49 %)
15 846 (6,47 %)
6 329 (2,58 %) |
[242 663] (88,2 %)
206 335 (75,0 %)
36 228 (13,1 %)
8 613 ((3,1 %)
17 657 (6,4 %)
6 207 (2,2 %) |
|
244 830 |
275 040 |
Par ailleurs, la population est jeune : 55 % de la
population a moins de 30 ans, et les moins de 20 ans représentent 40 %, soient
97 823 personnes.
2.1 La composition ethnique
On compte en Polynésie française 71,7 % de
Polynésiens
(et assimilés), 4,8 % d’Asiatiques (surtout des Chinois), 10,5 % d’Européens,
qu’ils
soient des «locaux» (6 %) ou des «métropolitains» (4 %). Parmi ces trois
groupes ethniques, il faut inclure les demis,
c’est-à-dire ceux qui sont métissés, que ce soit à dominante polynésienne
(32 641 habitants), blanche (2787 habitants) ou asiatique (1194 habitants). Au
plan de la religion, on compte 55 % de protestants adeptes de l’Église
évangélique, 30 % de catholiques, 6 % de mormons, 2 % d’adventistes, 2 % de
bouddhistes et de confucianistes.
Du point de vue groupe ethnique, les Tahitiens formaient en
2012 quelque 54 % de la population. Il sont suivis des Demis-Européens (les Euronésiens), des Français, des Chinois hakka et des Tuamotu. Les autres groupes
sont numériquement beaucoup moins importants.
Peuples |
Population |
Pourcentage |
Langue maternelle |
Affiliation linguistique |
Tahitiens et Demi-Tahitiens |
150 000 |
54,5 % |
tahitien |
langue
austronésienne |
Français |
29 000 |
10,5 % |
français |
langue romane |
Euronésiens (Demis-Européens) |
26 000 |
9,4 % |
français |
langue romane |
Tuamotu |
22 000 |
8,0 % |
tuamotu
|
langue
austronésienne |
Chinois Han/Hakka |
13 000 |
4,7 % |
chinois mandarin/hakka |
langue
sino-tibétaine |
Tubuaï (Toubouaïs) |
12 000 |
4,3 % |
tubuaï (toubouaï) |
langue
austronésienne |
Marquisiens du Nord |
3 900 |
1,4 % |
marquisien du Nord |
langue
austronésienne |
Marquisiens du Sud |
3 700 |
1,3 % |
marquisien du Sud |
langue
austronésienne |
Mangaréviens
|
2 400 |
0,8 % |
mangarévien |
langue
austronésienne |
Maoris des îles Cook |
1 700 |
0,6 % |
rarotongan |
langue
austronésienne |
Rapanuis de l'île de Pâques |
600 |
0,2 % |
rapanui |
langue
austronésienne |
Insulaires de l'est de l'île Rapa |
500 |
0,1 % |
rapanui |
langue
austronésienne |
Chinois tahitiens (Métis) |
300 |
,1% |
tahitien |
langue
austronésienne |
Pitcairnais |
300 |
0,1 % |
pitcairnais-norfuk |
créole |
Autres |
10 000 |
4,3 % |
- |
- |
Total (2012) |
275 000 |
100 % |
|
|
En Polynésie française, on appelle popa'a
(signifiant «étranger» en tahitien) ceux qui ne parlent pas tahitien (mais
jamais un Blanc local) et, en pratique, ne parlant pas le français avec l'accent
local, au minimum ne roulant pas les [r], sauf si une personne a sa famille
originaire de Polynésie et un nom polynésien. Un Blanc
métropolitain est forcément un popa'a. On peut distinguer un popa'a
farani (français), un popa'a merite (américain) et un popa'a peretani
(britannique).
2.2 L'usage
des langues
Les Polynésiens parlent des langues
austronésiennes appartenant au groupe des langues
malayo-polynésiennes orientales: le tahitien, le marquisien, le
tuamotu, le mangarévien (île de Mangareva dans l’archipel des Gambier), le
ruturu (îles Australes), le ra’ivavae (îles Australes), le rapa (îles
Australes), le wallisien et le futunien. Toutes ces langues sont désignées par
le terme générique reo ma'ohi (reo
maohi).
- Le tahitien
Même si seulement 44 % des
habitants de la Polynésie française parlent le tahitien (le
reo tahiti)
comme langue maternelle, plus de 80 % des Polynésiens le parlent comme langue
véhiculaire. Le tahitien est également parlé par 73 % des
«demis» polynésiens, 67 % des Chinois et 6 % des Européens
locaux, à l’exception
des îles Marquises où seulement 35 % des habitants le pratiquent. Le tahitien est fragmenté en quelques dialectes très étroitement apparentés
et est couramment écrit
depuis le premier quart du XIXe siècle, à l’époque où les
missionnaires anglais l’utilisaient comme outil d’enseignement. Dans la
ville de Papeete, la capitale de la Polynésie française, et dans plusieurs
autres centres, les différentes populations autochtones polynésiennes ainsi
que la minorité chinoise emploient une forme de pidgin tahitien pour
communiquer entre elles. D’ailleurs, le tahitien reste fort peu utilisé comme
langue véhiculaire chez les membres des populations non tahitiennes de Papeete,
bien que la plupart d’entre eux puissent comprendre cette langue.
- Le marquisien
Le marquisien
(ou 'eo 'enama) est pratiqué par quelque
8200 locuteurs dont un bon
nombre vit à Tahiti. En dialecte de Nuku Hiva, il y en a au moins deux
autres dans lesquels on dira plutôt 'enata
et non 'enama. Dans les Marquises, il existe deux aires linguistiques: le
marquisien des îles du Nord-Ouest (3900 locuteurs) et le marquisien
des îles du Sud-Est (3700 locuteurs); les deux variantes sont mutuellement
intelligibles. Le marquisien fut largement utilisé comme langue d’évangélisation
par les missionnaires catholiques et il existe une importante littérature
religieuse écrite, notamment une traduction de la Bible par Mgr Le Cléac’h,
ancien évêque de Taiohae.
- Le mangarévien
Le mangarévien
(ou reo magareva), assez proche du marquisien et de
l'hawaïen, est la langue parlée aux îles Gambier par environ 2400 locuteurs.
Le mangarévien est appelé reo ma'areva en tahitien.
- Le tuamotu (paumotu)
Bien qu'il soit parlé par
seulement 8 % de la population, le tuamotu (ou
reo pa'umotu
en tahitien) — appelé paumotu
et prononcé [pomotou] — est fragmenté en sept aires dialectales: le mihiroa, le vahitu, le tapuhoe, le napuka, le marangai,
le parata et le fagatau. Chacune de ces aires est, à son tour, soumise à de
nombreuses variantes. Comme l'archipel des Tuamotou compte 75 atolls, la
diversité linguistique est tout aussi variée. Les variantes du tuamotu sont fortement apparentées au marquisien.
Au total, on dénombre quelque 22 000 locuteurs du tuamotu.
- Les langues des Australes
Les langues des Australes (nom
générique: reo tuha'a pae) sont parlées par 7200 locuteurs
répartis selon leurs variantes linguistiques : langue de Ra'ivavae (1500),
langue de Rapa (600), langue de Rimatara (1100), langue de Rurutu (2500), langue
de Tubua'i (1500). Le nom de chacun des idiomes locaux est celui de l'île sur
laquelle il est parlé. On observe que ces variantes linguistiques (tubua'i, rurutu, rapa,
etc.) ont tendance à être remplacées de plus en plus par le tahitien des
îles de la Société, tout en conservant certaines caractéristiques
phonologiques et lexicales particulières.
- Le chinois hakka
Parmi les autres langues parlées en Polynésie française, citons le chinois
hakka et le français. Le chinois hakka
est parlé par l’importante
minorité asiatique (plus de 13 000 locuteurs: 4,7 %) de la Polynésie française, notamment
les Chinois; toutefois, cette langue semble de plus en plus en déclin en
Polynésie au profit du pidgin tahitien. C'est le mandarin qui est
enseigné dans les écoles de la communauté chinoise. Mentionnons également le
cantonais parlée par les Chinois de Hong-Kong et le vietnamien parlé par les
Vietnamiens.
- Les autres langues
|
On compte également quelques autres petites langues telles
que le rapanui de l'île de Pâques (une
langue austronésienne du groupe
polynésien), le pukapuka et le rarotongan parlés par les
Maoris des îles Cook, ainsi que le pitcairnais de l'île de Pitcairn,
une sorte de créole anglo-tahitien parlé à l'île.
Il faut comprendre que
l'île Pitcairn est située dans la région de la Polynésie française et que
l'île de Pâques constitue
une escale sur la ligne Santiago du Chili et Tahiti, ce qui
explique l'arrivée des ces immigrants en provenance de ces deux îles. De
fait, la Polynésie française, les îles Pitcairn, les îles Cook et l'île de
Pâques sont situées dans le triangle
polynésien. |
- Le français
Quant au français,
c’est la langue maternelle des Métropolitains, des Français installés en
permanence dans le pays et des Polynésiens assimilés. Cependant, étant donné que le français est la langue
officielle de la Polynésie française et, par conséquent, employé dans tous les
aspects de la vie administrative et scolaire, il est forcément parlé et compris,
jusqu’à un certain degré, par la grande majorité de la population autochtone.
Le français est entendu non
seulement dans la capitale, Papeete, mais également ailleurs dans les îles où il
entre en concurrence avec le tahitien. Il est même parlé par des gens qui
maîtrisent parfaitement une ou plusieurs langues polynésiennes. Dans la plupart
des familles, on ne s'adresse aux enfants qu'en français; ceux qui prétendent
utiliser le tahitien en famille (quand personne n'est là pour vérifier!) ne
doivent en réalité que placer quelques phrases de temps en temps, alors que le
reste de la conversation reste en français mêlé de mots ou expressions
tahitiennes.
Par contre, le français employé dans les îles n'est pas
le français standard, car ce français a subi d'énormes modifications d'ordre
phonologique, syntaxique et lexicale; l'intercompréhension avec le français
métropolitain n'est qu'apparente. Elle dépend forcément des locuteurs, mais on
peut estimer qu'elle n'est que de 50 % (à nuancer selon les situations) dans le
sens tahitien-farani (popaa
farani étant un Français) et pourrait baisser jusqu'à 25 % dans l'autre sens; on
parle ici d'une compréhension réelle, un faux sens pouvant annuler l'effet de
toute une conversation.
- L'anglais
Enfin, quelques mots au sujet de la place de l’anglais en Polynésie
française. Soulignons que ce territoire français est situé à plus de 17 000
km de la Métropole et que, par conséquent, l’attraction du français se
révèle plus faible que, par exemple, en Corse ou aux Antilles. La Polynésie
française, peuplée seulement de 220 000 habitants, fait partie d’un vaste
ensemble géopolitique, le Pacifique-Sud, qui compte au moins 25 millions d’anglophones,
notamment avec l’Australie (1500 km à l’ouest) et la Nouvelle-Zélande
(1700 km au sud-ouest).
De plus, la plupart des États du Pacifique ont l’anglais comme langue
officielle: l’Australie, la Nouvelle-Zélande, la Papouasie-Nouvelle-Guinée,
le Vanuatu (avec le français), les îles Salomon, Nauru, Tonga, Fidji, Tuvalu,
Kiribati, les Samoa occidentales, les Samoa américaines, Niue, sans oublier
Guam, les États fédérés de Micronésie et Hawaï. En réalité, seuls les
territoires de la Nouvelle-Calédonie, de Wallis-et-Futuna et de la Polynésie
française sont officiellement de langue française. À cela s’ajoute le fait
que la présence américaine, australienne et néo-zélandaise est très forte
dans tout le Pacifique... sauf dans les trois TOM français (Nouvelle-Calédonie,
Wallis-et-Futuna et Polynésie
française). Ainsi, l’accès
à certains biens de consommation passe par l’anglais, même en Polynésie
française (et les autres TOM).
De fait, l’anglais est compris et parlé par une certaine partie de la
population polynésienne instruite; les Polynésiens scolarisés parlent anglais
comme les Européens. À ceux-là s’ajoutent certaines communautés
autochtones, dont les ancêtres ont été christianisés par les missionnaires
protestants, ainsi qu’une couche importante de la population chinoise. Cela dit, le français
est la langue officielle et domine entièrement le paysage polynésien. Dans les
faits, l’anglais ne demeure qu'une attraction théorique en Polynésie française.
3 Données historiques
Les îles de la Polynésie furent habitées par les ancêtres des autochtones
actuels dès 200 avant notre ère, peut-être avant. Les premiers visiteurs européens sont, au
XVIe siècle, le
marquis espagnol Alvaro Mendaña de Neira (1595), qui
aurait nommé les îles Las Islas de Marquesa de Mendoza en l'honneur de
ses bienfaiteurs, puis Quiros
(1605), pilote de Mendaña, qui traversa l’archipel des Tuamotu, découvrit Tahiti qu’il nomma Sagitaria
(du latin sagitta, «flèche», rappelant le cône volcanique en
forme de faisceau de flèches). Toutefois, ces découvertes portugo-espagnoles
restèrent sans lendemain.
3.1 Les premiers découvreurs
C’est au cours du XVIIIe siècle que se multiplièrent les
découvertes marquantes. En juin 1767, la frégate du navigateur anglais Samuel
Wallis aborda le rivage de l’île de Tahiti qu’il nomma King George’s
Island; le capitaine Wallis en prit possession au nom du roi d’Angleterre,
Georges III. L’année suivante, le navigateur français Louis-Antoine de
Bougainville la redécouvrit, la revendiqua au nom du roi de France, la baptisa Nouvelle-Cythère
en mémoire du célèbre sanctuaire d’Aphrodite, au milieu de la mer Égée, et
ramena en France un Tahitien, ce qui accrédita la légende du «bon
sauvage» de Rousseau et fit fantasmer l’Europe sur ces îles lointaines
du Pacifique-Sud. Puis, de 1769 à 1777, le capitaine
James Cook visita trois
fois Tahiti ainsi que les Îles-sous-le-Vent, les îles Marquises et les îles
Australes. C’est en 1769 que James Cook prit possession du groupe des îles qu’il
baptisa Society Islands en l’honneur de la Société royale de Londres
(qui finançait alors l’expédition). Par la suite, la Polynésie fut le
théâtre des affrontements entre la France et l’Angleterre, alors que Tahiti
était devenue une escale importante dans le Pacifique.
3.2 La dynastie des Pomaré
En 1791, le capitaine Étienne Marchand prit possession, au nom du roi de
France (Louis XVI), de plusieurs des îles Marquises qu’il appela îles de
la Révolution. C’est vers cette époque que le chef polynésien Hapai
affirma sa suprématie sur les archipels et créa avec l’aide de ses alliés
anglais la dynastie des Pomaré (1762-1880) qui, seule, devait par la suite
régner sur Tahiti. En 1793, Tahiti et certaines îles environnantes formaient
déjà les États du protectorat gouvernés par Pomaré Ier. Celui-ci
assujettit également les îles Tuamotu, mais mourut en 1803 avant d’avoir
terminé son oeuvre hégémonique.
En 1797, les premiers pasteurs de la London Missionary Society s’établirent
à Tahiti, afin d’évangéliser les autochtones et les convertir au
protestantisme. Vers 1826, les prêtres catholiques empêchés d’y accoster
entreprirent, pour leur part, l’évangélisation des Marquises, des Tuamotu et
des Gambier. C’est à cette époque que les tensions entre les catholiques
français et les protestants anglais furent les plus vives, les uns tentant de
refouler les autres. Ainsi, des missionnaires catholiques s’implantèrent dans
des îles délaissées par la London Missionary Society, mais ils abordèrent
Tahiti en 1836.
Sous le règne de Pomaré II (1780-1821), une partie de la population
polynésienne de Tahiti devint protestante au prix de sanglants combats qui la décimèrent. Pomaré II s’imposa comme monarque, cumulant
pouvoir temporel et pouvoir spirituel, il se fit le protecteur de la «nouvelle
religion» protestante. Puis il imposa son protectorat aux îles Tuamotu et aux
îles Australes en s’appuyant sur les pasteurs protestants et les Polynésiens
convertis. Il laissa le trône à son fils, Pomaré III, mais comme celui-ci mourut en
bas âge (un an), il fut remplacé par sa soeur Aimata (1813-1877), qui régna
pendant cinquante ans sous le nom de Pomaré IV. Sous l’insistance du
missionnaire George Pritchard (1796-1883) qui faisait fonction de consul d’Angleterre,
la reine Pomaré IV expulsa les missionnaires catholiques français et fit du
protestantisme la religion officielle de son royaume.
3.3 Le protectorat français (1842-1880)
En guise de représailles, le capitaine de vaisseau Abel-Aubert
Dupetit-Thouars (1793-1864) obtint, dès 1838, réparation de Pomaré IV qui dut
reconnaître en 1843 le protectorat français à Tahiti. Le capitaine
Dupetit-Thouars proclama l’annexion de Tahiti à la France et étendit en 1844
le protectorat français aux Marquises.
Selon les termes du traité instituant le protectorat, la France
reconnaissait l’existence de deux États souverains liés par une convention.
D’une part, la reine Pomaré IV conservait son pouvoir à l’égard de ses
sujets, alors que la France garantissait la souveraineté du monarque ainsi que l’autorité
des chefs polynésiens; la France reconnaissait aussi la possession des terres
par les Tahitiens ainsi que le libre exercice de leur culte; en matière de
justice, la souveraine continuait d’exercer sa compétence et sa juridiction
sur ses sujets polynésiens. D’autre part, la France devenait compétente pour
tout ce qui concernait les Européens, c’est-à-dire les étrangers, ainsi que
les relations extérieures, la sécurité individuelle, les droits de
propriétés et l’ordre public.
Les missionnaires anglais furent expulsés en 1852, tandis que la reine
Pomaré IV était renversée à la suite d’insurrections. Elle fut rétablie
par la France, mais elle abdiqua en faveur de son fils Pomaré V. Cette
période se révéla troublée, puisque l’arrivée des Européens conduisit à
un phénomène d’acculturation qui porta gravement atteinte aux fondements de
la société polynésienne; en outre, l’alcoolisme et les épidémies
ravagèrent les populations polynésiennes.
En 1865, le pasteur anglais Jacques Stewart fit venir un millier de coolies
chinois (terme à connotation raciste
formé des mots chinois ku et li signifiant «souffrance» et
«force»)
de Canton afin d’exploiter une plantation de coton et de café à Atimaono. En 1873, la plantation fit faillite et la main-d’oeuvre chinoise ne
fut jamais rapatriée. Celle-ci est devenue le noyau de la population asiatique
de la Polynésie française d’aujourd’hui. Cependant, le statut de
protectorat connut assez rapidement un caractère formel et, peu à peu, la
France respecta de moins en moins les clauses du traité et accrut
considérablement ses compétences institutionnelles en imposant la législation
française et en restreignant progressivement le rôle des juridictions
autochtones.
3.4 Les Établissements français d’Océanie (1880-1946)
Le roi Pomaré V abdiqua le 29 juin 1880 et dut
«céder» ses
territoires à la France. Outre Tahiti, ceux-ci comprenaient Moorea, Maiaio,
Mehetia, les Tuamotu, Tubuai et Raivavae. Par la suite, le gouvernement
français accorda la citoyenneté française aux Tahitiens et transforma le
protectorat en colonie par la constitution des Établissements
français d’Océanie. Le passage du protectorat à la colonie conduisit
logiquement à la suppression des juridictions autochtones par la convention du
29 décembre 1887. Par la suite, l’entreprise d’annexion des archipels
polynésiens fut longue et ponctuée de nombreux conflits. Après l’annexion
des îles Gambier, ce fut le tour des îles Sous-le-Vent en 1888 et, en 1902,
des îles Australes. La seule annexion des Îles-sous-le-Vent provoqua une
guerre qui dura neuf ans et amena la France à confier les Établissements
français de l’Océanie à des gouverneurs aux pouvoirs très étendus.
La vie sociale de Tahiti connut ensuite l’ascension des
«demis»
ou métis. Depuis le mariage du banquier anglais Alexandre Salmon avec la
princesse Ariioehau (Ariitaimai), en janvier 1842, les mariages mixtes étaient
devenus nombreux. Au cours de la seconde moitié du XIXe siècle, les
«demis» devinrent grands propriétaires terriens et s’accaparèrent
des postes dans l’Administration. De grandes familles de fetii (parents)
apparurent et dominèrent la vie économique et mondaine de Papeete. Ce furent
surtout les colons anglo-saxons qui, en s’unissant aux principales familles
locales, s’enrichirent et imposèrent leur puissance. Au début du XXe
siècle, on dénombrait dans les Établissements français d’Océanie quelque 2701
Européens pour une population de 11 777 habitants. La communauté européenne
était alors divisée en deux classes sociales: la petite bourgeoisie, qui
tentait de se faire admettre dans le milieu des hauts fonctionnaires
anglo-saxons et de l’aristocratie tahitienne, et une minorité de colons, qui
vivait dans les quartiers éloignés ou dans les archipels et se tahitianisait
par le biais de mariages mixtes. Avant la Première Guerre mondiale, bien que la
France ait investi beaucoup dans les domaines de la santé et de l’enseignement,
les disparités socio-économiques entre, d’une part, les Européens et les
«demis» et, d’autre part, les autochtones polynésiens étaient demeurées très grandes.
L’entre-deux-guerres amena une modification des structures sociales. La
dépopulation des îles entraîna une planification nouvelle de l’habitat et
une expansion de l’urbanisation. Les îles Gambier se désertifièrent, à l’exception
de l’île Rikitea. L’agglomération de Papeete se transforma en un pôle
attractif qui accueillit des immigrants arrivant de tous les archipels
polynésiens. La population se scolarisa plus jeune et le métissage continua d’alimenter
la classe des «sangs-mêlés» ou «demis». C’est à peu près à cette époque
que le terme de colon fut remplacé par celui de demi. Ces
«demis» vivaient en majorité à Papeete, possédaient des terres dans
les districts ou dans les îles et travaillaient surtout dans l’administration.
Ils sont généralement restés très attachés au français et à la France.
Durant toute cette période des Établissements français d’Océanie, trois
langues se faisaient alors concurrence: l’anglais, langue de nombreux
colons et des pasteurs protestants, le français, langue de l’État et
des missionnaires catholiques, le tahitien, langue principale des
autochtones mais aussi langue d’évangélisation des protestants. À cet
égard, le rôle de l’Église évangélique a été déterminant dans le
développement de la langue tahitienne. Depuis les années vingt, l’Église
évangélique a adopté le tahitien comme langue officielle de la liturgie et a
toujours fait preuve d’un grand attachement à la civilisation polynésienne
en s’adaptant à sa culture et à sa langue (tahitien). Bref, l’évangélisation
par les pasteurs protestants a certainement joué un rôle décisif et a freiné
la régression du tahitien.
À la fin de la Deuxième Guerre mondiale, les mentalités se transformèrent
avec le retour des combattants polynésiens et le réveil politique des
Tahitiens. Une volonté d’autonomie vis-à-vis de l’administration coloniale,
considérée alors comme sclérosée, commença à voir le jour. Une ère nouvelle de
décolonisation se profila, avec de nouveaux statuts institutionnels pour la
Polynésie.
3.5 Un territoire d’outre-mer (TOM)
Conformément à l’article 77 de la Constitution du 27 octobre 1946, les
Établissements français d’Océanie acquirent le statut de territoire d’outre-mer
(TOM). De ce fait, tous les habitants du territoire devinrent des citoyens de la
République française et furent représentés par un député, un sénateur
ainsi qu’un conseiller au Haut-Conseil de l’Union française. Le Territoire
fut alors doté d’une Assemblée territoriale. Les Polynésiens profitèrent
des nouvelles institutions pour élire leur député à l’Assemblée nationale
française. Les dirigeants locaux proposèrent l’océanisation de l’enseignement
et des cadres, la création de coopératives de production et d’achat pour
lutter contre les intermédiaires, ainsi que l’impôt sur le revenu afin d’améliorer
le niveau de vie, essentiellement en zones rurales.
En vertu de la loi-cadre de 1957, les archipels des Établissements français
d’Océanie prirent le nom de Polynésie française. Mais la chute de la
IVe République fut aussi synonyme d’une remise en cause des liens
entre la Métropole et les territoires d’outre-mer. Après le référendum du 28
septembre 1958, au cours duquel les Polynésiens furent invités à se prononcer sur leur
appartenance à la République française, les partisans du OUI l’emportèrent
avec 16 279 voix contre 8988. Parallèlement à ces aspects politiques
importants, la France prit des mesures qu’il convient d'exposer.
En 1964, la France décidait de transférer le centre d’essais nucléaires
du Sahara aux atolls de Moruroa et Fangataufa et créait le Centre d’expérimentation
du Pacifique (CEP). Pendant plus de trente ans, la présence du Centre d’expérimentation
nucléaire du Pacifique a représenté, à elle seule, une manne financière
importante: plus de 15 % du PIB. Parallèlement, une sorte de "rideau de
bambou" tomba autour de la Polynésie française, car l’injection massive
de fonds publics et l’introduction de médias (ORTF et quotidiens) à l’optique
purement parisienne eurent pour effet d’isoler Tahiti de son environnement
océanien. En effet, on assista à l’interdiction d’enseignes en langue
anglaise pour les commerces de Papeete, aux liaisons aériennes marginales avec
les îles voisines, à des campagnes anti-anglo-saxonnes régulières et
répétitives dans les médias et au refus des investissements étrangers.
Néanmoins, en 1968, le CEP faisait travailler 25 000 personnes sur place dont
10 000 Polynésiens. Le "colonialisme nucléaire" dura dix ans et le
CEP a aujourd’hui cessé ses opérations.
3.6 Vers l’autonomie
En 1977, la Polynésie française acquit un nouveau statut accroissant les
pouvoirs de l’Assemblée territoriale qui bénéficia d’une autonomie de
gestion. Dès lors, le haut-commissaire remplaça le gouverneur comme
représentant de l’État, mais les Polynésiens autonomistes voulurent se
libérer de la présence du haut-commissaire à la tête de l’exécutif local
et de la tutelle a priori qu’il exerçait sur le territoire.
En 1980, la
délibération no 2036 de l’Assemblée territoriale de la Polynésie française a
déclaré dans son article 1er le tahitien langue
officielle, au même titre que le français: «La langue tahitienne est, conjointement avec la langue française, langue officielle du
territoire de la Polynésie française.»
Puis le tribunal administratif de Papeete a annulé l’adoption
par l’Assemblée territoriale d’un code de procédure civile prévoyant, dans
certains cas, l’utilisation exclusive des langues polynésiennes devant les
juridictions.
Ce fut ensuite la grande réforme du 6 septembre 1984, instituant l’autonomie
interne de la Polynésie française, un peu à l’image des cantons
suisses. Cette loi institutionnelle permettait au Territoire de s’administrer
librement. La tutelle administrative du représentant de l’État
disparaissait. Désormais, les délibérations et actes des autorités du
territoire furent directement exécutoires après leur transmission au
haut-commissaire. Celui-ci n’était plus l’Exécutif responsable de la Polynésie
française. Un président du gouvernement du territoire était désormais élu.
Il en découla une extension de la langue tahitienne, appelée aussi le
reo
maohi, la reconnaissance de l’identité polynésienne avec
l’adoption du tahitien comme langue co-officielle de la part du gouvernement
local, une responsabilité directe des autorités élues sur le territoire et un
élargissement des compétences propres au territoire. Rappelons que l’Académie
tahitienne fut créée en 1974 et fut chargée de préserver le patrimoine
linguistique en codifiant une grammaire, une orthographe et une syntaxe; le
gouvernement
a également créé une Académie
marquisienne. De plus, il a
soutenu la réédition d’ouvrages anciens en langues polynésiennes et sauvegardé
des archives sonores anciennes, et a
apporté son concours financier
au festival des langues
paumotu et au festival des langues mangaréviennes; il a
également
créé une classe de orero (art
oratoire) au sein du Conservatoire territorial; il soutient également le Heiva
(activités traditionnelles telles
les spectacles de danse, le lancer du javelot, le lever de pierre, les courses
de pirogues ou encore le tir à l'arc). En 1986, le gouvernement de la Polynésie
française créait un Service de la traduction et de l'interprétariat afin de
pouvoir utiliser les langues locales (Arrêté
no 1266 CM du 20 octobre 1986 portant organisation du service de la traduction
et de l’interprétariat). Enfin, le gouvernement a
par ailleurs créé un prix annuel
destiné à récompenser l’auteur d’un ouvrage en reo
maohi et à l’éditer.
Ainsi, la Polynésie française est en quelque sorte reconnue compétente
pour gérer ses propres affaires tout en demeurant au sein de la République
française.
- L'évolution des statuts
Mais le statut a évolué à deux reprises, soit en 1990 et en 1996,
puis en mars 2003, vers une
autonomie accrue. Le statut a été défini dans la Loi organique no 96-312 du
12 avril 1996 portant statut d’autonomie de la Polynésie française et de
la loi no 96-313 du 12 avril 1996 complétant le statut d’autonomie (sans
aucune disposition linguistique). Le
haut-commissaire de la République en Polynésie française représente l’État.
Celui-ci exerce des compétences de souveraineté énumérées par le texte de
loi traitant du statut de
la Polynésie française, notamment les relations extérieures, le contrôle de
l’immigration, la monnaie, le crédit, les changes, la défense, la justice,
les principes généraux du droit du travail, l’ordre public, la sécurité
civile, l’enseignement supérieur.
Par rapport aux statuts antérieurs, les «avancées»
produites par
la loi de 1996 sont cependant suffisamment importantes pour qu’on ait pu
parler à son sujet de Constitution territoriale. Maintenant, le
Territoire détermine librement les signes distinctifs (drapeau, hymne, ordre de
Tahiti-Nui, etc.) permettant de marquer sa personnalité dans les manifestations
publiques officielles, aux côtés de l’emblème national et des signes de la
République française. De plus, le Territoire possède toutes les compétences,
dans les domaines non réservés à l’État, en particulier les compétences
en matière d’environnement. Les institutions territoriales comprennent l’Assemblée,
le gouvernement et le Conseil économique, social et culturel. La Polynésie
française est désormais dénommée territoire d’outre-mer autonome,
ce qui, en termes politiques, transforme radicalement le statut de ce TOM. Le
statut de 1996 devait renforcer nettement l’insertion de la Polynésie française
dans le champ international et lui conférer, sur le plan interne, des
compétences extrêmement larges. Le Conseil constitutionnel a entériné le statut
de 1996 dans sa
Décision no 96-373 DC du 9 avril 1996
sur la Polynésie française. Puis, en 1999, un nouvel article 74 a été ajouté dans la Constitution française; on trouvera le texte sur les Collectivités
territoriales (Titre XII)
en cliquant
ICI, s.v.p.
La première phrase de l’article 74 rappelle également que, si la
Polynésie française (ou toute autre collectivité territoriale) devait se gouverner, elle le faisait «au sein de la République». Autrement dit, la Polynésie française n’exerce plus des compétences,
elle se gouverne. Dans son article 76 (aujourd'hui abrogé) relatif à la Communauté, la Constitution
précise que «les États jouissent de l'autonomie», qu'«ils s'administrent
eux-mêmes et gèrent démocratiquement et librement leurs propres affaires»:
Article 76
[abrogé]
Dans la Communauté instituée par la présente
Constitution, les États jouissent de l’autonomie; ils s’administrent
eux-mêmes et gèrent démocratiquement et librement leurs propres affaires.
|
Cet article a été abrogé par un nouveau projet de réforme de
la Constitution. Le nouveau texte semble
plus large et concerne la décentralisation de l’État
français lorsqu'elle s'applique aux collectivités territoriales de la
République que sont les communes, les départements, les régions, les
collectivités à statut particulier et les collectivités d’outre-mer régies (par
l’article 74 de la Constitution). Cette réforme de la Constitution a été
entérinée le 17 mars
2003
avec la convocation du Congrès.
L'étape suivante fut
l’adoption,
le 17 février 2004, d’une loi organique modifiant le statut de la
Polynésie française: la
Loi organique no 2004-192 portant statut d'autonomie
de la Polynésie française. Cette loi
fixe les règles d’organisation et de
fonctionnement des institutions de
la
collectivité
de la Polynésie, ainsi que
l’étendue de ses compétences. Un
titre spécifique (le Titre Ier: «De
l'autonomie») reconnaît l’autonomie de la Polynésie française au sein de la
République: «Pays d'outre-mer au
sein de la République, la Polynésie française constitue une collectivité
d'outre-mer dont l'autonomie est régie par l'article 74 de la Constitution.»
Parmi les principales dispositions induites pour la Polynésie par la réforme de
la Constitution,
on peut retenir :
- Les
actes de l’Assemblée de la Polynésie auront une compétence juridique supérieure
aux règlements ordinaires. Leur contrôle juridictionnel relèvera du Conseil d’État
et non plus du tribunal administratif.
- Dans
les domaines de l’emploi, du droit d’établissement et de la protection du
patrimoine foncier, la collectivité pourra prendre des mesures en faveur des
polynésiens pour autant que les nécessités locales l’exigent (discrimination
positive).
- La
participation de la Polynésie
française
aux compétences régaliennes de l’État.
En matière de libertés, d’ordre et de sécurité publics de procédure pénale, la
Polynésie pourra proposer à l’État
de prendre certaines mesures la concernant. Par délégation de l’État,
elle pourra exercer une compétence normative dans ces matières.
- Les
autorités polynésiennes pourront saisir le Conseil
constitutionnel
lorsqu’elles considèrent que la loi empiète sur les compétences
propres du territoire. Si le juge constitutionnel «déclasse» les parties
litigieuses du texte, l’Assemblée de la Polynésie pourra les
modifier.
- L'ambiguïté du statut
En mai 2005, l'Assemblée territoriale de
la Polynésie française a adopté un règlement afin de reconnaître dans ses débats
l'usage non seulement du français, mais aussi du tahitien et des autres langues
polynésiennes:
Article 15
Le président dirige les débats. La
parole doit lui être demandée. En séance plénière, l'orateur
s'exprime assis. Son intervention est faite en langue française ou
en langue tahitienne ou dans l'une des langues polynésiennes. |
À la suite de l'adoption de ce règlement intérieur, le
haut-commissaire en Polynésie française et représentant de l'État (Édouard
Fritch),
a fait un recours contre l'article 15 sur
l'organisation des débats. Le 29 mars 2006, le Conseil d'État a annulé cette
disposition qui mettait sur un pied d'égalité les langues française et
tahitiennes, chacun pouvant s'exprimer dans la langue de son choix. Voici
quelques extraits de la décision du Conseil d'État:
[...]
Considérant que
l'article 15 du règlement intérieur attaqué prévoit
que: «1- Le président dirige les débats. La parole
doit lui être demandée. En séance plénière,
l'orateur s'exprime assis. Son intervention est
faite en langue française ou en langue tahitienne ou
dans l'une des langues polynésiennes […]»; que ces
dernières dispositions ont pour objet et pour effet
de conférer aux membres de l'assemblée de la
Polynésie française le droit de s'exprimer, en
séance plénière de cette assemblée, dans des langues
autres que la langue française; que ces dispositions
sont contraires à l'article 57 précité de la loi
organique du 27 février 2004 qui prévoit que le
français est la langue officielle de la Polynésie
française et que son usage s'impose notamment aux
personnes morales de droit public; que le HAUT
COMMISSAIRE DE LA RÉPUBLIQUE EN POLYNÉSIE FRANÇAISE
est ainsi fondé à demander l'annulation de la
dernière phrase du point 1 de l'article 15 du
règlement intérieur attaqué;
[...]
Considérant d'une part, que le HAUT
COMMISSAIRE DE LA RÉPUBLIQUE EN
POLYNÉSIE FRANÇAISE soutient que cet
article 74 est contraire aux
dispositions de la loi susvisée du
11 mars 1988 relative à la
transparence financière de la vie
politique et de la loi susvisée du
19 janvier 1995 relative au
financement de la vie politique ;
que ces dispositions législatives
fixent les conditions dans
lesquelles les partis et les
groupements politiques peuvent
percevoir des financements ; que
toutefois ces dispositions ne sont
pas applicables aux groupes d'élus
constitués au sein de l'assemblée de
la Polynésie française lesquels ne
sont ni des partis ni des
groupements politiques au sens de
ces dispositions législatives ;
Considérant d'autre part, que si le
HAUT COMMISSAIRE DE LA RÉPUBLIQUE EN
POLYNÉSIE FRANÇAISE soutient que
l'article 74 du règlement intérieur
contesté est contraire aux
dispositions de la loi susvisée du 6
février 1992 relative à
l'administration territoriale de la
République fixant les conditions
dans lesquelles les collectivités
locales peuvent accorder des aides
aux groupes d'élus constitués en
leur sein, ces dispositions ne sont
pas applicables en Polynésie
française ;
Considérant enfin que l'assemblée de
la Polynésie française a pu
légalement prévoir dans son
règlement intérieur, sur la base des
dispositions de l'article 124 de la
loi organique du 27 février 2004,
que les groupes d'élus constitués en
son sein bénéficient d'une dotation
financière mensuelle ; qu'ainsi, le
HAUT COMMISSAIRE DE LA RÉPUBLIQUE EN
POLYNÉSIE FRANÇAISE n'est pas fondé
à demander l'annulation de l'article
74 du règlement intérieur attaqué ;
D
É C I D E :
Article 1er
: La dernière phrase du point 1 de
l'article 15 du règlement intérieur
de l'assemblée de la Polynésie
française est annulée.
Article 2 : Le surplus des
conclusions du recours du HAUT
COMMISSAIRE DE LA RÉPUBLIQUE EN
POLYNÉSIE FRANÇAISE et la requête de
M. X sont rejetés.
Article 3 : La présente décision
sera notifiée au HAUT-COMMISSAIRE DE
LA RÉPUBLIQUE EN POLYNÉSIE FRANÇAISE,
à M. X... , au président de
l'assemblée de la Polynésie
française et au ministre de
l'outre-mer.
|
La
décision du Conseil d'État, basée notamment sur l'article 2 de la Constitution française
et l'article 57 de la loi organique du 27 février
2004, qui font du français
la seule langue officielle sur le territoire de la République, n'a pourtant rien
changé à Papeete, car les élus polynésiens considèrent que les deux langues font
partie de facto de
leurs langues de travail habituelles. Cela étant dit, il est vrai que
la législation française
impose l'usage du français «notamment aux personnes morales de droit public», ce
qui est le cas des élus en Polynésie française. Que la République exige que les
documents officiels soumis au vote soient rédigés en français, est une chose,
mais interdire que les échanges et les débats se déroulent dans la langue que
les participants utilisent couramment, c'en est une autre. Il faudrait alors
invalider un grand nombre d'actes de
l'Assemblée territoriale de la Polynésie française parce que la langue utilisée
lors des débats a été la langue locale, et ce, depuis 1945.
C'est
pourquoi, en juillet 2006, des représentants de la Polynésie française ont
signé une lettre ouverte en faveur du plurilinguisme en Polynésie française.
Ils ont protesté du fait que l'État français puisse interdire l'emploi du
tahitien, une langue qu'ils emploient tous les jours. Bref, le statut du
tahitien en Polynésie française a toujours été ambigu. Tant que les élus
l'emploient oralement, même dans leurs fonctions officielles, il n'y a pas trop
de problème dans la mesure où ce n'est pas proclamé officiellement.
Toutefois,
l'Assemblée nationale française a même adopté, dans la nuit
du 22 novembre au 23 novembre 2007, un amendement à la loi portant sur
l'organisation électorale de la Polynésie. Et cet amendement interdit l'usage du
tahitien.
4 La politique linguistique
La politique linguistique de la Polynésie française est définie en partie
par la Constitution française et certaines lois particulières de la
République française. L’article 2 de la Constitution énonce ce qui suit:
«La langue de la République est le français» (Loi constitutionnelle
n° 92-554 du 25 juin 1992). Cependant, dans la
délibération no 2036 de l’Assemblée territoriale, le gouvernement local avait déjà promu le
tahitien comme langue officielle, conjointement avec la langue française: «La langue tahitienne est, conjointement avec la langue française, langue officielle du
territoire de la Polynésie française.» Cette
proclamation n’a jamais été entérinée par le gouvernement français. D’ailleurs,
l’article 115 de la Loi organique no 96-312 du 12 avril 1996 portant statut
d’autonomie de la Polynésie française (aujourd'hui abrogée) ne reconnaissait pas davantage le
caractère co-officiel du tahitien:
Article 115
1) Le français est la langue officielle, la langue tahitienne et les autres
langues polynésiennes peuvent être utilisées.
[...]
|
De plus, dans sa Décision no 96-373 DC du
9 avril 1996, le Conseil d'État a jugé que le rappel simultané du français comme
langue officielle «doit s'entendre comme imposant en Polynésie française l'usage
du français aux personnes morales de droit public et aux personnes de droit
privé dans l'exercice d'une mission de service public, ainsi qu'aux usagers dans
leurs relations avec les administrations et services publics; que toute autre
interprétation serait contraire à l'article 2 de la Constitution».
À l'article 57 de la
Loi organique no 2004-192 du 27 février 2004 portant statut
d’autonomie de la Polynésie française, le français demeure la langue
officielle, alors que les autres langues polynésiennes font partie de l'identité
culturelle. C'est pourquoi la langue tahitienne «est reconnue et doit être
préservée, de même que les autres langues polynésiennes, aux côtés de la langue
de la République, afin de garantir la diversité culturelle qui fait la richesse
de la Polynésie française.» La France a fait là de beaux efforts, mais elle ne
pouvait pas reconnaître deux langues co-officielles!
Pourtant, la langue tahitienne et d'autres
langues polynésiennes ont un certain statut. En matière de langue, on trouve à
l'article 57 ces dispositions sur l'identité culturelle:
Section
7: L'identité culturelle
Article
57
1) Le français est
la langue officielle de la Polynésie française. Son usage s'impose aux
personnes morales de droit public et aux personnes de droit privé dans
l'exercice d'une mission de service public ainsi qu'aux usagers dans leurs
relations avec les administrations et services publics.
2) La langue tahitienne est un élément fondamental de l'identité
culturelle : ciment de cohésion sociale, moyen de communication quotidien,
elle est reconnue et doit être préservée, de même que les autres langues
polynésiennes, aux côtés de la langue de la République, afin de garantir
la diversité culturelle qui fait la richesse de la Polynésie française.
3) Le français, le tahitien, le marquisien, le paumotu et le
mangarevien sont les langues de la Polynésie française. Les personnes
physiques et morales de droit privé en usent librement dans leurs actes et
conventions ; ceux-ci n'encourent aucune nullité au motif qu'ils ne sont
pas rédigés dans la langue officielle.
4) La langue tahitienne est une matière enseignée dans le cadre de
l'horaire normal des écoles maternelles et primaires, dans les
établissements du second degré et dans les établissements d'enseignement
supérieur.
5) Sur décision de l'assemblée de la Polynésie française, la langue
tahitienne peut être remplacée dans certaines écoles ou établissements par
l'une des autres langues polynésiennes.
6) L'étude et la pédagogie de la langue et de la culture
tahitiennes sont enseignées dans les établissements de formation des
personnels enseignants. |
Il faut noter que «le
français est la langue officielle de la Polynésie
française», mais que tout citoyen peut utiliser librement l'une ou l'autre des
langues polynésiennes»: tahitien, marquisien, paumotu (tuamotu )
et mangarévien. La langue tahitienne, même si elle n'est pas reconnue comme
langue officielle, sera enseignée dans le cadre de l’horaire normal des
écoles maternelles et primaires, dans les établissements du second degré et
dans les établissements d’enseignement supérieur. On notera également la
redéfinition des langues polynésiennes par rapport à l'article 115 de la
de la Loi organique no 96-312 du 12 avril 1996 portant statut
d’autonomie de la Polynésie française. Dans la loi de 2004, ces langues
sont nommées, mais leur identification n'est pas exhaustive; par exemple,
les langues de l'archipel des Australes ne sont pas représentées.
4.1 Les domaines de la législation et de la justice
En vertu de l’article 2 de la Constitution, le français demeure donc l’unique
langue officielle de ce qui est encore un territoire français d’outre-mer.
Malgré la présence des langues autochtones en Polynésie française, seul le
français bénéficie d’une reconnaissance juridique dans les domaines de la
législation et de la justice. Ainsi, les ordonnances du gouvernement territorial
et les procès-verbaux des cours de justice ne sont rédigés qu’en français. Mais
l'affiche extérieure officielle identifiant l'Assemblée de la Polynésie
française est bilingue: ASSEMBLÉE DE LA POLYNÉSIE FRANÇAISE /
APO'ORA'A RAHI NO TE FENUA.
La Polynésie française est représentée au
PARLEMENT national de Paris par
deux députés et un sénateur, et par un conseiller au Conseil économique et
social. L’élite dirigeante, tant européenne que polynésienne, n’utilise
en principe que le français non seulement au plan national, mais ce n'est pas
une règle stricte. De fait, les débats
au sein de l’Assemblée de la Polynésie se font indifféremment en
français
et en tahitien,
comme l'attestent
d’ailleurs les compte
rendus effectués par l’institution.
Par ailleurs, il n’est pas rare, même si ce n’est pas la règle, que le
président
du gouvernement local
ou ses ministres s’expriment en
tahitien lors de discours ou de
déclarations publiques.
En matière de JUSTICE, aucun texte récent d’ordre général ne prescrit l’obligation
d’employer la langue française. C’est pourquoi
l’ordonnance de
Villers-Cotterêt de 1539 (François Ier) est par tradition
considérée comme le texte faisant de la langue française la langue
judiciaire, en France comme dans tous les DOM-TOM. C’est donc sur ce fondement
que les juges ont fait de la langue française une règle obligatoire dans le
déroulement de la procédure tant administrative que judiciaire. Évidemment,
en Polynésie française, la procédure se déroule toujours en français, même
quand le juge est un autochtone. Néanmoins, le juge peut rendre son jugement en
tahitien, mais avec une traduction française. Lorsque les circonstance
l'exigent, il est autorisé d'entendre accusés et témoins en reo maohi à
la condition de faire appel à des interprètes.
4.2 La langue de l’Administration
Dans l’administration publique, les communications se déroulent
généralement en français puisque c’est la langue officielle, mais le
tahitien peut être utilisé lors des communications orales ou écrites à l’intention
des autochtones. De fait, les employés des services publics en contact avec les
citoyens sont généralement bilingues, mais il faut pour cela que le fonctionnaire en poste soit un
autochtone ou un «demi». Le rôle social du tahitien demeure encore
relativement limité aux communications entre autochtones, aux cérémonies
religieuses, à l’information officielle et aux avis donnés au public par l’Administration,
notamment par la voie d’affichage sur la place publique. Au cours des
années récentes cependant, la langue tahitienne a commencé à s’imposer
davantage.
Il faut préciser que le personnel
administratif ne compte que fort peu de Français (ou Métropolitains), à part
quelques chefs de service. C'est que, depuis vingt ou trente ans, les
Polynésiens ont appliqué une politique ségrégationniste. Des concours ont lieu
pour combler les postes et des épreuves facultatives de tahitien sont destinées
à favoriser les locaux.
4.3 L’éducation
En application de l’article 6 de la loi d’autonomie no 96-312 du 12 avril
1996, l’enseignement primaire et secondaire relève de la compétence du
Territoire; les classes post-baccalauréat et l’enseignement supérieur, de
celle de l’État français. La Polynésie française compte 252
établissements du premier degré (écoles maternelles et primaires et
enseignement spécialisé), et 62 établissements secondaires (second degré).
Pour l’année scolaire 1998-1999, l’enseignement du premier degré comptait
46 800 élèves, celui du second degré touchait 31 200 élèves.
- La législation
En principe, selon l’article 11 de la
loi no 94-665 du 4 août 1994
relative à l’emploi de la langue française, la langue d’enseignement de la
Polynésie française doit être le français:
Article 11
La langue de l’enseignement, des examens et concours, ainsi que des
thèses et des mémoires dans les établissements publics et privés d’enseignement
est le français, sauf exceptions justifiées par les nécessités de l’enseignement
des langues et cultures régionales ou étrangères ou lorsque les
enseignants sont des professeurs associés ou invités étrangers.
|
Cependant, les langues régionales peuvent être enseignées sous réserve de
la clause «sauf exceptions justifiées par les nécessités de l’enseignement
des langues et cultures régionales». D’ailleurs, l’article 21 de la
même loi énonce également ce qui suit: «Les dispositions de la présente loi
s’appliquent sans préjudice de la législation et de la réglementation relative
aux langues régionales et ne s’opposent pas à leur usage.»
Selon l’article 90 de la loi 6 septembre 1984 instituant l’autonomie
interne de la Polynésie française, l’enseignement du tahitien est
obligatoire comme matière d'enseignement dans toutes les écoles maternelles et primaires du premier cycle,
facultatif et à option au secondaire:
Article 90
La langue tahitienne est une matière enseignée dans le cadre de l’horaire
normal des écoles maternelle et primaire. Cet enseignement est organisé
comme matière facultative et à option dans le second degré. |
L’article 115 de la
Loi organique no 96-312 du 12 avril 1996 portant
statut d’autonomie de la Polynésie française (aujourd'hui abrogée) reprenait les mêmes
dispositions que la loi de
1984:
Article 115
(abrogé)
2) La langue tahitienne est une matière enseignée dans le cadre de l'horaire normal des écoles maternelles et primaires et dans les établissements du second degré.
3) Sur décision de l'assemblée de la Polynésie française, la langue tahitienne peut être remplacée dans certaines écoles maternelles et primaires et dans les établissements du second degré par l'une des autres langues polynésiennes.
4) L'étude et la pédagogie de la langue et de la culture tahitiennes sont à cet effet enseignées à l'école normale mixte de la Polynésie française.
|
Actuellement, cet article 115 est remplacé par l'article 57
de la Loi organique no 2004-192 du 27 février
2004 portant statut
d’autonomie de la Polynésie française :
Article
57
4) La langue
tahitienne est une matière enseignée dans le cadre de l'horaire normal des
écoles maternelles et primaires, dans les établissements du second degré
et dans les établissements d'enseignement supérieur.
5) Sur décision de l'assemblée de la Polynésie française, la langue
tahitienne peut être remplacée dans certaines écoles ou établissements par
l'une des autres langues polynésiennes.
6) L'étude et la pédagogie de la langue et de la culture
tahitiennes sont enseignées dans les établissements de formation des
personnels enseignants. |
Il faut ajouter également une loi adoptée par
l’Assemblée nationale française: la
Loi
d'orientation pour l'outre-mer (ou loi 2000-1207 du 13 décembre
2000) entrée en vigueur le 14 décembre 2000. Ce sont les articles 33 et 34 de
cette loi qui concernent tous les DOM-TOM. À l’article 33, on apprend que «l’État
et les collectivités locales encouragent le respect, la protection et le
maintien des connaissances, innovations et pratiques des communautés
autochtones et locales fondées sur leurs modes de vie traditionnels et qui
contribuent à la conservation du milieu naturel et l'usage durable de la
diversité biologique» et qu’à l’article 34 que «les langues régionales
en usage dans les départements d'outre-mer font partie du patrimoine
linguistique de la Nation» et qu’elles «bénéficient du renforcement des
politiques en faveur des langues régionales afin d'en faciliter l'usage». D’après
la Loi d’orientation d’outre-mer, la loi n° 51-46 du 11 janvier 1951
relative à l'enseignement des langues et dialectes locaux leur est
applicable.
- L'enseignement
Le tahitien a été introduit dans les écoles primaires en
1982; le nouveau statut de 1996 a étendu son enseignement aux écoles
secondaires. On constate que, au primaire et au secondaire, l’enseignement du tahitien,
en plus d'être limité à un enseignement hebdomadaire de deux heures et demie,
reste une matière facultative, et ne constitue pas une langue d’enseignement.
Il en est ainsi du marquisien, mais la langue des Tuamotu fait partie des
«activités d'éveil» dans certaines classes du primaire. Dans
les écoles primaires des îles Gambier, un cours de reo maohi est dispensé
durant deux heures et demie par semaine, soit en tahitien soit en mangarévien,
selon les compétences et la disponibilité de l'enseignant. Comme en France, le français reste la seule langue de l’instruction. Pour le
moment, l’enseignement de la langue locale demeure marginal et il ne doit pas
nuire à l’enseignement du français. Les textes démontrent que les écoles
ont le droit de dispenser cinq heures d’enseignement (maximum) par semaine
pendant lesquelles les langues vernaculaires, notamment le tahitien, peuvent
être employées: une heure d’expression orale, deux heures d’éducation
physique, une heure d’éducation artistique et une heure de géographie, d’histoire
ou de sciences.
Il resterait éventuellement à mettre en application les clauses adoptées par la France
au sujet de la Charte
européenne des langues régionales ou minoritaires de 1992; rappelons
que, si cette Charte a été signée, elle n'a pas été ratifiée et ne peut donc
être mise en application. Le Rapport Cerquiglini d’avril 1999 précise quelles sont les langues territoriales
pouvant être admises dans l’enseignement: le tahitien, le marquisien, la
langue des Tuamotu, la langue mangarévienne, la langue de Ruturu (îles
Australes), la langue de Ra’ivavae (îles Australes), la langue de Rapa (îles
Australes), le wallisien et le futunien. Compte tenu des pratiques en cours, les
risques sont grands pour que seul le tahitien réussisse à concurrencer quelque
peu le français.
En 2003, après le bilan de l'application
de la Charte de l'éducation, la délibération de l'Assemblée de la Polynésie
française no 2003-89 APF du 24 juin 2003 approuvant les perspectives d'actions
dans le domaine de l'éducation fixe de nouveaux objectifs, qui réorientent le
cadre de la politique linguistique :
Aujourd'hui et compte tenu des
éléments dont il dispose, le gouvernement pense que la position à adopter
devrait être la suivante : une approche de l'enseignement du français en
terme de langue seconde et un enseignement renforcé du/et en tahitien.
(Délibération JOPF du10 Juillet 2003 p.1723) |
Notons particulièrement la création d'un
groupe «maîtrise des langues» au niveau de l'enseignement secondaire :
1.2.2. S'agissant de
l'enseignement secondaire, un groupe langues vient d'être créé afin
d'introduire sur l'ensemble de la Polynésie un enseignement du français en
tant que langue seconde : il s'agit de continuer au collège et au lycée à
apprendre à communiquer en français et pas simplement d'apprendre à
décrire la langue française, supposée connue, en termes grammaticaux. Pour
cela, il faudra corriger de manière appropriée les effets de l'interaction
entre les langues en présence. Cela implique l'organisation et l'animation
de groupes composés de professeurs ne parlant pas forcément le reo ma'ohi
et de professeurs de tahitien-français pour qu'un juste diagnostic initial
conduise à des pratiques pédagogiques appropriées de remédiation. Les
résultats des travaux du groupe langues qui ont été validés sont mis à la
disposition de tous sur le site www.des.pf
depuis la fin mai 2003. L'espoir est que des équipes de plus en plus
étoffées et réparties dans tous les établissements proposeront des
solutions pédagogiques efficaces, répondant très concrètement aux besoins
des élèves, par effet d'entraînement sur des bases clarifiées pour tous. |
En 2004, l'alternance gouvernementale
entraîne le rattachement de la question des langues au ministère de l'éducation
. Une " expérimentation pour l'enseignement des langues polynésiennes à l'école
primaire publique de la Polynésie française " est mise en place et doit se
dérouler sur la période 2005-2008.
Le document de présentation du dispositif expérimental, présenté sur le site
du ministère, rappelle les objectifs généraux et fixe les modalités de mise en
œuvre (extraits) :
Pourquoi enseigner les langues
polynésiennes à l'école ?
Pour contribuer au développement personnel de l'enfant et à sa réussite
scolaire
- Contribution de la langue maternelle pour la formation intellectuelle.
- Développement d'une compétence bilingue et biculturelle […] bilinguisme
additif.
- Double valorisation de la langue maternelle ou d'origine et de la langue
française : Lorsque deux langues sont en contact, dont l'une est plus
prestigieuse que l'autre (on parle alors de «diglossie»), l'apprenant bilingue
qui a pour première langue celle qui est la moins prestigieuse est confronté à
une double contradiction[…] la valorisation conjointe des deux langues doit
permettre à l'élève de sortir de cette double contradiction.
- Facilitation de la différenciation entre les deux langues […] un enseignant
différent pour chaque langue. […] Cette prise de conscience précoce permet de
réduire le mélange de code. L'enfant apprend à choisir le code qui convient
selon la situation de communication.
Pour valoriser le patrimoine linguistique polynésien et participer à sa
transmission
Pour s'ouvrir à l'Autre
[…] Dans une société multilingue et multiculturelle, la construction d'une
citoyenneté commune passe par le développement de la tolérance linguistique.
La mise en œuvre du projet «implique une
réforme du système éducatif», qui passe entre autres par l'élaboration d'un
support scientifique, la formation, des actions de sensibilisation des agents
(maîtres, cadres, formateurs, etc.) et des populations.
De façon préliminaire, l'expérimentation a
pour objectifs de :
- Consolider l'enseignement des
langues polynésiennes à l'école primaire ;
- Expérimenter un programme de formation d'enseignants qualifiés de/en langue
polynésienne ;
- Créer des supports pédagogiques pour l'enseignement des/en langues
polynésiennes ;
- Évaluer l'impact de cet enseignement sur les élèves du dispositif expérimental
;
- Évaluer le programme de formation ;
- Sensibiliser et informer les partenaires de l'école sur le développement
bilingue.
L'enseignant de/en langue polynésienne
intervient 5 heures hebdomadaires (1 h/ jour) par niveau scolaire, en petite,
moyenne et grande sections de maternelle ; son rôle est celui d'un «partenaire
de l'équipe pédagogique : à la fois personne-ressource sur la langue et la
culture et éventuel médiateur vis-à-vis des familles». L'enseignement
expérimental des langues polynésiennes, assuré par 17 enseignants recrutés et
formés à cette occasion, a démarré en janvier 2006 sur 17 sites. Le dispositif
prévoit l'intégration des langues suivantes : tahitien, marquisien, paumotu (tapuhoe),
langues des Australes (langues de Raivavae et de Tupuai).
Il faut noter aussi la mise en place d'un autre volet expérimental,
trilingue celui-là, avec l'introduction de classes d'apprentissage précoce de
l'anglais par les TICE. Les filières dites «Pacifique» explicitent la relation
particulière que la Polynésie française entretient avec la langue anglaise, du
fait - outre une part de son histoire - de sa situation au cœur du Pacifique
insulaire.
Si les premiers résultats d'évaluation n'ont pas fait l'objet d'un communiqué
officiel, il ressort de l'opinion publique une appréciation positive globale de
ce projet. Un nouveau changement de gouvernement intervenu en décembre 2006
pourrait le mettre en question, toutefois, d'après un article paru dans La
Dépêche de Tahiti le 22 février 2007, le nouveau ministre envisagerait de mener
l'expérimentation à son terme.
À l’Université de la Polynésie française, les
cours ne se donnent qu’en français. L’établissement propose des programmes
de formation scolaire dans les domaines suivants: droit, lettres,
langues-sciences humaines et sciences. L'Université prépare à la licence et au
CAPES de reo maohi. Il existe des cours,
notamment «de civilisation»,
qui se donnent en anglais et en reo ma’ohi.
- Les résultats
Par ailleurs, on ne saurait passer sous silence la question des
manuels
scolaires et les problèmes d’intégration socio-culturelle. La Polynésie
française, comme tous les DOM-TOM, vit une situation de dépendance quasi
exclusive de la France, non seulement pour ce qui concerne son système
éducatif, mais aussi pour son approvisionnement en manuels et autres documents
pédagogiques. Tous les enfants d’origine non européenne — la très grande
majorité — évoluent dans un milieu naturel et humain tout à fait différent
de celui qui est représenté dans les manuels de classe européens, et la
plupart d’entre eux peuvent se considérer comme des étrangers dans leur
propre pays. Cette situation a favorisé un fort taux d’analphabétisme et d’illettrisme,
une situation qui peut être considérée comme une honte pour un territoire français.
On peut parler d'un relatif demi-échec (ou
demi-succès) en matière d'enseignement des langues polynésiennes. Ce constat
n'est pas si surprenant. D'une part, il est le résultat d'une pratique coloniale
qui a consisté à interdire l'enseignement des langues autochtones durant un
siècle et demi. D'autre part, beaucoup de dirigeants polynésiens ne sont pas
convaincus eux-mêmes de l'importance de l'enseignement des langues autochtones à
l'école, ne serait-ce que pour l'alphabétisation ou la définition de l'identité
culturelle des enfants. De plus, tout le système est ainsi fait qu'il laisse
croire que l'enseignement du "tout en français" constitue l'unique garantie de
la réussite scolaire et de l'accès aux emplois.
C'est ainsi que les difficultés
pédagogiques qu'entraîne l'enseignement quasi exclusif de la langue française et
l'importation du moule pédagogique métropolitain, dues au fait que nombre
d'enfants ne sont en réalité que partiellement francophones, n'ont été prises en
compte que très récemment.
4.4 Les médias
La presse écrite en Polynésie française compte deux quotidiens, Les
Nouvelles de Tahiti et La Dépêche de Tahiti, ainsi que des
hebdomadaires (Tahiti Beach Press et Week) et quelques mensuels
locaux (dont le Tahiti Pacifique Magazine), complétés par la diffusion
des journaux édités en Métropole. Tous les journaux sont publiés en
français, sauf la Tahiti Beach Press destinée aux touristes anglophones
de passage sur le territoire. Toutefois, des sections de certains journaux sont
rédigées en langue tahitienne. En réalité, le gouvernement local reste le seul
à
publier
un mensuel intégralement en reo maohi
(Te Reo Fenua) et à avoir des publications bilingues.
Il y a une vingtaine d'années et plus, Les Nouvelles et
Le Journal de Tahiti offraient
quelques pages en tahitien, mais elles furent abandonnées, faute de lecteurs. Les deux
publications actuelles en langue tahitienne, le Vea Porotetani (Église
évangélique, moitié français moitié tahitien) et la toute récente version
tahitienne du Te Fenua (créée grâce à John Mairai), n'existent qu'avec les
soutiens financiers de l'Église ou du gouvernement.
Le service public de radiodiffusion est assuré par RFO (Société nationale
de radiodiffusion et de télévision pour l’outre-mer) qui émet sur deux
canaux. Le premier diffuse une sélection de programmes repris des chaînes
nationales, ainsi que des émissions dites «de proximité». Le second
diffuse, avec le différé inévitable, des programmes de France 2. Deux
chaînes privées émettent sur le territoire depuis 1995: une chaîne cryptée «Canal Outre-mer» (Canal +),
aujourd’hui intégrée à TNS, et une chaîne câblée
«Téléfénua» (maintenant disparue). Le tahitien est utilisé environ 18 heures par mois pour les
informations et les divertissements de proximité auxquelles il faut ajouter une
émission bilingue quotidienne de 52 minutes (soit 26 heures par mois), ainsi que
de nombreuses émissions totalement ou partiellement en tahitien, telles que des
retransmissions sportives ou musicales.
Depuis juin 2000, la Polynésie française
possède sa propre chaîne de télévision, purement polynésienne, créée dans le
cadre de l'article 6 du statut d'autonomie, TNTV (Tahiti Nui Télévision).
Il s'agit d'une chaîne généraliste locale bilingue, reçue dans l'ensemble du
territoire, qui présente des journaux et des magazines en tahitien. Par
ailleurs, trois journalistes de la chaîne sont actuellement en formation au sein
de l'Université Laval (Québec), au Département d'information et de
communication. Dans le domaine de la radio, le tahitien et d’autres
langues polynésiennes sont régulièrement employés et totalisent environ une
soixantaine d’heures par semaine. À l'heure actuelle, quelque 18 radios privées
émettent en Polynésie française; la plupart opèrent en français et en tahitien.
Les productions locales sont caractérisées par le bilinguisme, un élément
identitaire fondamental, et elles se sont appliquées à s’ouvrir aux langues
marquisienne et paumotu, notamment par la mise en place d’une émission
quotidienne dans chacune de ces langues. Toute la journée la radio se fait en
bilingue français/tahitien. Un magazine d’information hebdomadaire de trente
minutes est réalisé tant en français qu’en tahitien.
Rappelons que, en tant que territoire français, la Polynésie française
fait partie de la France. Or, étant donné que le français est la langue
officielle (art. 2 de la Constitution de la République), toutes les
communications formelles doivent se faire exclusivement dans cette langue. Il
est d’autant plus aisé d’utiliser le français sur le territoire que c’est
la principale langue écrite et orale permettant de communiquer avec toutes les
ethnies.
Par ailleurs, de tout temps, les langues autochtones de la Polynésie
française ont souffert de l’indifférence des responsables français qui ont
toujours pratiqué, au mieux, une politique linguistique de non-intervention, au
pire, une véritable politique d’assimilation; seule l’Église évangélique
a pris des dispositions pour freiner la régression du tahitien. Jusqu’à présent,
l’Administration locale n’avait d’autre choix que d’adopter
intégralement la politique nationale française. Mais au moment où la France
vient de signer — mais sans encore ratifier — la Charte
européenne des langues régionales ou minoritaires,
la politique linguistique pratiquée en Polynésie française doit être
révisée, notamment sur le plan de l’éducation et des médias, mais aussi en
matière d’administration et de justice. Jusqu’ici, les revendications
autochtones ne se sont pas souvent transposées sur le plan de la langue, mais
il pourrait bien en être autrement un jour et ce serait dans l’ordre des
choses. La France a accepté 35 engagements énoncés dans la partie III de la
Charte, justement dans les secteurs de l’administration, de la justice, de l’éducation
et des médias. Mais c’est à l’Administration locale de prendre maintenant
ses responsabilités.
Dans le cas de la Polynésie française, le gouvernement local
a déjà commencé à mettre
en oeuvre les moyens dont il dispose pour promouvoir la culture polynésienne
autrement que par des pratiques folkloriques et des colliers de coquillages. Il
fallait que l’utilisation des langues polynésiennes, notamment du tahitien, se
manifeste dans les activités autres que strictement culturelles, en particulier
dans l’éducation, les médias et certaines activités économiques. C’est avant
tout une question de reconnaissance d’une identité pour les Polynésiens,
sinon le situation actuelle pourrait hypothéquer leur développement socioculturel et économique.
Quant à l'avenir du tahitien, beaucoup de
gens veulent encore le protéger, mais la tendance qui s'accentue avec les années
laisse plutôt croire à son éventuelle disparition. Pour beaucoup de Polynésiens, la question
n'est plus de savoir si le tahitien se maintiendra, mais de savoir quelle sorte
de français sera parlé en Polynésie française, le français standard ou le
français polynésien? Présentement, il s'agirait vraisemblablement d'un
rapprochement progressif entre les deux variétés, comme essaient de la faire les
journalistes, les ministres, les instituteurs (quand ils sont inspectés) et
l'Administration en général par le moyen des médias. Puis, lorsque le tahitien
sera presque liquidé et qu'il ne représentera plus un menace pour l'État
français, il sera alors temps pour l'État de manifester sa grande générosité par
des mesures juridiques pour protéger la culture polynésienne.
Dernière
mise à jour:
19 déc. 2023
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France
(État)
DOM-TOM
(France)