Polynésie française
En Polynésie française, les demis désignent les habitants métissés ou de «sang-mêlé»; en tahitien, on les appelle afa. Les bases du métissage reposent sur trois souches ethniques: polynésienne, chinoise et européenne. Généralement, les «demis» blancs et les «demis» chinois à dominante polynésienne sont considérés comme des Polynésiens, ce qui n’est pas le cas des «demis» à dominante blanche (les Euronésiens) ou asiatique, considérés comme des demis chinois (env. 1200) et des demis blancs (env. 2300).
Parmi les ancêtres des «demis» blancs, se trouvaient les premiers émigrants dont des soldats ou marins coloniaux, des gendarmes, voire des missionnaires. Or, ces «demis blancs» se sont servis de leur double origine pour effectuer une ascension sociale importante: ils sont devenus propriétaires fonciers, instituteurs, agents ou fonctionnaires de l’Administration ou ont fait carrière dans le commerce, l’industrie locale, les professions libérales, l’armement, l’import-export, etc. Riches de leur double culture, les «demis» parlent français, tahitien et, dans bien des cas, anglais. Aucun Européen ne parle le tahitien, sauf quelques prêtres, évêques et autres prédicateurs. Un Blanc qui parle tahitien est un demi qui a au moins un ancêtre tahitien (à 99 % une femme).
Les «demis» chinois sont généralement dans le négoce et parlent très bien le tahitien en plus du hakka (ou du cantonais s'il sont originaires de Hong-Kong), du français et de l’anglais.
La classe des «demis» entretient un complexe identitaire très fort en Polynésie française. Forte en parole, elle se croit supérieure au populo tahitien et essaie de se donner une image de «vrai maohi» lorsqu'il s'agit de se distinguer des Européens ou d'un problème politique. Autrement dit, le «demi» rappelle sans cesse aux Tahitiens qu'il fait partie de leur peuple (bien que celui-ci le considère comme un Blanc) et aux Européens qu'il est différent (alors que ces derniers le prennent pour un des leurs). Dans la vie politique et professionnelle, les «demis» n'ont rien à craindre des pauvres Maohis et des Européens non français qui ne peuvent pas travailler en Polynésie française; par contre, ils sont en compétition directe avec des faranis (étrangers français) issus de plusieurs mouvements migratoires (militaires, enseignants, voyageurs, et leurs enfants) souvent plus instruits qu'eux.
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