United Kingdom of Great Britain and Northern
Ireland
|
Royaume-Uni
Grande-Bretagne
L'État
central
L'Angleterre |
Capitale: Londres
Population: 59,4 millions (2000)
Langue officielle: anglais
Groupe majoritaire: anglais (94 %)
Groupes minoritaires: gallois, gaélique écossais,
écossais ou scots, gaélique irlandais, anglo-normand, gaélique mannois; nombreuses langues immigrantes
Système politique: Royaume uni de Grande-Bretagne et d'Irlande du Nord (d'où
Royaume-Uni)
Articles constitutionnels (langue): sans objet (aucune constitution au
Royaume-Uni)
Lois linguistiques:
Loi sur la langue galloise
(1967, ABROGÉE);
Loi
sur la langue
galloise (1993);
Loi sur l'identité et la
langue en Irlande du Nord
(2022).
Lois scolaires:
Loi
sur l'éducation (1996,
ABROGÉE);
Loi sur l'éducation (2002);
Loi sur le programme et l'évaluation scolaire
(2021);
Loi sur l’éducation intégrée - Irlande du Nord (2022);
Lois à porté linguistique:
Loi sur l'administration de la
justice (Irlande), 1737;
Loi sur les tribunaux gallois (1942,
ABROGÉE);
Loi sur la nationalité britannique
(1981);
Loi sur le rapatriement des détenus (1984);
Loi sur la marine marchande (1995);
Loi sur l'administration
locale de l'Écosse (1997);
Loi sur le
gouvernement du pays de Galles (1998);
Accord de Belfast (1998);
Loi sur l'Irlande du Nord (1998);
Loi sur la Cour pénale internationale pour l'Écosse (2001);
Loi sur la nationalité, l'immigration et
le droit d'asile (2002);
Règlements no 2785 sur la nationalité britannique
(2005);
Loi sur l'administration électorale (2006);
Loi sur le
gouvernement du pays de Galles (2006);
Règlement sur les juges de paix (2010). |
1 Situation
géopolitique
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Les termes Royaume-Uni (angl.: United Kingdom),
Grande-Bretagne (angl.: Great-Britain)
et Angleterre
(angl.: England) recouvrent des entités géopolitiques distinctes et ne sont donc pas synonymes.
En effet,
le terme de Royaume-Uni désigne l'ensemble des
territoires du pays (voir la carte 1), alors
que la Grande-Bretagne
comprend les trois «provinces historiques» de lîle de Grande-Bretagne que
sont l'Angleterre, le pays de Galles
(Wales) et l'Écosse
(Scotland). Ainsi, il ne
convient pas d'appeler le pays «Grande-Bretagne» (une île) et encore
moins «Angleterre» (une province historique), mais bien «Royaume-Uni».
On ne doit pas réduire le pays à la seule Angleterre, bien que le
pouvoir politique ait été concentré dans cette seule «province» durant
plusieurs siècles.
LAngleterre et le pays de Galles
ont été réunis en 1542 en un seul royaume; lAngleterre et lÉcosse,
en 1707. À partir de
1801, date de l'union de la Grande-Bretagne et de l'Irlande, le royaume a été
officiellement appelé Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d'Irlande (United Kingdom of
Great Britain and Ireland) ou plus simplement
Royaume-Uni.
Après la partition de
l’Irlande de 1921, le pays s'est officiellement appelé
Royaume-Uni de Grande-Bretagne
et d'Irlande du Nord (United
Kingdom of Great Britain and Northern Ireland). Il est formé de lAngleterre
(angl.
England : 130 412 km²), du
pays de Galles (angl. Wales: 20 779 km²), de lÉcosse (angl. Scotland
: 78 133 km²)
et de lIrlande du Nord
(angl. Northern Ireland : 13 576 km²), pour une superficie totale de 244 820 km².
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Dans les faits, on confond aisément Angleterre,
Grande-Bretagne et Royaume-Uni. Dans les forums internationaux, on lit
souvent sur les petites pancartes indifféremment England,
Great Britain et United Kingdom.
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Le drapeau du Royaume-Uni, l'Union Jack
(au haut de la page), adopté le 1er
janvier 1801, symbolise l’union de trois royaumes :
l'Angleterre, l'Irlande et l'Écosse. On y trouve la croix de
Saint-Georges pour l'Angleterre, la croix de Saint-Patrick pour
l'Irlande et la croix de Saint-André pour l'Écosse, ce qui
signifie que le pays de Galles est inclus dans l'Angleterre. Les
Gallois, la seule des quatre nations constitutives du
Royaume-Uni, ne sont pas représentés parce que le drapeau a été
conçu lorsque le pays du Galles ne faisait pas partie du
Royaume-Uni. L'Angleterre n’a officiellement pas de drapeau
propre et elle utilise celui du Royaume-Uni, l’Union Jack. |
1.1 La dévolution
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Aujourd'hui, depuis la «dévolution»
(ou décentralisation) accordée au
pays de Galles, à l'Écosse et à l'Irlande du Nord, le gouvernement
britannique utilise l'expression devolved
administrations pour désigner les trois «entités» en
question, ce qui se traduirait en français par «administrations
déléguées» ou «administration décentralisée». En réalité, le seul terme utilisé décrivant le territoire
est celui de area, ce qui
équivaut en français à «région». On a également recours aux expressions
local authorities («autorités locales»)
et local government («administration
locale») pour désigner les «administrations déléguées», ainsi que le mot nation
(«nation») pour dénommer la population de chacune des «régions déléguées». On
emploie aussi les termes central government
(«gouvernement central») pour désigner le gouvernement de Londres.
|
Le Royaume-Uni n'étant pas une
fédération,
il n'est pas adéquat de recourir à des termes tels que «État» (comme aux
États-Unis), «province» (comme au Canada et en Afrique du Sud) ou «canton»
(comme en Suisse). Le Royaume-Uni n'a pas non plus retenu les expressions telles
que «région autonome» (comme en Italie) ou «communauté autonome» (comme en
Espagne). On dit aussi que le Royaume-Uni d'aujourd'hui est formé de
quatre «pays constitutifs» ("constituent
countries") ou «nations constitutives» ("Home Nations" ou "Home Countries"):
l'Angleterre, l'Écosse,
l'Irlande du Nord et le pays de Galles. Bref, la terminologie demeure incertaine et ambiguë pour
désigner les nouvelles entités découlant de la dévolution.
Par ailleurs, si le Royaume-Uni possède un
«gouvernement central», il ne dispose pas d'un «parlement central», car le
Parlement de Westminster est celui de tout le Royaume-Uni dans lequel les
représentants sont ceux de l'Angleterre, de l'Écosse, du pays de Galles et de
l'Irlande du Nord. Autrement dit, les Anglais d'Angleterre sont minoritaires à
Westminster,
puisque les Écossais, les Gallois et les Nord-Irlandais sont ensemble
majoritaires. D'ailleurs, certains Anglais se demandent pourquoi l'Angleterre ne
bénéficie pas, elle aussi, de sa «dévolution» avec son parlement local.
Paradoxalement, les Écossais, les Gallois et les Irlandais peuvent s'occuper de
leurs affaires locales, y compris celles de l'Angleterre.
- Une décentralisation peu contraignante
Cependant, ce n'est pas pour rien que les Anglais ont adopté la
formule de la «dévolution». C'est une décentralisation qui n'est pas trop contraignante
puisqu'elle est
créée par une législation ordinaire, non pas par une loi constitutionnelle,
et qui peut à tout moment être réformée ou suspendue, voire abolie, par
abrogation ou par modification au moyen d'une autre loi ordinaire. Le
gouvernement britannique peut donc opposer son veto pour n'importe quelle loi adoptée
par les parlements locaux, si celle-ci ne fait pas son affaire.
Paradoxalement, le Royaume-Uni n'est pas un État unitaire, mais plutôt une
«union de nations» dans laquelle la souveraineté est une question non résolue.
Plutôt que de tenter de s'adapter à des différences de perspectives politiques
et constitutionnelles, les gouvernements successifs du Royaume-Uni ont préféré
adopter une approche où la décentralisation est «tolérée» pour calmer la grogne
en fonction des circonstances, tandis que les pouvoirs des autorités locales
peuvent être contrôlés, contestés et abolis, si l'occasion se présente.
- Le rejet d'une fédération
Dans son passé colonial, le Royaume-Uni fut l’initiateur de plusieurs
fédérations dans le monde:
Afrique du Sud,
Australie,
Canada, Nigeria, etc.
En réalité, le Royaume-Uni a construit plusieurs fédérations dans le but de
fragmenter les populations et de prolonger ainsi la domination de Londres
sur ses colonies.
Les Canadiens, surtout les Québécois, connaissent plutôt bien les
limitations des pouvoirs imposés aux États fédérés dans une fédération. Or,
les Britanniques ont décidé par référendum qu’ils ne voulaient pas de ce
genre de limitations pour eux dans leur propre pays. Ils ont préféré quitter l’Union européenne
(cf. le Brexit)
plutôt que de subir des limitations, comme dans leurs anciennes colonies.
De façon paradoxale, ce qui était bon pour les ex-colonies britanniques ne l'est
manifestement pas pour le Royaume-Uni. De fait, l'Union européenne se dirige
vers une fédération de plus en plus intégrée et forte.
Les Anglais n'ont pas voulu une telle formule pour eux!
Ils veulent conserver le contrôle!
1.2 L'Angleterre
Si
on consulte la carte de l'île de Grande-Bretagne et en excluant l'Écosse et
le pays de Galles, on constatera que l'Angleterre compte elle-même plusieurs
«régions» d'ordre strictement administratif: le Nord-Ouest (North
West), le Nord-Est (North East), les Midlands
de l'Est (East Midlands), les Midlands de
l'Ouest (West Midlands), l'Anglia de l'Est
(East Anglia), le Sud-Est (South East)
et le Sud-Ouest (South West). Voir la carte des régions.
De plus, l'Angleterre compte également 39 comtés non métropolitains,
six comtés métropolitains ainsi que le Grand-Londres. Les comtés (voir
la carte des comtés) sont subdivisés en 330
districts qui, eux-mêmes, regroupent quelque 10 000 paroisses. Chaque ordre
d'administration locale est présidé par un conseil dont les membres sont élus pour un mandat de quatre ans. En 1985, le conseil du Grand-Londres et les
six conseils des comtés métropolitains ont été abolis, alors que la majorité de leurs fonctions fut transférée, dans le cas du Grand-Londres, aux 32 municipalités londoniennes et à la
''Corporation of London'' et, dans les cas des comtés métropolitains, aux conseils des districts métropolitains.
1.3 L'île de Man et les
îles Anglo-Normandes
Quant à l'île
de Man (572 km²) située en mer
d’Irlande et aux îles
Anglo-Normandes
(angl. Channel
Islands : 194 km²) situées dans le golfe de Saint-Malo près des côtes
françaises, elles sont
des possessions de la Couronne britannique, et ne font pas juridiquement partie du
Royaume-Uni (ni de l'Union européenne). Cela signifie quaucune loi du Parlement britannique ne sapplique
à ces îles, sauf si lune dentre elles est expressément désignée par son
nom à partir dune requête officielle du gouvernement local dans un
texte législatif britannique.
1.4 Les territoires
d'outre-mer
|
Enfin, le Royaume-Uni a conservé sous sa
dépendance certains territoires d'outre-mer : Anguilla, les Bermudes ("Bermuda"),
le Territoire britannique de l'océan Indien ("British Indian Ocean Territory"),
les îles Vierges britanniques ("British Virgin Islands"), les îles Caïmans, les îles
Malouines ("Falkland Islands"), Gibraltar, Montserrat, les îles Pitcairn, l'île Sainte-Hélène
(côtes africaines), les
îles de la Géorgie du Sud et les îles Sandwich du Sud ("South Georgia and the
South Sandwich Islands"), les îles Turques-et-Caïques.
Le Royaume-Uni possède onze PTOM, c'est-à-dire des «pays et territoires d'outre-mer»,
qui sont
des dépendances d'États membres de
l'Union européenne — soit le Danemark, la France, les Pays Bas et le Royaume-Uni
— dont ils ne font pas partie tout en gardant un lien
d'association. Seul Gibraltar est une «colonie». |
1.5 L'Union européenne et le Brexit
Conscient de sa marginalisation par les deux nouvelles
puissances mondiales, les États-Unis et l'URSS, le Royaume-Uni décida au début
des années 1960 de se rallier à une construction européenne qu’il avait
auparavant observée avec méfiance. En 1961, sa candidature se heurta au refus de
la France du général de Gaulle. Le Royaume-Uni finit par rejoindre la Communauté
économique européenne (CEE) en 1973, après que les Français eurent accepté cette
adhésion par référendum. Rappelons que l'île de Man et les îles Anglo-Normandes,
en tant que
«dépendances de la Couronne
britannique», n'ont jamais fait partie de l'Union européenne.
- L'Union européenne
Toutefois, l’engagement du Royaume-Uni au sein de l'Union européenne (UE, depuis 1993) est toujours demeuré partiel. Le pays n'est jamais
entré dans la zone euro et n'a jamais été partie prenante aux accords de
Schengen de 1985 sur la libre circulation et la suppression des contrôles aux
frontières communes. Le Royaume-Uni s'est opposé à la signature du pacte
budgétaire décidé lors du sommet européen du 9 décembre 2011. En février 2016,
le gouvernement britannique avait obtenu de ses partenaires européens le droit
pour le pays de limiter pendant quatre ans l’accès des travailleurs non
européens aux prestations sociales britanniques. Bref, le pays a toujours
bénéficié d'un certain nombre de concessions et d'accommodements pour rester
dans l'Union européenne. L'une des questions fondamentales pour les Britanniques
a toujours été de savoir si le Royaume-Uni aurait davantage à gagner en-dehors
de l'Union européenne que de demeurer en son sein.
- Le Bexit
|
Cette question
centrale dans la société britannique a donné lieu à deux
référendums. Le premier s'est déroulé en 1975, alors que les
Britanniques ont décidé du maintien dans la CEE. Le 24 juin 2016, le
Royaume-Uni a choisi de mettre fin à quarante-trois années
d’appartenance à l’Union européenne (UE). Le camp du «Leave»
(sortie), favorable à la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne, l’a emporté
avec 51,9 % des voix, contre 48,1 % pour le «Remain» (maintien),
camp pro-européen. On peut consulter des résultats plus détaillés par région
en cliquant ici , s.v.p. |
On parle alors du
Brexit
qui désigne la sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne. Il s'agit d'un
mot-valise anglais composé de «Britain» («Grande-Bretagne») et de «exit»
(«sortie»), c'est-à-dire finalement "Bristish Exit". Après ce
résultat inattendu, le premier ministre
britannique David Cameron (2010-2016) dut démissionner. Nommée en juillet 2016, la
première ministre Theresa May devait dorénavant mener les
discussions sur la sortie de son pays de l’UE face à une équipe de
négociateurs représentant l'Union. L'article 50 du traité sur l'Union
européenne (TUE) prévoit l'hypothèse d'une sortie d'un État membre de
l'Union européenne. L'État qui décide de se retirer avise de son intention
au Conseil européen.
Après moult tergiversations, le Brexit est entré en vigueur le 31 décembre 2020. Deux
questions pourraient menacer l’avenir du Royaume-Uni : l’éclatement du pays
et la naissance d’une petite Angleterre insulaire reléguée au rang de
puissance moyenne dans le monde. Les partis nationalistes de l'Écosse et de
l’Irlande du Nord, où la majorité des électeurs ont voté pour rester au sein
de l’Union européenne, ont signifié qu'ils se réservaient le droit
d’organiser un référendum afin de quitter le Royaume-Uni et de maintenir
leurs liens avec le continent. Ces menaces doivent être prises au sérieux.
- Le post-Brexit
Évidemment, l'Europe perdait l'une de ses trois grandes
puissances (avec l'Allemagne et la France), ainsi que l'une des plus
importantes places financières au monde, l'un des seuls États européens
entretenant une armée régulière conséquente et le premier partenaire
diplomatique des États-Unis en Europe. Au sein du Royaume-Uni, l'Angleterre pourrait
voir se détériorer ses relations avec le gouvernement écossais,
indépendantiste et europhile. En ce qui concerne l'Irlande du Nord, le
Brexit a annulé une grande partie des progrès des dernières décennies et a
profondément déstabilisé les règlements politiques de cette entité
britannique.
Par ailleurs, le gouvernement de Theresa May (2016-2019) avait promis que
les quatre «nations constitutives du pays» — l'Angleterre, l'Écosse,
l'Irlande du Nord et le pays de Galles — récupéreraient de nouvelles
compétences, ce qui paraissait nouveau. Cependant, il faut toujours se
garder d'une petite réserve en ce qui a trait aux solutions des
gouvernements de Londres, car au cours de leur longue histoire, ceux-ci se
sont particulièrement distingués par des implications pas toujours recommandables
dans les affaires du pays.
- Les conséquences linguistiques
De plus, on peut s'interroger quelle sera désormais
la place de l'anglais dans l'Union européenne, puisque qu'aucun État européen — sauf
l'Irlande et Malte — n'a
l'anglais comme unique langue officielle ou nationale. Il est à parier que
l'anglais ne sera pas évincé, car sa prédominance continuera
encore, et ce, même si plus personne ne parlait l'anglais
comme langue maternelle en Europe. Toutefois, le français et l'allemand
devraient néanmoins bénéficier du Brexit.
2 Données
démolinguistiques
En principe, les habitants du Royaume-Uni sont des
Britanniques, parmi lesquels on
distingue les Anglais, les Écossais, les Gallois et les Irlandais ou
Nord-Irlandais. Cependant, parce que les Mannois, les Jersiais et les
Guernesiais ne sont pas des citoyens britanniques, mais des sujets de Sa
Majesté, ils demeurent avant tout des Mannois, des Jersiais ou des Guernesiais.
Angleterre |
83,7
% |
Pays de Galles |
4,8
% |
Écosse |
8,5
% |
Irlande du Nord |
2,8
% |
TOTAL |
100
% |
|
La population du Royaume-Uni était
officiellement de 59,6 millions d'habitants en 2000. Selon les provinces
historiques, l'Angleterre compte 49,9 millions d'habitants (83,7 %); le pays de
Galles, 2,9 millions (4,8 %); l'Écosse, 5,1 millions (8,5 %); l'Irlande du Nord, 1,7
million (2,8 %).
(Source:
National Statistics, année 2000) |
L’anglais, parlé par 94 % de la population, constitue la langue
majoritaire du Royaume. D’autres citoyens britanniques parlent néanmoins
des «langues nationales minoritaires»: au pays de Galles, certains locuteurs parlent
aussi le gallois ;
en Écosse, ce peut être l’écossais
(gaélique); en Irlande du Nord, l’irlandais, aux îles
Anglo-Normandes, le jersiais et le guernesiais. Il existe aussi des langues
considérées comme éteintes comme le mannois
(gaélique) de l’île de
Man et le cornique
(éteint en 1777) dans les Cornouailles. Il faudrait mentionner aussi les
nombreuses langues immigrantes parlées au pays.
2.1 L'anglais
|
Bien que l'anglais soit parlé dans tout le au Royaume-Uni,
il n'est pas
uniforme sur le territoire. On distingue plusieurs variétés: l'anglais du
sud de l'Angleterre, l'anglais du nord de l'Angleterre, l'anglais du pays
de Galles, l'anglais d'Écosse et l'anglais d'Irlande du Nord, ainsi que
l'anglais d'Irlande. Ces variétés
sont toutes mutuellement intelligibles, mais elles se distinguent par
l'accent, des variantes phonétiques mineures, une partie du vocabulaire et quelques particularismes
grammaticaux.
De plus, on peut distinguer en Angleterre même deux types
d'anglais: l'anglais du nord de l'Angleterre ("Northern England English")
et l'anglais du sud de l'Angleterre ("Southern England English").
L'anglais du Sud sert de norme pour l'anglais britannique, alors que
l'anglais du Nord est considéré comme «régional», bien que les deux
variétés soient en fait régionaux.
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- L'anglais du Sud
|
Ce petit texte publicitaire décrit la "Received Pronounciation" (RP)
de l'anglais du Sud, c'est-à-dire la prononciation britannique
standard. On y apprend que c'est le modèle
d'anglais le plus souvent recommandé pour les étudiants étrangers
qui apprennent l'anglais britannique et qu'il est employé par la
plupart des annonceurs et des lecteurs de nouvelles de la BBC,
montrant l'uniformité de la parole diffusée.
Cet anglais standard du Sud porte plusieurs noms:
“Queen's English” ou "King's English", “BBC English” ou “Southern
Standard British English”. Ce type d'anglais fait référence à l'accent
élégant et distingué (en anglais: "posh") qui seraient employé par
la reine (ou le roi), ainsi que par des énoncés grammaticalement
considérés corrects et sans argot. En fait, ces étiquettes renvoient à l'accent
anglais d'Angleterre qui est associé aux personnes des classes
sociales supérieures ou moyennes supérieures. Historiquement
parlant, l'anglais du Sud a évolué en grande partie au moyen d'interventions
politiques associées au pouvoir des souverains anglo-normands,
des Tudors et de leurs successeurs, notamment par le "Late Modern
English", l'anglais moderne tardif. |
Bien qu'il existe plus d'une une
cinquantaine d'accents britanniques reconnus à travers le Royaume-Uni et
l'Irlande, c'est le "Queen's English", voire l'Oxford English, qui servirait
de norme linguistique. Toutefois, on estime que qu'environ 2% de la
population britannique s'exprime normalement avec cette prononciation
élitiste, mais c'est ce qui justifie sans doute l'expression "Queen's
English".
- L'anglais du Nord
Les Anglais du Nord parlent un anglais dit «régional»,
mais ceux du Sud ont aussi un anglais régional, sauf que ce dernier est
considéré comme universel, ce qu'il n'est manifestement pas. Les variétés
d'anglais parlées à travers la Grande-Bretagne forment un continuum dialectal et
il n'existe pas de définition universellement acceptée des variétés nordiques.
La langue anglaise employée dans le nord de l'Angleterre a
été façonnée par l'histoire de la colonisation imposée par le pouvoir royal, ce
qui a entraîné d'importantes modifications démographiques dues à l'émigration et
à l'immigration. Dans cette région, les populations ont subi l'influence du
moyen anglais, le northumbrien, ainsi que par les contacts avec le vieux norrois
à l'époque des Vikings, le gaélique écossais et l'anglo-irlandais après la
Grande Famine (1845-1852). Forcément, l'anglais du Nord s'est distancé de
l'anglais du Sud parce qu'il était plus éloigné du pouvoir royal et de ses
influences. D'ailleurs, plus la région se situe au nord, plus les différences
s'accentuent, comme c'est le cas en particulier dans le Lancashire et le sud du
Yorkshire, surtout depuis la révolution industrielle.
Certains linguistes britanniques expriment des réserves
sur la pertinence du sigle "RP" (" Received Pronunciation") en raison de son
caractère désuet puisque les présentateurs des BBC News ne font plus référence à
une classe sociale élevée et à des privilèges particuliers. D'ailleurs, la BBC
s’éloigne de son propre “BBC English" en embauchant plus de personnel avec
des accents régionaux pour présenter ses émissions, ce qui serait une bonne
nouvelle pour les 98% de la population.
- Les différences sociales et
politiques
En parcourant la Grande-Bretagne, mais plus
particulièrement l'Angleterre, toute personne peut constater certaines
différences linguistiques entre le Nord et le Sud. Parfois, un même mot peut
être prononcé d'une manière différente ou des mots différents peuvent s'employer
pour décrire la même réalité. Dans le vocabulaires, par exemple, pendant que
dans le Nord le mot "dinner" désigne le repas du midi ("lunch") et que le "tea"
renvoie au dernier repas de la journée, dans le Sud, le "dinner" est le dernier
repas de la journée, tandis que le "tea" fait généralement référence à un thé de
l’après-midi composé de muffins, de petits pains mollets ou de sandwichs. Néanmoins,
les différences linguistiques sont aisément intelligibles parce qu'elles forment
un ensemble d'éléments généralement homogènes.
Dans la grammaire, alors que l’anglais
standard du Sud n’a plus qu’un seul pronom à la deuxième personne, "you" (tu
ou vous en français), de nombreuses variantes du Nord ont des pronoms
supplémentaires tels "thou" et "thee", qui ont survécu. Ils permettent de
maintenir la distinction entre un pronom formel ("you") et un pronom familier ("thou").
Si la forme "thou" est employé au singulier, la forme "you" ou même "ye" est
réservée pour le pluriel. Quant à "thee", c'est comme "thou" un pronom singulier
informel, mais jamais employé comme sujet. C'est un peu similaire au français
avec les forme tu/te/toi dans «Tu te fais peur à toi-même».
Les Anglais parlent souvent de la "Great
Divide", la grande division, entre le Nord et le Sud. Les préjugés ne manquent
pas, de sorte que les Anglais du Nord seraient perçus comme étant plus ouverts,
plus sociables et plus bavards, alors que ceux du Sud seraient considérés comme
plus fermés et traiteraient les étrangers juste poliment sans plus et de façon plus
discrète. Ces distinctions sont sociales, pas linguistiques. Ainsi, une certaine
fracture nord-sud a été observée lors du référendum sur le
Brexit de 2016. Pendant que le Nord privilégiait le
Brexit, le Sud favorisait un fort soutien pour rester dans l'Union
européenne, sauf à Londres, mais l'ensemble de la population de l'Angleterre a fait
basculer les pro-Brexit dans une proportion de 53%.
On peut consulter un texte
présentant une HISTOIRE DE LA LANGUE ANGLAISE
en cliquant ICI.
2.2 Les langues minoritaires
Au Royaume-Uni, l’expression «minorité nationale» est juridiquement vide
de sens, car les groupes minoritaires du pays forment essentiellement des
«minorités ethniques» ou des «minorités apparentes». Mais la législation anti-discriminatoire du Royaume-Uni est conçue pour protéger les «minorités
ethniques», non les «minorités nationales».
Groupe |
Langues
celtiques |
Gaulois
|
gaulois* (langue morte)
|
Brittonique
|
breton, gallois, cornique*
|
Gaélique
|
irlandais, écossais, mannois*
|
|
Cela étant dit, les langues que nous
appelons normalement celles des «minorités nationales» — ou «minorités
ethniques» au Royaume-Uni — proviennent surtout des langues celtiques: le
gallois au pays de Galles, le gaélique écossais en Écosse, l’irlandais en
Irlande du Nord, le cornique (Cornouaille) et le mannois (île de Man).
Lorsqu'on consulte le tableau de gauche, on constate que le
breton
(parlée en France), le gallois et le
cornique* (considéré comme
disparu) font partie du groupe brittonique, alors que
l'écossais, l'irlandais
et le mannois* (considéré comme disparu) font partie du groupe des langues
gaéliques.
|
C'est pourquoi il ne faut pas confondre le gaélique
écossais, une langue celtique,
et l'écossais, une langue
germanique comme l'anglais. Il n'existe que de rares minorités historiques non celtiques au
Royaume-Uni et en Irlande du Nord: l'écossais et l'anglo-normand.
Voir aussi trois cartes
montrant l'évolution des langues en 1300, en 1800 et en 2000
- Les langues gaéliques
Les langues gaéliques du Royaume-Uni sont le gallois,
l'écossais, l'irlandais et le mannois. Ces langues minoritaires comptent généralement peu de
locuteurs, l’assimilation ayant, dans le passé, fait plus ou moins disparaître
la plupart des langues nationales.
Ainsi, selon les statistiques de 1991, au
pays de Galles, le gallois serait parlé par
environ 500 000 locuteurs âgés de trois ans ou plus, soit 18,7 % de la
population du pays de Galles. Pour sa part, le gaélique
écossais
compterait 69 510 personnes, soit 1,4 % de la population écossaise âgée de
trois ans et plus. En Irlande du Nord, quelque 35 000 (?) personnes, soit 2 % de la
population âgée de trois ans et plus a déclaré avoir une certaine
connaissance de l'irlandais; sur ces
personnes, la moitié a déclaré pouvoir lire, écrire et parler la langue. À l’île
de Man, il n’existe plus de locuteur parlant le
gaélique mannois
comme langue maternelle.
- Le cas du cornique
Pour ce qui est du
cornique
(Kernewek en cornique; cornish en anglais) de la Cornouailles, considéré comme éteint, il fait partie des langues
celtiques et demeure proche à la fois du breton et du gallois, c'est-à-dire des langues du
groupe brittonique. Le déclin du cornique s'est amorcé dès le XVe
siècle, mais il s'est accentué par la suite. Au milieu du XVIIIe
siècle, le cornique, qui n'était déjà compris que par quelques locuteurs. En
1777, est décédée la dernière locutrice connue du cornique, Dolly Pentraeth, une
marchande de poissons, ce qui faisait officiellement du cornique une langue
morte. Cependant, quelques locuteurs du cornique auraient été
attestés encore au cours du XIXe
siècle. Des
efforts de résurrection ont été entrepris depuis quelques années; des cours en
cornique sont offerts partout sur le territoire, mais le statut juridique du
cornique demeure très faible, bien que le Royaume-Uni ait accepté en novembre
2002 d'étendre le
cornique sous la protection de la Charte pour les langues régionales et
minoritaires. Une étude universitaire publiée en avril 2000 et commandée par
l‘Office gouvernemental pour le Sud-Ouest, a estimé à environ 300 le nombre des
locuteurs effectifs du cornique (langue seconde), en prenant pour critère la
capacité à «tenir une conversation générale, à un débit normal, sur un thème de
la vie quotidienne»; depuis lors, ce nombre serait passé à 3500 locuteurs. Mais
le cornique d'aujourd'hui est un cornique «rénové» ou «restauré», c'est-à-dire
modernisé; il est sensiblement différent du cornique des siècles précédents
(moyen cornique et cornique tardif). Il existe un Cornish Language
Partnership («Office de la langue cornique») dont le mandat est de
promouvoir la langue cornique.
L'écossais (scots)
Contrairement au gaélique écossais qui est une
langue celtique, l'écossais (ou
Scots en anglais) est une langue
germanique parlée dans l'est et le sud de l'Écosse. Il existe une variété de
l'écossais en Irlande du
Nord (ainsi que dans le comté de Donegal en république d'Irlande): on parle l'écossais d'Ulster
surtout dans les comtés d'Antrim, de Down et de Derry (voir
la carte). Cela étant dit, on distingue cinq variétés d'écossais :
1) l'écossais insulaire (Insular Scots), parlé dans
les îles du Nord (Orkney et
Shetland);
2) l'écossais du Nord (Northern Scots), parlé dans le
district de Dundee:
3) l'écossais central (Central Scots), parlé dans les
districts de Fife et de
Perth-et-Kinross;
4) l'écossais du Sud (South Scots), parlé dans le
district de Scottish Border;
5) l'écossais d'Ulster (Ulster Scots), parlé sur la
côte nord-est de l'Irlande du Nord.
- Le jersiais et le guernesiais
Quant aux îles Anglo-Normandes, seuls quelques
milliers de locuteurs (entre 5000 et 10 000, tout au plus),
particulièrement à Jersey, à Guernesey et à Sark, parlent encore le
franco-normand
(jersiais et guernesiais), la langue des
descendants des conquérants normands, ce qui représenterait environ 6 % de la
population insulaire. Il sagit, en fait, dune forme
d'anglo-normand, une langue teintée de vieux français, de dialectalismes normands
(vieux norrois des Vikings) et de vieil anglais. On distingue deux variantes de
la langue ancestrale faisant partie du groupe franco-normand
: le jèrriais
ou jersiais (angl. «Jersey-French») de l’île de Jersey et le dgèrnésiais
ou guernesiais (angl. «Guernsey-French») de l’île de Guernesey.
- Les langues immigrantes
La question de l'immigration a toujours fait
couler beaucoup d'encre au Royaume-Uni, particulièrement en
Grande-Bretagne. Selon les promesses des partisans du
Brexit pendant la campagne référendaire de
2016, le divorce d’avec l’Union
européenne devait permettre de «reprendre le contrôle» sur
l’immigration au Royaume-Uni.
|
Pourtant, seulement sept ans plus
tard, le solde migratoire – la différence entre immigration et
émigration sur les douze mois de l’année – aura pratiquement doublé.
Alors qu’il se situait à 335 000 en 2016, il a atteignait en 2022 le
niveau historique de 606 000, avec 118 000 arrivées nettes de plus
qu’en 2021. Il est vrai que l’accueil humanitaire des Ukrainiens
fuyant l’agression russe (environ 114 000) et des Hongkongais
refusant la reprise en main autoritaire de la Chine (environ 52 000)
a pu tirer les chiffres à la hausse, mais on est encore loi du 335
000.
Sur une population de 67 millions d'habitants en 2021, les individus
nés à l'extérieur du Royaume-Uni comptaient pour 10 millions, issus
de plus de 100 pays, ce qui représentait 15% de la population
totale. Les pays d'émigration les plus importants par ordre
décroissant sont les suivants: l'Inde, la Pologne, le Pakistan, la
Roumanie, l'Irlande, l'Italie, le Bangladesh, le Nigeria,
l'Allemagne, l'Afrique du Sud, les États-Unis, la Chine, l'Espagne,
la Lituanie, le Portugal, la France, les Philippines, la Bulgarie,
le Sri Lanka, etc.
La figure de gauche "Do not feed the birds"
(«Ne nourissez pas les oiseaux») ne représente par la répartition
des langues à Londres, car il ne s'agit que des langues employées en
Inde. |
Les 20 langues numériquement les plus courantes étaient en
2022 sont les suivantes:
Langue (pourcentage) |
Langue (pourcentage) |
Langue (pourcentage) |
Langue (pourcentage) |
Polonais (611
845)
Roumain (471 954)
Pandjabi (290 745)
Ourdou (269 849)
Portugais (224 719) |
Espagnol (215
062)
Arabe (203 998)
Bengali (199 495)
Gujarati (188 956)
Italien (160 010) |
Tamoul (125
363)
Français (120 259)
Lituanien (119 656)
Chinois (118 271)
Turcs (112 978) |
Bulgare (111
431)
Russe (91 255)
Persan (87 713)
Hongrois (87 356)
Grec (76 675) |
Il faut tenir compte qu'un pays comme l'Inde peut
apporter plus de langues (pandjabi, ourdou, bengali, gujarati, tamoul) que
le Portugal (portugais) ou le Bangladesh (bengali).
3
Le statut de l'anglais au Royaume-Uni
Rappelons que le Royaume-Uni n'a pas de Constitution
écrite. Ainsi, les droits des citoyens sont une combinaison de droit coutumier,
de lois
et d’usages. Présentement, la Constitution consiste en une série de conventions, de coutumes
et de simples lois du Parlement de Westminster, qu'en théorie n'importe quel
futur Parlement pourrait modifier.
Pourtant, il existe des textes constitutionnels majeurs: la
Magna Carta (1215) qui limitait le pouvoir de la Couronne, le Bill of
Rights (1689) qui étendait les pouvoirs du Parlement, la Reform Act
(1832) qui remaniait la représentation populaire et la Human Rights Act
(1998) qui définissait les droits fondamentaux des citoyens. Aucun de ces textes
ne traite de la langue anglaise ni de son statut. Seul l'article 14 de la
Human Rights Act («Loi sur les droits de l'Homme») mentionne le mot "language"
(«langue»):
Article 14
Prohibition of
discrimination
The enjoyment of
the rights and freedoms set forth in this
Convention shall be secured without
discrimination on any ground such as sex, race,
colour, language, religion, political or other
opinion, national or social origin, association
with a national minority, property, birth or
other status.
|
Article 14
Interdiction de la discrimination
La jouissance des droits et des libertés reconnus dans la
présente Convention doit être assurée, sans distinction aucune, ni
être fondée notamment sur le sexe, la race, la couleur, la langue,
la religion, les opinions politiques ou toute autre opinion,
l'origine nationale ou sociale, l'appartenance à une minorité
nationale, la fortune, la naissance ou toute autre situation. |
C'est pourquoi l'anglais n'a aucune reconnaissance constitutionnelle.
Le droit britannique est d'origine jurisprudentielle, sans codification. Pourtant, les textes juridiques faisant référence à la langue sont
relativement nombreux depuis les dernières décennies :
Comme on peut le constater, les lois linguistiques
ou à portée linguistique ne concernent pas souvent la langue anglaise, ce qui témoigne du fait
que cette langue n'a jamais eu besoin de protection. Toutefois, comme le Royaume-Uni est
multinational, les minorités ethniques, elles, ont besoin du secours de
l'État, notamment les minorités nationales: les Écossais, les Gallois, les
Irlandais, les Scots, etc.
Selon l'article 1 figurant en annexe 1 de la
Loi sur la nationalité
britannique (British Nationality Act) de 1981, tout individu qui
demande la citoyenneté britannique doit démontrer une connaissance suffisante de
l'anglais, du gallois ou du gaélique écossais:
Annexe 1
Alinéa 1
1) Conformément à
l'alinéa 2, les exigences pour la naturalisation en tant que citoyen
britannique en vertu de l'article 6.1 est, dans le cas de quiconque dont c'est applicable;
(a) les exigences
indiquées au sous-alinéa 2 du présent alinéa ou l'exigence possible
indiquée au sous-alinéa 3 du présent alinéa; et
(b) qu'il ait bon
caractère; et
(c) qu'il ait une
connaissance suffisante de l'anglais, du gallois ou du gaélique
écossais; et
|
Ce texte ne signifie pas que l'anglais, le
gallois et le gaélique écossais sont des langues reconnues comme officielles
dans l'une ou l'autre partie du Royaume-Uni, mais simplement que le gallois et
le gaélique écossais sont des langues «ethniques» ou «nationales», c'est-à-dire
officiellement tolérées. Quoi qu'il en soit, la Loi sur la nationalité
britannique de 1981 a été remplacée par la
Loi sur les territoires britanniques
d'outre-mer (British Overseas Territories Act) de 2002, mais cette
dernière loi ne contient aucune disposition d'ordre linguistique.
En réalité, il s'agit d'une reconnaissance plutôt symbolique, car
l'anglais est l'unique langue qui permette de communiquer avec tous les sujets
de Sa Gracieuse Majesté britannique: c'est donc la langue officielle de
facto, puisque l'anglais n'est pas proclamé formellement, sauf dans de
très vieilles lois datant du Moyen Âge. Mais c'était avant les réformes qui
ont entraîné la dévolution des pouvoirs opérées par le gouvernement du
Royaume-Uni aux autorités locales d'Écosse, du pays de Galles et d'Irlande du
Nord. D'ailleurs, la
Loi sur la nationalité, l'immigration et le
droit d'asile
de 2002 (Nationality, Immigration and Asylum Act 2002)
ne mentionne plus l'anglais ni aucune autre langue, mais parle de
«connaissance suffisante de la vie au Royaume-Uni»
et de «connaissance suffisante d'une langue»:
Article 1er
Naturalisation : connaissance de la langue et de la
société
1) Ce qui suit est inséré après le mot "et" après l'alinéa
1.1 (c) de l'annexe 1 de la Loi sur la nationalité
britannique de 1981
(c. 61) (exigences pour la naturalisation):
"(c.a) qu'il ait une connaissance suffisante de la vie au Royaume-Uni;
et".
3) Ce qui suit est inséré après l'article 41.1 (b) de la présente
loi
(règlements):
"(b.a) pour déterminer si une personne a une
connaissance suffisante
d'une langue pour faire une demande dans le but d'une
naturalisation;
(b.b) pour
déterminer si une personne a une connaissance suffisante de
la vie au Royaume-Uni pour faire une demande de
naturalisation; ".
4) Ce qui suit est inséré après l'article 41.1 de la présente loi:
(g) permettre au secrétaire d'État d'accepter une compétence du type
indiqué comme preuve de la
connaissance suffisante d'une langue.
"
|
Cela étant dit, les
Règlements no 2785 sur la nationalité britannique
de 2005 précisent que la «connaissance de la langue»
correspond à une «connaissance suffisante de la langue anglaise»:
NATIONALITÉ BRITANNIQUE
Règlements (généraux) sur la nationalité britannique (modifications)
de 2005
Article 2
Les Règlements (généraux) sur la nationalité britannique de 2003 sont modifiés comme suit.
Article 3
Le règlement 5A est remplacé par:
"Connaissance de la langue et de la vie au Royaume-Uni
5A. - (1) Quiconque a une
connaissance suffisante de la langue
anglaise et une connaissance suffisante de la vie au Royaume-Uni dans
l'intention de demander une naturalisation comme citoyen britannique en
vertu de l'article 6 de la loi si:
(a) il a suivi un cours ayant employé des documents pédagogiques tirés du
document intitulé "Matériaux sur la citoyenneté pour les débutants ESOL"
(ISBN 1-84478-5424) et a ainsi atteint une compétence appropriée reconnue;
ou
(b) il a réussi le test connu comme "Test sur la vie au Royaume-Uni"
administré par un établissement d'enseignement ou toute autre personne
reconnue à cette fin par le secrétaire d'État; ou
(c) dans le cas d'une personne qui habite habituellement à l'extérieur du
Royaume-Uni, un responsable désigné par le secrétaire d'État certifie par
écrit que cette personne a, à cette fin, une
connaissance suffisante de
la langue anglaise et une connaissance suffisante de la vie au Royaume-Uni.
Article 4
Dans l'annexe 2:
(a) à l'alinéa 13.1 (a), après "connaissance de la langue", est inséré
"connaissance de la vie au Royaume-Uni"; et
(b) à l'alinéa 14.1 (b), les mots "lois sur l'immigration" jusqu'à la fin
sont remplacés par "lois sur l'immigration, un bon caractère, une
connaissance de
la langue et une connaissance de la vie au Royaume-Uni".
Article 5
Les Règlements (généraux) sur la nationalité britannique de 2004
(amendements) et celui sur la nationalité britannique (générale)
(amendement no 2) de 2004 sont abrogés. |
4
La réforme des institutions britanniques
Afin d’implanter des réformes jugées nécessaires dans le pays, le
Parlement de Westminster a adopté plusieurs lois permettant de redonner au pays
de Galles, à l’Écosse et à l’Irlande du Nord leur autonomie perdue depuis
plusieurs siècles. Cette autonomie — que les sujets de Sa Majesté appellent
la dévolution — s’apparente à celle accordée depuis toujours à l’île
de Man et aux îles Anglo-Normandes, lesquelles sont toujours demeurées sous la
dépendance de la Couronne britannique, bien que toutes ces îles n’aient jamais fait partie
officiellement du Royaume-Uni. Ce sont des autonomies décidées par le
gouvernement britannique qui peut à tout moment, selon les circonstances, les
modifier, les suspendre ou les abolir. Il n'existe pas au Royaume-Uni de loi
constitutionnelle qui garantirait le maintien de ces autonomies régionales.
Trois référendums successifs ont eu lieu: le 11 septembre 1997 pour l’Écosse,
le 18 septembre de la même année pour le pays de Galles et en mai 1998 pour l’Irlande
du Nord. Sauf au pays de Galles où l’adhésion a recueilli, en septembre
1997, une faible majorité de 50,3%, les populations écossaise et irlandaise
ont voté massivement en faveur de la dévolution, c’est-à-dire pour
le statut particulier dont l'objectif est de restaurer le Parlement local déchu
depuis des siècles (au pays de Galles et en Écosse) en lui conférant la
gestion d'une partie des programmes décrétés à Londres et, éventuellement,
le pouvoir de légiférer et de prélever des impôts.
4.2 Les dévolutions de 1997-1998
Le parlement de Westminster a donc adopté la
Loi sur l’administration
locale de l’Écosse (Local Government Scotland Act) de 1997, la Loi
sur l’Irlande du Nord de 1998 (Northern Ireland Act) et la
Loi
sur l’administration du pays de Galles de 1998 (Government of Wales Act),
qui fixent le cadre juridique de la dévolution de ces trois régions. De façon
générale, chacune d’elles bénéficie maintenant d’un parlement local au
pouvoir limité et d’un exécutif pour gérer les «affaires intérieures»
qui les concernent. En d’autres termes, il s’agit d’une dévolution,
c’est-à-dire d’une délégation de pouvoir par le gouvernement britannique.
Dans tous les cas, le gouvernement du Royaume-Uni conserve sous sa
responsabilité les affaires étrangères, la politique économique nationale,
la sécurité sociale et la radiodiffusion.
- Une décentralisation à la pièce
Cependant, la dévolution, la décentralisation, est différente dans les trois
régions. Le gouvernement de
Londres a négocié les accords à la pièce, à l'anglaise, c'est-à-dire selon les
cas très particuliers de chacune des régions. Ainsi, l’Assemblée galloise de 1999 paraît très différente de celle
de l’Écosse (2000) et celle de l’Irlande du Nord (1999): le gouvernement gallois ne dispose d'aucun
pouvoir législatif et ne peut prélever des impôts. À l’exemple des
législatures de l'île de Man et des îles Anglo-Normandes, le Parlement de l’Écosse
et celui de l’Irlande du Nord sont autorisés à s'occuper des affaires
intérieures telles que la justice, l’éducation, la culture, le logement, la
santé, l’environnement, l’agriculture et le transport. Le Parlement
britannique se réserve, pour sa part, les affaires constitutionnelles, les
finances nationales, la politique étrangère, la défense, la sécurité
sociale et la citoyenneté.
Quoi qu’il en soit, chacun des gouvernements régionaux peut maintenant
adopter des politiques linguistiques adaptées à sa situation. Il est d’ores
et déjà prévu que le gaélique écossais en Écosse, le gallois au pays de
Galles et l’Irlandais en Irlande du Nord deviendront des langues
co-officielles (ce qui est déjà le cas pour le pays de Galles) et qu’ils
seront traitées sur un pied d’égalité avec l’anglais. Il reste à savoir
si ces politiques donneront des résultats dans la réalité.
- La question linguistique
N’oublions pas que le Parlement du Royaume-Uni demeure le seul souverain,
que la reine continue d’être le chef de l’État et que le pays de Galles, l’Écosse
et l’Irlande du Nord font toujours partie du Royaume-Uni. Il n’en demeure
pas moins que la dévolution sonne le glas du centralisme politique britannique
et que le Royaume-Uni risque de découvrir bientôt les grandeurs et les
misères d'une forme de gouvernement asymétrique. Néanmoins, le Parlement de
Westminster s'est gardé d'avoir toujours le dernier mot en matière de
législation. Il peut abroger une loi locale qu'il considère illégitime ou
irrecevable.
4.3 Le référendum écossais de 2014
Le référendum écossait du 18 septembre 2014 pouvait changer la donne sur la dévolution
ou le partage des pouvoirs au Royaume-Uni. À
quelques jours du référendum, au début de septembre 2014, il aura suffi d'un
sondage démontrant que les partisans de l’indépendance de l’Écosse détenaient
pour la première fois une légère avance, soit 51%, pour que
le premier ministre britannique de l'époque, David Cameron, promette davantage
d'autonomie à l’Écosse. Celui-ci avait promis que le rejet de l'Indépendance
allait être interprété comme étant favorable à la dévolution maximale. En
réalité, dans les derniers jours de la campagne, les trois chefs de partis
britanniques — Parti conservateur ("Conservative Party"), le Parti travailliste
("Labour Party") et les démocrates-libéraux ("Liberal Democrats") — avaient promis qu'à
la suite d'un NON un processus serait mis en branle pour
doter le Parlement écossais de nouveaux pouvoirs, notamment en matière de
taxation. En même temps, David Cameron avait affirmé: «Nous avons entendu la voix de
l'Écosse, il faut maintenant entendre les autres voix.» Dès lors, il ne s'agissait
plus seulement de transférer plus d'autonomie politique à l'Écosse, mais de
revoir tout le partage des pouvoirs dans le Royaume-Uni, ce qui impliquait le pays
de Galles, l'Irlande du Nord, voire l'Angleterre. Mais les promesses pouvaient
aussi bien se transformer en cauchemar pour le premier ministre britannique et les
chefs de partis.
Voici les difficultés à venir, car la dévolution promise est
loin d'être chose faite:
1) L'étendue des changements
promis à l'Écosse sont non seulement vagues —
une plus grande autonomie —, mais ceux-ci
dépendent de l'appui qu'ils trouveraient au sein des partis politiques
britanniques, dont plusieurs députés ont appris avec surprise la nature des
promesses faites par leurs chefs.
2) Il s'agit d'engagements purement personnels venant du chef du parti au
pouvoir et des chefs de deux partis d'opposition.
3) De nombreux députés anglais sont d'avis que les Écossais sont des enfants
gâtés, sans cesse en quête de plus d'argent et de pouvoir. Déjà, des
critiques s'élèvent chez les députés et reprochent à David Cameron d'avoir
trop promis sous l'effet de la panique.
4) Il faut rappeler que le premier ministre britannique, David Cameron,
dirige un gouvernement de coalition et qu'il n'a pas la majorité au
Parlement pour imposer un accord, en supposant qu'il y en ait un.
5) Il pourrait être difficile de satisfaire les Écossais, voir les Gallois
et les Irlandais, avec un simple «réaménagement» des pouvoirs, avec le
résultat que la question de l'indépendance écossaise risque de demeurer à
l'ordre du jour.
6) Toute dévolution maximale à l'Écosse ouvrira une boîte de Pandore, dans
la mesure où le pays de Galles et l'Irlande du Nord, sinon d'autres
territoires britanniques, réclameraient la même dévolution.
6) Il n'y aurait pas de négociation séparée avec une seule entité, tout
serait fait en même temps, avec plusieurs partenaires, ce qui pourrait virer
au cauchemar.
7) Tout projet de réforme constitutionnelle pourrait se heurter à
l'opposition d'une bonne partie de l'opinion publique, traditionnellement
conservatrice, qui estime que l'Écosse, entre autres, a déjà reçu trop de
subventions.
Le Royaume-Uni se dirigerait-ils vers une fédération? Il reste
à voir si Westminster va se dégonfler devant les difficultés
à venir, car la suite promet d'être houleuse. Par ailleurs, les Écossais, les
Gallois et les Irlandais ont appris au cours de l'histoire qu'il ne faut jamais
se fier aux promesses des Anglais qui peuvent changer d'idée s'ils se rendent
compte qu'il y va de leur intérêt.
5 La
politique linguistique de
l’État britannique
Au Parlement britannique, seul l'anglais est utilisé dans les débats ainsi
que dans la rédaction et la promulgation des lois; celles-ci ne sont jamais
traduites en une autre langue. En ce qui concerne la justice et les services
gouvernementaux, seul l'anglais est utilisé, bien que le gallois soit permis
pour l'administration locale au pays de Galles.
5.1 L’administration
Le gouvernement britannique a annoncé que sa nouvelle politique a
pour but de «faire preuve de courtoisie et de respect devant les préférences
linguistiques des personnes non anglophones». Dans un avenir rapproché, les
personnes appartenant à une «minorité ethnique» pourront utiliser «leur
propre langue dans leurs démarches administratives et leurs rapports avec les
services publics». Par exemple, le bureau des prestations sociales dispose d’un
service d’interprétariat. Depuis 1998, un grand nombre de services
ministériels publie des brochures d’information dans des langues
minoritaires. Cette politique vaut surtout pour le gallois, le gaélique
écossais, l'irlandais et l'écossais d'Ulster. Il n'existe pas de politique à
l'égard du cornique (Cornouailles), du mannois (île de Man) ou de
l'anglo-normand (îles Anglo-Normandes).
Ainsi, le ministère de l’Éducation et de l’Emploi publie des brochures
d’information sur la scolarisation à l’intention des parents de langue
minoritaire; le ministère de la Santé a publié plusieurs brochures, portant
notamment sur la grossesse, les services de maternité et la mort subite du
nourrisson. De plus, dans les régions traditionnellement habitées par un
nombre substantiel de personnes appartenant à une minorité nationale, le
gouvernement a promis de présenter les dénominations traditionnelles locales,
les noms de rues et autres indications topographiques destinées au public, dans
la langue minoritaire également, lorsqu’il y a une demande suffisante pour de
telles indications.
Le Conseil pour la gestion des administrations locales —
''Local
Government
Management Board'' — a organisé à l’automne 1997 le premier recensement de
tous les conseils locaux en Angleterre et au pays de Galles. Les résultats
de cette enquête, qui furent publiés en mars 1998, ont démontré que les
minorités ethniques, avec 3,1 % d’élus, étaient sous-représentées aux
sein des administrations locales. Évidemment, le gouvernement britannique a
reconnu que les «minorités ethniques» étaient sous-représentées au sein
des conseils des organismes publiques; il chercherait présentement à remédier
à cet état de choses. La politique d’égalité des chances dans la fonction
publique voudrait que toute personne admissible ait, à aptitudes égales, les
mêmes chances d’accès et de promotion à un poste. Les autorités admettent
qu’il ne devrait y avoir «aucune discrimination injuste fondée sur la race,
la couleur, la nationalité ou l’origine ethnique».
5.2 La justice
En matière de justice, les procédures se font généralement en anglais,
mais en cas de poursuites pénales un service de traduction devait être mis à
la disposition des personnes ne parlant pas ou ne comprenant pas l’anglais. Un
accord sur l’utilisation d’interprètes dans les procédures pénales est
entré en vigueur au 1er avril 1998. Cet accord porte principalement
sur la normalisation des «agréments» concernant la présence des interprètes
lors des enquêtes sur présomption de culpabilité et sur la comparution de l’inculpé
et des témoins dans les procédures pénales en Angleterre et au pays de
Galles. Il est apparu en effet que la variété des procédures en vigueur
concernant l’utilisation d’interprètes était une source de
confusion.
L’accord a également pour objectif de faire en sorte que, avant la fin de
2001, les tribunaux ou les postes de police ne fasse plus appel qu’à des
interprètes inscrits au Registre national des interprètes du service public
(ou sur l’Annuaire national des interprètes de la langue des signes du
Conseil pour l’avancement et la communication avec les sourds et les
malentendants).
Entre-temps, les divers organismes sont fortement invités à employer des
interprètes inscrits au Registre national, bien qu’ils restent libres de
faire appel à d’autres le cas échéant. Les interprètes non inscrits au
Registre doivent avoir un niveau au moins égal à celui exigé pour être
inscrit au Registre.
5.3 L'éducation
Le système d'enseignement du Royaume-Uni est fortement décentralisé, tout en
étant géré par l'État central. On compte quatre instances ministérielles : pour
l'Angleterre, c'est le ''Department of Education and Employement''; au pays de
Galles, c'est l'''Education Department of the Welsh Office''; en Ecosse, c'est
le ''Scottish Education Department''; en Irlande du Nord et dans l'île de Man,
c'est le ''Department of Education''. Ce sont les ''Local Education Authorities''
qui sont responsables d'appliquer les directives nationales.
|
Le système scolaire
britannique est obligatoire de 5 à 16 ans.
Le cursus scolaire peut commencer par le
Pre-compulsory education (enseignement pré-obligatoire ou
pré-scolaire dans une ''Nursery'') et destiné aux enfants de moins de cinq ans.
Il est suivi du
Compulsory education (enseignement obligatoire) pour les élèves de
5 à 16 ans, et comprend la ''Primary school'' (école primaire) et la ''Secondary
school'' (école secondaire). À système il faut ajouter le
Sixth Form education (enseignement général de deux ans équivalant au lycée)
qui mène au
Higher education (enseignement supérieur). Quant au
Further education (formation continue), il correspond à un
enseignement pratique ou professionnel et est destiné aux 16-18 ans. Dans le
pays, plus de
9,9 millions d’enfants fréquentent quelque 33 685 établissements d'enseignement
publics (''State schools'')
et privés ou indépendantes (''Public schools''). |
À la fin de la période scolaire obligatoire à 16 ans, tous les étudiants passent
le GCSE (''General Certificate of Secondary Education'': le Certificat général
de l'enseignement secondaire). Par la suite, il est
possible à l’élève de suivre un cursus de deux ans dans un collège ou un ''Sixth Form
Centre'' (public ou privé) pour passer les différents niveaux appelés ''A-Levels''.
Ces derniers
consistent en une série de matières (généralement au nombre de trois) pour
lesquels les notes sont représentées par des «niveaux de lettres», la plus
élevée dans la
notation étant le ''A''. L'obtention ce ''Level A'' est
nécessaire accéder à l'université.
La très grande majorité
des élèves du Royaume-Uni (plus de 90 %) fréquentent les écoles publiques de
l'État (''State schools'') dans lesquelles l’enseignement est gratuit, puisque
c'est le gouvernement central et
les municipalités qui couvrent les frais. Moins de 10 % des jeunes reçoivent leur
instruction
dans les écoles indépendantes ou privées (''Public schools'') dans lesquelles les parents
défraient le coût de l’enseignement de leurs enfants. Tous les jeunes
fréquentant les écoles de l'État doivent respecter le ''Programme national''
(National
Curriculum) prévu par le
gouvernement, sauf en Écosse et en Irlande du Nord, qui ont
un régime distinct.
La scolarité obligatoire du
Programme national est
formée de quatre «cycles» (''key stages''), qu'on peut traduire aussi par «étapes-clés» ou
«niveaux-seuil», dont deux au primaire et deux au secondaire:
Les matières obligatoires du programme dans les écoles primaires sont
réglementées par la Loi sur l'éducation (Education Act 1996) qui, avec
ses 583 articles,
régit l’enseignement au Royaume-Uni. Les trois «matières principales» (''core subjects'')
comprennent les cours d’anglais — et de gallois
au pays de Galles — ainsi que de mathématiques et de science. Dans l'emploi du
temps, une heure par jour («The Literacy Hour»), généralement le matin,
doit être consacrée à l'enseignement de l'anglais. Les autres matières de base
obligatoires (''foundation subjects''), au nombre de sept, sont les suivantes:
la technologie et l'éducation physique, l'histoire, la géographie, l'art et la
musique, une langue étrangère. C’est l'article 354 de la
Loi scolaire (Education Act
1996)
qui précise les programmes nationaux:
Article
354
1)
Les matières principales sont:
(a) les mathématiques,
l'anglais et les sciences et;
(b) le
gallois
dans les écoles du pays de Galles dans lesquelles la langue
d'enseignement est le gallois.
2) Les autres matières de base sont:
(a) la technologie et l'éducation physique;
(b) pour les premier, deuxième et troisième cycles, l'histoire, la géographie,
l'art et la musique;
(c) pour les troisième et quatrième cycles, une
langue moderne étrangère spécifiée par arrêté de la part du secrétaire d'État et;
(d) le gallois dans les écoles du pays de Galles qui ne sont pas des écoles
d'enseignement de langue galloise.
3) Dans les écoles d'Angleterre:
(a) une
langue moderne étrangère n'est pas une matière de base du quatrième
cycle jusqu'au moment approprié, et;
(b) la technologie est une matière de base pour les élèves
qui sont entrés à la première année du quatrième cycle en
1993, mais qui ne constitue pas autrement une matière de base pour
ce cycle jusqu'au moment approprié.
5) Dans les écoles du pays de Galles:
(a) une
langue moderne étrangère n'est pas une matière de base pour
le quatrième cycle, et:
(b) la technologie est une matière de base pour les élèves
qui sont entrés à la première année du quatrième cycle en
1993, mais qui ne constitue pas autrement une matière de base pour
ce cycle.
|
Le
gouvernement britannique est d’avis que l’anglais devrait être la langue de
l’enseignement dans toutes les écoles, sauf au pays de Galles où cette langue peut
être indifféremment l’anglais ou le gallois. En vertu de l'Education Act,
le premier souci des autorités est de veiller à ce que tous les élèves aient une
bonne connaissance de la langue anglaise. Il appartient strictement aux écoles
de déterminer les programmes qu'elles doivent proposer et ceux qui répondent aux
besoins spécifiques de leurs élèves. Le gouvernement estime que, sans cette
connaissance, les enfants dont l’anglais n’est pas la langue maternelle ne
pourraient pas saisir toutes les chances que l’école peut leur offrir; ils ne
pourraient pas non plus participer pleinement, dans leur vie adulte et
professionnelle, à la vie de la société britannique.
Toutefois, il est possible d'enseigner dans une autre langue (p. ex. le
gallois, le cantonais, l’hindi, l'ourdou, le pachtou, le pendjabi, le sindhi,
etc.) à la condition d'accorder un minimum d'heures égales à l'anglais; dans le
cas des langues minoritaires, seul le gallois est enseigné de façon générale
comme matière d’enseignement, mais seulement au pays de Galles. Selon les
statistiques officielles, quelque 200 langues maternelles différentes sont
représentées dans les écoles britanniques, et il est possible d’en trouver
jusqu’à 60 différentes dans une seule école. D’après le gouvernement
britannique, dispenser l’enseignement prévu par le programme national dans
autant de langues maternelles ne serait tout simplement pas réalisable.
- La langue seconde
Tous les Britanniques sont tenus d'étudier une langue seconde: c'est plus
souvent le français, mais l'allemand, l'espagnol et le russe conservent des
positions enviables. Le nouveau Programme national impose désormais que les
établissements secondaires proposent une des langues de travail de l'Union
européenne. Cette condition remplie, d'autres langues peuvent être proposées
selon les souhaits de chaque école. Il n'y a dans le pays aucune politique en
faveur de l'apprentissage des langues régionales du Royaume-Uni.
Cela dit, grâce au programme d'éducation à la
citoyenneté des établissements secondaires, dont l'introduction dans le
programme scolaire national du Royaume-Uni était prévue pour septembre 2002,
tous les élèves devaient, pour la première fois, recevoir un enseignement sur
la diversité des identités nationales, religieuses et ethniques et sur la
nécessité du respect et de la compréhension mutuels. Dans le cadre de la
nouvelle «politique nationale d'éducation personnelle, sociale et sanitaire»,
on enseigne dorénavant aux élèves à respecter les différences entre les
individus, à prendre conscience des sentiments et des points de vue d'autrui,
à reconnaître les effets des stéréotypes, des préjugés, de la
discrimination et du racisme et à développer des compétences permettant de
les combattre activement. Il convient notamment de souligner le «respect de
l'aire géographique de chaque langue régionale ou minoritaire», en faisant en
sorte que les divisions administratives existant déjà ou nouvelles ne
constituent pas un obstacle à la promotion de cette langue régionale ou
minoritaire.
- Les immigrants et l'anglais
La connaissance de l'anglais par les immigrants est
vivement encouragée par les autorités britanniques parce qu'il s'agit d'une
condition quasi incontournable pour s'intégrer au sein de la société
britannique. Au XIXe siècle et dans une bonne partie du XXe siècle, les
ressortissants des anciennes colonies britanniques, regroupées dans le
Commonwealth, conservaient le titre de «citoyen britannique», ce qui leur
permettait de travailler librement au Royaume-Uni. La politique actuelle du
gouvernement britannique consiste à favoriser une immigration sélective en
émettant des permis de résidence et de travail en fonction de l’âge, de la
qualification professionnelle des postulants, de leur expérience et aussi de
leur connaissance de l’anglais. Autrement dit, les immigrants doivent parler
correctement l’anglais avant même d’être admis sur le territoire afin de
participer pleinement à la vie sociale et démocratique de leur pays d’accueil.
En janvier 2016, le premier ministre britannique, David
Cameron, déclarait que «les musulmanes qui ne maîtrisent pas suffisamment
l'anglais» pourraient être expulsées du Royaume-Uni, une menace destinée, selon
lui, à lutter contre la ségrégation sexuelle. Dans une tribune publiée dans le
Times, David Cameron affirmait:
We
will now say: if you don't improve your fluency, that could affect
your ability to stay in the UK. This will help make it clear to
those men who stop their partners from integrating that there are
consequences. |
[Désormais, nous
allons dire: si vous n'améliorez pas votre maîtrise de la langue,
cela pourrait nuire à votre capacité à rester au Royaume-Uni. Cela
aidera ces hommes qui empêchent leurs partenaires de s'intégrer à
comprendre qu'il y a des conséquences.] |
Selon David Cameron, les chiffres montrent que 190 000
musulmanes (22 %), dont beaucoup vivent au Royaume-Uni depuis des décennies,
parlent peu ou pas du tout l'anglais. Ces déclarations interviennent alors que
son gouvernement vient de lancer un fonds doté de 20 millions de livres (26
millions d'euros) pour aider des musulmanes à améliorer leur connaissance de
l'anglais. Le premier ministre a aussi déclaré sur la BBC que la non-maîtrise de
l'anglais pouvait rendre les musulmans britanniques plus vulnérables aux
messages des groupes extrémistes. Ces commentaires ont suscité les critiques des
organisations musulmanes et du parti d'opposition travailliste.
5.4 La langue de travail
Enfin, dans le domaine du travail et des affaires, l'anglais demeure sans
rival. Toute l'activité économique se déroule exclusivement en anglais,
excepté dans les commerces ethniques d'origine indo-pakistanaise où l'hindi,
l'ourdou, le sindhi, etc., sont parfois employés. Un fait révélateur: les chiffres de
l’emploi indiquent généralement des taux de chômage généralement
plus élevés parmi les «minorités ethniques».
En ce qui a trait à l'affichage
commercial, celui-ci n'est soumis à
aucune loi ni à aucun règlement; il existe des affiches bilingues, relativement
rares, mais elles
ne sont pas le résultat d'un aménagement linguistique. Le gouvernement du
Royaume-Uni s'est tout de même engagé à exclure de sa législation toute
disposition interdisant ou limitant sans raisons justifiables le recours aux
langues minoritaires dans les documents relatifs à la vie économique ou sociale, et
notamment dans les contrats de travail et dans les documents techniques tels que
les modes d'emploi de produits ou d'équipements. Dans la pratique, dans
tout le Royaume-Uni, l'anglais domine tout l'espace visible, mais celui-ci est
encore plus omniprésent dans le territoire de l'Angleterre.
5.5 Les médias
|
Au Royaume-Uni, pendant des
décennies, il a existé deux genres de quotidiens : les journaux
tabloïds et les journaux grand format. Les premiers s'adressaient à
un lectorat populaire, alors que les grands formats favorisaient une
plus grande information et une analyse plus élaborée. Aujourd'hui,
les journaux anglais grand format sont presque disparus. Les
journaux les plus populaire sont The Economist, The Sun, le Daily
Mail, le London Evening Standard, The Sunday Times, le Daily Mirror,
The Times, The Observer, The Daily Telegraph, The Guardian, le
Morning Star, etc. Les journaux régionaux sont aussi très nombreux,
mais la plupart sont en anglais.
Le Royaume-Uni a pris des mesures en ce qui a
trait aux médias et les langues régionales, surtout dans les médias
électroniques. Ainsi, la Convention de la BBC
prévoit que les services fournis par cette dernière doivent comprendre des
émissions reflétant la vie et les préoccupations des auditoires locaux et
nationaux. Ces émissions doivent aussi compter une proportion et une variété
raisonnables de programmes destinés aux publics nationaux et réalisés en Irlande
du Nord, en Écosse, au pays de Galles et dans des régions d‘Angleterre autres
que Londres et le Sud-Est.
La BBC administre présentement quelque 40 stations de radio locales en
Angleterre et dans les îles Anglo-Normandes et six autres pour les auditoires
(les «Nations») de
l'Écosse, du pays de Galles et d‘Irlande du Nord. Une loi de 2003 sur les
communications requiert de l‘OFCOM (''Office of Communications'')
qu‘il inclut dans les permis des services régionaux de ''Channel 3'' des mesures
destinées à garantir qu‘un temps suffisant soit accordé à l‘offre adéquate de
programmes régionaux (de haute qualité) et comprenant des informations dont une
certaine proportion doit être diffusée aux heures de grande écoute (ou à un
horaire similaire).
|
De plus, l‘OFCOM doit fixer des exigences
destinées à garantir une proportion adéquate d'émissions régionales, lesquelles
doivent être réalisées dans chaque région et, le cas échéant, à produire des
programmes locaux. En vertu de la
Charte européenne des langues
régionales ou minoritaires, le Royaume-Uni entend
maintenir et développer des relations entre les groupes pratiquant une langue
régionale ou minoritaire et d'autres groupes du même État parlant une langue
pratiquée sous une forme identique ou proche, ainsi que l'établissement de
relations culturelles avec d'autres groupes de l'État pratiquant des langues
différentes.
6 La
Charte
européenne des langues régionales ou minoritaires
Dans le passé, le Royaume-Uni ne s'est jamais préoccupé de la protection
des groupes minoritaires, si ce n'est pour les faire disparaître. Le
gouvernement de Sa Gracieuse Majesté s’est toujours organisé, en effet, pour
neutraliser les revendications des minorités nationales, que ce soit les
Irlandais, les Gallois ou les Écossais. Autrement dit, jusqu’en
1998, le gouvernement britannique a toujours pratiqué une politique
linguistique rétrograde. Jamais, le Royaume-Uni n’a voulu favoriser l'emploi
des langues régionales ou minoritaires dans la vie publique, ni dans
l'enseignement, ni dans la justice, ni dans l’administration gouvernementale et
ni dans les services
publics, les médias, les activités et équipements culturels, la vie
économique et sociale, etc. Il n'était pas dû au hasard que, dans la plupart
des colloques internationaux portant sur l'aménagement linguistique, les
Britanniques n’ont jamais été très nombreux et n’ont eu jusqu’ici très
peu à dire sur la question des minorités.
Depuis quelques décennies, les revendications des minorités se sont fait
entendre de plus en plus fortement, particulièrement en Écosse et au pays de
Galles où le nationalisme est plus exacerbé. En Irlande du Nord, la politique
britannique s’est avéré un échec sur toute la ligne, surtout depuis l’imposition
en 1972 de la loi martiale. En tant que membre de l’Union européenne
(quand il était membre) et du
Conseil de l’Europe (depuis 1949), le Royaume-Uni a fait longtemps figure de
participant récalcitrant en matière de protection linguistique, alors qu’il
est à l’origine de la démocratie occidentale moderne.
Pour toutes ces raisons, le Royaume-Uni ne pouvait adhérer à cette «Europe
des peuples» dont il a pourtant fait partie de 1973 à 2020. Cependant, le gouvernement
britannique a finalement senti le besoin non seulement d’assouplir sa
politique linguistique, mais également d’accorder à ses «minorités
ethniques» une certaine autonomie politique, c'est-à-dire limitée.
Qui plus est, après bien des débats, le gouvernement britannique a
signé, le 2 mars 2000, et ratifié, le 27 mars 2001, la Charte européenne des langues régionales ou
minoritaires. Voici une déclaration officielle (en date du 4 juin 1998) du
gouvernement à ce sujet:
Le gouvernement de Sa Gracieuse Majesté a étudié de près l'opportunité
pour le Royaume-Uni de devenir un des signataires de la Charte qui est entrée
en vigueur le 1er mars 1998. Nous avons conclu qu'il y aurait lieu
de le faire. La partie II de la charte énonce des principes généraux de
reconnaissance des langues minoritaires indigènes, d'assistance à ces
langues et d'élimination de la discrimination dont elles feraient l'objet.
Nous souscrivons pleinement à ces principes. Nous envisageons de spécifier
le gallois pour le pays de Galles et, dès que les éléments pertinents de
procédure seront en place, le gaélique pour l'Écosse, conformément aux
dispositions de la partie III qui exigent des mesures spécifiques en faveur
de l'emploi de ces langues dans la vie publique. Nous prévoyons également de
spécifier l'irlandais pour l'Irlande du Nord, à une date ultérieure. La
partie II de la Charte s'appliquera à l'écossais. Nous examinerons quelles
autres langues pourraient, le cas échéant, bénéficier des principes
généraux de la partie II et, en temps voulu, être spécifiées selon la
partie III.
|
De fait, le gouvernement britannique a conclu à la pertinence de signer la Charte
européenne des langues régionales ou minoritaires. La décision a fait l’objet
d’une déclaration publique aux cours d’une conférence portant sur la
Community Language Planning. La politique linguistique du Royaume-Uni a donc
pris un tournant qui lui paraissait «radical». Le Royaume-Uni reconnaît maintenant l’importance du respect,
de la compréhension et de la tolérance en matière de diversité linguistique,
que ce soit pour le gallois, l’écossais, l’irlandais ou de toute autre
langue des diverses «minorités ethniques».
7 La politique d'internationalisation
linguistique
L'histoire de l'Angleterre est parsemée de
guerres qui ont conduit non seulement à créer l'empire que ce pays est devenu
avec les siècles, mais aussi à propager la langue anglaise sur tous les
continents. Depuis 1934, le British Council
est une institution gouvernementale du Royaume-Uni dont le but est d'établir des
relations culturelles entre le Royaume-Uni et d'autres pays. L'organisme siège à
Londres et compte des affiliations dans 110 pays.
L'institution a notamment pour mission de promouvoir l'apprentissage de la
langue anglaise, de participer à sa diffusion et de fortifier sa position dans
le monde. L'article 3 de la Charte royale énonce ce qui suit:
Article 3
Objects
The objects for which the British Council is
established and incorporated are to advance,
for the public benefit, any purpose which is exclusively charitable
and which shall:
(a) promote cultural relationships between the
people of the United Kingdom and other countries;
(b) develop a wider knowledge of the English
language; and
(c) encourage educational co-operation between
the United Kingdom and other countries, support the advancement
of United Kingdom education and education standards overseas,
and otherwise promote education.
|
Article 3
Objectifs
Les objectifs pour lesquels le
British Council est créé et incorporé sont de promouvoir,
pour le bien public, toute fin qui est exclusivement de bienfaisance
et qui doit :
(a) promouvoir les relations
culturelles entre la population du Royaume-Uni et d’autres pays;
(b) développer une
connaissance plus large de la langue anglaise ; et
(c) encourager la coopération
en matière d'éducation entre le Royaume-Uni et d'autres pays,
soutenir l'avancement de l'éducation au Royaume-Uni et des
normes d'éducation à l'étranger et promouvoir l'éducation par
d'autres moyens.
|
Les frais du British Council sont financés
pour 65% par l'enseignement de l'anglais, le reste étant payé par le Foreign and
Commonwealth Office du Royaume-Uni. En 2005, cette subvention était de 186
millions de livres.
|
Évidemment, le British
Council est devenu un instrument majeur pour la diplomatie culturelle et
l’enseignement de l’anglais à l’échelle mondiale. Depuis les années
1950, il existerait une stratégie britannique pour faire de l’anglais
une «langue mondiale», en tout cas la principale seconde langue partout
où il n’est pas déjà la première. Pour ce faire, il était nécessaire que
les Britanniques et les Américains coordonnent leur implication dans le
développement de l’enseignement de l’anglais au plan international. Les
deux gouvernements ont dû réduire les éléments de concurrence entre les
deux pays qui, comme l’avait si bien dit George Bernard Shaw, sont
«divisés par une langue commune». |
Or, les États-Unis et le Royaume-Uni poursuivraient
des buts similaires: l'expansion de l'anglais dans le monde. D'ailleurs, le
témoignage de
Rudolph C. Troike est significatif à ce
sujet ("The Future of English" dans The Linguistic Reporter, mai 1977):
English has in less
than four centuries come to be the leading language international
communication in the world today. This remarkable development is
ultimately the result of 17th, 18tn and 19th century British
successes in conquest, colonization, and trade, but it was
enormously accelerated by the emergence of the United States as the
major military world power and technological leader in the aftermath
of World War II. The process was also greatly abetted by the
expenditure of large amounts of government and private foundation
funds in period 1950-1970, perhaps the most ever spent in history in
support of the propagation of a language. |
En
moins de quatre siècles, l'anglais est devenu la langue dominante
des communications internationales dans le monde d'aujourd'hui.
Cette évolution remarquable est finalement le résultat, lors des
XVIIe,
XVIIIe
et XIXe
siècles, des succès des conquêtes, de la colonisation et du commerce
britanniques, mais elle s'est énormément accélérée avec l'émergence
des États-Unis comme grande puissance militaire majeure et chef de
file technologique après la Seconde Guerre mondiale. Le processus a
aussi été grandement facilité par la mise à disposition
d'importantes sommes en financement public et privé au cours de la
période de 1950 à 1970, possiblement les sommes les plus
considérables engagées dans l'histoire pour la propagation d'une
langue. |
L'agence
estime qu'environ la
moitié de la population du monde, c'est-à-dire trois milliards d'individus,
parlera l'anglais dans seulement une décennie, alors que deux milliards de
personnes seront profondément impliquées dans l'usage de cette langue. Déjà,
la situation est telle que le nombre des locuteurs de l'anglais
langue seconde dépasse celui des locuteurs «natifs» ou de langue maternelle
anglaise. Depuis quelques décennies, l'anglais est devenu la langue seconde dans
de nombreux pays qui sont témoins d'une bousculade folle, en particulier parmi
la jeune génération avide d'apprendre cette langue pour des raisons avant tout
économiques, mais également culturelles et pour favoriser aussi les
communications. En Asie seulement, on compte 350 millions d'utilisateurs de
l'anglais, ce qui correspond à la population réunie des États-Unis, de la
Grande-Bretagne et du Canada. Dans une décennie, 100 millions de Chinois
connaîtront l'anglais. Et ce n'est, semble-t-il, que le commencement!
Le rapport The Future of English? («l'avenir de l'anglais»)
publié par le British Council's English 2000 explore une série de possibilités
pour l'avenir de l'anglais avec un thème commun : le monde est en train de
changer et affectera notre utilisation de la langue. Le but premier de ce
rapport semble être de stimuler le débat sur l'avenir de l'anglais dans le monde
et ses implications pour les entreprises britanniques. Pour cette raison, le
rapport ne se risque pas à prédire un avenir précis, mais soulève de multiples
questions.
En effet, combien de locuteurs parleront l'anglais en 2050? À quelle sorte
d'anglais y aura-t-il lieu de s'attendre? Les gens vont-ils s'approprier les
ressources culturelles que leur offrira l'anglais ou emploieront-ils simplement
l'anglais comme langue véhiculaire ou comme outil pratique sur le plan
commercial? Quels seront les effets de la mondialisation sur le marché de la
langue anglaise? L'anglais devra-t-il faire face à l'apparition de grandes
communautés linguistiques qui défieront sa prédominance? Comment l'anglais
contribue-t-il à la modernisation économique des pays nouvellement
industrialisés? Est-ce qu'Internet restera le «vaisseau amiral» de la
mondialisation en anglais? La diffusion de l'anglais entraînera-t-elle la
disparition de plus de la moitié des langues du monde avant la fin du
XXIe siècle? Chose
certaine, il est peu probable que les grandes langues nationales, au nombre
d'environ une centaine, accepteront leur liquidation au profit de l'anglais.
Plus on examine de près les causes historiques et les tendances actuelles, plus
il devient clair que l'avenir des langues deviendra fort complexe.
D'ailleurs, c'est le point de vue du linguiste britannique
David Graddol, qui se préoccupe depuis
plusieurs années du sort des langues à l'échelle mondiale. Il a publié en 1997
un rapport de 130 pages sur le sujet; il est intitulé English Next.
Pour David Graddol, l'Europe actuelle serait en train de se désintégrer en
raison de ses nations et de ses langues nationales, qui correspondent à des
survivances de l'époque de la Renaissance et de l'avènement des médias que les
anglophones appellent la «modernity». Même si de nombreuses langues sont
appelées à disparaître, Graddol admet que, à côté de l'anglais, subsisteront
forcément d'autres grandes langues internationales, notamment le chinois,
l'espagnol et l'arabe, qui se feront alors concurrence. Autrement dit, l'anglais
ne deviendrait jamais la langue mondiale «à l'exclusion de toutes les autres»,
surtout en Asie et au Proche-Orient. Dans un article article intitulé «The
Future of English» publié en 2004 dans la revue Sciences, David Graddol a
formulé des hypothèses sur l'évolution des langues internationales en affirmant,
par exemple, qu'à l'avenir l'anglais ne serait plus la seule langue mondiale et
que, vers 2050, le chinois, l'hindi (et l'ourdou) et l'arabe deviendraient les
langues les plus utilisées.
N’oublions pas que la politique linguistique du Royaume-Uni actuel est le
résultat d'une longue tradition de répression exercée par l'Angleterre à
l'égard de ses voisins dont elle a conquis les territoires et assimilé toutes
les langues (gallois, gaélique écossais, irlandais, mannois, franco-normand,
cornique). Maintenant que les langues nationales minoritaires ne peuvent plus
constituer un danger pour l’anglais, leur survie étant devenue précaire, on
pourrait croire que le gouvernement de Sa Majesté peut maintenant se
payer le luxe de la générosité en accordant une certaine autonomie politique
aux Écossais, aux Gallois et au Irlandais, qui pourront tenter dorénavant de
restaurer leur langue ancestrale et de gérer leurs propres affaires. Pour gérer
leurs propres affaires, toutes les nations en sont capables, mais pour faire
revivre leur langue autrement qu'une langue folklorique, le défi est autrement
plus grand.
Il est vrai que les réformes du Royaume-Uni étaient nécessaires,
mais elles semblent arriver trop tard dans la mesure où l’assimilation est
devenue une réalité incontournable pour les minorités nationales (appelées
officiellement «minorités ethniques»). Malheureusement, plus rien n’empêchera
la très grande majorité des Écossais, des Gallois et des Irlandais (sans
parler des Mannois et des Anglo-Normands) de continuer à s’exprimer
naturellement en anglais dans leur vie quotidienne, à leur travail ou à l’école.
Peu importe les subventions gouvernementales de Sa Majesté, les
anciennes directives de l’Union européenne, la restauration des gouvernements
régionaux ou les campagnes de promotion linguistique, l’imaginaire collectif
de toutes les minorités nationales continuera de se manifester d'abord en anglais. Le
gallois, le gaélique écossais, l'écossais (Scots) et le gaélique irlandais risquent de demeurer des
«langues de décoration» qu’on trouvera dans les lois, les noms de rue, les
menus de restaurant, etc., mais pas dans la vraie vie. Ces langues ont plus de
chance de demeurer des symboles de l’identité collective des sujets
«autochtones» de Sa Majesté que de devenir des instruments de
communication généralisés dans la vie quotidienne. Il est trop tard!
Dernière mise à jour:
15 févr. 2024