Capitale: New Delhi |
Plan de l'article
1.
Situation géographique
2.
L'Union fédérale indienne 3.
Données démographiques |
4.
Les langues de l'Inde 5. Le
statut des langues
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Le nom officiel de l'Inde est
l'Union indienne (en français) ou Indian
Union (en anglais) ou encore Bharat Ganarajyá
(en hindi). Cette dénomination sert à désigner la
fédération,
c'est-à-dire l'Union fédérale. On
emploie aussi république de l'Inde pour désigner le pays. L'Inde est un grand État de 3,2 millions de km² (France: 543 965 km²; Canada: 9,9 millions km², Pakistan: 803 940 km²; Afghanistan: 647 500 km²). L'Inde est 5,8 fois plus grande que la France et occupe la septième plus grande superficie à l’échelle mondiale, après le Canada, la Russie, les États-Unis, la Chine, le Brésil et l'Australie. L'Inde est aussi la troisième puissance des «pays en voie de développement» après la Chine et le Brésil. Le pays est limité à l'ouest par la mer d'Oman et le Pakistan, au nord par la Chine, le Népal et le Bhoutan, à l'est par le Bangladesh, la Birmanie et le golfe du Bengale, au sud par le Sri Lanka et les îles Maldives. L'Inde comprend aussi les îles Laccadive à 300 km des côtes de l'État du Kerala, de même qu'un archipel au sud de la Birmanie, les îles Andaman (partie nord) et Nicobar (partie sud). |
L'Inde se divise en trois régions géographiques: les Himalaya dans le Nord, le plateau du Deccan dans le centre du pays et la plaine du Gange, une région fertile et densément peuplée dans le Sud. Le pays compte plus de 6000 km de côtes et est arrosé au nord par le Gange qui, né dans l'Himalaya, va se jeter 2700 km plus loin dans le golfe du Bengale proche de Calcutta.
L'Inde est une
fédération; c'est une
république fédérale constituée de 29 États fédérés et de sept
territoires fédéraux (voir la
carte de gauche). Ces
États fédérés sont les suivants:
Les sept territoires de l'Union sont les îles Andaman-et-Nicobar, Chandigarh, Dadra-et-Nagar-Haveli, Daman-et-Diu, Delhi (y compris la ville de New Delhi), les îles Lakshadweep (ou Laquedives ou Laccadive en français) et Pondichéry (Pondicherry). Selon le préambule de sa constitution, l'Inde est «une république souveraine, socialiste, laïque, démocratique» ("a Sovereign Socialist Secular Democratic Republic"). Elle tire son modèle parlementaire du système britannique. Comme les États-Unis et le Canada, l'Inde correspond à une forme fédérale de gouvernement. |
2.1 Le gouvernement central
Cependant, le gouvernement fédéral, officiellement appelé «gouvernement de l'Union» ("Union Governement"), mais généralement appelé «gouvernement central» ("Central Government") ou «gouvernement de l'Inde» ("Government of India"), y exerce un plus grand contrôle sur les États fédérés que dans des fédérations comme aux États-Unis, au Canada, en Allemagne, etc. En effet, le gouvernement central exerce ses larges prérogatives administratives au nom du président, dont les fonctions sont en grande partie cérémoniales. Le président et le vice-président sont élus au suffrage indirect pour une durée de cinq ans par un collège électoral spécial.
Le véritable pouvoir exécutif est aux mains du premier ministre et de son conseil des ministres. Le Parlement de l'Inde (le Sansad) est un parlement bicaméral comprenant deux Chambres: le Conseil des États (Rajya Sabha), la Chambre haute, et la Chambre du peuple (Lok Sabha), la Chambre basse. Ce sont les députés à la Lok Sabha qui élisent le premier ministre de l'Inde.
2.2 Les compétences des paliers de gouvernement
Dans la république de l'Inde, les compétences sont réparties entre le gouvernement central et les gouvernements des États. La Constitution indienne présente trois listes de compétences:
1. la liste de l'Union ("Union list") comprend les compétences réservées au gouvernement central, dont la défense, les affaires étrangères, la citoyenneté, les chemins de fer, les routes, aéroports, ports et infrastructures les plus importants, la monnaie, les banques et assurances, et le recensement ;
2. la liste de l'État ("State list") comprend les compétences réservées aux gouvernements des États, notamment l'ordre public, les prisons, la santé publique, l'alcool, l'agriculture, la pêche, la gestion de l'eau et certaines institutions culturelles ;
3. la liste concurrente ("Concurrent list") comprend les compétences sur lesquelles à la fois les États et l'Union peuvent légiférer, que ce soit les lois pénales, le mariage et la famille, les forêts, les syndicats, la sécurité sociale, l'éducation, l'électricité et la langue. Pour ces compétences partagées, si la loi d'un État est contraire à celle adoptée par le Parlement central, c'est cette dernière qui prévaut.
De plus, toutes les compétences qui ne sont pas dévolues aux États, c'est-à-dire les pouvoirs résiduels, reviennent automatiquement au gouvernement central. Si chacun des 29 États est autonome et doté de son parlement et de son exécutif (ainsi que sa fonction publique), les territoires de l'Union sont administrés directement par le gouvernement central. L’État du Jammu-et-Cachemire bénéficie d'un statut spécial d’autonomie garanti par l’article 370 de la Constitution de l'Inde; en principe, les lois indiennes ne s'appliquent pas dans cet État, sans son consentement. Tous les fonctionnaires des divers gouvernements du pays (États et territoires) sont recrutés par le gouvernement central qui peut les affecter indifféremment auprès du gouvernement de l'Union ou du gouvernement d'un État ou d'un territoire.
2.3 Les conflits et le «régime du président»
Par ailleurs, l'article 356 de la Constitution autorise le président de l'Union, après avis du gouvernement central, à suspendre le gouvernement élu d'un État et à faire exercer ses pouvoirs directement par le gouverneur de l'État. C'est ce qu'on appelle en Inde le "President's rule" (le «régime du président»), qui peut être invoqué dans le cas où l'appareil constitutionnel de l'État ne peut plus fonctionner, par exemple lorsque l'ordre public est perturbé ou lorsqu'une majorité n'est pas possible. Cependant, le President's rule ne peut pas perdurer indéfiniment; il est d'un maximum de six mois et ne peut être renouvelé après trois ans. Cette mesure d'exception démontre l'importance du gouvernement central dans la fédération indienne.
2.4 L'administration des territoires
Les sept territoires (Andaman-et-Nicobar, Chandigarh, Dadra-et-Nagar-Haveli, Daman-et-Diu, Delhi, Laccadive en français et Pondichéry) sont caractérisés par une certaine «infériorité» juridique. Sauf les territoires de Delhi et de Pondichéry, ils n'ont pas d'Assemblée législative ("Vidhan Sabh) ni de gouvernement local; ils sont administrés par le gouvernement central. Le gouvernement central est représenté dans le territoire par un «lieutenant-gouverneur» qui réside dans la capitale locale.
Comparativement aux États indiens, les territoires ont une population de faible importance, ne comptant que quelques dizaines ou centaines de milliers d'habitants, soit entre 50 000 et un million d'habitants. De plus, les territoires sont souvent situés, à l'exception de Delhi, dans des régions géographiques marginalisées, que ce soit des îles (Andaman-et-Nicobar) ou des districts morcelés (Pondichéry). Il est possible que certains de ces territoires puissent accéder éventuellement au statut d'État indien.
Avec 1,2 milliard d'habitants, l’Inde représentait au recensement de 2011 environ un sixième de la population de l’humanité (1,3 milliard en 2015). Démographiquement, elle se place au deuxième rang mondial après la Chine. Les groupes ethniques sont nombreux et comptent principalement des Indo-Aryens (72%), des Dravidiens (25%) et des Asiatiques (3%).
3.1 La répartition inégale des ethnies
Parmi les principales ethnies, on distingue les Hindi, les Ourdous, les Bengali, les Marathes, les Assamais, les Sindhi, les Oriya, les Panjabi, les Cachemiriens (Kashmiri), les Népalais (Népali), les Télougous, les Tamouls, les Kannada et les Malayalam. Les quatre dernières ethnies sont des peuples dravidiens, alors que les autres sont des Indo-Aryens (ou Indo-Iraniens appartenant aux Indo-Européens).
Les Indiens sont répartis très inégalement entre les États. Par exemple, l'État du Sikkim ne compte que 607 000 habitants, alors que l'État de l'Uttar Pradesh atteint pratiquement les 200 millions d'habitants; on dénombre 16,7 millions d'habitants dans le territoire fédéral de Delhi (code 7) , mais seulement 64 000 aux îles Laccadive (code 31). Il suffit de consulter le tableau ci-dessous pour constater les disparités démographiques entre les États indiens. Quant aux codes, ils renvoient à une carte politique des États qu'on peut consulter en cliquant ICI.
Code | État | Capitale | Superficie (km²) | |
---|---|---|---|---|
1 | Jammu-et-Cachemire | Srinagar | 101 387 | 12 548 926 |
2 | Himachal Pradesh | Simla | 55 673 | 6 856 509 |
3 | Panjab (Punjab) | Chandigarh | 50 362 | 27 704 236 |
5 | Uttarakhand (Uttaranchal) | Dehra Dun | 53 483 | 10 116 752 |
6 | Haryana | Chandigarh | 44 212 | 25 353 081 |
8 | Rajasthan | Jaipur | 342 239 | 68 621 012 |
9 | Uttar Pradesh | Lucknow | 240 928 | 199 581 477 |
10 | Bihār | Patna | 94 163 | 103 804 637 |
11 | Sikkim | Gangtok | 7 096 | 607 688 |
12 | Arunachal Pradesh | Itanagar | 83 743 | 1 382 611 |
13 | Nagaland | Kohima | 16 579 | 1 980 602 |
14 | Manipur | Imphal | 22 327 | 2 721 756 |
15 | Mizoram | Aizawl | 21 081 | 1 091 014 |
16 | Tripura | Agartala | 10 486 | 3 671 032 |
17 | Meghalaya | Shillong | 22 429 | 2 964 007 |
18 | Assam | Dispur | 78 438 | 31 169 272 |
19 | Bengale occidental | Kolkata (ex-Calcutta) | 88 752 | 91 347 736 |
20 | Jharkhand | Ranchi | 79 714 | 32 966 238 |
21 | Orissa | Bhubaneswar | 155 707 | 41 947 358 |
22 | Chhattīsgarh | Raipur | 135 191 | 25 540 196 |
23 | Madhya Pradesh | Bhopal | 308 245 | 72 597 565 |
24 | Gujarat | Gandhinagar | 196 022 | 60 383 628 |
27 | Maharashtra | Mumbai | 307 713 | 112 372 972 |
28 | Andhra Pradesh (après 2014) | Hyderabad | 275 069 | 49 665 533 |
29 | Karnataka | Bangalore | 191 791 | 61 130 704 |
30 | Goa | Panaji | 3 702 | 1 457 723 |
32 | Kerala | Thiruvananthapuram | 38 863 | 33 387 677 |
33 | Tamil Nadu | Chennai | 130 058 | 72 138 958 |
- | Télangana (2014) | Hyderabad | 114 840 | 35 193 978 |
Territoire de l'Union | ||||
4 | Chandigarh | Chandigarh | 114 | 1 054 686 |
7 | Delhi | Delhi | 1483 | 16 753 235 |
25 | Daman-et-Diu | Daman | 112 | 242 911 |
26 | Dadra-et-Nagar-Haveli | Silvassa | 491 | 342 853 |
31 | Laccadive (Lakshadweep) | Kavaratti | 32 | 64 429 |
34 | Pondichéry (Puducherry) | Puducherry | 480 | 1 244 464 |
35 | Andaman-et-Nicobar | Port Blair | 8249 | 379 944 |
TOTAL | 3 166 414 | 1 210 193 422 |
Source:
Provisional Population
Totals : India, Census
of India 2011. Note 1: Les données démographiques correspondent au résultats préliminaires du recensement tenu au commencement de 2001. Note 2: La capitale du Panjab (3), celle de l'Haryana (6) et celle d'un territoire de l'Union (4) portent le nom de Chandigarh. Note 3: L'Uttarakhand, le Jharkand et Chhattisgarh proviennent de divisions récentes à partir des États de l'Uttar Pradesh, du Bihar et du Madhya Pradesh. |
En analysant le tableau ci-dessus, on constate que dix États (Rajasthan, Uttar Pradesh, Bihar, Bengale occidental, Madhya Pradesh, Gujarat, Maharashtra, Andhra Pradesh, Karnataka et Tamil Nadu) comptent une population de plus de 50 millions d'habitants. Dans d'autres contextes politiques, il y aurait là de quoi faire plusieurs pays!
3.2 Les réfugiés
Dans cette région du monde, l'Inde, le Népal et Sri Lanka offrent l'asile à un nombre considérable de réfugiés, même si ces États ne sont pas signataires de la Convention du 28 juillet 1951 relative au statut des réfugiés, dite «Convention de Genève». Non seulement l'Inde n’a pas adopté les textes internationaux de l'Onu, mais elle n’a pas davantage de législation nationale en matière de réfugiés. Relevant de la Foreigners Act de 1946, les réfugiés sont considérés comme des «étrangers» et définis comme des «personnes qui ne sont pas des citoyens de l’Inde» (en anglais: "a person who is not a citizen of India" (Foreigners Act 1946, art. 2-a). Voici les articles 3 et 4 de la Convention de Genève concernant la non-discrimination, notamment en matière de religion :
Article 3 Non discrimination Les États contractants appliqueront les dispositions de cette convention aux réfugiés sans discrimination quant à sa race, la religion ou le pays d’origine. Article 4 Religion Les États contractants accorderont aux réfugiés sur leur territoire un traitement au moins aussi favorable que celui accordé aux nationaux en ce qui concerne la liberté de pratiquer leur religion et en ce qui concerne la liberté d’instruction religieuse de leurs enfants. |
L'Agence des Nations unies pour les réfugiés coopère avec les gouvernements de ces pays, ainsi qu'avec les ONG et d'autres parties prenantes, afin de protéger et d'assister les réfugiés relevant de sa compétence, et pour trouver des solutions durables à leur intention.
Depuis l'indépendance du pays en 1947, plusieurs grandes crises se sont produites dans le Sud-Asiatique en générant un nombre important d'entrées sur le territoire : réfugiés de la partition du sous-continent en 1947, réfugiés tibétains depuis 1959, réfugiés du Pakistan oriental au début des années 1960, puis les Bengalis en 1971, les Afghans à partir de 1979, les Tamouls sri lankais depuis 1983, les Birmans à partir de 1988, les Bhoutanais dans les années 1990, etc.
À la fin de 2001, environ 345 000 réfugiés vivaient en Inde, dont quelque 144 000 Srilankais (au Tamil Nadu), 110 000 Tibétains (en provenance de la Chine, 52 000 Birmans (dans les États de Mizoram et de Nagaland), 15 000 Bhoutanais (dans les États d'Assam et du Bengale occidental), 12 000 Afghans et de 5000 à 20 000 Bengalideshi (du Bengale occidental). De ce nombre, il faut encore ajouter plus de 500 000 citoyens indiens qui ont été déplacées à l'intérieur de l'Inde en raison de la violence politique, dont environ 350 000 Kashmiri et, dans le nord-est de l'Inde, plus de 157 000 autres. L'Inde a accordé des visas temporaires à un petit nombre de réfugiés reconnus comme «politiques», mais les autres sont considérés comme des «immigrants économiques» ou des «intrus», et ils sont logés dans des camps ou pourchassés comme du bétail par les forces de sécurité.
3.3 Les religions
On peut affirmer que c'est la religion qui «gouverne» l'Inde, car elle est à l'origine de très nombreux conflits qui ont ensanglanté le pays, notamment entre les hindous et les musulmans. Il existe une vingtaine de religions en Inde, mais sont les hindouistes qui, de loin, sont les plus nombreux (80,4 %) devant les musulmans (13,4 %), dont la plupart résident dans le Nord-Ouest (comme au Jammu-et-Cachemire). Les autres confessions regroupent, à l'échelle de l'Inde, de petites communautés: les chrétiens (2,3 %), surtout au sud, les bouddhistes (1 %), les sikhs (essentiellement au Panjab), les jaïns (beaucoup au Gujarat), les parsis (à Bombay) et les juifs.
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Il existe plus de 1600 langues en Inde, dont
398 sont officiellement répertoriées. Cependant, seulement 40 langues sont parlées
par plus d'un million de locuteurs et rassemblent plus de 850 millions de personnes,
soit 85 % de la population du pays. Cela signifie que moins de 10 % des
langues sont parlées par la très grande majorité de la population et que
90 % des langues de l'Inde ne sont utilisées que par 15 % des locuteurs indiens.
De façon schématique, l'Inde est divisée en deux grands groupes linguistiques: les langues de la famille indo-européenne au nord et les langues de la famille dravidienne au sud. Ce sont les monts Vindhya et la rivière Narmada dans l'Inde centrale, qui traditionnellement tracent la frontière entre le Nord et le Sud, même si les langues indo-européennes (ou indo-iraniennes) occupent une partie du sud de l'Inde. Les langues indo-iraniennes de l'Inde comptent près d’un milliard de locuteurs en Asie du Sud, alors que près de 250 millions de locuteurs sont recensés dans la famille dravidienne (pour une trentaine de langues). Enfin, aux groupes indo-iranien et dravidien s’ajoutent deux autres groupes linguistiques distincts : des langues sino-tibétaines (comme le tibétain) et des langues austro-asiatiques (comme le munda ou le nicobarais). Les linguistes estiment qu'environ 200 langues dites «tribales» (sur probablement 900) sont envoie de disparition en Inde. |
4.1 Les principales langues indiennes
L'hindi prédomine dans le Nord (180 millions de locuteurs), mais le télougou et le tamoul demeurent les langues les plus employées dans le Sud. Toutefois, l'assamais, le bengali, le gujarati, le kannada, le kashmiri, le malayalam, le marathi, l'oriya, le panjabi et l'ourdou, de même que l'hindoustati, sont également très employés. De plus, l'anglais (dit «l'anglo-indien») permet la communication entre les Indiens de langues différentes. Si l'hindi est parlé par 180 millions de locuteurs (18 %) comme langue maternelle, il est utilisé par plus de 365 millions de locuteurs (36 %, voire à divers degrés par près de 50 % des Indiens). Le tableau qui suit présente les 40 langues numériquement les plus importantes en terme de locuteurs.
Parmi ces 40 langues, lhindi est certes la langue la plus importante du pays. Parlé comme langue maternelle par 180 millions de locuteurs et, comme langue seconde, par 340 à 400 millions dautres, l'hindi est utilisé, à des degrés divers, par plus de 50 % des Indiens. Cest pourquoi lhindi jouit du statut de langue officielle nationale, statut quil partage avec langlais, lancienne langue coloniale.
Parmi les autres langues parlées par plus de 25 millions de locuteurs, mentionnons le bengali (70,5), le télougou (69,6 M), le marathi (68 M), le tamoul (61,5 M), l'ourdou (48 M), le goujarati (45,4 M), le kannada (35,4 M), le malayalam (35,3 M), l'oriya (31,6 M) et le panjabi (27 M). Cet ensemble regroupes plus de 636 millions de locuteurs, soit 64 % des Indiens.
Rappelons que l'hindi et l'ourdou ne forment en réalité qu’une seule et même langue, mais l’hindi s’écrit avec l’alphabet devanagari et l’ourdou avec l’alphabet arabo-persan (voir l'hindoustati). Les deux langues partagent le même lexique formé d'emprunts au sanskrit, au persan, à l'arabe et à l'anglais, mais alors que l'hindi a privilégié davantage le recours au sanskrit, l'ourdou a puisé davantage dans les sources arabo-persiques.
Par ailleurs, les 40 langues parlées par plus d'un million de locuteurs rassemblent plus de 850 millions de personnes, soit 85 % de la population du pays. Il reste donc des centaines de langues — au moins 1500 — pour moins de 140 millions de personnes, c'est-à-dire l'équivalent de 93 langues par tranche d'un million de personnes. Toutes ces langues s'écrivent avec des alphabets plus ou moins différents.
4.2 Les familles linguistiques
L'Inde est divisée linguistiquement en deux grands grands groupes linguistiques:
(1) les langues indo-iraniennes (de la famille indo-européenne ) regroupant 74,2 % de la population (ou 742 millions de locuteurs) – dans les États du Nord (hindi, panjabi, ourdou, bengali, rajasthani, etc.);
(2) les langues dravidiennes regroupant 23,8 % de la population (ou 238 millions de locuteurs) – dans les États du Sud (télougou, tamoul, kannada, malayalam, etc.).
À l'intérieur de ces deux aires, dans le centre du pays, on retrouve un certain nombre de langues austro-asiatiques (1,1 % de la population ou 11,6 millions de locuteurs) et, tout au nord, des langues sino-tibétaines (0,8 % ou 8 millions de locuteurs). On peut consulter la carte linguistique de l'Inde.
Toutes les langues indo-iraniennes dérivent des prakrits, langues usuelles de l'Inde ancienne, issues elles-même, plus ou moins directement, du sanskrit. Les principaux prakrits sont l'ardha-magadhi, l'avanta, la magadhi, la maharashtri et la shauraseni. Ces prakrits avaient fait de nombreux emprunts aux langues non indo-européennes de l'Inde, dont les langues dravidiennes.
Les langues dravidiennes (tamoul, télougou, kannada et malayalam) sont massivement parlée dans le sud de l'Inde ainsi qu'au Sri Lanka. Ce sont des langues qui se ressemblent assez étroitement et leurs alphabets respectifs ont de nombreux points communs.
On peut résumer la répartition des familles linguistiques de la façon suivante, selon les donnée du recensement 2001:
Familles linguistiques de l'Inde
Familles linguistiques | Nombre des langues | Locuteurs dont la langue maternelle est déclarée |
Pourcentage de la population totale |
1. Indo-européenne |
21 |
790 627 060 |
76,86 % |
(b) Iranienne | 2 | 22 774 | 0,00 % |
(c) Germanique | 1 | 226 449 | 0,02 % |
2. Dravidienne | 17 | 214 172 874 | 20,82 % |
3. Austro-asiatique | 14 | 11 442 029 | 1,11 % |
4. Sino-tibétaine (tibéto-birmane) | 66 | 10 305 026 | 1,00 % |
5. Chamito-sémitique | 1 | 51 728 | 0,01 % |
Total | 12 | 1 026 847 940* | 99,82 %* |
* Le reste des 1 762 388 (0,17 %) de la population totale indienne (1 028 610 328) comprend les 1 635 280 locuteurs de ces langues et des langues maternelles qui n'étaient pas identifiées ou parlées par moins de 10000 locuteurs dans toute l'Inde. De plus, la population de 127 108 individus de l'État de Manipur n'a pas été incluse dans les données linguistiques, car les résultats du recensement de 2001 ont été annulés dans trois districts du Manipur.
Liste des langues
du recensement 2001 par famille |
1.
INDO-EUROPÉENNE (a) GROUPE INDIEN 1. Assamais 2.
bengali 3. bhili/bhilodi 4. bishnupuriya 5. dogri
6. gujarati 7. halabi 8. hindi 9. kashmiri
10. khandeshi 11. konkani 12. lahnda (b)
GROUPE IRANIEN 1. Afghan/pachtou 2. persan (farsi). (c) GROUPE GERMANIQUE
1. Anglais |
2.
DRAVIDIENNE 1. Coorgi/kodagu 2.
gondi 3. jatapu 4. kannada 5. khond/kondh 6.
kisan 7. kolami 8. konda
9. koya
10. kui
11. kurukh/oraon 12. malayalam 13. malto 14. parji
15. tamoul 16. télougou 17. toulou (tulu).
|
3.
AUSTRO-ASIATIQUE 1. Bhumij 2.
gadaba 3. ho 4. juang 5. kharia 6. khasi
7. koda/kora
8. korku
9. korwa
10. munda
11. mundari 12. nicobarais 13. santali 14.
savara. |
4.
SINO-TIBÉTAINE (GROUPE TIBÉTO-BIRMAN 1. Adi 2. anal
3. angami 4. ao 5. balti 6. bhotia 7. bodo
8. chakesang 9. chakru/chokri
10. chang
11. deori
12. dimasa
13. gangte
14. garo
15.
halam |
5. AFRO-ASIATIQUE (SÉMITIQUE)) 1. Arabe.
|
4.3 Les alphabets ou alpha-syllabaires
Les langues indo-iraniennes et dravidiennes s'écrivent
avec une douzaine d'alphabets différents dont l'alphabet devanagari (signifiant
«dieu de la ville»: l'écriture du sanskrit), l'alphabet bengali, l'alphabet
arabo-persan, l'alphabet gurmukhi, l'alphabet gujrati, l'alphabet oriya,
l'alphabet télougou, l'alphabet kannada, l'alphabet malayalam, l'alphabet
tamoul, l'alphabet latin et l'alphabet tibétain.
En réalité, ces alphabets sont des écritures alphasyllabaires. Situé à mi-chemin entre un syllabaire et un alphabet, un alphasyllabaire consiste en des signes représentant des syllabes dotées d'une voyelle par défaut et d'autres signes modifiant, remplaçant ou supprimant cette voyelle par défaut. Cette énumération d'alphabets peut paraître décourageante pour certains, mais dans la pratique la situation n'est pas aussi confuse qu'elle semble l'être. Par exemple, le devanagari, qui se lit de gauche à droite, est utilisé par l'hindi et un certain nombre d'autres langues qui en sont proches, comme le bihari, la marathi et le népali. Des écritures comme le gourmoukhi ou le bengali sont directement dérivées du devanagari et, si elles sont suffisamment distinctes pour ne pas être lisibles sans initiation, il suffit de peu de temps pour en apprendre une à partir d'une autre. Le terme devanagari provient du sanskrit: deva («divin») et nagari («citadine»), soit «citadine divine» ou plus précisément «écriture de la ville». |
Dans l'Inde du Sud et
au Sri Lanka — où l'influence
bouddhique s'est maintenue — les alphabets
dravidiens employés sont plus proches du
pali (une langue indo-iranienne
parlée autrefois en Inde, mais encore utilisée comme langue liturgique dans le
bouddhisme theravâda)
que du nâgarî.
Néanmoins, le
système des voyelles est assez similaire à celui du devanagari. Il faut aussi préciser que pour de nombreuses lettres, que l'alphabet vienne du devanagari du pali, il existe des analogies de forme, des similitudes de mouvement de la main entre ces écritures, ce qui facilite leur mémorisation. Les écritures de type indien ont inspiré de nombreuses autres langues, dont le tibétain, le thaï, le khmer, etc.
L'écriture appelée nâgarî (littéralement « Rappelons que, pour sa part, l'ourdou utilise un alphabet arabo-persan, très différent des alphabets nâgarî employés pour les langues indiennes. |
Étant donné le grand nombre des langues parlées dans le pays, on comprendra que toutes ces langues n'ont pas le même statut. Une stricte hiérarchie a été instituée.
5.1 L'hindi et l'anglais
Au somment de la hiérarchie, figurent l’hindi et l’anglais, les deux langues officielles de l'Union indienne (fédération). Si l'hindi est resté, pour une grande partie de la population habitant le Sud, une langue seconde, l'anglais demeure, encore aujourd'hui, une langue étrangère. Cependant, contrairement à l’hindi perçu comme la langue de la caste dirigeante hindoue, l’anglais a l’avantage d’être considéré comme une langue «neutre» permettant de communiquer avec un plus grande nombre de locuteurs. Autrement dit, l'anglais sert de langue véhiculaire entre les peuples de l'Union indienne. C’est aussi la langue de la technologie, de la modernité et du développement économique. Par opposition, l'hindi officiel reste relativement obscur aux classes populaires indiennes; il a même tendance à devenir, surtout dans le Sud, un symbole de l'oppression et du pouvoir de l'État central, alors que l'anglais semble une langue qui garantit de meilleurs emplois. N'étant lié à aucune communauté régionale ou religieuse, l'anglais incarne aux yeux de nombreux Indiens «la langue où l'idée de la nation indienne peut le mieux s'exprimer», bien qu'elle reste une langue étrangère inaccessible au plus grand nombre. Cela étant dit, seulement 5 % des Indiens parlent l'anglais couramment; contre près de 30 % pour l'hindi. En revanche, de 85 % à 90 % des Indiens parlent la langue officielle de leur État respectif.
5.2 Les langues constitutionnelles
Depuis le mois de mai 2007, on compte
aussi 22 langues dites
constitutionnelles. Dans la
Constitution de l'Inde, il existe une disposition prévoyant pour chacun des
États indiens une ou des langues officielles. Les langues choisies peuvent être
employées à des fins officielles et être inscrites dans la
Eighth Schedule
ou 8th Schedule (Annexe VIII) de la Constitution. Jusqu'à
l'Amendement 21 (''Twenty-First Amendment'') de la Constitution de 1967, le pays
reconnaissait 14 langues constitutionnelles, puis 18 jusqu'en 1992, avec
l'Amendement 71 qui a prévu l'insertion de quelques autres langues (konkani,
manipouri, népali). À partir de mai 2007, avec le 100e Amendement, le nombre des
langues mentionnées dans la Eighth Schedule
(Annexe VIII) a été augmenté
à 22 (bodo, dogri, santali et maithili).
Avec l’hindi, ces langues sont les
suivantes: l'assamais, le bengali, le bodo, le dogri, le gujarati, l'hindi, le
kannada, le kashmiri, le konkani, le maithili, le malayalam, le manipouri, le
marathi, le népali, l'oriya, le panjabi, l'ourdou, le sanskrit, le santali, le
sindhi, le tamoul et le télougou. Le sanskrit est aux langues
indiennes ce qu’est le latin pour le français, l’espagnol, l’italien,
etc. Cette ancienne langue religieuse, aujourd’hui une langue morte, n’est parlée
par à peu près personne, mais quelque milliers de spécialistes (historiens,
linguistes, religieux, etc.) l'utilisent comme langue seconde; on lui a donc gardé
son statut symbolique.
Ces 22 langues constitutionnelles sont officielles dans les États suivants:
Si l’on fait exception du sanskrit, les 22 langues constitutionnelles regroupent à elles seules plus de 70 % de la population. Toutes ces langues jouissent des avantages de leur statut: elles sont utilisées dans les parlements locaux, les écoles, les administrations, les médias, les commerces, etc.
Hindi (groupe indo-aryen) | 180 millions | Bengali (groupe indo-aryen) | 70,5 millions |
Télougou (famille dravidienne) | 69,6 millions | Marathi (groupe indo-aryen) | 68 millions |
Tamoul (famille dravidienne) | 61,5 millions | Ourdou (groupe indo-aryen) | 48 millions |
Gujarati (groupe indo-aryen) | 45,4 millions | Kannada (famille dravidienne) | 35,3 millions |
Malayalam (famille dravidienne) | 35,3 millions | Oriya (groupe indo-aryen) | 31,6 millions |
Panjabi (groupe indo-aryen) | 27 millions | Assamais (groupe indo-aryen) | 15,3 millions |
Népalais (groupe indo-aryen) | 6,5 millions | Konkani (groupe indo-aryen) | 6 millions |
Kashmiri (groupe indo-aryen) | 3,3 Millions | Sindhi (groupe indo-aryen) | 2,8 millions |
Manipouri (groupe indo-aryen) | 1,2 million | Sanskrit (groupe indo-aryen) | env. 3000 individus |
5.3 Les langues officielles des États et territoires
Les langues officielles (''scheduled languages'') sont des langues dites répertoriées et incluses dans la ''Eighth Schedule'' (Annexe VIII) de la Constitution indienne. Elles sont au nombre de 22. Les langues non répertoriées (''non-scheduled languages'') sont plus d'une centaine et comprennent des langues maternelles parlées par plus de 10 000 locuteurs.
Les langues officielles des États indiens sont fort nombreuses, car chacun des États indiens peut choisir la ou les langues officielles qu'il désire, y compris parmi les langues «non répertoriées». Autrement dit, il est possible qu'un État choisisse une langue officielle qui n'est pas une langue constitutionnelle. Par exemple, le chhattisgarhi est co-officiel avec l'hindi dans l'État de Chhattisgar. Cela dit, l'hindi est une langue officielle dans de nombreux États: Bihar, Gujerat, Haryana, Himachal Pradesh, Madhya Pradesh, Maharashtra, Rajasthan, Uttar Pradesh et les territoires de Delhi, d'Andaman-et-Nicobar, etc. L'ourdou également: Jammu-et-Cachermire, Uttarakhand, Bihar, Jharkhand et Andhra Pradesh. L'anglais est co-officiel dans les États ou territoires de Kerala, Mysore, Nagaland, Orissa, Goa, Andaman-et-Nicobar, Chandigarh, Dadra-et-Nagar-Haveli, Delhi, îles Laccadive, Manipour, Pondichéry, Daman-et-Diu et Delhi.
Les autres langues sont l’assamais, le bengali, le bhojpouri, le bhoutia, le garo, le goujarati, l’haryanvi, l’hindi, le kannada, le kashmiri, le khasi, le konkani, le kuki, le lushai, le malayalam, le manipouri, le marathi, le marwadi, le miau, le mizo, le naga, le népali, l’oriya, l’ourdou, le pahadi, le panjabi, le rajasthani, le sindhi, le tamoul, le télougou et le tripouri (kokborok). À ces langues il faut ajouter, bien sûr, l’anglais mais aussi le français dans le territoire de Pondichéry où le français n'est pas une langue constitutionnelle, mais il a conservé son statut symbolique de langue co-officielle avec le tamoul, le malayalam, le télougou et l'anglais. Quelques-unes des langues co-officielles sont employées dans les parlements locaux, les autres sont reconnues dans les services administratifs locaux et elles sont également enseignées et diffusées dans les médias électroniques ou écrits.
Code |
État |
Population (2001) |
Langues officielles*
|
---|---|---|---|
1 | Jammu-et-Cachemire | 10 069 917 |
ourdou* ; kashmiri, hindi, dogri, panjabi, etc. |
2 | Himachal Pradesh | 6 077 248 |
hindi*; pahadi |
3 | Panjab | 24 289 296 | panjabi* ; sindhi, hindi, ourdou |
5 | Uttarakhand (ex-Uttaranchal) | 8 479 562 | hindi* / ourdou* / anglais* |
6 | Haryana | 21 082 989 | hindi* ; panjabi, ourdou, anglais |
8 | Rajasthan | 56 473 122 | hindi* ; rajasthani, ourdou, marwadi |
9 | Uttar Pradesh | 166 052 859 |
hindi* / ourdou* ; bhojpouri, pahadi, etc. |
10 | Bihār | 82 878 796 | hindi* / ourdou* ; maithili, bhojpouri, magahi, bengali |
11 | Sikkim | 540 493 |
népali*, bhotia*, lepcha*, limbo*; anglais, hindi |
12 | Arunachal Pradesh | 1 091 117 |
anglais* ; hindi, assamais, bengali |
13 | Nagaland | 1 988 636 |
anglais* ; naga |
14 | Manipur | 2 388 634 |
manipouri* (meitei) ; anal, gangte, hmar, kabui, liangmei |
15 | Mizoram | 891 058 | mizo* ; goujarati, lushai, miau |
16 | Tripura | 3 191 168 | tripouri* (kokborok) / bengali* / anglais* ; kuki |
17 | Meghalaya | 2 306 069 | anglais* ; garo, khasi |
18 | Assam | 26 638 407 | assamais* ; bengali*, bodo* |
19 | Bengale occidental | 80 221 171 | bengali* ; népali* |
20 | Jharkhand | 26 909 428 | hindi* ; ourdou, maithili, bhojpouri |
21 | Orissa | 36 706 920 | oriya* |
22 | Chhattīsgarh | 20 795 956 | hindi* / chhatisgarhi* |
23 | Madhya Pradesh | 60 385 118 | hindi* ; marathi, ourdou |
24 | Gujarat | 50 596 992 | gujarati* / hindi* |
27 | Maharashtra | 96 752 247 | marathi* ; hindi |
28 | Andhra Pradesh | 75 727 541 | anglais* ; télougou, ourdou |
29 | Karnataka | 52 733 958 | kannada* |
30 | Goa | 1 343 998 |
konkani* ; marathi |
32 | Kerala | 31 838 619 | malayalam* / anglais* |
33 | Tamil Nadu | 62 110 839 | tamoul* |
5.4 Les langues mineures et les langues tribales
Tout au bas de l’échelle, figurent des centaines de petites langues parlées par moins de 10 000 locuteurs : ce sont, d'une part, les «langues mineures» (''minor languages'' ou ''non-scheduled languages''), d'autre part, les «langues tribales» (''tribal languages'').
- Les langues mineures
Parmi ces langues mineures, il faut distinguer les «langues régionales» (''Regional languages''), celles qui sont reconnues comme officielles dans des districts ou zones, et les autres, les «langues indigènes» (''indigenous languages'').
Les langues mineures désignent les langues parlées par un petit nombre de locuteurs plus ou moins concentrés dans un secteur et qui n'ont jamais été largement employées dans le passé. Ces langues comprennent en principe les langues tribales. Le dogri, le konkani, le tulu, le khandeshi, le banjara, etc., peuvent être cités comme des langues mineures, mais pas les langues tribales bien connues comme le santali, le bhili, le gondi, le kodagu, etc., malgré leur grand nombre de locuteurs.
On peut consulter trois listes de «langues mineures» pour un total de 302 langues:
- celles parlées entre un million et plus de 50 000 locuteurs (79 langues);
- celles parlées entre 49 000 et 10 000 locuteurs (105 langues);
- celles parlées par moins de 10 000 locuteurs (118 langues).
- Les langues tribales
Les langues tribales sont officiellement reconnues selon la Constitution indienne comme des Scheduled Tribes, c'est-à-dire des «tribus répertoriées», dont le nombre est d'environ 250. On distingue les «langues tribales répertoriées» (''notified tribal languages'') et les «langues tribales non répertoriées» (''non-notified tribal languages'').
Les «langues tribales» sont parlées en principe par les aborigènes de l'Inde. Malheureusement, les gouvernements des États n'ont pas été en mesure d'utiliser une méthodologie adéquate afin que de rassembler l'information quant à leur usage en éducation, dans les médias, les publications, etc.
Ces langues sont rarement enseignées au primaire, mais elles demeurent néanmoins sous la supervision d’un commissaire aux minorités linguistiques («Commissioner Linguistic Minorities»), qui émet des recommandations aux différents gouvernements des États. Plusieurs de ceux-ci espèrent secrètement que les nombreuses petites langues de leurs administrés auront disparu avant même d’avoir été enseignées.
5.5 Les «langues classiques en Inde»
En 2004, le gouvernement central a proposé un nouveau statut: les «langues classiques» (en anglais: "Classical Language in India"). Afin de correspondre aux langues dites «classiques», il faut répondre à certains critères.
- les premiers textes doivent avoir été produit dès la Haute Aantiquité, c'est-à-dire avoir été consignés sur une période de 1500 à 2000 ans;
- un corpus littéraire considéré comme un patrimoine précieux par des générations de locuteurs;
- la tradition littéraire doit être originale et non empruntée à une autre communauté linguistique;
- la langue et la littérature classiques doivent être distinctes des formes plus tardives.
Jusqu'à présent, les langues déclarée «classiques» sont le tamoul (en 2004), le sanskrit (en 2005), le kannada (en 2008), le télougou (en 2008), le malayalam (en 2013) et l'oriya ou odia (en 2014).
Selon la Résolution n° 2-16/2004-US de l'Inde (Resolution No. 2-16/2004-US, Akademies), en date du 1er novembre 2004, les avantages qui en résultent pour une langue déclarée «classique» sont les suivants:
1) Deux grands prix internationaux attribués chaque année ont été créés pour les chercheurs éminents dans les langues classiques indiennes;
2) Un «centre d'excellence pour les études en langues classiques» ("Centre of Excellence for Studies in Classical Languages") a été mis en place.
5.6 Le rôle de l’anglais
Langlais bénéficie dun statut particulier dans ce pays extrêmement multilingue. Ancienne langue coloniale, langlais possède lavantage de nêtre la langue daucune ethnie, en plus davoir acquis un statut international unique. Lors de l'indépendance, l'opposition entre les musulmans (à majorité ourdou) et les hindouistes (à majorité hindi) aboutit, malgré les efforts de Gandhi pour faire adopter une forme intermédiaire, l'hindoustani, susceptible, selon lui, d'unifier – au moins en partie – le pays, à la création du Pakistan, État musulman ayant l'ourdou pour langue officielle.
En 1958, la Constitution indienne mit en place une solution provisoire: la langue coloniale, l'anglais, devait rester langue officielle commune pendant quinze ans et être remplacé par l'hindi en 1963, tandis que les États constituant l'Union auraient le choix de leurs langues officielles respectives. Mais il se révéla impossible de remplacer l'anglais par l'hindi, en raison des États du Sud, où l'on parle des langues dravidiennes, qui s'y opposèrent. Ils estimèrent que lÉtat fédéral tentait dimposer lhindi dans tous les États du pays, y compris ceux du Sud, et ont préféré utiliser langlais, une langue apparemment plus «acceptable». L'Official Language Act de 1963 instaura alors l'anglais et l'hindi comme langues utilisées au Congrès, tandis que les États et les territoires conservèrent le choix de leurs langues officielles.
Aujourd'hui, non seulement langlais est largement utilisé dans plusieurs parlements indiens dont celui de Delhi, mais aussi dans de nombreuses administrations politiques des États, jusque dans les formulaires et les symboles tels que les timbres et les billets de banque. Langlais est même la langue la plus utilisée dans les affaires et les activités commerciales entre les États.
- Les opposants à l'anglais
L’anglais est donc devenu une langue dite «unificatrice» et, notamment pour cette raison, il est enseigné dans la plupart des États de la fédération. À l'opposé, c'est aussi une langue que plusieurs dénoncent comme portant préjudice aux langues indiennes et dravidiennes. L'anglais est devenu l'une des principales cibles des nationaliste indiens qui voudraient bien le faire disparaître du pays! Ainsi, M. Mulayam Singh Yadav, alors qu'il exerçait en 1997 la fonction de ministre de la Défense, jura à Chennai (Madras) que lui et ses partisans ne prendraient pas de repos avant que l’usage de l’anglais ne soit totalement éliminé du pays: «L'anglais doit être évincé des bureaux et des écoles pour l'hindi et l'hindi seulement!» Selon lui: «L'anglais n'est pas une langue internationale, seulement sept pays dans le monde l'emploient comme langue officielle.» Il aurait été plus juste de préciser «comme langue maternelle». Mulayam Singh Yadav a déclaré publiquement qu'il ne lirait plus les documents rédigés en anglais lorsqu'ils étaient envoyés à son bureau. Il a ensuite ordonné de créer des centres de formation pour l'étude de huit langues indiennes. Il ajoutait encore à propos des écoles secondaires de l'Uttar Pradesh (son État d'origine) qu'elles formaient «des citoyens corrompus et malhonnêtes» et qu'elles devaient être fermées, ce qui n'a pas empêché ce politicien d'envoyer son propre fils dans une école anglaise. Par la suite, certains toponymes anglais ont même été remplacés par des équivalents indiens (p. ex., Mumbai a remplacé Bombay). Devenu premier ministre de l'Uttar Pradesh en 2003, Mulayam Singh Yadav s'est déclaré contre le jeu du cricket parce qu'il correspondait à un jeu étranger d'origine britannique :«Le cricket n'est pas un jeu à nous! La lutte est un jeu indien. En fait, nous ne devons pas jouer au cricket.» Et le ministre de citer le dramaturge irlandais George Bernard Shaw qui décrivait ce jeu comme celui dans lequel «onze imbéciles jouent pendant que 11 000 observent». Mulayam Singh Yadav est demeuré le plus ardent défenseur des langues indiennes et le plus anglophobe, du moins dans ses discours. Beaucoup de politiciens hindiphones continuent de dire aux masses indiennes : «Dehors l'anglais, un reliquat de la domination britannique!» Ce point de vue était partagé par le mahatma Gandhi qui a vécu l’anglais comme une aliénation, alors que sa langue maternelle était le gujarati (voir le texte en anglais):
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- Les locuteurs de l'anglais
Actuellement, le nombre des locuteurs dont l’anglais est la langue maternelle est évalué à 0,3 %, soit 226 449 lors du recensement de 2001. Ce nombre est identique à beaucoup de petites langues en Inde, par exemple, le bareli, une langue indo-iranienne parlée dans le centre de l'État de Maharashtra et complètement ignorée dans les écoles et le marché du travail. Mais le nombre des Indiens connaissant l'anglais (à des degrés divers) comme langue seconde pourrait atteindre les 90 millions d'individus. Selon les estimations les plus sérieuses, on peut considérer qu’entre 3 % et 11 % des Indiens auraient une certaine maîtrise de l’anglais pour leur permettre de se placer sur le marché du travail national et international. En réalité, l'usage de l'anglais en Inde ne dépasse pas vraiment une petite élite, celle de certains journalistes de grands quotidiens et de certains universitaires. Dans The Clash of Civilizations (publié en 1996), l'Américain Sam Huntington affirme que l’usage de l’anglais en Inde est largement dépassé par l'hindi: «La dure réalité est que, pour un voyageur qui descend du Cachemire jusqu’à l’extrême sud à Kanyakumari, la communication se maintient le mieux par l’usage d’une forme d’hindi.»
- L'Hinglish
Cette «forme d'hindi» est appelé Inglish (non "English") ou Hinglish, voire broken English ("anglais cassé") ou encore Indian English ("anglais indien"). C'est l'anglais que la plupart des Indiens parlent dans la rue; ils l'emploient d'ailleurs comme deuxième ou troisième langue, soit après leur langue indienne régionale (hindi, ourdou, sindhi, bengali, assamais, baloutchi, télougou, tamoul, etc.). Cet anglais indien est une variété distincte de l'anglais. De nombreux Indiens prétendent que l'anglais indien est très similaire à l'anglais britannique, mais cette opinion est fondée sur une analyse superficielle de l'anglais au plan lexical. L'anglais indien varie même d'une région à l'autre de sorte que cet Indian English n'est pas homogène en Inde, une conséquence inévitable de la diversité culturelle et linguistique de ce grand pays. En fait, lorsque les Indiens emploient l'anglais, il s'agit plus souvent d'un mélange d'anglais, d'hindi et d'autres langues indiennes. Ainsi, la syntaxe de l'hindi influence la syntaxe de l'anglais indien de plusieurs façons. C'est pourquoi il est si difficile pour un Britannique ou un Américain de comprendre aisément l'anglais indien, les différences demeurant trop importantes.
Cet Indian English ou Hinglish serait devenu la langue véhiculaire de la petite et de la moyenne bourgeoisie, et la langue branchée des salons de la grande bourgeoisie et de la haute société. Autrement dit, l'Hinglish est à la mode, c’est la langue de Bollywood (surnom de Bombay, la capitale du cinéma indien), des stations FM nationales et de la publicité. Pour David Crystal, l'auteur de la Cambridge Encyclopedia of the English Language, la réussite économique et la masse de la population de l’Inde feraient de cette forme d'anglais la variante la plus parlée au XXIe siècle: «Si 100 millions d’Indiens, de dire David Crystal, prononcent un mot d’une certaine façon, c’est davantage que la population britannique – c’est donc la seule façon de le prononcer.» Autrement dit, si l’anglais britannique a été la norme internationale de l'anglais au XIXe siècle, si l'anglo-américain l'a remplacé au XXe siècle, l'anglais du XXIe siècle pourrait être l'Hinglish ou une variété d'anglais fortement influencée par l’Inde.
5.7 La place du français
Le français ne joue pas un grand rôle en Inde, mais il conserve une place non négligeable qui ferait l'envie, par exemple, de l'allemand, de l'espagnol, de l'italien, etc. Rappelons que le français demeure l'une des langues officielles (de facto) du territoire de Pondichéry, l'ancienne capitale des établissements français de l'Inde, avec l'anglais, le tamoul, le télougou et le malayalam. Toutefois, le français n'est pas une langue officielle de jure définie par la loi, mais il l'est par droit coutumier, c'est-à-dire par simple tradition depuis le traité de cession de 1954. Jusqu'en 1989, le français avait le statut de «première langue étrangère obligatoire» dans l'ensemble des écoles indiennes. Il est devenu depuis une «langue facultative» partout, sauf dans les instituts d'hôtellerie et de tourisme où il est resté relativement obligatoire.
Il faut comprendre que le français a perdu ce statut au profit des langues officielles des États indiens, car dans la plupart des États, les élèves apprennent la ou les langues officielles des États voisins. Aujourd'hui, le français reste enseigné en tant que «quatrième langue», plus précisément comme «première langue étrangère optionnelle» au pays. Quelque 300 000 élèves apprennent le français dans les niveaux d'enseignement primaire et secondaire. Dans l'enseignement supérieur, on compte environ 60 000 étudiants qui apprennent le français; on peut ajouter à ces derniers les 24 000 étudiants des quinze établissements de l'Alliance française. Néanmoins, le français ne jouera jamais un très grand rôle dans ce pays multilingue et anglophile.
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