Au cours du XIXe siècle, l'hindoustani désignait une langue qui commençait à se former dans le nord de l’Inde par des soldats et commerçants, lesquels tentaient de trouver une langue de communication commune.
À cette époque, l'hindi et l’ourdou n'existaient même pas et, lorsqu'on parlait de l'hindoustani, c'était pour référer à cette langue commune qui, à la suite de tensions de plus en plus fortes entre les communautés musulmane et hindouiste, allait donner naissance à l'ourdou et à l'hindi. En 1947, l'ourdou est devenu la langue officielle du Pakistan, l'hindi, celle de l'Inde. Aujourd'hui, l'ourdou et l'hindi font partie des 12 langues les plus importantes du subcontinent indien.
L'ourdou et l'hindi ne forment en réalité qu’une seule et même langue, mais l'hindi s’écrit avec l’alphabet dévanâgari et l'ourdou avec l'alphabet arabe ou plutôt arabo-persan.
Bonjour en hindi नमस्कार |
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Bonjour en ourdou ہیلو |
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Ce sont des raisons religieuses et politiques qui ont favorisé cette répartition: les Pakistanais sont musulmans et voulaient se distinguer des Indiens à majorité hindoue. Les différences entre les deux langues ne sont pas seulement d'ordre graphique (alphabet devanagari pour l'hindi et alphabet arabo-persan pour l'ourdou), mais aussi d'ordre culturel. Elles reflètent des divergences religieuses et politiques, dans la mesure où l'ourdou est associé à l'islam et l'hindi à l'hindouisme. Cette association entre la religion et la langue est particulièrement forte au Pakistan, sinon davantage dans l'État indien du Jammu-et-Cachemire.
Depuis la séparation en 1947 de l’Inde et du Pakistan, les différences entre les deux langues ont tendance à s'accentuer et à se transposer au plan lexical, notamment dans la création néologique. Ainsi, l'hindi tend de plus en plus à avoir recours au sanskrit, la langue mère, pour former de nouveaux mots. De son côté, l'ourdou aurait tendance à se «purifier» et à emprunter largement au persan, lui-même très imprégné d'emprunts arabes. Ce fonds persan est resté très longtemps productif en hindoustani sous la domination britannique, mais il est de plus en plus délaissé par l'hindi depuis la partition. Aujourd'hui, les mots d’origine sanscrite ont tendance à être arabisés au Pakistan, alors qu'en Inde l’apprentissage de l’hindi à l’école tend vers la sanskritisation. Le terme hindoustani est parfois employé abusivement, comme c'est le cas aux îles Fidji, pour désigner l'hindi.
De façon similaire, on pourrait dire que le serbe et le croate constituent une seule et même langue, appelée auparavant le serbo-croate: la première est écrite en alphabet cyrillique, la seconde, en alphabet latin. Il en est ainsi pour le malais parlé en Indonésie, en Malaisie et à Brunei. En effet, bien que le bahasa indonesia, le bahasa malaysia et le bahasa brunei forment une seule langue, le malais, les trois États continuent de les distinguer dans leur appellation, ce qui ne les empêche pas de coopérer pour unifier leur orthographe.