État d'Assam |
Madhya Pradesh (Inde) |
Le Madhya Pradesh (signifiant «province
centrale» ou «province du milieu») est un État indien d'une
grande superficie, soit 308 0 km² (Inde: 3 287 590 km²), situé
au centre du pays. L'État est borné au
nord par l'Uttar Pradesh, à l'est par le Chhattisgarh, au sud par le
Maharashtra, à l'ouest par le Gujarat et au nord-ouest par le
Rajasthan. La capitale
du Madhya Pradesh est Phopal. L'État est divisé
administrativement en 48 districts regroupés en 8 divisions territoriales.2 Données démolinguistiquesSelon le recensement de 2001, la population du Madhya Pradesh était de 60,3 millions (plus précisément: 60 348 023) habitants. Comme dans beaucoup d'États indiens, le Madhya Pradesh est une région multiethnique, multilingue et de confessions religieuses multiples, comptant une vingtaine de langues différentes, et plusieurs petites langues en voie de disparition. Cependant, le Madhya Pradesh demeure homogène si l'on considère que la population est hindiphone et hindouiste dans des proportions respectives de 87 % et de 90 %. La langue largement majoritaire est l'hindi parlé par 87,2 % de la population. Le bhili est la langue minoritaire la plus importante (4,9 %); elle est suivie du marathi (2 %), de l'ourdou (1,9 %) et du gondi (1,5 %). Toutes les autres langues ne sont parlée que par un petit nombre de locuteurs. |
L'État compte aussi plusieurs petites langues en voie de disparition parce qu'elles ne sont parlées que par quelques dizaines de locuteurs, souvent moins de cent, voire moins de dix.
Bien que la langue prédominante
de l'État soit l'hindi standard, cette langue est parlée aussi avec diverses
variantes régionales, qui sont considérées par certains comme des «dialectes
de l'hindi», par d'autres comme des langues distinctes, mais reliées
étroitement entre elles. Parmi ces variétés, mentionnons les dialectes
occidentaux comme le malvi (région de Malwa), le nimadi
(région de Nimar); les dialectes orientaux comme le bagheli et l'avadhi;
le bundeli dans le Nord est considéré comme un dialecte occidental.
Le bagheli est parlé dans six districts:
Rewa, Satna, Sidhi, Shahdol, Umaria et Anuppur.
Les langues parlées au Madhya Pradesh
appartiennent pour l'essentiel à trois familles: les
langues indo-iraniennes (famille
indo-européenne), les langues
dravidiennes et les langues
austro-asiatiques.
Langue maternelle | Locuteurs (2001) | Pourcentage | Groupe linguistique |
hindi | 52 658 687 | 87,2 % | langue indo-iranienne |
bhili | 2 973 201 | 4,9 % | langue indo-iranienne |
marathi | 1 266 038 | 2,0 % | langue indo-iranienne |
ourdou | 1 186 364 | 1,9 % | langue indo-iranienne |
gondi | 925 417 | 1,5 % | langue indo-iranienne |
korku (kodagu) | 372 224 | 0,6 % | famille austro-asiatique |
sindhi | 259 226 | 0,4 % | langue indo-iranienne |
gujarati | 198 140 | 0,3 % | langue indo-iranienne |
panjabi | 148 999 | 0,2 % | langue indo-iranienne |
bengali | 105 399 | 0,1 % | langue indo-iranienne |
malayalam | 48 515 | 0,0 % | famille dravidienne |
télougou | 26 602 | 0,0 % | famille dravidienne |
khandeshi | 24 985 | 0,0 % | langue indo-iranienne |
tamoul | 24 848 | 0,0 % | famille dravidienne |
oriya | 20 965 | 0,0 % | langue indo-iranienne |
korwa | 12 597 | 0,0 % | famille austro-asiatique |
népali | 10 923 | 0,0 % | langue indo-iranienne |
lahnda (panjabi de l'Ouest) | 6 865 | 0,0 % | langue indo-iranienne |
kannada | 6 526 | 0,0 % | famille dravidienne |
dogri | 3 410 | 0,0 % | langue indo-iranienne |
munda | 3 059 | 0,0 % | famille austro-asiatique |
maithili | 2 687 | 0,0 % | langue indo-iranienne |
kurukh (kurux) | 2 271 | 0,0 % | famille dravidienne |
anglais | 2 714 | 0,0 % | langue germanique |
lahauli (tinani) | 1 922 | 0,0 % | famille sino-tibétaine |
halabi | 1 779 | 0,0 % | langue indo-iranienne |
arabe | 1 707 | 0,0 % | langue chamito-sémitique |
assamais | 1 240 | 0,0 % | langue indo-iranienne |
Soulignons aussi que le Madhya Pradesh compte une population importante appelée «tribus répertoriées» ("Scheduled Tribes"). Selon le recensement de 2001, il s'agirait de 20,27 % de la population, soit 12 millions d'individus répartis en 46 tribus. Les «langues tribales» sont parlées en principe par les aborigènes de l'Inde. Les principaux groupes tribaux du Madhya Pradesh sont les Gondi, les Bhili, les Baiga, les Korku, les Bhadia, les Halba, les Kaul, les Mariya et les Sahariya. Ils parlent tous des langues différentes. Dans les districts de Dhar, Jhabua et Mandla, les peuples tribaux constituent plus de 50 % de la population; dans les districts de Khargone, Chhindwara, Seoni, Sidhi et Shahdol, ils forment de 30 % à 50 % de la population totale.
Pour ce qui est des religions, quelque 90 % de la population est de confession hindouiste, alors que les minorités religieuses sont formées des musulmans (6 %), des jaïnistes (1 %), des chrétiens (0,3 %), des bouddhistes (0,3 %) et des sikhs (0,2 %).
L'histoire de cette partie de l'Inde a
commencé véritablement à l'époque du roi Maurya, dit Ashoka, au
IIIe siècle avant
notre ère, alors que cette région s'appelait le Malwa. La région fut
ensuite intégrée au territoire de l'empire Gupta jusqu'au VIIe
siècle, date à laquelle le royaume se fractionna en plus petits royaumes,
surtout après les attaques des Hephthalites, appelés aussi «Huns blancs». Le
roi Yasodharman de Malwa défit les Huns en 528, ce qui mit fin à leur
expansion. Le roi Harsha de Thanesar réunit tout le nord de l'Inde pendant
quelques décennies, soit jusqu'à son décès en 647. La conquête musulmane
commença en 711 avec l’invasion du Sind par les Arabes dans le cadre
du jihad; elle se poursuivra avec celle des Turcs. Le région de l'actuel
Madhya Pradesh fut en grande partie intégrée au sultanat de Delhi, un
royaume musulman qui s'étendit sur tout le nord de l'Inde, de 1210 à 1526,
avec Delhi comme capitale. Plusieurs dynasties turco-afghanes règnent
successivement sur le sultanat.
Après l'effondrement du sultanat de Delhi à la fin du XIVe siècle, divers royaumes indépendants régionaux réapparurent, notamment le royaume rajput des Tomara à Gwalior et le sultanat musulman de Malwa, avec Mandu comme capitale. Puis le sultanat de Malwa fut vaincu par le sultan du Gujarat en 1531. |
3.1 La domination moghole
La région passa entre les mains des Moghols à partir de 1526, lorsque Babur défit Ibrahim Lodi, le dernier sultan de Delhi à la bataille de Panipat. Les Moghols avaient été «persanisés» et islamisés; ils introduisirent en Inde une littérature et une culture persanes, ainsi qu'une architecture dont le Taj Mahal — dans l'État de l'Uttar Pradesh — est l'exemple le plus connu. L'empire moghol marqua l'apogée de l'expansion musulmane en Inde. Toutefois, si la culture musulmane exerça une grande influence en Inde, l'islamisation de la population fut toujours relativement limitée, les Indiens demeurant de fervents hindous et seule une minorité de la population indienne s'étant convertie à l'islam. Après que la mort de l'empereur moghol Aurangzeb en 1707, les Marathes commencèrent à affaiblir l'Empire moghol et à étendre leur emprise dans la région qui est aujourd'hui le Maharashtra, puis entre 1720 et 1760 la plus grande partie du territoire du Madhya Pradesh actuel. Puis la région se fractionna de nouveau en petits États, ce qui allait favoriser la colonisation britannique.
3.2 La colonisation
britannique Les Britanniques entreprirent trois guerres contre l'Empire marathe, guerres appelées «guerres anglo-marathes». La chute des Marathes entraîna la mainmise des Britanniques sur toute l'Inde. Par la suite, la plupart des autres régions sont devenues des États princiers de l'Inde britannique. En 1853, les Britanniques annexèrent l'État du Nagpur, ce qui comprenait le Madhya Pradesh, le Maharashtra oriental et le Chhattisgarh, le tout ayant été combiné avec le Saugor et les territoires du Nerbudda pour former les «Provinces centrales et Berar» ("Central Provinces and Berar") en 1861. Les États princiers du nord du Madhya Pradesh furent administrés par l'Agence centrale de l'Inde ("Central India Agency"). Dans ces «provinces», l'Administration britannique avait alors juridiction sur 22 districts et 16 principautés; la capitale était Nagpur. La région de Berar avec ses locuteurs du marathi de la principauté d'Hyderabad a été annexée aux Provinces centrales en 1903. Après l'indépendance de l'Inde (1947), l'État du Madhya Pradesh a été créé en 1950 à partir des Provinces centrales, du Berar et des États princiers de Makrai et de Chhattisgarh, avec Nagpur comme capitale de l'État. |
Les nouveaux États de Madhya Bharat,
Vindhya Pradesh et Bhopal ont été formés à partir de l'ancienne Agence
centrale de l'Inde. Ils ont été fusionnés en 1956 dans le Madhya Pradesh, alors
que la région de Vidarbha, avec ses locuteurs du marathi, a été
cédée à l'État de Bombay (partitionné ensuite entre les États de
Gujarat et de Maharashtra). Bhopal est devenu la capitale du
nouvel État du Madhya Pradesh.
En novembre 2000, le Madhya Pradesh s'est vu amputé d'une partie de son territoire (18 districts de langue chhattisgarhi) pour donner naissance à l'État du Chhattisgarh en raison de la particularité culturelle de cette région. Depuis longtemps, une demande auprès de l'Union avait été faite en ce sens. La Madhya Pradesh a donné son accord. |
L'État du Madhya Pradesh pratique une politique linguistique destinée à valoriser la langue officielle locale, l'hindi, tout en assurant des droits limités au domaine scolaire à certaines minorités parlant le marathi, le gujarati, le sindhi et l'ourdou. Ces droits ne sont pas inscrits dans les lois de l'État, mais accordés uniquement en vertu des dispositions de la Constitution indienne (art. 30).
4.1 L'hindi comme langue officielle
Les dispositions linguistiques de l'article 3 de la Loi sur la langue officielle du Madhya Pradesh de 1957 proclament que l'hindi est la langue officielles de l'État, sauf pour les dispositions prévues dans la Constitution indienne:
Article 3 Langue officielle pour les fins officielles de l'État Sous réserve des dispositions prévu ci-après, l'hindi est la langue officielle de l'État à toutes les fins, sauf celles qui sont spécifiquement exclues par la Constitution et relativement aux questions qui peuvent être précisées périodiquement par le gouvernement au moyen d'une déclaration. |
L'article 4 de la
Loi
sur la langue officielle du Madhya Pradesh
précise quels sont les textes autorisés en hindi à des fins officielles
de l'État:
Article 4 (a) Tous les projets de loi présentés ou modifiés pour être proposés dans chaque Chambre de la Législature de l'État; (b) Toutes les lois adoptées par chaque Cambre de la Législature de l'État; (c) Toutes les ordonnances promulguées en vertu de l'article 213 de la Constitution de l'Inde; (d) Toutes les ordonnances, réglementations et tous les règlements émis par le gouvernement de l'État en vertu de la Constitution de l'Inde ou d'une loi adoptée par le Parlement ou la Législature de l'État doivent, à partir d'une date déterminée, tel que le gouvernement de l'État peut à l'égard de chacun des articles susmentionné, par avis, être en hindi. |
Cet article 4 ne concerne que les ordonnances, décrets, règlements, projets de loi ou lois adoptés par l'État du Madhya Pradesh. La loi ne traite ni de la justice, ni de l'administration auprès des citoyens, ni de l'éducation. Néanmoins, nous pouvons supposer que l'hindi est la langue officielle dans tous ces domaines.
4.2 Les langues minoritaires
Nous savons que les langues minoritaires sont, dans l'ordre, le bhili, le marathi, l'ourdou, le gondi, le korku (kodagu), le sindhi, le gujarati, le panjabi et le bengali. Toutefois, seuls le marathi, l'ourdou et le sindhi sont mentionnées dans la liste des langues dites minoritaires. Aucune autre langue n'apparaît, ni le bhili, ni le gondi, ni le korku. En Madhya Pradesh, il n'existe aucune procédure concernant la traduction des règlements et des lois dans la langue des minorités. Dans les services gouvernementaux, seul l'hindi est employé, tant à l'oral qu'à l'écrit. Pour tout recrutement dans les services publics, la maîtrise de l'hindi est obligatoire. Les zones (tehsils) et districts reconnus pour l'ourdou sont les suivants: le tehsil d'Huzur à Bhopal, le tehsil de Kurwai à Vidisha et le tehsil de Burhanpur à Khandwa. Dans ces zones, les locuteurs de l'ourdou peuvent recevoir des réponses de la part du gouvernement en ourdou. En principe, l'ourdou est parlé par au moins 15 % de la population locale.
Dans l'enseignement, l'hindi demeure pratiquement l'unique langue employée, sauf l'anglais. Selon la Commission nationale des minorités ("State Minorities Commission"), les langues minoritaires enseignées au primaire sont l'ourdou (304 écoles), le marathi (203 écoles), le gujarati, le sindhi. Au secondaire, on compte 78 écoles en marathi, 34 écoles en marathi, 8 écoles en sindhi. Par ailleurs, il n'existe aucun fonctionnaire désigné pour exercer un quelconque contrôle sur l'admission d'élèves dans ces écoles minoritaires. Toute la publicité à cet effet ne paraît qu'en hindi.
Dans l'enseignement des langues secondes, le Madhya Pradesh privilégie, comme la plupart des États, un régime fondé sur la «formule des trois langues» ou régime trilingue. Comme langue première: l'hindi, l'anglais, le marathi, l'ourdou, le panjabi, le sindhi, le bengali, le gujarat, le tamoul, le télougou ou le malayalam. Comme langues secondes: l'hindi et l'anglais. Comme troisième langue: l'hindi, l'anglais, le sanskrit, le marathi, l'ourdou, le panjabi, le sindhi, le gujarati, le télougou, le tamoul, la malayalam, l'arabe, le persan, le français ou le russe.
Le Madhya Pradesh compte deux organismes pour le rayonnement des langues: l'Académie ourdoue (Urdu Academy) et l'Académie Sahitya (Sahitya Academy). L'Académie ourdoue a été fondée en 1976 dans le but de promouvoir la langue ourdoue. Elle publie, achète et vend des livres, aide les bibliothèques, organise des séminaires et des colloques, etc. Quant à l'Académie Sahitya (ou Sanskriti Parishad), elle relève du ministère de la Culture (Madhya Pradesh) et est divisée en trois sections: une pour l'hindi, une pour la littérature d'Iqbal et une autre pour le sindhi. Muhammad Iqbal (1877-1938) est l'un des plus grands poètes et philosophes musulmans du XXe siècle. Surnommé le «poète de l’Orient» (Shair-i-Mashriq), Iqbal est aujourd’hui étudié partout au Pakistan et dans le monde musulman en tant qu'éveilleur des consciences endormies. Son œuvre poétique fut surtout rédigée en ourdou et en persan, et elle a été traduite en anglais. Ce sont là à peu près les seules prérogatives dont peuvent se prévaloir les minorités linguistiques au Madhya Pradesh. Pour le reste, c'est l'apathie complète de la part du gouvernement local. Il n'existe aucune mesure de contrôle pour vérifier si les garanties constitutionnelles sont respectées, aucun mécanisme au niveau des districts ni pour recevoir des plaintes ou traiter avec les représentants des minorités.
4.3 Les langues des médias
Il n'y a pas de législation restreignant l'utilisation de la langue dans les médias au Madhya Pradesh. La majorité des journaux sont en hindi: Raj Express, Nai Duniya, Patrika (Rajsthan Patrika), Dainik Bhaskar, Dainik Jagran, Nav Bharat, Akbar Times. Il existe aussi de nombreux journaux locaux publiés en hindi. En anglais, mentionnons le Times of India, le Hindustan Times, le Central Chronicle, le Pioneer and Free Press, etc. À Bhopal, les journaux en ourdou sont importants: Urdu Action et Haq-o-Insaf. Un seul journal est publié en sindhi: Farz (Bhoplal).
Les stations de radio sont davantage multilingues, car si la plupart des stations de radio sont en hindi, il en existe un certain nombre en anglais, en bhili, en marathi, en gonki, en korku, en sindhi, en gujarat, en panjabi, en télougou, en tamoul, etc. Quant aux canaux de télévision, ils sont pratiquement tous en hindi, quelques-uns en anglais, avec diverses émission dans les langues minoritaires. Les chaînes All India Radio (AIR) et Doordarshan diffusent dans les principales villes de l'État du Madhya Pradesh; en plus des bulletins de nouvelles en hindi et en anglais, AIR diffuse régulièrement dans toute l'Inde des informations en près de 80 langues.
L'État du Madhya Pradesh a élaboré une politique de valorisation de la langue officielle, tout en permettant que les membres de certaines communautés minoritaires puissent utiliser leur langue dans des districts particuliers où leurs locuteurs comptent pour plus de 15 % de la population locale. C'est une politique linguistique qui respecte les dispositions de la Constitution indienne, mais de façon très restrictive.
Le Madhya Pradesh ne témoigne guère d'une grande générosité à l'égard de ses minorités. Cet État est l'un des plus homogènes (87,2 %) au point de vue linguistique, donc l'un des plus hindiphones de l'Inde avec l'Haryana. Les langues minoritaires ne se voient reconnaître que des droits minimaux, ce qui ne constitue pas la règle en Inde.
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