État du Bihar |
Bihar |
Le Bihar est un État situé au nord-est de l'Inde d'une
superficie de 94 163
km². Il est limité à l'ouest
par l'État de l'Uttar Pradesh, au nord par le Népal, à l'est par
l'État du Bengale occidental et au sud par l'État du Jharkhand. La
capitale du Bihar est Patna (deux millions).
L'appellation
Bihar est dérivée du sanskrit et d'un mot pali, Vihara,
ce qui signifie «demeure» (ou «maison»). La région englobant à peu
près l'État actuel du Bihar a été parsemée de viharas bouddhiste,
c'est-à-dire des «demeures» de moines bouddhistes érigées lors des
anciennes périodes médiévales.
2 Données démolinguistiques Au recensement de 2001, le Bihar constituait le troisième État le plus peuplé de l'Inde avec une population totale de 82,9 millions d'habitants. Près de 85 % de la population du Bihar vivaient dans les zones rurales et près de 58 % des personnes étaient âgées de moins de 25 ans. Au recensement de 2011, la population atteignait 103,8 millions d'habitants et demeurait encore le troisième État par sa population après l'Uttar Pradesh (199,5 millions) et le Maharashtra (112,3 millions). Lors du recensement de 2011, la densité de la population dépassait 1000 habitants au kilomètre carré, ce qui faisait du Bihar l'un des États les plus densément peuplés de l'Inde, La plupart des habitants du Bihar, les Biharis, appartiennent au groupe ethnique indo-aryen, car il y a peu de Dravidiens et encore moins d'Asiatiques et de Tibétains. |
2.1 Les langues majeures
En ce qui concerne les langues, l'hindi (73,1 %), le maithili (14,2 %) et l'ourdou (11,4 %) regroupent 98,7 % des locuteurs de cet État, ce qui laisse peu de langues minoritaires.
Langue maternelle |
Population (recensement 2001) | Pourcentage | Groupe linguistique |
Hindi | 60 635 284 | 73,1 % | langue indo-iranienne |
Maithili | 11 830 868 | 14,2 % | langue indo-iranienne |
Ourdou | 9 457 548 | 11,4 % | langue indo-iranienne |
Bengali | 443 426 | 0,5 % | langue indo-iranienne |
Santali | 386 248 | 0,4 % | langue indo-iranienne |
Népalais (népali) | 18 763 | 0,0 % | langue indo-iranienne |
Marathi | 14 002 | 0,0 % | langue indo-iranienne |
Oriya | 6 010 | 0,0 % | langue indo-iranienne |
Gujarati | 3 429 | 0,0 % | langue indo-iranienne |
Sindhi | 3 251 | 0,0 % | langue indo-iranienne |
Malayalam | 2 674 | 0,0 % | famille dravidienne |
Panjabi | 1 360 | 0,0 % | langue indo-iranienne |
Tamoul | 1 453 | 0,0 % | famille dravidienne |
Konkani | 1 378 | 0,0 % | langue indo-iranienne |
Autres langues | 517 642 | 0,6 % | - |
Total du recensement de 2001 | 82 879 910 | 100 % | - |
En effet, à part ces trois langues importantes que sont l'hindi, le maithili et l'ourdou, les autres langues ne comptent que fort peu de locuteurs. Plusieurs langues telles l'assamais, le bodo, le dogri, le kannada, le kasmiri ou la manipouri, ont moins de 1000 locuteurs. Pour le gouvernement du Bihar, le maithili est considéré comme une variante de l'hindi. Pour la plupart des linguistes, le maithili est une langue différente de l'hindi. En 2007, le maithili a acquis le statut de langue autonome reconnue par la constitution (voir les langues constitutionnelles).
2.2 Les langues bihari
Il existe dans l'État du Bihar et dans les États voisins (Jharkhand, Bengale occidental, Uttar Pradesh et Népal), un certain nombre de langues appelées «langues bihari». Ces langues sont intermédiaires entre, d'une part, le népalais, le bengali et l’oriya avec des emprunts occidentaux plus ou moins importants, d'autre part, à l’hindi selon les langues ou variétés dialectales de ce groupe. Bien que certaines de ces langues, par exemple le bajika (8,7 millions), le bhojpouri (38,5 millions), le magali (20,3 millions), le khortha (1,9 million), soient parlées par des millions de locuteurs, seul le maithili a été reconnu parmi les langues constitutionnelles de l'Inde.
Langue | Alphabet | Locuteurs | Localisation géographique |
---|---|---|---|
Angika | devanagari ou anga lipi | 743 600 | Bihar, Jharkhan, Bengale occidental et Népal |
Bajjika | devanagari | 8 738 000 | Bihar et Népal (Terraï) |
Bhojpouri | devanagari ou kaithi | 38 546 000 | Bihar, Uttar Pradesh et Népal (Terraï) |
Hindi fidjien (hindoustani des Fidji) | latin ou devanagari | 460 000 | îles Fidji |
Kudmali | devanagari | 37 000 | Jharkhand et Bengale occidental |
Magahi | devanagari ou kaithi | 20 362 000 | Bihar |
Maithili | devanagari, maithili ou nagari | 33 890 000 | Bihar et Népal (Madhesh) |
Majhi | sans objet | 21 841 | Bihar et Népal |
Musasa | sans objet | 50 000 | Bihar et Népal |
Panchpargania | devanagari, bengali ou kaithi | 274 000 | Bengale occidental, Jharkhand et Assam |
Sadri | devanagari | 165 683 | Bihar, Jharkhand et Bangladesh |
Khortha | devanagari ou nagari | 1 965 000 | Jharkhand |
Hindoustani du Suriname | latin ou devanagari | 150 000 | Suriname |
Surajpouri | devanagari |
273 000 |
Bihar |
Les religions les plus pratiquées au Bihar sont l'hindouisme (83,2 %) et l'islam (16,5 %). Les chrétiens représentent 0,06 % de la population, les sikhs 0,02 %, les bouddhistes 0,02 %, les jains 0,01 %, les autres religions, 006 %.
3 Bref historique de l'État du Bihar
L'existence du Bihar résulte d'une combinaison de deux grands
royaumes anciens, le Magadha et le Videha (Mithila).
Le Magadha
était le plus grand des seize royaumes de l'Inde ancienne; le noyau
du royaume était la région du Bihar au sud du Gange; sa capitale
était Rajagriha, puis Pataliputra (aujourd'hui Patna). Ce royaume
exista de 600 ans avant notre ère jusque vers -350. Le royaume de Magadha
s'élargit pour inclure ce qui est aujourd'hui le Bihar et le Bengale
occidental, suivie par une grande partie de l'Uttar Pradesh et de
l'Orissa. Cet ancien royaume fut à l'origine du bouddhisme et du
jaïnisme en Inde, particulièrement au Bihar, au Jahrkhand et en
Orissa.
Le royaume de Videha de l'Inde ancienne était situé au Népal au nord du Gange et au sud de l'Himalaya, mais pénétrait aussi dans le Bihar actuel et en Orissa; sa capitale était Mithila. Pendant la période védique tardive (vers -850 à -500), le royaume de Videha devint un centre culturel et politique dominant de l'Asie du Sud et il fut à l'origine de l'introduction de l'hindouisme dans la région. De fait, Siddhārtha Gautama, dit le Bouddha («l’Éveillé»), qui vécut au VIe siècle avant notre ère, est le fondateur historique d'une communauté de moines errants et donnera naissance au bouddhisme. Il a tenu de nombreux enseignements dans la ville de Mithila. |
Le région du Bihar est restée un lieu important de pouvoir, de culture et d'éducation religieuses durant près de mille ans. Certains historiens croient que la période comprise entre 400 et 1000 de notre ère a favorisé l'hindouisme au détriment du bouddhisme.
3.1 L'implantation de l'islam
À partir de 1206, c'est-à-dire à la création du sultanat de Delhi, les musulmans accrurent leur influence qui allait durer plusieurs siècles. Le bouddhisme de Magadha fut emporté par l'invasion islamique sous Muhammad bin Bakhtiyar Khilji, un général conquérant du Bihar et du Bengale, à l'origine de la dynastie Khaldji qui règna sur le sultanat de Delhi entre 1290 et 1320. De grands empires musulmans se succédèrent jusqu'en 1300. Ceux-ci n'affectèrent pas la région de façon permanente, mais en 1336 un royaume musulman s'établit simultanément à l'établissement d'un royaume hindou. De nombreux petits royaumes firent leur apparition et certains disparurent jusqu'à l'arrivée des Moghols.
3.2 L'empire des Moghols
En 1517, la mort du sultan de Delhi modifia les rapports de force au
sein de la noblesse et fragilisa la dynastie des Lodi, une dynastie
musulmane sunnite d'origine afghane qui régnait sur le sultanat de
Delhi depuis 1451. Le prince moghol Bâbur (1483-1530), descendant de
Tamerlan et déjà maître de l'Afghanistan, profita de ce contexte
favorable pour vaincre les Lodi, en avril 1526, à la bataille de
Panipat, ce qui inaugurait la domination moghole sur le nord de
l'Inde. Lorsque Bâbur fonda son empire, il mit davantage
l'accent sur son héritage turco-mongol que sur sa religion
musulmane. Il passa le reste de sa vie à organiser son nouvel empire
et à embellir Agra, sa capitale. Il créa aussi une nouvelle monnaie
: la roupie, qui est encore utilisée en Inde, ainsi qu'au Pakistan,
au Népal, au Sri Lanka, etc. À la mort de Bâbur, son fils aîné, Humâyûn
(1508-1556), lui succéda.
En 1556, Jalâluddin Muhammad Akbar succéda à son père Humâyûn à la tête d'un royaume musulman au nord de l'Inde que ce dernier avait regagné à la fin de sa vie, une fois revenu de son exil de Perse. Akbar agrandit son royaume dès 1561 autour de Delhi. À partir de ce moment, il commença à régner en maître incontesté sur tout le nord de l'Inde. Il conquit le Gujarat en 1573, puis le Bengale en 1576, le Sind en 1590, l'Orissa en 1592, le Baloutchistan (Pakistan) en 1594. Par la suite, il hérita du Cachemire et du royaume de Kaboul (Afghanistan). À son décès en 1685, l'empire d'Akbar s'étendait dans tout le nord de cette grande région, de Kaboul à Dacca, ce qui comprendrait aujourd'hui une partie de l'Afghanistan, le Pakistan, le nord de l'Inde (y inclus le Népal) et le Bangladesh. |
Avec le déclin de l'Empire moghol, le Bihar passa sous le contrôle des nawabs (rois) du Bengale occidental et du Bangladesh (appelé Murshidabad). Au cours de 1742 à 1751, les Marathes envahirent le Bihar, le Bengale et l'Orissa. L'Empire marathe est né de la volonté des hindous de s'opposer au pouvoir des Moghols musulmans. Comme son nom l'indique, il provient de l'État qui forme aujourd'hui le Maharashtra, la terre natale des Marathes. Cet empire devint la première puissance du subcontinent indien au cours du XVIIIe siècle. en dépit de la domination musulmane, l'hindouisme réussit à se maintenir, prouvant aux musulmans que l'Inde était un sol relativement peu fertile à la conversion vers l'islam. De cette forte invasion musulmane naquit une langue commune aux hindous et aux musulmans: l'ourdou (hindoustani) qui est resté la langue d'une grande partie du nord de l'Inde et du Pakistan. Mais aujourd'hui l'ourdou qui s'écrit avec l'alphabet arabo-persan est perçu comme la langue des musulmans, alors que l'hindi qui s'écrit avec l'alphabet devanagari reste la langue des hindous.
3.3 Le régime britannique
Après la bataille de Buxar (1764), la British East India Company a obtenu les diwani (droits d'administrer et de percevoir le revenu ou l'impôt) pour le Bihar, le Bengale et l'Orissa. Après la guerre anglo-indienne avec les guerres afghanes (1839-1842 et 1878-1880), les guerres sikh (1845-49) et la révolte des Cipayes (1857-1858), l'Inde resta sous la tutelle des Britanniques; le gouverneur général de l'Inde devint vice-roi. L'Inde britannique commença en 1858 par le transfert des possessions de la Compagnie des Indes orientales à la Couronne britannique en la personne de la reine Victoria, proclamée en 1876 «impératrice des Indes».
Les Britanniques administrèrent un territoire immense, qui s'étend aujourd'hui du Pakistan jusqu'à la Birmanie en incluant l'Inde et le Bangladesh. Le territoire regroupait des «provinces» sous administration directe et des États princiers sous suzeraineté britannique.
Trois «présidences» (anglais: "Presidencies")
furent créées: la présidence du Bengale (1773), dont faisait partie
le Bihar, le Bengale et l'Orissa, ainsi que la présidence de Madras
(1864) et la présidence de Bombay (1847). Les villes de Calcutta
(Bengale), Madras et Bombay devinrent des capitales administratives,
mais le vice-roi résidait à Calcutta. Sous l'Empire britannique, le Bihar était une province de la «présidence du Bengale» (Bengal Presidency); le Bihar englobait l'Orissa, alors que le Jharkhand n'existait pas. En 1881, le Bihar fut la première province indienne de l'Empire britannique à déclarer l'hindi comme langue officielle en lieu et place de l'ourdou. Dans cette lutte de concurrence entre l'hindi et l'ourdou, les revendications des trois grandes langues maternelles dans la région, c'est-à-dire le magahi, le bhojpouri et le maithili, ont été simplement ignorées. À la suggestion de lord George Nathaniel Curzon, gouverneur général des Indes de 1899 à 1905, une partition fut décidée, qui aboutit à la création, d'une part, d'un Bengale occidental comprenant l'actuel Bengale occidental et le Bihâr (incluant le Jharkhand et l'Orissa), d'autre part, d'un Bengale oriental correspondant au Bangladesh actuel ainsi que l'Assam, le Meghalaya, le Manipur, le Tripura, le Mizoram, le Nagaland et l'Arunachal Pradesh, le tout connu sous le nom de Eastern Bengal and Assam province (province du Bengale oriental et de l'Assam) avec pour capitale Dacca (dans l'actuel Bangladesh). |
En 1911, le gouvernement britannique
déplaça la capitale de Calcutta (aujourd'hui Kolkata) du Bengale
occidental, jugée trop éloignée, à New Delhi, une nouvelle ville construite au sud de la vieille ville de Delhi. New
Delhi devint alors la capitale de l'Empire britannique des Indes. En 1912, la province du Bihâr fut séparée de
l'Orissa qui devint une province distincte; en 1935, certaines parties du Bihar furent
incorporées dans la province de l'Orissa. Dans les années qui ont
précédé l'indépendance de l'Inde, c'est du Bihar
que Mahatma Gandhi lança son mouvement de désobéissance civile avant
d'être emprisonné pour subversion par les Britanniques.
3.3 L'État indien du Bihar Lors de l'indépendance de l'Inde en 1947, l'État du Bihar, avec les mêmes frontières, fut intégré dans la république de l'Inde, mais en 1956 une partie du Bihar, principalement le district de Purulia, fut incorporé au Bengale occidental dans le cadre de la réorganisation linguistique des États indiens.En 1950, l'État du Bihar adopte la Loi sur la langue officielle déclarant l'hindi comme langue d'usage à la Législature de l'État. Le Bihar est l'un des États où l'hindi s'est particulièrement développé tant dans la littérature que dans la culture. À nouveau, en 2000, quelque 18 districts administratifs du Bihar lui furent détachés au sud pour former l'État du Jharkhand, avec pour capitale Ranchi. |
4 La politique linguistique
La politique linguistique du Bihar ne porte essentiellement que sur l'hindi,
l'ourdou et l'anglais. Au lendemain de l'indépendance de l'Inde,
l'État du Bihar s'est doté d'une seule langue officielle, l'hindi. En effet, la
Loi
sur la langue officielle
(1950) déclarait que la
langue d'usage pour les
fins officielles de l'État doit être l'hindi avec l'alphabet devanagari:
Article 2 Langue officielle Sous réserve des dispositions des articles 346, 347 et 348 de la Constitution indienne, la langue d'usage pour les fins officielles de l'État doit être l'hindi avec l'alphabet devanagari. |
Cette loi linguistique ne peut être plus simple: «la langue d'usage pour les fins officielles de l'État doit être l'hindi avec l'alphabet devanagari.» C'est à partir de cet énoncé que l'hindi est devenu la seule langue officielle de l'État du Bihar jusqu'en 1981. L'année précédente, en 1980, la Législature de l'État a adopté la Bihar Official Language (Amendment) Act, laquelle reconnaissait l'ourdou comme seconde langue officielle dans des districts spécifiques. Le texte de cette loi de 1980 n'étant pas disponible, il faut se rabattre sur des commentaires provenant soit du gouvernement local soit des journaux de la région.
Rappelons que l'ourdou est la seconde langue officielle du gouvernement dans Bihar et que celle-ci est la langue maternelle de 11,4 % des locuteurs (recensement de 2001), ce qui correspond à la proportion des musulmans qui habitent dans cet État. De plus, près de 25 % des citoyens du Bihar peuvent lire et écrire en ourdou. L'État du Bihar compte 38 districts. De ce nombre 15 d'entre eux, presque tous situés au nord et à l'est de l'État, comptent 15 % ou plus de représentants des minorités: Kishanganj (78%), Katihar (43%), Araria (41%), Purnia (37%), Darbhanga (23%), Sitamarhi 21%), Paschim Champaran (21%), Purbi Champaran (19%), Bhagalpur (18%), Madhubani (18%), Siwan (18%), Gopalganj (17%), Supaul (17%), Sheohar (16%) et Muzaffarpur (15%). Le seul district comptant une majorité d'ourdouphones est celui de Kishanganj. Ce sont dans ces districts, ainsi que trois autres (Saharsa, Begusarai et Banka), que l'État appliquent une forme de bilinguisme dans l'administration publique. Les locuteurs de l'ourdou sont surtout concentrés au nord, alors que les locuteurs du bengali habitent les districts de l'Est (Kishangan, Purnia, Katihar, etc.). |
4.1 Les langues de l'État
Dans la Législature, tous les lois sont discutées en hindi, et rédigées et adoptées en hindi, puis traduites en anglais. Dans le Journal officiel, les deux versions des lois et règlements apparaissent, l'une à la suite de l'autre, en hindi et en anglais. En cas de divergence entre les deux versions, le texte anglais doit prévaloir.
En matière de justice, les juges ne sont pas tenus de comprendre l'ourdou ou une toute autre langue que l'hindi et l'anglais. Toutefois, tout justifiable a le droit d'utiliser sa langue maternelle par le moyen de la traduction. La sentence est obligatoirement rendue en hindi avec une traduction possible en anglais.
Dans l'administration
publique, l'hindi est la langue omniprésente dans les 38 districts, y compris
dans les 18 reconnus par l'État comme bénéficiant d'une forme de bilinguisme. En
principe, tous les bureaux et toutes les
institutions publiques de l'État dans ces districts sont tenus d'accepter les demandes
des citoyens en trois langues: en hindi, en ourdou et en anglais.
En outre, des traducteurs et des sténographes ont été recrutés
sur une grande échelle dans divers bureaux du gouvernement. Selon la loi de
1980, l'ourdou était reconnu comme seconde langue officielle pour les fins
suivantes:
|
Dans les faits, il en est tout autrement pour une raison bien simple: la plupart des fonctionnaires ne peuvent pas soutenir une conversation en trois langues. Peu d'employés de l'État peuvent s'exprimer en ourdou et encore moins le lire et l'écrire; quant à l'anglais, seuls quelques spécialistes peuvent maîtriser cette langue. En ce qui concerne l'ourdou, les corps de police refusent en général de tenir compte des demandes de victimes ou d'organisations musulmanes rédigées en ourdou. Ce genre de comportement, qui s'étend à un grand nombre d'administrations publiques, témoigne du statut véritable de l'ourdou, pourtant la seconde langue officielle du Bihar. Bref, le bilinguisme hindi-ourdou n'est réel que sur papier, car il ne se transpose pas dans la réalité.
Il suffit de lire une partie du
Règlement sur
les services en éducation du Bihar (2014) pour se rendre compte que seul l'hindi fait l'objet d'une connaissance
préalable dans la fonction publique du Bihar. Il n'est nullement fait mention
d'une autre langue :
Bihar Education Service Rules, 2014 Section 1 2) It shall extend to the whole of the State of Bihar. 3) It shall come into force from the date of notification. Departmental Examination for the officers of Bihar Education
service (i) Noting - 50 Marks The oral examination of Hindi shall consist of the following : (i) Viva on general subjects - 40 Marks. (Scoring 50 % marks shall be declared pass from lower level and scoring 60% marks shall be declared pass from higher level. For declaring pass from both the levels, the officer shall have to score the minimum pass marks separately in written and oral examination). |
Règlement sur les services en éducation du Bihar (2014)
Article 1er
3) Il entre en vigueur à compter de la date de l'avis.
Examen ministériel pour les fonctionnaires des services en éducation du Bihar
(i) Examen - 50
points 5. Hindi oral - (100 points) L'examen oral de l'hindi est composé des éléments suivants:
(i) Interrogation sur des sujets généraux - 40
points. |
Dans l'État du Bihar, la langue hindi demeure un élément incontournable de la vie sociale.
Il existe une Commission pour les minorités. L'article 6 de la Loi sur la Commission des minorités (1991) définit ainsi les fonctions de la Commission:
Article 6 Fonctions de la Commission 1) Les fonctions de la Commission sont les suivantes :
|
Dans les faits, la seule garantie constitutionnelle qui est respectée concerne l'accès aux écoles pour les minorités.
4.2 L'emploi des langues en éducation
En Inde, le système scolaire compte quatre niveaux d'enseignement :
1) le «pré-primaire» (maternelle) appelé "pre-primary school", non obligatoire;
2) le primaire ("primary"), obligatoire; le primaire du second cycle ("upper primary"), obligatoire;
3) le secondaire ("secondary"), obligatoire au premier cycle; non obligatoire au second cycle "higher secondary");
4) l'enseignement supérieur.
En 2011, le taux d'alphabétisation des adultes de l'État du Bihar était de 63,8 %, dont 73,3 % pour les hommes et 53,5 % pour les femmes. Dans les zones rurales, c'est 67,1 % pour les hommes et 49,6 % pour les femmes. Les districts de Gaya (75,5 %), de Patna (72,3 %) et de Rohta (70,1 %) ont les plus hauts taux d'alphabétisation, alors que les districts de Kishanganj (31,0 %), d'Araria (34,9 %) et de Katihar (35,2 %) ont les plus bas taux, ces derniers étant des districts avec d'importantes minorités linguistiques.
Dans le domaine de l'enseignement, l'article 350A de la Constitution indienne oblige tout État à assurer, au primaire, l'enseignement de la langue maternelle aux enfants appartenant à des groupes minoritaires:
Article
350A Chaque État et chaque autorité locale de cet État devra faire en sorte de fournir aux enfants appartenant à des groupes linguistiques minoritaires des installations adéquates pour l'enseignement dans leur langue maternelle au niveau primaire; et le président, s'il juge nécessaire ou approprié que ces installations soient fournies, pourra donner des directives à cet effet à tout État. |
Pour les langues minoritaires, il suffit d'une demande de 10 élèves sur 40 pour que l'État, par exemple le Bihar, soit tenu d'offrir un enseignement dans une langue donnée.
Dans les écoles primaires, les langues d'enseignement sont d'abord l'hindi, puis l'anglais et l'ourdou. Il existe quelque 50 300 écoles primaires au Bihar. Voici la répartition des écoles selon la langue d'enseignement pour le premier
cycle du primaire, le second cycle du primaire et le secondaire :Langue | Primaire 1er cycle | Primaire 2e cycle | Secondaire |
Hindi | 39 239 | 9 122 | 87 |
Anglais | 8 743 | 1 502 | 27 |
Ourdou | 4 466 | 555 | 8 |
Sanskrit | 573 | 1 495 | 14 |
Autres | 561 | 75 | 0 |
La catégorie «autres» (ou «autres langues» désigne le bengali, le bhojpouri, l'arabe, le maithili, le persan et le magahi. Rappelons que le sanskrit n'est pas une langue maternelle, mais une langue morte au même titre, par exemple, que le latin pour les francophones. De nombreuses organisations ourdouphones se sont plaintes du fait que le nombre des écoles primaires dont la langue d'enseignement est l'ourdou n'est pas suffisant pour répondre aux besoins de leur communauté linguistique (et religieuse).
Dans l'enseignement des langues, l'État du Bihar pratique la «formule trilingue» ("three-language formula"): la langue maternelle (ou la langue régionale), une langue officielle (hindi ou anglais) et une autre langue moderne, indienne ou étrangère (l'hindi, l'anglais et la langue officielle régionale). Dans cet État, la première langue est l'hindi, la seconde langue est l'anglais et la troisième langue peut être le sanskrit.
Langue officielle |
Langue maternelle (première langue) |
Seconde langue | Troisième langue |
hindi (+ ourdou) | hindi, ourdou ou bengali | anglais |
sanskrit |
L'État du Bihar compte pas moins d'une quarantaine d'universités et d'instituts de haut-savoir. Dans tous ces établissements, les cours se donnent en hindi et/ou en anglais.
4.5 Les médias
Dans l'État du Bihar, la plupart des journaux sont en hindi (Bihar
News Portal, Jagran Bihar, etc.), mais certains sont en anglais
(Patna
Daily, Bihar Times, etc.), en ourdou (Taasir), en maithili (Esamaad
Maithili) ou en magahi (Magahi Parishad).
Plusieurs stations de radios appartiennent au gouvernement et diffusent en hindi, mais également en maithili, en ourdou, en bengali, en santali, etc. La chaîne All India Radio possède des stations à Bhagalpur, à Daltonganj, à Darbhanga, à Patna, à Purnea et à Sasaram. En télévision, Mahuaa TV, Hamar TV, DD Bihar, Sahara Bihar, Maurya TV, ETV Bihar, Sobhagaya Mithila TV, etc., diffusent surtout en hindi, mais certaines émissions sont en anglais, en ourdou, en maithili, en bengali, etc. |
L'État du Bihar pratique une politique d'unilinguisme hindi, la concurrence linguistique étant fort minime entre les langues locales. Cependant, cette concurrence existe bel et bien avec l'anglais. Pour le reste, l'hindi occupe une place prépondérante dans les activités de communication dans l'État. En ce qui concerne les minorités, l'État du Bihar s'en tient au respect minimal des dispositions constitutionnelles en matière d'éducation. Les principales minorités linguistiques ont à leur disposition un nombre suffisant d'écoles dans leur langue, sauf pour les ourdouphones qui se plaignent du nombre insatisfaisant de leurs écoles. L'État n'assure pas une quelconque promotion à cet égard.
En somme, l'État du Bihar ne maltraite pas ses minorités, mais il ne s'en préoccupe pas vraiment, notamment la minorité parlant le maithili. Comme ailleurs en Inde, l'État assure une place plus importante à l'anglais qu'aux langues minoritaires, mais c'est un État qui maintient la prépondérance de l'hindi depuis plusieurs générations.
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