3 Bref historique
Le territoire de la Communauté
autonome de la Castille-et-Léon a été une région habitée par les Ibères,
les Celtes et les Ligures, sans compter les invasions des Phéniciens,
des Grecs et des Carthaginois.
3.1 Une province
romaine
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Puis la région devint une province
romaine à partir de 27 avant notre ère. Les Romains
pacifièrent la région la divisèrent en provinces : la
Gallaecia, la Tarraconensis, la Lusitania, la Baetica et la
Carthagenensis. Le territoire de l'actuelle Castille-et-Léon
était située dans la province de Carthagenensis. La présence
de Rome en Espagne dura sept siècles. Les Romains n'ont pas
seulement transmis une administration territoriale, mais ils
ont aussi laissé un ensemble de coutumes sociales et
culturelles, dont la langue latine qui deviendra le
castillan.
Après plus d'un siècle sans présence étrangère, les Wisigoths s'installèrent
dans la région au VIe siècle,
mais le royaume wisigoth fut menacé au début du VIIIe
siècle par l'invasion arabe.
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3.2 L'invasion
arabe
Les guerriers musulmans
s'approprièrent presque toute la Péninsule en moins de sept années, sauf
pour les îles Baléares. Le Sud était acquis dès 711, puis la Catalogne
en 712, le royaume de Valence en 714, les Baléares seulement en 903. Le
califat de Cordoue (viiie-xe siècle),
fondé en 756, connut son apogée sous Abd al-Rahmān III (912-961). Les
chrétiens d’Espagne se réfugièrent dans les royaumes restés indépendants
au nord (les Asturies, le Léon, l'Aragon et les Pyrénées), tandis que la
religion et la civilisation musulmanes s’implantaient rapidement dans le
reste de la Péninsule.
Durant l'occupation arabe, le sud de
la Péninsule connut au moins cinq langues principales, l'arabe, le
castillan, le mozarabe, l'andalou et le latin. La
langue arabe était avant tout
employée par l'Administration du calife, ainsi que par les colons et
soldats en provenance de l'Afrique. Le
castillan était utilisé par l'aristocratie et la
bourgeoisie espagnole, ainsi que par les grands commerçants. Le
latin demeurait la langue de
l'Église catholique, encore toute puissante en Espagne; c'était un
symbole distinctif en terre d'islam ibérique. C'était la langue de la
liturgie, de l'enseignement à l'usage du clergé, de la copie des
manuscrits, des inscriptions funéraires, etc. Par ailleurs, beaucoup
d'Espagnols (fonctionnaires, serviteurs, soldats, commerçants, artisans,
etc.), gravitant autour des autorités arabes ou du califat, furent
arabisés, mais non islamisés. Ce sont les Mozarabes. Ces chrétiens
(habillés comme des Arabes) parlaient une langue romane appelée aljamía
ou mozarabe, et écrite en
alphabet arabe. Le mot «Ajam» était utilisé pour désigner ceux que les
Arabes considéraient comme des «étrangers», voire des rivaux; les
Mozarabes étaient de «faux Arabes» pour les Arabes, et des «traîtres»
pour les Castillans; alors que les Arabes les considéraient comme des
chrétiens, les Castillans voyaient en eux des Arabes. Dans tout le Sud,
on parlait des langues mozarabes parce qu'il y en avait plusieurs
variétés. Par exemple, on distingue le «castillan mozárabe» qui se
divisait lui-même en de nombreuses sous-variétés, le «catalan mossàrab»
et le «portugais moçárabe». Ces Mozarabes étaient considérés par les
Arabes comme une communauté repliée sur elle-même, imperméable à toute
influence de l'islam, mais en réalité ils étaient plus «réceptifs» aux
autres cultures que les Espagnols castillans. Le reste de la population,
surtout des paysans, mais aussi des pêcheurs et des explorateurs,
parlaient ce qui allait devenir l'andalou.
3.3 La Reconquête
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Avec Fernán González (950), la
Castille est devenue un comté héréditaire, encore vassal du Léon,
jusqu'à ce que, en 1029, elle soit acquise par le roi Sanche III de
Navarre et, à son décès, elle soit passée entre les mains de son fils
Ferdinand Ier, premier roi de Castille.
Ferdinand Ier intégra dans son royaume
le Léon et les territoires musulmans,
mais lors du décès de l'«empereur» Alphonse VII en 1157, le royaume fut
à nouveau divisé entre ses fils Sanche et Ferdinand: la Castille et le
Léon. Le décès précoce de Sanche III conduisit la Castille entre les
mains d'un roi-enfant de trois ans (1158), Alphonse VIII. Celui-ci
devint un enjeu politique entre les partis nobiliaires. Le roi du Léon,
de la Galice, des Asturies et de l'Estrémadure, Ferdinand II, réclama la
régence, qui conduisit à une quasi-guerre civile. Dès son adolescence,
Alphonse VIII dut reconquérir son royaume par la force. Pour unifier la
noblesse castillane, il relança la Reconquista («Reconquête»). Il
réussit à obtenir des terres de l'Aragon, annexa la Rioja, et gagna la
bataille des Navas de Toulouse (1212), qui brisa le pouvoir de la
dynastie arabe des Almohades. |
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En 1230, le royaume de Léon fut intégré à la Castille avec
Ferdinand III appelé saint Ferdinand de Castille, roi de
Castille de 1217 à 1230, puis roi de Castille-et-Léon de
1230 à 1252. Cependant, il n’exista pas immédiatement
d’union réelle des royaumes de Léon et de Castille, car les
deux royaumes maintinrent des institutions séparées, des
lois différentes et des systèmes économiques indépendants,
même s'ils partageaient le même monarque. Dans les faits, le
Léon bénéficia de son indépendance jusqu’en 1301. Mais
la région prit le nom de «royaume de Castille» au fur et à
mesure que les rois de Castille étendirent leurs
possessions.
Puis, en 1469, Ferdinand
II d’Aragon épousa Isabelle de Castille et les deux royaumes
(l'Aragon et la Castille) s’unirent. L’Espagne alors unifiée
imposa progressivement la castillanisation du royaume, bien
que le catalan continuât de bénéficier de son statut de
langue officielle dans les anciens comtés de la Catalogne.
|
En 1492, la prise de Grenade par
Ferdinand II d’Aragon chassa définitivement les Arabes de la Péninsule.
La chute de Grenade constitua la fin de l'occupation musulmane en
Espagne et en même temps que celle de la Reconquista.
3.4 La
castillanisation
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Dès lors, s'amorça alors un long
déclin des langues autres que le castillan: le catalan, le basque, le
galicien, etc. La castillanisation se fit aux dépens des langues
concurrentes: le basque, le galégo-portugais, l'asturo-léonais, le
navarro-aragonais et le catalan (cliquer
ICI, s.v.p.). Au fur et à
mesure que le castillan prenait de l'expansion, le léonais, l'asturien,
l'aragonais, le galégo-portugais, etc., périclitaient.
C'est sous le règne de Charles Quint
(1516-1556) que furent menées l’exploration et la conquête des Amériques
: conquête de l’Empire aztèque au Mexique par Hernán Cortés, de 1519 à
1521, et conquête de l’Empire inca au Pérou par Francisco Pizarro, de
1531 à 1533. Vers 1550, l’Espagne contrôlait presque tout le continent
sud-américain, l’Amérique centrale, la Floride, Cuba et, en Asie, les
Philippines. Évidemment, l'expansionnisme de l'Espagne allait contribuer
à exporter le castillan (mais aussi le castillan méridional
d'Andalousie) dans les Amériques et en Asie.
|
Mais l'usage généralisé du castillan
dans toute l'Espagne débuta avec l'avènement de la dynastie des
Bourbons. Après la guerre de Succession d’Espagne (1705-1715), le règne
de Philippe V (1700-1746),
petit-fils de Louis XIV, fut marqué par une politique de centralisation,
inspirée du modèle absolutiste français. Philippe V occupa Barcelone,
fit appliquer les lois castillanes et abolit toutes les institutions
gouvernementales qui existaient en Catalogne (dont la Generalitat).
Le castillan devint la seule langue officielle de l’Administration
publique dans toute l'Espagne, même si les habitants continuaient de
parler, selon les régions, le catalan, le basque, l'aragonais,
l'asturien, le léonais, l'andalou, etc.
Cette situation se perpétua jusqu'au
régime du général Franco, de 1939 à 1975. Au plan linguistique, le
caudillo ("chef") pratiqua une politique répressive à l'égard des
diverses langues parlées autres que le castillan. Non seulement le
basque et le catalan furent pourchassées et interdites dans la vie
publique, mais également l'aragonais, l'asturien, l'andalou, etc. On
entendait souvent à cette époque des slogans du genre: Si eres
español, habla la lengua del imperio («Si tu es espagnol, parle la
langue de l'Empire») ou encore habla en cristiano («Parle
chrétien»), ce qui pourrait être l'équivalent ibérique du Speak white
des anglophones du Canada à l'égard des francophones!
3.5 La
Constitution de 1978
La promulgation de la
Constitution espagnole de 1978 et la création des 17
Communautés autonomes constituèrent le point de départ
pour une nouvelle ère d'organisation politique. C'est
ainsi que la Castille fut fragmentée en diverses
entités, dont la Castille-et-Léon (la Vieille-Castille),
la Communauté de Madrid, la Castille-La Manche (la
Nouvelle-Castille), sans oublier l'Estrémadure, la
Murcie, etc. L'adoption du Statut d'autonomie a soulevé
des problèmes: Le Léon et la Ségovie ont refusé dans un
premier temps de se rattacher à la Castille-et-Léon. Le
choix de la capitale Valladolid ne fut décidé qu'en
1988.
La nouvelle
Constitution espagnole a aussi permis la reconnaissance de certaines
langues. Si ce fut le cas pour le catalan (Catalogne,
Valence, Baléares), le basque (Pays basque et Navarre)
et le galicien (Galice), il n'en fut pas ainsi pour les
langues des minorités historiques de la Communauté
autonome de la Castille-et-Léon. En effet, rien dans le
Statut d'autonomie de 1983 (Ley
Orgánica 4/1983, de 25 de febrero, Estatuto de Autonomía
de Castilla y León) ne fut prévu pour quelque langue
que ce soit, y compris le castillan. Il n'existait
aucune disposition ni au sujet de la langue officielle
ni d'une
langue co-officielle. Tout au plus, pouvait-on lire au
paragraphe 2 de l'article 3 qu'une loi des Cortes
de la Castille-et-Léon doit déterminer les
services de l'administration de la Communauté en tenant
compte des critères de décentralisation, d'efficacité,
de coordination des fonctions et des traditions
historiques et culturelles; il est possible que, parmi
les traditions historiques et culturelles, on ait pensé
aux langues historiques:
Artículo 3.
Sede.
1) Constituidas las Cortes de
Castilla y León en la villa de Tordesillas,
aprobarán, en su primera sesión ordinaria,
la Ley que determine la sede o sedes de sus
Instituciones de autogobierno por mayoría de
dos tercios.
2) Una ley de las Cortes de Castilla
y León determinará la ubicación de los
organismos o servicios de la Administración
de la Comunidad a propuesta de la Junta,
atendiendo a criterios de descentralización,
eficacia, coordinación de funciones y a la
tradición histórico-cultural. |
Article 3
Siège
1) Les Cortes de la Castille-et-Léon
constituées dans la
ville
de Tordesillas doivent approuver, lors
de leur première session ordinaire, la loi
qui déterminera le siège ou les sièges de
institutions d'autogouvernement à la
majorité des deux tiers.
2) Une loi des Cortes de la
Castille-et-Léon déterminera l'emplacement
des organismes ou les services de
l'administration de la Communauté, sur
proposition de la Junte, en tenant compte
des critères de décentralisation,
d'efficacité, de coordination des fonctions
et des traditions historiques et
culturelles. |
Le castillan devint
donc, en vertu de l'art. 3 de la Constitution espagnole de 1978,
la seule langue officielle de cette Communauté autonome.
Les réformes successives du Statut d'autonomie finirent
par accorder une certaine reconnaissance, d'ordre
symbolique, au léonais et au galicien. Toutefois, aucune
reconnaissance, même symbolique n'a été accordé ni à l'estrémadurien
ni au basque.
4 La politique
linguistique
La dénomination officielle pour désigner le gouvernement autonome est
Gobierno de Castilla y León
(en français: gouvernement de la Castille-et-Léon), ce qui
correspondrait à un «Exécutif gouvernemental». Le gouvernement
est aussi appelé Junta de Castilla y
León : «Junte
de Castille-et-Léon».
Le
gouvernement est composé du président ("Presidente"), de deux vice-présidents ("Vicepresidente")
et de «conseillers» ("Consejeros») équivalant à la fonction de «ministres». Le
président est élu par le Parlement de
Castille-et-Léon ou Cortes de Castilla y
León, mais nommé par le roi d'Espagne.
À l'instar des autres Communautés autonomes,
la Castille-et-Léon utilise les termes
Consejerías (ancien français: «conseillerie»),
ainsi que consejeiro / consejera
(fr. «conseiller / conseillère»), qui servent à
désigner les ministères et les ministres du gouvernement de
Castille-et-Léon. On peut, en français, employer l'expression «ministre-conseiller» (ou
«ministre-conseillère»), voire simplement «ministre», pour rendre compte
adéquatement du terme consejero /
consejera ; le terme français «conseiller» correspond mal à la fonction
dévolue aux conselleiros / conselleiras
en Espagne, car ces postes n'ont rien à voir avec une «personne qui donne des
conseils» — conseiller
juridique, conseiller d'orientation, etc. —
ou qui fait partie, par exemple, d'un conseil municipal. De plus, le mot
vicepresident (fr. «vice-président») sert
d'équivalent à «premier ministre». En Espagne, les
termes ministerio (fr. «ministère») et ministro / ministra (fr.
«ministre») désignent les ministères et les ministres du
gouvernement central, et non ceux des Communautés autonomes; le premier
ministre du gouvernement espagnol est désigné par l'expression Primer
ministro (fr. «premier ministre»).
La plus grande partie de la politique linguistique du
gouvernement de
Castille-et-Léon
est définie dans la
Loi organique 14/2007 du 30 novembre sur la réforme du Statut
d'autonomie Castille-et-Léon, le
décret 7/2002 du
10 janvier instaurant le programme d'études de l'enseignement secondaire
obligatoire de la Communauté de Castille-et-Léon, la
loi 12/2002 du 11
juillet sur le patrimoine culturel de Castille-et-Léon, ainsi que l'ordonnance
965/2005 du 14 juillet instaurant la matière facultative de l'enseignement
secondaire obligatoire «Langue et culture galiciennes» et son approbation dans
le programme d'études.
4.1 Le statut
officiel du castillan par défaut
Le Statut d'autonomie accordé à cette
région autonome en 1983 n'accordait aucune reconnaissance officielle ni
au castillan ni à aucune autre langue. En conséquence, seul l'article 3 (trois paragraphes) de la
Constitution espagnole s'appliquait dans la Communauté autonome de
Castille-et-Léon, car le castillan est la langue
espagnole officielle de l'État, donc de celle de ses États constitutifs :
Artículo 3
1) El castellano es la lengua
española oficial del Estado. Todos los españoles tienen el deber de
conocerla y el derecho a usarla.
2) Las demás lenguas españolas serán también oficiales en las
respectivas Comunidades Autónomas de acuerdo con sus Estatutos.
3) La riqueza de las distintas modalidades lingüísticas de España
es un patrimonio cultural que será objeto de especial respeto y protección. |
Article 3
1)
Le castillan est la langue
espagnole officielle de l'État. Tous les Espagnols ont le devoir de le
connaître et le droit de l'utiliser.
2)
Les autres langues
espagnoles seront également officielles dans les Communautés autonomes
respectives en accord avec leurs Statuts.
3)
La richesse des diverses
modalités linguistiques de l'Espagne est un patrimoine culturel qui doit
être l'objet d'une protection et d'un respect particuliers. |
De toute façon, il n'existe aucune loi
particulière adoptée par les Cortes de la Castille-et-Léon proclamant le
castillan comme langue officielle. Le castillan est par conséquent la «langue
officielle par défaut» ou de facto (dans les faits). Ce fait témoigne aussi de l'absence de «problèmes» en
matière de langue.
Rappelons que, si tous les
Espagnols ont le devoir de connaître le castillan, cette obligation
ne s'applique pas au catalan, au basque et au galicien (en Galice), encore moins aux autres
langues comme le léonais ou l'estrémadurien. L'utilisation de ces langues
minoritaires en Espagne ne constitue pas une obligation, mais simplement un
droit. Les langues ne sont donc pas officielles au même degré: la langue
officielle de toute l'Espagne demeure le castillan, ce qui lui assure une
préséance certaine. Il faut bien comprendre que, en termes de droits
linguistiques, la Constitution espagnole reconnaît deux catégories de citoyens
et deux catégories de territoires.
Ainsi, la Constitution prévoit un
État espagnol unilingue composé de territoires
officiellement unilingues (les castillanophones) et de territoires
officiellement bilingues (pour les Catalan, les Basques et les Galiciens). Comme la
Constitution espagnole est muette sur le galicien en dehors de la Galice, le léonais ou l'estrémadurien,
et que le Statut d'autonomie
n'en fait pas davantage mention, seul le castillan bénéficie du statut
d'officialité. Néanmoins, les diverses langues du territoire de la Communauté
bénéficient d'une certaine reconnaissance en tant que «patrimoine culturel».
4.2 La
reconnaissance du patrimoine linguistique et culturel
Au sein de la Communauté autonome de
Castille-et-Léon, toutes les langues font partie du patrimoine culturel,
y compris le castillan. Ainsi, l'article 4 du nouveau Statut d'autonomie
de 2007 (Loi organique 14/2007 du 30 novembre sur la réforme du Statut
d'autonomie Castille-et-Léon) considère que la langue castillane et le
patrimoine historique, artistique et naturel constituent des valeurs
essentielles pour l'identité de la Communauté de Castille-et-Léon, et
qu'ils font l'objet d'une protection et d'un soutien particuliers:
Article 4
Valeurs essentielles
La langue castillane et le patrimoine historique, artistique et
naturel constituent des valeurs essentielles pour l'identité de la
Communauté de Castille-et-Léon, et font l'objet d'une
protection et d'un soutien particuliers, pour tout ce qui favorisera la création
d'organismes répondant à cette fin. |
En droit, ce genre de disposition
n'a autre valeur que symbolique. Il en est ainsi de l'article
5 de la
Loi organique 14/2007 (par. 1), qui proclame que «le castillan fait partie du
patrimoine historique et culturel le plus précieux de la
Communauté», ce qui correspond à un fait social, non à un droit
individuel quelconque:
Article 5
La langue castillane et le reste du patrimoine linguistique de
la Communauté
1) Le castillan fait partie du patrimoine historique et culturel le
plus précieux de la Communauté; il est répandu sur tout le territoire
national et dans beaucoup d'autres États. La Junte de Castille-et-Léon favorise l'usage correct du castillan
dans les domaines de l'éducation, de l'administration et de la culture.
Aussi, la Junte doit promouvoir son apprentissage dans le
domaine international, particulièrement en collaboration avec les universités de la Communauté
qui peut adopter des mesures qu'elle considère appropriées.
|
La seule obligation relève de
la Junte de Castille-et-Léon: favoriser l'usage correct du
castillan dans les domaines de l'éducation, de l'administration
et de la culture. Quant à promouvoir son usage au plan
international, c'est plus difficile dans la mesure où les
relations internationales relèvent de la juridiction de l'État
espagnol.
De plus, les paragraphes 2 et
3 de l'article 5
de la
Loi organique 14/2007 concernent deux langues régionales, le léonais et le galicien:
Article 5
2) Le léonais doit faire l'objet d'une protection spécifique
de la part des institutions par sa valeur particulière dans le patrimoine
linguistique de la Communauté. Sa protection, son usage et
sa promotion feront l'objet d'une réglementation.
3) La langue galicienne
bénéficie du respect et de la protection dans les endroits
où elle est habituellement utilisée. |
De telles dispositions
n'ont de valeur qu'au plan culturel, car elles n'accordent
aucun droit linguistique aux citoyens parlant ces langues.
Il faut chercher longtemps pour constater comment le léonais
pourrait faire l'objet d'une protection de la part des
institutions, il n'y a strictement rien dans les faits. Les Cortes ont également adopté un loi sur la patrimoine
culturel: la
loi 12/2002 du 11 juillet
sur le patrimoine culturel de Castille-et-Léon (Ley 12/2002,
de 11 de julio, de Patrimonio Cultural de Castilla y León).
Cette loi précise que les divers parlers et différentes langues,
diverses variétés dialectales et modalités
linguistiques, qui ont été utilisés traditionnellement dans le
territoire de la Communauté de Castille-et-Léon, font partie du
«patrimoine linguistique»:
Article 64
Définition
Font partie du patrimoine linguistique de Castille-et-Léon les
divers parlers et différentes langues, variétés dialectales et modalités
linguistiques qui ont été utilisés traditionnellement dans le
territoire de la Communauté de Castille-et-Léon.
|
En tant
qu’expression de la culture d'un peuple, la langue
donne vie à la diversité humaine. En tant que bien
commun, la langue mérite donc d'être conservée, mais
il s'agit d'un vœu pieux s'il n'existe pas de moyens
prévus à cet effet. L'article 65 de la
loi 12/2002 du 11 juillet énonce que
l'Administration compétente adopte les mesures
adéquates visant la protection et la diffusion des
différentes manifestations du patrimoine
linguistique de la Castille-et-Léon, ce qui est peu:
Article 65
Mesures de protection
1) L'Administration compétente adopte les mesures
adéquates
visant la protection et la diffusion des différentes
manifestations du patrimoine linguistique de la Castille-et-Léon, en
prenant en considération les caractéristiques et les circonstances
spécifiques de chacune d'elles.
2)
En outre, elle veille à l'intégrité des valeurs des
œuvres
littéraires et de la pensée des auteurs reliés au territoire de la
Communauté de Castille-et-Léon, lorsqu'elles ne constituent pas l'existence de
particularités acceptables pour l'exercice des actions en défense du
droit intellectuel d'auteur. |
Il est tout de même curieux
que l'estrémadurien, parlé dans le sud de la Salamanque, ainsi
que le basque à Treviño ne soient
jamais mentionnés.
Comme on peut le comprendre, tous les
représentants des minorités linguistiques, surtout les locuteurs du
galicien (Bierzo)
et du basque (Treviño), demandent un
élargissement de leurs droits linguistiques. Les groupes minoritaires
exigent plus qu'un texte symbolique sur le patrimoine linguistique, mais
des droits qui permettraient l'enseignement de leur langue dans les
écoles primaires, des affiches et des services municipaux bilingues dans
les municipalités où ils sont en nombre suffisant. En réalité, ils
demandent un caractère de co-officialité dans les quelques municipalités
où ils résident, sur la base, par exemple, des droits des
Aranais en Catalogne,
ou de ceux des bascophones en Navarre.
La reconnaissance du statut officiel des langues minoritaires
supposerait la normalisation de leur usage juridique dans les
administrations locales du Bierzo et de Treviño.
De plus, les minorités considèrent
comme inacceptable que l'Institut castillan et léonais de la langue ("Instituto Castellano
y Leonés de la Lengua") ne prévoit aucune activité ni
quelque recherche que ce soit sur d'autres langues que le castillan.
L'Institut castillan et léonais de la langue est une fondation parrainée
par la Junte de Castille-et-Léon; il a comme objectifs de diffuser et de
promouvoir l'usage et la connaissance de la langue castillane, ainsi que
de soutenir la formation des enseignants en castillan à tous les niveaux
de l'enseignement.
Les
représentant de ces minorités déplorent aussi la quasi-absence de ce
leurs langues dans les médias de la Castille-et-Léon (télévision,
radio, presse, Internet, etc.). Il n'existe à cet effet
aucune politique
culturelle qui serait éventuellement étendue à l'industrie cinématographique et
audiovisuelle ou dans les diverses activités
artistiques et littéraires, la production de livres et
de publications, etc.
4.3 La
langue de la Communauté autonome
Aucun autre texte juridique ne fait aucune allusion à la langue
officielle de la Communauté autonome, ni à d'autres langues, sauf dans le
domaine de l'éducation. La Communauté autonome de
Castille-et-Léon est massivement castillane, ce qui ne surprend guère, car ce
territoire est à la source de l'expansion de cette langue dans toute l'Espagne.
Quoi qu'il en soit, aucune autre langue n'est utilisée
au parlement de la Castille-et-Léon, ni dans les tribunaux, ni dans
l'Administration. Comme le castillan
est la langue officielle et que tous les citoyens connaissent cette langue, seul
le castillan est employé. Les seuls documents écrits et déposés dans un tribunal
doivent être rédigés en castillan.
En ce qui a trait aux services gouvernementaux, tant ceux du pouvoir central
que ceux de la Communauté autonome,
l'Administration s'en tient aux dispositions constitutionnelles qui déclarent
que le castillan est la langue officielle. Si, par inadvertance, un citoyen fait parvenir une
lettre dans un bureau du gouvernement, l'Administration se contente de
retourner le document sans même y répondre. Toutes les dénominations des
municipalités doivent être en castillan, y compris celles situés dans les
régions minoritaires comme dans le district de Treviño
(de langue basque), de Bierzo (de lanfgue galicien), de El Payo ou de Lagunilla
(de langue estrémadurienne).
De plus, la Junte de la Castille-et-Léon a créé un
institut destiné à diffuser et promouvoir l'usage et
la connaissance de la langue espagnole: l'Institut castillan et léonais
de la langue ou Instituto Castellano y Leonés de la Lengua. Cet
organisme dispose de statuts dont l'objectif est voué à la seule langue
espagnole.
Estatutos de la
fundación instituto castellano leonés de la lengua
Artículo
1
Denominación
La Fundación Instituto Castellano y Leonés de la Lengua es
una organización privada sin ánimo de lucro, que se
constituye al amparo del derecho reconocido por el artículo
34.1 de la Constitución Española, de la Ley 50/2002 de 26 de
diciembre de Fundaciones, de la Ley 13/2002, de 15 de julio
de Fundaciones de Castilla y León, y cuyo patrimonio se
halla afectado de forma duradera, por voluntad de sus
creadores a la realización de los fines de interés general
señalados en los presentes Estatutos.
Artículo 8
Fines
1) La fundación tendrá como finalidad esencial:
a. Con
carácter general, difundir y promover el uso y
conocimiento del idioma español.
b. Promover y apoyar la formación del profesorado de
español en todos los grados de enseñanza.
2)
Para el cumplimiento de sus fines, la Fundación podrá
realizar, entre otras, las siguientes actividades:
a.
Organizar cursos, congresos, exposiciones, certámenes y
cualquier acto cultural relacionado con el mejor
conocimiento y difusión del idioma español.
b. Establecer comisiones y grupos de trabajo que
realicen investigaciones, estudios y proyectos
relacionados con los fines de la Fundación.
c. Editar trabajos o estudios de investigación que por
su relación con los fines de la Fundación y por su
calidad se consideren de interés.
d. Mantener relaciones con otras entidades, tanto
públicas como privadas, con el propósito de desarrollar
estudios y colaborar con la edición de obras en
castellano.
e. Crear centros de estudios que tiendan al
perfeccionamiento de los docentes de la lengua española.
f. Crear centros que contribuyan a conservar y difundir
el idioma.
g. Promover la presencia en España y en especial de
Castilla y León de estudiantes interesados en el
conocimiento del español.
h. Colaborar en todos los órdenes con las instituciones
que directa o indirectamente tiendan a difundir,
conservar o perfeccionar el español.
i. La creación y concesión de premios para trabajos
tanto científicos como literarios que contribuyan a la
pureza y difusión del español.
j. Actuar ante los poderes públicos en defensa de la
lengua española, evitando su discriminación o la de sus
usuarios.
k. En general, todas aquellas actividades que acuerde el
órgano de gobierno de la Fundación para la mejor
consecución del fin último de ésta.
|
Statuts
de la fondation de l'Institut castillano-léonais de la
langue
Article 1er
Dénomination
La Fondation de l'Institut castillan et léonais de la langue
est une organisation privée sans but lucratif, qui est
constituée grâce à la protection du droit reconnu par
l'article 34.1 de la Constitution espagnole, de la loi
50/2002 du 26 décembre sur les fondations, de la loi 13/2002
du 15 juillet sur les fondations de la Castille-et-Léon, et
dont le patrimoine est touché de manière durable, par la
volonté de ses créateurs à la réalisation des objectifs
d'intérêt général signalés dans les présents statuts.
Article 8
Objectifs
1) La fondation a pour objectif essentiel :
a. De façon générale,
de diffuser et de promouvoir l'usage et la connaissance
de la langue espagnole.
b. De promouvoir et de soutenir la formation du corps
professoral de l'espagnol à tous les niveaux de
l'enseignement.
2) Pour l'atteinte
de ses objectifs, la Fondation peut effectuer, entre autres,
les activités suivantes :
a. Organiser des
cours, congrès, expositions, concours et toute autre
activité culturelle en rapport avec la meilleure
connaissance et diffusion de la langue espagnole.
b. Instituer des commissions et des groupes de travail
qui effectuent des recherches, études et projets en
rapport avec les buts de la Fondation.
c. Publier des travaux ou des études de recherche qui,
par leur relation avec les buts de la Fondation et par
leur qualité, sont considérées d'intérêt général.
d. Maintenir des relations avec d'autres organismes,
tant publics que privés, dans le but de susciter des
études et collaborer avec l'édition d'œuvres en
castillan.
e. Créer des centres d'études qui tendent au
perfectionnement des enseignants de langue espagnole.
f. Créer des centres qui contribuent à conserver et à
diffuser la langue.
g. Promouvoir la présence en Espagne et particulièrement
en Castille-et-Léon d'étudiants intéressés à la
connaissance de l'espagnol.
h. Collaborer dans toutes les disciplines avec les
institutions qui tendent directement ou indirectement à
diffuser, conserver ou perfectionner l'espagnol.
i. Créer et décerner
des prix pour des travaux tant scientifiques que
littéraires contribuant à la pureté et à la diffusion de
l'espagnol.
j. Agir auprès des
pouvoirs publics pour la défense de la langue espagnole,
en évitant sa discrimination ou celle de ses usagers.
k. En général, toutes
ces activités que décide l'organisme gouvernemental de
la Fondation pour mieux atteindre l'objectif ultime de
celle-ci.
|
Or, les représentants des groupes minoritaires
contestent cet objectif exclusivement voué à la langue espagnol (le
castillan). Ils désireraient que cet organisme défende aussi les langues
minoritaires du territoire, c'est-à-dire le léonais, le galicien, le
basque et l'estrémadurien. Ils considèrent que la dénomination même de
l'institut —
Instituto Castellano y Leonés — porte mal son
nom, puisqu'elle ignore même le léonais. En fait, le nom de cet
organisme témoigne du peu d'intérêt des autorités pour les autres
langues que le castillan.
4.4 L'éducation
Compte tenu de la législation en vigueur, les écoles publiques dans la
Communauté autonome de Castille-et-Léon
sont dans l'obligation de dispenser un enseignement en castillan.
- La législation
En ce sens, la
Castille-et-Léon respecte les dispositions de la
Loi organique espagnole 2/2006 du 3 mai sur l'éducation
(Ley
Orgánica 2/2006, de 3 de mayo, de Educación).
Dans l'enseignement primaire, c'est l'article 17 qui s'applique:
Article 17
Objectifs de l'enseignement
primaire
L'enseignement primaire doit contribuer à développer
chez les filles et les garçons des habiletés qui leur permettent :
e. De connaître et d'utiliser de manière appropriée la langue castillane
et, s'il y a lieu, la langue co-officielle de la Communauté autonome et
de développer des habitudes de lecture.
f. D'acquérir dans au moins une langue étrangère les
compétences de base en communication, qui leur permettent d'exprimer et de comprendre
des messages simples et de fonctionner dans des situations
quotidiennes.
|
L'enseignement se fait
donc en langue castillane et, s'il y a lieu, la langue co-officielle
de la Communauté autonome. En Castilla-et-Léon, il n'y a pas de
langue co-officielle. De plus, l'Ordonnance
EDU/519 du 17 juin 2014 établissant le programme d'études et
réglementant la mise en œuvre, l'évaluation et développement de
l'enseignement primaire dans la communauté de Castille-et-Léon
précise également l'exclusivité de la langue castillane:
Article 4
Objectifs du
niveau de
l'enseignement primaire
Conformément aux dispositions de l'article 17 de la
Loi organique 2/2006 du
3 mai sur l'éducation dans la Communauté de Castille-et-Léon,
le niveau de
l'enseignement primaire doit aider à développer chez les élèves les
compétences nécessaires pour leur permettre:
e) De connaître et
d'utiliser de manière appropriée la langue
castillane et de
développer des habitudes de lecture.
f) D'acquérir, dans au moins une langue étrangère, les compétences
nécessaires pour leur permettre d'exprimer et de comprendre les
messages et les fonctions simples dans des situations quotidiennes.
|
Quant à l'enseignement
secondaire, c'est l'article 23 de la même
Loi organique espagnole n° 2 de 2006:
Article 23
Objectifs
L'enseignement secondaire obligatoire doit contribuer à développer chez
les élèves les habiletés qui leur permettent :
h. De comprendre et d'exprimer
correctement, à l'oral et à l'écrit,
dans la langue castillane et, s'il y a lieu, dans la langue co-officielle
de la Communauté autonome, des textes et des messages complexes, et
débuter leurs connaissances par la lecture et l'étude de la
littérature.
i. De comprendre et de s'exprimer dans une
ou plusieurs langues étrangères
de manière appropriée.
|
Étant donné que la Communauté autonome de
la
Castille-et-Léon n'a pas
de «langue co-officielle», la seule langue d'enseignement est le
castillan. De plus, dans toutes les écoles, on n'enseigne que la
langue et l'histoire de la Castille, en ignorant généralement
l'histoire et la culture spécifiques de la Communauté autonome.
Pour ce qui est de la Communauté
autonome, l'article 3 du
décret 7/2002 du 10 janvier instaurant le programme d'études de
l'enseignement secondaire obligatoire de la Communauté de
Castille-et-Léon énonce les matières obligatoires de l'enseignement
secondaire:
Article 3
Secteurs et matières
1) Les
matières obligatoires de l'enseignement secondaire
obligatoire sont les suivants :
sciences de la
nature;
sciences sociales, géographie et histoire;
éducation physique;
éducation plastique et visuelle;
langue et littérature castillanes;
langues étrangères;
mathématiques;
musique;
technologie.
|
- Le
galicien
Rappelons que la
loi 12/2002 du 11 juillet
sur le patrimoine culturel de Castille-et-Léon énonce que
l'Administration compétente adopte les mesures adéquates visant
la protection et la diffusion des différentes manifestations du
patrimoine linguistique de la Castille-et-Léon, en prenant en
considération les caractéristiques et les circonstances
spécifiques de chacune d'elles (art. 65). On s'attend donc à ce
qu'il y ait des mesures de prévues pour les langues
minoritaires.
En ce qui a trait aux
minorités, seule la langue galicienne peut être enseignée à
titre de matière facultative en quatrième année du secondaire.
Tel est le libellé de l'article 1 de l'ordonnance
965/2005 du 14 juillet instaurant la matière facultative de
l'enseignement secondaire obligatoire «Langue et culture
galiciennes» et son approbation dans le programme d'études:
Article 1er
Offre de la matière
facultative «Langue et culture
galiciennes»
1) Les établissements d'enseignement dans les territoires limitrophes avec la Communauté
autonome de Galice, qui offrent le programme pour la
promotion
de la langue galicienne et dispensent un enseignement secondaire
obligatoire, peuvent offrir aux élèves de la
quatrième année un enseignement de la matière
facultative appelée «Langue et culture galiciennes». |
Dans ce cas, la matière
enseignée doit être
dispensée par un enseignant autorisé en galicien. Le ministère
de l'Éducation et de la gestion scolaire de la castille-et-Léon
et celui de la Galice ont signé un accord de coopération en
juillet 2001 afin de concrétiser l'enseignement en galicien
«comme matière facultative» dans les écoles du district de
Bierzo. La Dirección General de Planificación y Ordenación
Educativa a implanté le programme ("Programa para la
Promoción del Idioma Gallego") dans les établissements de la
maternelle et du primaire pour l'année 2002-2003.
Toutefois, cet
enseignement n'a pas été si simple à obtenir dans les faits. L'Association cuturelle Fala Ceibe de Bierzo ("Asociación cultural Fala Ceibe
do Bierzo") a dénoncé les obstacles administratifs qui se
sont dressés de la part de certains établissements, notamment à Ponferrada, lorsque les parents veulent exercer leur droit à
obtenir cette matière facultative. L'association a demandé au
procureur ("Procurador") de la Communauté autonome de faire
enquête. Mais il s'agit là d'établissements très minoritaires,
car il existait au cours de l'année scolaire 2008-2009 près d'une
vingtaine d'établissements d'enseignement offrant cette matière
facultative à plus de 1000 élèves. Néanmoins, la décision finale
sur l'offre de cours relève toujours de la direction des établissements
scolaires, ce qui rend parfois difficile l'obtention de ces cours.
Certains administrateurs ne croient pas à cet enseignement et allèguent
qu'il est inutile. Beaucoup de parents préfèrent ne pas présenter de
plaintes formelles devant les instances officielles afin d'«éviter des
problèmes» ("evitar problemas").
Quoi qu'il en soit, les nationalistes
galiciens réclament dans le district la restauration de la toponymie
galicienne, la création d'une section de langue galicienne dans le
Centre d'innovation de Ponferrada et l'affichage en galicien.
- Le
basque
Pour ce qui est du basque, il
subsiste des difficultés à ce sujet dans le district de Treviño.
En 2002, la mairie de La Puebla de Arganzón avait signé un
accord ("convenio") avec le gouvernement basque sur
l'enseignement de la langue basque dans le cadre du
développement en matière d'éducation et de culture. On voulait
que le basque soit enseigné dans les écoles primaires et
autoriser l'affichage des édifices municipaux ainsi que les noms
de rues à la fois en castillan et en basque.
Toutefois, la mairie avait
négligé d'obtenir au préalable l'autorisation de la Communauté
autonome de la Castille-et-Léon. En octobre 2005, le Tribunal
supérieur de la justice de Castille-et-Léon a annulé l'accord du
12 mars 2002. Cette décision a été contestée devant les
tribunaux par la mairie d'Arganzón
et par le gouvernement basque, qui considéraient
qu'il ne revenait pas à la Communauté autonome de la Castille-et-Léon
de statuer sur les compétences des institutions basques.
Cependant, le Tribunal suprême ("Tribunal Supremo") de Madrid, la
cour de dernière instance en Espagne, a rejeté en décembre 2008 les demandes des
requérants et réitéré que les accords signés
devaient avoir été autorisées par la Communauté
de Castille-et-Léon.
Par conséquent,
l'enseignement du basque n'est pas autorisé, mais le Tribunal
suprême a aussi estimé que l'emploi du basque (euskara) dans les
affiches municipales et les noms de rues du district de Treviño
est une décision qui relevait de la juridiction des
municipalités en tant qu'information ou prestation de services.
Actuellement, le district de Treviño
est dirigé par le Parti populaire, qui soutient que
le district doit rester dans la province de Burgos, mais les
élus municipaux favorisent, pour leur part, des liens avec
le gouvernement basque et un programme
d'enseignement pour
faire apprendre au primaire la langue basque aux enfants.
Il faut souligner que de nombreux castillanophones rejettent ce
qu'ils appellent des «positions maximalistes» ("posturas "maximalistas")
chez ceux qui utilisent la langue comme «un drapeau politique au
service d'intérêts partisans» ("bandera política al servicio de
intereses partidistas").
Cela étant dit, le vice-ministre de
l'Éducation, Fernando Sánchez Pascuala, a déclaré à la presse en août
2007 que le gouvernement n'excluait pas de conclure des ententes avec le
gouvernement du Pays basque afin d'implanter des cours facultatifs de
basque ("eusquera") dans les écoles du district de Treviño.
- Le léonais
Il n'existe pas vraiment d'enseignement en
léonais. Cependant, en août 2007, le vice-ministre de l'Éducation
(Fernando Sánchez Pascuala), a affirmé que la Junte de
Castille-et-Léon est «une administration très ouverte et collaboratrice»
("«una administración muy abierta y colaboradora»") en vue d'inclure le
léonais dans les programmes d'études des élèves du primaire ou du
secondaire. Il a aussi déclaré: «Nous arriverons sûrement à un accord
pour sa possible implantation.» Le représentant du gouvernement a aussi
souligné que pour l'année 2008 la Communauté autonome comptera 125
établissements d'enseignement bilingues sur l'ensemble du territoire,
dans lesquels les élèves pourront s'exprimer en anglais, en français et
en allemand. L'intention du gouvernement est de disposer de plus de 500
établissements d'enseignement bilingues, ce qui implique environ 50 %
des collèges ("colegios") et des instituts ("institutos") de la
Communauté autonome. Selon le gouvernement, la plus grande difficulté
réside dans l'absence de formation linguistique chez le corps
professoral.
Depuis le mois de février
2008, le léonais
est enseigné dans
deux écoles de
la ville
de León.
Les autorités
scolaires locales
ont
déclaré que cette langue
serait enseignée
dans toutes les écoles
de la
Castille-et-Léon.
- Les
universités
Toutes les universités
n'enseignent qu'en castillan, hormis celles où les départements
sont spécialisés dans les langues étrangères ou l'une des
langues espagnoles reconnues (galicien, catalan ou basque). Dans la plupart des
universités de la Communauté autonome, le castillan (espagnol)
est enseigné comme langue étrangère aux étudiants étrangers. Les
universités offrent dans leurs programmes des cours de langue et
de culture espagnoles ou des cours d'études hispaniques. Ces
cours sont sanctionnés par l'obtention du «diplôme d'espagnol
comme langue étrangère» (DELE: "Diploma de Español como Lengua
Extranjera").
4.5 Les médias
Dans le territoire de la Communauté
autonome de la Castille-et-Léon, la totalité des journaux et magazines
est en castillan, peu importe la province où ils sont diffusés, que ce
soit l'Adelanto (Salamanque), le Diario de Burgos (Burgos),
le Diario de León (Léon), le Norte de Castilla(Valladolid),
la Tribuna de Salamanca (Salamanque), etc. Il n'existe pas de
journal pour les minorités linguistiques, sauf pour les galégophones qui
utilisent les journaux de la Galice.
Les médias électroniques sont
également en castillan, tant à la radio qu'à la télévision. Il en est
ainsi de TV Castilla y León,
de
Ceres TV (Valladolid), de
Valladolid OM COPE (Valladolid), de
Onda Cero Castilla y León (Segovia), de
Radio Bierzo - Ponferrada (León), de
Onda Sbay - Benbibre (León), de
Kiss FM - Astorga (León), etc. Quant aux galégophones, ils ont réclamé qu'on
améliore la réception du signal de la Radio Galicienne (RG) et de la
Télévision de la Galice (TVG) dans le Bierzo.
La politique de la Communauté
autonome de la Castille-et-Léon en est une de non-intervention. Il est
inutile de protéger le castillan, une langue parlée par toute la
population, si l'on fait exception des immigrants arrivés récemment.
Quant aux langues minoritaires, elles ont été déclarées pour la plupart
comme des «dialectes», donc comme des variantes de l'espagnol, qu'il ne
convient pas de protéger.
La législation fait allusion au léonais
et au galicien, mais pour les classer comme un bien du «patrimoine
linguistique», au même titre que le castillan. Ce ne sont pas des vœux
pieux qui vont assurer une protection quelconque aux langues
minoritaires. D'ailleurs, le léonais, qu'on l'appelle asturien ou estrémadurien, est considérée dans le
Livre Rouge de l'UNESCO
sur les langues en danger comme en voie d'extinction. Seul le galicien
de Bierzo survit malgré tout, du fait qu'il est parlé dans une région
contiguë avec la Galice. Le gouvernement local fait entendre qu'il est
ouvert aux accommodements en la matière, mais les réalisations tardent
indéfiniment. Même le nouveau Statut d'autonomie de 2007 s'en est tenu
encore aux patrimoine linguistique, ce qui se révèle nul en terme de
droit linguistique.
C'est pourquoi les représentants des deux
principales minorités, le Bierzo (galicien) et le Treviño (basque), sont
fort insatisfaits de leur statut actuel. Ils réclament tous un statut de
co-officialité territorial dans leur district respectif. Pour leur part,
les institutions publiques de la Galice et du Pays basque ont manifesté
leur intention d'accorder toute la collaboration nécessaire en vue
d'obtenir la normalisation linguistique souhaitée, mais la Junte de la
Castille-et-Léon se retranchent dans l'inaction et la passivité.
Pourtant, les langues minoritaires ne sauraient constituer une menace
pour la toute-puissante langue castillane. Mais la tradition en Espagne
est de n'accorder des droits qu'aux langues co-officielles (galicien,
catalan et basque) reconnues par la Constitution et les statuts
d'autonomie. Ce qui apparaît valable pour le galicien en Galice et le
basque au Pays basque ne l'est manifestement plus en Castille-et-Léon.