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Grand-duché de Luxembourg
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Luxembourg
Grand-duché de Luxembourg (français)
Grossherzogtum Luxemburg (luxembourgeois)
Großherzogtum Luxemburg (allemand)
|
Capitale: Luxembourg
Population:
635 000 (2021)
Langues officielles
:
luxembourgeois, français et allemand
Groupe majoritaire: luxembourgeois
(54,1 %)
Groupes minoritaires:
portugais (16%),
français (6,4%), italien (3,3%), flamand (2,5%), serbe (2,5%), allemand (2,3%),
arabe (1,1%), anglais (1,2%), espagnol,
créole capverdien, danois, etc.
Système politique:
monarchie constitutionnelle
(grand-duché) Articles constitutionnels (langue): art. 29
de la Constitution de 2006
Lois linguistiques:
Loi du 24 février 1984 sur le régime des langues ;
Règlement ministériel du
12 septembre 1985 déterminant, pour la carrière du rédacteur, le programme
détaillé du cours de techniques du langage administratif, spécialité: langue
française ;
Règlement grand-ducal du 20 décembre
1990
portant fixation des conditions d’admission
et d’examen des fonctionnaires communaux
;
Règlement grand-ducal du 29 juin 1992 déterminant les conditions
d'admission, de nomination et de promotion
des cadres des différentes carrières autres que paramédicales des
centres socio-éducatifs de l'État
;
Règlement grand-ducal du 6 juillet 1994 portant création de certificats et
diplômes attestant la compétence de communication en langue luxembourgeoise
;
Règlement grand-ducal du 9 décembre 1994 fixant les
modalités du contrôle de la connaissance des trois langues
administratives pour le recrutement des fonctionnaires et employés des
administrations de l’État et des établissements publics
;
Règlement ministériel du 5 janvier 1995
portant fixation des programmes détaillés des examens-concours pour
l’admission au stage dans la carrière de l’ingénieur-technicien des
administrations de l’État et des établissements publics
;
Règlement ministériel du 5 janvier 1995 portant fixation des
programmes détaillés des examens-concours pour l’admission au stage dans
la carrière du technicien diplômé au service du contrôle de la
circulation aérienne, au service des opérations aéronautiques et au
service météorologique à l’administration de l’Aéroport de Luxembourg
;
Règlement ministériel du 5 janvier 1995 portant fixation
des programmes détaillés des examens-concours pour l’admission au stage
dans la carrière du rédacteur des administrations de l’État et des
établissements publics
;
Règlement grand-ducal du 6 avril 1999 fixant
l’organisation pédagogique et administrative du Centre de langues
Luxembourg
;
Règlement grand-ducal du 29 juillet 1999 portant création du Conseil
permanent de la langue luxembourgeoise
;
Règlement grand-ducal du 30 juillet 1999 portant réforme du système officiel
d’orthographe luxembourgeoise ;
Règlement grand-ducal du 16 septembre
2003 portant exécution de la loi modifiée du 24 mars 1989 portant
restriction de la publicité en faveur du tabac et de ses produits,
interdiction de fumer dans certains lieux et interdiction de la mise sur le
marché des tabacs à usage oral
;
Règlement grand-ducal du 22 février 2004 concernant la fabrication, la
circulation et l’utilisation des aliments pour animaux ;
Règlement grand-ducal du 5 février 2007 déterminant
l’organisation du Conseil permanent de la langue luxembourgeoise
;
Loi du 29 août 2008 portant sur la libre circulation des personnes et
l’immigration;
Loi du 23 octobre 2008 sur la nationalité luxembourgeoise
;
Règlement grand-ducal du 31 octobre 2008 concernant l’organisation des
épreuves et l’attestation de la compétence de communication en langue
luxembourgeoise parlée pour être admis à la naturalisation
;
Loi du 6 février 2009 relative à l’obligation scolaire
;
Règlement grand-ducal du 9 mars 2009
déterminant les modalités du concours réglant l’accès à la fonction
d’instituteur de l’enseignement fondamental ;
Loi du 22 mai 2009 portant création
d’un Institut national des langues et de la fonction de professeur de langue
luxembourgeoise ; Règlement
grand-ducal du 6 novembre 2009 déterminant l’organisation de la formation
préparant au «Zertifikat Lëtzebuerger Sprooch a Kultur»;
Loi communale du 13 décembre 1988 modifiée le 21 août 2013;
Code administratif
(2016). |
1 Situation
géographique et politique
|
Le grand-duché de Luxembourg est un petit État de 2586 km ²,
soit
environ 11 fois plus petit que la Belgique; il est limité
au nord-ouest par la Belgique (et la province de Luxembourg), à lest par lAllemagne et au sud-est
par la France (voir la carte
détaillée). Luxembourg-Ville est la capitale du grand-duché.
De par sa situation géographique, le grand-duché de Luxembourg est un
pays où se croisent les influences de nombreux pays.Le nom de Luxembourg serait apparu en 963, alors que le
comte Sigefroi avait fait construire sur le rocher du Bock le «Lucilinburhuc»,
un petit château qui donna son nom à la ville.
Aujourd'hui, avec la Belgique et les Pays-Bas, le Luxembourg forme la communauté
du Benelux.
Le grand-duché de Luxembourg est une monarchie héréditaire
constitutionnelle depuis 1868. Le grand-duc est le chef de l’État et il exerce
le pouvoir exécutif et prend part au pouvoir judiciaire. Le souverain forme le
gouvernement (un ministre d’État et trois ministres au moins). Mais l’initiative
et le contrôle des lois appartiennent à la Chambre des députés, laquelle est
composée de 60 représentants élus pour cinq ans au suffrage universel direct à
la représentation proportionnelle. |
|
Luxembourg |
172 332 |
30,8 % |
238 km² |
11 |
Esch-sur-Alzette |
164 604 |
29,4 % |
243 km² |
14 |
Capellen |
43 607 |
7,8 % |
199 km² |
10 |
Diekirch |
30 460 |
5,4 % |
205 km² |
10 |
Mersch |
29 275 |
5,2 % |
224 km² |
11 |
Grevenmacher |
27 295 |
4,8 % |
211 km² |
8 |
Remich |
20 206 |
3,6 % |
128 km² |
8 |
Echternach |
17 477 |
3,1 % |
186 km² |
8 |
Rédange |
17 086 |
3,0 % |
267 km² |
10 |
Clervaux |
16 447 |
2,9 % |
342 km² |
5 |
Wiltz |
14 946 |
2,6 % |
265 km² |
7 |
Vianden |
4 722 |
0,8 % |
54 km² |
3 |
Total
(Wikipedia
2017) |
558 457 |
100 % |
2562 km² |
105 |
|
Le
grand-duché de Luxembourg compte 12
cantons administratifs. Ceux-ci n'ont
pas de structure administrative propre,
mais ils servent d'unités territoriales
pour délimiter les circonscriptions
électorales et les arrondissements
judiciaires
Dans le tableau
ci-contre, ils sont classés selon
l'importance numérique de leur
population: Luxembourg,
Esch-sur-Alzette, Capellen, Diekirch,
Mersch, Grevenmacher, Remich,
Echternach,
Rédange, Clervaux, Wiltz et Vianden.
|
|
Le canton de Luxembourg (qui
inclut la capitale) et le canton
d'Esch-sur-Alzette comptent pour 40,2%
de la population totale du grand-duché.
Ces sont également les cantons
bénéficiant de la plus grande
superficie. La moitié des cantons
possèdent une faible population:
Echternach, Rédange, Clervaux, Wiltz et
Vianden. Le
grand-duché compte aussi 105
municipalités (communes).
2
Données démolinguistiques
La population du grand-duché de Luxembourg était de 635 000
habitants (2021). Cette population luxembourgeoise est caractérisée par une forte présence
d’étrangers. En effet, plus de 45% de la population est de nationalité étrangère,
soit 291 000 personnes. Les étrangers les plus représentés sont les
Portugais (16%), puis les francophones français et belges (6,3%), les Italiens
(3,3%), les Belges flamands (2,5%), les Serbe (2,5%)
et les Allemands (2,3%). On
compte aussi plusieurs petites communautés arabes, anglo-britanniques et
américaines, espagnoles, capverdiennes, danoises, etc., pour un
total de plus de quelque 60 nationalités différentes présentes sur un si petit territoire.
Communauté |
Population |
Pourcentage |
Langue parlée |
Filiation
linguistique |
Religion |
Luxembourgeois |
344 000 |
54,1 % |
luxembourgeois |
langue germanique |
chrétienne |
Portugais |
102
000 |
16
% |
portugais |
langue romane |
chrétienne |
Français (francophone) |
41 000 |
6,4 % |
français |
langue romane |
chrétienne |
Italien |
21
000 |
3,3
% |
italien |
langue romane |
chrétienne |
Flamand |
20 000 |
2,5 % |
flamand/néerlandais |
langue germanique |
chrétienne |
Ancien Yougoslave |
16
000 |
2,5
% |
serbe |
langue slave |
aucune |
Allemand |
14 000 |
2,2 % |
allemand |
langue germanique |
chrétienne |
Arabe |
7
600 |
1,1
% |
arabe levantin |
langue
afro-asiatique |
islam |
Britannique |
6 600 |
1,0 % |
anglais |
langue germanique |
chrétienne |
Espagnol |
5
400 |
0,8
% |
espagnol |
langue romane |
chrétienne |
Capverdien |
4 000 |
0,6 % |
créole capverdien |
créole |
chrétienne |
Danois |
2
700 |
0,4
% |
danois |
langue germanique |
chrétienne |
Hollandais |
1 900 |
0,2 % |
néerlandais |
langue germanique |
aucune |
Suédois |
1
700 |
0,2
% |
suédois |
langue germanique |
chrétienne |
Américain |
1 300 |
0,2 % |
anglais |
langue germanique |
chrétienne |
Indien |
1
300 |
0,2
% |
hindi |
langue indo-iranienne |
hindouisme |
Turc |
900 |
0,1
% |
turc |
langue
altaïque |
islam |
Juif alémanique |
700 |
0,1
% |
allemand |
langue germanique |
judaïsme |
Grec |
600 |
0,0
% |
grec |
isolat linguistique |
chrétienne |
Autres communautés |
42
300 |
6,6 % |
- |
- |
- |
Nombre total 2021 |
635
000 |
100,0 % |
- |
- |
- |
|
Cette situation donne au pays et surtout à sa capitale, Luxembourg-Ville, une ambiance très cosmopolite,
car cette ville compte quelque 110 500 habitants, dont seulement 30% de
Luxembourgeois et 70% d'étrangers, surtout des Français, des
Portugais, des Italiens, des Belges et des Allemands, mais aussi de
nombreuses autres nationalités. Depuis 1998, le nombre des
résidents étrangers est supérieur à celui des résidents
luxembourgeois à Luxembourg-Ville. À l'échelle du pays, les
Luxembourgeois sont encore majoritaires, représentant 54,2% de la
population, mais ils sont minoritaires dans la capitale. Il s’ensuit
un mélange particulier des nationalités et des cultures, qui se
traduit à tous les aspects de la société, que ce soit dans la
restauration, les arts, les loisirs, les sports, etc.
Bien que les Portugais ne soient pas la première nationalité en
termes de solde migratoire, ils restent la première communauté
étrangère du pays. Leur part dans la population totale est de 16% au
1er janvier 2017. Les Français suivent avec 6,3% de la population
totale devant les Belges (3,2%) et les Italiens (3,2%). Ces quatre
communautés constituent un peu plus d’un quart de la population
totale (28,7%) et près des deux tiers (63,2%) de la population
étrangère. |
La population multilingue du Luxembourg se caractérise par
l'absence de communautés linguistiques délimitées et territorialisées, ce
qui la distingue des États à l'intérieur desquels divers groupes
linguistiques cohabitent depuis longtemps. Il suffit de comparer d'autres
pays tels que la Belgique
(avec des Flamands au nord et des Wallons au sud), la Suisse (avec des francophones à l'ouest,
des germanophones à l'est et des italophones au sud-ouest) ou le Canada
(avec des francophones au Québec, mais également au Nouveau-Brunswick et en Ontario;
et des anglophones
dans les autres provinces). Au Luxembourg, rien de tel, car les immigrants, bien que plus
nombreux dans la capitale (77 000), sont au nombre de plus de 17 000 à
l'extérieur de Luxembourg-Ville.
2.2 La langue luxembourgeoise
|
La majorité de la population,
soit 54%, parle
le luxembourgeois (appelé
Lëtzebuergesch en luxembourgeois) comme langue maternelle; le
luxembourgeois est une langue germanique de
l'Ouest. Il s'agit en
réalité du francique mosellan
(occidental) ou
Moselfränkisch
(Westmoselfränkisch), qui
était à l'origine la langue des Francs saliens et des Ripuaires, auxquels nous
devons la création du royaume de France. De toutes les langues franciques,
le luxembourgeois est le seul idiome
bénéficiant d'un statut juridique officiel.
On peut visualiser une carte linguistique de toutes
les variétés de francique en cliquant
ICI, s.v.p.
Dans le paysage linguistique de l'Europe, la langue
luxembourgeoise se situe géographiquement à un point de rencontre
et différenciation bien particulier. En effet, la région est le point d'aboutissement de la frontière
entre, dune part, les langues germaniques et, dautre part, les langues
romanes qui, depuis huit siècles, traverse cette partie de lEurope.
Le luxembourgeois fait donc partie, répétons-le, des langues germaniques de
l'Ouest, plus précisément du groupe moyen
allemand. |
En dehors du grand-duché, le luxembourgeois est également
parlé en Belgique (région
d'Arlon dans la province de Luxembourg), en France
(département de la Moselle (no 57), dans
la région de Thionville) et en Allemagne
(Land de Sarre à la frontière ouest, au nord d'Echternach, dans les arrondissements de Prüm et de
Bitburg)
.
On
peut visualiser une carte linguistique de toutes les variétés de francique en cliquant ICI,
s.v.p. Voici l'article 1er de la
Déclaration universelle des droits de l'Homme en luxembourgeois, en
allemand, en néerlandais et en français.
Luxembourgeois |
Allemand |
Néerlandais |
Français |
Artikel 1
All Mënsch kënnt fräi a mat deer selwechter
Dignitéit an deene selwechte Rechter op d'Welt. Jiddereen huet säi
Verstand a säi Gewësse krut a soll an engem Geescht vu Bridderlechkeet
deenen anere géintiwwer handelen. |
Artikel 1
Alle Menschen sind frei und gleich an Würde
und Rechten geboren. Sie sind mit Vernunft und Gewissen begabt und sollen
einander im Geist der Brüderlichkeit begegnen. |
Artikel 1
Alle mensen worden vrij en
gelijk in waardigheid en rechten geboren. Zij zijn begiftigd met verstand
en geweten, en behoren zich jegens elkander in een geest van broederschap
te gedragen. |
Article 1er
Tous les êtres humains
naissent libres et égaux en dignité et en droits. Ils sont doués de raison
et de conscience et doivent agir les uns envers les autres dans un esprit
de fraternité. |
Contrairement aux autres langues germaniques (allemand, néerlandais,
danois, etc.), le luxembourgeois n'a qu'une courte tradition écrite,
qui a commencé seulement en 1825, mais cest en 1850 quune orthographe officielle
a été proposée. Elle a tenté de rapprocher
les principes de l'orthographe de l'allemand et ceux du français,
qui sont les deux langues principales du régime scolaire au Luxembourg. Citons
à cet égard
le règlement grand-ducal du 30 juillet
1999, qui porte sur la réforme du système officiel d'orthographe
luxembourgeoise.
Soulignons aussi qu'à l'intérieur de la langue
luxembourgeoise il existe au moins quatre variétés dialectales correspondant aux
régions suivantes: Centre, Nord, Sud et Est. C'est la variété du Centre qui a
été choisie comme norme et, depuis le XIXe
siècle, il s'ensuit une homogénéisation des diverses variétés dialectales
luxembourgeoises.
2.3 Le français et l'allemand
Le grand-duché compte un certain nombre de francophones originaires de la
France et de la Belgique, probablement plus de 40 000, mais ils constituent une
petite minorité. Il en est ainsi pour les locuteurs de l'allemand (langue
maternelle), qui sont au nombre d'une dizaine de milliers; ils proviennent pour
la plupart d'Allemagne.
C'est depuis le XIVe siècle
que le Luxembourg connaît
une longue tradition française, car les souverains du grand-duché
ont toujours été instruits à la cour des rois de France.
Les chancelleries des comtes du Luxembourg avaient même abandonné
assez tôt le latin pour le français et l'allemand, et elles
avaient établi un bilinguisme écrit dès l'époque
où, en 1354, le Luxembourg était devenu un duché.
Ce bilinguisme de l'écrit s'est perpétué de nos jours,
où il est même devenu aujourd'hui un trilinguisme avec le luxembourgeois. Le
français parlé par les Luxembourgeois est grandement influencé par le français des Wallons
de Belgique.
La plupart
des Luxembourgeois parlent aussi le français et l'allemand, sinon
l'anglais. C'est donc dire que les Luxembourgeois sont trilingues ou
quadrilingu
es.
La proportion de foyers bilingues s’élèverait à plus de 18 %.2.4 Les autres langues
Nous savons que le grand-duché de Luxembourg compte un grand nombre de résidents
étrangers, soit plus de 267 000, ce qui représentait 45 % de toute la population
en 2017. Ce sont les Portugais, avec quelque 35 % de nationalité étrangère (94
000 sur 267 000), qui forment la plus grande communauté étrangère au Luxe
mbourg.
Dans le monde, c'est
certainement la plus forte proportion de Portugais par rapport à la population
d'origine. En raison de leur nombre, beaucoup de Portugais conservent leur
langue maternelle en plus d'apprendre à l'école le luxembourgeois, l'allemand et
le français, voire l'anglais.
La seconde place revient aux Français avec 6,3%
(37 000), suivis par les Italiens et les Belges (19 000), puis les Serbes (15
000) et les Allemands
(13 000). Il y a aussi des Néerlandais, des Russes, des Espagnols,
des Polonais, des Danois, des Chinois, des Capverdiens, des Irlandais, des
Canadiens, des Australiens, des Américains, etc.
À ces résidents étrangers il convient d'ajouter quelque 145 000
travailleurs frontaliers: des Français (50 %), des Belges (26 %) et des
Allemands (24 %), qui viennent travailler tous les jours au Luxembourg. Les
frontaliers ont depuis un certain temps dépassé les Luxembourgeois sur le marché
de l’emploi national : quelque 70 % des emplois nouvellement créés au
grand-duché sont occupés par les frontaliers. De plus, quelque 10 000
fonctionnaires internationaux
œuvrent dans les institutions européennes.
Contrairement aux immigrants, par exemple les ouvriers italiens et portugais,
les eurocrates s’installent rarement de façon définitive au Luxembourg. Ils
manifestement généralement peu d’intérêt à apprendre la «langue du pays» et à
s’intégrer dans la société
luxembourgeoise.
2.5 Le modèle du multilinguisme
Selon une enquête gouvernementale de 1998, quelque 17% des Luxembourgeois parlaient plus d'une langue avec leurs
enfants, 53% parlaient plus d'une langue avec leurs amis et 70% parlaient plus
d'une langue au travail. Le luxembourgeois serait utilisé dans une proportion de
45% dans la capitale, 54% dans le reste de la région du Centre et à 68% dans
le Nord. Quant aux agriculteurs, ils utiliseraient tous le luxembourgeois comme
langue de travail, mais cette proportion monterait à 75% chez le personnel
enseignant. Pour ce qui est des travailleurs manuels sans formation
particulière, c’est le français qui sert de langue véhiculaire dans une
proportion de 46%. Cependant, dans le milieu des banques et des affaires, du
commerce et de l’industrie, l’anglais peut remplacer le français comme langue
véhiculaire. Enfin, au sein des grandes communautés immigrantes telles que les
Italiens, les Portugais ou les Espagnols, les langues italienne, portugaise et espagnole
sont couramment utilisées dans les associations, les amicales, certains cafés et
restaurants, ainsi que sur les lieux de travail (bâtiment, hôtellerie,
nettoyage, etc.).
Un document de 2005 provenant du ministère de l'Éducation
nationale et de la Formation professionnelle révélait que plus de la
moitié des jeunes affirmait venir de familles unilingues luxembourgeoises; les
familles unilingues portugaises ne faisant que 5,4%; les familles unilingues
françaises, seulement 2,7%. Pour les familles bilingues, viennent en tête les
familles franco-luxembourgeoises (5,2%) et franco-portugaises (2,8%). Il
existe un nombre relativement élevé de familles trilingues:
par exemple, le luxembourgeois et le français ainsi que le portugais, l'italien
ou l'espagnol (5,2%); les autres variantes
atteignent 3%. Quatre pour cent des familles ont plus de trois langues.
En 2005 (Berg et Weis), les exigences dans le monde du travail
semblent varier en fonction de certains secteurs. Par exemple, dans le commerce,
la connaissance de la combinaison luxembourgeois-allemand-français est
nécessaire; dans l’industrie et les services aux entreprises, la combinaison
allemand-français-anglais est préférée. Le domaine qui exige la connaissance de
quatre langues (luxembourgeois-allemand-français-anglais) est celui des
transports et de la communication.
Un sondage réalisé il y a plusieurs années (en 1986) révélait que
le luxembourgeois était la langue la plus utilisée dans la vie privée,
les spectacles, les cérémonies religieuses, les conférences
et les tribunaux. Le français restait la langue dominante au travail,
dans les relations professionnelles et administratives, à lécole
secondaire, dans les cafés et restaurants en général, ainsi que dans les magasins.
Par ailleurs, les Luxembourgeois
préféraient l'allemand pour les journaux, les périodiques,
la radio, la télévision et la lecture en général, de même que lécole primaire.
Dans les faits, la grande presse du pays donne les nouvelles et les analyses
politiques en allemand et en français, présente les annonces
administratives ou officielles uniquement en français, tandis que
les annonces publicitaires et le carnet mondain ainsi que le courrier des
lecteurs sont rédigés indifféremment dans les trois
langues du pays. Dans les médias électroniques, la télévision
et la radio du Luxembourg est massivement luxembourgeoise,
si l'on fait exception des stations de radio en provenance de France,
d'Allemagne ou d'autres pays de l'Union européenne. Évidemment, les
Luxembourgeois peuvent consommer les médias électroniques en trois langues
(luxembourgeois, français et allemand).
Dans certaines agglomérations , le nombre des
immigrants est très élevé, jusqu’à 25 % et plus. Rapidement, les immigrants du
grand-duché ont eu tendance à fermer des communautés presque autonomes,
regroupées dans peu de villes et proches du lieu de travail. Cette façon de
faire ne favorisait guère une véritable intégration sociale.
Le tableau qui suit présente les langues utilisées entre
Luxembourgeois et étrangers, et entre étrangers et Luxembourgeois:
|
Langues utilisées
entre Luxembourgeois et étrangers |
Langues utilisées
entre étrangers et Luxembourgeois |
Luxembourgeois |
15
% |
33 % |
Français |
79
% |
58 % |
Allemand |
2
% |
8 % |
Anglais |
2
% |
1 % |
D'après un sondage réalisé par l'Eurobaromètre spécial 243
(2006), le grand-duché de Luxembourg arrive en tête de tous les pays d'Europe,
avec 92% de la population, pour la connaissance d'au moins deux langues
différentes en plus de leur langue maternelle. De fait, 60% des Luxembourgeois,
pour qui le français est une langue étrangère, l'utilisent presque tous les
jours. Dans les faits, 100% des Luxembourgeois d'origine parlent le
luxembourgeois, 90% le français, 88% l'allemand et 60% l'anglais.
|
Bref, les Luxembourgeois ne sont guère
arrêtés par la barrière des langues! Il semble même qu'un Luxembourgeois
réaliserait tout un exploit s'il parvenait à passer une journée en n'utilisant
qu'une
seule langue. Évidemment, les locuteurs du luxembourgeois empruntent massivement des mots au
français et à l'allemand, voire à l'anglais, dans leurs conversations quotidiennes.
La figure ci-contre (trac
d'un syndicat trouvé dans une boîte aux lettres) se veut une
illustration du multilinguisme qui se vit parfois au quotidien. On
peut remarquer les langues française ("Défendons l'index"),
allemande ("Verteidigen wir den Index"), anglaise (Let's defend the
Index"), et portugaise ("Defendamos o Índex"). Or, le luxembourgeois
est absent, tandis que ni l'anglais ni le portugais n'ont un statut
officiel.
Toutefois, si le modèle du plurilinguisme fait l'objet d'un
large consensus parmi les citoyens luxembourgeois, l'arrivée massive des
immigrants allophones depuis les années 1960 pourrait remettre en question la
capacité d'adaptation de ce modèle dans le contexte contemporain, alors que les
étrangers qui résident dans le pays atteignent maintenant plus de 45%. Au lieu
d'agir comme facteur d'intégration, le plurilinguisme, qui a toujours été un
atout pour les Luxembourgeois, semble maintenant favoriser
l'exclusion chez les nouveaux venus dans les domaines, entre autres, de
l'éducation et de la politique. En effet, le système d'éducation peine à
transmettre les trois langues du pays à des locuteurs dont la langue maternelle
n'est pas le luxembourgeois. |
Dans la pratique, le système
est très élitiste. Les Portugais se retrouvent en général dans l'enseignement
technique où l'allemand n'est pas obligatoire, et on ne parle pas de tous les
enfants d'étrangers qui vont étudier en Belgique (Arlon) pour le faire en
français ou encore des écoles alternatives: lycée français, école internationale
(enseignement en anglais), etc.
3
Bref historique
Le grand-duché de Luxembourg ne représente plus de nos jours
qu'une portion de ses territoires historiques. La région qui correspond
aujourd’hui au grand-duché de Luxembourg fut à l'origine occupée par des peuples
celtes (les Trévires) et germaniques.
3.1 Une région aux multiples
possessions
|
Lors de la
conquête romaine, la région fut intégrée à la province de la Belgique (Belgica
Prima). À partir du IIIe siècle, ce fut le début des invasions
germaniques. Puis la région fit partie du royaume franc d’Austrasie, puis de
l’Empire carolingien. En 843, lors du traité de Verdun, le territoire
devint un comté du royaume de Lotharingie.
Le nom de Luxembourg serait apparu en 963,
alors que le comte Sigefroid fit construire sur le rocher du Bock le «Lucilinburhuc»,
un petit château qui donna son nom à la ville de Luxembourg.
En 1060, le comté fut gouverné par le comte
Conrad, le fondateur de la maison de Luxembourg. Le territoire des comtes
de Luxembourg s'agrandit progressivement à toute la région s'étendant
entre Trèves, Metz, Liège et Namur. Il passa par la suite sous la
domination de la maison de Namur et de Limbourg. Dès cette époque, une
double influence, romane et germanique, caractérisait le comté. Celui-ci
fut érigé en duché du
Saint-Empire romain germanique en 1354, et ce, jusqu'en
1443. Après être passé à la maison de
Bourgogne (de 1443 à 1506), puis aux Habsbourg, il devint espagnol en
1506 (jusqu'en 1684), autrichien en 1714 (jusqu'en 1795). Enfin, les
Français conquirent le Luxembourg et l'occupèrent, une première fois
sous Louis XIV (1684-1697), une seconde fois pendant la Révolution
(1795-1814) sous le nom de «département des Forêts» tout en conservant
une certaine autonomie. |
3.2 Une provinces des Pays-Bas
|
À la fin des guerres napoléoniennes en 1815, l’acte final du
Congrès de Vienne créa un nouveau pays autour de la forteresse de Luxembourg
et obtint un début d'indépendance nationale. L'ancien département français fut érigé en grand-duché de Luxembourg.
Par calcul stratégique, le roi des Pays-Bas, Guillaume Ier
d’Orange-Nassau, fut nommé grand-duc de Luxembourg et, en même
temps, le pays dut faire partie de la Confédération germanique (jusqu’en 1867).
Lors de la Révolution belge de
1830, la partie wallonne du grand-duché de Luxembourg prit fait et cause pour
les révolutionnaires belges et fut intégrée à la Belgique, formant la province
belge de Luxembourg avec Arlon comme capitale provinciale, une situation que
reconnut le premier traité de Londres en 1838. La partie germanique, qui forme
l'actuel grand-duché de Luxembourg, demeura une possession privée de la famille
d'Orange-Nassau des Pays-Bas tant que celle-ci avait des héritiers mâles : après
Guillaume Ier, il y eut encore Guillaume II et
Guillaume III comme rois des Pays-Bas et grands-ducs de Luxembourg.
Entre 1830 et 1839, la
Belgique se sépara du royaume des Pays-Bas, pendant que le Luxembourg
perdait plus de la moitié de son territoire au profit du nouvel État
belge. En contrepartie, le Luxembourg acquit davantage d’autonomie, car
il n'était plus gouverné comme une province néerlandaise. En 1841, le
pays fut doté d’une constitution corporative, remplacée en 1848 par une
constitution parlementaire, révisée par la suite à plusieurs reprises.
Afin de se distinguer de l'influence culturelle de ses deux grands
voisins, la France et l'Allemagne, le Luxembourg développa une politique
de bilinguisme dès les années 1840, encourageant à la fois le français
et l'allemand, et non plus l'alternance entre une politique de
francisation ou une politique de germanisation en fonction des
circonstances politiques.
|
3.3 Un État
souverain
En 1868, le
Luxembourg devint un État souverain, dont l’indépendance fut garantie par un
nouveau traité signé à Londres, qui prévoyait une neutralité désarmée et
perpétuelle du pays. S'agissant d'une «neutralité non
armée», les murs de la forteresse de Luxembourg furent abattus et la garnison
prussienne se retira. Au XIXe siècle, le
Luxembourg était encore un petit pays agricole pauvre, alors que le secteur de
la sidérurgie en pleine expansion nécessitait une main-d’œuvre abondante. Le
pays recourut à l'immigration. On vit arriver de jeunes ouvriers célibataires,
d’abord en provenance d’Allemagne, de France et de Belgique, puis peu après de
Pologne et d’Italie.
|
Le roi Guillaume III des Pays-Bas,
également grand-duc de Luxembourg, décéda en 1890.
Faute d'héritier mâle, sa fille Wilhelmina devint reine des Pays-Bas, mais en
montant sur le trône elle dut céder le Luxembourg en vertu d'un contrat
d'héritage arrêté en 1793 entre les branches ottonienne et walramienne de la
maison de Nassau, à un cousin de la branche walramienne.
C'est ainsi qu'Adolphe
de Nassau-Weilburg devint le premier monarque de la dynastie luxembourgeoise
actuelle et quatrième monarque du grand-duché de
Luxembourg; il régna
de 1890 à 1905. C'est dans ces conditions que le sentiment national
luxembourgeois, à peine existant jusque-là, commença à se développer.
En 1905,
Guillaume IV, le fils d'Adolphe de Nassau-Weilburg devint grand-duc de
Luxembourg. En
1907, Guillaume IV, qui avait eu six filles mais aucun
héritier mâle,
abolit la loi salique qui empêchait les femmes de monter sur
le trône. Ses deux filles, Marie-Adélaïde (1912-1918) et la grande-duchesse
Charlotte (1919-1964), purent ainsi régner, et le pays se dota alors d’une
constitution démocratique. |
Pendant ce temps, entre 1890 et 1910, le pays
reçut un grand nombre d'immigrants d'Italie: leur nombre passa de 439 à plus de
10 000, qui s’établirent surtout dans le sud industriel du pays. Tous ces
Italiens finirent par apprendre le luxembourgeois et, avec la troisième
génération, débuta leur intégration complète dans la société luxembourgeoise.
C'est ainsi que des noms comme Barboni, Ruscitti, Scuto, Di Bartolomeo, Pascucci,
Di Genova, Ruffini, etc., font aujourd’hui partie intégrante des patronymes
luxembourgeois.
En 1912, l'enseignement du luxembourgeois fut introduit dans les écoles primaires,
bien que le français et l'allemand soient également enseignées. À cette époque,
la langue luxembourgeoise était considérée comme un «mélange» des deux grandes
langues voisines. Toutefois, les dispositions relatives à cette introduction du
luxembourgeois sont restées vagues de sorte que l'enseignement de cette langue
n'a pas pu supplanter le français ni l'allemand. La
neutralité luxembourgeoise fut violée une première fois par l’Allemagne en 1914,
puis en 1940 par les nazis qui, en dépit du refus des Luxembourgeois (référendum
du 10 octobre 1941), annexèrent le Luxembourg au Reich. La grande duchesse
choisit courageusement de former un gouvernement en exil à Londres. Le pays fut
libéré par les Alliés en septembre 1944, ce qui donna l'occasion au grand-duché
d'entreprendre une politique de revalorisation de la langue luxembourgeoise.
Pendant l'occupation nazie, le luxembourgeois était devenu un outil de
résistance à la politique de germanisation imposée par l'Allemagne. À la fin de
la Seconde Guerre mondiale, la langue luxembourgeoise acquit ainsi un prestige
sans précédent, sans constituer une priorité politique pour les autorités.
Le 26 juin 1945, le pays devint membre des Nations unies et intégra l’OTAN en
1949. Au cours des années 1950, le Luxembourg devint membre de la Communauté
européenne du charbon et de l’acier (CECA), de la Communauté européenne et
d’Euratom. La grande-duchesse Charlotte abdiqua le 12 novembre 1964 et, aussitôt
après, le prince Jean devient grand-duc de Luxembourg. C'est sous son règne que le régime
des langues fut modifié. Jusqu'alors, l'usage officiel des langues se fondait
sur les arrêtés grand-ducaux de 1830, de 1832 et de 1834, lesquels consacraient le
libre choix entre l'allemand et le français. À partir des années 1970, on
assista à une politisation du luxembourgeois en réaction aux mesures prises par
l'association de la défense de la langue appelée Actioun Lëtzebuergesh.
La campagne de mobilisation linguistique remporta un succès considérable dans un
contexte caractérisé par l'intégration européenne. Face à des pressions de plus
en plus grandes, le gouvernement luxembourgeois fit adopter la
Loi du 24 février 1984 sur le régime des langues
qui conférait au luxembourgeois le statut de «langue nationale» du grand-duché.
Dans les faits, en l'absence de dispositions concrètes et de moynes financiers
dans le but de promouvoir l'apprentissage du luxembourgeois, cette loi demeura
une mesure essentiellement symbolique.
C'est à cette époque que le
Luxembourg connut une seconde vague d'immigration durable avec les Portugais.
Celle-ci avait commencé en 1964 pour se poursuivre après les années 1980.
Contrairement aux Italiens, les Portugais immigrèrent avec femme et enfants pour
travailler principalement dans le bâtiment, l’industrie, la gastronomie et
l’artisanat. De 5745 en 1970, les Portugais passèrent à 29 300 en 1981. Lors de
l'’adhésion du Portugal à l’Union européenne en 1986, le Luxembourg vit arriver
quelque 2000 Portugais annuellement, un accroissement qui semble durer encore
aujourd’hui, car ils sont devenus la plus importante communauté «étrangère» du
pays. Les Portugais disposent de leurs propres magasins, supermarchés, cafés,
restaurants, clubs sportifs et groupes folkloriques, ainsi que leurs journaux et
leur radios lusophones.
|
La Chambre des députés ratifia le traité de Maastricht en juillet 1992. Les
clauses du traité relatives aux droits électoraux des étrangers et à l’union
monétaire imposèrent une nouvelle révision de la Constitution du Luxembourg.
Grâce à ses activités financières, le grand-duché connut toujours une bonne
santé économique. Le 7 octobre 2000, le grand-duc Jean abdiqua en faveur de son
fils aîné Henri. Le portrait de ce dernier orne les pièces en euros émises par
le Luxembourg à partir de la mise en circulation de la monnaie unique européenne
le 1er janvier 2002. Ainsi, on y trouve le
grand-duc Henri et le mot Lëtzebuerg («Luxembourg»).
|
4 La
politique linguistique luxembourgeoise
L'usage des langues n'est pas réglementé par la Constitution,
mais par la loi adoptée le 24 février 1984. En effet, la Constitution de 2008
ne compte qu'un seul article qui prévoit que «la loi
réglera l'emploi des langues en matière administrative et judiciaire»:
Article 29
La loi réglera l'emploi des langues en
matière administrative et judiciaire. |
Cette loi mentionnée dans la Constitution,
la Loi du 24 février 1984 sur le régime des langues, est
conforme au droit constitutionnel non écrit qui prescrit l'usage
des langues dans le grand-duché du Luxembourg. Mais il existe aussi une
multitude de lois régissant l'emploi des langues dans le grand-duché. Toutes ces lois servent à réglementer l'emploi des trois langues,
notamment le luxembourgeois, la langue nationale du grand-duché.
Selon l'article 1er de la
Loi du 24 février 1984 sur le régime des langues
: «Le luxembourgeois
est la langue nationale des Luxembourgeois.» Il n'y a pas, au sens juridique du
terme, de langue officielle dans le grand-duché, mais la langue de
la législation écrite est le français (art. 2), alors que les langues
administratives et judiciaires sont le français, le luxembourgeois et l'allemand
(art. 3):
Article 1er
Langue nationale
La langue nationale des Luxembourgeois
est le luxembourgeois.
Article 2
Langue de la législation
Les actes législatifs et leurs règlements
d'exécution sont rédigés en français. Lorsque
les actes législatifs et réglementaires sont accompagnés
d'une traduction, seul le texte français fait foi.
Au cas où des règlements
non visés à l'alinéa qui précède sont
édictés par un organe de l'État, des communes ou des
établissements publics dans une autre langue que la française,
seul le texte dans la langue employée par cet organe fait foi.
Le présent article ne déroge
pas aux dispositions applicables en matière de conventions internationales.
Article 3
Langues administratives et judiciaires
En matière administrative, contentieuse
ou non contentieuse, et en matière judiciaire, il peut être
fait usage des langues française, allemande ou luxembourgeoise,
sans préjudices des dispositions spéciales concernant certaines
matières.
|
Dans les faits,
le français est la langue courante de l'administration surtout à l'écrit et
dans les écoles de niveau secondaire. On peut consulter le texte intégral de
la Loi du 24 février 1984 sur le régime des langues. On peut dire que le Luxembourg a, dans les
faits (même si cela n'est pas reconnu juridiquement), trois langues officielles.
4.1 La langue de la législation
Au Parlement, les députés s'expriment presque uniquement
en luxembourgeois et parfois en français dans certains déclarations officielles.
Jusqu'à récemment, tous les procès-verbaux
et toutes les lois n'étaient rédigés qu'en français, mais ce n'est plus le cas
aujourd'hui; le transcripteur qui entendait les délibérations en luxembourgeois
devait auparavant les traduire instantanément en français, ce qu'il ne fait
plus :les paroles sont transcrites dans la langue du locuteur, donc à 90% en
luxembourgeois. Il en est ainsi pour les comptes rendus des
délibérations de la Chambre des députés.
Toutes les réunions de l'Exécutif (ou
Conseil des ministres) ne se déroulent qu'en luxembourgeois, alors que les
procès-verbaux sont instantanément traduits en français et consignés dans cette
langue. Les ministres utilisent le plus souvent le luxembourgeois, mais le
français est employé de préférence lors de leurs grandes déclarations
officielles. Dans ces conditions, la langue luxembourgeoise emprunte un grand nombre de mots
au français (de Congé Pénal, en Débat an der Chamber, etc.) et à
l'allemand (d'Gleichberechtitung). En ce sens, ces pratiques sont
conformes à l'article 2 de la Loi du 24 février 1984 sur le régime des langues
(voir ci-dessus).
Cet usage de la langue française dans la législation semble être
l'une des conséquences de l'application du Code civil napoléonien. Toutes
les lois sont inscrites dans le Mémorial, le Journal officiel du
grand-duché de Luxembourg. Il est édité par le Service central de
législation sous forme de trois recueils distincts: le Mémorial A
(Recueil de législation - contenant les actes législatifs et réglementaires), le
Mémorial B (Recueil administratif et économique - contenant les actes
administratifs individuels, des circulaires, des avis, des relevés et des
informations diverses) et le Mémorial C (Recueil des sociétés et
associations - contenant les publications sur les sociétés et les associations).
4.2 La justice
L'administration de la justice se fait également en luxembourgeois
bien que les compte rendus et les jugements ne soient rédigés
qu'en français. En fait, lors des séances dans les tribunaux,
les témoignages y sont souvent prononcés en luxembourgeois,
les plaidoiries se poursuivent en français, tandis que le verdict
est rédigé en allemand. Bref, les trois langues admises (cf. l'art. 3 de la
Loi du 24 février 1984 sur le régime des langues) dans les tribunaux sont le luxembourgeois, le
français et l'allemand (voir le texte ci-dessus).
Dans le cas des immigrants ignorant l'une de ces
langues, il faut recourir à un interprète. Quoi qu'il en soit, le
Code d'instruction cri
minelle
prévoit que
toute personne doit être informée «dans une langue qu’elle comprend, sauf les cas
d’impossibilité matérielle dûment constatée» de son droit d’être aidée
par un interprète:
Article 9
La police
judiciaire est exercée, sous la direction du procureur d'État, par les
officiers, fonctionnaires et agents désignés au présent titre.
2) Elle informe toute personne lésée,
identifiée,
dans une langue que cette personne comprend, sauf les cas
d’impossibilité matérielle dûment constatée, de son droit de porter
plainte et de son droit de recevoir gratuitement une copie de sa
plainte, de son droit de demander réparation du préjudice subi, ainsi
que de la possibilité d’être aidée ou assistée par les services d’aide
aux victimes.
Article 30-1
Les officiers et les agents de police judiciaire informent la personne
lésée, identifiée,
dans une langue qu’elle comprend
sauf les cas
d’impossibilité matérielle dûment constatée, de son droit d’être aidée
par les services d’aide aux victimes ainsi que de son droit d’obtenir
réparation du préjudice subi et de la possibilité de bénéficier de
l’assistance judiciaire aux conditions
prévues par la loi. |
Dans le
Code de procédure
civile, il est prévu à l'article 141 que «les
notifications des ordonnances conditionnelles et des ordonnances exécutoires
seront accompagnées d'une information en langues allemande et française sur les
voies de recours admissibles»:
Article 141
Les significations, les notifications et les convocations
qu'exige la mise en
œuvre des articles qui précèdent seront opérées par le greffier
dans les formes réglées à l'article 102.
Les convocations contiendront, à peine de
nullité, les mentions prescrites à l’article 80.
Les notifications des ordonnances conditionnelles et des
ordonnances exécutoires seront accompagnées d'une information
en langues allemande et française
sur les voies de recours admissibles. |
4.3 L'administration publique
Les articles 3 et 4 de la
Loi du 24 février 1984 sur le régime des langues autorise l'emploi des trois langues:
Article 3
Langues administratives et judiciaires
En matière administrative,
contentieuse ou non contentieuse, et en matière judiciaire,
il peut être fait usage des langues française, allemande ou luxembourgeoise,
sans préjudices des dispositions spéciales concernant certaines matières.
Article 4
Requêtes administratives
Lorsqu'une requête
est rédigée en
luxembourgeois, en français ou en allemand,
l'administration doit se servir, dans la mesure du possible, pour sa réponse de
la langue choisie par le requérant.
|
Soulignons que le trilinguisme peut être freiné par
l'article 3 de la loi, qui énonce que l'administration
doit se servir, dans la mesure du possible, pour sa réponse de la
langue choisie par le requérant. Autrement dit, l'administration n'est pas
tenue de répondre dans la langue de l'administré; dans les faits, il est
rare que celle-ci l'administration n'acquiesce pas à cette demande, mais si
tel est le cas ce sera pour l'allemand, jamais pour le luxembourgeois ou le
français.
Si le luxembourgeois, le français et
l'allemand sont couramment utilisés par l'administration gouvernementale, le
français demeure privilégié à l'écrit, alors que le luxembourgeois est
prépondérant à l'oral avec l'allemand.
En ce qui a trait à la connaissance des trois
langues administratives par les fonctionnaires, il faut tenir compte du
Règlement grand-ducal du 12 mai 2010 fixant les modalités du contrôle de la
connaissance des trois langues administratives pour le recrutement des
fonctionnaires et employés des administrations de l’État et des établissements
publics:
Article 1er
Sans préjudice de l’application des
règles générales relatives au statut général des fonctionnaires de
l’État et aux différents examens-concours pour l’admission au stage, nul
n’est admis à participer à un examen-concours s’il n’a pas fait
preuve d’une connaissance adéquate des trois langues administratives
telles que définies par la loi du 24 février 1984 sur le régime des
langues.
À l’exception des carrières
d’enseignant de l’enseignement fondamental, de l’enseignement
post-primaire et de l’Éducation différenciée, les dispositions du
présent règlement grand-ducal s’appliquent à toutes les carrières pour
lesquelles l’admission au service de l’État est fixée conformément aux
dispositions de l’article 2 de la loi modifiée du 16 avril fixant le
statut général des fonctionnaires de l’État.
À l’exception des carrières
d’enseignant de l’enseignement fondamental et de l’enseignement
post-primaire ainsi que des carrières d’enseignant et d’agent
socio-éducatif de l’Éducation différenciée, elles s’appliquent par
analogie à l’engagement des employés de l’État. |
En vertu de l'article 3 du
Règlement grand-ducal du 12 mai 2010, la
vérification de la connaissance adéquate des trois langues administratives
se fait sous forme d’«épreuves de langues» qui ont lieu devant un comité
d’évaluation:
Article 3
I. Les «épreuves de langues» ont pour
objet d’apprécier, sous forme d’épreuves de compréhension et
d’expression orale, les connaissances du candidat dans les trois langues
administratives selon des niveaux de compétences fixés conformément au
«Cadre européen commun de référence pour les langues».
(Règlement g.-d. du 30 septembre 2015)
«1. En ce qui concerne les
épreuves de langues organisées pour la catégorie de traitement et
d’indemnité A, les niveaux de compétences à atteindre tant pour la
compréhension de l’oral que pour l’expression orale dans les trois
langues sont fixés comme suit:
a) niveau C1 pour la première
langue;
b) niveau B2 pour la deuxième langue;
c) niveau B1 pour la troisième langue.
2. En ce qui concerne les
épreuves de langues organisées pour la catégorie de traitement et
d’indemnité B, les niveaux de compétences à atteindre tant pour la
compréhension de l’oral que pour l’expression orale dans les trois
langues sont fixés comme suit:
a) niveau B2 pour la première
langue;
b) niveau B1 pour la deuxième langue;
c) niveau A2 pour la troisième langue.
3. En ce qui concerne les
épreuves de langues organisées pour les catégories de traitement et
d’indemnité C et D, les niveaux de compétences à atteindre tant pour la
compréhension de l’oral que pour l’expression orale dans les trois
langues sont fixés comme suit:
a) niveau B1 pour la première
langue;
b) niveau A2 pour la deuxième langue;
c) niveau A1 pour la troisième langue.»
|
En ce qui concerne la langue luxembourgeoise, deux examens
sont prévus. Il existe une épreuve de traduction d'un texte luxembourgeois
en langue française ou allemande ainsi qu'une épreuve d'histoire et de
culture luxembourgeoises: les candidats doivent répondre en langue
luxembourgeoise pour la moitié du total des points attribués. En général, le
taux de réussite à ces examens est de plus de 91%. Une dérogation est prévue
pour les candidats ayant obtenu le certificat d'études ou ayant accompli la
dernière année d'études dans le système d'enseignement public
luxembourgeois: ils sont dispensés de ces épreuves préliminaires. Étant
donné que seule une partie des citoyens utilisent le luxembourgeois au
travail, à l'école ou à la maison, cette connaissance de la langue ne peut
pas se limiter au luxembourgeois, mais elle doit se faire dans les trois
langues administratives du pays.
Dans les entreprises privées, la maîtrise du luxembourgeois
est également un atout inestimable pour obtenir ou consolider un emploi au
Luxembourg, quelque soit le secteur et particulièrement dans les domaines
des services, du commerce, du transport et du soin médical aux personnes.
Quant à l’anglais, en tant que langue des affaires et de la finance, il est
utilisé le plus souvent aux réunions entre personnes de différentes
nationalités. Lorsque le secteur financier requiert la maîtrise de deux
langues, c’est le plus souvent le couple français-anglais qui prédomine.
- La loi électorale de 2011
Chaque commune luxembourgeoise dispose d'un conseil communal, constitué par le
bourgmestre, les échevins et les conseillers communaux. Ils sont élus
directement, tous les six ans, par les habitants de la commune ayant les
qualités requises pour être électeurs. En janvier 2011, la Chambre des députés a
voté la réforme de la loi électorale, alors qu'en 2013 la Loi communale de 1988
a été modifiée. Jusqu'ici, les postes de bourgmestre et d'échevin étaient
réservés aux Luxembourgeois, ceux de conseiller communal aux ressortissants de
l'Union européenne. La nouvelle loi ouvre l’accès aux mandats communaux aux
étrangers. Toutefois, l'article 14 de la
Loi communale du 13 décembre 1988 modifiée le 21 août 2013 impose l'emploi
du luxembourgeois dans les conseils communaux, malgré le statut accordé au
français et à l'allemand en tant que langues administratives officielles:
Article 14
Le conseil communal se donne
un règlement d’ordre intérieur qui arrête la façon dont il exerce ses
attributions, compte tenu des dispositions de la loi.
(Loi du 28 décembre 1995 - Citoyens de l’Union européenne)
«La
langue usuelle parlée au conseil communal est le luxembourgeois.
Les conseillers peuvent s’exprimer également dans l’une des autres
langues visées à l’article 3 de la loi du 24 février 1984 sur le régime
des langues. Nul ne saurait toutefois demander une interprétation de la
langue parlée ou une traduction des documents écrits présentés en une
des langues visées par la loi précitée ou en toute autre langue.» |
En pratique, la langue usuelle parlée au conseil communal doit
être le luxembourgeois, tandis que les conseillers peuvent s’exprimer également
dans l'une des autres langues officielles du pays (allemand ou français), sans
pour autant pouvoir demander une traduction de la langue parlée ou des documents
écrits. Dans les situations où la réglementation ne précise pas l'emploi des
langues, le luxembourgeois est privilégié avec comme résultat que la
méconnaissance de cette langue agit comme un facteur d'exclusion, notamment dans
les assemblées municipales.
Il en est ainsi dans les partis politiques où
le luxembourgeois est exclusivement employé. Il existe aujourd'hui une douzaine
de partis politiques actifs au Luxembourg. Dans les faits, la maîtrise du
luxembourgeois est devenue une condition incontournable de la vie politique au
grand-duché. Dans ces conditions, le trilinguisme officiel a ses limites, car il
entrave la participation de tous les citoyens à la vie politique. Par voie de
conséquence, ceux qui prennent les décisions sont des locuteurs du
luxembourgeois qui tirent ainsi profit du statu quo par leur connaissance
de la langue nationale.
- La citoyenneté luxembourgeoise
Par ailleurs, la connaissance de la langue est considérée
par les autorités comme une condition obligatoire à la citoyenneté luxembourgeoise. Ainsi, tout candidat à la double nationalité doit
obligatoirement se soumettre à un test oral en luxembourgeois. L'article 7
de la Loi du 23 octobre 2008
sur la nationalité luxembourgeoise est
précise à ce sujet:
Article 7
1° La naturalisation sera refusée à l’étranger lorsqu’il
ne justifie pas d’une intégration suffisante, à savoir:
a) lorsqu’il ne remplit pas les conditions prévues à l’article 6;
b) lorsqu’il ne justifie pas d’une connaissance active et passive
suffisante d’au moins une des langues prévues par la loi du 24
février 1984 sur le régime des langues et lorsqu’il n’a pas réussi
une épreuve d’évaluation de la langue luxembourgeoise parlée. Le
niveau de compétence à atteindre en langue luxembourgeoise est celui
du niveau B1 du Cadre européen commun de référence pour les langues
pour la compréhension de l’oral et du niveau A2 du même cadre pour
l’expression orale;
c) lorsqu’il n’a pas suivi au moins trois cours d’instruction
civique dont un doit obligatoirement porter sur les institutions
luxembourgeoises et un sur les droits fondamentaux. Les modalités
relatives à l’organisation des épreuves et l’attestation de la
compétence en langue luxembourgeoise parlée ainsi que celles
relatives à l’organisation des cours d’instruction civique seront
précisées par voie de règlement grand-ducal.
Les frais de participation aux cours de langue luxembourgeoise et
d’instruction civique seront pris en charge par l’État suivant les
modalités à déterminer par règlement grand-ducal.
|
Les critères concernant la connaissance d'une langue reposent sur les niveaux
de connaissance du
Cadre européen commun de référence pour les langues.
Le
Règlement grand-ducal du 31 octobre 2008 p
récise
les conditions des
épreuves d’évaluation prévues. A réussi le candidat qui a obtenu dans l’épreuve de
compréhension de l’oral et dans l’épreuve d’expression orale des
notes finales égales ou supérieures à la moitié des points. Selon un
représentant du ministère de l'Éducation: «Le
candidat devra être capable de tenir une conversation en luxembourgeois ou
de comprendre les informations à la radio.» Ainsi,
tout candidat à la citoyenneté luxembourgeoise doit passer des épreuves « Sproochentest
Lëtzebuergesch » organisées par l'Institut national des langues (INL).
Dans les faits, quiconque est né au Luxembourg devint
d'office luxembourgeois, qu'il parle le luxembourgeois ou non. En règle
générale, les Luxembourgeois font tout ce qu'ils peuvent pour faciliter l'accès
à la nationalité. Cela vient d'un choc d'il y a une quinzaine d'années, alors
que la nationalité luxembourgeoise était obligatoire non seulement pour être
élu, mais aussi pour être électeur. Lors des élections communales, certains
villages (dont notamment Larochette, population à 80% lusophone) n'avaient
personne pour se présenter au poste de maire ou de conseiller communal. C'est à
ce moment là que la panique a commencé: il fallut supprimer l'exigence de la
nationalité pour plusieurs postes et fonctions électives ou administratives.
En même temps, on encourage l'apprentissage du
luxembourgeois, mais les Luxembourgeois sont pragmatiques et se rendent compte
que le pays ne peut prospérer sans la présences des étrangers immigrants.
- L'armée
Depuis 2002, il est possible de recruter dans
l'armée des Français, des Allemands, des Belges, des Espagnols ou d’autres étrangers de
l'Union européenne. En vertu des dispositions de la
Loi du 20 décembre 2002 modifiant la loi modifiée du 23 juillet 1952 concernant
l’organisation militaire, il n'est donc plus nécessaire d'obtenir la nationalité
luxembourgeoise pour faire partie de l'armée. Mais les candidats doivent avoir
résidé dans le grand-duché depuis au moins trois
ans et maîtriser en principe les langues administratives et judiciaires que sont le
luxembourgeois, l’allemand et le français; ceux qui le désirent peuvent suivre
des cours de perfectionnement.
4.4 L'enseignement des langues à l'école
Le cycle préscolaire fait partie intégrante du système scolaire
luxembourgeois; il comprend les groupes d’«éducation
précoce» et les
classes de l’«éducation
préscolaire». L’éducation
précoce, dont la fréquentation est facultative, s’adresse aux enfants
âgés de trois ans. Quant à l’éducation préscolaire, elle
s’adresse aux enfants âgés de quatre et de cinq ans. La fréquentation en est
obligatoire et gratuite. Tout le système d'enseignement du grand-duché répond
principalement au besoin des élèves dont la langue maternelle est le
luxembourgeois. Les élèves sont donc implicitement considérés comme étant
nécessairement de langue maternelle luxembourgeoise. Dans les faits, la maîtrise
du luxembourgeois constitue une sorte de préalable de sorte que l'allemand est la
seule langue de l'alphabétisation pour tous, alors que le français n'est
introduit qu'à la deuxième année du primaire. Ce système du modèle plurilingue
n'a jamais été modifié depuis le début du XXe
siècle. Pourtant, la composition de la population scolaire s'est
considérablement modifiée depuis les années 1960 avec l'arrivée des nouveaux
immigrants.
- Les écoles primaires
La langue luxembourgeoise ne fait pas l'objet d'un enseignement systématique
dans les écoles du grand-duché. Elle n'est enseignée véritablement que dans les
groupes d’éducation précoce (facultative) et dans les classes de l’éducation préscolaire
(obligatoire dès l'âge de quatre ans). Dans les faits, le luxembourgeois est
considéré comme un préalable acquis par les élèves avant de fréquenter l'école
primaire (enseignement fondamental).
Au primaire, le luxembourgeois est considéré
comme langue auxiliaire pour l'alphabétisation pendant les trois
premiers semestres du programme scolaire, mais l'alphabétisation
elle-même se fait en allemand qui est considéré comme la version écrite du lëtzebuergesch
(luxembourgeois). Citons l'article 6 de la
Loi du 6 février 2009 relative à l’obligation scolaire concernant les
langues d'enseignement:
Article 6
Les langues d’enseignement de l’école
sont le luxembourgeois, l’allemand
et le français. L’emploi de ces
langues est déterminé par règlement grand-ducal. L’enseignement d’autres
langues ainsi que l’enseignement dans une langue autre que le
luxembourgeois, l’allemand ou le français sont réglés par les lois
régissant les différents ordres d’enseignement.
|
L'article 7 de la même loi énonce que «
la
langue luxembourgeoise» sert de langue d'enseignement au premier cycle du
primaire:
Article 7
Le premier cycle de l’enseignement fondamental comprend les domaines de
développement et d’apprentissage suivants:
1. le raisonnement logique et
mathématique;
2. le langage, la langue luxembourgeoise et l’éveil aux langues;
3. la découverte du monde par tous les sens;
4. la psychomotricité, l’expression corporelle et la santé;
5. l’expression créatrice, l’éveil à l’esthétique et à la culture;
6. la vie en commun et les valeurs.
Les deuxième, troisième et quatrième cycles de l’enseignement
fondamental comprennent les domaines de développement et d’apprentissage
suivants:
1. l’alphabétisation,
les langues
allemande, française et luxembourgeoise, ainsi que l’ouverture aux
langues;
2. les mathématiques;
3. l’éveil aux sciences et les sciences humaines et naturelles;
4. l’expression corporelle, la psychomotricité, les sports et la
santé;
5. l’éveil à l’esthétique, à la création et à la culture, les arts
et la musique;
6. la vie en commun et les valeurs enseignées à travers l’éducation
morale et sociale ou l’instruction religieuse et morale.
Les élèves des classes primaires sont inscrits sur demande des parents
soit dans le cours d’éducation morale et sociale, soit dans le cours
d’instruction religieuse et morale. [...]
|
Dans les faits, le luxembourgeois ne fait pas l'objet d'un
cours systématique, puisque c'est l'allemand qui sert de langue
d'alphabétisation. En somme, on n’enseigne pas officiellement en
luxembourgeois, mais cette langue est enseignée comme une matière
indépendante depuis plus de quatre-vingts ans à l'école primaire et, depuis
environ une cinquantaine d'années, au secondaire. Au deuxième semestre de la 2e année
de l'enseignement primaire, on commence avec l'enseignement oral du français;
l'écrit est introduit à partir de la 3e
année
du primaire, alors que lenseignement de lallemand nest jamais interrompu.
Non seulement l'allemand est la langue de l'alphabétisation, mais il sert de
langue d'instruction pour l'apprentissage des autres langues, dont le
français au primaire et l'anglais au secondaire.
Selon la composition des classes, les enseignants parlent généralement l'allemand, mais
ils alternent parfois avec le luxembourgeois et le français. Dès lâge de sept ans, lenseignement se poursuit en français et en allemand. De
façon générale, près de 50 % du temps consacré à l'enseignement est accordé à
l'apprentissage des langues française et allemande. La place des langues autres
que l'allemand et le français (p. ex., le portugais et l'italien), demeure
très limitée, bien que certaines de ces langues soient parlées par une
partie importante de la population.
- Les écoles secondaires
L’enseignement secondaire a, selon l’orientation choisie, une durée de six ou
sept ans. Il comporte deux ordres d’enseignement:
- l’enseignement secondaire qui prépare avant tout aux
études universitaires;
- l’enseignement secondaire technique, essentiellement orienté vers la vie
professionnelle.
L'enseignement secondaire aboutit dans un baccalauréat reconnu
au niveau international ou dans un certificat d'aptitude essentiellement orienté
vers la vie professionnelle, mais c'est probablement le seul diplôme qui donne à
la fois le «bac français» et l'«abitur allemand».
C'est à l'école secondaire que s'opère le passage
du bilinguisme franco-allemand au quadrilinguisme luxembourgeois-allemand-français-anglais. En principe, le luxembourgeois n'est enseigné qu'une heure par semaine à l'école
secondaire, et ce, dans les deux premières années.
Lors de la première année du secondaire, la plupart des matières sont données
en allemand, sauf l'histoire et les
mathématiques (en français). En 2e secondaire,
on introduit l'enseignement du français oral, puis du français écrit (en 3e
secondaire). Par ailleurs, l'anglais est également enseigné à partir du secondaire
technique, ainsi que, au choix, le latin, l'espagnol ou l'italien.
En 5e
année du secondaire, les élèves peuvent ajouter une 4e
langue vivante: l’italien, l’espagnol ou le portugais. Il en résulte que, à la fin de ses études, un jeune Luxembourgeois
connaît, en principe, le luxembourgeois, l'allemand, le français et l'anglais.
- L'enseignement post-secondaire
Le Luxembourg dispose d'une université, l'Université du
Luxembourg créée par la loi du 12 août 2003. Celle-ci remplace quelques
établissements post-secondaires dont le Centre Universitaire. Parmi les
principes fondamentaux de l’université figure le
«caractère multilingue de son
enseignement».
Après deux années, les étudiants ont la possibilité de poursuivre
leurs cours dans les universités des pays voisins, que ce soit en français, en
allemand ou en anglais.
L'université ne cesse de se développer et présente maintenant des cursus
complets, plus seulement les deux premières années. Mais la tradition reste
tenace de poursuivre des études universitaires en Belgique, en France ou en
Allemagne, selon les disciplines. Le droit et la littérature, c'est la Belgique
ou la France; tout ce qui est plus technique (ingénieur), c'est l'Allemagne. La
Grande-Bretagne était également très populaire, mais le
Brexit y a mis un sérieux frein.- Le plurilinguisme face à l'immigration
Jusqu'à la fin XIXe siècle, le Luxembourg avait
été un pays rural plutôt fermé sur lui-même.
Toutefois sa population avait accepté sans difficultés l'arrivée
massive des immigrants allemands et belges, dont elle comprenait la
langue. Mais à la fin du XXe
siècle, l’arrivée d’immigrants en provenance de l’Italie, du Portugal et de
l’Espagne a bousculé le système scolaire luxembourgeois et celui-ci n'a pas
réussi à
s'adapter à cette situation nouvelle. Les parents portugais, espagnols ou italiens
se concentrent sur ce qui leur est familier, à savoir les cours de portugais,
d’espagnol ou d’italien organisés par les autorités du pays d’origine pendant
les après-midi libres. Les immigrants perçoivent l'école luxembourgeoise comme
immobile et sans issue pour leurs enfants
. Les
problèmes sont connus: comment concilier l'apprentissage de la langue allemande
et le rôle de la langue d’origine des enfants d’immigrants?
Le système d'éducation luxembourgeois a été élaboré pour des élèves de langue
maternelle luxembourgeoise ayant une facilité d'apprentissage de l'allemand
en raison de la proximité entre les deux langues.
Ce sont surtout les immigrants originaires de pays de langues
romanes qui ont beaucoup de difficultés à apprendre le luxembourgeois et
l'alphabétisation en langue allemande constitue un obstacle important à leur
apprentissage. xxxxxEn effet, les enfants des immigrants portugais, italiens ou espagnols
ont des problèmes avec l'alphabétisation en langue allemande
dès la première année. L'allemand constitue pour eux
un obstacle non négligeable tout au long de leur carri
ère
scolaire, ce qui nest pas le cas du français en raison des liens
de parenté plus étroits avec leur langue dorigine. Or, lallemand
et le français sont obligatoires pour toute la scolarité
au Luxembourg et ceux qui veulent éviter un échec répété
(avec lallemand) fréquentent souvent les écoles dans les
pays limitrophes, notamment les établissements belges. Le bilinguisme
scolaire et le trilinguisme de la vie quotidienne constituent des barrières
systématiques pour les élèves immigrés qui
doivent assumer les trois langues du Luxembourg ainsi que celle du pays
d'origine. Dès 1989, le Conseil économique et social avait
pourtant souligné la nécessité d'adapter l'école
pour tenir compte des contingences économiques. Il semble bien que
le problème saggravera avec le temps, car les solutions tardent.
- L'enseignement du portugais aux
lusophones
En avril 2017, les autorités
du grand-duché et celles de Lisbonne se sont entendues pour élargir
l'apprentissage du portugais dans l'enseignement. Il s'agit d'un cours de langue
portugaise complémentaire donné, sans obligation, en dehors des heures de classe
aux élèves lusophones des cycles 2 à 4 du primaire. Les cours complémentaires
sont avant tout destinés aux écoles où de nombreux élèves parlent portugais.
L'objectif est de renforcer le lien affectif avec la langue et la culture
portugaises en légitimant le sentiment d'appartenance, car pour le gouvernement
la bonne maîtrise de la langue maternelle favorise l'apprentissage des autres
langues enseignées au Luxembourg. Certains citoyens considèrent cet enseignement
comme inutile et qu'il vaudrait mieux améliorer l'apprentissage de l'anglais.
L'État portugais paie les enseignants et le Luxembourg fournit gratuitement les
locaux.
- Les écoles privées
Il existe aujourd'hui de nombreuses écoles
privées où l'enseignement est dispensé dans les langues maternelles des
immigrants, mais des immigrants économiquement aisés en raison des frais de
scolarité élevés. Moins de 10 % des élèves reçoivent leur enseignement dans ces écoles
dont la langue d'enseignement est généralement le français ou l'anglais, plus
rarement l'allemand ou le luxembourgeois.
- La formation des enseignants
La formation des enseignants est réglementée par l'État. Ainsi, l'article 2 du
Règlement grand-ducal du 9 mars 2009
déterminant les modalités du concours réglant l'accès à la fonction
d'instituteur de l'enseignement fondamental énonce l'obligation pour les enseignants de
maîtriser les trois langues officielles du pays :
Article 2
1. Les épreuves préliminaires, auxquelles les candidats doivent se
présenter et réussir préalablement aux épreuves du concours, visent :
à vérifier
les connaissances dans les trois langues usuelles du pays: le
luxembourgeois, le français et l'allemand; à vérifier les connaissances générales relatives à la législation et la
réglementation scolaires luxembourgeoises.
2.
Les épreuves préliminaires ne donnent pas lieu à un classement.
Article 4
1.
Les épreuves langagières visent à vérifier si les candidats ont acquis
les compétences requises pour enseigner dans les domaines de
développement et d'apprentissage de l'école fondamentale luxembourgeoise
en employant les langues respectives. Elles comportent chaque fois une
épreuve écrite et une épreuve orale. La vérification des compétences
langagières tient compte des rôles respectifs joués par les trois
langues dans l'enseignement fondamental.
2. Pour chaque épreuve de langue réussie, une attestation est délivrée aux
candidats. L'organisation des épreuves préliminaires
|
Pour les candidats de l'option «éducation préscolaire», un
cours de portugais d'une durée de soixante heures est exigée.
4.5 L'affichage, la signalisation et l'étiquetage
Il n'y a pas de législation concernant l'emploi des langues dans
l'affichage. Toutefois, les pratiques actuelles semblent conformes aux
dispositions de la loi du 24 février 1984 sur le régime des langues.
Toutes les inscriptions officielles du grand-duché apparaissent seulement en
français, qu'il s'agisse des plaques identifiant les édifices
gouvernementaux, les organismes internationaux, les gares, les parkings ou l'aéroport de
Luxembourg: Le gouvernement du grand-duché de Luxembourg, Ville de
Luxembourg, rue barrée, sens unique, etc.
Le nom du pays est généralement présenté dans sa forme française
Luxembourg, et non en luxembourgeois (Lëtzebuerg) ou en allemand
(Luxemburg).
Les municipalités
n'utilisent généralement que le français, mais certains messages ponctuels
peuvent apparaître en luxembourgeois et/ou en allemand (p. ex. Besichtigen
Sie die Kasematten) ou en anglais (p. ex. Tourist information). Le
terme générique (rue, avenue,
place, montée, boulevard) des
noms de rues sont tous en français, mais le terme spécifique peut être en
français (rue des Capucins), en
luxembourgeois ou en allemand. Il est rare qu'un odonyme soit bilingue: rue
de l'Église / Umfockeknapp. Les toponymes
ou odonymes du grand-duché peuvent donc être
d'origine française, luxembourgeoise ou allemande. Certains messages peuvent
être uniquement en allemand: Unbefugten ist der Zutritt verboden
("L'accès est interdit aux personnes non autorisées"). Chez MacDonald:
Neu! Salat mit Shrimps! ("Nouveau! Salade de crevettes!").
Certains messages sont en plusieurs langues :
Trafic jour et nuit
Verkeer dag en Nacht ("Circulation de
jour comme de nuit")
Please keep clear at all times ("Veuillez laisser libre en tout
temps")
Bitte tag und Nacht freihalten ("S'il vous plaît, gardez libre le
jour et la nuit") |
Haute tension
Danger de mort
Accès interdit |
Hochspannung
Lebensgefahr
Zutritt verboten |
L'affichage commercial est presque exclusivement en langue
française (Maroquinerie du passage, Le bouquet garni, Pâtissier Ladurée
Confiseur, La Boutique du Coiffeur), mais beaucoup de raisons sociales portent un nom luxembourgeois (p.
ex. Kaempff-Kohler); il peut arriver que l'affichage se fasse en
luxembourgeois ou en anglais. Par ailleurs, la publicité, tout en étant
généralement en français, apparaît souvent en luxembourgeois, parfois en
anglais.
Le bilinguisme français-luxembourgeois demeure rare et, de toute façon,
il est devancé par l'unilinguisme luxembourgeois; dans un cas comme dans
l'autre, il s'agit de textes publicitaires et de messages ponctuels destinés à
la clientèle locale.
De façon générale, le paysage linguistique apparaît français
avec de nombreux termes spécifiques en luxembourgeois. Suivent quelques
inscriptions en anglais et, loin derrière, d'autres en allemand. Le bilinguisme
dans l'affichage n'est pas une pratique courante au Luxembourg.
Les informations sur le trafic routier sont annoncées en luxembourgeois,
mais les panneaux signalant un danger ou des déviations sont rédigés en
français.
L'étiquetage peut
faire l'objet de réglementation. Ainsi,
tout «avertissement sanitaire» sur les produits du tabac doit être
libellé en français et en allemand, selon le
Règlement grand-ducal du 16 septembre 2003. À l'article 9 du
Règlement grand-ducal du 22 février 2004 concernant la fabrication, la
circulation et l’utilisation des aliments pour animaux, il est prescrit
l'emploi de l'allemand ou du français pour toute indication et ou mention sur
l'emballage.
4.6 Les médias
|
Les médias reflètent la pluralité des langues vécue au
Luxembourg. Malgré sa petite taille, le Luxembourg offre six journaux quotidiens
nationaux: Luxemburger Wort, La Voix du Luxembourg, Tageblatt,
Le Quotidien, Editions Letzeburger Journal SA et Zeitung vum
Lëtzebuerger Vollek. Les articles sont rédigés surtout en allemand, mais
aussi français, parfois en luxembourgeois. Deux quotidiens (La Voix du
Luxembourg et
Le Quotidien) présentent l'actualité uniquement en français, afin de toucher
particulièrement les lecteurs frontaliers belges et français. En ce qui a trait
au journaux hebdomadaires, citons d'Letzeburger Land,
Revue, Télécran Magazine, Contacto, Correio, etc. Par
ailleurs, le pays dispose d'un grand nombre de périodiques en tout
genre publiés en allemand, en français, en anglais, en portugais, en
italien, etc. |
De façon
générale, la presse écrite allemande a toujours été la préférée des
Luxembourgeois, mais le français occupe néanmoins entre 20 % et 30 % des espaces
rédactionnels et publicitaires. Bien que l'allemand fasse encore la «Une» des
actualités, d'autres langues sont largement employées, dont le français,
l'anglais et le portugais (à l'intention des immigrants). Dans la presse écrite,
on peut trouver dans un même journal des articles en français et en allemand,
mais avec une nette prédominance de l'allemand.
Au Luxembourg, le
paysage radiophonique est très riche. On y compte deux radios nationales (RTL
et RTL Radio), quatre radios régionales (Radio Latina, RTL Radio
Lëtzebuerg, Honnert 7, Den Neie Radio) et une vingtaine de
radios locales (Radio Challenger, Sunshine Radio, Radio Lora,
Radio LNW, Radio Diddeleng, Radio Gudd Laun, Radio Belle
Vallée, etc.). À l'instar de la presse écrite, la radio se caractérise par
son multilinguisme (allemand, français et luxembourgeois), mais le
luxembourgeois
semble prédominer.
La population luxembourgeoise peut compter sur les chaînes
nationales et les chaînes étrangères. Parmi les chaînes nationales, RTL Télé
Lëtzebuerg reste la première chaîne du Luxembourg avec près de 130 000
spectateurs par jour. La langue principale est le luxembourgeois, mais il existe
une traduction simultanée en français du journal télévisé. Les informations
journalières de cette chaîne sont suivies par une grande majorité des
Luxembourgeois (environ 70 %). Le sous titrage français du journal télévisé de
RTL est disponible en différé sur la deuxième chaîne.
Parmi les chaînes étrangères, seules RTL
Television, ARD, TF1 et PRO7 s'imposent tout en restant
loin derrière la télévision luxembourgeoise. Les autres chaînes commerciales
allemandes ont des taux inférieurs à 5% et les chaînes publiques
sont regardées surtout à partir de 20 heures. À l'exception de TF1, les chaînes
francophones sont relativement peu populaires. De façon générale, les
Luxembourgeois «de souche» regardent des émissions télévisées en allemand dans
des proportions de plus de 50%, de 24% en luxembourgeois et de 24% en français. Pour
l'ensemble des résidents du pays, ces proportions sont les suivantes: 40% en
allemand, 34% en français, 18% en luxembourgeois et 8% dans d'autres langues.
Depuis 1992, Radio Latina, avec ses 100 000
auditeurs, est une radio commerciale multiculturelle et multilingue. Elle
assure les contacts avec la communauté portugaise, mais sa grille des
programmes inclut aussi des émissions en espagnol, en français, en créole
capverdien et en italien. La programmation en portugais est largement
majoritaire (environ 70%) et ses émissions sont diffusées 24 heures par
jour, du lundi au dimanche.
Partageant des frontières communes avec la Belgique, la France
et l'Allemagne, le Luxembourg est en contact avec le français et
l'allemand, voire le néerlandais. Si l'on en croit des études
récentes, la dynamique des langues jouerait lentement en faveur
du français, notamment du fait de la forte immigration majoritairement
d'origine «romane» (Portugais, Italiens, Espagnols, Français ou
Belges francophones) qui préfère s'intégrer par l'usage
du français plutôt que par l'allemand, alors que le luxembourgeois
reste réservé à l'usage des seuls «autochtones de
souche».
Contrairement à la Belgique, constamment secouée par les
querelles linguistiques, le contraste est grand au Luxembourg, pays par
excellence de la coexistence pacifique des langues. De plus, parlé
par moins de 300 000 locuteurs dans un tout petit pays de 2580 km
²,
la langue luxembourgeoise jouit d'une sécurité linguistique presque
aussi grande que l'allemand dans le pays voisin (l'Allemagne). Il en est
ainsi lorsqu'un pays est protégé par des frontières
linguistiques sécurisantes, bien que perméables. Il faut
dire que le cas du Luxembourg demeure un cas relativement unique.
Cependant, le modèle du pluralisme linguistique connaît des
limites dans la mesure où cette politique entrave l'intégration sociale des
nouveaux immigrants quand elle n'a pas pour effet de les exclure. Une réflexion
doit s'imposer en ce qui concerne le statu quo, afin de trouver des
politiques plus adaptées et plus justes pour l'ensemble des citoyens du
Luxembourg et non pas seulement pour privilégier les locuteurs du
luxembourgeois. Jusqu'ici, le Luxembourg passait pour un p
ays
de la cohabitation linguistique sereine, mais ce ne peut plus être le cas
aujourd'hui.
Dernière mise à jour:
19 févr. 2024
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