Macao (en chinois mandarin: 澳門; en pinyin: Àomén: «porte de la baie»; en portugais Macau) est aujourd'hui l'une des deux régions administratives spéciales (RAS: "Tèbié xíngzhèngqū") de la République populaire de Chine, l'autre étant Hong Kong, toutes deux disposant des pouvoirs exécutifs, législatifs et judiciaires dévolus au gouvernement national.
Le territoire de Macao, comme celui de Hong Kong, est situé dans le sud-est de la Chine, sur la rive orientale de la rivière des Perles, dans le delta du même nom. Cette région administrative, qui occupe une péninsule sur la côte sud, ainsi que quelques îles, est baignée par la mer de Chine méridionale. Elle jouxte la province chinoise du Guangdong au nord. La RAS de Macao est reliée à la RAS de Hong Kong depuis 2018 par un pont-tunnel de 55 km. L'appellation Macao se prononce en français [ma-ka-o], mais en portugais Macau se prononce [ma-ka-ou] et en anglais [ma-kaw].
Pour emprunter le pont-tunnel Hong Kong-Zhuhai-Macao reliant Macao à la Chine, les automobilistes doivent posséder un permis de conduire spécial, car si en Chine continentale les automobiles roulent à droite, les Macanais et les Hongkongais roulent à gauche, un vestige de la colonisation britannique à Hong Kong.
Macao est un petit territoire de 30,3 km², l'un des plus petits au monde avec la principauté du Liechtenstein (160 km²), la république de Saint-Marin (61,2 km²) et la principauté de Monaco (1,95 km²). Par rapport à la RAS de Hong Kong (1068 km²), Macao est 35 fois plus petite, c'est l'équivalent en Chine d'une petite ville.
Cette ancienne colonie portugaise fut rétrocédée à la Chine en 1999, mais une loi fondamentale qui sert de constitution détermine son régime politique par rapport à la Chine continentale, avec le résultat que Macao demeure juridiquement différente du reste de la Chine. Le territoire obéit au principe «un pays, deux systèmes», ce qui permet à la RAS de Macao de conserver son système judiciaire, sa monnaie (la pataca lié au dollar de Hong Kong), son système politique (la démocratie et le multipartisme), ses lois sur l'immigration, son domaine Internet (.mo), etc. Les deux Régions administratives spéciales (RAS) sont situées dans la région appelée «la grande baie Guangdong-Hong Kong-Macao».
Géographiquement, la région administrative spéciale de Macao est formée de la péninsule de Macao (9,3 km²) et de deux anciennes îles, l'île Taipa (6,8 km²) et l'île Coloane (7,6 km²), qui ne forment plus qu'une masse terrestre depuis 1997, car elles ont été reliées par des terres gagnées sur la mer, l'isthme de Cotai (5,8 km²) totalisant une superficie de 30 km². C'est qu'au cours des dernières décennies, les îles qui formaient Macao furent progressivement reliées entre elles par des ponts ou des remblayages. Ainsi, l'ancien isthme de Cotai (peu profond) reliant Taipa à Coloane fut remblayé en 1968 et le premier pont entre la péninsule de Macao et Taipa, le pont du gouverneur Nobre de Carvalho, fut construit en 1974. En 1995, le gouvernement colonial de l'époque construisit sur une île artificielle l’Aéroport international de Macao relié par deux ponts à Taipa. C'est dans le secteur remblayé de Cotai que furent construits les casinos modernes. Aujourd'hui, la péninsule de Macao est entourée d'eau sur tous les côtés, à l'exception de la zone au nord, qui est reliée à la ville chinoise de Zhuhai.
C'est dans la péninsule de Macao que sont concentrés la plupart des services administratifs, industriels, culturels, financiers, etc. Le territoire de Macao est une cité-État qui vit principalement du tourisme lié aux jeux d'argent. De très nombreux casinos en font la plus grande zone de jeu du monde, devant même la fameuse Las Vegas aux États-Unis. Macao est ainsi le territoire le plus riche d'Asie par habitant.
Lorsque Macao était encore sous administration portugaise, la péninsule correspondait à la municipalité de Macao, mais la Chine supprima ce statut pour le replacer par sept «paroisses administratives», appelée "freguesia", sans pouvoir :
Nossa Senhora de Fatima,
Santo António, São Lázaro, São Lourenço, Sé,
Nossa Senhora do Carmo et
São Francisco Xavier.
Les habitants de Macao s'appellent Macanais/Macanaise. La majorité de la population est concentrée dans la péninsule. Les principales villes chinoises qui sont situées à proximité de Macao sont Guangzhou, Zhuhai et Shenzhen. Quant à Hong Kong, elle est de l'autre côté du delta de la rivière aux Perles et est reliée par un pont-tunnel de 55 km².
2 Données démolinguistiques
Selon le recensement de 2011, le territoire de Macao comptait une population de 552 500 habitants,
mais le recensement de 2021 indique 682 100 habitants. En conséquence, Macao constitue le territoire le plus densément peuplé du monde devant la principauté de Monaco et la république de Singapour, avec 18 478 habitants au km² pour une superficie de 29,9 km².
La population de cette région est composée très majoritairement de Chinois (94%) nés en Chine continentale (47%). Mais 42,5% de la population est née à Macao, contre 3,7% à Hong Kong et 0,3% au Portugal. Seule 1,7% de la population possède la nationalité portugaise. Toutes personnes nées à Macao d'ascendance chinoise possèdent automatiquement la nationalité chinoise.
Les habitants de Macao sont appelés en portugais Macaenses ou en français Macanais ou Macaviens; en anglais, c'est Macaneses. Cette appellation désigne surtout les vieilles familles d'origine portugaise: les filhos da terra («les fils de la terre»).
Les Macanais parlent le chinois cantonais dans une proportion de 83,6 %, alors que le portugais est la langue maternelle de seulement 0,4 % de la population. Les autres locuteurs parlent le chinois mandarin (5,8%), le chinois macanais (2%), le birman (2,9%), le filipino (1,3%), le javanais (0,1%), etc. L'anglais est parlé par 1,4%, principalement des Britanniques et des Américains. Dans les faits, plus 90% des Macanais peuvent s'exprimer en cantonais.
Le tableau suivant («Principales langues parlées à Macao») présente la proportion des locuteurs du cantonais ("cantonês"), du mandarin ("mandarim"), du portugais ("português") et de l'anglais ("inglês") entre le recensement de 2011 et celui de 2021:
On peut constater que le cantonais est passé de 90% à 86,2%, tandis que le mandarin a augmenté de 41,4% à 45%. Quant au portugais, il est demeuré stable (2,4% > 2,3%), mais l'anglais a augmenté légèrement (21,1% à 22,7%). D'après ce tableau, il y a forcément beaucoup de Macanais bilingues ou trilingues.
2.1 Le portugais et ses variantes
La langue portugaise revêt différentes formes dans l'ancienne colonie du Portugal. On distingue en effet le «portugais du Portugal», le portugais macanais, le créole macanais à base de portugais, sans oublier la romanisation de l'écriture cantonaise.
- Le portugais du Portugal
Le portugais du Portugal est l'une des deux langues officielles de la Région administrative spéciale de Macao, avec le chinois. Seuls les Portugais descendants de Portugais et les Métis (les «sangs mêlés») parlent encore ce portugais européen. On compterait quelque 2500 locuteurs qui l'utiliseraient comme langue maternelle et environ 11 500 comme langue seconde.
À l'heure actuelle, la plupart des pays lusophones ont adopté l'Accord orthographique sur la langue portugaise de 1990 (en portugais : "Novo Acordo Ortográfico da Língua Portuguesa de 1990") comme norme pour l'écriture portugaise (voir l'illustration ci-contre). Cependant, étant donné que Macao n'a pas signé cet accord, le portugais de Macao continue d'employer les règles d'écriture portugaise de 1945, conformément à la loi de Macao. D'ailleurs, le Décret-loi n° 103/M du 13 décembre (1999) rappelle que l'orthographe de la langue portugaise de Macao «est régie par le régime prévu par le Décret n° 35 228 du 8 décembre 1945 sur l'accord orthographique», loi portugaise qui approuvait l'accord du 10 août 1945 pour unifier l'orthographe portugaise.
Bien que la législation de Macao précise que l'accord de 1945 sur la langue portugaise écrite doit continuer d'être employé, car la plupart des écoles et des établissements enseignant le portugais à Macao utilisent des manuels scolaires portugais, les élèves des écoles apprennent également les nouvelles règles d'orthographe. Cependant, les documents du gouvernement de Macao doivent être rédigés dans la langue portugaise décrétée de 1945.
- Le portugais macanais
Il existe aussi un «portugais de Macao» appelé aussi «portugais macanais» (en portugais: "Português Macaense"), qui n'est pas le portugais du Portugal, ni celui du Brésil. Ce portugais est considéré à Macao comme unevariété localedivergente du portugaiseuropéen. Bien que l'ensemble du vocabulaire soit le même qu'au Portugal, il y subsiste quelques différences dues à l'influence cantonaise, mais le portugais de Macao a également emprunté des mots au malais et à d'autres langues indo-iraniennes comme le cinghalais, le konkani et le marathi, en raison des colons portugais qui épousaient des femmes portugaises de Malacca, des Indes portugaises et du Ceylan portugais, plutôt que de la Chine voisine. Ce n'est qu'au XIXe siècle que l'influence cantonaise s'est manifestée dans la langue.
De plus, ce portugais diffèreselonune gamme devariables sociales(âgede l'individu,profession,niveau d'instruction, classe socialeetdegré d'utilisation du chinois et de l'anglais), ce qui entraîne des différences notables au point de vue phonologique, morphosyntaxique et lexical. Ces différencessont, bien sûr,conditionnées parlesinfluencesreçuesdu mandarin (putonghua), du cantonais et de l'anglais. Le portugais macanais, fortement influencé par les peuples autochtones, n'est pas valorisé dans les communications de tous les jours, bien qu'il soit compréhensible avec le portugais au Portugal.
- Le créole macanais / papiação
Chez les personnes âgées, majoritairement des femmes, il existe une autre sorte de portugais parlé : c'est un portugais créolisé, appelé patuá («patois») ou papiação macaense («parler macanais») ou crioulo macaense («créole macanais») et très influencé par le cantonais, mais également par le malais et le cinghalais. Étant donné qu'il s'agit d'une langue créole, il est le résultat d'une fusion de plusieurs langues et d'innovations locales qui sont devenues la langue maternelle d'une communauté. En raison de son développement historique, ce créole est étroitement lié à d'autres créoles d'influence portugaise et malaise d'Asie du Sud-Est, notamment la langue kristang de Malacca (aussi appelée Cristão ou Cristan, «chrétien»; portugues di Melaka ou «portugais de Malacca»; Linggu Mai «langue maternelle»; ou simplement Papia «parler») et les créoles d'influence portugaise disparus d'Indonésie et de Flores, ainsi qu'aux créoles indo-portugais du Sri Lanka et de l'Inde.
Le patuá s'est développé pour devenir finalement la langue de la communauté indigène eurasienne de Macao : les Macanais. Ils sont d'abord nés de mariages mixtes entre colonisateurs portugais et chinois - principalement des hommes portugais se mariant et fondant des familles avec des femmes chinoises. Cependant, à partir du deuxième quart du XIXe siècle, le renforcement de l'enseignement public en portugais et les avantages socio-économiques associés à la langue conduisent à la stigmatisation du créole portugais. Il fut classé comme du «portugais cassé» et est devenu une langue confinée principalement à la maison. En 2009, l'UNESCO a classé le patuá comme langue «en danger critique d'extinction». En 2000, on estimait qu'il n'y avait que 50 locuteurs de patuá dans le monde.
2.2 Les langues chinoises
À Macao, il existe deux langues chinoises: le mandarin (ou
putonghua) et le cantonais. Tout Macanais affirmera «parler chinois», ce qui est vrai parce qu'il parle cantonais,
une langue chinoise, mais pourtant il ne sera pas compris par un Chinois de Pékin, qui s'exprime en mandarin. Le mandarin et le cantonais appartiennent à la même famille linguistique, la famille sino-tibétaine, mais ils demeurent très différents, comme c'est le cas, par exemple, pour le français et l'espagnol, deux langues voisines appartenant aux langues romanes.
Aujourd'hui, le mandarin (ou putonghua) est l'une des cinq langues officielles des Nations unies et la langue officielle de la Chine continentale et de Taïwan.
En Chine, la langue officielle du pays est désignée par les caractères 普通话, ce
qui se transcrit en alphabet pinyin par "pǔtōnghuà" que l'on appelle en français
et dans plusieurs langues occidentales le «mandarin». Donc, le terme de
"putonghua" est chinois, alors que «mandarin» tire son origine du portugais "mandarim",
transcrit généralement en «mandarin» dans la plupart des langues occidentales.
Le cantonais, pour sa part, est la deuxième langue la plus parlée en Chine (avec plus de 60 millions de locuteurs); il est principalement utilisé dans les provinces du Guangdong et du Guangxi dans le sud de la Chine et jusqu'à la rétrocession britannique de Hong Kong à la Chine en 1997, le cantonais était la langue principale de Hong Kong. La plupart des communautés chinoises d'Australie, d'Europe, d'Amérique du Nord et d'autres parties du monde utilisent également le cantonais comme langue principale.
Voici deux petites phrases en alphabet pinyin, l'une en mandarin, l'autre en cantonais:
Mandarin
Tian bu pa, di bu pa
Cantonais
Tin mh geng
Traduction
Je n'ai pas peur du ciel ou de la terre
Caractères chinois
我不怕天不怕地
Il est aisé de constater que le mandarin et le cantonais sont différents. La prononciation des mots partagés en cantonais et en mandarin est totalement différente. De plus, le mandarin utilise quatre tons, alors que le cantonais en a au moins six et parfois jusqu'à neuf. Or, les différents tons entraînent des significations différentes, même lorsqu'ils sont utilisés pour le même mot. Le cantonais demeure de loin la plus difficile des deux langues, en particulier pour un débutant en langue chinoise.
Cela dit, les locuteurs qui parlent couramment l'une ou l'autre langue sont capables de communiquer entre elles par l'écrit, car les deux langues partagent une écriture commune, les caractères chinois, à quelques mots près.
- Les sinogrammes chinois
Pour la transcription écrite, les locuteurs sinophones, peu importe la langue chinoise (mandarin, min, cantonais, wu, hakka, etc.), utilisent tous pour écrire un système idéographique, une écriture très ancienne (certains diront «archaïque») qui ne repasse pas par les sons de la langue, comme c'est le cas des écritures alphabétiques (latin, arabe, hébreu, arménien, etc.). Chaque idéogramme représente à la fois un mot et une syllabe, et chaque mot dispose d'un signe, ce qui rend évidemment le système peu économique, car près de 6000 à 8000 caractères sont généralement nécessaires. On peut compter jusqu'à 80 000 sinophones dans certains dictionnaires scientifiques.
Pour comprendre un peu ce système qui paraît impénétrable pour les Occidentaux, il suffit de le comparer avec notre façon d'indiquer les nombres. Ainsi, le chiffre [ 8 ], tel un pictogramme, peut prendre une forme différente selon la langue employée: en français (huit), en anglais (eight), en allemand (acht), en espagnol (ocho), en grec (októ), en russe (vosem'), en basque (zortzi),
en finnois (kahdeksan), en maori (waru), en malais (lapan), en turc (sekiz), etc.
Pour ce qui est de la prononciation, c'est déjà plus compliqué, car il faut tenir compte du système phonétique de la langue employée. Pour un anglophone, prononcer correctement le mot français «huit» ne va pas de soi, si celui-ci ne connaît pas le français, il va le prononcer à l'anglaise,
ce qui devrait ressembler à [wit].
Grâce au système des pictogrammes, tous les sinophones (mandarin, min, cantonais, wu, hakka, etc.) de la Chine ou d'ailleurs
dans le monde peuvent lire, par exemple, le même journal, chacun dans sa langue. Bref, le chinois écrit, le putonghua, a l'avantage d'être compatible avec toutes les langues chinoises parlées, qui ne sont pas mutuellement intelligibles. Les individus dans tout le pays peuvent donc échanger et commercer en s'écrivant, même s'ils ne le peuvent pas en se parlant. Néanmoins, un Chinois de la République populaire de Chine pourra avoir certaines difficultés à lire un journal de Hong Kong si celui-ci utilise les caractères classiques ou traditionnels (encore en usage à Hong Kong) plutôt que les caractères simplifiés, et ce, même s'il parle le cantonais.
- L'écriture traditionnelle et l'écriture simplifiée
Si un francophone regarde les sinogrammes [ 房子] signifiant «maison», il lui sera impossible de découvrir la prononciation de ce mot simplement en l'observant. Mais en pinyin, ce mot s’écrit "fángzi", ce qui est déjà plus aisé pour trouver
une certaine prononciation. Cependant, il faut aussi apprendre la prononciation des consonnes, des voyelles et surtout la distinction entre les quatre tons du mandarin avant de pouvoir prononcer correctement le mot!
En chinois mandarin, il existe deux formes de chinois écrit : simplifié et traditionnel. Ces deux formes comportent certaines différences importantes. En raison de la complexité de l'écriture chinoise traditionnelle, plusieurs réformes furent entreprises, mais la dernière plus importante en Chine date de 1977. On a simplifié le système au point qu'avec 2238 caractères il est possible de satisfaire aux besoins de l'usage le plus courant. Quant aux Macanais, ils écrivent le cantonais en utilisant un système similaire au chinois mandarin (putonghua). Depuis 1986, on dénombre alors 2235 caractères simplifiés.
Le chinois traditionnel, sous sa forme actuelle, tire son origine à l'époque de la dynastie des Hans, donc vers l'an 220 de notre ère, mais il est encore employé de nos jours, notamment à Macao, ainsi qu'à Hong Kong et à Taiwan.
Tandis que la forme écrite du chinois traditionnel comprend de nombreux traits et fioritures, le chinois simplifié paraît minimaliste par comparaison. C'est
au moment de la révolution culturelle chinoise des années 1950 que la réforme des sinogrammes fut implantée auprès du peuple chinois comme une étape importante du développement social. Il fut ensuite enseigné dans les écoles et employé dans les médias. En même temps, étant donné que les sinogrammes traditionnels n'ont jamais
été interdits, ils ont pu continuer à être employés.
Toutes les langues chinoises possèdent une structure syntaxique et des usages de caractères différents. Cependant, comme la pratique chinoise est d'écrire en langue écrite unifiée, donc en caractères chinois normalisés, les différences sont complètement effacées à l'écrit. Il ne s'agit pas d'une impossibilité à écrire ces langues, mais d'un choix issu d'un concept linguistique particulier, c'est-à-dire la séparation de l'oral et de l'écrit.
La figure ci-dessous, qui correspond à l'énoncé «je suis norvégien» illustre cette pratique de l'écrit en mandarin et en cantonais (similaire: 我是挪威人), alors que l'oral est très différent entre les deux langues: [wo3 shi4 nuo2 wai 1 rend2] et [ngo5 hai6 no1 wai 1 jan4], les chiffres indiquant un ton (quatre en mandarin, six en cantonais
et parfois neuf). Ce sont bel et bien deux langues distinctes au même titre que le français et l'espagnol, de sorte qu'elles sont inintelligibles entre elles, sauf dans l'écriture:
Bref, les Macanais s'expriment en cantonais (à l'oral), mais écrivent en chinois normalisé (putonghua officiel). Ce qu'on appelle le «chinois officiel» correspond en fait au «chinois écrit normalisé» (putonghua). Mais à l'oral, c'est du cantonais! Dans leur esprit, les
Macanais et les Hongkongais parlent en cantonais et écrivent en chinois. Bref, quelle que soit la langue chinoise (mandarin, min, cantonais, wu, hakka, etc.), tous les sinophones se comprennent par l'écriture grâce aux idéogrammes communs.
- Le cantonais écrit
Bien que le cantonais écrit standard puisse
exister, il n'est pas beaucoup employé. En effet, la plupart des Macanais de
langue cantonaise écrivent en putonghua. Le cantonais est même la seule langue
chinoise du Sud à bénéficier d'une transcription écrite normalisée et diffusée.
Cette situation unique pour une langue chinoise autre que le putonghua
s'explique par le fait que Macao, d'une part, et Hong Kong, d'autre part, furent
soustraits au contrôle chinois au profit du Portugal ou de la Grande-Bretagne,
selon le cas. Ces deux colonies n'ont retourné à la République populaire de
Chine qu'à la fin des années 1990.
Cette situation qui caractérise Macao et Hong
Kong contraste avec celles des autres langues chinoises qui n'ont pas eu la
possibilité d'élaborer et d'employer une langue écrite propre autre que le
chinois classique, en l'occurrence le putonghua. De son côté, le cantonais écrit
normalisé peut compter sur une «clientèle» relativement élevée de plus de 85
millions de personnes, que ce soit dans les écoles, les journaux, les magazines,
l'Internet, etc.
- L'alphabet pinyin
Dans les années 1950, le président Mao
Tsé-toung a décidé de doter l'écriture chinoise d'un alphabet: ce fut le pinyin
(拼音) publié en 1958, qui avait pour but de remplacer éventuellement les
sinogrammes afin de devenir l'écriture nationale. Le pinyin se veut donc un
système phonétique destiné à épeler et à transcrire les sons chinois avec des
lettres de l’alphabet latin, donc les mêmes lettres qu’en français, en anglais ou en
espagnol. En effet, le pinyin est la romanisation des caractères chinois.
Toutefois, pour toutes sortes de raisons,
bien que cette écriture puisse être utile, ce projet de remplacement fut
finalement abandonné. En effet, les Chinois sont restés attachés à leur système
idéographique qui favorise l'unité de la nation. L'adoption systématique du
pinyin aurait plongé les sinophones dans le multilinguisme et la «tour de
Babel». Malgré les nombreuses langues chinoises parlées en Chine, un texte écrit
avec des sinogrammes reste très compréhensible par toute la population, alors
que le même texte écrit en pinyin nécessite la connaissance du mandarin.
Aujourd'hui, le pinyin est surtout utilisé à l'intention des touristes, ainsi
que dans certains dictionnaires, l'apprentissage du mandarin et la saisie de
sinogrammes sur ordinateur.
Sinogrammes
Alphabet
pinyin
你好
nǐ hǎo
Bonjour
我是挪威人
Wǒ shì
nuówēi rén
Je suis
norvégien
再见
zài jiàn
Au revoir
谢谢
Xièxie
Merci
Les exemples du tableau ci-dessus présentent
des mots en caractères chinois (sinogrammes), en pinyin et en français
(traduction). Pour un non-sinophone, il est impossible de savoir comment
prononcer les sinogrammes, mais leur transcription en pinyin permet certaines
possibilités à l'exception des signes diacritiques au-dessus de certaines
lettres (voyelles) qui indiquent les tons en chinois mandarin (il y en a
quatre). À l'intention des touristes, par exemple dans les panneaux routiers à
Hong Kong, les signes diacritiques en pinyin peuvent être supprimés parce que,
de toute façon, ils ne seraient pas utiles pour eux.
- La romanisation du cantonais
Sous le régime colonial, le gouvernement
portugais a romanisé le cantonais qui s'écrit avec des caractères chinois : en portugais, "Romanização Cantonesa do Governo de Macau"; en chinois: 澳門政府粵語拼音;
en pinyin: Àomén zhèngfǔ yuèyǔ pīnyīn. Ce système d'écriture fait référence à la transformation des caractères chinois en alphabet latin, tel qu'employé par la suite par le gouvernement de Macao et d'autres organisations non gouvernementales basées à Macao. Ce système fut
employé par le gouvernement de Macao depuis la période coloniale portugaise, mais il a continué d'être employé après la rétrocession du territoire en 1999.
Pendant la majeure partie de l'histoire coloniale de Macao, le gouvernement portugais n'avait pas de moyen cohérent pour romaniser le cantonais en portugais. Pour ce faire, il a adopté une norme de facto pour la translittération des noms propres tels que les lieux géographiques et les noms de famille. La publication de 1985 du
Silabário Codificado de Romanização do Cantonense a créé un tableau phonétique et un tableau tonal du cantonais, le tout basé sur la phonologie portugaise. Avant cette adoption, les
individus qui étudiaient ou entreprenaient fréquemment des affaires dans le Hong Kong britannique voisin avaient tendance à adopter une translittération basée en anglais à Hong Kong pour romaniser le cantonais.
La romanisation du cantonais par le gouvernement de Macao est employée avec une convention similaire à celle du gouvernement de Hong Kong, mais, compte tenu de l'histoire coloniale de Macao, elle était basée sur la prononciation portugaise plutôt que sur celle de l'anglais. Par conséquent, les deux normes gouvernementales ont des orthographes différentes pour
une même prononciation cantonaise; par exemple, le nom de lieu connu sous le nom chinois de 石排灣 est romanisé en "Seac Pai Van" à Macao, mais en "Shek Pai Wan" à Hong Kong.
2.3 L'anglais
L'anglais n'est pas une langue officielle à Macao, mais cette langue joue néanmoins un rôle très important
et incontournable, en raison de sa situation géographique près de Hong Kong, là où l'anglais est co-officiel avec le chinois,
surtout depuis que le pont-tunnel relie Macao à
Hong Kong. De plus, l'emploi de l'anglais au sein des ministères et dans divers secteurs de la société semble avoir augmenté. Selon le Gabinete de Comunicação Social (GCS), l'équivalent du bureau de l'information du gouvernement, les autorités locales ont considérablement augmenté les demandes d'information en anglais, en plus du chinois et du portugais. Alors qu'en 2006 quelque 16% de la population affirmait
employer l'anglais, ce pourcentage est passé à 21% en 2011, ce qui représente une augmentation de 40 %du nombre total de locuteurs affirmant connaître l'anglais. Pendant ce temps, la population de Macao a augmenté de 10% au cours de ces années. Au premier trimestre de 2010,
plus de 260 communiqués de presse avaient été publiés en anglais. En 2014, il y a eu un total de 883 communiqués de presse et de déclarations en anglais. Sur 22 discours prononcés par l'intermédiaire de GCS, le directeur général a prononcé sept discours en anglais. Par ailleurs, les annonces publiques, la signalisation, les émissions et les services reflètent tous une augmentation de la quantité de l'anglais parlé sur le territoire. Il est devenu fréquent de lire des sites Web en chinois, en portugais et en anglais.
L'anglais est aussi devenu une langue d'enseignement à l'Université de Macao et dans un certain nombre d'écoles secondaires, bien que la plupart des écoles utilisent le cantonais comme langue d'enseignement. Macao compte près de 30 millions de touristes chaque année. Si la plupart d'entre eux viennent de la Chine continentale, et parlent le chinois mandarin ou cantonais, d'autres viennent d'ailleurs et parlent généralement l'anglais, le japonais, le coréen ou le thaï.
Pour beaucoup de Macanais, l'apparition d'informations gouvernementales en anglais apparaît être «de meilleure qualité»; la diffusion de l'information semble «plus compétente», la gouvernance «plus efficace», alors que l'information transmise en anglais ne signifie nullement qu'elle est réellement meilleure. Qu'elle parvienne en anglais, en chinois ou en portugais, l'information provient des mêmes
fonctionnaires responsables!
3 Bref historique du territoire
L'histoire de Macao a fait partie de l'histoire de la Chine depuis quelque 5000 ans. Les premières colonisations commencèrent sous la dynastie des Hans vers 200 avant notre ère, mais la région demeura peu peuplée jusqu'à la dynastie Tang (au VIIe siècle de notre ère). À partir du Ve siècle, des navires marchands voyageant entre l'Asie du Sud-Est et Guangzhou utilisèrent la région comme refuge, port d'eau douce et lieu de nourriture. Au XIIe siècle, quelque 50 000 réfugiés cantonais fuyant la conquête mongole de la Chine s'installèrent dans la zone côtière. De nombreux pêcheurs et des agriculteurs cantonais vécurent dans la région et fondèrent de petits villages. Cependant, Macao ne s'est pas développé en tant colonie importante avant l'arrivée des Portugais au XVIe siècle.
3.1 L'ère des pirates
Les Portugais arrivèrent sur la côte sud de la Chine en 1514,
devant Macao, et atteignirent Canton (dans le Guangzhou) en 1517. La Chine
accorda aux Portugais l'autorisation de commercer, mais après plusieurs
affrontements les Portugais furent chassés en 1522. Néanmoins, certains
commerçants portugais, principalement impliqués dans la contrebande, purent
rester en Chine.
Au cours des années 1553-1556, des pirates japonais des
îles Ryūkyū au Japon descendirent sur la côte sud de la Chine, pillant, détruisant et faisant des ravages dans les villages chinois, y compris Kowloon (à Hong Kong). Des villages entiers se vidèrent de leur population afin d'éviter les destructions et la mort, les autorités chinoises étant tout à fait inefficaces pour protéger cette région de la côte éloignée et mal protégée.
Les pirates auraient pu poursuivre leur règne de terreur encore longtemps, mais ils durent faire face à des navires portugais superbement armés, capables d’infliger aux flottes de maraudeurs des pertes désastreuses. Les autorités chinoises auraient été tellement impressionnées par l’efficacité dont les Portugais avaient fait preuve dans leurs relations avec les pirates, marquant victoire après victoire, qu’elles auraient insisté pour que les Portugais abandonnent leur petite colonie
japonaise sur l'île Lam Pak Kau et établissent leur poste à Macao à l’embouchure de la rivière des Perles.
3.2 L'enclave portugaise
En 1557, les Portugais ils obtinrent l'autorisation de
s'installer à Macao sur la côte sud de l’empire du Milieu,
qui devint la principale base de la région pour le commerce occidental pendant
plus d'un siècle. Aussitôt, des marchands et des missionnaires originaires du Portugal s'installèrent dans la région. Macao devint un centre commercial du Portugal vers d'autres pays d'Asie, ce qui entraîna un premier contact du territoire avec la langue portugaise. Macao connut son âge d'or en devenant le foyer du commerce et des missions en Asie, le lien obligé et unique entre l'Europe et l'Extrême-Orient continental et insulaire, jusqu'en 1640. Puis
Macao amorça son déclin, car en 1685 la situation privilégiée, un monopole, des Portugais dans le commerce avec la Chine prit fin, en raison d'une décision de l'empereur Kangxi de Chine d'autoriser le commerce avec tous les pays étrangers. Au cours du siècle suivant, la Grande-Bretagne, la Hollande, la France, le Danemark, la Suède, les États-Unis et la Russie s'installèrent en établissant des usines et des bureaux à Guangzhou et à Macao.
Progressivement, les Britanniques dominèrent le commerce avec la Chine. Vers 1740, la population de Macao se situait autour d'environ 40 000 habitants, mais elle resta à ce niveau durant près de deux cents ans. Macao demeura une plaque tournante du commerce en Extrême-Orient jusqu’au début du XIXe siècle.
Macao fut attaquée par les Anglais en 1802 et en 1807 en liaison avec les guerres napoléoniennes, puis en 1839 sous prétexte que la colonie n'était pas portugaise, mais c'était surtout qu'elle nuisait au commerce dans la colonie anglaise de Hong Kong. Le territoire de Macao ne devint formellement une colonie portugaise qu'en 1844, l'année où le Portugal déclara unilatéralement Macao comme «province d’outre-mer». L'année suivante, le Portugal fit de Macao une zone de port franc.
Quelques années plus tard, le 22 août 1849, le gouverneur portugais Ferreira do Amaral fut assassiné, probablement sur ordre de la Chine, pour avoir pris de nombreuses dispositions renforçant la souveraineté du Portugal sur le territoire de Macao. Cette période marqua pour Macao le début d’un
autre déclin qui allait durer plusieurs décennies. Puis, le 1er décembre 1887, le traité de Tientsin confirma par la Chine «l’occupation permanente et l’administration de Macao et ses îles adjacentes par le gouvernement du Portugal». Néanmoins, Macao recommença à péricliter par la suite et, progressivement, le commerce international fit place à l’activité industrielle, au tourisme et aux jeux (casinos, courses de chevaux et de lévriers).
Au cours des siècles d'administration portugaise, la population de Macao était devenue une société multiculturelle distincte, car elle se composait d'éléments à la fois portugais, macanais et cantonais, sans négliger les apports des autres possessions portugaises en Asie et en Afrique. La colonie de Macao évolua vers une population indigène mixte et développa une culture très particulière, avec un patrimoine historique considérable accumulé au cours de quatre siècles, notamment en matière d'architecture. La langue portugaise demeura toujours officielle de l’administration coloniale durant toute l’occupation portugaise. Le gouverneur de Macao était désigné par roi du Portugal,
plus tard par le président de la république du Portugal après consultation des autorités locales.
Celles-ci tentèrent de reproduire à Macao un système d'éducation similaire à celui du Portugal,
lequel s'est traduit par l'utilisation de modèles pédagogiques inadaptés au contexte socioculturel du territoire macanais. Sauf dans de rares exceptions, le portugais qui était enseigné aux enfants dans les écoles chinoises
aux enfants correspondait à un enseignement destiné à ceux dont la langue maternelle était le portugais.
Dans les faits, la langue portugaise ne fut parlée principalement que par les colons portugais et elle n'a jamais été employée par l'ensemble de la population de Macao; elle est restée limitée à l'administration et à l'enseignement supérieur. Les Macanais d'ascendance mixte, les élites et les classes moyennes d'ethnie chinoise ont plutôt développé un pidgin portugais, ce qu'on a appelé patuá («patois») ou crioulo macaense («créole macanais»), très influencé par le cantonais et par le malais. Cette langue pidginisée prit de l'expansion lors que des colons portugais se sont mis à épouser des femmes de Malacca et du Sri Lanka plutôt que de la Chine voisine, de sorte que la langue subit ainsi une forte influence malaise et cinghalaise dès le début. Au XVIIe siècle, le créole macanais fut davantage influencé par l'afflux d'immigrants venus d'autres colonies portugaises d'Asie, en particulier de Malacca, d'Indonésie et du Sri Lanka, qui avaient été déplacés par l'expansion néerlandaise dans les Indes orientales, et de réfugiés chrétiens japonais.
Durant toute la première moitié du XXe siècle, la Chine se trouva en pleine révolution et en même temps dépecée par les seigneurs de la guerre. Macao demeura complètement à l’écart des évolutions tant politiques qu'économiques de la Chine continentale, sauf de façon très occasionnelle lorsque des dirigeants nationalistes ou révolutionnaires virent y trouver refuge. Dès les années 1920, Macao connut un grand afflux de Chinois venant du continent; sa population augmenta rapidement à plus de 100 000 habitants. Étonnamment, le petit territoire de Macao n'occupa pratiquement aucune place dans les préoccupations du régime chinois.
3.3 Un territoire chinois sous administration portugaise
Après la victoire des communistes de 1949 en Chine, le territoire de Macao put redevenir un lieu de contact avec l'Occident tout en servant les intérêts économiques chinois. Cependant, la Chine, ostracisée par la communauté internationale, fut empêchée de récupérer ses territoires perdus,
c'est-à-dire Macao, Hong Kong et Taiwan. Cette situation perdura pendant de nombreuses années. Entre-temps, Macao connut une croissance explosive de sa population qui passa à plus de 200 000. Le Portugal envisagea de céder Macao dès 1967, puis de nouveau en 1974, mais le gouvernement chinois refusa sous prétexte qu’une rétrocession pourrait avoir de fâcheuses répercussions sur la santé financière de Hong Kong (alors une colonie britannique). Au point de vue juridique, Macao devint un
«territoire chinois sous administration portugaise» et régie par le Statut organique de 1976 et révisé en 1990. À partir des années 1980, Macao bénéficia d’une croissance économique et démographique qui l’a rendue plus prospère. Toutefois, le territoire s'est également trouvé marginalisé par l’expansion économique de Hong Kong, la création des zones économiques spéciales et l’intégration économique grandissante du delta de la Rivière-des-Perles.
Macao n'a jamais connu une activité démocratique développée durant l'administration portugaise. De plus, son économie, presque entièrement dominée par les jeux, fut affligée d'une violente criminalité, dont les conséquences sociales furent très importantes. Néanmoins, le Portugal fit preuve de tolérance en faisant place au développement de la culture, de la langue et de la religion propres à la communauté chinoise de Macao.
Durant tout le régime colonial portugais, la politique linguistique de Macao fut marquée par un monolinguisme officiel absolu, conforme à l'époque et aux politiques coloniales de la métropole. Bien que le portugais ne fût jamais proclamé la langue officielle de Macao, la législation en cours visait à renforcer le statut de cette langue ou, à titre exceptionnel, à faire certaines concessions à l'égard de la langue cantonaise. À partir des années 1980, Macao fut constitué comme «un territoire chinois sous administration portugaise», un statut qui la différenciait des autres pays colonisés par le Portugal,
notamment en Afrique. Ce fut précisé dans la Déclaration commune sino-portugaise sur la question de Macao de 1987:
Article 1er
Le gouvernement de la République portugaise et le gouvernement de la République populaire de Chine déclarent que la région de Macao (y compris la péninsule de Macao, l'île de Taipa et l'île de Coloane, ci-après désignées comme Macao) fait partie du territoire chinois et que le gouvernement de la République populaire de Chine assumera l'exercice de la souveraineté sur Macao à compter du 20 décembre 1999.
En fait, la Déclaration commune prévoyait que la langue du colonisateur, qui
est toujours restée minoritaire, conservait le statut de langue officielle pendant une période de 49 ans. En même temps, l'administration portugaise lança une série de mesures visant à maintenir,
à renforcer et à intensifier l'enseignement du portugais à Macao par des dispositions constitutionnelles et la création de nouvelles structures. L'un des actes normatifs les plus éloquents concerne en particulier la loi nº 11/91/M, qui établissait le cadre général du système d'éducation à Macao et promulguait l'obligation de la langue portugaise dans les institutions officielles de langue chinoise (point nº 3 de l'article 35).
Les gouvernements de la Chine et du Portugal en sont arrivés à un accord vers la rétrocession en 1987. Durant cette période de transition, la publication du décret-loi n° 11 du 20 février 1989 obligea le gouvernement macanais à publier la législation de Macao en portugais, la seule langue officielle
jusqu'alors, et en chinois (lequel?). Cependant, les versions en chinois furent expressément classées comme des traductions, donc en ayant ainsi un statut d'infériorité par rapport aux versions en portugais, les seules à avoir un caractère authentique. Cette prévalence de la version portugaise de deux actes normatifs fut adoptée et proclamée, tout en prévoyant la possibilité de dispenses, bien qu'exceptionnellement, des versions en langue chinoise. Ce quasi-bilinguisme officiel constituait, dans le cadre de l'exercice des fonctions législatives, administratives ou judiciaires, un exercice que le Portugal n'avait jamais pratiqué auparavant. Il s'agissait d'une situation
nouvelle dans laquelle, par tâtonnements, les gouvernements portugais et chinois essayaient de s'ajuster à une nouvelle donne. Déjà, le Portugal et la Chine semblaient avoir compris et décidé que, dans ce petit territoire de l'Extrême-Orient, les langues portugaise et chinoise seraient les deux langues officielles.
Bien que les Macanais aient été influencés par les cultures occidentale et orientale, ils s'identifiaient davantage comme des «Portugais» que comme des Chinois et s'exprimaient souvent en portugais, même s'ils étaient nés en Chine et parlaient généralement le cantonais. Pourtant, la plupart d'entre eux n'entretenaient aucun lien avec le Portugal, n'y avaient jamais mis les pieds et, par conséquent, leur exposition à la culture portugaise étaient tout à fait limitée. En réalité, dans la vie quotidienne, ils parlaient un portugais particulier très influencé par le parler local macanais (un mélange de portugais, de cantonais, de hakka et de
mandarin). La plupart des Macanais envoyaient leurs enfants dans les écoles de langue portugaise afin de recevoir un enseignement en portugais standard. Des parents interdisaient même aux enfants de s'exprimer en cantonais au sein de la famille.
En février 1991, les ministres des Affaires étrangères du Portugal et de la République populaire de Chine, réunis à Lisbonne, en arrivèrent à un accord concernant le statut de la langue portugaise à Macao. En vertu du Décret-loi n° 455/91
attribuant à la langue chinoise un statut officiel identique à la langue portugaise, le Portugal attribua désormais à la langue chinoise un statut officiel identique à celui de la langue portugaise, tandis que la République populaire de Chine s'engageait à adopter dans la future Loi fondamentale de la Région administrative spéciale de Macao l'officialisation de la langue portugaise. Symboliquement, les deux gouvernements acceptaient de sauvegarder et de valoriser le patrimoine culturel national, dont la langue portugaise faisait partie intégrante. Néanmoins, dorénavant, le statut officiel de la langue chinoise devait se concrétiser graduellement et progressivement dans les domaines administratif, législatif et judiciaire.
En résumé, la période de transition et la phase finale de l'administration portugaise se caractérisèrent par la tentative de garantir la pérennité de la langue portugaise après le transfert de souveraineté. Ce renforcement du portugais s'est fait par un accroissement de la réglementation et du contrôle institutionnels, lesquels furent mis en œuvre par un appareil législatif et administratif, bien que de façon bureaucratique et pas toujours efficace. Effectivement, l'incapacité des autorités locales à mettre en pratique les lignes directives, le manque de ressources, ainsi que l'existence d'un grand nombre d'écoles disposant d'une autonomie considérable, ont rendu difficile la diffusion de l'enseignement de la langue portugaise.
3.4 Une région administrative spéciale
(RAS)
Le 31 mars 1993, l’Assemblée populaire nationale de la République populaire de Chine adopta la Loi fondamentale de Macao. Le 20 décembre 1999, au cours d'une cérémonie à laquelle assistaient le président portugais, Jorge Sampaio, et son homologue chinois, Jiang Zemin, Macao, la dernière colonie européenne d'Asie, fut officiellement rétrocédée à la Chine. Tandis que Jiang Zemin proclamait que «le retour [de Macao] au sein de la mère patrie aurait sûrement un avenir encore plus brillant», le président du Portugal insistait sur la nécessité de conserver ce que des siècles d’histoire commune ont forgé, une identité unique où Orient et Occident se retrouvent: «C’est afin de préserver l’identité de Macao, héritière d’une histoire faite par les Chinois et les Portugais, que la Chine et le Portugal ont établi une coopération laborieuse.» Cet événement mettait fin à une occupation coloniale portugaise de plus de quatre siècles.
Macao a réussi ce paradoxe d'être à la fois le premier (1557) et le dernier établissement européen (1993) en terre de Chine, ce qui en faisait la plus vieille colonie étrangère dans ce pays.
Macao est revenue à la Chine sous un régime d’administration spéciale à l'instar de Hong Kong: en portugais «Região Administrativa Especial de Macau da República Popular da China». Les anciens drapeaux portugais
furent remplacés par le nouveau drapeau vert à lotus blanc. La fleur de lotus stylisée représente le peuple, et ses trois pétales les trois îles de Macao (à l'origine: Macao, Taipa et Coloane). Le pont et les vagues sont l'emblème de l'environnement naturel de Macao. Vers la fin de 1998, la population totale de Macao avait encore fait un bond prodigieux et était passée à quelque 450 000 habitants. Il existe à Macao un institut culturel appelé "Instituto Cultural de Macau" et une fondation "Fundação do Oriente", des sociétés demeurées très actives à Macao.
L'héritage des anciens colonisateurs portugais s'est harmonieusement fondu avec succès dans son environnement chinois. En raison de la présence de nombreux casinos et des centres commerciaux haut de gamme, Macao est surnommé le «Las Vegas asiatique». Avec ses spectacles impressionnants de jeux de lumière et ses affichages éblouissants et flamboyants, les mots d'ordre sont l'amusement et le défoulement total. Cela se passe dans toutes les langues possibles, mais la langue véhiculaire qui domine toutes les autres, c'est l'anglais,
suivi par le mandarin.
Sur l'illustration ci-contre, on peut lire l'inscription portugaise suivante: "Se livrou de Portugal e virou potência." En traduction: «Je me suis débarrassé du Portugal et je suis devenu une puissance.» Attention, il s'agit ici du portugais de Macao, une écriture plus conservatrice, car en portugais moderne du Portugal, on aurait plutôt ceci : "Livrei-me de Portugal e tornei-me uma potência". De plus, on n'écrit plus en portugais moderne
les lettres -ou en finale de mots pour désigner le son [ou], mais [o] comme dans "novo acordo", qui se prononce [no-vou a-kor-dou] en portugais moderne.
Pour les autorités chinoises la politique du «Un pays, deux systèmes» est considérée comme «une grande innovation du socialisme aux caractéristiques chinoises». Selon le président chinois Xi Jinping, cette politique s'est avérée être «le meilleur arrangement institutionnel» pour assurer une prospérité et une stabilité durables à Macao et à Hong Kong après leur rétrocession à la Chine.
Il faut admettre toutefois que la situation à Macao est très différente de celle de Hong Kong. Contrairement à celle-ci, qui a été secouée par des mois de manifestations antigouvernementales, il existe peu de dissidence manifeste à Macao, probablement un reflet de ses liens étroits et de sa dépendance économique vis-à-vis de la Chine continentale. Depuis la rétrocession, Hong Kong et Macao se sont différenciées culturellement et ont pris des chemins divergents, ce qui reflète leur histoire coloniale
distincte. Bien que les manifestations soient rares sur le territoire de Macao, plus de la moitié de ses 600 000 habitants auraient quitté le continent au cours des deux dernières décennies.
4 La politique linguistique
Il existe plusieurs textes juridiques concernant l'emploi des langues à Macao, un ancien territoire portugais. Il s'agit d'abord de la Déclaration commune sino-portugaise sur la question de Macao de 1987 et de la Loi fondamentale du 31 mars 1993,adoptée par la Chine, le31 mars 1993. Suivent plusieurs décrets-lois portant notamment sur l'enseignement et quelques codes de lois divers. La Déclaration de 1987 énonce que la Région administrative spéciale de Macao doit protéger les intérêts de la population d'origine portugaise à Macao, en respectant ses coutumes et ses traditions culturelles. L'article VII de l'annexe I de la Déclaration sino-portugaise précise les principes fondamentaux du gouvernement de la Chine sur Macao, ne tant que «Région administrative spéciale». C'est ce que déclarait l'article 1er de la Déclaration commune sino-portugaise sur la question de Macao de 1987:
Article VII
La Région administrative spéciale de Macao définira, de sa propre initiative, ses politiques concernant la culture, l'éducation, la science et la technologie, en particulier l'enseignement des langues, y compris le portugais, le système des diplômes universitaires et la reconnaissance des grades universitaires. Tous les établissements d'enseignement continueront de fonctionner en maintenant leur indépendance et pourront continuer à recruter du personnel en dehors de Macao et à obtenir et à utiliser du matériel pédagogique de l'étranger. Les étudiants doivent jouir de la liberté de poursuivre leurs études en dehors de la Région administrative spéciale de Macao. La Région administrative spéciale de Macao doit protéger, conformément à la loi, le patrimoine culturel de Macao.
Plus précisément, Macao bénéficie de l'autonomie interne en matière de culture, d'éducation, de science et de technologie, en particulier l'enseignement et l'emploi des langues.
4.1 Les langues officielles
L'article 9 de la Loi fondamentale de 1993 prévoit que le portugais peut être employé, en plus du chinois (sans préciser laquelle des langues chinoises), comme langue officielle par les autorités exécutive, législative et judiciaire :
Article 9
En plus de la langue chinoise, le portugais peut être également employé comme langue officielle par les autorités exécutive, législative et judiciaire de la Région administrative spéciale de Macao.
Cette imprécision concernant la langue chinoise
est voulue par souci de simplification, car deux langues chinoises sont
employées à Macao: le cantonais à l'oral et le mandarin à l'écrit. Ce manque de
précision facilite l'interprétation des textes juridiques et judiciaires.
L'article 121 de la Loi fondamentale définit l'autonomie de Macao en matière d'enseignement et d'emploi des langues:
Article 121
1) Le gouvernement de la Région administrative spéciale de Macao définit, de sa propre initiative, les politiques d'éducation, y compris celles relatives au système d'éducation et son administration, les langues d'enseignement, la distribution des fonds, le système d'évaluation, la reconnaissance des qualifications littéraires et des diplômes universitaires en stimulant le développement de l'éducation.
Cette Loi fondamentale de Macao est pratiquement la copie conforme de celle de Hong Kong
(Loi fondamentale (Basic Law), y compris l'article 9 portant sur l'emploi des langues, sauf que l'anglais est remplacé par le portugais pour Macao.
De plus, le premier article du Décret-loi n° 101/M (1999) reprend les mêmes dispositions sur la co-officialité des langues portugaise et chinoise:
Article 1er
Langues officielles
1) Le chinois et le portugais sont les langues officielles de Macao.
2) Les langues officielles ont une dignité égale et sont toutes deux des moyens d'expression valables pour tout acte juridique.
3) Les dispositions des paragraphes précédents ne doivent pas affecter la liberté de choix de quiconque d'employer sa propre langue et le droit d'en faire usage dans sa sphère personnelle et familiale, ainsi que de l'apprendre et de l'enseigner.
4)
L'Administration doit promouvoir
l'enseignement des langues officielles,
ainsi que leur bon usage.
La politique linguistique de Macao porte en réalité sur trois langues importantes qui se font concurrence: le portugais, le chinois mandarin et le chinois cantonais. Les langues officielles sont le portugais et le chinois. Comme on
ne précise jamais de quel chinois il s'agit, on peut croire que le chinois cantonais est officiel à l'oral, puisque le cantonais demeure la langue d'usage de la grande majorité des Macanais; de même, on peut
penser que le portugais macanais est aussi officiel à l'oral. Mais le portugais du Portugal et le chinois mandarin demeurent officiels à l'écrit. Cette imprécision sur le type de chinois officiel,
rappelons-le, ne peut qu'être volontairement ambiguë, car elle favorise trois langues chinoises: le mandarin, le cantonais et le macanais.
Depuis la rétrocession de Macao à la Chine, Pékin s'est vu forcé d'adopter le cantonais dans ses relations avec les élites et le gouvernement local, alors que ce serait tout à fait inacceptable à Canton (province du Guangdong). Quant à
la RAS de Macao, elle continue de fonctionner à la fois en chinois et en portugais, que ce soit dans l'administration, les écoles ou les médias écrits ou électroniques. L'anglais demeure la quatrième langue d'importance, mais il reste confiné aux affaires, au commerce international et au tourisme.
Avec le retour de Macao à la Chine, la concurrence linguistique est en train de changer. Afin de bénéficier des avantages sociaux que peut apporter la connaissance d'une langue devenue désormais incontournable, beaucoup de Macanais, notamment les fonctionnaires, se sont mis à suivre des cours intensifs en chinois mandarin (putonghua), espérant ainsi que ce bilinguisme leur permettra de jouer un rôle plus important dans l'avenir.
4.2 La rédaction des lois
Les lois, décrets-lois et les règlements sont discutés, publiés et promulgués en chinois et en portugais. Le Règlement intérieur de l'Assemblée législative (2017) est clair à ce sujet:
Article 36
Langues
Les travaux de l'Assemblée sont effectués dans l'une des langues officielles de la RAS de Macao, en assurant toujours la traduction respective.
Article 95
Journal de l'Assemblée législative
1) Le journal officiel de l'Assemblée législative est le Journal de l'Assemblée législative, publié dans les langues officielles de la RAS de Macao.
2) Le Journal de l'Assemblée législative comprend deux séries indépendantes, la première contenant le compte rendu des séances plénières et la seconde les documents de l'Assemblée législative qui, aux termes de l'article suivant, doivent être publiés.
Dans les faits, les actes législatifs sont discutés en cantonais et rédigés en chinois cantonais, puis traduits en portugais, et promulgués en
putonghua et en portugais. Comme à Hong Kong, les juristes doivent présumer que les deux versions, portugaise et chinoise, conservent la même signification et qu'elles doivent être interprétées de la même façon. Dans le cas où subsisteraient des interprétations différentes entre les deux versions, les règles d'interprétation statutaires doivent prévaloir et concourir à résoudre les différences, non les accentuer.
L'article 4 de la Loi sur la réunification (1999) interdit toute prédominance d'une version linguistique sur une autre:
Article 4
Interprétation des expressions et désignations contenues dans la législation antérieurement en vigueur
1) Outre les principes visés à l'article 3, la législation précédemment en vigueur à Macao doit également respecter les points suivants :
5. Les normes juridiques qui attribuent une valeur juridique plus élevée à la langue portugaise qu'à la langue chinoise doivent être interprétées comme accordant un statut officiel égal aux deux langues. Les prescriptions qui imposent l'usage exclusif du portugais ou l'usage simultané du portugais et du chinois doivent être adaptées conformément à l'article 9 de la Loi fondamentale de la Région administrative spéciale de Macao ;
Les expressions ou mots chinois inscrits dans une version portugaise doivent être interprétés en conformité avec la langue et la tradition chinoises; de la même façon, les expressions ou mots portugais inscrits dans toute version chinoise doivent être interprétés en vertu de la langue et de la tradition portugaises. Lorsqu'une loi est à l'origine rédigée en portugais et que la version chinoise semble différer de la version originale, la signification portée par la version portugaise aura la priorité sur le texte chinois; la situation inverse s'applique également. Si une expression du droit coutumier est employée dans le texte portugais, tandis qu'une expression analogue est employée dans le texte correspondant chinois (putonghua), la loi doit être interprétée conformément à la signification du droit coutumier de la langue d'origine. En général, la version portugaise des lois apparaît plus explicite que la version chinoise, car l'esprit du texte reste plus portugais que cantonais.
- Le Comité permanent de l'Assemblée populaire nationale
De plus, les lois prises par l'autorité législative de Macao doivent être communiquées au Comité permanent de l'Assemblée populaire nationale à des fins d'enregistrement et d'appréciation de conformité à la Loi fondamentale et à la procédure par le Comité permanent sur avis de la Commission de la Loi fondamentale. Tous les actes législatifs dits «conformes» sont considérés comme valides, mais les actes «non conformes» peuvent perdre effet. L'article 18 de la Loi fondamentale décrit les limites possibles des actes législatifs de Macao et les types d'interventions de la part du gouvernement central:
Artigo 18.º
As leis em vigor na Região Administrativa Especial de Macau são esta Lei e as leis previamente vigentes em Macau, conforme previsto no artigo 8.º desta Lei, bem como as leis produzidas pelo órgão legislativo da Região Administrativa Especial de Macau.
As leis nacionais não se aplicam na Região Administrativa Especial de Macau, salvo conforme indicado no Anexo III a esta Lei. As leis indicadas no Anexo III são aplicadas localmente mediante publicação ou acto legislativo da Região Administrativa Especial de Macau.
O Comité Permanente da Assembleia Popular Nacional pode aumentar ou reduzir o elenco das leis referidas no Anexo III a esta Lei, depois de consultar a Comissão da Lei Básica dele dependente e o Governo da Região Administrativa Especial de Macau. Estas leis devem limitar-se às respeitantes a assuntos de defesa nacional e de relações externas, bem como a outras matérias não compreendidas no âmbito da autonomia da Região, nos termos desta Lei.
No caso de o Comitê Permanente da Assembleia Popular Nacional decidir declarar o estado de guerra ou, por motivo de conflito na Região que põe em perigo a unidade ou segurança nacional e não pode ser controlado pelo Governo da Região, decidir a entrada da Região no estado de emergência, o Governo Popular Central pode ordenar, por decreto, a aplicação das respectivas leis nacionais na Região.
Article 18
Les lois en vigueur dans la Région administrative spéciale de Macao sont la présente loi et les lois précédemment en vigueur à Macao, comme prévu à l'article 8 de la présente loi, ainsi que les lois promulguées par l'assemblée législative de la Région administrative spéciale de Macao.
Les lois nationales ne s'appliquent pas dans la Région administrative spéciale de Macao, sauf comme indiqué à l'annexe III de la présente loi. Les lois indiquées à l'annexe III sont appliquées localement par publication ou par un acte législatif de la Région administrative spéciale de Macao.
Le Comité permanent de l'Assemblée populaire nationale peut augmenter ou réduire la liste des lois visées à l'annexe III de la présente loi, après consultation de la Commission des lois fondamentales qui en dépend et du gouvernement de la Région administrative spéciale de Macao. Ces lois doivent être limitées aux matières relatives à la défense nationale et aux relations extérieures, ainsi qu'aux autres matières qui ne relèvent pas de l'autonomie de la Région, aux termes de la présente loi.
Au cas où le Comité permanent de l'Assemblée populaire nationale décide de déclarer l'état de guerre ou, en raison d'un conflit dans la Région qui met en danger l'unité ou la sécurité nationale et ne peut être contrôlé par le gouvernement de la Région, décide d'entrer dans la région à l'état d'urgence, le gouvernement populaire central peut ordonner, par décret, l'application des lois nationales respectives dans la région.
Les articles 2 à 5 du Décret-loi n° 101/M (1999) imposent l'adoption des lois et règlements dans les deux langues officielles, mais dans le cas où une version dans une langue officielle ne serait pas prête, un délai de 90 jours est autorisé:
Article 2
Présentation des propositions et de projets de loi
Les propositions et les projets de loi doivent être soumis à l'Assemblée législative dans l'une des langues officielles, accompagnés de leur traduction respective dans l'autre langue officielle.
Article 3
Promulgation, signature et ordonnance de publication
La promulgation, la signature et l'ordonnance de publication des lois et des règlements administratifs peuvent être consignées dans l'une des versions, sans préjudice de la validation de la version non signée, toutes deux étant considérées, aux fins de la publication, comme des documents authentiques.
Article 4
Publication
1) Les lois et les règlements administratifs doivent être publiés dans les deux langues officielles.
2) La publication, en tout ou en partie, d'une loi ou d'un règlement administratif qui, en raison de la nature linguistique ou orthographique du contenu, est incapable d'être exprimée dans l'autre langue officielle, est exclue des dispositions du paragraphe précédent.
3) Sans compromettre l'efficacité immédiate d'une loi ou d'un règlement administratif et, en cas d'urgence prouvée et justifiée, l'Assemblée législative, dans les actes relevant de sa compétence, et le gouverneur, dans les autres situations et par voie d'arrêté, peuvent déterminer que la publication ne soit faite initialement que dans l'une des langues officielles.
4) Dans les cas prévus au paragraphe précédent, la publication de la version dans l'autre langue officielle se fait dans un délai maximum de 90 jours.
5) Dans des cas dûment justifiés, la publication au Journal officiel de Macao d'un acte normatif dans une autre langue que les langues officielles peut également être décidée.
6) Sans préjudice des dispositions des paragraphes précédents, l'absence de publication d'une loi ou d'un règlement administratif dans les deux langues officielles implique qu'ils ne peuvent être en vigueur.
En cas de différences de sens entre les versions d'un acte normatif, un sens accepté par les deux est adopté, en tenant compte des règles normales d'interprétation de la loi ou, si cela n'est pas possible, le sens qui correspond le mieux aux objectifs poursuivis par la loi.
- Les règles d'écriture du portugais de Macao
Rappelons que presque tous les pays lusophones ont adopté l'Accord orthographique sur la langue portugaise de 1990 (en portugais : "Novo Acordo Ortográfico da Língua Portuguesa de 1990") comme norme pour l'écriture portugaise. Toutefois, Macao n'ayant jamais signé cet accord, le portugais de Macao continue d'employer les règles d'écriture portugaise de 1945. D'ailleurs, le Décret-loi n° 103/M du 13 décembre (1999) rappelle que l'orthographe de la langue portugaise de Macao «est régie par le régime prévu par le Décret n° 35 228 du 8 décembre 1945 sur l'accord orthographique», loi portugaise qui approuvait l'accord du 10 août 1945 pour unifier l'orthographe portugaise.
Article unique
Orthographe de la langue portugaise
Jusqu'à la publication de nouvelles règles, l'orthographe de la langue portugaise est régie par le régime prévu par le décret-loi n° 35228, du 8 décembre 1945, qui a approuvé l'accord du 10 août 1945, à l'issue des travaux de la Conférence inter-académique de Lisbonne pour unifier l'orthographe de la langue portugaise, dont les instruments, élaborés en harmonie avec la Convention luso-brésilienne du 29 décembre 1943, ont été publiés au Journal officiel de Macao nº 36, du 7 septembre 1946 .
Dans les faits, même si la législation de Macao précise que l'accord de 1945 sur la langue portugaise écrite doit continuer d'être employé, la plupart des écoles et des établissements
scolaires enseignant le portugais à Macao emploient des manuels scolaires portugais. En ce cas, les élèves des écoles apprennent également les nouvelles règles d'orthographe, hormis le fait que les documents du gouvernement de Macao doivent être rédigés dans la langue portugaise décrétée de 1945.
Macao conserve son régime traditionnel et les lois en vigueur restent pour l'essentiel inchangées; les lois et les autres actes normatifs en vigueur sont maintenus, sauf s'ils
s'opposent à laLoi fondamentale ou sont modifiés par les organismes compétents de la RAS. Concrètement,
les actes normatifs conservent le libéralisme traditionnel à Macao. Cependant, il sera toujours aisé pour Pékin d'invoquer «la sécurité nationale» pour intervenir dans les affaires de Macao.
4.3 Les tribunaux
Dans les tribunaux, un procès peut se dérouler en portugais ou en cantonais, ou dans les deux langues à la fois, y compris en putonghua à l'écrit. Les mêmes règles d'interprétation statutaires des documents juridiques s'appliquent dans les cours de justice. Les articles 8 et 9 du Décret-loi n° 101/M (1999) décrivent ainsi l'emploi des langues:
Article 8
Accès à la justice
1) Quiconque a le droit de s'adresser à une juridiction ou à une instance judiciaire dans l'une des langues officielles, oralement ou par écrit, et d'y comprendre les actes de procédure et d'y être compris.
2) Aucun acte de procédure ou un acte similaire ne peut être rejeté pour des raisons linguistiques, lorsqu'il est rédigé dans l'une des langues officielles.
Article 9
Actes de procédure
1) La détermination de la langue des actes de procédure, faite selon les termes de la loi applicable, doit tenir compte du droit de choix des parties et de l'intérêt supérieur de l'administration de la justice.
2) Les actes de procédure oraux doivent se tenir dans la langue officielle commune des participants, la traduction étant assurée lorsqu'une telle langue n'existe pas.
L'article 82 du Code de procédure pénale (1996) précise que les langues officielles de la Région administrative spéciale de Macao, le portugais et le chinois, sont obligatoires sous peine de nullité:
Article 82
Langue des actes et désignation d'un interprète
1) Dans les actes de procédure, tant écrits qu'oraux, l'usage de l'une des langues officielles de la Région administrative spéciale de Macao est obligatoire, sous peine de nullité.
2)Lorsqu'une personne intervient dans la procédure et qu'elle ne connaît pas ou ne maîtrise pas la langue de communication, un interprète qualifié est désigné sans coût pour le particulier, en dépit du fait que l'entité qui préside à l'acte ou que l'une des parties à la procédure
puisse connaître la langue employée.
Au besoin, la cour fait appel à un interprète si un justiciable ignore ou ne maîtrise pas l'une des langues officielles. L'article 89 du Code de procédure civile (1999) réitère l'emploi obligatoire des deux langues officielles:
Article89
Langue utiliséedans les documents
1)Dans les actes de procédure, l'une des langues officielles doit être utilisée.
2)Lorsqu'il est nécessaired'intervenir dans la procédurepour une personne quineconnaît pasounemaîtrise pas lalangue de communication, un interprète qualifié est désigné sans coût pour le particulier, en dépit du fait que l'entité qui préside à l'acte ou que l'une des parties à la procédure connaisse la langue utilisée; l'interprète doit prêter serment d'allégeance.
Article90
Traduction des documents
1)Lorsque des documents écritsprésentés dans une langue différente des langues officielles de Macaonécessitent une traduction, le juge ordonne d'office ou à la demande de l'une des parties qu'un présentateur le rejoigne.
Dans la pratique, la plupart des procès se déroulent en cantonais, très rarement en portugais. Mais les documents écrits émanant du ministère macanais de la Justice sont en chinois mandarin et en portugais. Ceux en provenance de la République populaire de Chine sont rédigés en chinois mandarin.
1)La procédure disciplinaire est sommaire et la forme des actes, lorsqu'elle n'est pas expressément réglementée par la loi, est nécessaire pour établir la vérité en rejetant tout ce qui est inutile, impertinent et dilatoire.
2)La procédure disciplinaire peut être utilisée indistinctement en portugais et en chinois.
3)Dans l'interrogation des témoins et l'audition de l'accusé, s'ils ne maîtrisent pas couramment le portugais, un traducteur-interprète est désigné, qui pourrait être le secrétaire de la procédure s'il maîtrise les deux langues.
4)Nonobstant le paragraphe 5, l'interprète doit être nommé par la personne qui instruit la procédure.
5)L'accusé peut
se faire accompagner d'un interprète de sa confiance.
Enfin, le Code du notariat (1999) impose aussi l'usage d'une langue officielle, mais prévoit aussi le recours à la traduction pour les documents rédigés dans une autre langue:
Article63
Documentsrédigés dansune langue officielleou une langue que le notairenemaîtrise pas
1)Les documents rédigésdans une langue non officielledoivent êtreaccompagnés d'une traductioncorrespondant,qui peut être faitepar un notairede Macao,un avocat en exercice sur le territoireoumêmepar traducteurqualifié qui,sous sermentousur l'honneur, affirmedevant le notaireque la traduction est fidèle.
2)Dans le casdedocumentsquiconcernent la vied'une société commerciale,ils peuvent être accompagnésd'une traduction certifiée parle secrétaire désigné, conformément àla législation commerciale.
3)Les documents présentésdans une langue officielleque le notairenemaîtrise pas sont traduits officieusement par un interprètefiableselon le notaire, sans autre formalité.
Article63
Documentsrédigés dansune langue officielleou une langue que le notairenemaîtrise pas
1)Les documents rédigésdans une langue non officielledoivent êtreaccompagnés d'une traductioncorrespondant,qui peut être faitepar un notairede Macao,un avocat en exercice sur le territoireoumêmepar traducteurqualifié qui,sous sermentousur l'honneur, affirmedevant le notaireque la traduction est fidèle.
2)Dans le casdedocumentsquiconcernent la vied'une société commerciale,ils peuvent être accompagnésd'une traduction certifiée parle secrétaire désigné, conformément àla législation commerciale.
3)Les documents présentésdans une langue officielleque le notairenemaîtrise pas sont traduits officieusement par un interprètefiableselon le notaire, sans autre formalité.
À Macao, la quasi-totalité des procès a lieu en cantonais, rarement en mandarin, en portugais ou en anglais (avec traduction), mais la plupart des documents écrits sont en putonghua, parfois en portugais.
4.4 L'administration publique
L'administration de la Région administrative spéciale de Macao fonctionne en chinois cantonais et en portugais de Macao à l'oral, mais en mandarin et en portugais standard à l'écrit.
L'article 6 du Code de procédure administrative(1999) énonce que «les langues officielles de Macao doivent être employées par les pouvoirs publics dans l'exercice de leurs activités» :
Article 6
Principe d'emploi des langues officielles
Les langues officielles de Macao doivent être employées par les pouvoirs publics dans l'exercice de leurs activités.
En portugais, le mot "notificações" renvoie à toute information communiquée dans des journaux sous forme administrative aux citoyens pour porter à leur connaissance une décision qui les concerne, ce qui pourrait être un «avis public» en français. L'article 72 du Code de procédure administrative précise que les avis doivent être annoncés dans deux des journaux les plus lus du territoire, l'un en portugais, l'autre en chinois:
Article 72
Formes de notifications ("notificações")
1) Les notifications doivent être effectuées en personne ou par lettre, par télégramme, par télex, par télécopie ou par téléphone, selon les possibilités et les circonstances.
2)Si l'une des formes de notification personnelle se révèle impossible ou si les parties sont inconnues ou en nombre tel qu'elles entravent ces formes de notification, la notification doit être rendue publique en affichant des avis dans les lieux de style et de publication annoncés dans deux des journaux les plus lus du territoire, l'un en portugais, l'autre en chinois.
Les articles 6 et 7 du Décret-loi n° 101/M (1999) prescrivent également l'emploi des deux langues, mais c'est l'administré qui choisit la langue de communication:
Article 6
Relations entre l'administration et les administrés
1) Quiconque a le droit de s'adresser dans l'une des langues officielles, oralement ou par écrit, à un organisme de l'Administration, ainsi qu'aux entités concessionnaires dans l'exercice des pouvoirs de l'autorité, et de recevoir une réponse dans la langue officielle de son choix.
2) La procédure administrative doit se dérouler, dans les termes de la loi applicables, dans la langue de l'intéressé ou dans la langue choisie par l'intéressé par un acte de volonté expresse, lorsque c'est officiel.
3) L'émission d'un acte notarié ou d'un enregistrement ou d'un document contenu dans des archives publiques ou un acte administratif doit être accompagnée d'une traduction délivrée par l'organisme certificateur lorsque la langue de l'acte ou du document, étant officielle, n’est pas la langue de choix de la personne concernée et sans frais supplémentaires pour celle-ci.
4) Les dispositions des paragraphes précédents s'appliquent aux activités de nature administrative exercées dans le cadre des juridictions.
Article 7
Documentation
Tous les imprimés, formulaires ou documents similaires fournis par l'Administration doivent être rédigés dans les deux langues officielles.
Dans le Code de l'état civil (1999), l'article 37 prescrit une traduction certifiée lorsque les documents ne sont pas rédigés dans les langues officielles, sauf pour les documents présentés en anglais:
Article 37
Documents transmis en dehors du territoire
2)Les documents qui ne sont pas rédigés dans les langues officielles doivent être accompagnés d'une traduction certifiée, conformément aux articles 182 et suivant du Code du notariat.
3) Les documents rédigés en anglais peuvent être dispensés d'une traduction.
Dans ce cas-ci, l'anglais devient une langue co-officielle de facto, à défaut d'être institutionnelle.
La plupart des fonctionnaires qui travaillent pour le gouvernement macanais sont dans l'obligation de connaître à la fois le chinois (le putonghua à l'écrit et le cantonais à l'oral) ainsi que le portugais en raison des lois rédigées dans cette langue. L'article 17 du Règlement administratif n° 23 (2017) oblige le gouvernement à afficher dans les deux langues officielles l'ouverture de concours pour postuler un emploi dans la fonction publique:
Article 17
Publicité des concours
1) Les concours sont considérés comme ouverts au moment de la publication de l'avis respectif au Journal officiel, ou au moment de la publication de l'avis au Journal officiel, dans le cas d'un concours d'accès.
2) Dans les concours du régime uniforme de gestion, il est également obligatoire de publier l’avis d’ouverture du concours ou son extrait dans au moins deux journaux, l’un chinois et l’autre en portugais, sauf dans le cas d’un concours d’évaluation des compétences professionnelles ou fonctionnelles.
Le portugais demeure une langue co-officielle avec le chinois à Macao et ces langues sont généralement employées pour désigner les rues, les places, les bâtiments officiels et les institutions, bien que le portugais ne soit à peu près jamais parlé dans l'espace public. Quant aux panneaux de signalisation routière, ils peuvent être dans deux langues (chinois-portugais), sinon trois (chinois-portugais-anglais). En fait, l’anglais est également répandu à Macao en raison des touristes et des casinos, ainsi que pour la forte influence de Hong Kong à proximité et reliée à Macao par un pont-tunnel de 55 km.
Depuis la rétrocession de Macao à la Chine, l'emploi de l'anglais comme langue internationale, ainsi que celle du mandarin a augmenté dans le domaine officiel, bien que l'anglais n'ait pas de statut dans la Loi fondamentale de Macao. Ainsi, dans la société actuelle, l'anglais, ainsi que le chinois (mandarin et cantonais) et le portugais, ont été les principales langues du gouvernement, des affaires, de l'éducation et des médias. Cependant, la plupart des sites Web du gouvernement sont disponibles en portugais, en mandarin (putonghua) et en anglais.
4.5 Les langues de l'éducation
Le système d'éducationde Macao est sous
la juridiction de la Direction des services d'éducation et de jeunesse (Direcção dos Serviços de Educação e Juventude) dans le cas de l'enseignement primaire et secondaire,
ainsi que par le Cabinet de soutien à l'enseignement supérieur ("Gabinete de Apoio ao Ensino Superior") pour l'enseignement supérieur. Ces deux organismes publics dépendent du Secrétariat aux affaires sociales et à la culture ("Secretário para os Assuntos Sociais e Cultura").
À Macao, la fréquentation scolaire est obligatoire et universelle pour tous les enfants
et jeunes entre 5 et 15 ans. La scolarité gratuite est accessible à l'enseignement primaire et secondaire. Les ayants droit sont tous les jeunes enfants résidants à Macao, qui fréquentent les écoles publiques ou officielles, ainsi que les écoles privées à but non lucratif. Pour les jeunes qui fréquentent les écoles privées payantes ou pour les enseignants d'établissements d'enseignement privé, le gouvernement offre des bourses chaque année pour les soutenir.
- Le régime colonial portugais
Sous le régime portugais, c'était le décret-loi n° 22/77/M du 24 juin sur l'enseignement primaire sino-portugais, qui régissait l'enseignement primaire sino-portugais ("ensino primário luso-chinês"), mais il a été progressivement abrogé par divers décrets-lois : le décret-loi n° 25/79/M, le décret-loi n° 34/81/M, le décret-loi n° 50/82/M, le décret-loi n° 37/82/M, le décret-loi n° 54/90/M et le décret-loi n° 20/95/M.
À l'époque du système colonial, il existait des écoles appelées «écoles sino-portugaises» ("Escolas Luso-Chinesas") destinées aux enfants chinois ou portugais, à la condition que ces derniers veuillent choisir l'enseignement chinois. L'enseignement primaire sino-portugais devait être offert gratuitement dans les écoles, avec la séparation des sexes, sur une période de sept ans, comprenant une année de préprimaire et six années de primaire. D'après l'article 1er du décret-loi n° 22/77/M, les objectifs de cet enseignement étaient les suivants, dont les connaissances de base du portugais :
Article 1er
L'enseignement primaire sino-portugais vise à fournir aux enfants chinois une formation équivalente à l'enseignement primaire chinois et une connaissance de base de la langue portugaise qui permet une plus grande approche et une plus grande compréhension entre les deux principales communautés de Macao. Il vise
également à faciliter l'entrée des enfants dans la vie sociale du territoire, sans barrières linguistiques, et la poursuite des études dans l'enseignement secondaire public portugais s'ils le souhaitent.
L'article 7 du décret-loi n° 22/77/Mprécisait que l'enseignement du portugais avait pour objet non seulement de donner aux étudiants les connaissances de cette langue et les rudiments de la culture portugaise, mais aussi la possibilité d'exposer en portugais les matières des programmes d'études en chinois:
Article 7 (abrogé)
1)L'enseignement du portugais a pour objet non seulement de donner aux élèves les connaissances de cette langue et les rudiments de la culture portugaise, mais aussi la possibilité d'exposer dans cette langue programmée les matières des programmes d'études en chinois.
L'article 11 du décret-loi n° 22/77/M énonçait les matières au programme, en présentant la langue portugaise comme la première matière suivie du chinois (cantonais):
Article 11 (abrogé)
L'enseignement comprend les matières suivantes :
a) la langue portugaise ; b) la langue et la littérature chinoises ; c) l'arithmétique et le boulier ; d) les rudiments de géographie et d'histoire de la Chine ; e) les sciences naturelles ; f) l'éducation morale et civique ; g) le chant choral ; h) le dessin ; i) l'artisanat ; j) les langues étrangères : l'anglais; k) l'éducation physique
Sous le système colonial portugais, chaque fois que la langue chinoise était mentionnée dans un texte de loi, il s'agissait toujours, sauf avis contraire, du «dialecte cantonais» ("dialecto cantonense"). En vertu de l'article 103 (abrogé), les enseignants et le personnel responsables devaient connaître la langue chinoise, c'est-à-dire le «dialecte cantonais», au moins à l'oral. Quant à l'article 134 (abrogé) du décret-loi n° 22/77/M, il mentionnait que les enseignantsdu portugais dans les écolessino-portugaises devaientêtrediplômés d'une
École normale pour la formation des maîtres d'école primaire etmaîtriser la languechinoise (comprendre
«dialecte cantonais»)au moins à l'oral. Ce genre d'exigence minimal fut considéré comme inacceptable par le gouvernement autonome macanais,
et ce, d'autant plus que le cantonais n'est pas un dialecte chinois, mais une
langue comme le mandarin (ou putonghua). Enfin, l'article 138 du décret-loi n° 22/77/M (1977) obligeait les enseignantsdechinoisà démontrer leurs connaissances du portugais, même si celles-ci étaient rudimentaires:
Article138
(abrogé)
1)Aux fins derenouvellementà la fin dedeux années de service, les enseignantsdechinoisdoiventdémontrer leurs connaissances du portugais, même si elles sont rudimentaires, par un certificat
émis par les Services éducatifs.
2)L'émission du mentionnéau paragraphe précédentdoit être précédéed'un examen denature sommaire, conformément auxrèglements par legouverneur.
On peut comprendre que, après la rétrocession de Macao à la Chine en 1993, beaucoup de dispositions de la loi de 1977 furent jugées
obsolètes.
- Le système d'éducation actuel
Il existe aujourd'hui trois types d'écoles à Macao : les écoles publiques (ou gouvernementales), les écoles sous inspection gouvernementale et les écoles privées. L'Église catholique de Macao gère, à titre privé, quelques écoles primaires et des écoles professionnelles. Le chinois cantonais, le portugais et l'anglais sont enseignés dans les écoles primaires et secondaires publiques, mais le cantonais reste la langue principale de l'enseignement à l'oral, le
putonghua à l'écrit.
1)Les écoles publiques doivent adopter une langue officielle comme langue d'enseignement et offrir aux élèves la possibilité d'apprendre une autre langue.
2) Les écoles privées peuvent adopter comme langues d'enseignement
soit les deux langues officielles soit d'autres langues.
3) L'adoption d'autres langues dans les écoles privées reste sujet à l'évaluation préalable et à la reconnaissance par le service responsable de l'éducation de l'existence des conditions appropriées à cet fin.
4)Les écoles privées qui adoptent d'autres langues comme langue d'enseignement doivent offrir aux élèves la possibilité d'apprendre au moins l'une des langues officielles.
De plus, l'article 121 de la Loi fondamentale (1993) garantit à la RAS de Macao l'autonomie en matière d'éducation:
Article 121
1) Le gouvernement de la Région administrative spéciale de Macao définit, de sa propre initiative,
les politiques d'éducation, y compris celles relatives au système d'éducation et son administration, les langues d'enseignement, la distribution des fonds, le système d'évaluation, la reconnaissance des qualifications
littéraires et des diplômes universitaires en stimulant le développement de l'éducation.
2) La Région administrative spéciale de Macao promeut l'enseignement obligatoire en application de la loi.
3)
Les organismes communautaires et les particuliers peuvent promouvoir, en vertu de la loi, diverses initiatives en matière d'éducation.
À Macao, l'autonomie consentie a trait aux
domaines législatif, judiciaire et scolaire.
1) Les exigences en compétences scolaires de base en maternelle sont définies en fonction des domaines d'apprentissage, dont notamment :
1. La santé et l'éducation physique ; 2. Les langues ; 3. L'individu, la société et les humanités ; 4. Les mathématiques et les sciences ; 5. Les arts.
2) Les exigences des compétences scolaires de base de l'enseignement primaire sont définies selon les matières, dont notamment :
1. Le chinois, le portugais ou l'anglais comme première langue, c'est-à-dire langue d'enseignement ; 2. Le chinois, le portugais ou l'anglais comme langue seconde ; 3. Les mathématiques ; 4. L'éducation morale et civique ; 5. Les activités de découverte ; 6. Les technologies de l'information ; 7. L'éducation physique et la santé ; 8. Les arts.
3) Les exigences des compétences scolaires de base de l'enseignement secondaire général et secondaire complémentaire sont définies selon les matières, dont notamment :
1. Le chinois, le portugais ou l'anglais comme première langue, c'est-à-dire langue d'enseignement ; 2. Le chinois, le portugais ou l'anglais comme langue seconde ; 3. Les mathématiques ; 4. L'éducation morale et civique ;
À l'heure actuelle, la plupart des écoles de Macao suivent un «système d'éducation local», c'est-à-dire six ans d'enseignement primaire, trois ans pour l'enseignement secondaire du premier cycle et trois ans pour l' enseignement secondaire du second cycle. Pour l'année scolaire 2015-2016, on comptait 74 écoles primaires et secondaires qui offraient un enseignement formel, dont 10 écoles publiques et 64 écoles privées. Toutes les écoles sauf dix faisaient partie du réseau d'enseignement gratuit de Macao. De nombreuses écoles de Macao sont gérées par des organisations catholiques. Depuis 2017, les parents de Macao choisissent généralement les écoles en fonction de leur réputation, car Macao n'a pas d'examens standard à l'échelle du territoire, et il y a une préférence pour les écoles religieuses parmi les parents de la classe supérieure en raison de la meilleure qualité perçue de l'éducation. En 2017, les 27 écoles catholiques de Macao représentaient environ 36,4% des secteurs éducatifs autres que l'enseignement supérieur.
La majorité des écoles de niveau secondaire sont des lycées proposant des cours de langues, de mathématiques, de sciences naturelles et d'études sociales. Sur les six années concernées, les trois premières sont une phase d'initiation à l'issue de laquelle beaucoup partent, car l'éducation ne leur sera plus gratuite. Ceux qui restent pendant les trois dernières années se séparent souvent en filières scientifiques, commerciales et artistiques. À l'issue de cette période, ils peuvent choisir de passer un examen de fin d'études adapté au type d'études tertiaires qu'ils envisagent.
Il existe peu d'écoles professionnelles à Macao et celles qui existent proposent
des cours techniques dans des domaines tels que la réparation automobile,
l'électrotechnique et l'électronique. Ceux qui ne peuvent pas payer les frais
étudient à la place à l' université de la vie.
- L'enseignement de
l'anglais
La langue anglaise est une matière enseignée de la maternelle à la fin du secondaire, ce qui signifie que l'anglais est essentiel pour les élèves de Macao, à la fois pour leurs résultats scolaires et leur développement professionnel futur. Les écoles où la langue d'enseignement est uniquement le putonghua (mandarin) ou l'anglais sont des écoles privées. Les écoles dont la langue d'enseignement est le portugais sont des écoles inspectées par le gouvernement et leurs élèves sont principalement des enfants de Macanais. Les écoles privées qui enseignement uniquement en chinois cantonais donnent également des cours de langue seconde en portugais.
Mais de nombreux Macanais préfèrent les écoles privées où le chinois et l'anglais prédominent.
La plupart des Chinois de Macao considèrent à tort ou à raison que l'anglais est plus facile à apprendre que le portugais. C'est que la langue anglaise leur apparaît plus utile dans les affaires et dans leur vie professionnelle; non seulement l'anglais leur permet de regarder des émissions de télévision et des films en anglais, mais beaucoup ont des parents à Hong Kong avec qui ils communiquent en anglais. De plus, les Portugais de Macao parlent généralement l'anglais en plus du portugais. C'est pourquoi les parents chinois sont fiers lorsque leurs enfants apprennent l'anglais et ils sont prêts à investir dans l'apprentissage tant du chinois mandarin que de l'anglais.
Le problème, c'est qu'à Macao la grande majorité des professeurs d'anglais n'ont pas l'anglais comme langue maternelle, mais le cantonais. De plus, ils enseignent l'anglais en cantonais. Cela signifie que l'enseignant donne ses exemples en anglais, mais pose des questions et répond en cantonais. Dans ces conditions, le ministère de l'Éducation songe à réformer cet enseignement de façon à introduire un niveau plus élevé de performance en anglais.
La qualification particulière pour la formation dans l'enseignement secondaire public dans la langue véhiculaire chinoise est reconnue par un diplôme universitaire conférant la formation scientifique dans les disciplines et spécialités dans l'enseignement secondaire.
Conformément aux dispositions de l'article 2 du
décret-loi n° 15/96/M («Règlement général du personnel enseignant»), pour
exercer la fonction d'enseignant de l'enseignement primaire, il faut être
titulaire d'un diplôme d'enseignement primaire. Depuis le 1er
septembre 2014, en tant qu'enseignant du primaire, conformément aux dispositions
de l'article 10 de la loi n° 3/2012 («Cadre du système du personnel enseignant
des écoles privées non supérieures»), les enseignants doivent avoir une
formation pédagogique, un diplôme supérieur de spécialisation ou une
qualification équivalente ou supérieure de l'enseignement primaire; ou diplôme
supérieur de spécialisation ou une qualification équivalente ou supérieure à
l'exclusion de la formation des enseignants à la condition qu'un diplôme de
formation des enseignants de l'enseignement primaire reconnu par le Conseil de
l'éducation et de la jeunesse soit exigé. Ces actes normatifs demeurent muets en
ce qui concerne les langues.
En résumé, on peut affirmer que l'éducation à Macao se concentre sur l'usage actuel des trois langues écrites — chinois mandarin, portugais et anglais — et des quatre langues parlées — chinois cantonais, chinois mandarin, portugais et anglais. Le chinois et le portugais sont des langues officielles, mais le premier joue un rôle de plus en plus important dans le système d'éducation de Macao.
- L'enseignement supérieur
On compte aujourd'hui une bonne dizaine d'établissements d'enseignement supérieur à Macao, dont quatre établissements publics et six privés. Ces établissements dénombraient plus de 26 000 étudiants. L'Université de Macao est le plus grand de ces établissements supérieurs; elle a été fondée en 1981 lors du système colonial. Cet établissement public depuis 1991 n'offre pas un éventail de disciplines très large, car les facultés sont les suivantes: la Faculté de gestion d'entreprise, la Faculté d'éducation, la Faculté de droit, la Faculté des sciences sociales et humaines, la Faculté des sciences et de la technologie. Il s'agit là des disciplines considérées comme prioritaires pour le développement de Macao.
L'Université de Macao est une université privée financée avec
de l'aide gouvernementale. Les langues d'enseignement sont principalement le chinois mandarin, l'anglais, le cantonais et le portugais. Toutefois, il faut établir des distinctions. Ainsi, la Faculté de gestion d'entreprise n'offre son enseignement qu'en anglais, mais la Faculté de droit enseigne en chinois, en portugais et en anglais. En général,
les professeurs ont tendance à choisir le chinois et/ou l'anglais.
La Région administrative spéciale bénéficie d'autres établissements supérieurs:
- l'Université de sciences et de technologies de Macao (Universidade de Ciência e Tecnologia de Macau); - l'Institut polytechnique de Macao (Instituto Politécnico de Macau); - l'Institut de formation touristique (Instituto de Formação Turística); - l'Institut d'infirmiers Kiang Wu de Macao (Instituto de Enfermagem Kiang Wu de Macau), - l'Institut millennium de Macao (Instituto Milénio de Macau) ; - l'Institut Inter-universitaire de Macao (Instituto Inter-Universitário de Macau).
L'Institut de technologie de Macao dispose de cours de gestion, de langue et de traduction, de culture physique, d'administration publique, etc. L'enseignement supérieur dispense ses cours en chinois cantonais (oral seulement), en chinois mandarin, en portugais et parfois en anglais. Dans les faits, le portugais est rarement employé comme langue d'enseignement, sauf à la Faculté de droit de l'Université de Macao. Par contre, le portugais est enseigné comme langue étrangère à l'Institut polytechnique, à l'Institut portugais d'Orient, à l'Institut de formation touristique et au Centre des langues de la Direction des services de l'éducation et de la jeunesse.
En réalité, dans l'enseignement supérieur, la plupart des établissements choisissent l'anglais comme langue d'enseignement, qui est traité comme un aspect essentiel de l'internationalisation. De plus, les universités recrutent des professeurs de pays anglophones pour promouvoir l'internationalisation afin d'attirer des étudiants potentiels. L'anglais est utilisé comme principale langue véhiculaire par les habitants de Macao pour communiquer avec des personnes du reste du monde.
- Le Centre de diffusion des langues
Il existe à Macao un Centrede diffusion des langues (en portugais: Centro de Difusão de Línguas ou CDL). Cet organisme soutient activement l'enseignement des langues à Macao. Au niveau scolaire, il prend en charge les élèves en ce qui a trait à l'apprentissage des langues, la lecture en ligne et encourage les écoles à offrir un large éventail de langues et à organiser des activités d'apprentissage et de la lecture aux élèves. De plus, le Centrede diffusion des langues organise des ateliers de formations et d'autres activités destinés à accroître les capacités de lecture des élèves.
Les langues concernées sont le mandarin, le cantonais, le portugais et l'anglais. Afin de promouvoir la mission du CDL et répondre aux besoins de la population, le Centrede diffusion des langues offre des cours de mandarin depuis 1994, avec comme public cible les résidents de Macao. Actuellement, le cours est divisé en «mandarin débutant», en «mandarin intermédiaire» et en «mandarin avancé». Le contenu des cours est axé sur l'écoute, la lecture, la transcription phonétique en pinyin, les tons, le vocabulaire, la grammaire ainsi que les différences entre le mandarin et le cantonais.
Comme l'économie de Macao est de plus en plus cosmopolite, les étrangers sont de plus en plus nombreux à Macao. Afin de répondre au besoin d'apprendre le cantonais, le CDL offre des cours dans cette langue depuis 2010 à ceux qui n'ont pas le chinois comme langue maternelle et à ceux qui ont le chinois mandarin comme langue maternelle. Pour les non-sinophones, les cours de cantonais sont donnés en portugais ou en anglais. Pour les sinophones, ils sont donnés en cantonais et en mandarin.
Les cours de portugais ont débuté en 2005, en ayant commepublic ciblelescitoyens deMacao, pour quatre niveaux, soit débutant, intermédiaire,avancé et supérieur. La méthodologie du cours porte sur la prononciation et l'écriture des lettres, des phrases, des dialogues, de courts textes simples et utilitaires.
Le Centrede diffusion des langues a commencé à offrir des cours d'anglais en 2008 afin de répondre aux besoins du marché du travail, parce que Macao est une ville internationale. Les niveaux sont divisés en débutant, intermédiaire, avancé et supérieur. Le cours pour débutant se concentre sur la formation des capacités d'écoute et de l'expression orale, l'enseignement de la grammaire et des expressions courantes en utilisant des dialogues basés sur des sujets de la vie et du travail au jour le jour. Le cours intermédiaire porte sur la base de la grammaire et de la structure de la phrase, l'augmentation de la capacité d'écoute, l'expression orale et écrite, etc. Le cours avancé a comme objectif spécifique les expressions et pratiques utiles, et le renforcement des quatre compétences : écouter, parler, lire et écrire. Pour ce qui est du cours supérieur, il prépare les élèves aux examens tout en perfectionnant l'écoute, la lecture, le vocabulaire, la grammaire, l'écriture et les compétences liées à l'environnement du travail.
4.6 Les langues des affaires
Bien qu'il existe quelques textes concernant l'emploi des langues dans les affaires, le Code de commerce (1999) semble de loin celui qui est le plus pertinent. Ainsi, l'article 17 oblige les commerçants et les négociants à utiliser le chinois et le portugais dans les raisons sociales (en portugais: firma), et en plus de façon facultative, une version anglaise:
Article 17
Obligation d'utiliser le chinois et portugais
1)La raison sociale doit obligatoirement être rédigée dans l'une ou dans les deux langues officielles, et pouvoir dans le second cas, contenir une version en anglais.
2)Lorsque la raison sociale est rédigée dans plus d'une langue et qu'elle est composée d'expressions faisant allusion à des activités commerciales, elle doit avoir un minimum de correspondance entre les différentes versions de la partie relative à cette activité.
L'article 28 du Code de commerce oblige les
sociétés anonymes de contenir l'ajout «Société anonyme» («Sociedade Anónima» en portugais) ou, si elle est rédigée en portugais, avec les initiales «SA». L'article 62 mentionne que les actes qui doivent être publiés peuvent être rédigés dans l'une des langues officielles, mais s'il y a des parties intéressées qui ne s'expriment dans une autre langue, les actes doivent être accompagnés d'une traduction:
Article 28
Raison sociale des sociétés anonymes
La raison sociale des sociétés anonymes doit contenir l'ajout «Société anonyme» ou, si elle est rédigée en portugais, avec les initiales «SA».
Article 62
Actes soumis à l'enregistrement et à la publication
1)Les actes reliés aux entrepreneurs et aux entreprises commerciales sont soumis à l'enregistrement et la publication, conformément à la loi.
2)Les actes qui, en vertu du présent code, doivent être publiés peuvent être rédigés dans l'une des langues officielles, mais s'il y a des parties intéressées qui ne s'expriment dans une autre langue, les actes doivent être accompagnés d'une traduction.
Le Code de commerce impose aux entreprises un certain nombre d'obligations en matière de langues, notamment dans les raisons sociales. L'une des deux langues officielles est toujours obligatoire, mais l'anglais est toujours possible, avec le résultat que les raisons sociales peuvent être en chinois et en anglais. Si les raisons sociales doivent être rédigées dans au moins l'une des deux langues officielles, il n'en est pas ainsi dans l'affichage commercial. En effet, les enseignes commerciales peuvent être en anglais, en chinois, en portugais ou en n'importe quelle autre langue. Elles sont généralement en chinois et en anglais, parfois en portugais.
En réalité, le bilinguisme chinois-portugais n'est courant que dans les symboles de l'État. Les langues les plus entendues sur le territoire sont le cantonais et l'anglais, puis le japonais et le coréen, parfois le thaï. Dans la vie quotidienne, le portugais n'est pratiquement jamais utilisé à l'oral, mais il est fréquent à l'écrit.
4.7 Les médias
À Macao, les médias sont accessibles par la télévision et la radio, les journaux, les magazines et l'Internet. Ils
desservent la communauté locale en lui fournissant les informations et les
divertissements nécessaires, mais le marché des médias de Macao est forcément
petit en raison de sa population de 680 000 habitants. Les médias locaux font
face à une forte concurrence de Hong Kong. Néanmoins, Macao aurait une «densité
médiatique» parmi les plus élevées au monde avec neuf quotidiens en langue
chinoise, trois quotidiens en langue portugaise, trois quotidiens en langue
anglaise et une demi-douzaine d'hebdomadaires en langue chinoise et un
hebdomadaire en langue portugaise, sans oublier environ trois douzaines de
journaux de Hong Kong, de Chine continentale et des Philippines, qui sont expédiés chaque matin à Macao.
- Les journaux
Les journaux de langue chinoise sont diffusés à Macao depuis plus de cent ans. Il existe aujourd'hui quinze quotidiens à Macao, dont trois en portugais (HojeMacau, Jornal Tribuna de Macau et Ponto Final), neuf en chinois mandarin (Macau Daily News, Son Pou,Va Kio Daily, etc.) et trois en anglais (Macau Daily Times, Macau Post Daily et Macau News). L'hebdomadaire O Clarim est un journal portugais possédé par l'Église catholique. Les journaux étrangers sont tous en anglais.
Il existe aussi un périodique à contenu culturel en portugais, la Revista Macau, sous la responsabilité du gouvernement. Les autres magazines sont en anglais: Business Intelligence, Inside Asian Gaming, Destination Macau, Ignite Media Group. Mais World Gaming est publié en anglais et en chinois mandarin.
- La radio et la télévision
La radio de Macao a commencé à émettre en 1930 et ce ne fut qu'en mai 1984 que la télévision de Macao a commencé à fonctionner. Il existe deux stations de radio: Rádio Macau et Rádio Vilaverde Lda 1. Les émissions radiophoniques de Macao sont diffusées à la fois en chinois cantonais et en portugais, 24 heures par jour.
La télévision nationale, Teledifusão Macau - Teledifusão de Macau (TDM), fournit un service de radiodiffusion public dans la RAS de Macao. En exploitant cinq chaînes de télévision numériques terrestres, une chaîne de télévision par satellite, deux chaînes de radio, TDM propose au public un large éventail de contenus dans les deux langues officielles de Macao, le chinois (cantonais) et le portugais.
Citons également les chaînes suivantes: China Satellite Television (中華衛視), Confucius Television (孔子衛視), Fung Fu Television (功夫衛視), Lotus TV Macau (澳門蓮花衞視), Macau Asia Satellite Television (澳亞衛視) et NewSky Satellite Television (新天衛視). Il est aussi très aisé de capter les émissions diffusées en anglais et provenant de Hong Kong.
La politique linguistique de la Région administrative spéciale de Macao repose sur trois langues parlées de façon inégale — cantonais, mandarin, anglais et portugais — et trois langues écrites — mandarin, portugais et anglais —, dont deux sont co-officielles, le portugais et le chinois, lequel peut prendre deux formes (mandarin ou cantonais). C'est une politique complexe qui oblige les Macanais à devenir bialphabètes (caractères chinois et alphabet latin) et au moins trilingues (cantonais, mandarin et anglais). Bien que les termes «bialphabète» et «bialphabétisation» ne conviennent guère en français du fait que le putonghua n'est pas un alphabet, mais un ensemble de pictogrammes, ils désignent une certaine
dualité.
L'avenir du portugais écrit est assuré jusqu'en 2048, date à laquelle laDéclaration commune sino-portugaise sur la question de Macao (1987) ne s'appliquera plus. Pour le moment, le portugais sert de symbole identitaire pour les Macanais, ce qui les distingue des Chinois continentaux et des Hongkongais. Toutefois, au milieu du XXIe siècle, sinon bien avant, le chinois mandarin
pourrait remplacer graduellement le portugais dans les domaines législatif, judiciaire et administratif, et prendre la place qu'occupait auparavant la langue coloniale. Dans le commerce et les affaires, l'anglais représente un enjeu très important et concurrence sévèrement le chinois mandarin. Quoi qu'il en soit, la politique de bilinguisme ou de trilinguisme est là pour de bon à Macao, mais ce sera avec le cantonais, le mandarin et l'anglais, les deux dernières langues demeurant des langues secondes ou étrangères. Il est donc probable que le portugais sera évacué à long terme, car il aura perdu sa raison d'être. Autrement dit, la Région administrative spéciale de Macao vit encore une période de transition avant que le portugais ne soit plus qu'une réalité historique et identitaire.
Dernière révision:
20 février, 2024
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