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Province de l'Île-du-Prince-Édouard |
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Île-du-Prince-Édouard
(Canada)
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1 Situation générale
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La province de l'Île-du-Prince-Édouard (en
anglais: Prince Edward Island) est située dans les
Maritimes; c'est la plus petite province du Canada, tant au point de vue géographique
(5657 km²) qu'au point de vue démographique (134 000 habitants). Située dans le
golfe du Saint-Laurent, l'île est séparée de la Nouvelle-Écosse et du
Nouveau-Brunswick par le détroit de Northumberland, où depuis 1997 le pont de la
Confédération (12,9 km) relie l'île au Nouveau-Brunswick. En forme de croissant, l'île s'étire sur 224 kilomètres de
long et sa largeur varie entre 6 et 64 kilomètres. Administrativement, la
province est divisée en trois comtés: Prince à l'ouest, Queens au
centre et Kings à l'est (voir
la carte détaillée).
La capitale de la province est Charlottetown.
La province de l'Île-du-Prince-Édouard est entrée
dans la Confédération le 1er
juillet 1873 en tant que 7e province. |
En français, on écrit avec une minuscule
initiale (et sans trait d'union) île du
Prince-Édouard si l'on veut désigner l'île elle-même, mais
Île-du-Prince-Édouard s'il s'agit de la province.
2 Données démolinguistiques
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Au plan linguistique, lÎle-du-Prince-Édouard
est une province très homogène, puisque 91,4 % des habitants parlent l’anglais comme langue
maternelle (recensement de 2016). Les francophones, dont des Acadiens, sont 5395, soit 3,8% de la population.
Population
(2021) |
Anglais |
Français |
Autres langues |
141 015 |
128 970
(91,4 %) |
5 395
(3,8 %) |
6 650
(4,7 %) |
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Trois groupes sont identifiés, mais il faut distinguer dans
les locuteurs des «autres langues», ceux qui parlent une langue autochtone
et ceux qui s'expriment dans une langue immigrante.
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2.1 Les francophones
Pour ce qui est des Acadiens, ils sont
regroupés surtout à Wellington, puis à Tignish, Miscouche
et Summerside. L'anglais est la langue officielle de facto
et le gouvernement a toujours privilégié jusqu'à récemment la non-intervention
dans le domaine linguistique.
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Les deux tiers des Acadiens habitent dans l'ouest de l'île, soit dans le
comté de Prince, où ils représentent près de 10 % (environ 3700 personnes) de la
population locale. Seule la région d'Évangéline (qui rassemble les paroisses de
Baie-Egmont, Mont-Carmel et Wellington, englobant à leur tour une douzaine de
villages comme Urbainville, Saint-Raphaël, Abrams-Village, Saint-Chrysostome,
Petit-Cap, Grand-Cap, Saint-Philippe, etc.) est demeurée majoritairement
francophone. On observe une autre concentration
importante d'Acadiens à Summerside et dans les localités limitrophes de St.
Eleonors, Miscouche et Rustico. On compte aussi quelques petites communautés
acadiennes dans le
nord du comté de Prince, soit dans les localités de Tignish, Palmer Road et St.
Louis.
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Pour résumer, la communauté francophone et acadienne est géographiquement
répartie dans six régions : Prince-Ouest, Évangéline, Summerside-Miscouche,
Rustico, Charlottetown et Kings-Est.
Il existe d'autres communautés francophones dans le comté
de Queens (voir
la carte détaillée), où ils forment environ 2 % (environ 1600 personnes) de la
population totale; la plus forte concentration d’Acadiens se trouve dans la
subdivision administrative de Charlottetown. Le comté de Kings rassemble les
autres francophones de l'île, soit environ 3 % des Acadiens formant moins de 1 %
(environ 160 personnes) de la population totale de cette région. Auparavant,
plusieurs petits villages de l'est abritaient des Acadiens: Saint-Charles,
Souris, Rollo Bay, Georgetown, etc., mais aujourd'hui le français n'est à peu
près plus utilisé. Bien que les francophones de l'Île-du-Prince-Édouard soient
peu nombreux (5195 locuteurs en 2011), ils sont relativement concentrés dans les
comtés de Prince et de Queens, ce qui leur permet un certain poids politique.
Les Acadiens de la
Nouvelle-Écosse parlent le français acadien. Ce français est teinté d'acadianismes
d'origine poitevine.
Les linguistes ont relevé 283 «poitevinismes»
dans le lexique acadien, lesquels peuvent aussi être d'origine angevine.
2.2 Les autochtones
Quant aux autochtones, ils sont peu nombreux dans cette province :
2660 personnes, lors du recensement de 2016. De ce nombre, quelque 82 %
parlaient l'anglais comme langue maternelle. Vingt locuteurs autochtones avaient le français comme langue maternelle.
Province 2016 |
Population provinciale totale |
Indiens |
Métis |
Inuits |
Total
des autochtones |
Pourcentage |
Langue autochtone |
Île-du-Prince-Édouard |
141 015 |
1 875 |
710 |
75 |
2 660 |
0,03 % |
65 |
En ce qui concerne les langues autochtones, seulement 65 individus parlaient
encore une langue amérindienne: le micmac (55 locuteurs sur 500 membres) et
l'inuktitut (5 locuteurs). Cinq locuteurs n'ont pas identifié leur langue.
2.3 Les immigrants
Du coté des langues immigrantes, il y avait en 2016 quelque 7580 immigrants
(5,6 % de la population) parlant diverses langues, dont le mandarin (2200),
l'arabe (665), le néerlandais (475), le filipino (465), l'espagnol (340),
l'allemand (335), la cantonais (220), le népalais (210), etc.
3 Données historiques
Les Micmacs occupaient l'île du Prince-Édouard quelque deux mille ans avant
les Européens. Ils avaient donné à l'île le nom d'Abegweit, ce qui
signifie «étendue sur la terre», mais librement traduit par «terre bercée par
les flots». Certains historiens affirment que les ancêtres des Micmacs auraient
vécu sur l'île il y a 10 000 ans en franchissant une basse plaine maintenant
recouverte par le détroit de Northumberland.
3.1 La colonie française de l'île Saint-Jean
Lorsqu'en 1534 Jacques Cartier en reconnut
les côtes, l'île était habitée par quelques centaines d'Amérindiens mimacs.
En 1603, Samuel de Champlain revendiqua l'île au nom de la France et l'appela
l'île Saint-Jean. L'île Saint-Jean ne faisait pas partie de
l'Acadie, de même que l'île du Cap-Breton et les îles de la Madeleine. Elle fut
néanmoins rattachée à la Nouvelle-France, mais elle n'abrita que des villages de
pêcheurs et d'agriculteurs pendant deux siècles.
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Au début du XVIIIe siècle, l'île Saint-Jean
demeurait encore très peu peuplée. Les premiers immigrants furent des Français, environ 300
personnes arrivées en 1720. Peu après, quelques familles d'Acadiens vinrent
s'ajouter aux nouveaux arrivants, car ils fuyaient l'Acadie péninsulaire devenue
anglaise — la Nouvelle-Écosse — depuis 1713 lors du
traité d'Utrecht, l'île Saint-Jean
étant demeurée française. Par ce traité, la France perdait Plaisance
(Terre-Neuve), l'Acadie péninsulaire et la Baie-d'hudson. En retour, l'île
Saint-Jean, l'île du Cap-Breton et les îles de la Madeleine étaient rendus au
roi de France. Voici le libellé de l'article 13 concernant la
cession des îles du Saint-Laurent:
Article 13
[...] Mais l'isle dite
Cap-Breton, et toutes les autres quelconques, situées dans l'embouchure
et dans le golphe de Saint-Laurent, demeureront à l'avenir à la France,
avec l'entière faculté au Roy T.C. d'y fortifier une ou plusieurs
places.
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En conséquence, la France acceptait de transporter sa colonie
de Plaisance à
l'île du Cap-Breton, avec Louisbourg comme future capitale et la possibilité
d'y ériger des fortifications. L'île Saint-Jean servait de colonie agricole
pour l'île du Cap-Breton devenue l'île Royale. Ainsi, l'île Saint-Jean
faisait partie intégrante de la
colonie française de l'Île-Royale.
En 1748, la petite colonie de l'île Saint-Jean comptait quelque 700 habitants, tous
d'origine française et acadienne dans des proportions à peu près égales. Plusieurs milliers d'autres
Français et Acadiens vinrent les rejoindre en
1749, chassés de la Nouvelle-Écosse par l'arrivée massive d'Irlandais, d'Allemands
et de Suisses. En 1752, l'île comptait près de 2800 habitants, tous francophones. La
majorité des habitants étaient installés près de Port-la-Joye, lieu désigné
comme le site administratif de l'île, mais Louisbourg demeurait la capitale de la colonie
de l'Île-Royale. En 1653, Nicolas Denys obtint la concession de toute l'île
Saint-Jean. Tous les sites de pêche du golfe Saint-Laurent lui revenaient en
exclusivité, mais il était en principe tenu d'y implanter des établissements
permanents et d'y amener des colons. Pourtant, il ne laissa aucun établissement
après sa mort en 1688. Puis le peuplement s'étendit en
remontant les rivières qui se déversent dans le port, notamment à
Havre-aux-Sauvages et Havre-Saint-Pierre. Il existait aussi des concentrations
d'habitants dans les baie de Malpèque et de Bedèque à l'ouest, ainsi que sur la
côte est à Souris et la pointe de l'Est.
En 1752, le sieur de La
Roque, fut chargé par le comte de Raymond d'un recensement général des colons
dans l'île Saint-Jean. La population totale, à l'exclusion des militaires, était
de 2223 habitants pour 368 familles. Le recensement de 1755 révélait une
population de 2969 habitants, dont 2000 Acadiens qui s'étaient réfugiés à l'île
Saint-Jean en raison de la déportation annoncée par les Britanniques en
Nouvelle-Écosse. Devant l'imminence de la
guerre, les autorités françaises s'attendaient à ce que les insulaires reçoivent
la visite des Anglais. Elles armèrent les colons des zones côtières et
leur distribuèrent des munitions. Les femmes et les enfants devaient fuir dans
les bois si l'ennemi approchait. On peut consulter une carte de l'île
Saint-Jean en 1758 (cliquer
ICI, s.v.p.), juste avant la prise de Louisbourg et la chute de la
colonie
de l'Île-Royale.
Au début du mois de juin 1758, une flotte de 40 navires de guerre équipés de 1842
canons, sous les ordres de l'amiral
Edward Boscawen, escortée de 127 vaisseaux de transportant à leur bord 14 000
hommes de troupes, se présenta au large de l'île Royale, devant Louisbourg. La forteresse comptait
400 canons, 4000 soldats, 2600 marins et un grand nombre d'Indiens. Le siège commença le 8 juin et se termina le 27 juillet 1758
par la capitulation de Louisbourg.
La chute de Louisbourg se trouvait en même temps à sceller le sort de l'île Saint-Jean. Trois semaines après la
prise de Louisbourg, quelque 500 soldats britanniques, sous le
commandement de lord Andrew Rollo
(1703-1765), quittèrent la forteresse à destination de Port-la-Joy pour
prendre possession de l'île Saint-Jean. À
Port-la-Joy, le commandant Rollo s'empressa de
rassembler tous les Français et Acadiens de l'île Saint-Jean. Lorsque des
bateaux revinrent à l'île Saint-Jean au printemps 1759 pour prendre le reste des
habitants, le responsable du territoire, le colonel William Johnson, déclara
qu'ils étaient tous partis pour le Canada. Parmi les 3100 passagers déportés,
plus de 1600 périrent durant la traversée. Les quelques milliers d'Acadiens qui
habitent aujourd'hui l'Île-du-Prince-Édouard sont les descendants des familles
qui y sont revenues après 1764.
3.2 La colonie britannique de St. John Island
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Les Britanniques occupèrent l'île Saint-Jean à partir du 8
septembre 1758. Plusieurs milliers d'Acadiens
furent fait prisonniers par les Britanniques, puis déportés vers la France ou
l'Angleterre dans de vieux navires. Plus de la moitié des Acadiens moururent de
misère et d'épidémies dans les ports anglais, avant la signature du
traité de
Paris en 1763. Heureusement, le gouverneur français de l'île Saint-Jean, Raymond
de Villejoint, avait réussi, avant le mois de septembre, à faire
transporter à La Rochelle en France de 700 à 800 réfugiés et à en diriger un
millier d'autres vers Québec. L'île Saint-Jean devint officiellement anglaise en 1763 lors
du traité de Paris et fut appelée St. John Island. La plupart des Acadiens réfugiés sur l'île durent trouver
refuge ailleurs, mais plusieurs réussirent à demeurer sur place, notamment à Rustico, au Havre-Saint-Pierre, à Tracadie et à Malpèque. |
L'île fut administrativement rattachée pendant quelques années à la
colonie britannique de la Nouvelle-Écosse, soit jusqu'en 1799. Comme l'île appartenait à quelques dizaines de grands
propriétaires terriens (anglais) qui supportaient mal la tutelle du
gouvernement d'Halifax (Nouvelle-Écosse), l'île St. John fut détachée en 1769 de la
Nouvelle-Écosse et érigée en colonie distincte sous l'autorité directe du
gouvernement de Londres. Dès 1773, la colonie eut le droit d'élire sa
propre Assemblée législative, mais des conflits éclatèrent souvent à l'Assemblée législative entre les réformistes, qui
était massivement «anti-propriétaires», et les conservateurs, qui soutenaient généralement les droits des propriétaires.
La plupart des colons français furent expulsés, tandis que les grands propriétaires terriens se partageaient le territoire.
Les Acadiens qui étaient restés sur l'île travaillèrent comme pêcheurs au
service de quelques propriétaires britanniques; ils recevaient en retour des
vêtements, de la poudre, du plomb et du rhum.
Les Anglais défrancisèrent les toponymes.
Le nom de la ville, qui avait été fondée par les Français en 1720, Port-La-Joy,
fut changé en 1768 par Charlottetown, en l'honneur de la reine Charlotte,
l'épouse de Georges III, alors roi du Royaume-Uni et roi d'Irlande.
La toponymie française disparut
pratiquement partout pour laisser la place dorénavant à des dénominations anglaises:
Stewart Cove (< Anse-à-la-Pirogue), Mermaid Cowe (< Anse-aux-Morts),
Holland Cowe (< Anse-aux-Sangliers), Big Pond (< Étang-du-Cap),
Orwell Bay (< Grande-Anse), Langley Point (< Pointe-à-la-Marguerite),
Johnson's River (< rivière des Blancs), Squaw Bay (< ruisseau à
Lafrance), etc. Dans certains cas, les nouvelles dénominations furent traduites
ou adaptées du français: Rustico (< Rassicot), Fortune Bay (< baie
de Fortune), St. Peter Island (< île Saint-Pierre), Three Rivers
(< Trois-Rivières), Traverse Cape (< cap Traverse), West Point (<
Pointe-de-l'Ouest), etc.
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En 1799, le nom de St. John Island
fut changé en
Prince Edward Island
(en français: île du Prince-Édouard) en l'honneur du prince Edward, duc de Kent (1767-1820), père de la reine
Victoria; le prince Edward commandait alors les troupes britanniques à
Halifax. En fait, les
Britanniques ont changé le nom de St. John pour mieux distinguer l'île des
autres régions ou villes portant ce nom dans la zone atlantique, tels St. John
au Nouveau-Brunswick et St. John à Terre-Neuve. En
1822, la population passa de quelque 24 600 habitants pour atteindre 32 292 en
1833 et 62 000 vers 1850. L'île était peuplée de descendants des loyalistes
américains auxquels sont venus s'ajouter les Highlanders écossais amenés
au début du XIXe siècle,
suivis de nombreux colons britanniques après les guerres
napoléoniennes.
L'anglais devint donc la langue véhiculaire des habitants, même si certains
Highlanders conservaient leur langue celtique écossaise dans leurs communautés
immédiates. Néanmoins, une petite partie de l'Acadie francophone
de l'île survécut; de petites communautés s’organisèrent, tant bien que mal,
malgré leur éparpillement. En 1830, on comptait six écoles acadiennes et 13 en
1854. |
3.3 L'entrée de l'île dans la Confédération
canadienne (1773)Quelques décennies plus tard, soit
en 1864, la colonie britannique de l'Île-du-Prince-Édouard accueillit la Conférence de
Charlottetown, qui portait sur une possible union des colonies de l'Amérique du Nord britannique.
À l'origine, la plupart des délégués de l'île voyaient peu d'avantages à se joindre à une union des colonies
britanniques, car ils craignaient de perdre leur assemblée législative ainsi que le contrôle de
leurs propres affaires. Les représentants de l'île refusèrent tous les
projets d'adhésion jusqu'en 1872. En novembre de cette année-là, le gouvernement de l'Île-du-Prince-Édouard
entreprit lui-même des démarches auprès des Canadiens pour joindre éventuellement la Confédération.
L'année suivante, les représentants soumirent à l'Assemblée législative une résolution en faveur de l'Union; tous les députés, sauf deux,
votèrent en faveur de la Confédération.
- Une province canadienne
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La province de l'Île-du-Prince-Édouard
entra officiellement dans la Confédération le 1er
juillet 1873 en tant que 7e province. À
cette époque, le Canada était encore relativement petit: il ne
comprenait que que, d'ouest en est, le Manitoba, l'Ontario, le
Québec, le Nouveau-Brunswick, la Nouvelle-Écosse et
l'Île-du-Prince-Édouard. Si les trois dernières provinces
conserveront leur superficie d'origine, il ne sera pas ainsi des
trois autres qui verront augmenter considérablement leur superficie.
En 1873, la population de la
province était alors de 94 021 habitants et était surtout constituée de
Britanniques, d'Irlandais, d'Écossais et d'Acadiens (Tignish, Malpèque, Rustico
et Baie-de-Fortune). Le recensement officiel de 1881 révélait une population de
108 891 habitants, dont 10 751 Acadiens, soit 10 % de la population. |
- Une politique d'assimilation
Toutefois,
la politique d'assimilation pratiquée par le gouvernement de l'île eut pour
effet de mener les Acadiens à la quasi-disparition des acquis, notamment en
matière scolaire. Les écoles françaises furent simplement interdites. Puis l'Association des instituteurs acadiens de l’Île
fut créée en 1893 afin d’encourager l’enseignement du français dans les écoles
publiques. Le gouvernement accepta de se rendre aux doléances des francophones
en autorisant la création d'écoles acadiennes bilingues. La Société Saint-Thomas-d’Aquin (SSTA)
fut fondée en 1919 et se chargea d’amasser des fonds destinés à l’éducation
de la jeunesse acadienne.
La SSTA regroupe aujourd’hui 17 associations locales, régionales et
provinciales. Son objectif est d'assurer des services et des programmes pertinents aux
besoins culturels de la communauté acadienne.
Vers 1929, la moitié des élèves acadiens fréquentait
encore des écoles anglaises. Dix ans plus tard, l'enseignement du français dans
les écoles acadiennes consistait en des cours de lecture et de grammaire, puis
quelques dictées et compositions, le reste étant entièrement en anglais.
En raison des pressions politiques et des pétitions, le
ministère de l'Éducation prépara un nouveau programme en 1939 dans lequel le
français devint la langue d'enseignement jusqu'en sixième année, sauf pour les
mathématiques (en anglais). Jusque dans les années cinquante, ces écoles, surtout dans
les milieux ruraux, étaient fort rudimentaires et ne
bénéficiaient guère des mêmes avantages que les écoles rurales anglophones. Par
exemple, en 1944, la grande majorité des écoles acadiennes (405 sur 473) ne
comptaient qu'un seul local pour tous les élèves regroupés autour d'un poêle à
bois, sans toilettes intérieures ni eau courante.
- Une politique plus conciliante
Lentement, la situation des Acadiens s'améliora en matière
scolaire, surtout dans les années 1980. Dès lors, ils eurent accès à des
écoles françaises. Même si l'Administration
provinciale assurait ses services en anglais, elle créa en 1987 un «bureau
régional polyvalent» en français dans la région d'Évangéline. En 2000,
une
Entente Canada / Île-du-Prince-Édouard sur la promotion des
langues officielles devait permettre en principe au gouvernement de mettre en œuvre sa
French Language Services Act
adoptée en avril 1999. Le but de cette loi était d'étendre les services en
français de la part du gouvernement et de contribuer ainsi à l'épanouissement des communautés
francophone et acadienne de la province. Toutefois, une décennie plus
tard, de nombreuses dispositions de la loi n'étaient pas encore
mises en vigueur.
En avril 2013, la
Loi sur les services en français a été
adoptée et abrogeait celle de 1999. La nouvelle loi est plus réaliste et plus
flexible que l'ancienne loi. Le gouvernement ne prétend pas rendre bilingue tout
l'appareil de l'État, mais certains services jugés prioritaires sent désormais
offerts en français et d'autres s'y ajouteront, selon les besoins de la
communauté acadienne et selon les moyens du gouvernement. La nouvelle
Loi sur les services en français reprend des
éléments importants de l'ancienne loi, comme la correspondance et la
signalisation routière en français. Il existe aussi un mécanisme de plainte dans
la nouvelle loi, ce qui permettra à la communauté francophone de porter plainte
lorsqu'elle le juge nécessaire. La loi est suivie d'un
règlement (1993).
4 La politique
linguistique
Le
gouvernement de l'Île-du-Prince-Édouard a commencé à assouplir sa politique
restrictive à l'égard des francophones après avoir perdu plusieurs batailles
judiciaires. Le 13 janvier 2000, la Cour
suprême du Canada a rendu un important jugement, qui obligeait le gouvernement
provincial à créer une école française pour les enfants francophones de
Summerside. En 2013, le gouvernement provincial a adopté une nouvelle loi linguistique: la
Loi sur les services en français
et un
Règlement.
Ce sont ces deux documents qui définissent la politique du gouvernement
en la matière.
4.1
La Loi sur les services en français de 1999
La loi de 1999 sur les services en français, la
French Language Services Act, avait été
adoptée uniquement en anglais. Elle s'est révélé inadéquate au point où elle n'a
été que fort peu appliquée, sans compter que plusieurs des articles n'ont jamais
été promulgués: 5, 6, 8, 11, 12 et 13. Voici un bref résumé de cette loi
aujourd'hui abrogée.
Le préambule
soulignait l’importance de la communauté acadienne et francophone dans l’Île-du-Prince-Édouard
et l’engagement que le gouvernement de l’Île croyait prendre envers elle, alors
que l'article
1er définissait les termes et expressions utilisées dans la loi. L’article 2
définissait les paramètres de l’utilisation du français
au sein de l’Assemblée législative, précisait l’étendue des services
en langue française offerts par les organismes gouvernementaux, établissait
dans quelle mesure la langue française pouvait être utilisée dans
l’administration de la justice et contribuer ainsi au développement et à la
promotion de la communauté acadienne et francophone:
Article 2
(traduction)
Objet
La présente loi a pour objet de
:
a) définir les paramètres de l’utilisation
du français au sein de l’Assemblée législative;
b) préciser l’étendue des services
en langue française offerts par les organismes gouvernementaux;
c) préciser dans quelle mesure la
langue française peut être utilisée dans l’administration de la justice;
d) contribuer à l’épanouissement et à
l’essor de la communauté acadienne et francophone.
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L’article 5 (non promulgué)
énonçait que les textes législatifs
de l’Assemblée législative et du Conseil exécutif devaient être déposés,
modifiés, adoptés et publiés en anglais et en français, et que les versions
anglaise et française des textes législatifs faisaient également autorité. L’article 6 (non promulgué) établissait le droit de
communiquer en français avec tout organisme du gouvernement de l’Île-du-Prince-Édouard
et d’en recevoir des services en français lorsque les conditions voulues
semblaient
réunies. L’article 7 énumérait les
obligations des
organismes gouvernementaux relativement à la correspondance, aux formulaires et
aux cartes d’identité, aux renseignements destinés au grand public, aux
campagnes d’information à l’intention du grand public, aux demandes de
communication en anglais ou en français et à la nomination de membres de la
communauté acadienne et francophone à différents conseils, commissions,
agences et organismes.
L’article 9 prescrivait que les
inscriptions qui figurent sur les panneaux de signalisation routière doivent
être rédigées
en anglais et en français ou que des pictogrammes soient utilisés. Quant à l’article 10,
il établissait que
l’appellation d’une communauté figurant sur les panneaux de signalisation
soit déterminée en tenant compte de l’appellation employée par ses
habitants, de l’existence d’une communauté acadienne et francophone et du
nom historique du lieu.
Les articles 11, 12 et 13
(non promulgués) concernaient l’administration de la justice, mais ces
articles n'ont jamais été promulgués. En résumé, la loi permettait qu'un citoyen
ou une partie était habilitée à
employer le français dans une procédure devant la Cour
provinciale ou la Cour suprême de l'île. La cour avait
l’obligation de fournir des services d’interprétation
simultanée de l’anglais vers le français ou du français vers l’anglais lorsque l’une des parties en
faisait la demande. Les articles 14, 15, 16, 17 et 18 régissaient
l’application de la loi; l’article 18 conférait au gouvernement le pouvoir d’élaborer des règlements.
Par comparaison, la nouvelle Loi
sur les services en français (2013) permet d'harmoniser les besoins
prioritaires de la communauté acadienne et francophone avec les capacités du
gouvernement à offrir des services en réponse à ces besoins. En s'appuyant sur
le cadre législatif de la loi originale, elle permet la désignation officielle
des services qui doivent être offerts en français par le gouvernement (art. 3):
correspondance (art. 4), panneaux toponymiques (art. 5), nominations (art. 6).
De plus, elle comprend un mécanisme de reddition des comptes sous forme de plans
et de rapports annuels qui seront soumis par les institutions gouvernementales
assujetties. Un mécanisme de plaintes (art. 11) pour les services désignés est
également instauré à cet effet.
4.2 La langue de la législation
L'anglais est en principe la seule langue utilisée
à l'Assemblée législative de Charlottetown; les lois
ne sont rédigées et promulguées qu'en anglais, sauf dans certains cas comme la
Loi sur les services en français de 1993 et
le Règlement général sur les services en
français. Autrement dit, ce ne sont pas toutes les lois
qui seront déposées, modifiées, adoptées et publiées à la fois en anglais et en français.
Les francophones de la province pourraient théoriquement faire
élire cinq députés, compte tenu de leur nombre. Cependant, en raison de leur
dispersion, ils réussissent généralement à élire un seul ou deux députés. Normalement,
un francophone fait partie du Conseil des ministres (le cabinet provincial).
4.3 Les langues de la
justice
Il n'y aucune obligation constitutionnelle d'offrir des services
judiciaires et juridiques en français dans la province de
l'Île-du-Prince-Édouard. Dans
cette province, les cours civiles n'ont toujours fonctionné qu'en anglais,
mais depuis 1988 il est possible d'obtenir des procès en français
en matière criminelle. La communauté francophone revendique,
depuis longtemps, mais sans succès jusqu'à présent,
la nomination d'un juge bilingue afin d'avoir accès à des
procès en français, sans devoir faire appel à des
juges du Nouveau-Brunswick qui parlent français.
Pourtant, l'article 11 de
l'ancienne loi sur les services en français énonçait que
le français pouvait être utilisé dans une procédure devant
la Cour provinciale et la Cour suprême de
l'Île-du-Prince-Édouard. En vertu de l'article 12, les
décisions de la cour provinciale et de la Cour suprême
devaient être rendues simultanément en français et en
anglais dans les cas où le français a été utilisé lors des
procédures. La Cour provinciale et la Cour suprême devaient
s'assurer qu'un justiciable a le droit d'être entendu en
français ou en anglais selon son choix et prévoyait
l'utilisation de la traduction simultanée dans le cas où une
partie en fait la demande. Comme on le sait, aucune de ces
dispositions n'ont été promulguées.
Il faut ajouter que l’Île-du-Prince-Édouard
respecte les dispositions du
Code criminel canadien
(1985) et qu'elle offre des services en matière
de droit criminel en français. On compte des juges bilingues
à la Cour suprême de l'Île-du-Prince-Édouard. Si l'ancienne
loi sur les services
en français de l’Île-du-Prince-Édouard incluait des
dispositions (articles 11, 12 et 13) en ce qui concerne l’administration de la justice,
la nouvelle loi n'en compte pas. Néanmoins, la province est maintenant assujettie aux dispositions du
Code criminel canadien
et offre
donc des procès en matière de droit criminel en français. Il n'y a
qu'un seul juge bilingue rattaché aux services judiciaires et juridiques de la
province. Il n'y a pas de greffier bilingue et le personnel de soutien au palais
de justice est unilingue anglophone. En fait, les justiciables francophones ont
accès à la justice dans leur langue lorsqu'il s'agit d'une cause criminelle,
mais ils n'ont pas accès à la justice dans leur langue lorsqu'il s'agit d'une
cause civile. Les capacités linguistiques dans la langue officielle minoritaire
demeurent encore très limitées, mais des services de traduction peuvent être
offerts. D'après l'article 8 de la
Loi sur
le sténographe officiel (2012), le sténographe
officiel est présent pour enregistrer la procédure dans
l'une ou l'autre des langues officielles:
Article 8
(traduction) Transcription dans l'autre langue
officielle
3) Lorsqu'une transcription de la
procédure ou toute partie de celle-ci, qui a été rapportée dans
l'une des langues officielles, est demandée à être présentée dans
l'autre langue officielle par un juge qui préside aux fins d'une
procédure devant la Cour, le chef sténographe officiel doit désigner
une personne qui, à son avis, est qualifiée pour présenter, dans la
langue officielle nécessaire, une transcription dans cette langue
officielle. |
D'ailleurs, l'article 5 de la
Loi sur l'exécution réciproque des jugements
(1988) est claire à ce sujet, il faut une traduction en anglais lorsqu’un
jugement à enregistrer en vertu de la présente loi est dans
une autre langue que l’anglais:
Article 5
(traduction)
Lorsqu’un
jugement est dans une langue autre que l’anglais
Lorsqu’un
jugement à enregistrer en vertu de la présente loi est dans
une autre langue que l’anglais :
(a) le jugement ou la
copie authentifiée ou certifiée conforme dudit jugement,
selon le cas, doit être accompagné à toute fin que de
droit d’une traduction en anglais approuvée par la Cour, et
(b) à la suite d’une
telle approbation, le jugement sera présumé être en anglais.
|
Néanmoins, en vertu de la
Loi sur la Cour provinciale
(1997), le lieutenant-gouverneur
en conseil (le cabinet des ministres) peut temporairement
nommer un juge d'une cour provinciale d'une autre province
autre que l'Île-du-Prince-Édouard afin de présider un procès
en français :
Article
2.1
(traduction)
Juge
bilingue
1)
Nonobstant toute autre disposition dans la présente loi,
si un accusé demande que les instances judiciaires
soient exercées en français, le lieutenant-gouverneur en
conseil peut nommer un juge bilingue de la Cour
provinciale d’une province autre que
l’Île-du-Prince-Édouard pour présider à de telles
instances.
|
Dans la province, la demande de services
en français est relativement limitée.
Seulement le quart des justiciables
francophones demande des services
judiciaires et juridiques en français.
Selon les renseignements recueillis, il
n'y aurait pas plus de trois ou quatre
procès criminels en français par année.
Il est possible que ce faible taux de
demande de services judiciaires en
français soit dû à la perception de
coûts additionnels associés au choix de
procéder en français.
Il ne faut pas faire d'illusion, la
langue des procès demeure l'anglais. En
effet, l'article 5 de la
Loi sur les jurés (1980)
rend obligatoire la maîtrise de
l'anglais pour faire partie d'un jury:
Article 5
(traduction)
Non-habilité
linguistique comme juré
Les personnes suivantes sont non
habilitées à servir comme juré:
(j) les personnes qui sont incapables
de comprendre la langue dans laquelle se déroule le procès.
|
Enfin, en vertu
de la
Loi sur le mariage
(1988), l'article 9 précise qu'il n'est
pas possible de célébrer un mariage
lorsqu'une ou toutes les parties ne
comprennent pas la langue dans laquelle
le mariage doit être célébré, sauf si un
interprète n'est présent pour
interpréter et expliquer clairement
auxdites parties la signification de la
cérémonie:
Article 9
(traduction)
Un interprète est exigé lorsque:
2) Aucun membre enregistré du clergé ou le juge de la Cour suprême ne
célébrera de mariage lorsqu'une ou toutes les parties ne comprennent pas
la langue dans laquelle le mariage doit être célébré, sauf si un
interprète n'est présent pour interpréter et expliquer clairement
auxdites parties la signification de la cérémonie. |
En somme, la promulgation des articles de l'ancienne
loi sur les services en français ayant trait à l'administration de la justice aurait
certainement pour effet d'améliorer l'accès aux services judiciaires et
juridiques en français dans cette province. Les défis de l'accès à la justice en
français à l'Île-du-Prince-Édouard demeurent donc importants.
4.4 L'Administration
provinciale
L'Administration
provinciale assure
ses
services partout en anglais, mais dispose d'un «bureau régional
polyvalent» en français dans la région d'Évangéline
(depuis 1987). Par contre, aucun usage du français n'est prévu
dans les services sociaux et les services de santé, sauf à
Charlottetown et à Summerside, où existent quelques postes
bilingues.
C'est pourquoi la plupart des francophones de cette province
se plaignent de la piètre qualité des services des gouvernements
provincial et fédéral, notamment en ce qui a trait aux communications
téléphoniques et aux communications orales avec les fonctionnaires. Aucune loi ou politique ne garantit des services en
français au sein des municipalités, mais les villes d’Abram-Village et de
Wellington offrent des services en français.
En 1993, la
Loi sur les services en français énonçait des
services désignés en français et en anglais:
Article 3
(version officielle)
Services désignés en français et en anglais
1) Les institutions gouvernementales font en
sorte que tous les services désignés qu’elles fournissent soient offerts
au public en français ou en anglais au choix de la personne.
Offre active, qualité comparable
2) Les institutions gouvernementales font en
sorte:
(a) que des mesures soient prises, conformément aux
règlements, pour informer le public que leurs services désignés sont
offerts en français ou en anglais au choix de la personne;
(b) que les services désignés dont elles assurent la
prestation soient de qualité comparable en français et en anglais.
Service direct ou indirect
3) Il est entendu que le
présent article s’applique aux institutions gouvernementales, que
celles-ci fournissent leurs services désignés directement ou par
l’entremise de tiers.
|
Ces services désignés dans le
Règlement général sur les services en
français (2013)
sont décrits dans la deuxième
colonne du tableau figurant à l’annexe, à côté ou à la suite du nom de
l’institution gouvernementale pertinente se trouvant dans la première
colonne :
Institution
gouvernementale |
Services
désignés |
Portée de la
désignation |
Department of
Tourism and Culture |
1. Tous les
services offerts en personne aux bibliothèques publiques
indiquées |
La désignation se limite
aux emplacements suivants:
(a) Bibliothèque publique d'Abram-Village,
Abram-Village;
(b) Bibliothèque publique Dr. J.-Edmond-Arsenault,
Charlottetown
(c) Bibliothèque publique J.-Henri-Blanchard, Summerside
La désignation se limite aux services offerts
en personne à ces emplacements. |
Department of
Transportation and
Infrastructure
Renewal |
1. Le
service d’information pour les voyageurs – 511 |
La désignation se limite à
la prestation de ce service par téléphone et sur le site Web du
Department of Transportation and Infrastructure Renewal. |
|
2. Les
panneaux de signalisation routière renfermant des mots et érigés
ou entretenus par le Department of Transportation and
Infrastructure Renewal |
La désignation se limite
aux panneaux de signalisation routière remplacés ou érigés après
l’entrée en vigueur du présent règlement.
La désignation ne s’applique pas aux types
suivants de panneaux de signalisation routière :
(a) les panneaux d’arrêt;
(b) les panneaux électroniques à messages variables.
La désignation ne s’applique pas aux mots
suivants qui figurent sur les panneaux de signalisation
routière:
(a) les noms propres;
(b) les mots « Trans Canada Highway » sur les emblèmes de la
route transcanadienne.
|
Dans les faits, ces services désignés comprennent les
services offerts en personne aux bibliothèques publiques indiquées, le
service d’information pour les voyageurs (le téléphone 511), ainsi que les
panneaux de signalisation routière renfermant des mots et érigés ou
entretenus par le Department of Transportation and Infrastructure Renewal.
C'est modeste comme services bilingues.
Selon l'article 4 de la Loi
sur les services en français, les institutions gouvernementales qui
reçoivent de la correspondance en français font en sorte qu’il y soit
répondu, par écrit, en français.:
Article 4
(version officielle)
Correspondance
1) Les institutions gouvernementales qui
reçoivent de la correspondance en français font en sorte qu’il y soit
répondu, par écrit, en français.
Consultations publiques
2) Les institutions gouvernementales qui tiennent
des consultations publiques, directement ou par l’entremise de tiers,
doivent:
(a) dans le cas d’une consultation publique tenue
sous forme écrite ou électronique, faire en sorte que la population
ait l’occasion d’y
participer en français et en anglais;
(b) dans le cas d’une consultation publique tenue au
moyen d’une ou de plusieurs assemblées publiques, faire en sorte que
la
population ait l’occasion de participer à au moins une d’entre elles
en français et en anglais.
|
L'article 12 de la Loi sur
les services en français prévoit aussi la possibilité que des citoyens
puissent porter plainte si celle-ci n'est pas respectée:
Article 12
(version officielle)
Plainte
1) La personne qui estime qu'une institution
gouvernementale ne s’est pas conformée ou ne se conforme pas aux
articles 3 ou 4 peut
formuler une plainte en ce sens auprès du coordonnateur de
l’institution, selon les délais suivants:
(a) dans un délai de 60 jours après la date du
défaut de conformité reproché;
(b) dans un délai de 60 jours après la date du début
de ce défaut, s'il s'étend ou s’est étendu sur une période de plus
d'un jour.
Forme de la plainte
2) La personne qui désire porter plainte en vertu
du paragraphe (1):
(a) énonce par écrit la plainte et les motifs s’y
rattachant;
(b) signe la plainte;
(c) signifie la plainte au coordonnateur.
|
Le gouvernement de l'Île-du-Prince-Édouard a élaboré
un document intitulé «Politique des services en français». Son but est de
continuer à améliorer les services en français tout en contribuant à la mise
en valeur et à l'épanouissement de la communauté acadienne et francophone.
Les objectifs sont de promouvoir et continuer à améliorer les services en français,
favoriser «l'utilisation des véhicules d'information de langue française»
afin de communiquer avec la communauté acadienne; de favoriser et promouvoir le
dialogue et la compréhension mutuelle entre le gouvernement de l'Île-du-Prince-Édouard,
la communauté acadienne et francophone et la communauté anglophone; d'inciter
la participation de la communauté acadienne et francophone au sein des divers
conseils, commissions et organismes gouvernementaux provinciaux; de promouvoir
une approche concertée entre les ministères et organismes gouvernementaux fédéraux
et provinciaux et la communauté acadienne et francophone afin d'assurer une
utilisation efficace des ressources bilingues; et d'encourager l'utilisation des
ressources bilingues afin d'en exploiter le potentiel en vue d'occasions
nouvelles avec des partenaires économiques.
Ajoutons que certains centres de santé offrent des services en
français et qu'ils ont des employés bilingues dans les secteurs suivants : santé
publique, orthophonie, soins à domicile, services sociaux, ergothérapie,
physiothérapie, services de nutrition, services d'allaitement, soins dentaires,
etc.
Il n'existe aucune politique officielle concernant les services
municipaux en français, mais certaines municipalités telles que Wellington et
Abram-Village offre des services dans cette langue.
Évidemment, un très petit nombre de policiers peut s'exprimer en français.
On songe aussi à bilinguiser
les panneaux routiers dans quelques municipalités.
|
Depuis quelque temps, le gouvernement provincial a apposé des
panneaux bilingues sur certaines routes importantes, conformément à
l'article 5 de la
Loi sur les services en français:
Article 5
(version officielle)
Panneaux toponymiques
Les institutions gouvernementales chargées d’ériger des
panneaux indiquant le nom de collectivités consultent au préalable la
population locale sur le nom à y faire figurer et tiennent compte de
leur nom d’usage courant, de leur nom historique et des liens culturels
des Acadiens et des
francophones envers elles.
|
|
En 2010, la Province a adopté une version française de l'hymne national:
en anglais
"The Island Hymn", en français «L'hymne de l'Île».
En vertu de l'article 1er
de la
Loi sur
l'hymne provincial (2010), le texte de la
version anglaise fut rédigé par la romancière
Lucy Maud
Montgomery, mais les paroles de la version française (une
adaptation) ont été composées par Raymond J. Arsenault :
Article 2
(traduction) L'hymne de l'Île
La chanson, connue comme «L'hymne de l'Île» d'après le texte de
Raymond J. Arsenault, tel qu'énoncé dans la partie II de l'annexe à
la présente loi, et avec une musique de Lawrence W. Watson, est
adoptée et sera la version française de l'hymne officiel provincial
de l'Île‑du‑Prince‑Édouard.
|
De plus,
une Entente
Canada / Île-du-Prince-Édouard (2013) sur la promotion des langues
officielles a pour but d'aider le gouvernement de l'Île-du-Prince-Édouard
à mettre en œuvre sa législation en matière de langues.
Depuis le mois de janvier 2014, le Centre de formation
linguistique du gouvernement de l’Île-du-Prince-Édouard offre une formation
aux employés de la fonction publique qui désirent apprendre, améliorer ou
perfectionner leurs habiletés en français. Cette formation est offerte en
partenariat avec le Collège Acadie Î.-P.-É, par différents moyens, par
exemple, des cours en classe le soir ou des cours virtuels, pour un total de
11 semaines par semestre à Charlottetown et à Summerside. Des cours de
maintien des acquis sont également offerts aux employés bilingues. Le
premier objectif de «la politique de formation linguistique en français» est
de maintenir et d’améliorer la qualité du français dans la prestation de
services au public conformément la loi sur les services en français. Le
second objectif est d’offrir des possibilités d’apprentissage tous les
employés du gouvernement qui désirent apprendre le français. Le Service de
traduction du gouvernement de l’Île-du-Prince-Édouard est un service interne
offert aux membres de la fonction publique provinciale.
4.5 L'éducation
Dans le domaine de l'éducation, des modifications
à la School
Act
(ou Loi scolaire) autorisent, depuis 1980, des programmes scolaires en
français pour les francophones de la province. En 1986, le gouvernement de la
province a référé la question scolaire à sa Cour d'appel, en invoquant le prétexte
que les francophones n'étaient pas «en nombre suffisant» pour bénéficier d'écoles
en français. La Cour d'appel de l'Île-du-Prince-Édouard a jugé (1988) que les
dispositions relatives au nombre d'élèves étaient incompatibles avec l'article
23 de la Charte des droits et libertés; elle estime aussi que, même si
la législation scolaire a été adoptée avant l'entrée en vigueur de la Charte
des droits et libertés, cela ne justifie pas l'inaction dans ce domaine.
Mais elle ne déclare pas la législation scolaire inopérante pour autant. Enfin,
en 1988, le gouvernement modifie la Loi scolaire pour la rendre conforme
aux prescriptions de la Charte canadienne.
L'article 112 de la Loi
scolaire reprend les dispositions de l'article 23 de la
Charte, mais restreint l'accès à l'école française à partir de la fameuse
clause du «là où le nombre le justifie». Le ministre de l'Éducation
peut utiliser son pouvoir discrétionnaire en statuant qu'il faut un minimum
de 25 élèves (étalés sur trois années successives) pour ouvrir une classe française.
Article 112
(traduction)
Français comme langue d'enseignement
(1) Soumis à la preuve d'admissibilité comme il est prescrit par
les règlements, les parents résidant à l'île du Prince-Édouard ont
le droit que leurs enfants reçoivent le français comme langue
d'enseignement lorsque le nombre le justifie, si l'un des critères
suivants est satisfait:
(a) La première langue apprise et toujours comprise du parent est
le français;
(b) Le parent a reçu son instruction en français dans une école
primaire au Canada comme première langue; ou
(c) Un enfant du parent a reçu ou reçoit sa première instruction
en français au Canada aux niveaux primaire ou secondaire.
Établissements scolaires francophones
(2) Lorsque le nombre le justifie, le français comme langue
d'enseignement tel que prévu au paragraphe (1) est offert dans des
établissements scolaires francophones conformément aux règlements.
Participation dans l'administration et la gestion
(3) Les résidents de la province qui satisfont aux qualifications
du paragraphe (1) ont le droit de participer à l'administration et à
la gestion du français comme langue d'enseignement, qu'ils aient des
enfants ou non.
1993, c.35, s.112.
|
E
n 1996, la Fédération des
parents de l'Île-du-Prince-Édouard a revendiqué une
école locale de langue française à Summerside pour
les 181 élèves qui s'y trouvent (soit 127 au primaire et
54 au secondaire). Présentement, la plupart de ces élèves
sont obligés d'effectuer la navette entre Summerside et l'école Évangéline d'Abrams-Village située à environ
30 kilomètres. Selon le ministre de l'Éducation, le réseau
de transport des écoliers suffirait amplement et que de nombreux
écoliers anglophones ont aussi à voyager 30 kilomètres
pour se rendre à l'école; la Fédération a décidé
de porter la cause devant la Cour suprême de la province. De plus,
le conseil scolaire francophone avait recommandé que des services
d'enseignement en langue française soient fournis à Summerside
dans des installations convenables. Finalement, la Cour suprême de
l'Île-du-Prince-Édouard a statué en faveur des parents.Pourtant, lors de louverture de la Législature
de février 1996, le lieutenant-gouverneur de l'Île-du-Prince-Édouard
avait déclaré au nom du gouvernement: «Mon gouvernement verra
à l'application d'une nouvelle politique sur les services en français.
En plus d'améliorer les services aux insulaires de langue française,
la politique sera une expression de notre appui aux deux langues officielles
du Canada et de foi en notre pays.» Heureusement que les jugent ont décidé
à la place du gouvernement!
Le 13 janvier 2000, dans l'arrêt Arsenault-Cameron c.
Île-du-Prince-Édouard, la Cour suprême du Canada a renversé une décision de
la Cour d'appel de l'Île-du-Prince-Édouard et indiqué qu'il y avait suffisamment
d'enfants francophones à Summerside pour justifier l'ouverture d'une école de
langue française dans cette communauté. En effet, la Cour a conclu que, en vertu
de l'
article23 de la Charte canadienne des
droits et libertés, la province avait le devoir d'offrir l'instruction
dans la langue de la minorité linguistique officielle lorsque le nombre le
justifiait. Il s'agissait d'une interprétation reposant sur les droits scolaires
prévus à l'article 23, dont l'objectif réel est de remédier à des injustices
passées et d'assurer à la minorité linguistique officielle un accès égal à un
enseignement dans sa propre langue. Suite à l'arrêt de la Cour
suprême du Canada de janvier 2000, le gouvernement provincial fut obligé
de créer une école française pour les enfants francophones de Summerside.
La Cour suprême a même précisé, pour la première fois, la
signification de l’expression là où le nombre le justifie. Les
juges ont fait référence à un chiffre précis, soit un nombre d’élèves
qui serait entre 49 et 155 et qui serait suffisant pour qu’une minorité
linguistique officielle puisse avoir son école. Les écoliers francophones de
la région de Summerside pourront donc obtenir une école financée par l'État dans
leur communauté, même s'il en existe déjà une, plus grosse mais située à
quelques dizaines de kilomètres de chez eux. Les juges ont reproché au ministre
de l'Éducation de la province d'avoir voulu appliquer un traitement similaire à la minorité francophone et
à la majorité anglophone, notamment sur la durée de transport maximale
permise. Or, selon la Cour suprême, la norme devrait être moins élevée pour
les francophones parce qu'un long trajet a pour effet de les dissuader à
fréquenter l'école française et a «une incidence sur l'assimilation des
enfants». La Cour a aussi ordonné au gouvernement de la province de rembourser
aux appelants, les parents francophones, tous les frais judiciaires engagés
depuis 1994 dans cette affaire.
Évidemment la Fédération des communautés
francophones et acadienne, par la voix de son président, a applaudi à la
décision de la Cour: «La Cour suprême confirme unanimement que la gestion
scolaire (pour les francophones), c’est non seulement la gestion elle-même,
mais aussi les écoles, les infrastructures.» Selon l’organisme, ce jugement
de la Cour suprême du Canada confirme que la survie des francophones passe
aussi par la construction des infrastructures et que les conseils scolaires ont
pleine juridiction sur la gestion de leurs écoles.
|
À l'heure actuelle, l'Île-du-Prince-Édouard compte six écoles françaises au primaire
et au secondaire (d'est en ouest): l’école La-Belle-Cloche à Fortune Bridge /
Souris dans King-Est, l'école François-Buote à Charlottetown,
l'école Saint-Augustin à Rustico, l’École-sur-Mer à Summerside, l'école Évangeline
à Wellington et l'école Pierre-Chiasson à Deblois dans West Prince (voir la carte de gauche) et
plusieurs autres établissements scolaires offrant des programmes d'immersion ainsi qu'un centre
scolaire et communautaire (Carrefour de l'Isle-Saint-Jean) à Charlottetown.
|
4.5 Les médias
Les anglophones disposent des quotidiens The Guardian et The
Journal-Pioneer, ainsi que des hebdomadaires The Eastern Graphic,
The Island Farmer, West Prince Graphic et The Buzz (mensuel).
À la radio, il existe sept stations, dont CBC, CHLQ-Magic, CHTN-Ocean, K-Rock,
disponibles en anglais. Pour la télévision, mentionnons CBC et CTV, Atlantic
Television (ITV) et East-Link Community Television.
|
Chez les francophones, l’hebdomadaire La Voix acadienne,
fondé en 1975, est le seul journal de langue française publié à
l’Île-du-Prince-Édouard. Les francophones ont accès aux émissions radiophoniques
de Radio-Canada. De plus, Radio Beauséjour, la radio communautaire du sud-est du
Nouveau-Brunswick, est accessible dans certaines régions de
l’Île-du-Prince-Édouard. Pour la télévision, la Société Radio-Canada de
Montréal, Moncton ou Charlottetown diffuse des émissions quotidiennes; TQS, TVA,
RDI et RDS ainsi que certaines chaînes de télévision en provenance du Québec
sont accessibles par câblodistribution. |
Dans le domaine touristique, les exploitants d'entreprises
qui offrent des services en français doivent apposer des symboles désignés à
cet effet.
Jusqu'à
récemment, la province de l'Île-du-Prince-Édouard n'offrait aucune reconnaissance juridique
assurant un statut quelconque au français. Il s'agissait de mesures minimales imposées
par les tribunaux afin de se conformer à l'article 23 de la Charte
des droits et libertés. Il n'y avait là rien de bien
exceptionnel. Néanmoins, le gouvernement semble avoir posé des gestes concrets pour
améliorer quelque peu la situation des francophones en matière
scolaire. Il reste maintenant à appliquer la Loi sur les services en
français (2013). Il est à espérer que le gouvernement
s'acquittera de ses obligations à l'endroit de sa minorité francophone et
qu'elle ira même au-delà des dispositions de la loi, car jusqu'ici les
francophones et Acadiens de cette
province ont bénéficié d'une législation strictement théorique (celle de 1999).
Dernière mise à jour: le
08 février, 2024
Cartes sur
l'évolution des établissements acadiens.