Traité d'Utrecht de 1713

Explication préliminaire

Quand on mentionne le traité d'Utrecht (Pays-Bas), il faut préciser qu'il y en a eu deux :

1) le premier fut signé à Utrecht, le 11 avril 1713, entre la France et la Grande-Bretagne;
2) le second, encore signé à Utrecht, mais le 13 juillet 1713, entre l'Espagne et la Grande-Bretagne.

États impliqués

En mettant fin à la guerre de Succession d'Espagne (1701-1714), le traité impliquait, d'une part, la France et l'Espagne, d'autre part, la Grande-Bretagne, la Hollande, le Portugal, la Prusse et la Savoie.

En ce qui a trait à la France, Louis XIV reconnaissait les droits de George Ier au trône d'Angleterre et s'engageait à ne plus soutenir les Stuarts. La France restituait à l'Allemagne les villes de Brisach, de Fribourg et de Kehl. Louis XIV conservait ses principaux territoires acquis et la présence d'un Bourbon, son petit-fils, sur le trône d'Espagne sous le nom de Philippe V, tout en renonçant à ses droits sur le trône de France.

De son côté, la Grande-Bretagne recevait de la France certains territoires d'Amérique : les colonies de Terre-Neuve, l'archipel de Saint-Pierre-et-Miquelon, l'Acadie péninsulaire (Nouvelle-Écosse), le territoire de la baie d'Hudson, ainsi que l'île Saint-Christophe aux Antilles.

L'Espagne cédait à la Grande-Bretagne les territoires stratégiques de Gibraltar (article 10 du traité du 13 juillet) et de Minorque, sans oublier, pour une période de trente ans, le monopole de la traite des Noirs dans les colonies d’Amérique.

Dans les Caraïbes, la France perdait l’île de Saint-Christophe (carte: Saint-Kitt-et-Nevis ou Saint-Christophe-et-Niévès) au profit de la Grande-Bretagne. Or, la partie française de Saint-Martin (ainsi que l’île de Saint-Barthélemy) était reliée administrativement à Saint-Christophe (dont elle dépendait). La perte de Saint-Christophe, qui coupait tout lien naturel avec la France, fit que la partie française de Saint-Martin dut ne compter que sur elle-même pendant un certain temps (1713-1763).

L'Autriche recevait (en jaune) de l'Espagne les provinces méridionales des Pays-Bas, ainsi que le Milanais (Italie), Mantoue (Italie), Naples (Italie) et la Sardaigne (bientôt échangée contre la Sicile). L'empereur germanique Charles VI restituait en contrepartie ses États aux électeurs de Bavière et de Cologne. L'électeur de Brandebourg était reconnu roi de Prusse.

La Savoie, alors un duché autonome, recouvrait le territoire occupé par les Français ainsi que la Sicile (qu'il allait échanger avec l'empereur contre la Sardaigne). En revanche, la France recevait du duc de Savoie la vallée de Barcelonnette (Provence-Alpes) et la principauté d'Orange.

Quant aux Pays-Bas, ils obtenaient le droit d'ériger, à la frontière française, une série de huit forteresses (Furnes, Ypres, Menin, Tournai, Mons, Charleroi, Namur et Gand), défendues par des garnisons hollandaises.

Comme c'était la coutume à l'époque, les populations directement concernées par le traité d'Utrecht, par exemple les colons d'origine européenne et les autochtones d'Amérique du Nord, ne furent jamais été consultées.

En conclusion, on peut dire que tous ces accords avantageaient avant tout la Grande-Bretagne, car c'est elle qui y gagnait le plus. À l'opposé, l'Espagne y perdait le plus, ensuite c'était la France qui perdait une bonne partie de ses possessions en Amérique du Nord, prélude à la perte de l'ensemble, quelque quarante-cinq ans plus tard.

En matière de langue, la version officielle du traité d'Utrecht est en latin, mais des traductions ont été faites, selon le cas, en français, en anglais et en espagnol.  

Article 10 du traité (Espagne & Grande-Bretagne)
concernant Gibraltar et Minoque

Articles 10 à 15 du traité (France & Grande-Bretagne)
concernant Terre-Neuve, la Baie d'Hudson et l'Acadie

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