- Les archaïsmes
Dans le lexique du français acadien, on peut donc rencontrer
beaucoup d'archaïsmes
:
- abric, abrique:
«abri»,
-
abrier, abriller, abriquer
: «couvrir»,
-
aveindre, aouindre, aoueindre
:
«retirer un objet placé haut ou loin»,
-
bailler, bayer
: «donner»,
-
baliage
: «balayage»,
-
bènaise, bénaise, benaise
: «content»,
-
coquemar, coquemard
: «bouilloire»,
-
courte-haleine
: «asthme»,
-
déconforter
: «se décourager»,
-
hardes
: «vêtements», dérivé du verbe esharber (esherber):
«butter et sarcler les champs»,
-
hucher
:
«crier»,
- présent
: «cadeau»,
- si ça
adonne : «si l'occasion se
présente»
Le français acadien a conservé plusieurs substantifs
français formés à l'aide du suffixe
-ance. Par exemple
accoutumance: «habitude»;
souvenance :
«souvenir» ou
usance : «usage». Certains
archaïsmes (baillarge
: «orge» ) sont attestés en France encore au début du XXe siècle.
- Le français populaire
Dans le français acadien, il est
possible de découvrir également plusieurs expressions du français
populaire :
-
balier :
«balayer»,
-
clairté : «clarté»,
Et surtout les dialectismes de l'Ouest
:
- aiguail, égail, aigail
: «rosée»,
- apiloter,
apilotter, appiloter, piloter :
«mettre en tas»,
- bâsir, basir :
«disparaître»,
- s'écarter
: «s'égarer»,
- éloise: «éclair
d'orage»;
il existe aussi le verbe
éloiser : «faire des éclairs
d'orage» (il éloise),
- embourrer : «envelopper»,
«couvrir»,
-
s'émoyer, s'émoigner : «s'informer»,
- éparer,
épârer, eparer : «étendre»,
«répandre»,
- friper,
fripper : «lécher»,
- migaillère, mégaillère
: «ouverture d'une jupe»,
- noucle, nouc, nouque
: «nœud»,
- plaise, plaize : «plie»,
- salange
: «saumure»,
-
sargaillon, sergaillon : «personne malpropre, mal habillée»,
- zire :
«provoquer le dégoût»; les adjectifs zirable
(«dégoûtant») et zireux («qui montre du dégoût») ont été
dérivés du verbe zire.
Et ceux du nord-ouest de la France
:
- bedas :
«verrat»,
- bouillée : «touffe
de petites plantes», «bonne quantité de.. »,
- clairdiller, clardiller, clardeiller :
«reluire»,
-
chancre : «crabe»,
- se ouêtrer, se voitrer
:
«faire la sieste»,
- rousine,
rosine : «résine» ;
l'expression anglaise rosin a aidé à conserver le mot
rousine dans le français acadien,
- subler
: «siffler».
Souvent,
il est impossible de décider s'il s'agit d'un archaïsme ou d'un
dialectisme (dialectalisme). Par exemple le mot
charcois,
charcot:
«carcasse de phoque» est considéré en France comme un archaïsme, tandis
que dans les régions de
Poitou et de Saintonge il est couramment employé. Presque la moitié
des acadianismes empruntés aux dialectes français est originaire de
l'ouest de la France d'où est venue la majorité des premiers colons.
Seuls 15 % à 20 % des acadianismes sont originaires du nord-ouest de la
France, 10 % du Centre et 5 % des acadianismes ont été empruntés aux
dialectes parlés dans le nord et dans l'est de la France.
- Les expressions maritimes
Les Acadiens utilisent encore
plus que les Québécois les expressions maritimes dans un sens
plus général. Il s'agit par exemple des mots
suivants:
-
abrier : «couvrir»,
- amarre :
«corde»,
- amarrer : «attacher»,
-
baille : «cuve»,
- balise :
«arbuste qui indique le tracé d'une route en hiver»; le
verbe baliser («indiquer le tracé d'une route
en hiver») est aussi attesté,
- bord :
«chambre», «côté»,
- borgo, borgot :
«buccin»,
«corne de brume»; le verbe borgoter, borgotter, bargoter,
bergoter ou beurgotter a le sens de «crier».
- caler :
«s'enfoncer»,
- gaboter, caboter :
«aller
de part et d'autre»,
- haler : «tirer»,
-
paré : «prêt»,
- roulis de neige :
«congère».
Certaines expressions maritimes
(amarrer, haler, borgot, gaboter)
sont employées dans un sens plus large même aujourd'hui dans les
villes portuaires françaises.
- Les changements de sens
Certains mots n'ont pas la
même signification en France et en Acadie. On peut
citer, par exemple, les substantifs buvard:
«ivrogne», marionnettes
: «aurore
boréale», passe-pierre :
«plantain
maritime», saignée :
«ouverture
béante dans la glace», train :
«bruit», violon :
«mélèze».
- Les emprunts à l'anglais
Le français acadien a emprunté logiquement plusieurs mots à
l'anglais. Certains mots ont une prononciation et une
orthographe différentes de celles de l'anglais.
-
back :
«en direction de»,
-
béler
: «vider» (< to
bail en anglais),
- bocouite, boqouite,
buckouite :
«sarrasin» (< buckwheat en anglais),
-
fider, feeder
: «nourrir» (< to feed
en anglais),
-
peddler, pedler
:
«colporter» (to peddle en anglais),
-
sévèrer
:
«arpenter» (to survey en anglais),
-
stoque
: «petit tas de gerbes» (stook en anglais).
Dans le français
acadien, on peut remarquer plusieurs calques d'origine
anglaise. Il est possible d'indiquer le substantif
assaye
: «procès en cours de justice» (trial en anglais) ou
l'expression
surveiller la télévision
: «regarder la télévision».
- Les emprunts aux langues amérindiennes
Dans le français acadien, il existe aussi des emprunts aux
langues amérindiennes :
-
couimou
: «oiseau plongeon»,
-
escaouette
: «danse exécutée par les quêteurs de la Chandeleur»,
-
mocauque, môcôque, mocôque :
«terrain marécageux propice à la croissance des airelles»,
«fruit de l'airelle»,
-
machcoui, maskoui, machecoui, mashcoui, mashquoui :
«écorce du bouleau blanc»,
-
madouèce, madouesse
: «porc-épic»,
-
mascouèche, marchouèche, machecouèche
: «raton laveur»,
-
nagame
: «porte-bébé, dans lequel la femme porte son enfant au
dos»,
-
ouarouari, warwari:
«grand bruit»,
-
poulamon
: «poisson de petite taille ressemblant à la morue»,
-
taweille, taweye, tawoueille, taoueille
: «Amérindienne», «femme acariâtre».
La majorité de ces mots
a été empruntée à la langue des Micmacs. Plusieurs toponymes
acadiens
(Bouctouche, Scoudouc, Kouchibougouac, Memramcook)
sont également d'origine amérindienne.
- Les néologismes
Certains néologismes ont été créés dans le français acadien
(refoul :
«mascaret»,
aboiteau :
«clapet qui s'ouvre à marée descendante et se ferme à marée
montante»), mais leur nombre est largement inférieur aux
néologismes québécois parce que les Acadiens ne disposent
pas, à la différence des Québécois,
d'une institution chargée de la formation des néologismes
(Office
québécois
de la langue française).
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