République irakienne

Irak

1) Généralités

Capitale: Bagdad
Population: 34,1 millions (2014)
Langue officielle: arabe classique
Groupe majoritaire: arabe mésopotamien (51,3 %)
Groupes minoritaires: dialectes arabes (22 %), kurde (18 %), azéri (4 %), assyrien (1,3 %), farsi (1,2 %), turkmène (1 %), arménien (0,27 %), circassien (0,08 %), etc.
Système politique: république militaire à parti unique
Articles constitutionnels (langue):
 art. 4 et 125 de la Constitution de 2005. Voir aussi les constitutions provisoires depuis 1925.

Lois linguistiques:  Loi n° 33 du 11 mars 1974; Loi n° 64 sur la préservation de l'intégrité de la langue arabe (1977)
Lois à portée linguistique:
 
Accord d'autonomie irako-kurde (1970); Loi n° 3 sur la protection du droit d'auteur (1971); Loi n° 28 de 1983 ; Loi sur l'administration de l'État de l'Irak sous la période de transition (2004); Règlement d'accréditation des entités politiques (2008); Règlement d'exécution des contrats administratifs (2008).

1 Présentation générale

Au Proche-Orient, la république d’Irak (en arabe: Jumhuriyah al `Iraqiyah) est un pays de 434 128 km², soit quatre fois plus grand que la Jordanie, mais 3,7 fois plus petit que l'Iran. L'Irak est bordé par la Turquie (779 452 km²) au nord, par l'Iran (1 648 000 km²) à l'est, par l'Arabie Saoudite (2 240 000 km²) et le Koweït (17 800 km²) au sud, par la Jordanie (92 000 km²) et la Syrie (185 180 km²) à l'ouest.

Le pays est traversé du nord au sud par deux fleuves, le Tigre à l'est et l'Euphrate à l'ouest, qui se rejoignent au sud pour former le Chatt-al-Arab débouchant sur le golfe Persique par un vaste delta. L'Irak ne possède que 20 kilomètres de façade maritime sur le Golfe. Le pays tire son nom de sa situation géographique: en effet, le mot arabe Iraq signifie «bord de l'eau».  

Le drapeau de l'Irak est formé de fait de trois bandes horizontales rouge, blanche et noire, et reprend ainsi les couleurs panarabes, frappées de la devise en arabe Allah akbar («Allah est grand»). Le 22 janvier 2008, le Parlement irakien a adopté un drapeau national provisoire en supprimant les trois étoiles, lesquelles comprenaient la devise Wihda, Hurriyah, Ishtirrakiyah, c'est-à-dire «Unité, Liberté, Socialisme». C'est Saddam Hussein qui avait décidé de placer les mots Allah Akbar («Allah est grand)» entre les étoiles.

Selon l'Arrêté français du 4 novembre 1993 relatif à la terminologie des noms d’États et de capitales, il est recommandé d'écrire Iraq ou Irak (variante). Mais l'adjectif serait iraquien et non irakien. Toutefois, le Bulletin officiel du Ministère des Affaires étrangères de 2009 recommande plutôt irakien et propose Iraq comme variante. Dans le présent site, les graphies Irak et irakien/irakienne ont été privilégiées.

1.1 D'un État centralisé à un État fédéral

Depuis sa fondation lors du mandat britanniques (1920-1932), l’Irak était un État unitaire qui a connu des périodes de centralisation et de décentralisation, mais il est devenu une république centralisée dès les années 1960. Cette république fut gouvernée par Saddam Hussein du 16 juillet 1979 au 9 avril 2003. Cette année-là, l'attaque militaire menée par les États-Unis et le Royaume-Uni, soutenue par plusieurs autres pays, entraîna la chute du gouvernement de Saddam Hussein.

Par la suite, un gouvernement intérimaire irakien fut formé par la force multinationale présente en Irak (États-Unis, Royaume-Uni, etc.) comme gouvernement provisoire dans le but de gérer l'Irak jusqu'à la constitution du gouvernement de transition, lequel devait être mis en place après les élections du 30 janvier 2005. Une nouvelle constitution fut rédigée en 2005 et adoptée par les membres du Comité de rédaction constitutionnel irakien afin de remplacer la «loi pour l'administration de l'État de l'Irak sous la période de transition» (TAL). Puis le texte fut approuvée lors d'un référendum tenu le 15 octobre 2005. En octobre 2006, les députés irakiens ont adopté la loi sur le fédéralisme.

Ainsi, l'Irak est passé d’un État unitaire centralisé et fort à un État fédéral, avec une seule région autonome, le Kurdistan irakien (jusqu'à présent).

L'Irak est aujourd'hui une fédération composée de 18 gouvernorats ou provinces administratives (muhafazat) et d'une région autonome (Kurdistan irakien):

Provinces
(Muhafazat)

Population
(2011)
Pourcentage

Superficie
(en km2)

Capitale
(province)

Basrah (chiite/sunnite) 2 532 000 7,5 % 19 070 km² Bassora
Dhi Qar (chiite) 1 836 200 5,4 % 12 900 km² Nasiriyah
Muthanna (sunnite/chiite)    719 100 2,1 % 51 740 km² Samawah
Qadisiyah (chiite) 1 134 300 3,3 % 8 153 km² Diwaniyah
Nadjaf chiite/sunnite) 1 285 500 3,8 % 28 824 km² Nadjaf
Babil (chiite) 1 820 700 5,4 % 6 468 km² Hillah
Karbala  (chiite) 1 066 600 3,1 % 5 034 km² Kerbala
Maysan  (chiite)    971 400 2,8 % 16 072 km² Amarah
Wassit  (chiite) 1 210 600 3,5 % 17 153 km² Kout
Bagdad (chiite/sunnite) 7 055 200 20,9 % 734 km² Bagdad
Anbar (sunnite/chiite) 1 561 400 4,6 % 138 501 km² Ramadi
Ninawa ou Ninive (sunnite/kurde) 3 270 400 9,7 % 37 323 km² Mossoul (Mawsil)
Salah ad-Din ou Saladin (sunnite/kurde) 1 408 200 4,1 % 24 751 km² Samarra
Kirkouk (sunnite/kurde) 1 395 600 4,1 % 10 282 km² Kirkouk
Diyala (sunnite/chiite/kurde) 1 443 200 4,2 % 6 828 km² Baqwbah
Erbil (kurde) 1 612 700 4,7 % 14 471 km² Erbil
Souleimaniyeh (kurde) 1 878 800 5,5 % 17 023 km² Souleimaniyeh
Dohouk (kurde) 1 128 700 3,3 % 6 553 km² Dohouk
TOTAL 2011 33 667 600 100,0  % 434 128 km² Bagdad

Les gouvernorats les plus populeux sont Bagdad (20,9 %), Ninive (9,7 %) et Basrah (7,5 %); voir la carte du pays avec ses gouvernorats. Si trois gouvernorats sont kurdes (Erbil, Dohouk et Souleimaniyeh) et six sont chiites (Wassit, Babil, Karbala, Qadisiya, Dhi Qar et Maysan), neuf gouvernorats sont donc mixtes (sunnites-chiites, sunnites-kurdes ou autres).

1.2 Le fédéralisme irakien

Toutefois, contrairement à ce qu'on pourrait croire, les 18 gouvernorats ne sont pas des provinces fédérées. L'article 119 de la Constitution irakienne garantit qu'«un ou plusieurs gouvernorats ont le droit de s'organiser en région en s'appuyant sur une requête qui doit être approuvée par référendum». Seul le Kurdistan, qui regroupe les provinces d'Erbil (Arbil en arabe), de Dohouk (Dahūk en arabe) et de Souleimaniyeh (prononcer [sou-lai-manié]), a actuellement le statut de région autonome en Irak. D'autres provinces réclament le statut de «région autonome» : Salah ad-Din, Anbar et Basrah (voir la carte du pays avec ses gouvernorats). Bref, si plusieurs provinces ont exprimé leur désir d'acquérir le statut de «région autonome», les dirigeants irakiens fédéraux ont estimé qu'une telle entreprise était prématurée et pourrait provoquer des conflits à l'intérieur du pays. Autrement dit, la fédération irakienne est une fédération en raison de la présence de la région autonome du Kurdistan.

- La région autonome

Le Kurdistan irakien est situé au nord-est du pays comprenant les provinces ou gouvernorats de Dohouk (6553 km²), de Souleimaniyeh (17 023 km²) et d'Erbil (14 471 km²) pour un total de 38 047 km², soit un peu moins que la Suisse (41 290 km²). Le Kurdistan irakien est limité à l'est par l'Iran, au nord par la Turquie, à l'ouest par la Syrie, ainsi qu'au sud par les gouvernorats irakiens d'Anbar, de Saladin et de Diyala. Dans ses limites actuelles, le Kurdistan irakien ne couvre que 8,7 % de la superficie du pays (434 128 km²). La capitale du Kurdistan irakien est Erbil, appelée Hewlêr en kurde et Arbil en arabe.

Plusieurs territoires irakiens sont revendiqués par la Région autonome: il s'agit d'une partie des gouvernorats de Ninive, de Saladin et de Diyala. Dès lors, le Kurdistan irakien couvrirait une superficie de 83 000 km², ce qui correspondrait à 19,1 % du territoire irakien, soit l'équivalent de la superficie de l'Autriche (83 858 km²) ou des Émirats arabes unis (82 880 km²).

Dans les faits, trois gouvernorats sont sous le contrôle direct du Gouvernement régional du Kurdistan et quatre sont revendiqués partiellement : Ninive, Kirkouk, Saladin et Diyala (voir la carte).

Cette revendication n'est donc pas que théorique, car les Kurdes, profitant de la faiblesse de l'armée irakienne, se sont installés militairement dans les zones disputées et réclamées en vain depuis 2003 par le Gouvernement régional du Kurdistan (GRK). Celui-ci allègue que, si les peshmergas (milices kurdes) ont envahi l’ensemble des «territoires disputés», c'est parce que ceux-ci avait été confisqués il y a des années par le gouvernement de Saddam Hussein.

Dans les faits, le fédéralisme irakien a été adopté spécifiquement pour la Région autonome du Kurdistan (article 117.1 de la Constitution). La formation des autres régions autonomes, notamment dans les zones chiites, a été reportée à la demande des sunnites à la suite d'une loi élaborée dans les six mois suivant la première réunion de la Chambre des députés (ou Chambre des représentants, article 118). Cette période de six mois commençait à partir du 16 mars 2006, mais aucune loi n'a pu être adoptée à ce jour. C'est pourquoi l’Irak fédéral n'est composé que d’une seule région fédérée, les autres demeurent durant un temps indéterminé sous la seule autorité du gouvernement fédéral.

1.3 Une fédération lacunaire et défectueuse

Selon la nouvelle Constitution, le président de la République, qui est élu au suffrage indirect par la Chambre des représentants (art., 138), n’occupe qu’une fonction honorifique et protocolaire, car c'est le premier ministre qui détient le véritable pouvoir exécutif. C'est lui le chef du gouvernement et il dirige le Conseil des ministres. En tant que commandant en chef des forces armées, il est investi de pouvoirs importants, que ce soit le maintien de la sécurité et de l’ordre. Le Parlement compte en principe deux Chambres: la Chambre des députés (ou Chambre basse) et le Conseil de la fédération (ou Chambre haute), mais cette dernière n'est pas encore formée, faute d'élections à cet effet.

Malheureusement, la Constitution de 2005, rédigée sous la pression des États-Unis, est lacunaire et défectueuse. Des dizaines de lois devaient la compléter, mais aucune n’a à ce jour été adoptée ni promulguée. Parmi celles qui font cruellement défaut, mentionnons les lois sur les partis politiques, la Cour suprême fédérale, le pétrole et le gaz et la Chambre basse. En raison de la situation d’insécurité généralisée en l’Irak, les institutions gouvernementales ne fonctionnent pas de façon normale.

Après 2005, le gouvernement de coalition a mené une politique autoritaire excluant la minorité sunnite. Ce gouvernement a été accusé d’avoir contribué à la montée en force de l’État islamique en Irak. Le nouveau gouvernement semble tout aussi fragile, car il doit non seulement régler les différends entre le gouvernement central et la région autonome du Kurdistan, mais aussi composer avec des violences quotidiennes et la guerre civile entre chiites et sunnites, puis entre les sunnites baassistes et les sunnites salafistes, sans oublier le groupe armé de l'État islamique. L’Irak est aujourd'hui gouverné par une majorité chiite qui pratique une politique sectaire relativement éloignée de la vision d’un État fédéral irakien regroupant les chiites au sud, les sunnites au centre et les Kurdes au nord. L’Irak, contrôlé par les chiites, est pavoisé de portraits de l’ayatollah Khomeiny et l’Iran s’y comporte comme une puissance de protectorat.

Le 9 avril 2013, l'EI est devenu l'État islamique en Irak et au Levant (EIIL) ou État islamique en Irak et al-Sham (EIIS). Depuis 2003, la discrimination et la marginalisation des minorités nationales sont devenues une pratique courante. L'appartenance ethnique et religieuse est devenue l'un des principaux piliers de la formation du gouvernement. Cette appartenance a conduit à la concurrence entre les tribus et les sectes. Politiser la tribu ou la secte est devenu une culture dans la société irakienne afin d'obtenir des gains.

2 Données démolinguistiques

L’Irak présente cette caractéristique de posséder un profil humain parmi les plus diversifié du monde arabe. C'est là le résultat d’une longue histoire d’invasions, d'exodes, de conversions et de fusions de races et de religions les plus diverses. Dans le vaste territoire irakien (près de 80 % de la superficie de la France) s’entremêlent à la fois des diversités ethniques, avec des Arabes, des Kurdes, des Turkmènes, des Assyro-Chaldéens, etc., et religieuses, avec des musulmans chiites, des musulmans sunnites, des chrétiens, des juifs et d’autres religions plus rares. C'est pourquoi l'Irak présente aujourd'hui un pays au paysage humain si diversifié, et ce, tant au point de vue ethnique que linguistique ou religieux. Il existe trois grandes ethnies, deux langues officielles, une trentaine de langues et de peuples particuliers.

Les plus grandes villes d'Irak sont les suivantes:

Rang Ville Recensement
1965
Estimation
 2014
Gouvernorat
1 Bagdad   1 523 302 5 672 513 Bagdad
2 Bassorah      310 950 2 600 000 Basrah
3 Mossoul      264 146 2 220 624 Ninive
4 Erbil        90 956 993 468 Erbil
5 Souleimaniyeh        83 612 773 496 Souleimaniyeh
6 Kirkouk      175 303 620 318 Kirkouk
7 Nadjaf      134 027 502 400 Nadjaf
8 Kerbela        81 539 449 047 Karbala
9 Nasiriyah        59 330 414 977 Dhi Qar
10 Amarah        64 674 336 262 Maysan

2.1 Les ethnies

Le tableau ci-dessous présente les ethnies présentes en Irak, notamment les Arabes, les Kurdes, .

- Les Arabes (64,8 %)

Il y a d'abord les Arabes qui comptent pour environ 68 % de la population totale. Ils forment néanmoins des sous-groupes différents selon leur origine. Les plus nombreux sont les Arabes irakiens (39,1 %) ou Arabes du Sud et les Arabes du Nord (22,1 %) habitant au nord de Bagdad. Ils sont suivis des Arabes saoudiens ( 4,3 %), des Arabes égyptiens (1,1 %), des Arabes des marais (0,6 %), des Arabes du Golfe (0,1 %), des Arabes palestiniens (0,0 %) et des Arabes syriens (0,0 %). L'ensemble des Arabes atteint les 22,1 millions de personnes, soit 64,8 %.

- Les Kurdes (21,2 %)

Les Kurdes constituent le second groupe ethnique en importance numérique avec les Kurdes du Centre (11,7 %),  les Kurdes kurmanji (8,6 %) et les Yézidis (1,4 %), soit 7,4 millions d'habitants (21,7 %).

- Les autres minorités ethniques (14 %)

Les autres minorités ethniques sont les Azéris (5,9 %), les Iraniens (1,1 %), les Turkmènes (1,1 %) auxquelles il faut ajouter les Assyriens, les Louri, les Chaldéens, les Arméniens, les Bajelani, les Herki, les Adyguéens, les Tsiganes, les Hawrami, les Tchétchènes, les Mandéens, etc.   

Peuple (Irak) Langue maternelle Population % Groupe linguistique Religion
Arabes irakiens arabe irakien (mésopotamien) 13 357 000 39,1 % chamito-sémitique islam chiite
Arabes du Nord arabe mésopotamien du Nord   7 568 000 22,1 % chamito-sémitique islam sunnite
Kurdes du Centre kurde sorani   4 003 000 11,7 % indo-iranien islam sunnite
Kurdes kurmanji kurde kurmanji (septentrional)   2 949 000 8,6 % indo-iranien islam sunnite
Azéris azerbaïdjanais du Sud   2 043 000 5,9 % altaïque islam chiite
Arabes saoudiens arabe nadji    1 474 000 4,3 % chamito-sémitique islam sunnite
Yézidis kurde kurmanji     487 000 1,4 % indo-iranien yézidisme
Iraniens farsi de l'Ouest     408 000 1,1 % indo-iranien islam chiite
Arabes égyptiens arabe égyptien     401 300 1,1 % chamito-sémitique islam sunnite
Turkmènes turkmène     400 000 1,1 % altaïque islam sunnite
Arabes des marais (Maadans) arabe des marais      224 000 0,6 % chamito-sémitique islam chiite
Assyriens assyrien néo-araméen      152 000 0,4 % chamito-sémitique chrétienne
Louri louri du Nord      100 000 0,2 % indo-iranien islam chiite
Chaldéens chaldéen        73 000 0,2 % chamito-sémitique chrétienne
Arabes du Golfe arabe du Golfe        67 000 0,1 % chamito-sémitique islam sunnite
Arméniens arménien        60 000 0,1 % isolat indo-européen christianisme orthodoxe
Bajelani bajelani        59 000 0,1 % indo-iranien islam chiite
Herki herki        37 000 0,1 % indo-iranien islam chiite
Adyguéens adyguéen        34 000 0,0 % caucasien islam sunnite
Tsiganes domari (tsigane)        33 000 0,0 % indo-iranien islam sunnite
Hawrami hawrami (ou gurani)        31 000 0,0 % indo-iranien islam chiite
Arabes palestiniens arabe leventin du Nord        18 000 0,0 % chamito-sémitique islam sunnite
Arabes syriens arabe standard (syrien)        18 200 0,0 % chamito-sémitique islam sunnite
Tchétchènes tchétchène        10 000 0,0 % caucasien islam sunnite
Mandéens arabe mésopotamien          7 700 0,0 % chamito-sémitique mandéisme
Ourdous ourdou          3 700 0,0 % indo-iranien islam chiite
Turcs anatoliens turc          2 700 0,0 % altaïque islam sunnite
Koi-sanjaq Sooret koy sanjaq surat (araméen)            800 0,0 % chamito-sémitique chrétienne
Autres -        122 300 0,3 % -

-

Total 2014 - 34 141 000 100 % -

-

2.2 Les grands groupes ethniques par gouvernorat (province)

En Irak, le critère confessionnel et le critère ethnique tendent souvent à se confondre. Dans de nombreux cas, les ethnies et les religions s’entrecoupent. Les unes et les autres peuvent être minoritaires dans une religion, mais majoritaires par l’appartenance ethnique, et inversement. Par exemple, les Arabes sont majoritaires quant à leur appartenance ethnique, mais peuvent devenir minoritaires si l'on tient compte de leur confession religieuse. En effet, seuls les chiites sont majoritaires au point de vue ethnique et religieux (65 %). Tous les autres groupes sont minoritaires. Néanmoins, les chiites peuvent être minoritaires dans certaines provinces et les sunnites, majoritaires dans d'autres.

Quant aux Kurdes, ils sont minoritaires à la fois au plan ethnique et religieux (étant majoritairement sunnites et non arabes), mais majoritaires dans le Nord, c'est-à-dire dans la Région autonome du Kurdistan. Au sein de la région du Kurdistan, il existe des groupes minoritaires chiites, chrétiens et juifs, et ce, sans compter les communautés dissidentes de l’islam. Bref, l'Irak peut présenter à certains égards un beau «melting pot» à l'américaine. Bagdad, elle-même située dans une région mixte, incarne la diversité de la population irakienne, car les différentes communautés du pays y sont présentes. La ville est divisée en quartiers chiites et sunnites et quelques-uns sont mixtes; la situation est similaire pour la banlieue.

D'autres grandes villes irakiennes, par exemple Bassorah située sur les rivages du golfe Persique et Mossoul ou Kirkouk au nord, ont depuis toujours abrité une population très hétérogène aux plans ethnique et confessionnel. Comme chiites et sunnites se regardent en chiens de faïence, les tensions peuvent être vives. 

Lorsqu'on consulte la carte de gauche («Groupes ethniques par province»), on constate trois grandes zones en diagonale en partant du nord jusqu'au sud. On trouve d'abord une bande kurde (en rouge) couvrant trois provinces entières (Dohouk, Erbil et Souleimaniyeh) et partiellement quatre autres provinces (Ninive, Kirkouk, Saladin et Diyala).

Les deux autres zones abritent des Arabes. À l'ouest et au sud, on distingue les provinces partiellement sunnites (en vert): Ninive, Saladin, Anbar, Nadjaf, Muthanna et Basrah.

Plusieurs provinces ne comptent que des Arabes chiites (en bleu), à l'exception des petites minorités non arabophones: Babil, Karbala, Wassit, Qadisiya, Dhi Qarn. Les autres provinces sont mixtes: Bagdad, Nadjaf, Muthanna et Basrah.

En général, les petites minorités non arabophones (Azéris, Turkmènes, Louri, Chaldéens, Iraniens, Araméens, etc.) résident dans les zones kurdes ou chiites. Il n'existe que peu de populations dans les territoires couvrant le Sud-Ouest (province d'Anbar) et le Sud-Est sunnite, car c'est une zone désertique faisant partie du désert d'Arabie.  

Les États-Unis auraient voulu que l'Irak soit séparée en trois avec un Nord kurde, une portion occidentale à dominante sunnite à l'ouest et un Sud à dominante chiite, ainsi que Bagdad comme territoire fédéral. Chaque région aurait en charge les questions de sécurité, de développement, de santé, d’éducation, etc. À Bagdad auraient été confiées la politique étrangère, la défense des frontières, et surtout la gestion des revenus du pétrole, équitablement répartis de telle sorte que les chiites ne soient pas trop lésés et le sunnites, pas trop dépouillés. Pour les Américains, un État fédéral divisé en trois grandes régions, dominées chacune par une communauté et dotées d'une grande autonomie, pouvait garantir la stabilité de l'Irak. Comme on le sait, cette idéologie ne pouvait pas passer le teste de la réalité, les populations demeurant trop mélangées.

Il ne faut pas oublier que le niveau de mixité ethno-confessionnelle dans les grandes villes est considérable, car ces villes représentent à elles seules la moitié de la population irakienne. On y trouve des sunnites, des chiites, des chrétiens de rites différents et des Kurdes.  

2.3 L'arabe et ses variétés

L’Irak comptait en 2014 une population de quelque 34 millions d'habitants dont 68 % sont arabophones. Ceux-ci parlent des idiomes différents appartenant à la famille chamito-sémitique. Il s'agit de l’arabe mésopotamien ou irakien (61,2 %), parlé au nord et au sud de Bagdad, l’arabe nadji ou saoudien (4,3 %) dans les régions arides du désert (le Sud-Ouest), l’arabe égyptien (1,1 %) surtout à Bagdad, l'arabe des marais (0,6 %), l’arabe du Golfe (0,1 %) dans la région de Bassorah, l'arabe palestinien et l'arabe syrien. Il existe aussi certains dialectes arabes (env.15 %) et certaines variétés rares telles l'arabe judéo-irakien, etc. Bref, pour les Irakiens arabophones, l'arabe classique constitue une langue seconde qu'ils apprennent à l'école. 

2.4 Le kurde et ses variétés

Les Kurdes constituent la minorité non arabophone la plus importante de l'Irak et elle représente 21,7 % de la population, soit quatre millions de locuteurs. Les Kurdes vivent au nord-est du pays, notamment autour des villes de Mossoul, Erbil (Arbil) et Kirkouk. La région qu'ils habitent est appelée le Kurdistan (voir la carte du Kurdistan), ce qui comprend non seulement l'Irak, mais aussi une partie de la Turquie, de la Syrie et de l'Iran. Avec un total de 25 millions de locuteurs, on peut dire que c'est le plus grand peuple du monde, sans pays.

Avec les Arabes, les Perses et les Arméniens, les Kurdes constituent l'un des peuples les plus anciens de la région. Les Kurdes parlent le kurde, une langue indo-européenne appartenant au groupe indo-iranien, mais c'est une langue non unifiée. Il convient de distinguer le kurde sorani (ou central), le kurde kurmanji (ou septentrional) et le kurde méridional. De plus, chacun des ces groupes comptent un grand nombre de variétés dialectales. Ainsi, le kurde n'est apparenté ni à l'arabe ni au turc.

Le kurmanji est parlé par environ 90 % des Kurdes de Turquie; il est également parlé dans les régions kurdes d'Iran et d'Irak, ainsi qu'en Syrie, soit 60 % de l'ensemble des Kurdes.  Le sorani est parlé dans les régions centrales du Kurdistan en Iran et en Irak; le zazai est parlé dans certaines régions du Kurdistan de Turquie; dans les trois parties du sud du Kurdistan, on parle le gorani et d'autres dialectes.

Certains linguistes organisent autrement la classification de la langue kurde et de ses dialectes. Ainsi, Najat Abdulla-Ali distingue trois grandes branches :

- kurmanji : comprenant le kurmanji du Nord et le kurmanji du Sud dont ferait partie le sorani;
- gourani-zazaki : comprenant le groupe gourani et le groupe zaza;
- lorî : comprenant «petit lorî» et «grand lorî».

On peut consulter le tableau de Najat Abdulla-Ali, qui illustre cette thèse en cliquant ici, s.v.p.
 

Kürdistan (latin)
كردستان (arabe)
Курдистан (cyrillique)
De plus, les Kurdes de Turquie écrivent leur langue en alphabet latin ; ceux d'Irak, d'Iran et de Syrie, en alphabet arabe (appelé aussi arabo-persan), ce dernier étant un alphabet un peu modifié de l'arabe; ceux d'Arménie et de Géorgie et d'Arménie, en alphabet cyrillique,  Les Kurdes sont davantage unifiés par la religion, étant presque tous des musulmans sunnites. 

Si la plupart des Kurdes vivent dans le Grand Kurdistan historique, qui comprend une partie de la Turquie, de l'Irak, de l'Iran et de la Syrie, beaucoup de Kurdes vivent dans les pays voisins tels l'Arménie, la Géorgie, la Russie, l'Azerbaïdjan, le Liban, l'État d'Israël, la Jordanie, mais aussi le Kazakhstan, le Turkménistan, le Kirghizistan, l'Afghanistan, le Pakistan, etc.

Nous ignorons avec précision le nombre des Kurdes formant la diaspora. Les estimations les plus courantes font état de la présence d’environ 1.2 million de Kurdes en Europe occidentale. Ils forment d’importantes communautés en Allemagne (650 000), en France (130 000), aux Pays-Bas (85 000), en Grande-Bretagne (35 000), et en Suède (50 000). Celle-ci, en raison d’une politique d’immigration généreuse initiée par Olof Palme et d’incitations matérielles pour l’édition et la création, a su attirer une part importante de l’intelligentsia kurde tandis que l’Allemagne abrite surtout une immigration ouvrière. En comparaison, ils sont aux États-Unis (30 000) et au Canada (plus de 10 000).
La diaspora kurde s'étend en France, aux États-Unis, au Canada, en Australie ou en Nouvelle-Zélande.
La diaspora kurde d'Occident est environ à 85% formée de Kurdes de Turquie, mais les Kurdes d'Irak arrivent au deuxième rang. 

2.4 Les autres minorités linguistiques

Parmi les nombreuses minorités non arabophones, mentionnons aussi l’azéri (5,9 %), l’assyrien appelé généralement syriaque (0,4 %), le farsi ou persan (1,1 %), le turkmène (1,1 %), l’arménien (0,1 %), le circassien ou l'adyguéen (0,1 %), etc. La plupart de ces minorités (sauf le farsi) résident dans le nord du pays, c’est-à-dire dans la région kurde au nord-est,

L’azéri (ou azerbaïdjanais), le turkmène et le turc anatolien font partie de la famille altaïque. L’arménien est un isolat parmi les langues indo-européennes; le circassien ou l'adyguéen est une langue caucasienne.

Mentionnons également l'araméen, une autre langue chamito-sémitique, parlée par des groupes nomades dispersés dans le sud-est de l'Irak. Ces communautés sont installées dans ce pays depuis le VIIe siècle. Leur langue, l'araméen oriental (le koy sanjaq surat), est aujourd'hui reconnue dans les zones à majorité assyrienne de l'Irak. Selon des données approximatives, il y aurait entre 130 000 et 260 000 Araméen, mais seule une petite minorité parle l'araméen (900 locuteurs), car les persécutions dont ils ont fait l'objet dans le passé ont mis leur langue en péril.

En Irak, surtout depuis la guerre, l'invasion américaine et la montée des djihadistes, toutes les petites minorités nationales sont menacées d'extinction. Beaucoup de membres des minorités ethniques ont fui l'Irak de peur d'être massacrés s'ils ne changent pas de religion.

2.5 Les religions et leurs conflits

En Irak, les religions constituent un élément fondamental dans l'identité des peuples comptant le pays. L'Irak est un pays très majoritairement musulman, mais pas uniquement, et ce, d'autant plus qu'ils sont divisés entre chiites et sunnites. Les chiites constituent la communauté la plus nombreuse, présente surtout dans le sud et dans le quartier de Sadr City à Bagdad. Les sunnites sont présents, quant à eux, dans le Sud-Ouest, le Centre (région de Bagdad), ainsi qu'au Kurdistan, auxquels il faut rajouter des groupes yézidites et mandéistes. En 1981, le règlement n° 32-1981 sur la protection des communautés religieuses révélait que 17 groupes religieux étaient officiellement reconnus sur le territoire irakien. Il s’agissait exclusivement de communautés non musulmanes. Ces communautés peuvent être regroupées au sein de quatre formations religieuses minoritaires : les chrétiens, les yézidis, les sabéens-mandéens et les juifs.

- Chiites et sunnites

Près de 95 % des Irakiens sont musulmans et environ 65 % de ceux-ci adhèrent au rite chiite, les autres (35 %), au rite sunnite. Ainsi, contrairement à la plupart des pays musulmans (qui sont sunnites), l'Irak (comme l'Iran) compte une majorité de chiites, d'ailleurs tous situés au sud près de la frontière iranienne. La plupart des chiites irakiens sont des Arabes parlant l'arabe mésopotamien et pratiquant une religion d'origine persane. Quant aux sunnites irakiens (qui ont contrôlé le pays depuis 1920), ils constituent une minorité arabe basée dans le centre-ouest du pays.

Pour les musulmans, les sunnites (du mot arabe as-Sunna : «la tradition») sont restés fidèles à la branche «orthodoxe» de l'islam, celle qui reconnaît comme légitime la succession du prophète Mahomet telle qu'elle aurait eu lieu. Toutefois, une partie des musulmans ont contesté cette succession après l'assassinat, en 680, du quatrième calife Ali, gendre du prophète ; ils se sont eux-mêmes baptisés «chiites» (en arabe chî’a : «partisans» d'Ali).

Le parti d’Ali considérait les trois premiers califes comme des imposteurs; pour eux, c’est dans la descendance d’Ali que le chef de la communauté (l’imâm) doit être recherché.

Ainsi, le sunnisme se considère comme «orthodoxe» par rapport au chiisme, qui s'en est séparé au Ier siècle de l'hégire (VIIe siècle de notre ère) pour des raisons plus politiques que religieuses, et portant sur le mode de désignation des califes. Néanmoins, pour l'essentiel, tous les musulmans, qu'ils soient sunnites ou chiites, partagent les mêmes croyances et les mêmes pratiques. Outre l'Iran majoritairement chiite, seuls cinq pays arabes ont une partie importante de leur population qui se rattache au rite chiite : l'Irak, le Bahreïn, le Liban, Oman, le Yémen et la Syrie.

Depuis la mort du prophète Mahomet, les sunnites et les chiites sont à couteaux tirés. L'antagonisme entre les deux groupes musulmans a marqué une grande partie de l'histoire du Proche-Orient. En Irak, le conflit fut exacerbé du fait que la majorité chiite a été longtemps dirigée par une élite sunnite. En 1980, les sunnites du gouvernement de Saddam Hussein ont envahi l'Iran chiite en raison de conflits de longue date liés aux frontières et par crainte des conséquences que pourrait avoir la révolution islamique iranienne sur la majorité chiite en Irak.

Aux élections de 2005, les sunnites ont subi un important revers parce qu'ils n'ont récolté que 2 % des voix. Le gouvernement irakien est formé d'une coalition de chiites et de Kurdes, excluant les sunnites. Si le président de l'Irak est kurde, le premier ministre, qui détient les véritables pouvoirs, est chiite. Cette situation témoigne que les rênes du pouvoir irakien sont passés d'une minorité sunnite à une majorité de Kurdes et de chiites longtemps persécutée. Depuis le départ des Américains, sunnites et chiites irakiens s’entretuent à qui mieux mieux.

Pourtant, il n'est pas plus facile à un sunnite irakien de reconnaitre un chiite irakien que, par exemple, à un catholique français de reconnaitre un protestant français. En effet, sunnites et chiites sont des Arabes qui portent les mêmes vêtements et ont la même apparence et la même tenue. Les mosquées des uns et des autres sont identiques. Si les chiites ont l'habitude de s'appelé Ali et les sunnites, Hussein (ou Omar ou Yazid), mais cela n'a rien à voir avec les apparences. Toutefois, dans les villes, les sunnites et les chiites n'habitent pas les mêmes quartiers. C'est de cette façon que s'identifient sunnites et chiites.

Bref, on compte en Irak trois grandes communautés ethnico-religieuses qui se méfient les unes des autres: les Arabes chiites, les Arabes sunnites et les Kurdes sunnites. Les premiers ont une frontière commune avec les chiites d'Iran, les seconds (Arabes sunnites) avec les sunnites de Syrie et les troisièmes (Kurdes) avec les Kurdes de Turquie, de Syrie et d'Iran. Marginalisés sous le régime de Saddam Hussein bien que majoritaires en Irak, les chiites sont aujourd'hui au pouvoir à Bagdad (derrière le premier ministre Nouri Al-Maliki, devenu vice-président depuis le 9 septembre 2014).

- Les autres communautés confessionnelles

Les Kurdes sont généralement des musulmans sunnites, mais comme ils ne sont pas arabes (mais indo-iraniens et indo-européens) ils ne s'identifient guère à leurs compatriotes arabes sunnites, qu’ils associent à l’extrémisme et au fondamentalisme musulman. Les Kurdes forment donc un troisième groupe après les chiites et les sunnites. Les Turkmènes sont également sunnites.

On compte moins de 5 % de chrétiens en Irak. Comme dans le reste de l'Irak, les chrétiens ne forment pas une communauté homogène, car ils appartiennent à des rites les plus divers. Il faut compter au moins une quinzaine de dénominations religieuses. Les Assyriens sont des communautés chrétiennes non arabisées, qui utilisent le syriaque comme langue maternelle, mais l'araméen comme langue liturgique. Ils appartiennent à l'Église apostolique catholique assyrienne de l'Orient.  Il existe aussi de petites communautés de Syriens catholiques, de Syriens orthodoxes, de Chaldéens catholiques, d'Arméniens orthodoxes, de Grecs orthodoxes, de Grecs catholiques, de Coptes orthodoxes, des catholiques romains, des protestants évangéliques, des protestants évangéliques assyriens, des adventistes du Septième Jour, etc. Tous les chrétiens, incluant les juifs, ont été persécutés par le régime de Saddam Hussein et ont été obligés de vivre dans des ghettos. La plupart vivaient dans le Nord et à Bagdad. 

Avant l'invasion américaine de 2003, la population chrétienne d'Irak était estimée à plus d'un million. La guerre confessionnelle qui s'ensuivit a fait fondre ses membres de la moitié, dont une grande partie dans la province de Ninive, car plus de 500 000 chrétiens ont choisi l'exil en raison des violences sectaires dont ils ont été victimes de la part des musulmans radicaux. Depuis la chute de sa capitale Mossoul, puis de Qaraqosh, la plus grande ville chrétienne d'Irak, environ 100 000 chrétiens auraient été chassés par l'avancée des djihadistes de l'État islamique dans le nord du pays.

Les yézidis constituent l'une des plus anciennes minorités religieuses d'Irak. D'origine kurde — ils parlent le kurde kurmanji —, les yézidis sont adeptes d'une religion pré-islamique en partie issue du zoroastrisme (culte du soleil), avec des éléments du manichéisme (réincarnation), du christianisme (baptême), du judaïsme (circoncision) et de l'islam (jeûne et polygamie). Mais ils sont considérés comme des «adorateurs du diable» tant par les chrétiens que par les musulmans. Persécutés depuis des siècles, leur nombre est estimé à moins de 500 000 adeptes. Habitant dans le Nord, entre la frontière syrienne et Mossoul, en majorité dans la province de Ninive, les yézidis sont aujourd'hui tombés aux mains des djihadistes de l'État islamique. On les croit victimes d'un nettoyage ethnique, car ils n’ont le choix que de se convertir à l'islam radical ou mourir.

Le mandéisme est une religion contemporaine, baptiste, monothéiste et gnostique, qui compte quelque 12 000 de membres. Ils se revendiquent de la religion d’Adam et de Seth. Ils vivent dans les zones marécageuses de l’Irak méridional, leurs rituels étant intimement liés au baptême. Leurs prières sont récitées en mandéen, une langue vernaculaire tirée de l’araméen oriental avec  des mots d’origine sumérienne. Avant le climat de violence qui s'est installé depuis 2003, leur nombre frôlait les 40 000.

Le judaïsme est présent en Irak depuis la prise de Jérusalem par Nabuchodonosor II en 587. Plus de 10 000 juifs auraient été exilés de la Palestine pour Babylone, lieu de la plus vieille communauté juive. Mais la population commença à décliner à partir de l'invasion mongole au XIIIe siècle, avant de connaître une brève renaissance à la fin du XIXe siècle. Durant plus de deux mille ans, les juifs ont activement contribué à la vie économique et culturelle de l'Irak. Lors de la Seconde Guerre mondiale, on estimait que le nombre des juifs d'Irak atteignait environ 120 000 membres. Puis les persécutions liées en partie au conflit judéo-arabe de 1947-1949 obligèrent certains juifs à se réfugier clandestinement dans le nouvel État d'Israël. En mars 1950, une loi irakienne dite de «dénaturalisation» permit aux juifs d'émigrer librement vers Israël. Dès 1952, il ne restait plus que quelques milliers de juifs en Irak qui allaient se heurter à une hostilité grandissante de la part des autorités et des populations musulmanes. Aujourd'hui, il ne resterait plus qu'une dizaine de juifs en Irak, tous à Bagdad.

Enfin, dans le nord du pays, les djihadistes de l'EI s'en prennent férocement à tous ceux qui ne partagent pas leur religion, non seulement les musulmans chiites (de la minorité turcomane ou non), mais également les sunnites qui n'adhéreraient pas à leurs idées. Si la haine entre sunnites et chiites concerne tout le monde musulman, le conflit avec l'État islamique va au-delà de ces vieilles querelles, car ce groupe armé veut instaurer par la force un califat qui ne souffre aucune «hérésie».

En somme, les minorités religieuses en Irak connaissent des jours difficiles en raison de la montée de l’extrémisme religieux, de l’insécurité et de l’instabilité politique. Les conditions matérielles et sociales de ces minorités ne cessent de se détériorer depuis l’invasion américaine en 2003 et encore davantage depuis la montée des djihadistes de l'EI dans le nord du pays en 2014. Un exode massif est désormais engagé.

Dernière mise à jour: 22 déc. 2023

Irak


1) Généralités

 


2)
Données historiques
 


3)
La politique linguistique
 


4) Bibliographie
 

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Kurdistan

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