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Afrique du Sud
(1)
Généralités
La situation géographique
Le régime politique
Les données démolinguistiques
|
Capitales :
Le Cap (politique) Pretoria (administrative)
Population : 50,9 millions (2011)
Langues officielles fédérales : anglais et afrikaans (national)
Langues officielles provinciales : ndébélé, sotho (du Nord), sésotho (sotho du
Sud), swazi, tsonga, tswana, venda, xhosa et zoulou
Groupe majoritaire: aucun
Groupes minoritaires : zoulou (22,7
%), xhosa (16,0 %), afrikaans (13,5 %), anglais (9,6 %), sépédi (9,1 %),
tswana (8,0 %), sésotho (7,6 %), tsonga (4,5 %), swati
(2,5 %), venda (2,4 %), ndébélé (2,1 %), portugais, hindi, gujarati, tamoul, etc.
Langues coloniales : anglais et afrikaans
Système politique : république fédéralisée
Articles constitutionnels (langue) :
art. 6, 29, 30, 31 et 35 de la
Constitution du
4 décembre 1996 Lois linguistiques :
Loi sur les
tribunaux de première instance (1944);
Loi sur la politique
nationale en éducation (1996);
Loi sur les écoles
sud-africaines (1996);
Loi sur le Conseil
des langues pan-sud-africaines
(1995);
Loi sur
l'enseignement supérieur (1997);
Politique linguistique en
éducation (1997);
Loi électorale
(1998);
Loi sur la
radiodiffusion (1999);
Règlement du Conseil national des provinces (1999);
Loi sur l'amélioration de la justice administrative (2000);
Loi sur
l'amélioration de l'accès à l'information (2000);
Règlement sur l'équité des procédures administratives (2002);
Loi sur la Commission pour la promotion et
la protection des droits des communautés culturelles, religieuses et
linguistiques (2002);
Règlement du tribunal constitutionnel (2003);
Loi sur la santé
publique (2003);
Loi sur
les systèmes municipaux (2003);
Loi sur les compagnies (2008);
Règlement établissant le déroulement de la procédure des
tribunaux de première instance de l'Afrique du Sud (2010);
Règlement commun du Parlement (2011);
Loi sur l'emploi des langues officielles
(2012);
Loi sur les tribunaux supérieurs (2013);
Loi sur le Conseil des
spécialistes
des langues sud-africaines (2014);
Règlement de l'Assemblée nationale (2015).
|
1 Situation géographique
|
La république dAfrique du Sud (dénomination officielle) est le pays le plus méridional de l'Afrique australe
(voir la carte de gauche). C'est un
grand pays d'une superficie de
1,2 million de kilomètres carrés, équivalant à 2,2 fois la superficie de la
France (547 0300 km²) ou à 3,4 fois celle de l'Allemagne (357 021
km²); c'est l'un des plus grands pays d'Afrique avec l'Algérie, le
Congo-Kinshasa, la Libye, le Tchad, le Niger, l'Angola et le Mali.
L'Afrique du Sud est limitée au nord-ouest par la Namibie, au
nord par le Botswana, au nord-est par le Zimbabwe, à l'est par le Mozambique et
le Swaziland. Au sud-est, lAfrique du Sud est baignée par locéan
Indien et à louest par locéan Atlantique (voir la carte no 1). À lintérieur du pays,
dans le centre, il existe une enclave, le Lesotho; ce n'est pas une province d'Afrique du Sud,
mais un petit État indépendant
d'une superficie de 30 355 km², ce qui équivaut à
celle de la Belgique (32 545 km²).
|
2
Le régime
politique
L'
Afrique
du Sud porte
les diverses appellations suivantes si l'on tient compte de toutes les langues
officielles du pays :
Langue |
Appellation longue |
Appellation courte |
Afrikaans |
Republiek van Suid-Afrika |
Suid-Afrika |
Anglais |
Republic of South Africa |
South Africa |
Sotho du Nord |
Repabliki ya Afrika-Borwa |
Afrika Borwa |
Ndébélé |
iRiphabliki yeSewula Afrika |
iSewula Afrika |
Sotho du Sud |
Rephaboliki ya Afrika Borwa |
Afrika Borwa |
Swazi |
iRiphabhulikhi yeNingizimu Afrika |
iNingizimu Afrika |
Tsonga |
Riphabliki ra Afrika Dzonga |
Afrika-Dzonga |
Tswana |
Rephaboliki ya Aforika Borwa |
Aforika Borwa |
Venda |
Riphabuḽiki ya Afurika Tshipembe |
Afurika Tshipembe |
Xhosa |
iRiphabliki yomZantsi Afrika |
uMzantsi Afrika |
Zoulou |
iRiphabhuliki yaseNingizimu Afrika |
iNingizimu Afrika |
2.1 La fin de l'apartheid et les changements de nom
Jusqu’en 1994, l’Afrique du Sud était divisée en quatre provinces (Le
Cap, Natal, État libre d’Orange et Transvaal) et dix bantoustans auxquels
était rattachée arbitrairement la population noire. La Constitution provisoire,
adoptée en avril 1994 et instaurant une Afrique du Sud multiraciale et un régime politique transitoire
pour cinq ans, a découpé le pays en neuf provinces. En une dizaine d'années,
l'Afrique du Sud est passé d'une dictature raciste et repliée sur elle-même à
une démocratie multiraciale et multilingue. Les bantoustans (appelés en anglais Homelands) tels que le Transkei,
le Bophuthatswana, le Venda, le Ciskei, etc., auxquels avait été accordée une
certaine autonomie sous le régime de l’apartheid, ont été dissous et leurs
territoires intégrés aux nouvelles provinces. De quatre provinces, l'Afrique du
Sud est passée à neuf (voir la carte d'avant
1994 et ses bantoustans). La région nord appelée auparavant «Transvaal» est devenue en 1994 le
Northern
Transvaal. L'année suivante, le Northern Transvaal changea de nom pour «province
du Nord», ce qui faisait disparaître une dénomination liée à l'histoire des
Afrikaners. Puis, en 2002, la «province du Nord» est devenu le Limpopo, du nom du
fleuve. En même temps, l'ANC (Congrès national africain) en a profité pour changer le nom de toutes les
villes de la province ayant un nom trop afrikaner. Plusieurs noms de fleuves et
de rivières ont aussi changé de nom.
2.2 La répartition des pouvoirs
L'Afrique du Sud est une
fédération de neuf provinces. Le pouvoir exécutif en Afrique du Sud est détenu par le président de la République (élu
par le Parlement fédéral), qui est à la fois le chef de l'État et le chef du
gouvernement. Le pouvoir législatif revient au Parlement d’Afrique du Sud, qui est composé de deux chambres : une
chambre basse, appelée Assemblée nationale (National Assembly), et une
chambre haute, le Conseil national des provinces (en anglais : National
Council of Provinces: NCOP ou CNP); depuis 1997, le CNP a remplacé le Sénat. Les 400 membres de l'Assemblée nationale sont
élus par scrutin proportionnel à partir d'une liste de candidats, la moitié au niveau national, les
autres dans le cadre des neuf provinces. Leur nombre dépend du poids
démographique de chaque province. Le mandat des députés est de cinq ans. Le CNP
est composé de 90 membres (dix par province) représentant les neuf provinces.
Quant au pouvoir judiciaire, il est attribué d'abord à la Cour suprême (Supreme
Court of Appeal) dont le siège est à Bloemfontein; c'est la plus haute
juridiction du pays. Elle peut casser les décisions prises par chacune des
hautes cours provinciales. Ses membres sont désignés par le président de la
République après avis des institutions judiciaires provinciales.
C'est pourquoi l'’Afrique du Sud a trois capitales :
- Cape Town (Le Cap, en
français), la capitale législative et le siège du Parlement;
-
Pretoria, la capitale administrative; le siège de la
Présidence;
- Bloemfontein, la capitale judiciaire et le
siège de la
Cour suprême (Supreme Court of Appeal).
2.3 Une fédération de neuf provinces
|
L'Afrique du Sud constitue
une fédération formée de neuf provinces:
le Gauteng,
le Limpopo, le Mpumalanga,
le Nord-Ouest, l'État libre (ex-Orange),
le Kwazulu-Natal,
le Cap-Est, le Cap-Nord et
le Cap-Occidental (ou Cap-Ouest).
Voici les dénominations
officielles en anglais et en afrikaans, avec leur traduction en français:
Appellation anglais |
Appellation afrikaans |
Sigle |
Appellation française |
Superficie km² |
Western
Cape |
Wes-Kaap |
WC |
Cap-Occidental |
129 370 |
KwaZulu-Natal |
KwaZulu-Natal |
KZN |
Kwazulu-Natal |
92 100 |
Eastern Cape |
Oost-Kaap |
EC |
Cap-Oriental |
169 580 |
Northern Cape
|
Noord-Kaap |
NC |
Cap-Nord |
361 830 |
Free
State (Orange) |
Oranje Vrystaat |
FS |
État libre
(d'Orange) |
129 480 |
Northwest Province
|
Noordwes
Transvaal |
NW |
Province du
Nord-Ouest |
116 320 |
Gauteng
|
Gauteng |
GP |
Gauteng |
18 178 |
Mpumalanga |
Mpumalanga |
MP |
Mpumalanga |
79 490 |
Limpopo |
Limpopo |
LP |
Limpopo |
123 900 |
|
Dans cette fédération, chaque province possède sa propre législature
unicamérale, et d'un conseil exécutif présidé par un premier ministre appelé (en anglais) "Prime Minister". Les provinces sont dotées d'une certaine autonomie pour
administrer leurs affaires locales et internes. Cependant, l'autonomie dont
disposent ces neuf provinces est plus limitée que dans
des fédérations comme le Canada,
les États-Unis ou l'Allemagne. Le Lesotho et le
Swaziland ne font pas partie de l'Afrique du Sud,
car ce sont des États distincts.
3 Données démolinguistiques
Ce pays de plus de 50 millions d’habitants (au recensement de 2011) est
réparti inégalement dans les neuf provinces.
|
Le Gauteng, province principalement
urbaine, compte pour 23,7 % de la population du pays; le Kwazulu Natal est la
province la plus peuplée après le Gauteng avec 19,8 %, mais à 80 % zouloue. Ces
deux provinces rassemblent donc 43,5 % de la population du pays. Les quatre
provinces du Mpumalanga (7,8 %), du Nord-Ouest (6,8 %), de l'État libre (5,3 %)
et du Cap-Nord (2,2 %) ne comptent ensembles que pour 22,1 %. Mais les provinces
du Cap-Oriental (12,7 %), du Cap-Occidental (11,2 %) et du Limpopo (10,4 %)
englobent le tiers du pays (34,3 %).
Recensement
2011 |
Gauteng |
Kwazulu Natal |
Cap-Oriental
Eastern Cape |
Cap-Occidental
Western Cape |
Limpopo |
Mpumalanga |
Nord-Ouest
North West |
État libre
Free State |
Cap-Nord
Northern Cape |
Total |
Superficie |
18 178 km² |
92 100 km² |
169 580 km² |
129 370 km² |
123 900 km² |
79 490 km² |
116 320 km² |
129 480 km² |
361 830 km² |
1 219 912 |
Nombre |
12 272 263 |
10
267 300 |
6 562 053 |
5 822 734 |
5 404 868 |
4 039 939 |
3 509 953 |
2 745 590 |
1 145 861 |
51 770 561 |
Pourcentage |
23,7 % |
19,8
% |
12,7 % |
11,2 % |
10,4 % |
7,8 % |
6,8 % |
5,3 % |
2,2 % |
100,0 % |
Est. 2015 |
24,0 % |
19,9 % |
12,6 % |
11,3 % |
10,4 % |
7,8 % |
6,7 % |
5,1 % |
2,2 % |
100,0 % |
|
Les estimations pour l'année 2015 montrent que les deux
provinces les plus peui0ples ont tendance à augmenter légèrement de
population.
3.1 Une société multiraciale
La première puissance
économique du continent africain forme une société multiraciale.
|
L'Afrique du Sud compte 41 millions de Noirs ("Black Africans"),
soit 79,2 % de la population, ainsi que 8,9 % de Métis
("Coloureds"), 8,9 % de Blancs ("Whites") et 2,5 % d'Asiatiques. La
population noire est majoritaire dans toutes les provinces, sauf
dans la province du Cap-Occidental (32,8 %), mais elle est de 50,4 %
dans la province du Cap-Nord. Les Noirs se se répartissent en
différentes ethnies dont les plus importantes sont les Zoulous et
les Xhosas. Les
Métis,
appelés "Coloureds" en Afrique du Sud, ne comptent que pour 8,9 % de la population
sud-africaine, mais ils forment des minorités fort importantes là où
ils sont principalement concentrés :
la province du Cap-Occidental (48,8 %) et la province du Cap-Nord
(40,3 %). Ces Métis ne constituent pas un groupe homogène, ni par
leurs origines, ni par leur religion, ni par leurs langues. Les
"Coloureds" sont ethniquement issus de mariages mixtes entre
Européens, Khoïkhoï, Indonésiens, Indiens, Malgaches, Mozambicains,
Mauriciens, etc. Certains sont de religion anglicane ou calviniste,
d'autres sont catholiques, musulmans ou hindouistes. En ce qui a
trait aux langues, la plupart parlent l'afrikaans, mais d'autres
parlent l'anglais.
|
Quant aux Blancs, ils forment une
minorité de 8,9% à l'échelle nationale, mais ils sont surtout concentrés dans les provinces
du Cap-Occidental (15,7%) et du Gauteng (15,6%), mais ils
constituent des minorités relativement importantes dans les
provinces du Cap-Nord (7,1%), de l'État libre (8,7%), du
Nord-Ouest (7,3%) et du Mpumalanga (7,5%). Les Blancs sont issus à 60% des descendants
de colons hollandais, alors que pour les autres 40% ils sont majoritairement
d’origine britannique.
Groupe
2011 |
Gauteng |
Kwazulu-Natal |
Cap-Oriental
Eastern Cape |
Cap-Occidental
Western Cape |
Limpopo |
Mpumalanga |
Nord-Ouest
North West |
État libre
Free State |
Cap-Nord
Northern Cape |
Total
Afrique du Sud |
Noirs bantous
Black African |
77,4
% |
86,8
% |
86,3
% |
32,8
% |
96,7 % |
90,7
% |
89,8
% |
87,6
% |
50,4
% |
79,2 % |
Métis
Coloured |
3,5
% |
1,4
% |
8,3
% |
48,8
% |
0,3 % |
0,9
% |
2,0
% |
3,1 % |
40,3
% |
8,9
% |
Blancs
White |
15,6 % |
4,2 % |
4,7 % |
15,7 % |
2,6 % |
7,5 % |
7,3 % |
8,7 % |
7,1 % |
8,9
% |
Asiatiques
Indian/Asian |
2,9 % |
7,4 % |
0,4 % |
1,0 % |
0,3 % |
0,7 % |
0,6 % |
0,4 % |
0,7 % |
2,5
% |
Autres |
0,7 % |
0,3 % |
0,3 % |
1,6 % |
0,2 % |
0,2 % |
0,3 % |
0,2 % |
1,6 % |
0,5
% |
Total |
100,0 % |
100,0 % |
100,0 % |
100,0 % |
100,0 % |
100,0 % |
100,0 % |
100,0 % |
100,0 % |
100,0 % |
3.2 Les groupes ethniques
Les groupes ethniques numériquement les plus importants sont d'abord les Zoulous
(22,5 %) et les
Xhosa (15,6 %), suivis par les Pedi ou Sothos du Nord (8,9 %), les Sothos du Sud
(7,4 %), les Afrikaners (6,7 %), les Tsonga (4,3 %), les Portugais (3,1 %), les
Tswana (6,3 %), les Swazi (2,5 %), les Venda (2,3 %), les Anglo-Sud-Africains
(2,2 %), les Ndébélés 2,1 %), les Indiens (1,4 %), les Malais (0,5 %), les
Britanniques (0,4 %), les Nyanja (0,3 %), etc. Il existe aussi une grand nombre
de petites minorités tamoules, chinoises, arabes, coréennes, françaises,
italiennes, etc.
Les Afrikaners
forment 60 % de la population blanche, notamment dans le Gauteng, le Cap-Nord et
le Cap-Occidental. Ceux qu'on appelle «les Portugais» sont surtout des
ressortissants africains de l'Angola et du Mozambique, mais certains peuvent
venir du Brésil. Il existe trois catégories d'Indiens: ceux qui parlent l'hindi,
ceux qui parlent l'anglais et ceux qui parlent le tamoul.
La coexistence entre les différents groupes dAfrique du Sud a
toujours été une source de conflits, dune part, entre colons blancs et populations
noires, dautre part, entre groupes noirs (notamment les Zoulous et les Xhosa), puis
entre colons britanniques et afrikaners. De plus, comme on le sait, la société sud-africaine a été profondément marquée
par la politique «de développement séparé», l'apartheid, entrée
officiellement en vigueur dès 1911 avec la Loi sur les mines et les chantiers
(Mines and Works Act), qui réservait les
emplois spécialisés aux Blancs.
Puis en 1913 est venue la Loi sur la propriété foncière indigène (Native Lands Act). Les
Noirs, bien que largement majoritaires, ont dû vivre seulement sur 7 % du territoire.
En 1936, la Loi sur la représentation
des indigènes (Representation of Natives Act) priva la population métisse
du Cap du droit de vote qu’elle détenait sur la même base que les Européens, et
établit une liste électorale séparée pour les Métis: les Métis de l’Union
devaient élire quatre sénateurs, ceux du Cap trois députés, etc., obligatoirement
d'origine européenne. La ségrégation a été systématisée après 1948 avec la création de bantoustans ou
Homelands. Même si les bantoustans Transkei, Bophuthatswana, Venda, Ciskei,
etc.
ont été démantelés en 1990 et leurs territoires réintégrés à l'Afrique du
Sud, la répartition de la population sud-africaine reflète encore cette ségrégation spatio-raciale. En effet, les Noirs vivent majoritairement dans les anciens bantoustans et
dans les townships, les ghettos urbains des grandes métropoles. Les Blancs
habitent encore les régions riches et à proximité des grands centres d'affaires, et
nont pas perdu leurs richesses.
3.3 Les langues officielles en Afrique du Sud
Il doit bien y
avoir une cinquantaine de langues différentes en Afrique du Sud, mais l'article
6 de la Constitution de 1996 désigne les onze langues suivantes comme
officielles: «Les langues officielles de la République sont le sépédi, le sotho,
le tswana, le swati, le venda, le tsonga, l'afrikaans, l'anglais, le
ndébélé, le xhosa et le zoulou.» Hormis l'anglais et l'afrikaans
(deux langues germaniques),
toutes les langues appartiennent à la famille
bantoue. En Afrique du Sud, la plupart des langues bantoues se répartissent
en deux grands groupes:
1) le groupe nguni, comprenant le zoulou, le
xhosa, le ndébélé et le swati:
2) le groupe sotho, constitué du sésotho, du sépédi
(ou sésotho du Nord) et du tswana.
Près de la moitié de la population parle une langue nguni
comme langue maternelle, alors que près du quart parle une langue sotho. Ces
deux groupes présentent une grande intelligibilité mutuelle. En moyenne,
les Sud-Africains comprennent aisément cinq ou six langues, dont l’anglais et
l’afrikaans. À l’exception du xhosa, toutes les langues
sud-africaines sont aussi parlées dans des pays voisins (Namibie, Botswana,
Zimbabwe, Mozambique, Lesotho, Swaziland).
Dans la Constitution de l'Afrique du Sud, le nom des langues s'écrit parfois
avec une orthographe très particulière, une orthographe qui n'est utilisée que
par l'Afrique du Sud (AS). Dans toutes les autres instances gouvernementales ou
non gouvernementales, c'est une orthographe plus simple qui est employée. C'est
aussi l'orthographe simplifiée ou standardisée (française) qui sera utilisée
dans le cadre de cet article.
Orthographe
AS |
Sepedi |
Sesotho |
Setswana |
siSwati |
Tshivenda |
Xitsonga |
Afrikkaans |
English |
isiNdebele |
isiXhosa |
isiZulu |
Orthographe
française standardisée |
sépédi
(sotho du Nord) |
sotho
(sotho du Sud) |
tswana |
swati |
venda |
tsonga |
afrikaans |
anglais |
ndébélé |
xhosa |
zoulou |
- Le dénombrement des locuteurs
Voici le nombre des locuteurs de ces langues (maternelles) par
province en pourcentage, selon le recensement de 2011 :
Recensement
2011 |
Cap-Occidental
Western Cape |
Cap-Oriental
Eastern Cape |
Cap-Nord
Northern Cape |
État libre
Free State |
Kwazulu-Natal |
Nord-Ouest
North West |
Gauteng |
Mpumalanga |
Limpopo |
Total |
Afrikaans |
49,7 % |
10,6 % |
53,8 % |
12,7 % |
1,6 % |
9,0 % |
12,4 % |
7,2 % |
2,6 % |
13,5 % |
Anglais |
20,2 % |
5,6 % |
3,4 % |
2,9 % |
13,2 % |
3,5 % |
13,3 % |
3,1 % |
1,5 % |
9,6 % |
Ndébélé |
0,3 % |
0,2 % |
0,5 % |
0,4 % |
1,1 % |
1,3 % |
3,2 % |
10,1 % |
2,0 % |
2,1 % |
Xhosa |
24,7 % |
78,8 % |
5,3 % |
7,5 % |
3,4 % |
5,5 % |
6,6 % |
1,2 % |
0,4 % |
16,0 % |
Zoulou |
0,4 % |
0,5 % |
0,8 % |
4,4 % |
77,8 % |
2,5 % |
19,8 % |
24,1 % |
1,2 % |
22,7 % |
Sépédi |
0,1 % |
0,2 % |
0,2 % |
0,3 % |
0,2 % |
2,4 % |
10,6 % |
9,3 % |
52,9 % |
9,1 % |
Sésotho |
1,1 % |
2,5 % |
1,3 % |
64,2 % |
0,8 % |
5,8 % |
11,6 % |
3,5 % |
1,5 % |
7,6 % |
Tswana |
0,4 % |
0,2 % |
33,1 % |
5,2 % |
0,5 % |
63,4 % |
9,1 % |
1,8 % |
2,0 % |
8,0 % |
Swati |
0,1 % |
0,0 % |
0,1 % |
0,1 % |
0,1 % |
0,3 % |
1,1 % |
27,7 % |
0,5 % |
2,5 % |
Venda |
0,1 % |
0,1 % |
0,1 % |
0,1 % |
0,0 % |
0,5 % |
2,3 % |
0,3 % |
16,7 % |
2,4 % |
Tsonga |
0,2 % |
0,0 % |
0,1 % |
0,3 % |
0,1 % |
3,7 % |
6,6 % |
10,4 % |
17,0 % |
4,5 % |
Signes (langue) |
0,4 % |
0,7 % |
0,3 % |
1,2 % |
0,5 % |
0,4 % |
0,4 % |
0,2 % |
0,2 % |
0,5 % |
Autres |
2,2 % |
0,6 % |
1,1 % |
0,6 % |
0,8 % |
1,8 % |
3,1 % |
1,0 % |
1,6 % |
1,6 % |
Total |
100,0 % |
100,0 % |
100,0 % |
100,0 % |
100,0 % |
100,0 % |
100,0 % |
100,0 % |
100,0 % |
100,0 % |
Le tableau ci-haut et la figure ci-dessous révèlent certains faits évidents.
À l'échelle du pays, la langue maternelle numériquement la plus
importante est le zoulou parlé par 22,7% de
la population. La seconde langue est le xhosa
(16,0 %), alors que la troisième est l'afrikaans
(13,5 %). L'anglais se trouve en quatrième
position avec 9,6 %, suivi par le sépédi
(9,1 %), le tswana (8,0 % et le
sésotho (7,6 %). Quant aux autres langues, il
s'agit du tsonga (4,5 %), du
swati (2,5 %), du
venda (2,4 %) et du ndébélé (2,1%).
|
Compte tenu de ces statistiques, nous pouvons dire que 23,1 % des
Sud-Africains parlent l'une des deux langues officielles «blanches» du pays, que
75 % ont comme langue maternelle l'une des neuf langues officielles «noires»
(bantoues) et que 98 %
peuvent s'exprimer dans l'une des onze langues officielles du pays.
On peut constater également qu'aucune langue n'est majoritaire dans l'ensemble du
pays, bien que certaines le soient dans une province donnée: l'afrikaans
au Ca-Occidental (49,7 %), le xhosa au
Cap-Oriental (78,8 %), l'afrikaans au
Cap-Nord (53,8 %), le sésotho dans
l'État libre (64,2 %), le zoulou au Kwazulu-Natal
(77,8 %), le tswana au Nord-Ouest (63,4
%) et le sépédi au Limpopo (52,9 %).
La figure de gauche illustre aussi le fait que les langues
n'ont pas, au point de vue démographique, le même poids, car le ndébélé. le
venda, le swati et le tsonga apparaissent comme des petites langues par
comparaison au xhosa et au zoulou. De plus, il faudrait parler du prestige
social de ces langues. Sur cet aspect, aucune des langues bantoues ne peut
rivaliser avec les langues européennes, l'afrikaans et surtout l'anglais.
Cependant, les langues bantoues majoritaires dans une province ont aussi un
net avantage au plan local, notamment le tswana, le xhosa et le zoulou.
|
- Les relations entre langues et
races
En consultant le tableau ci-dessous, on constate que les
locuteurs de l'anglais sont les Asiatiques
dans une proportion de 86,1 %; ils sont suivis de loin par les Blancs (35,7 %).
Les locuteurs de l'afrikaans sont d'abord les Métis (75,8 %) et les Blancs (60,8
%). La langue sud-africaine la plus parlée est le zoulou qui représente 22,7 %
de la population totale, mais 28,5 % des Noirs. On trouve ensuite le xhosa (22,7
%), le sépédi (9,4 %), le tswana (8,2 %) et le sésotho du Sud (7,9 %).
Langue officielle
(Recensement 2011) |
Noirs
(''Black African'') |
Métis
(''Coloured") |
Indiens ou Asiatiques
(''Indian'' ou ''Asian'') |
Blancs
(''White'') |
Autres
|
Total
2011 |
Afrikaans |
1,5
% |
75,8 % |
4,6
% |
60,8 % |
15,2 % |
13,5 % |
Anglais |
2,5
% |
20,8 % |
86,1 % |
35,7 % |
29,5 % |
9,6
% |
Ndébélé |
2,6
% |
0,2
% |
0,8 % |
0,2 % |
2,1 % |
2,1
% |
Xhosa |
20,1 % |
0,6
% |
0,4 % |
0,1 % |
1,9 % |
22,7 % |
Zoulou |
28,5 % |
0,5 % |
1,3 % |
0,4 % |
4,1 % |
9,1 % |
Sépédi |
11,4 % |
0,1 % |
0,2 % |
0,1 % |
1,7 % |
9,4
% |
Sésotho du Sud |
9,4 % |
0,5 % |
0,4 % |
0,4 % |
0,6 % |
7,9 % |
Tswana |
9,9 % |
0,9 % |
0,4 % |
0,4 % |
1,7 % |
8,2
% |
Swati |
3,2
% |
0,1 % |
0,1 % |
0,1 % |
0,5 % |
2,7
% |
Venda |
3,0
% |
0,1 % |
0,1 % |
0,1 % |
0,5 % |
2,3
% |
Tsonga |
5,6
% |
0,0 % |
0,2 % |
0,1 % |
3,9 % |
4,4
% |
Autres |
1,5
% |
0,1 % |
5,1 % |
1,1 % |
37,4 % |
0,5
% |
Total |
100,0 % |
100,0 % |
100,0 % |
100,0 % |
|
100,0 % |
|
41,0 millions |
4,6 millions |
1,2 million |
4,5 millions |
280 454 |
44,8 % |
Si la proportion des Noirs qui peuvent parler une langue
bantoue est de 96,2 %, cette proportion baisse à 3 % chez les Métis, à 3,9 %
chez les Asiatiques et à 1,9 % pour les Blancs. Ce constat signifie aussi
que 96,6 % des Métis parlent l'afrikaans (75,8 %) ou l'anglais (20,8 %), que
90,7 % des Asiatiques parlent l'afrikaans (4,6 %) ou l'anglais (86,1 %) et
que 96,5 % des Blancs parlent l'afrikaans (60,8 %) ou l'anglais (35,7 %).
- La répartition des langues officielles
|
Quand on parle des onze langues officielles en Afrique du Sud,
il faut introduire certaines nuances. Il ne faut pas comprendre
que les onze langues officielles ont ce statut partout dans le
pays, tant dans les neuf provinces qu'au gouvernement central.
Le gouvernement central ne
reconnaît que deux langues officielles dans les organismes
(Parlement, ministères, institutions centrales, etc.) sous sa
juridiction: l'anglais et l'afrikaans. De plus, l'anglais
bénéficie de plus de prérogatives que l'afrikaans. Quant aux provinces, elles ont
toute choisi de trois à quatre langues officielles parmi les
onze possibles.
Gauteng |
Kwazulu-
Natal |
Cap-
Oriental |
Cap-Occidental |
Nord-Ouest |
Cap-Nord |
État libre |
Mpumalanga |
Limpopo |
afrikaans
anglais
sésotho
zoulou |
afrikaans
anglais
zoulou |
afrikaans
anglais
xhosa |
afrikaans
anglais
xhosa |
afrikaans
anglais
tswana |
afrikaans
tswana
xhosa |
afrikaans
sésotho
xhosa |
afrikaans
ndébélé
swati
zoulou |
anglais
sépédi
tsonga
venda |
Il faut constater
que l'anglais et l'afrikaans
ont été choisis comme langues co-officielles dans cinq provinces
(Gauteng, Kwazulu-Natal, Cap-Oriental, Cap-Occidental et
Nord-Ouest); l'afrikaans, sans l'anglais, est langue officielle
dans trois provinces (Cap-Nord, État libre et Mpumalanga); seule la province du
Limpopo n'a pas choisi l'afrikaans
dans ses langues officielles. Le zoulou
est une langue co-officielle dans trois provinces (Gauteng,
Kwazulu-Natal, Mpumalanga) et le xhosa
dans quatre autres provinces (Cap-Oriental, Cap-Occidental,
Cap-Nord, État libre). Le sésotho
n'est co-officiel que dans deux provinces (Gauteng et État
libre); il en est ainsi pour le tswana
(Cap-Nord et Nord-Ouest). |
Les autres langues ne sont
co-officielles que dans une seule province: sépédi (Limpopo),
tsonga
(Limpopo), venda (Limpopo),
swati (Mpumalanga) et
ndébélé (Mpumalanga).
Ce sont les provinces les plus septentrionales qui ont les langues les
moins «officialisées», c'est-à-dire le Limpopo et le Mpumalanga.
Les onze langues officielles ont juridiquement le même statut de co-officialité.
Dans les faits, l'anglais, l'afrikaans, le zoulou et le xhosa sont
nettement privilégiés. De plus, les «langues blanches» (germaniques) sont plus
officielles que les «langues noires» (bantoues).
|
Toutes les langues officielles sont parlées sur tout le territoire
sud-africain, mais de façon fort inégalement répartie. La carte linguistique de gauche indique la répartition des langues
dans le pays. Il s'agit des premières langues parlées dans les
différents provinces.
On constate que l'afrikaans [n° 1] est concentré
au sud-ouest, c'est-à-dire dans les provinces du Cap-Nord (53,8 %) et du Cap-Occidental
(49,7 %) avec
des portions dans les provinces du Cap-Oriental (10,6 %) et de l'État libre (12,7
%).
L'anglais [n°2] est davantage parlé comme
langue maternelle dans le Cap-Occidental (20,2 %), le Gauteng (13,3 %) et le
Kwazulu-Natal (13,2 %).
On trouve les locuteurs du sépédi [n° 3]
principalement dans la province du Limpopo (52,9 %), mais ils sont aussi
présents dans le Gauteng (10,6 %) et le Mpumalanga (9,3 %). Le sésotho [n°
4] est
utilisé essentiellement dans l'État libre (64,2 ), avec une toute petite portion
dans le Gauteng (11,6%). Le tswana [n°
5] est parlé surtout dans la
province du Nord-Ouest (64,3 %), mais il est également présent aussi dans le Cap-Nord (33,1
%), l'État libre, le Limpopo et le Gauteng. Le swati [n° 6] est concentré dans
le Mpumalanga (27,7 %); le venda [n° 7] dans
la Limpopo (16,7 %); le tsonga [n° 8] dans
le Limpopo (16,7 %); le ndébélé [n° 9) dans
le Mpumalanga (10,1 %).
|
Le xhosa [n° 10] est plus important
dans la province du Cap-Oriental (78,8 %), mais il est aussi parlé dans les
provinces du Cap-Occidental et du Cap-Nord. Le zoulou
[n° 11] est
présent dans le Kwazulu-Natal (77,8 %), le Mpumalanga (24,1 %) et le Gauteng
(19,8 %).
On peut consulter les cartes linguistiques de chacune des
langues officielles en cliquant
ICI, s.v.p.
- Les variétés linguistiques
La plupart des langues officielles parlées en Afrique du Sud
sont aux prises avec des variétés importantes, y compris l'afrikaans et
l'anglais.
L'afrikaans (13,5 % de la population
totale)
connaît trois grandes variétés: l'afrikaans du
Cap-Oriental (Eastern Cape Afrikaans ou Oosgrensafrikaans) équivalant à l'afrikaans standard, l'afrikaans du Cap
(Cape
Afrikaans ou Kaapse Afrikaans) et l'afrikaans du fleuve Orange
(Orange River
Afrikaans ou Oranjerivierafrikaans).
L'afrikaans est surtout parlé dans les provinces du Cap-Nord, du Cap-Occidental et du
Cap-Oriental, mais cette langue perd continuellement
du terrain au profit de l'anglais. C'est pourquoi les Afrikaners sont
décidés à se battre pour assurer la survie de leur langue en utilisant les
dispositions constitutionnelles concernant le multilinguisme.
Pour ce faire, ils ont constitué une commission, le
Vrydaggroep
(en anglais ''Friday Group'') couvrant l'ensemble de la communauté afrikaanophone, qui
cherche des solutions pour l'avenir de l'afrikaans.
|
|
L'anglais est parlé à la maison par
près de 10 %
des foyers sud-africains, dont l'un n'est pas blanc; seuls 2,5 % des Noirs ont
l'anglais comme langue maternelle. Ce sont les Asiatiques qui demeurent avant
tout les locuteurs de l'anglais (86,1 %), bien
que beaucoup conservent aussi leur langue d'origine, l'hindi ou le tamoul. Il existe aussi un groupe
significatif de Chinois également anglophones qui conservent leur langue
d'origine. L'anglais sud-africain constitue une variété d'anglais unique avec de
fortes influences de l'afrikaans et des langues sud-africaines.
On distingue
l'anglais standard, l'anglais sud-africain des Noirs (Black South African English
ou BSAE), l'anglo-indien (Indian English), l'anglais des Métis
(Coloured English), l'anglo-afrikaans (Afrikaans English). L'aire
linguistique de l'anglais est surtout circonscrit dans la
province du
Kwazulu-Natal. Cependant, l'anglais est la langue véhiculaire des villes, du
commerce et des banques, du gouvernement national, des panneaux routiers et de
la plupart des documents officiels. C'est la seule langue de toute l'Afrique du
Sud qui gagne de plus en lus de nouveaux locuteurs.
Le zoulou (IsiZulu) est la langue du plus
grand groupe ethnique de l'Afrique du Sud (22,7 %). C'est donc la langue
sud-africaine la plus largement comprise.
Principalement concentré dans la
province du Kwazulu-Natal, le zoulou présente plusieurs variétés dialectales: le
zoulou du Kwazulu central (Central KwaZulu variety), le
zoulou
côtier du Kwazulu (KwaZulu Coast variety),
le zoulou côtier du Natal (Natal Coast variety), le zoulou
côtier du Bas-Natal (Lower Natal Coast variety), le
zoulou du
Natal du Sud-Ouest (South West Natal variety), le
zoulou du Natal
septentrional (Northern Natal variety), le
zoulou de la frontière
du Swati du Nord (Northern-Swati Border
variety), le zoulou de la frontière du Cap-Natal oriental (Natal-Eastern
Cape Border variety) et plusieurs autres variétés urbaines.
D'après la carte de droite, le zoulou est
surtout parlé dans la province du
Kwazulu-Natal, mais également dans
l'État libre et la province du
Mpumalanga.
|
|
Le xhosa (IsiXhosa) est l'une des quatre
langues du groupe nguni, parlée par 16,0 % de la population.
La variété la plus
distinctive est le mpondo (ou isiMpondo ou isiNdrondroza), qui est, entre
autres, la langue maternelle de l'ancien président sud-africain Nelson Mandela. Les autres variétés
sont principalement le thembu, le bomvana, le mpondimise, le rharhabe, le
gcaleka, le xesibe, le bhaca, le cele, le hlubi, le ntlangwini, le ngqika et le
mfengu.
Les variétés du xhosa sont principalement parlées dans la
province du Cap-Oriental, mais aussi dans les provinces limitrophes du Kwazulu-Natal,
du Cap-Nord et de l'État libre.
|
|
Le ndébélé (IsiNdebele) n'est parlé que
par 2,1 % de la population sud-africaine. Mais ses variétés, le manala et le
ndzundza, sont concentrées dans la province du Gauteng ainsi que dans la
province
du Mpumalanga, principalement les villes de Mokopane, Polokwane, Pretoria,
Bronkhorstspruit, Middelburg, Witbank, Delmas, Standerton, Marble Hall,
Groblersdal, Hendrina, Belfast et Bethal.
Le sépédi
ou sotho du Nord (Sepedi ou
Northern
Sotho) est l'une des trois langues sotho du pays et il est parlé par 9,1 % de la
population. Cette langue est surtout employée dans les
provinces du Limpopo et du Mpumalanga. Le sépédi est fragmenté en plusieurs variétés:
le sépédi du Centre-Sud (South Central), le sépédi central (Central), le
sépédi
du Nord-Ouest (North Western), le sépédi du Nord-Est (North Eastern), le
sépédi
oriental (East), le sépédi du Centre-Est (East Central).
Le sésotho
ou sotho du Sud (Sesotho ou
Southern
Sotho) est la langue de 7,6 % des Sud-Africains. Parlé dans
l'État libre, le sésotho présente quelques variétés dialectales dont le sekgolokwé,
le setlokwa, le sekwena et le serotsé (selozi).
Le tswana (Setswana) est employé par 8,0
% des Sud-Africains, principalement dans la
province du Nord-Ouest, mais
également dans les provinces du Cap-Nord, du
Limpopo, du Gautend et dans l'État libre. Le tswana est fragmenté en quelques
variétés dont le sekgalagadi du Botswana et le shilozi de la Namibie et de la
Zambie.
Le swati (SiSwati) est la langue
maternelle de 2,5 % des Sud-Africains, surtout dans la
province du Mpumalanga.
Les variétés dialectales sont le thithiza et le yeyeza.
Le venda (Tshivenda) est considéré comme
un isolat linguistique dans la famille bantoue. Parlé par 2,4 % de la
population, surtout dans la province du Nord, le venda est fragmenté en de
nombreuses variétés dialectales: le tshiilafuri (Western Venda), le tshimanda
(Central Venda), le venda standard (Venda Proper), le tshimbedzi (Eastern
Venda), le tshilembethu (North-Easter Venda), le venda de l'Extrême-Est (Extreme
Eastern Venda), le tshironga (Southern Venda) et le venda du Sud-Est
(South-Eastern Venda).
Le tsonga
(Xitsonga) est la
langue des Tsonga (4,5 %) de la province du
Limpopo, notamment à l'est des villes
du Limpopo et du Mpumalanga dans des aires linguistiques près du
Mozambique, ainsi qu'au sud de ce pays et dans le sud-est du Zimbabwe. Les
variétés dialectales sont les suivantes: luléké (Xiluleke), gwamba (Gwapa),
changana, hlave, kande, n'walungu (Shingwalungu), xonga, jonga (Dzonga), nkuma,
songa standard et nhlanganu (Shihlanganu).
3.4 Les langues non officielles
|
Il reste plusieurs autres langues en Afrique du Sud, qui n'ont pas de statut officiel.
Ce sont les langues identifiées par le recensement fédéral de 2011 par «Autres»
("Other"); elles comptent au total 280 454 locuteurs pour une population de 51,7
millions de Sud-Africains. Celles
qui sont parlée par plus de 10 000 locuteurs sont les suivantes (voir le
tableau ci-contre). Cependant, il faut considérer que 29 % des ressortissants
étrangers parlent l'anglais et que 15 % parlent l'afrikaans. Les
autres se partagent les langues qui restent.
Parmi les langues minoritaires, quelques-unes sont des langues
indigènes sud-africaines appartenant à la
famille bantoue(nyanja, tswa,
makua, birwa). Deux langues appartiennent à la
famille khoïsane : le nama et
le korana.
Toutes les autres langues sont issues de l'immigration, d'abord
du Mozambique, puis de l'Inde. La langue numériquement la plus importante
est le portugais parlé par les ressortissant du Mozambique. On trouve aussi des langues
indo-aryennes (hindi,
bhojpouri, gujarati, ourdou) et
dravidiennes (tamoul) en
provenance de l'Inde.
Outre le portugais, les langues européennes les plus représentées sont le
grec, l'italien, l'allemand, le néerlandais et le français.
|
3.5 Le bilinguisme sud-africain
Dans une société multilingue, il est normal que les langues se concurrencent
et s'influencent entre elles. Par exemple, en 1996, la grande majorité des
Sud-Africains affirmaient être unilingues dans une proportion de 88 %, ce qui
signifie que seulement 12 % déclaraient une seconde langue parlée à la maison.
En 2011, l’étendue de l'unilinguisme avait considérablement baissé à 52,3 %, ce
qui signifie que près de la moitié (48 %) de tous les Sud-Africains ont déclaré
parler au moins deux langues à la maison.
Première langue
parlée à la maison |
Unilingues
Recensement 1996 |
Unilingues 15 ans et plus
(1996) |
Unilingues
Recensement 2011 |
Unilingues 15 ans et plus
(2011) |
Anglais |
38,9 % |
36,9 % |
45,3 %
= + 6,4 % |
40,9 % |
Afrikaans |
59,6 % |
56,3 % |
39,6 %
= - 20,0 % |
35,8 % |
Zoulou |
89,8 % |
87,6 % |
52,5 %
= - 37,3 % |
46,5 % |
Xhosa |
90,5 % |
88,2 % |
51,6 %
= - 38,9 % |
45,8 % |
Sépédi |
91,2 % |
89,5 % |
61,0 %
= - 30,2 % |
55,5 % |
Tswana |
87,9 % |
86.0 % |
55,5 %
= - 32,4 % |
50,2 % |
Sésotho |
83,5 % |
81,9 % |
52,6 %
= - 30,9 % |
48,9 % |
Venda |
92,0 % |
90,0 % |
58,0 %
= - 34,0 % |
51,6 % |
Tsonga |
82,4 % |
79,9 % |
50,0 %
= - 32,4 % |
44,0 % |
Ndébélé |
77,6 % |
76,3 % |
39,6 %
= - 38,0 % |
36,7 % |
Swati |
84,5 % |
82,0 % |
45,2 %
= - 39,3 % |
39,3 % |
Autres |
59,2 % |
54,2 % |
26,4 %
= - 32,8 % |
22,1 % |
Signes
(langue) |
- |
- |
60,1 % |
55,9 % |
Total |
88,1 % |
85,9 % |
52,3 %
= - 35,8 % |
46,8 % |
Le tableau ci-dessus révèle que l'unilinguisme est plus faible chez les adultes,
ce qui indique que les enfants sont plus aptes à ne parler qu'une seule langue.
Entre 1996 et 2011, des changements important on eu lieu.
1)
Il y a plus d'unilingues anglais en 2011 (45,3 %) qu'en 1996 (38,9 %),
une augmentation de 6,4 %.
2) Il y a moins d'unilingues afrikaans en 2011 (39,6 %) qu'en 1996 (59,6 %),
une baisse de 20,0 %.
3) Toutes les locuteurs d'une langue bantoue ont vu l'unilinguisme baisser
considérablement, passant de 86,6 % en moyenne à 51,7 % en moyenne, une
baisse de 34,9 %.
Étant donné que seuls les anglophones ont vu baisser la
proportion des unilingues, on peut penser qu'une bonne partie des bilingues ont
appris l'anglais. Il serait pour le moins surprenant que le bilinguisme se fasse
à l'avantage des langues bantoues.
|
Les recherches linguistiques ont d'ailleurs révélé un usage accru de
l'anglais chez les Sud-Africains appartenant à un ménage
relativement aisé (well-off households") au point de vue économique.
La figure de gauche
permet de comparer les pourcentages des individus qui ont déclaré en
2011
l'anglais comme langue seconde parmi trois groupes
socio-économiques. (1) Il y a ceux qui vivent dans des ménages à
fable revenu ("low income") dont le revenu était de 3200 rands (212
$US) ou par mois ou moins, ce qui
représente plus de 75 % de tous les Sud-Africains. (2) Il y a ceux
qui vivent dans des ménages «à revenu intermédiaire» ("middle income"),
ce qui correspond entre 3200 et et 9000 rands (212$ - 595 $US) par mois
et concerne environ
12 % de la population. (3) Ceux qui vivent dans des familles à
revenu «élevé» ("high income") ont des revenus supérieurs
à 9000 rands par mois, soit moins de 12 % des Sud-Africains.
La figure
montre révèle que les individus âgés entre 20 et 30 ans et appartenant à une
famille au revenu plus élevé ont le taux de bilinguisme atteignant
les 50 %, alors que ceux dont le revenu familial est intermédiaire
atteigne 40 % et ceux à faible revenu dépasse les 30 %. Autrement
dit, plus les membres vivent dans une famille avec des revenus
élevés plus ils savent l'anglais. À l'inverse, plus ils sont
pauvres, moins ils savent l'anglais. |
De plus, dans les zones urbaines, notamment dans les ''townships'' du Gauteng,
il existe des interactions se caractérisant par
des phénomènes de code-switching ou de changement et/ou de mélanges des
langues. Ainsi, de nouvelles
formes langagières sont apparues comme le tsotsitaal
(< tsotsi: «voyou»; < Taal: «langue» en afrikaans) basé sur
l’afrikaans et le sésotho. Si le terme tsotsitaal a longtemps été perçu
avec une connotation négative auprès des Blancs et des Noirs sud-africains, il a
acquis aujourd'hui un sens plus général et désigne la langue parlée par la
jeunesse progressiste noire et urbaine, notamment dans la région de Soweto.
En
fait, on parle souvent du scamto pour
décrire ces langues mixtes. Les appellations les plus connues sont
le
tsotsitaal, le flaaitaal, l'isicamtho,
le stsotsi sjita, le spantsula, le lingo, etc. Tous
ces parlers sont issus du contact entre différentes langues sud-africaines:
zoulou, séotho, xhosa, swati, tswana, venda, ndébélé,
tsonga, ainsi que l'anglais et l'afrikaans. Il s'agit de parlers mixtes qui
reflètent le contexte multilingue des townships noirs en Afrique du Sud.
Aujourd'hui,
Soweto est un melting pot des cultures sud-africaines
et où il s'est développé des sub-cultures, notamment chez les jeunes.
Cependant, dans les
zones linguistiquement homogènes, la plupart des citadins emploient une langue
véhiculaire stable, généralement une langue africaine. Autrement dit, l'Afrique
du Sud n'est pas ce qu'on pourrait appeler à proprement parler un «pays
anglophone», même si l'anglais sert de véhicule dans les communications à
l'échelle nationale.
Au plan local, les Sud-Africains parlent leurs langues bantoues, mais il
n'utilisent que l'afrikaans ou l'anglais comme langue véhiculaire, et uniquement
l'anglais à l'échelle nationale. Tous les locuteurs des langues autres que
l'anglais ont comme langue seconde l'anglais; seuls quelques anglophones ont le
zoulou comme langue seconde. La plupart des Sud-Africains croient que la
connaissance de l'anglais leur permettra d'optimiser leurs chances de réussite
dans la vie. C'est pourquoi l'anglais est devenu avec les années la plus grande
langue véhiculaire du pays, déclassant l'afrikaans dans tout le pays. Nous
pouvons résumer la situation relative à la distribution géographique
des langues de la façon suivante:
1) l’importance numérique du zoulou (22,7 %) et du xhosa
(16,0 %), chacune constituant la langue maternelle de près d’un quart de
la population sud-africaine;
2) l’existence de plusieurs langues africaines très minoritaires:
ndébélé, swati, venda, tsonga, etc.
3) la concentration géographique de toutes les langues, sauf pour
l'anglais qui est caractérisé par la dispersion;
4) la concentration géographique de l'afrikaans dans les deux provinces
du Cap-Occidental et du Cap-Oriental, alors que les afrikaanophones sont
surtout des Métis (''Coloured'').
Cela étant dit, la population sud-africaine révèle un
ensemble démolinguistique extrêmement complexe qu'il est forcément difficile de
gérer. En effet, il ne peut être aisé d'assurer, par
exemple, que toutes les langues soient représentées équitablement dans les activités quotidiennes des
neuf gouvernements provinciaux ainsi qu'en éducation? Une façon de contourner le problème
a été de
laisser chaque province identifier lesquelles des langues seraient officielles pour
une province particulière.
Évidemment, en dépit des garanties constitutionnelles, deux
langues «blanches» se sont affirmées davantage: l'anglais et l'afrikaans. D'une part, l'anglais a été
valorisé parce
qu'il était une langue économiquement très compétitive dans un contexte
de mondialisation; d'autre part, l'afrikaans bénéficiait du plus grand réseau de
«partisans» et de locuteurs à son maintien, parce qu'il était la langue la plus
connue de l'ancienne élite administrative et politique. L'anglais
et l'afrikaans demeurent encore les deux langues de prestige en éducation. Près du
tiers des non-anglophones pratiquent l'anglais comme langue seconde, alors que
cette proportion est d'environ 15 % pour les non-afrikaanophones.
3.6 Les religions
D'après le recensement de 2001, la répartition globale des
religions en Afrique du Sud est la suivante (voir le tableau ci-dessous) :
Religion |
Nombre (2001) |
Pourcentage |
Christianisme |
35
750 641 |
79,7
% |
Sans religion |
6 767 165 |
15,1 % |
Islam |
654
064 |
1,4
% |
Hindouisme |
551
668 |
1,2
% |
Religions traditionnelles |
125
898 |
0,28
% |
Judaïsme |
75
549 |
0,17
% |
Autre |
894
789 |
2,0 % |
|
La grande majorité des Sud-Africains sont des chrétiens dans une
proportion près de 80 %. Cependant, le tableau ci-contre ne précise
pas la proportion des différentes confessions chrétiennes telles les anglicans
(3,8 %), les pentecôtistes (8,2 %), les méthodistes (6,8 %), les
sionistes (11,1 %), les catholiques (7,1 %), les calvinistes (6,7
%), etc. En fait, le nombre des églises protestantes est très élevée
en Afrique du Sud, que ce soit pour les Noirs, les Blancs ou les
Métis. La proportion des musulmans (1,4 %) et des hindouistes (1,2
%) est peu élevée, de même que les juifs (0,17 %); ce sont les
Asiatiques qui sont de religion musulmane, ou hindouiste, voire
bouddhiste. Quelque 15 % des Sud-Africains n'appartiennent à aucune
religion, mais ils restent minoritaires, car la religion occupe une
place généralement très importante dans ce pays. |
À l'époque du régime de l'apartheid, le christianisme s'affichait comme la
religion dominante, notamment l’Église réformée hollandaise. La plupart des
pasteurs et des missionnaires, qu'ils soient méthodistes, anglicans,
méthodistes, luthériens, calvinistes, congrégationalistes, presbytériens ou
catholiques, s'opposaient aux pratiques africaines traditionnelles qu’ils
considéraient comme barbares et superstitieuses; pour les Blancs, c'était de la
sorcellerie. Depuis la démocratisation du pays, l’Afrique du Sud entend traiter
tous les cultes sur un pied d’égalité, même si le protestantisme dominait jadis
le paysage religieux. La plupart des grandes Églises se sont restructurées et
ont abandonné les frontières raciales internes héritées de la colonisation. Dans
un pays qui revendique son identité africaine, les religions traditionnelles
africaines sont perçues comme la «Renaissance africaine». En Afrique du Sud, les
religions chrétiennes, les religions traditionnelles africaines et les «sans
religion» semblent cohabiter sans trop de problèmes.
Dernière mise à jour:
15 déc. 2023
Afrique du Sud