Lafrikaans
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Lafrikaans est une
langue germanique issue du néerlandais parlé dans le
sud de la Hollande au XVIIIe siècle.
C'est le 6 avril 1652 que Jan Van Riebeeck
atteignit le Cap et y installa un
comptoir commercial destiné à assurer un relais sur
la
route des Indes
orientales. Van Riebeeck est une personnalité historique et culturelle
importante en Afrique du Sud; la population afrikaner le considère
comme «le père» de leur nation. Les colons hollandais se sont ensuite mêlés aux réfugiés protestants français, les huguenots, pour former la première génération de Boers, terme néerlandais signifiant «éleveurs». De religion calviniste, ces Boers radicaux mirent en place une politique de ségrégation à légard des populations noires. Peu à peu, cette langue des premiers colons sest différenciée du néerlandais par ses emprunts au français, à l'allemand, à langlais et aux langues africaines, puis par son système phonologique particulier et certaines spécificités grammaticales. Après plus de deux siècles, cette langue descendant des premiers Blancs établis en Afrique du Sud était devenue lafrikaans qu'on pourrait qualifier de «néerlandais africain». |
Certains linguistes n'hésitent pas à parler de
créole
dans le cas de l'afrikaans. En effet, pour Claude Hagège («Créoles» dans Dictionnaire amoureux des langues, Paris, Plon/Odile Jacob, 2009), ce
sont les colons hollandais qui ont créolisé leur néerlandais qu'ils
l'auraient «radicalement simplifié», à la manière dont l'ont fait les
esclaves noirs. Cette langue possèderait toutes les caractéristiques d'une
créole: elle s'est construite, vers 1750 comme une nouvelle langue, à partir
des nombreuses simplifications du néerlandais, non sans avoir subi une forte
influence des langues africaines des Hottentots, lesquels ont participé à la
transformation du néerlandais. Quoi qu'il en soit, le débat n'est pas clos,
à savoir si l'afrikaans est une langue créole ou non.
Jusqu'au milieu du
XIXe siècle, l'afrikaans n'était utilisé qu'à l'oral,
car on se servait toujours du néerlandais pour écrire. Lafrikaans devint
progressivement une langue littéraire et s'imposa peu à peu dans la presse, les écoles
et les églises. En 1925, il remplaça officiellement le néerlandais en Afrique du Sud et
constitue aujourdhui l'une des deux langues officielles «blanches»
(anglais et afrikaans) de l'Afrique du Sud, avec les neuf langues
officielles «noires». Il est
aussi parlé en Namibie par 6,8 % de la population et il n'est pas une langue
officielle.
En guise de comparaison, voici l'article 1er de la Déclaration universelle des droits de l'Homme de 1948, présenté en néerlandais (la langue d'origine), en afrikaans et en allemand (pour fins de comparaison):
Néerlandais | Afrikaans | Allemand | Français |
Alle mensen
worden vrij en gelijk in waardigheid en rechten geboren.
Zij zijn begiftigd met verstand en geweten, en behoren zich jegens elkander in een geest van broederschap te gedragen. |
Alle menslike
wesens word vry, met gelyke waardigheid en regte, gebore. Hulle het rede en gewete en behoort in die gees van broederskap teenoor mekaar op te tree. |
Alle Menschen
sind frei und gleich an Würde und Rechten geboren.
Sie sind mit Vernunft und Gewissen begabt und sollen einander im Geist der Brüderlichkeit begegnen. |
Tous les êtres
humains naissent libres et égaux en dignité et en droits.
Ils sont doués de raison et de conscience et doivent agir les uns envers les autres dans un esprit de fraternité |
En 1795, les Britanniques commencèrent à coloniser la région du cap de
Bonne-Espérance et repoussèrent vers lintérieur des terres les Boers qui finirent
pas fonder trois États (aujourd'hui en Afrique du Sud): le
Natal
(auj.
Kwazulu-Natal),
le
Transvaal
(auj.
Northern Province
et
Mpumalanga)
et lÉtat libre dOrange
(auj.
Free State). Les Britanniques tentèrent dannexer le Natal, puis la découverte de gisements
aurifères dans une partie du Transvaal provoqua une ruée vers l'or et l'arrivée de
milliers de colons britanniques dans cet État. Les Boers manifestèrent leur
hostilité aux Uitlanders «étrangers» en leur refusant
tout droit politique et en les taxant considérablement. Lopposition entre
Boers
et Uitlanders s'envenima à un point tel que, le 12 octobre 1899, les États boers
déclarèrent la guerre à la Grande-Bretagne. La guerre des Boers prit fin, le 31 mai
1902, lors du traité de Vereeniging, par lequel les Boers reconnaissaient leur défaite
et la souveraineté britannique sur leurs territoires. |
Aujourd’hui, les Afrikaners forment 60 % de la population blanche d’Afrique du Sud. On sait que l’afrikaans était la langue co-officielle avec l’anglais de l'ancienne Rhodésie, c'est-à-dire la Rhodésie du Nord (aujourd'hui la Zambie) et la Rhodésie du Sud (aujourd'hui le Zimbabwe). Le nom de
Rhodésie (Rhodesia en anglais) , utilisé à partir de
1892 par la plupart des premiers colons pour désigner
les possessions de la British South Africa Company (BSAC)
en Afrique australe dans la région du bassin du Limpopo-Zambèzen
1, est officialisé par la BSAC en mai 1895 et par le
Royaume-Uni en 18982. Le nom rend hommage à Cecil
Rhodes, homme d'affaires britannique, premier ministre
de la colonie du Cap, fondateur et administrateur de la
BSAC (le nom faillit être celui de Cecilia, en l’honneur
de la marquise de Salisbury).
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