Amis | Atayal | Bunun | Da'o (Yami) | Kavalan | Kanakanabu | Païwan | Puyuma | Rukai | Saaroa | Saisiat | Truku | Thao | Tsou |
---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
204 000 | 87 000 | 57 000 | 3 500 | 1 400 | 300 | 98 000 | 14 000 | 13 000 | 300 | 6 500 | 30 000 | 800 | 6 700 |
|
Taïwan(1) Situation générale |
Avis: cette page a été révisée par Lionel Jean, linguiste-grammairien. |
Lîle
de Taïwan (anciennement Formose) est un État indépendant de facto appelé aussi république
de Chine depuis 1949 ou en anglais ROC (Republic of China) situé au large de la Chine continentale. Cependant, l'île est de jure une
«province de Chine» sur laquelle la République populaire de Chine n'exerce
actuellement aucun pouvoir. Par un
traité de défense mutuelle entre les États-Unis et Taïwan, les
forces armées américaines et taïwanaises
assurent l'autonomie effective de l'île, alors que des politiciens taïwanais menacent la Chine d'une éventuelle déclaration d'indépendance. La
capitale administrative est
Taïpei, et la capitale officielle, Nanjing
(Nankin).
L'île de 35 980 km² (Belgique: 32 545 km²) est séparée du continent par le détroit de Taïwan et est entourée au nord par la mer de Chine orientale, par l'océan Pacifique à l'est, au sud par la mer de Chine méridionale. |
En plus de
l'île de Taïwan, le pays comprend également de nombreuses îles et petits
archipels. Il faut mentionner les îles Penghu (ou Pescadores), les îles Quemoy (en chinois Jinmen ou Kinmen), les îles Wuch'iu
Hsü et les îles Matsu. Au total, Taïwan compte bien 88 îles et îlots, dont les plus éloignés sont à 150 km de l'île principale (Taïwan). Celle-ci est également connue sous le nom de Formosa («La Belle»), qui lui fut donné en 1590 par les premiers navigateurs portugais (Ila Formosa). Dans la documentation ancienne de la Chine, Taïwan fut périodiquement appelée Penglai, Daiyu, Yuanqiao, Yingzhou, Daoyi, Yizhou et Liuqiu. Évidemment, toutes les îles administrées par la république de Chine sont revendiquées par la République populaire de Chine. L'île principale, Taïwan, est parsemée de montagnes et de parcs naturels. Ces montagnes occupent quelque 65 % du territoire et plus de 290 sommets culminent au-dessus de 3000 mètres d’altitude. Le plus haut sommet est le Yushan (ou le mont Jade) qui s’élève à 3952 mètres d’altitude. En général, les montagnes occupent les parties centrales de l'île, alors que les côtes sont plus densément peuplées, particulièrement la côte ouest. |
Taïwan n'est pas un État souverain du point de vue de l'ONU; le nom de "Republic of China" ou ROC (en anglais) que se donne officiellement Taïwan n'est pas reconnu partout sur la scène internationale. En fait, depuis l'éviction de Taïwan de son siège au Conseil de sécurité de l'ONU en 1971, la plupart des pays du monde ne reconnaissent que la République populaire de Chine. La Chine aimerait appliquer à Taïwan la formule de «un pays, deux systèmes» (statut de «région administrative spéciale»), à l'instar de Hong-Kong et de Macao. Bref, pour Pékin, Taïwan est considérée comme «une province séparatiste».
La bonne nouvelle, c'est que la Chine n'a pas encore décidé d'attaquer Taïwan; la mauvaise, c'est que le président choisi a demandé à son armée de se tenir prête à intervenir dès 2027. Alors que la Chine a pris un tournant nationaliste autoritaire, Taïwan s'impose comme l'une des sociétés les plus libres et les plus prospères de toute l'Asie.
2.1 Les divisions administratives
Taïwan compte trois catégories de divisions
administratives pour un total de 22, lesquelles sont directement régies par
le gouvernement central appelé le «Yuan exécutif» (Hsing-cheng Yüan : «Cour
exécutive»), c'est-à-dire la branche exécutive du gouvernement de la
république de Chine (RC) à Taïwan. Ces trois catégories sont les suivantes:
Le mot chinois "zhíxiáshì" («municipalité spéciale») désigne une «municipalité régie directement par le gouvernement central»; le terme "shì" («ville provinciale») réfère simplement à «ville», alors que le mot "xiàn" désigne un comté. Ainsi, on distingue les municipalités spéciales, les villes et les comtés. Selon la Loi sur les collectivités locales de 2016, une agglomération comptant une population de plus de 1,25 million d'habitants peut devenir une «municipalité spéciale»; une agglomération ayant une population variant entre 500 000 et 1,25 million d'habitants peut devenir une «ville provinciale». Quant aux comtés comptant plus de deux millions d'habitants, ils peuvent accorder des privilèges supplémentaires en matière d'autonomie locale, conçus pour les municipalités spéciales. Les comtés sont au nombre de 13 et proviennent des deux anciennes provinces, Taïwan et Jujian. Dans l'ancienne province de Taïwan, on trouve les comtés suivants: Changhua, Chiayi, Hsinchu, Hualien, Miaoli, Nantou, Penghu, Pingtung, Taitung, Yilan et Yunlin. Dans l'ancienne province du Fujian, ce sont les comtés insulaires de Kinmen et de Lienchiang, qui ne sont pas situés sur l'île de Taïwan. |
2.2 Les collectivités locales
|
Ces 22 divisions sont réglementées par la
Loi sur les collectivités
locales en tant qu'organismes locaux
autonomes, bénéficiant donc d'une auto-administration. Chacune de ces divisions
administratives possède son propre exécutif appelé
«gouvernement de ville» ou «gouvernement de comté» et sa propre «législature» appelée «conseil de
ville» ou «conseil de comté». Les maires des villes et les magistrats de comté sont élus
tous les quatre ans par leurs concitoyens.
Taïwan couvre une superficie de 36 193 km² incluant les îles adjacentes. Avec une population de 23,4 millions d'habitants (2017), sa densité de population moyenne est de 649 personnes par km². Taïwan arrive au 17e rang parmi les pays les plus densément peuplés au monde. La densité de population dans les grandes villes est évidemment beaucoup plus élevée. À Taipei, plus de 10 000 personnes vivent dans chaque kilomètre carré. Ce sont les «municipalités spéciales» qui atteignent le plus grand nombre de personnes. En effet, New Taipei, Kaohsiung, Taichung, Taipei, Taoyuan et Tainan regroupent 70% de toute la population du pays. Les «villes provinciales» ne comptent que pour 4,7% de la population, alors que les comtés accueillent 25,4% des citoyens. La plus grande ville de Taïwan est New Taipei qui abrite 4,0 millions d'individus. New Taipei ne doit pas être confondue avec Taipei-Ville, la capitale de Taïwan. La ville de Taipei est entièrement enclavée par la ville de New Taipei et compte une population de 2,6 millions d'habitants, ce qui en fait la quatrième plus grande ville de Taïwan. Avec la ville de Keelung, ces villes forment la zone métropolitaine de Taipei, qui comprend une population totale de sept millions d'habitants. |
Les autres grandes villes de Taïwan sont Kaohsiung (2,7 millions), Taichung (2,7 millions) et Tainan (1,8 million). Aucune autre ville taïwanaise ne compte plus de 500 000 habitants.
2.3 Le système politique
La Constitution prévoit une république avec cinq «branches» de gouvernement, appelées «Yuans»:
- le Yuan exécutif: il est composé du président, du premier ministre et des autres ministres du gouvernement;
- le Yuan législatif: c'est l'assemblée monocamérale qui détient le pouvoir législatif, désignée aussi comme "le Parlement" (guóhuì), et non plus «assemblée nationale;
- le Yuan judiciaire: qui fait office de cour constitutionnelle et supervise le fonctionnement des autres tribunaux;
- le Yuan des examens (ou des sélections) : chargé du recrutement dans la fonction publique;
- le Yuan de contrôle: il a le pouvoir de destitution et de censure des fonctionnaires, et vérifie les comptes de l'État.
Les responsables des ministères, des commissions et des agences placées sous l’autorité du Yuan exécutif sont désignées par le premier ministre et forment le conseil du Yuan exécutif (ou gouvernement). Le Yuan des sélections et le Yuan de contrôle sont des institutions secondaires par comparaison aux trois précédents.
Le terme «Taïwanais» désigne les 23 millions d’habitants qui résident dans l'île et ses dépendances, sans égard à la langue maternelle ou à la «langue première».
La population de Taïwan comprend deux ethnies principales: les
Hans
ou Chinois
(97,8 %) et les aborigènes (2 %). On compte
cependant trois langues chinoises importantes parmi les Hans:
La carte de gauche illustre les aires linguistiques de chacune de ces langues. On constate que le min nan, la langue majoritaire, occupe surtout le côté ouest de l'île avec des pointes au nord-est et au sud. Les locuteurs du mandarin ("putonghua") sont davantage installés sur le côté est avec des aires au nord-ouest. Quant à la langue hakka, elle est concentrée au nord-ouest, mais on trouve aussi des petites aires linguistiques au sud et à l'est. La langue hakka est fragmentée en plusieurs variétés dialectales: le sixian, le hailu, le dabu, le raoping et le zhao'an. Toutes les langues chinoises, donc appartenant à la famille sino-tibétaine, constituent, selon les communautés, à la fois des langues maternelles et des langues secondes. 3.1 Le chinois mandarin (guoyu) Le chinois mandarin, appelé 國語 ou guóyǔ à Taïwan, reste la seule langue officielle, bien que celle-ci ne soit parlée comme langue maternelle que par 20% de la population; dans les faits, la plupart des habitants de l’île peuvent s'exprimer en mandarin, parfois en anglais (langue seconde dans les écoles). |
Quoi qu'il en soit, le mandarin reste avant tout la langue des «continentaux» (désignés en anglais par "Mainlanders") arrivés sur l’île entre 1945 et 1949, laquelle s’est imposée chez le personnel administratif et militaire.
Rappelons qu'en République populaire de Chine, le chinois officiel est appelé putonghua (普通話 ou pǔtōnghuà en pinyin), le mot «mandarin» n'est jamais employé en Chine pour désigner la «langue commune». Le putonghua est une langue très normalisée, et basée sur la variante locale du chinois de Pékin. Or, plusieurs termes sont utilisés pour désigner le chinois officiel: hanyu (han-yu) («langue des Hans»), zhongwen («écriture de l'empire du Milieu»), putonghua («langue commune» et guoyu («langue nationale») à Taïwan. Le mot mandarin correspond à la langue utilisée par les fonctionnaires lettrés qui subissaient les examens de recrutement dans cette langue; sous l'ère Yongzheng des Qing (1723-1735), l'empereur chinois exigeait que les fonctionnaires parlent le mandarin («langue des fonctionnaires»), l'expression n'étant plus beaucoup en usage en Chine. Maintenant, le terme officiel en Chine est putonghua, conformément aux prescriptions de la Loi sur la langue et l’écriture communes nationales de 2001, mais à Taïwan c'est le mot guoyu.
Il existe deux variétés du chinois mandarin, celui parlé sur le continent et celui parlé dans les îles de Taïwan. Les dissemblances entre les deux variétés linguistiques proviennent principalement de l'émergence de deux États politiques distincts depuis la fin de la guerre civile chinoise, ainsi que de l'occupation japonaise de Taïwan entre 1895 et 1945. Avec les décennies, en raison d'une histoire différente et des divers contacts avec les langues locales et le japonais, le chinois mandarin parlé à Taïwan se caractérise par d'importantes variations dans le vocabulaire, la grammaire et la prononciation, mais pas au point de réduire considérablement la compréhension mutuelle. Dans le cas du vocabulaire, les Taïwanais ont emprunté une grande quantité de mots au japonais, puis plus tard à l'anglais, des centaines de mots inconnus dans la Chine continentale.
3.2 L'écriture chinoise de Taïwan
Alors qu'en Chine continentale on utilise à la fois les caractères chinois et l'alphabet pinyin (alphabet latin), Taïwan a recours, en plus des caractères chinois, à l'alphabet bopomofo (ㄅㄆㄇㄈ).
Traditionnel - Simplifié | Pinyin | Signification | Remarques |
|
Hanyu |
«écriture de l'Empire «langue commune» «langue nationale» |
terme générique généralement
utilisé terme pour
désigner le chinois officiel terme
taïwanais
pour désigner |
Le bopomofo est un alphabet non latinisé employé à Taïwan pour la transcription du mandarin à des fins pédagogiques et didactiques. Il permet — au moyen de signes additionnels — la notation d'autres langues chinoises. Le mot bopomofo vient des quatre premières lettres de cet alphabet :
L'alphabet bopomofo a été créé en 1913 et serait dérivé de formes
calligraphiques chinoises, sinon de caractères existants:
ㄅ
B |
ㄒ
X ㄓ ZH ㄔ CH ㄕ SH ㄖ R ㄗ Z ㄘ C ㄙ S ㄚ A ㄛ O ㄜ E ㄝ EH ㄞ AI |
ㄟ
EI ㄠ AU ㄡ OU ㄢ AN ㄣ EN ㄤ ANG ㄥ ENG ㄦ ER ㄧ I ㄨ U ㄩ IU ㄪㄪ |
Les Chinois nomment cet alphabet de transcription 主音符號, ou zhùyīn fúhào, c'est-à-dire «symboles phonétiques». Bopomofo et zhuyin sont donc des termes équivalents. Dans le tableau ci-dessous, les colonnes bopomofo et pinyin montrent les équivalences:
bopomofo | pīnyīn | bopomofo | pīnyīn | bopomofo | pīnyīn | bopomofo | pīnyīn | |||
---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
Consonnes (ou 聲母 shēngmǔ) |
||||||||||
ㄅ | b | ㄆ | p | ㄇ | m | ㄈ | f | |||
ㄉ | d | ㄊ | t | ㄋ | n | ㄌ | l | |||
ㄍ | g | ㄎ | k | ㄏ | h | - | - | |||
ㄐ | j | ㄑ | q | ㄒ | x | ㄧ | y | |||
ㄓ | zh | ㄔ | ch | ㄕ | sh | ㄨ | w | |||
ㄗ | z | ㄘ | c | ㄙ | s | ㄖ | r | |||
Voyelles (ou 韻母 yùnmǔ) | ||||||||||
ㄚ | a | ㄛ | o | ㄜ | e | ㄝ | ê | |||
ㄞ | ai | ㄟ | ei | ㄠ | ao | ㄡ | ou | |||
ㄢ | an | ㄣ | en | ㄤ | ang | ㄥ | eng | |||
ㄦ | er | ㄧ | i | ㄨ | u | ㄩ | ü |
À long terme, les Taïwanais risquent de connaître de réelles difficultés à communiquer par écrit avec les Chinois continentaux, car ils n'utilisent pas les caractères révisés et normalisés du putonghua. De plus, l'alphabet bopomofo reste totalement ignoré en Chine continentale. Voici des exemples (tirés de l'encyclopédie Wikipédia) en caractères chinois, en alphabet bopomofo et en alphabet pinyin:
Putonghua | Bopomofo | Pinyin | Traduction |
白日依山盡 |
ㄅㄞˊ ㄖˋ 一 ㄕㄢ ㄐ一ㄣˋ |
bái rì yī shān jìn |
Montagne jour après jour, le fleuve Jaune dans la mer. Pour les pauvres des milliers de yeux Aller à un niveau plus élevé. |
3.3 Le min nan méridional ou la langue taïwanaise
La majorité des Taïwanais parlent le min nan ou minnan (66 %), la variété dialectale chinoise de la province du Fujian, elle-même issue de la langue min. D'ailleurs, on l'appelle également le fujianois, mais le terme le plus courant est celui de taïwanais ou encore de hokkien taïwanais, sinon taiyu en mandarin et tai-gi ou tai-gu en taïwanais. Plus récemment sont apparus les termes holo et hoklo pour désigner cette langue. En anglais, on utilise les vocables Taiwanese et Taiwanese Hokkien. En réalité, les Taïwanais qui parlent le min nan s'expriment dans la variante du min méridional employé le long des côtes de la province du Fujian et un peu dans la province de Guangdong. Dans la province chinoise de Fujian, les Chinois parlent plusieurs variétés de min : le min méridional, le min oriental, le min septentrional, le min central, le min puxian et le min shaojiang. Dans la province chinoise de Guangdong, si la majorité des locuteurs parlent le cantonais, d'autres s'expriment en min méridional. Toutes ces variétés dialectales du min nan sont mutuellement intelligibles, car les minophones se comprenant assez bien entre eux, que ce soit en Chine ou à Taïwan ou entre les deux pays. |
Toutefois, en raison de son caractère insulaire, le min nan de Taïwan a conservé davantage de caractéristiques archaïsantes et un certain nombre d'emprunts au japonais; ceux-ci sont, il est vrai, peu nombreux, moins de 200 mots, mais ils sont employés avec une haute fréquence en raison de leur pertinence pour la société taïwanaise moderne et la culture populaire. Il existe aussi des variantes phonétiques dans le min nan de Taïwan. Ce sont les variantes du tsuan-tsiu (issu de la ville de Quanzhou en Chine) et du tsiang-tsiu (de la ville de Zhangzhou) ou un mélange des deux variantes précédentes. Les locuteurs de ces trois variantes occupent des aires distinctes, mais contigües.
O
n trouve des locuteurs minophones à l'extérieur de la Chine et de Taïwan, notamment à Singapour, en Malaisie, en Indonésie, en Thaïlande, aux Philippines et aux États-Unis. Ils forment le plus grand groupe de sinophones d'outre-mer. Ainsi, plus de 50 millions de locuteurs parlent le min ou l'une de ses variétés dialectales. Les Chinois du Fujian sont arrivés par vagues successives à Taïwan; ils se sont plus ou moins mélangés aux autres immigrants et ont continué à employer la langue min nan. Cependant, cette langue a évolué différemment à Taïwan, car elle a non seulement intégré une partie du vocabulaire hakka, mais également un fonds important du vocabulaire japonais dont la langue fut imposée dans l’île durant un demi-siècle. Par ailleurs, les Taïwanais ont établi de nouvelles normes de la langue parlée, sans référence à la littérature et à la langue écrite (idéogrammes) du mandarin, et ils ont fait évoluer le min nan «en milieu fermé», c'est-à-dire différemment du min nan continental.
Le min
méridional (min nan) a été longtemps dévalorisé sur le plan social et a donc été exclu de l’enseignement.
Aujourd’hui, le min méridional qu'on appelle de plus en plus souvent le
taïwanais est fréquemment parlé dans les lieux
publics et est non seulement utilisé par les dirigeants politiques qui
cherchent à se rapprocher des gens du peuple, mais aussi dans les médias ainsi
que dans le monde des affaires; certaines entreprises écartent même les
candidats à l’embauche qui ne parlent pas le taïwanais. En somme,
ce qu'on appelle la langue taïwanaise
désigne non pas le mandarin, mais le min nan. Cela dit, selon un sondage d'opinion (2002), outre le chinois mandarin (19,2 %) qui prend de l'expansion, les deux principales langues chinoises les plus parlés à Taïwan, soit le min nan (57,3 %) et le hakka (18 %), perdent peu à peu des locuteurs dans l’île, même si elles demeurent les langues maternelles de la grande majorité des Taïwanais. L'étude lancée par le quotidien en langue chinoise (mandarin), le United Daily News de Taipei, fait apparaître une lente régression de ces deux langues, notamment le hakka. Le sondage révèle ainsi que 15 % des adultes de la communauté hakka ne savent plus parler leur langue d'origine et que 24 % des Taïwanais de moins de 30 ans utilisent le mandarin de façon quotidienne. La carte de gauche (source: Statistical Bureau, 2010, Taipei) indique les «langues parlées à la maison» selon les comtés et les municipalités spéciales. Les locuteurs du mandarin parlent leur langue à plus de 90 % dans les comtés du Nord-Ouest, ainsi que dans le comté de Hualien; il est parlé à moins de 90 % des locuteurs de cette langue dans les comtés de Miaoli et de Taitung. Le Taïwanais est toutefois parlé à la maison par les minophones dans une proportion de plus de 95 % dans les comtés de Changhua, de Yunlin, de Chiayi et de Tainan. Il est utilisé à moins de 95 % des locuteurs minophones dans tous les autres comtés, ainsi que dans la municipalité de Keelung au nord. La hakka est aussi parlé à la maison, mais dans des proportions nettement inférieures. En moyenne, le hakka est employé à la maison dans une proportion de 6,6 % de ses locuteurs, mais à 56 % dans le comté de Hsinchu, à 52 % dans le comté de Miaoli et à 17 % dans le comté de Taoyuan, c'est-à-dire à environ 6 % pour le hakka et à 1,6 % pour les langues aborigènes. |
Quant aux langues aborigènes, elles demeurent peu employées par les aborigènes eux-mêmes à la maison, sauf dans le comté de Taitung (21,2 %) et dans le comté de Hualien (16,9 %).
3.4 Le hakka
Le hakka (appelé aussi "kejia" ou "kejiahua" en pinyin) est parlé par 18 % de la population taïwanaise. C'est une langue chinoise au même titre que le mandarin et le min nan, mais ces langues ne sont pas mutuellement intelligibles. Dans le monde entier, le nombre des locuteurs du hakka atteint les 90 millions, dont 34 millions en Chine et 4,2 millions à Taïwan, ce qui n'est pas rien.
3.5 Les langues aborigènes
Selon le sens original même du mot, les aborigènes sont les premiers habitants qui se sont installés dans l'île, il y a environ 6000 ans. Aujourd'hui, les peuples aborigènes sont les suivants: les Amis, les Atayal, les Bunun, les Kavalan, les Kanakanabu, les Païwan, les Puyuma, les Rukai, les Saaroa, les Saisiyat, les Sakizaya, les Da'o (ou Yami), les Thao, les Truku, les Tsou et les Seedeq. L'ensemble de ces ethnies représente environ 2 % de la population de Taïwan.
Amis | Atayal | Bunun | Da'o (Yami) | Kavalan | Kanakanabu | Païwan | Puyuma | Rukai | Saaroa | Saisiat | Truku | Thao | Tsou |
---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
204 000 | 87 000 | 57 000 | 3 500 | 1 400 | 300 | 98 000 | 14 000 | 13 000 | 300 | 6 500 | 30 000 | 800 | 6 700 |
Taïwan n’abritait plus que 522 500 aborigènes en 2017; ils
appartiennent à plusieurs ethnies, dont les Amis, les Atayal, les Bunun, les Païwan,
les Puyuma,
les Rukai, les Saisiyat, les Tsou et les Yami. La plupart des aborigènes continuent de parler
leurs langues ancestrales, mais pas chez toutes les ethnies. Ces langues sont fragmentées en une vingtaine d’idiomes
dont plusieurs sont éteints ou en voie d’extinction. Aujourd’hui, seule une
dizaine de langues sont encore couramment utilisées sur la côte orientale : d’abord l’amis (204
000), puis l’atayal (87 000), le
bunun (57 000), le
païwan (98 000), le
pyuma (14 000), le rukai (13
000), le
saisiyat (6500), le
taroko (39 500), le tsou
(6700) et le yami (3500).
La carte de gauche indique l'aire linguistique d'origine de ces langues, mais elle ne correspond pas à la réalité dans la mesure où ces langues ne couvrent pas rigoureusement toute la superficie indiquée, sans oublier que les langues chinoises, surtout le mandarin, recouvrent les mêmes aires linguistiques. Quelques-unes de ces langues ont été transcrites par écrit, notamment au moyen de l'alphabet latin ou de l'alphabet phonétique du chinois mandarin. En raison de l’extrême diversité des langues aborigènes d’un village à l’autre, leurs locuteurs doivent apprendre le chinois mandarin pour communiquer avec les autres ethnies. |
Toutes les langues aborigènes de Taïwan sont d’origine proto-austronésienne et sont apparentées aux langues de la famille austronésienne des Philippines, de l'Indonésie et d’Hawaï. Elles sont appelées langues formosiennes pour éviter la confusion avec les «langues taïwanaises» qui sont originaires de la Chine continentale, soit le min nan et le hakka.
3.6 La non-transmission des langues aborigènes
Depuis quelques décennies, les langues aborigènes régressent dans l'île de Taïwan. Des quelque vingt langues ethniques originales de Taïwan, près de la moitié est disparue et l'autre moitié restante est en danger d'extinction. Le Conseil des peuples aborigènes indiquait en 1998 que 40,12 % des répondants aborigènes parlaient leur langue maternelle à la maison. Plusieurs chercheurs ont constaté que, parmi les peuples aborigènes de Taïwan, la perte de la langue est évidente chez les personnes âgés de 50 ans ou moins, et surtout parmi les individus résidant dans les zones urbaines, notamment ceux qui ont vingt ans ou moins. Un sondage téléphonique réalisé en 1999 par le United Daily News a révélé que seulement 9 % des enfants aborigènes de Taïwan parlaient couramment leur langue ancestrale. Les chercheurs ont conclu que la majorité des jeunes enfants taïwanais urbains, de l'école maternelle à la fin du secondaire, ne parlent plus leur langue maternelle et préfèrent s'exprimer en chinois mandarin, la langue officielle de Taïwan. Parce que les enfants ne comprennent plus les langues ancestrales utilisées par leurs grands-parents, cette perte linguistique a clairement contribué à l'affaiblissement de l'apprentissage intergénérationnel des langues. La perte progressive des langues dans les communautés aborigènes demeure un problème sérieux, surtout pour celles des plaines par rapport à celles plus isolées des montagnes.
Précisons que les revenus des ménages aborigènes taïwanais représentent moins de 40 % de la moyenne nationale et que le taux de chômage des aborigènes est nettement supérieur à la moyenne nationale. Certains chercheurs attribuent le chômage plus élevé de ces peuples à l'immigration de près de 300 000 «travailleurs invités» des Philippines, de la Thaïlande et de l'Indonésie, qui sont en concurrence directe avec ces peuples. La situation dans les zones rurales est encore plus préoccupante. En réponse à ces problèmes, le gouvernement a encouragé le développement du tourisme dans les zones rurales. Or, le tourisme a pour effet de transformer les cultures aborigènes en «caricatures historiques» pour les touristes curieux, ce qui signifie que les peuples aborigènes sont encore une fois contraints de supporter le poids des changements économiques de Taïwan. L'effet cumulatif des pressions exercées par la société taïwanaise engendre un ensemble de stéréotypes dans lesquels les peuples aborigènes sont représentés comme des «impuissants» et des «arriérés», tandis que leur culture est associée à du folklore et à des curiosités pittoresques destinées d'abord aux touristes et aux musées.
3.7 Le bilinguisme
Aujourd'hui, il n'est pas rare que les jeunes locuteurs de l'île emploient couramment le taïwanais et le mandarin. La langue taïwanaise parlée par ces jeunes est souvent perçue comme «impure» et fortement mandarinisée par les plus âgés des Taïwanais. La plupart des locuteurs du hakka ont couramment recours au mandarin et maîtrisent souvent le taïwanais. Le même constat semble s'appliquer aux locuteurs des langues aborigènes. L'afflux d'immigrants chinois au cours des quatre derniers siècles a considérablement diminué la proportion de la population indigène réduite maintenant à 2 % de la population totale. Au cours des deux derniers siècles, une douzaine de langues aborigènes sont disparues et les 12 ou 13 langues restantes sont menacées d'extinction. En quelque sorte, nous pourrions dire que les Min nan, les Hakka et les aborigènes sont bilingues, car ils connaissent leur propre langue maternelle et le chinois.
3.8 Les langues étrangères
Parmi les ethnies étrangères, on compte les Indonésiens, les Vietnamiens, les Philippins, les Thaïlandais, les Malais, les Japonais, les Américains, etc. Le nom des ethnies marqué par un astérisque (*) en rouge indique une population autochtone ou formosienne:
Ethnie | Population | Pourcentage | Filiation linguistique |
Chinois han min nan | 13 501 000 | 57,3 % | |
Chinois han mandarinophone | 4 523 000 | 19,2 % | |
Chinois han hakka | 4 244 000 | 18,0 % | |
Indonésien | 251 000 | 10,0 % | |
Amis* | 204 900 | 0,8 % | |
Vietnamien | 120 000 | 0,5 % | |
Païwan* | 98 000 | 0,4 % | |
Atayal* | 87 000 | 0,3 % | |
Philippin | 80 000 | 0,3 % | |
Thaïlandais | 67 000 | 0,2 % | |
Bunun* | 57 000 | 0,2 % | |
Chinois hui (musulman) | 56 000 | 0,2 % | |
Truku* + Seediq* | 39 500 | 0,1 % | |
Pinuyumayan* | 14 000 | 0,0 % | langue formosienne |
Malais | 13 000 | 0,0 % | |
Rukai* | 13 000 | 0,0 % | langue formosienne |
Japonais | 12 000 | 0,0 % | |
Américain, Britannique & Canadien | 10 500 | 0,0 % | |
Tsou* | 6 700 | 0,0 % | |
Saiset* | 6 500 | 0,0 % | langue formosienne |
Coréen | 3 500 | 0,0 % | |
Yami* | 3 500 | 0,0 % | famille austronésienne |
Siraya* | 3 000 | 0,0 % | famille sino-tibétaine |
Tibétain | 2 000 | 0,0 % | famille sino-tibétaine |
Kavalan kuwarawan* | 1 400 | 0,0 % | famille sino-tibétaine |
Thao sau* | 800 | 0,0 % | famille sino-tibétaine |
Mongol | 500 | 0,0 % | famille altaïque |
Kanakanabu* | 300 | 0,0 % | langue formosienne |
Saaroa* | 300 | 0,0 % | langue formosienne |
Juif madarinophone | 100 | 0,0 % | famille sino-tibétaine |
Autres langues | 45 000 | 0,2 % | - |
Total (2017) | 23 465 000 | 100 % | - |
Certaines minorités autochtones ont perdu leur langue ancestrale : les Kavalan, les Thao sau, les Kanaaknabu et les Saaroa. Tous les groupes aborigènes de l'île ne représentent aujourd'hui qu'une partie du grand nombre qui peuplait l'île au XVIIe siècle, donc au début de la colonisation chinoise. En effet, sur la trentaine de langues qui auraient été parlées à Taïwan au XVIIe siècle, il n'en subsisterait aujourd'hui qu'une quinzaine, dont cinq en voie d’extinction. Au total, les Taïwanais s'exprimant dans une langue formosienne constituent moins de 520 000 locuteurs. Évidemment, de nombreux jeunes aborigènes parlent aujourd'hui uniquement le mandarin, parfois le min nan ou les deux.
4 Les religions
La liberté religieuse est garantie par la Constitution de Taïwan. Le pays accueille une grande variété de religions, 26 étant officiellement reconnues. Tout compte fait, les Taïwanais sont libres de pratiquer les religions qu'ils désirent. Les statistiques officielles montrent que le bouddhisme est la religion la plus populaire, car il est pratiqué par environ 35 % des Taïwanais, et il est suivi de près par le taoïsme (33%). Le christianisme (3,9 %) et le yiguandao (3,5 %) sont les troisième et quatrième religions, mais environ 18 % des Taïwanais ne pratiquent aucune religion.
En réalité, il convient de faire certaines distinctions. À l’heure actuelle, seuls 2 % des Taïwanais de souche chinoise sont chrétiens, ce qui apparaît fort peu comparativement à plus de 90% des aborigènes chrétiens. De plus, dans de nombreuses paroisses mixtes de Taïwan, le nombre de chrétiens pratiquants réguliers aborigènes s’avère souvent supérieur à celui des Han. En général, l'Église presbytérienne compte beaucoup plus d'adeptes que l'Église catholique parce que, historiquement, la première s'est implantée plus solidement dans les montagnes de l'île auprès des aborigènes. Presque chaque village aborigène de Taïwan compte un temple protestant presbytérien et une église catholique. L'Église presbytérienne semble avoir joué un grand rôle dans l’émancipation des aborigènes de Taïwan depuis les années 1970.
De nombreuses analyses tentent de distinguer entre le bouddhisme et le taoïsme qui, avec le confucianisme, constituent plutôt des aspects de la «religion chinoise» plus élargie. Une telle distinction paraît discutable parce que diverses divinités taoïstes sont adorées aux côtés des divinités qui ont pris naissance dans le bouddhisme dans de nombreux temples partout dans le pays. En fait, plus de 90 % des Taïwanais pratiquent la religion traditionnelle chinoise qui intègre des éléments bouddhistes et taoïstes, des principes confucianistes et des traditions locales.
(1) Situation générale | (2) Données historiques |
(3) La politique à l'égard de la langue officielle |
(4) Les minorités et les aborigènes |
(5) Bibliographie |
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