Macao (en chinois
pinyin Aomen,
mais aussi connu de façon informelle comme
澳門
;en portugais Macau) est une région sous administration
spéciale de la République populaire de Chine. Le territoire est situé dans le sud du pays,
à 64 km à l’ouest de Hong-Kong
Macao est bordé au nord par la province
de Guangdong, et au sud par la mer de Chine méridionale. La superficie
totale du territoire n'est que de 29,5 km².
Le territoire compte trois petites îles reliées par
des ponts: Macao, Taipa et Coloane (voir la carte
détaillée). La ville de Macao, située dans la péninsule de
Macao, est la capitale du
territoire. L'appellation Macao se prononce en français
[ma-ka-o], mais en portugais Macau se prononce [ma-ka-ou] et en
anglais [ma-kaw].
Le territoire de Macao est une
cité-État qui vit principalement du tourisme lié aux jeux d'argent. De très
nombreux casinos en font la plus grande zone de jeu
du monde, devant même la fameuse Las Vegas aux États-Unis.
Macao est ainsi le territoire le plus riche d'Asie par habitants.
2
Données démolinguistiques
Selon le recensement de 2011, le territoire de Macao comptait une population
de 552 500 habitants. En conséquence, Macao constitue le territoire le plus
densément peuplé du monde devant la
principauté de Monaco et la
république de Singapour, avec 18 478
habitants au km² pour une superficie de 29,9
km².
La population de cette région est composée très majoritairement de Chinois
(94 %) nés en Chine continentale (47 %). Mais 42,5 % de la population est née à
Macao, contre 3,7 % à Hong Kong et 0,3 % au Portugal. Seule 1,7 % de la
population possède la nationalité portugaise. Toutes personnes nées à Macao
d'ascendance chinoise possèdent automatiquement la nationalité chinoise.
Les habitants de Macao sont appelés en portugais Macaenses
ou en français Macanais ou Macaviens;
en anglais, c'est
Macaneses.
Cette appellation désigne surtout les vieilles familles d'origine portugaise:
les filhos da terra («les fils de la terre»).
Les Macanais parlent le chinois cantonais dans une proportion de 83,6
%, alors que le portugais est la langue maternelle de seulement 0,4 % de
la population. Les autres locuteurs parlent le
chinois mandarin (5,8 %), le chinois macanais (2 %), le birman (2,9 %), le
filipino (1,3 %), le javanais (0,1 %), etc. L'anglais est parlé par 1,4 %,
principalement des Britanniques et des Américains.
Le portugais est l'une des deux langues officielles de la
Région administrative spéciale de Macao, avec le chinois. Les Portugais, les descendants de Portugais et les
Métis (les «sangs mêlés»), parlent le portugais et un peu l'anglais. Quelque 2000
locuteurs parlent le portugais comme langue maternelle et environ 11 500 comme
langue seconde.
Cependant, le portugais de Macao ou portugais macanais (en
portugais: Português Macaense) n'est pas
le portugais du Portugal, ni celui du Brésil. Ce portugais est considéré à Macao
comme
unevariété localedivergente du portugaiseuropéen,qui diffèreselonune gamme devariables sociales(âgede l'individu,profession,niveau d'instruction, classe
socialeetdegré d'utilisation du chinois et
de l'anglais),
ce qui entraîne des différences notables au point de vue phonologique, morphosyntaxique
et lexicale.
Ces différencessont,
bien sûr,conditionnées parlesinfluencesreçuesdu chinois, du cantonais et de
l'anglais.
Chez les personnes âgées, majoritairement des femmes, il
existe une autre sorte de
portugais parlé : c'est un
portugais créolisé, appelé
patuá («patois») ou crioulo macaense
(«créole macanais») et très influencé par le cantonais, puis par le malais (de
Java et de Singapour). Ce type de portugais est en voie de disparition.
Bien que le portugais soit une langue très minoritaire, le
gouvernement chinois y voit aussi une occasion pour que Macao serve de
plate-forme de communication avec le monde lusophone. Soulignons que
la Chine est aujourd'hui le deuxième plus grand partenaire commercial du Brésil.
2.2 Le chinois et le
cantonais
Le chinois mandarin est la langue co-officielle
avec le portugais. Mais la grande majorités des Macanais parle le cantonais
(83,6 %). Si la
plupart des
habitants de Macao parlent le chinois cantonais, ils écrivent généralement en chinois
mandarin traditionnel. Les autres Chinois parlent le chinois mandarin ou le
chinois macanais.
Pour la transcription écrite,
les Chinois ou sinophones, peu importe la langue qu'ils parlent, utilisent tous
pour écrire le même système idéographique, c'est-à-dire une écriture très ancienne
(certains diront archaïque) qui ne repasse pas par les sons de la langue, comme
c'est le cas des écritures alphabétiques (latin, arabe, hébreu, arménien, etc.).
Chaque idéogramme représente à la fois un mot et une syllabe, et chaque mot
dispose d'un signe, ce qui rend évidemment le système peu économique, car près
de 6000 à 8000 caractères sont généralement nécessaires. On peut compter jusqu'à
80 000 signes dans certains dictionnaires scientifiques. Cette complexité a
rendu obligatoires plusieurs réformes au cours des siècles; la dernière en Chine
date de 1977. On a simplifié le système au point qu'avec 2238 caractères il est
possible de satisfaire aux besoins de l'usage le plus courant.
Les Macanais
écrivant le cantonais utilisent un système similaire au chinois mandarin. Grâce
à ce système, tous les sinophones (mandarin, min, cantonais, wu, hakka, etc.) de
la Chine ou du monde peuvent lire, par exemple, le même journal, chacun dans sa
langue. En fait, toutes les langues
chinoises possèdent une structure syntaxique et des usages de caractères
différents. Cependant, comme la pratique chinoise est d'écrire en langue unifiée
ou en caractères chinois normalisé, les différences sont complètement effacées à
l'écrit. Il ne s'agit pas d'une impossibilité à écrire ces langues, mais d'un
choix issu d'un concept linguistique particulier, c'est-à-dire la séparation de
l'oral et de l'écrit.
En somme, les Macanais s'expriment
en cantonais (à l'oral), mais écrivent en
chinois normalisé (mandarin officiel). Ce qu'on appelle le «chinois officiel»
correspond en fait au «chinois écrit normalisé» (putonghua). Mais à
l'oral, c'est du cantonais! Bref, dans leur esprit, les Macanais parlent en cantonais
et écrivent en chinois.
2.3 L'anglais
L'anglais n'est pas une langue officielle à Macao, mais cette langue
joue néanmoins un rôle non officiel très important, en raison de sa situation
géographique près de Hong-Kong. L'anglais est une langue d'enseignement à
l'Université de Macao et dans un certain nombre d'écoles secondaires, bien que
la plupart des écoles utilisent le cantonais comme langue d'enseignement.
Macao compte près de 30 millions de touristes chaque année. Si la
plupart d'entre eux viennent de la Chine continentale, et parlent le chinois,
d'autre viennent d'ailleurs et parlent anglais, japonais, coréen ou thaï.
3 Bref historique du territoire
Macao fut une enclave portugaise en Chine fondée
en 1557 par des missionnaires et marchands originaires du Portugal. Le
territoire avait été donné au Portugal pour l’aide apportée à l’Empire du milieu
dans la lutte contre la piraterie. Cest le plus
ancien comptoir européen en Chine. Vers 1740, la population de Macao était
d'environ 40 000 habitants; elle restera à ce niveau durant près de deux cents
ans. Macao
demeura une plaque tournante du commerce dExtrême-Orient jusquau début du
XIXe siècle.
En réalité, le territoire de Macao n’est devenu une colonie du Portugal qu'en
1844, l'année où le Portugal déclara unilatéralement Macao comme «province
d’outre-mer». L'année suivante, le Portugal fit de Macao une zone de port franc.
Quelques années plus tard, le 22 août 1849, le gouverneur portugais Ferreira do Amaral
fut assassiné, probablement sur ordre de la Chine, pour
avoir pris de nombreuses dispositions renforçant la souveraineté du Portugal
sur le territoire de Macao. Cette période marqua pour Macao le début d’un
déclin qui allait durer plusieurs décennies. Puis, le 1er décembre 1887, le traité de Tientsin
confirma par la Chine «l’occupation permanente et
l’administration de Macao et ses îles adjacentes par le gouvernement du
Portugal». Néanmoins, Macao recommença à péricliter par la suite et,
progressivement, le commerce international fit place à lactivité industrielle, au
tourisme et aux jeux (casinos, courses de chevaux et de lévriers).
3.1 Une
société multiculturelle
Au cours des siècles
d'administration portugaise, la population de Macao est devenue une société multiculturelle distincte, car elle se composait d'éléments à la fois portugais, macanais et chinois, sans négliger les apports des autres possessions
portugaises en Asie et en Afrique. Macao a donc développé une population
indigène mixte ainsi qu'une une culture très particulière, avec un patrimoine
historique considérable accumulé au cours de quatre siècles, notamment en
matière d'architecture. Le portugais est toujours demeuré la langue officielle de lAdministration
durant toute loccupation portugaise. Le gouverneur de Macao était désigné par le
président de la république du Portugal après consultation des autorités locales.
Durant toute la
première moitié du XXe
siècle, la Chine se trouva en pleine
révolution et en même temps dépecée par les seigneurs de la guerre. Macao
demeura complètement à l’écart des
évolutions tant politiques qu'économiques de la Chine continentale, sauf
de façon très occasionnelle lorsque des dirigeants nationaliste ou
révolutionnaires virent y trouver refuge. Dès les
années vingt, Macao connut un grand afflux de Chinois venant du continent; sa
population augmenta rapidement à plus de 100 000 habitants.
Étonnamment, le petit territoire de
Macao n'occupa pratiquement aucune place
dans les préoccupations du régime chinois.
3.2 Un
territoire chinois sous administration portugaise
Après la victoire des
communistes de 1949 en Chine, le territoire de Macao put redevenir un lieu de
contact avec l'Occident tout en servant les intérêts économiques chinois.
Cependant, la Chine, ostracisée par la communauté internationale, fut empêchée
de récupérer ses territoires perdus, ce qui incluait Macao. Cette situation
perdura pendant de nombreuses années. Entre-temps, Macao connut une
croissance explosive de sa population qui passa à plus de 200 000.
En 1974, le Portugal avait cherché à rendre Macao à la Chine, mais le
gouvernement chinois refusa sous prétexte qu’une rétrocession aurait pu avoir de
fâcheuses répercussions sur la santé financière de Hong-Kong (alors une colonie
britannique). Au point de vue juridique, Macao devint un territoire chinois sous administration
portugaise et régi par le Statut organique de 1976 et révisé en 1990.
À partir des années quatre-vingt, Macao bénéficia d’une croissance économique et démographique qui
l’a rendue plus prospère. Toutefois, le territoire s'est également trouvé marginalisée par l’expansion économique de Hong-Kong, la création des
zones économiques spéciales et
l’intégration économique grandissante du delta de la Rivière-des-Perles.
Macao n'a jamais connu une activité
démocratique développée durant l'administration portugaise. De plus, son
économie, presque entièrement dominée par les jeux, était affligée d'une
violente criminalité, dont les conséquences sociales furent très importantes.
Néanmoins, le Portugal a toujours fait preuve de tolérance en faisant place au
développement de la culture, de la langue et de la religion propres à la
communauté chinoise de Macao. Bien que les Macanais soient influencés par les
cultures occidentales et orientale, ils s'identifiaient davantage comme des
Portugais (que comme des Chinois) et s'exprimaient souvent en portugais, même s'ils
étaient nés en Chine et parlaient généralement le cantonais. Pourtant, la
plupart d'entre eux n'entretenaient aucun lien avec le Portugal, n'y avaient
jamais mis les pieds et, par conséquent, leur exposition à la culture portugaise
étaient tout à fait limitée. En réalité, dans la vie quotidienne, ils parlaient
un portugais particulier très influencé par le parler local macanais (un mélange
de portugais, de cantonais, de hakka et de putonghua). La plupart des Macanais
envoyaient leurs enfants dans les écoles de langue portugaise afin de recevoir
un enseignement en portugais standard. Des parents interdisaient même aux
enfants de s'exprimer en cantonais au sein de la famille.
3.3 Une région
administrative spéciale
Finalement, les gouvernements de la
Chine et du Portugal en sont arrivés à un accord en 1987.
Le 31 mars 1993, l’Assemblée populaire
nationale de la République populaire de Chine adopta la Loi fondamentale de Macao.
Le 20 décembre 1999, au cours d'une cérémonie à laquelle assistaient le
président portugais, Jorge Sampaio, et son homologue chinois, Jiang Zemin,
Macao, la dernière colonie européenne d'Asie, était officiellement rétrocédée à
la Chine. Cet événement mettait fin à une occupation coloniale portugaise de
plus de quatre siècles.
Macao est revenu à la Chine sous un régime d’administration spéciale à l'instar de Hong-Kong: en portugais «Região
Administrativa Especial de Macau da República Popular da China».
Les anciens drapeaux portugais ont été remplacés par le nouveau drapeau vert à
lotus blanc. La fleur de lotus stylisée représente le peuple, et ses trois
pétales les trois îles de Macao. Le pont et les vagues sont l'emblème de
l'environnement naturel de Macao. Vers la fin de 1998, la population totale de
Macao avait encore fait un bon prodigieux et était passée à quelque 450 000
habitants.
Il existe à Macao un institut
culturel appelé "Instituto Cultural de Macau" et une fondation "Fundação do
Oriente", des sociétés demeurées très actives à Macao.
4 La politique linguistique
Il existe plusieurs textes juridiques concernant l'emploi
des langues à Macao, un ancien territoire portugais. Il s'agit d'abord de la
Déclaration
conjointe sino-portugaise sur la question de Macao de 1987 et de la
Loi fondamentale
du 31 mars 1993, adoptée par la Chine, le
31 mars 1993. Suivent plusieurs décrets-lois portant notamment sur
l'enseignement et quelques codes de lois divers. La Déclaration de 1987 énonce
que la Région administrative spéciale de Macao doit protéger les intérêts de la population d'origine
portugaise à Macao, en respectant ses coutumes et ses traditions
culturelles. L'article VII de l'annexe I de la
Déclaration sino-portugaise
précise
les principes fondamentaux du gouvernement de la Chine sur
Macao, ne tant que «Région
administrative spéciale»:
Article VII
La Région administrative spéciale de Macao définira, de sa propre
initiative, ses politiques concernant la
culture, l'éducation, la science et la technologie,
en particulier l'enseignement des langues, y compris le
portugais, le système des diplômes universitaires et la
reconnaissance des grades universitaires.
Tous les établissements d'enseignement continueront de fonctionner en maintenant
leur
indépendance et pourront continuer à recruter du personnel en
dehors de Macao et à obtenir et à utiliser du matériel
pédagogique de l'étranger.
Les étudiants doivent jouir de la liberté de poursuivre leurs études en dehors de la Région administrative spéciale de Macao.
La Région administrative spéciale de Macao doit protéger,
conformément à la loi, le patrimoine culturel de Macao.
Plus précisément, Macao bénéficie de
l'autonomie interne en matière de
culture, d'éducation, de science et de technologie, en
particulier l'enseignement et l'emploi des langues.
4.1 Les langues
officielles
L'article 9 de la
Loi fondamentale
du 31 mars 1993 prévoit que
le portugais peut être employé, en plus du chinois (sans préciser laquelle des
langues chinoises), comme langue officielle par les
autorités exécutive, législative et judiciaire :
Article 9
En plus de la langue chinoise, le portugais peut être également employé
comme langue officielle par les autorités exécutive, législative et
judiciaire de la Région administrative spéciale de Macao.
L'article 121 de la
Loi fondamentale définit l'autonomie de Macao
en matière d'enseignement et d'emploi des langues:
Article 121
1)
Le gouvernement de la Région administrative spéciale de Macao
définit, de sa propre initiative, les politiques d'éducation, y compris
celles relatives au système d'éducation et son administration,
les langues d'enseignement, la distribution des fonds, le système
d'évaluation, la reconnaissance des qualifications
littéraires et des diplômes universitaires en stimulant le développement de
l'éducation.
Cette Loi fondamentale de Macao est
pratiquement la copie conforme de celle de Hong-Kong, y compris l'article 9
portant sur l'emploi des langues, sauf que l'anglais est remplacé par le
portugais pour Macao.
La politique linguistique de
Macao porte en réalité sur trois langues importantes qui se font concurrence: le
portugais, le
chinois mandarin et le chinois cantonais.
Les langues officielles sont le portugais et le chinois. Comme on précise pas de
quel chinois il s'agit, on peut croire que le chinois cantonais est officiel à l'oral,
puisque le
cantonais demeure la langue d'usage de la grande majorité des Macanais; de même,
on peut croire que le portugais macanais est aussi officiel à l'oral. Mais ce sont
le portugais du Portugal et le chinois mandarin, qui demeurent officiels à l'écrit.
Cette imprécision sur le type de chinois officiel ne peut qu'être voulue et
volontairement ambiguë, car elle favorise trois langues chinoises: le
mandarin, le cantonais et le macanais.
Depuis la rétrocession de Macao à
la Chine, Pékin s'est vu forcé d'adopter le cantonais dans ses relations avec
les élites et le gouvernement local, alors que ce serait tout à fait
inacceptable à Canton. Quant à Macao, il continue de fonctionner
à la fois en chinois et en portugais, que ce soit dans l'Administration, les
écoles ou les médias écrits ou électroniques.
L'anglais demeure la quatrième langue d'importance, mais il reste confiné aux
affaires, au commerce international et au tourisme.
Avec le retour de Macao à la Chine, la
concurrence linguistique est en train de changer. Afin de bénéficier des
avantages sociaux que peut apporter la connaissance d'une langue devenue
désormais incontournable, beaucoup de Macanais, notamment les fonctionnaires, se
sont mis à suivre des cours intensifs en chinois mandarin (putonghua), espérant ainsi que
ce bilinguisme leur permettra de jouer un rôle plus important dans l'avenir.
4.2 La rédaction des lois
Dans la Région administrative spéciale de
Macao, les lois sont rédigées en chinois
cantonais, puis traduites en portugais, et promulguées en chinois mandarin et en
portugais. Comme à Hong-Kong, les juristes doivent présumer que les deux
versions, portugaise et chinoise, conservent la même
signification et qu'elles doivent être interprétées de la même façon. Dans le
cas où subsisteraient des interprétations différentes entre les deux versions,
les règles d'interprétation statutaires doivent prévaloir et concourir à
résoudre les différences, non les accentuer.
Les expressions ou mots chinois
inscrits dans une version portugaise doivent être interprétés en conformité avec
la langue et la tradition chinoises; de la même façon, les expressions ou mots
portugais inscrits dans toute version chinoise doivent être interprétés en vertu
de la langue et de la tradition portugaises. Lorsqu'une loi est à l'origine
rédigée en portugais et que la version chinoise semble différer de la version
originale, la signification portée par la version portugaise aura la priorité
sur le texte chinois; la situation inverse s'applique également. Si une expression du
droit coutumier est employée dans le texte portugais, tandis qu'une expression
analogue est employée dans le texte correspondant chinois (putonghua), la
loi doit être interprétée conformément à la signification du droit coutumier de
la langue d'origine. En
général, la version portugaise des lois apparaît plus explicites que la version
chinoise, car l'esprit du texte reste plus portugais que cantonais.
4.3 Les
tribunaux
Dans les
tribunaux, un procès peut être mené en portugais ou en cantonais, ou
dans les deux langues à la fois, y compris en chinois mandarin à l'écrit. Les même règles d'interprétation statutaires
des documents juridiques s'appliquent dans les cours de justice. L'article
82 du Code de procédure
pénale (1996) précise que les langues officielles
de la Région administrative spéciale de Macao, le portugais et le
chinois, sont obligatoires sous peine de nullité:
Article 82
Langue des actes et
désignation d'un interprète
1)
Dans les actes de procédure, tant écrites
qu'orales, l'utilisation de l'une
des langues officielles de la Région administrative spéciale de
Macao est obligatoire, sous peine de nullité.
2)
Lorsqu'une personne intervient dans la procédure
et qu'elle ne
connait pas ou ne maîtrise pas la langue de communication,
un interprète qualifié est désigné sans coût pour le particulier, en
dépit du fait que l'entité qui préside à l'acte ou que l'une des
parties à la procédure
connaisse la langue utilisée.
Au besoin, la cour fait appel à un interprète
si un justiciable ignore ou ne maîtrise pas l'une des langues officielles.
L'article 89 du Code de procédure
civile (1999) réitère l'emploi obligatoire des deux langues officielles:
Article89
Langue
utiliséedans
les documents
1)Dans les actes de procédure, l'une des langues officielles
doit être utilisée.
2)Lorsqu'il est
nécessaired'intervenir dans la
procédurepour
une personne quineconnait pasounemaîtrise pas lalangue de
communication,
un interprète qualifié est désigné sans coût
pour le particulier, en dépit du fait que l'entité qui préside à
l'acte ou que l'une des parties à la procédure connaisse la langue utilisée;
l'interprète doit prêter
serment d'allégeance.
Article90
Traduction
des documents
1)Lorsque des documents écritsprésentés dans une
langue différente des langues officielles de
Macao
nécessitent une traduction,
le juge ordonne d'office ou à la demande de l'une des parties qu'un
présentateur le rejoigne.
Dans la pratique, la plupart des procès se déroulent en
cantonais, rarement en portugais. Mais les documents écrits émanant du ministère
macanais de la Justice sont en chinois mandarin et en portugais. Ceux en
provenance de la République populaire de Chine sont rédigés en chinois mandarin.
4.4 L'administration
publique
L'administration publique de la
Région administrative spéciale de Macao fonctionne en chinois cantonais
et en portugais à l'oral, mais en mandarin et en portugais standard à
l'écrit. L'article 6 du
Code de procédure administrative(1999) énonce que
«les langues officielles de Macao doivent être employées par les pouvoirs
publics dans l'exercice de leurs activités» :
Article 6
Principe d'emploi des langues officielles
Les langues officielles de Macao doivent être employées par les pouvoirs
publics dans l'exercice de leurs activités.
En portugais, le mot "notificações" renvoie à
toute information communiquée dans des journaux sous forme
administrative aux citoyens pour porter à leur connaissance une décision qui les
concerne. L'article 72 du
Code de procédure administrative
précise
que les avis doivent être annoncés dans deux des journaux les plus
lus du territoire, l'un en portugais, l'autre en chinois:
Article 72
Formes de
notifications ("notificações")
1)
Les
notifications doivent être effectuées en personne ou par lettre, par
télégramme, par télex, par télécopie ou par téléphone, selon les
possibilités et les circonstances.
2)
Si l'une des formes de notification personnelle se révèle impossible ou
si les parties sont inconnues ou en nombre tel qu'elles
entravent ces formes de notification, la notification doit être
rendue publique en affichant des avis dans les lieux de style et de
publication annoncés dans deux des journaux les plus lus du
territoire, l'un en portugais, l'autre en chinois.
1)
La procédure disciplinaire est sommaire et la
forme des actes, lorsqu'elle n'est pas expressément réglementée par la loi,
est nécessaire pour établir la vérité en rejetant tout ce
qui est inutile, impertinent et dilatoire.
2)
La procédure disciplinaire peut être utilisée indistinctement en portugais et
en chinois.
Dans le Code de l'état civil (1999),
l'article 37 prescrit une traduction certifiée lorsque les
documents ne sont pas rédigés dans les langues officielles, sauf pour
les document présentés en anglais:
Article 37
Documents
transmis en dehors du territoire
2)
Les documents qui ne sont pas rédigés dans les langues officielles
doivent être accompagnés d'une traduction certifiée, conformément
aux articles 182 et suivants du Code du notariat.
3)
Les documents rédigés en anglais peuvent être dispensés d'une
traduction.
Il en est ainsi dans le
Code du notariat (1999)
qui impose une traduction certifiée
pour les
documents rédigésdans une
langue non officielle:
Article63
Documentsrédigés dansune langue
officielleou une
langue que le notairenemaîtrise pas
1)Les
documents rédigésdans une
langue non officielledoivent êtreaccompagnés
d'une traduction
correspondant,qui peut
être faitepar un
notairede Macao,un avocat en
exercice sur le territoireoumêmepar
traducteurqualifié
qui,sous sermentousur
l'honneur, affirmedevant le
notaire
que la
traduction est fidèle.
Tous ces textes témoignent du fait que le territoire
de Macao compte deux langues officielles. Cependant, dans les faits,
c'est le cantonais qui occupe toute la place, du moins à l'oral. À
l'écrit, c'est le chinois (putonghua)
qui domine. Tous les documents existent dans les deux versions, mais
les Macanais sont plus familiers avec le putonghua.
4.5 Les langues
des affaires
Bien qu'il existe quelques textes
concernant l'emploi des langues dans les affaires, le
Code de commerce (1999)
semble de loin celui qui est le plus pertinent. Ainsi, l'article 17
oblige les commerçants et les négociants à utiliser le chinois et le
portugais dans les raisons sociales (en portugais: firma), et en
plus de façon facultative, une version anglaise:
Article 17
Obligation d'utiliser le chinois et portugais
1)
La raison sociale doit obligatoirement être
rédigée dans l'une ou dans les deux langues officielles, et pouvoir
dans le second cas, contenir une version en anglais.
2)
Lorsque la raison sociale est rédigée dans plus d'une langue et
qu'elle est
composée d'expressions faisant allusion à des activités commerciales,
elle doit
avoir un minimum de correspondance entre les différentes versions de
la partie relative à cette activité.
L'article 28 du
Code de commerce oblige
les
sociétés anonymes de
contenir
contenir l'ajout «Société anonyme» («Sociedade
Anónima» en portugais)
ou, si elle est rédigée en portugais,
avec les
initiales «SA». L'article 62 mentionne
que les actes qui doivent être publiés peuvent être rédigés dans
l'une des langues officielles, mais s'il y a des parties intéressées qui ne
s'expriment dans une autre
langue, les actes doivent être accompagnés d'une traduction:
Article 62
Actes
soumis à l'enregistrement et à la publication
1)
Les actes reliés aux entrepreneurs et aux entreprises commerciales
sont soumises à l'enregistrement et la publication, conformément à la
loi.
2)
Les actes qui, en vertu du présent code, doivent être publiés
peuvent être rédigés dans l'une des langues officielles, mais s'il y
a des parties intéressées qui ne s'expriment dans une autre
langue, les actes doivent être accompagnés d'une traduction.
Le
Code de commerce
impose aux entreprises un certain nombre d'obligations en matière de
langues, notamment dans les raisons sociales. L'une des deux langues
officielles est toujours obligatoire, mais l'anglais est toujours
possible, avec le résultat que les raisons sociales peuvent être en
chinois et en anglais.
Si les raisons sociales doivent être rédigées dans au moins
l'une des deux langues officielles, il n'en est pas ainsi dans l'affichage
commercial. En effet, les enseignes commerciales peuvent être en anglais, en
chinois, en portugais ou en n'importe quelle autre langue. Elles sont
généralement en chinois et en anglais, parfois en portugais.
Quant aux panneaux de signalisation
routière, ils peuvent être dans deux langues
(chinois-portugais), sinon trois
(chinois-portugais-anglais).
En réalité, le bilinguisme chinois-portugais
n'est courant que dans les symboles de l'État. Les langues
les plus entendues sur le territoire sont le cantonais et
l'anglais, puis le japonais et le coréen, parfois le thaï.
Dans la vie quotidienne, le portugais n'est pratiquement
jamais utilisé; il est presque inexistant à l'oral.
4.6 Les langues de
l'éducation
Le système d'éducationde Macao est coordonné par
la Direction des services d'éducation et de jeunesse (Direcção
dos Serviços de Educação e Juventude) dans le cas de l'enseignement
primaire et secondaire, et par le Cabinet de soutien à l'enseignement
supérieur ("Gabinete de
Apoio ao
Ensino Superior") pour
l'enseignement supérieur. Ces deux organismes publics dépendent du
Secrétariat aux affaires sociales et à la culture ("Secretário
para os Assuntos Sociais e Cultura").
- Le régime colonial
portugais
Lors du régime portugais, c'était le
décret-loi n° 22/77/M du 24 juin sur
l'enseignement primaire sino-portugais,
qui régissait l'enseignement primaire sino-portugais
("ensino primário luso-chinês"), mais
il a été progressivement abrogé par divers
décrets-lois : le décret-loi n° 25/79/M, le décret-loi n° 34/81/M,
le décret-loi n° 50/82/M, le décret-loi n° 37/82/M, le décret-loi n° 54/90/M et le décret-loi
n° 20/95/M.
À l'époque du système colonial, il
existait des écoles appelées «écoles sino-portugaises» ("Escolas Luso-Chinesas")
destinées aux
enfants chinois ou portugais, à la condition que ces derniers
veuillent choisir l'enseignement
chinois.
L'enseignement primaire sino-portugais devait être offert
gratuitement dans les
écoles, avec la séparation des
sexes, sur une période de
sept ans, comprenant une année de pré-primaire et six années de primaire.
D'après l'article 1er du
décret-loi n° 22/77, les objectifs de
cet enseignement étaient les suivants, dont les connaissances de base du
portugais :
Article 1er
L'enseignement primaire sino-portugais
vise à fournir aux enfants chinois une formation
équivalente à l'enseignement primaire chinois et une
connaissance de base de la langue portugaise qui permet une plus
grande approche et une plus grande compréhension entre les deux
principales communautés de Macao. Il vise
également à faciliter l'entrée des enfants dans la vie sociale du
territoire, sans barrières linguistiques, et la poursuite des
études dans l'enseignement secondaire publique portugais s'ils le
souhaitent.
L'article 7
du décret-loi n° 22/77
précisait que
l'enseignement du portugais avait pour objet non seulement de donner aux étudiants
les connaissances de cette langue et les rudiments de la culture
portugaise, mais aussi la possibilité d'exposer en portugais les
matières des programmes d'études en chinois:
Article 7
(abrogé)
1)
L'enseignement du portugais a pour objet non seulement de donner aux
élèves
les connaissances de cette langue et les rudiments de la culture
portugaise, mais aussi la possibilité d'exposer dans cette langue
programmée les matières des programmes d'études en chinois.
L'article 11
du décret-loi n° 22/77 énonçait
les matières au programme, en présentant la langue portugaise comme
la première matière suivie du chinois (cantonais):
Article 11
(abrogé)
L'enseignement comprend les
matières suivantes :
a)
la langue portugaise ; b) la langue
et la littérature chinoises ; c) l'arithmétique et
le boulier ; d) les
rudiments de géographie et d'histoire de la Chine ; e) les sciences
naturelles ; f) l'éducation
morale et civique ; g) le chant choral ; h) le dessin ; i) l'artisanat ; j) les langues
étrangères : l'anglais; k) l'éducation physique
Lors
du système colonial portugais, chaque fois que la langue chinoise
était mentionnée dans un texte de loi, il s'agissait toujours, sauf
avis contraire, du «dialecte cantonais» ("dialecto cantonense").
En vertu de l'article
103 (abrogé), les
enseignants et le personnel responsable
devaient connaître la langue chinoise (dialecte cantonais) au moins
à l'oral. Quant à l'article 134
(abrogé) du décret-loi n° 22/77,
il mentionnait que les
enseignantsdu portugais dans les
écolessino-portugaises
devaientêtrediplômés d'une
école normale pour la formation des maîtres d'école primaire
etmaîtriser la languechinoise (dialecte
cantonais)au moins à l'oral. Ce
genre d'exigence minimal fut considéré comme inacceptable par le
gouvernement autonome macanais. Enfin, l'article 138 du décret-loi n° 22/77, il obligeait
les les enseignantsdechinoisà démontrer leurs
connaissances du portugais,
même si celles-ci étaient rudimentaires:
Article138 (abrogé)
1)Aux fins derenouvellementà la fin dedeux années de service,
les enseignants
dechinoisdoiventdémontrer leurs
connaissances du portugais,
même si elle sont rudimentaires, par un certificatémis par les Services
éducatifs.
2)L'émission du
mentionnéau paragraphe
précédentdoit
être précédée
d'un examen denature sommaire,
conformément auxrèglements par legouverneur.
On peut comprendre que, après la rétrocession de
Macao à la Chine en 1993, beaucoup de dispositions de la loi de 1977
furent jugées dépassées.
- Le système d'éducation
actuel
Il existe aujourd'hui trois types d'écoles
à Macao : les écoles publiques (ou gouvernementales), les écoles sous inspection
gouvernementale et les écoles privées. L'Église catholique de Macao gère, à
titre privé, quelques écoles primaires et des écoles professionnelles. Le
chinois cantonais, le portugais et l'anglais sont enseignés dans les écoles
primaires et secondaires publiques, mais le cantonais reste la langue principale
de l'enseignement à l'oral, le mandarin à l'écrit.
1)
Les écoles publiques doivent adopter une langue officielle
comme langue d'enseignement et offrir aux élèves la possibilité
d'apprendre une autre langue.
2)
Les écoles privées peuvent adopter comme langues
véhiculaires soit les deux langues officielles soit d'autres
langues.
3)
L'adoption d'autres langues dans les écoles privées
reste sujet à l'évaluation préalable et à la reconnaissance par le
service responsable de l'éducation
de l'existence des conditions appropriées à cet fin.
4)
Les écoles privées qui adoptent d'autres
langues comme langue véhiculaire doivent offrir aux élèves la
possibilité d'apprendre au moins l'une des langues officielles.
Les écoles où la langue d'enseignement est
uniquement le putonghua ou l'anglais sont des écoles
privées. Les écoles dont la langue d'enseignement est le portugais sont des
écoles inspectées par le gouvernement et leurs élèves sont principalement des
enfants de Macanais. Les écoles privées qui enseignement uniquement en chinois
cantonais donnent également des cours de langue seconde en portugais.
Mais de nombreux
Macanais préfèrent les écoles privées où le chinois et l'anglais prédominent.
La
plupart des Chinois de Macao considèrent à tort ou à raison que l'anglais est
plus facile à apprendre que le portugais. C'est que la langue anglaise leur
apparaît plus utile dans les affaires et dans leur vie professionnelle; non
seulement l'anglais leur permet de regarder des émissions de télévision et des
films en anglais, mais beaucoup ont des parents à Hong-Kong avec qui ils
communiquent en anglais. De plus, les Portugais de Macao parlent généralement
l'anglais en plus du portugais. C'est pourquoi les parents chinois sont fiers
lorsque leurs enfants apprennent l'anglais et ils sont prêts à investir dans
l'apprentissage tant du chinois mandarin que de l'anglais.
Le
problème, c'est qu'à Macao la grande majorité des professeurs d'anglais n'ont
pas l'anglais comme langue maternelle, mais le cantonais. De plus, ils
enseignent l'anglais en cantonais. Cela signifie que l'enseignant donne ses
exemples en anglais, mais pose des questions et répond en cantonais. Dans ces
conditions, le ministère de l'Éducation songe à réformer cet enseignement de
façon à introduire un niveau plus élevé de performance
en anglais.
La qualification
particulière pour
la formation dans l'enseignement secondaire public dans la langue véhiculaire
chinoise est reconnue par un diplôme universitaire conférant la formation
scientifique dans les disciplines et spécialités dans l'enseignement
secondaire.
- L'enseignement
supérieur
En 2005, on comptait à Macao une dizaine d'établissements
d'enseignement supérieur, dont quatre établissements publics
et six privés. Ces établissements dénombraient plus de 26
000 étudiants. L'Université de Macao est le plus grand de
ces établissements supérieurs; elle a été fondée en 1981
lors du système colonial. Cet établissement public depuis
1991 n'offre pas un éventail de disciplines très large, car
les facultés sont les suivantes: la Faculté de gestion
d'entreprise, la Faculté d'éducation, la Faculté de droit,
la Faculté des sciences sociales et humaines, la Faculté des
sciences et de la technologie. Il s'agit là des disciplines
considérées comme prioritaires pour le développement de
Macao.
L'Université
de Macao est une université privée financée avec l'aide
gouvernementale. Les langues d'enseignement sont principalement le chinois
mandarin, l'anglais, le cantonais et le portugais.
Toutefois, il faut établir des distinctions. Ainsi,
la Faculté de gestion d'entreprise n'offre son enseignement
qu'en anglais, mais la Faculté de droit enseigne en chinois,
en portugais et en anglais. En général, l'Université utilise
le chinois et l'anglais.
La Région administrative spéciale bénéficie d'autres
établissements supérieurs:
- l'Université de sciences et de
technologies de Macao (Universidade
de Ciência e Tecnologia de Macau);
- l'Institut polytechnique de Macao (Instituto
Politécnico de Macau);
- l'Institut de formation touristique (Instituto
de Formação Turística);
- l'Institut d'infirmiers Kiang Wu de
Macao (Instituto de
Enfermagem Kiang Wu de Macau),
- l'Institut millennium de Macao (Instituto
Milénio de Macau) ;
- l'Institut Inter-universitaire de Macao (Instituto
Inter-Universitário de Macau).
L'Institut de technologie de Macao dispose de cours de gestion,
de langue et de traduction, de culture physique, d'administration publique, etc.
L'enseignement supérieur dispense ses cours en chinois cantonais (oral
seulement), en chinois
mandarin, en portugais et parfois en anglais. Dans les faits, le portugais
est rarement employé comme langue d'enseignement, sauf à la Faculté de
droit de l'Université de Macao. Par contre, le portugais est enseigné
comme langue étrangère à l'Institut polytechnique, à
l'Institut portugais
d'Orient, à
l'Institut de formation touristique et au
Centre des langues de la Direction des services de l'éducation et de la
jeunesse.
- Le Centre de diffusion des langues
Il existe
à Macao un
Centrede diffusion des
langues (en portugais: Centro de Difusão de Línguas ou CDL). Cet
organisme soutient activement l'enseignement des langues à
Macao. Au niveau scolaire, il prend en charge les élèves en
ce qui a trait à l'apprentissage des langues, la lecture en
ligne et encourage les écoles à offrir un large éventail de
langues et à organiser des activités d'apprentissage et de
la lecture aux élèves. De plus, le
Centrede diffusion des
langues organise des
ateliers de formations et d'autres activités destinés à
accroître les capacités de lecture des élèves.
Les langues concernées sont le
mandarin, le cantonais, le portugais et l'anglais.
Afin de promouvoir la mission du CDL et répondre aux besoins de la
population, le
Centrede diffusion des
langues
offre des cours de mandarin depuis 1994, avec comme public cible les
résidents de Macao.
Actuellement, le cours est divisé en «mandarin débutant», en «mandarin
intermédiaire» et en «mandarin avancé». Le
contenu des cours est axé sur l'écoute, la lecture, la transcription
phonétique en pinyin, les tons, le vocabulaire, la grammaire ainsi que
les différences entre le mandarin et le cantonais.
Comme l'économie de Macao est de plus en
plus cosmopolite, les étrangers sont de plus en plus nombreux à Macao.
Afin de répondre au besoin d'apprendre le cantonais, le CDL offre des
cours dans cette langue depuis 2010 à ceux qui n'ont pas le chinois
comme langue maternelle et à ceux qui ont le chinois mandarin comme
langue maternelle. Pour les non-sinophones, les cours de cantonais sont
donnés en portugais ou en anglais. Pour les sinophones, ils sont donnés
en cantonais et en mandarin.
Les cours de portugais ont
débuté en 2005, en ayant commepublic ciblelescitoyens deMacao, pour quatre
niveaux, soit
débutant, intermédiaire,avancé et supérieur.
La méthodologie du cours porte sur la prononciation et l'écriture des
lettres, des phrases, des dialogues, de courts textes simples et
utilitaires.
Le
Centrede diffusion des
langues a commencé à offrir des cours d'anglais en 2008 afin de répondre
aux besoins du marché du travail, parce que Macao est une ville
internationale. Les niveaux sont divisés en
débutant, intermédiaire, avancé et supérieur. Le cours pour débutant
se concentrent sur la formation des capacités d'écoute et de l'expression
orale, l'enseignement de la grammaire et des expressions courantes en
utilisant des dialogues basés sur des sujets de la vie et du travail au
jour le jour. Le cours intermédiaire porte sur la base de la grammaire et de la structure de la
phrase, l'augmentation de la capacité d'écoute, l'expression orale et
écrite, etc. Le cours avancé a comme objectif spécifique les
expressions et pratiques utiles, et le renforcement des quatre compétences :
écouter, parler, lire et écrire. Pour ce qui est du cours supérieur, il
prépare les élèves aux examens tout en perfectionnant l'écoute, la lecture, le vocabulaire, la grammaire, l'écriture et les
compétences liées à l'environnement du travail.
4.7 Les médias
Les journaux de langue chinoise sont
diffusés à Macao depuis plus de cent ans. Il y a aujourd'hui huit quotidiens à Macao,
dont trois en portugais (HojeMacau, Jornal
Tribuna de Macau et Ponto Final), trois en chinois mandarin (Macao Daily News, Son Pou et Va
Kio) et deux en anglais (Macau Daily Times et Macau Post
Daily). L'hebdomadaire O Clarim est un
journal portugais possédé par l'Église catholique. Les journaux étrangers sont tous en
anglais.
Il existe aussi un périodique à
contenu culturel en portugais, la Revista Macau, sous la
responsabilité du gouvernement. Les autres magasines sont en anglais:
Business Intelligence, Inside Asian Gaming, Destination Macau, Ignite
Media Group. Mais World Gaming est publié en anglais et en
chinois mandarin.
La radio de Macao a commencé à émettre en 1930 et ce ne fut qu'en mai 1984 que
la télévision de Macao a commencé à fonctionner. Il existe deux station
de radio: Rádio Macau et Rádio Vilaverde Lda 1.
Les émissions radiophoniques de
Macao sont diffusées à la fois en chinois cantonais et en portugais, 24 heures
par jour.
La télévision nationale est
Teledifusão Macau (TDM), qui compte deux canaux,
l'un en chinois, l'autre en portugais, diffusant chacun une douzaine
d'heures par jour. Trois entreprises assurent les services de
radiotélévision par satellite: Cosmos Televisão por Satélite, la
Companhia de Televisão por Satélite China et la Companhia de
Televisão por Satélite MASTV. Il est aussi très aisé de
capter les émissions diffusées en anglais et provenant de Hong-Kong.
Dans un proche avenir, le chinois mandarin va remplacer
graduellement le portugais dans les domaines politique et judiciaire, et prendre
la place qu'occupait auparavant cette langue. Dans le commerce et les affaires,
l'anglais (la quatrième langue) représente
un enjeu très important et concurrence sévèrement le chinois mandarin. Quoi
qu'il en soit, la politique de bilinguisme est là pour rester à Macao, mais ce
sera avec le cantonais
et le chinois mandarin. D'après certains observateurs, le bilinguisme risque de
se transformer en un trilinguisme mettant en cause le chinois cantonais, le chinois
mandarin et l'anglais. Le portugais sera évacué à long terme, car il aura perdu
sa raison d'être. Autrement dit, la Région administrative spéciale de Macao vit
encore une période de transition avant que le portugais ne soit plus qu'une
réalité historique.
Dernière
révision:
06 octobre, 2019
Bibliographie
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système éducatif à Macao : la question de la langue - chinois, portugais
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