e hyojyungo, c'est le «japonais standard» ou «dialecte de Tokyo».La famille japonaise, aussi appelée japonique, comprend le japonais lui-même (126 millions de locuteurs), avec ses variétés dialectales, ainsi qu'une dizaine de petites langues appelées ryukyu parlées principalement dans l'archipel des Ryû-Kyû (Okinawa et ses environs) et presque toutes en voie d'extinction. Plus précisément, il faut distinguer deux types de langues japoniques (ou japonaises):
1) le japonais et ses variétés dialectales;
2) les langues ryūkyū.1 Le japonais et ses variétés dialectales
À lui seul, le japonais (et ses dialectes) forme donc l'essentiel de la famille japonique qui arrive en sixième place parmi les grandes familles du monde. Le japonais standard est appelé l
Au Japon, il existe donc de nombreux dialectes appelés hôgen. Le caractère insulaire du pays et la présence des montagnes ont favorisé cette fragmentation dialectale. Chacune des variétés dialectales possède son propre vocabulaire pour désigner la réalité, ainsi que différents accents et intonations. Le mot «dialecte» se rend généralement par le suffixe «ben» (en japonais: 弁) placé après le nom de la ville, du département ou de la région où il est parlé: Hokkaido-ben, Tokyo-ben, Nagoya-ben, Kyoto-ben, Osaka-ben, Hiroshima-ben, Nagasaki-ben, etc. Ces dialectes constituent rarement un obstacle à la communication, sauf entre régions éloignées.
On compte dans le pays trois grands groupes de dialectes japonais: les dialectes de l'Est, les dialectes du Centre et les dialectes de l'Ouest.
1) Les dialectes de l'Est («dialectes du Kantô») : Les dialectes de l'Est, appelés aussi dialectes du Nord, sont parlés principalement dans l'île de Hokkaido et la région du Tohoku, ainsi que dans certaines parties du Kantô et du Chubu. Les dialectes de l'Est sont plus proches de la norme officielle, le dialecte de Tokyo, que les dialectes de l'Ouest. 2) Les dialectes de l'Ouest («dialectes du Kansai»): Les dialectes de la partie occidentale du Chubu (incluant la ville de Nagoya), de Kansai (incluant les villes de Osaka, Kyoto et Kobe), du Chugoku, du Shikoku, du Kyushu et d'Okinawa sont des dialectes de l'Ouest, appelés aussi dialectes du Sud. La langue japonaise commune avait toujours eu l'habitude d'être fondée sur les dialectes de la région du Kansai, mais depuis le XVIIe siècle elle est fondée sur le dialecte de Tokyo dans la région du Kantô, car le centre politique et économique du Japon s'est graduellement déplacé de Kyoto, puis de Osaka à Tokyo. Les dialectes de l'Ouest restent plus près du dialecte d'Osaka. Tandis que les Japonais de l'Est disent, par exemple, yano-assatte («après-demain»), shoppai («salé») et -nai («ne... pas»), ceux de l'Ouest emploient shi-asatte, karai et -n ou -nu. Les consonnes sont plus fortement articulées à l'Est, alors que les voyelles sont plus fortement prononcées à l'Ouest. Les accents de tonalité hauts/bas prennent parfois des formes différentes entre les dialectes de l'Est et ceux de l'Ouest. La plupart des Japonais parlent un mélange de dialecte local et de japonais standard. 3) Les dialectes du Centre Les dialectes du Centre sont parlés dans les régions du Chubu et du Kantô, dont Tokyo, la capitale. |
2 Les langues des îles Ryû-Kyû
L'archipel des Ryû-Kyû forme un ensemble de quelque 90 îles situées à mi-chemin entre le Japon et l'île de Taiwan. D'une superficie de 1180 km², la longueur de l'archipel du nord au sud s'étend sur une distance d'environ 140 km. Les îles principales de l'archipel sont les îles Osumi et Tokara, les Ryû-Kyû centrales (dont les îles Arnami, Okinawa et les îles de Miyako, Ishigaki et Iriomote). Les populations habitant les îles Ryû-Kyû (environ un million d'habitants), forment une ethnie différente des Japonais de l'archipel principal tant aux plans historique que anthropologique, culturel et linguistique. D'ailleurs, l'archipel des Ryû-Kyû a longtemps constitué un royaume indépendant du Japon. La culture spécifique de l’archipel des Ryûkyû, dont Okinawa est la principale île, s’est développée au contact des échanges commerciaux avec la Chine, alors que le Japon s'appelait le Yamato. Il est certain que les variétés linguistiques du ryûkyû et celles du japonais proviennent d'une même origine ou d'une même protolangue. Nous ne savons pas exactement quelle est la date de fragmentation des deux types de dialectes, les dialectes japonais des dialectes ryûkyû. Nous pensons qu’elle pourrait se situer approximativement après le VIIIe siècle, sinon au début du Xe siècle. Quoi qu'il en soit, les variétés ryûkyû sont devenues aujourd'hui tellement différentes que l'intercompréhension est impossible. L'archipel des Ryû-Kyû fut conquis par le Japon en 1609; les armes y furent dès lors interdites afin d'éviter toute forme de rébellion. C'est depuis cette époque que les techniques de combat à mains nues (les différentes formes de karaté) prirent une nouvelle importance. À partir de 1879, Okinawa et les trois autres îles firent partie intégrante du Japon. Après la Seconde Guerre mondiale, Okinawa est restée une importante base militaire américaine jusqu'en 1972, avant d'être rendue au Japon. |
Les langues parlées dans les îles Ryūkyū ne constituent donc pas des dialectes du japonais, mais des langues d'un autre sous-groupe de la famille japonique. Elles ne sont cependant pas officiellement reconnues par le Japon comme des langues différentes du japonais, et sont traditionnellement classées (à tort) comme des «dialectes japonais». Les langues ryûkyû, qui portent généralement le nom d'une île, se présentent selon la classification suivante:
1. Groupe amami-okinawaïen
2. Groupe sakishima
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Autrefois, la langue parlée au sud de l'île d'Okinawa, l'okinawaïen, dans la capitale du royaume de Shuri, était employée comme langue vernaculaire dans tout l'archipel. La plupart de ces langues sont maintenant en voie d'extinction, y compris l'okinawaïen, car elles sont concurrencées fortement par le japonais standard.
3 L'aïnou
Ce n'est parce que la langue aïnoue est parlée au Japon que c'est une langue japonique: l'aïnou ne fait pas partie des langues japoniques. C'est une langue totalement différente du japonais. Bien que l'aïnou ait emprunté une partie de son vocabulaire au japonais, les linguistes croient que cette langue pourrait être apparentée aux langues paléo-sibériennes et même ouraliennes (surtout samoyèdes comme le yourak, l'ostyak ou le selkoup). Pour d'autres, l'aïnou se rattacherait à un groupe élargi appelé langues proto-altaïques, comme le turc, le mongole et le toungouse. Mais pour la plupart des spécialistes de la question, l’aïnou reste une langue isolée parmi les langues du monde, c'est ce qu'on appelle un isolat linguistique. Il existe environ une trentaine de langues que les linguistiques ne peuvent rattacher génétiquement à aucune autre, l’aïnou étant l’une d’elles.
La carte ci-contre illustre l'aire de l'aïnou dans
sa plus grande extension; vers le XIIIe siècle,
les Aïnous
formaient encore une population autochtone d’environ 100 000 à 200 000 habitants. Avant qu'ils ne soient incorporés dans un
État-nation, les Aïnous formaient un peuple de
chasseurs-pêcheurs, qui vivait à l'origine dans
le nord du Japon (île de Hokkaido et île de Honshu) et à l'extrémité méridionale
de la Russie (île de Sakhaline, îles Kouriles et péninsule de Kamtchatka). C'est
vers 1300 ans avant notre ère que les Aïnous auraient immigré à l'île de
Sakhaline, ainsi qu'aux îles Kouriles, à la péninsule de Kamtchatka et à l'île
de Hokkaido.
Aujourd'hui, cette aire linguistique (voir la carte ci-contre) est considérée comme disparue, même si l'ethnie aïnoue y demeure toujours présente et qu'elle est minorisée par la population japonaise ou russe. On estime que les personnes d'ascendance aïnoue seraient autour de 150 000, probablement plus 200 000. Toutefois, les locuteurs de cette langue et de ses variétés sont probablement tous disparus, puisqu’en 1996 il ne restait plus seulement qu'une quinzaine de locuteurs actifs, tous âgés! |
Soumis à une brutale assimilation de la part des Japonais, les Aïnous ont dû apprendre le japonais, d'autant plus que leur langue n'avait jamais été écrite, jusqu'à récemment. La langue aïnoue est écrite dans une version modifiée du syllabaire japonais katakana. Il existe aujourd'hui un alphabet basé sur l'écriture latine. Un magazine qui publie quatre fois l'an, l'Ainu Times, publie ses articles dans les deux écritures, c'est-à-dire qu'il utilise à la fois des katakana spéciaux et des romanisations. L’aïnou fut progressivement délaissé avec la scolarisation obligatoire en japonais. Dans l'état actuel des choses, l'aire linguistique aïnou est considérée maintenant comme disparue, même si l'ethnie aïnoue y demeure toujours présente et qu'elle est minorisée par la population japonaise (ou russe).