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Land du Brandebourg (Brandenburg)(République fédérale d'Allemagne) |
L’État du Brandebourg (29 476
km²), un ancien Land est-allemand
(l’ex-RDA), est situé dans le nord-est de l’Allemagne; il est limité par le
Land de Mecklembourg- Poméranie occidentale (Mecklenburg-Vorpommern)
au nord, le Land de la Saxe-Anhalt à l’ouest, le Land de la Saxe
au sud et la frontière polonaise à l’est (voir
la carte). La capitale du Land de Brandebourg est Postdam. On remarquera
que la capitale fédérale, Berlin, est entièrement enclavée dans le Brandebourg;
comme Hambourg et Brême, Berlin est une ville-État ("Stadtstaat"),
l'équivalent d'un Land. Par conséquent, Berlin ne fait pas partie du
Land de Brandebourg. Depuis 1993, le Land de Brandebourg comprend 14 arrondissements et quatre villes-arrondissements (Brandebourg-sur-la-Havel, Cottbus, Francfort-sur-l'Oder et Potsdam). La Basse-Lusace est une «région historique» située dans l'arrondissement de Spree-Neisse à l'extrémité sud-est du Land de Brandebourg, dont le Land partage une frontière commune avec le Land de Saxe. On trouvera un article traitant spécifiquement de la Lusace sorabophone en cliquant ICI s.v.p. |
L’Allemagne est régie par la Loi fondamentale (Grundgesetz) adoptée le 8 mai 1949 par les représentants des 11 Länder de l’Allemagne de l’Ouest. Le 23 mai de la même année, la Loi fondamentale entrait en vigueur et donnait naissance à la République fédérale d’Allemagne, définie comme un «État fédéral démocratique et parlementaire». Le 3 octobre 1990, les cinq Länder de l’ex-République démocratique allemande (RDA), ce qu’on appelle maintenant les «nouveaux Länder» — ou «neue Länder»: Brandebourg, Mecklembourg, Saxe-Anhalt, Saxe, Thuringe — adhérèrent à la Loi fondamentale du 23 mai 1949, laquelle a été modifiée pour étendre les institutions fédérales aux «anciennes provinces de l'Est». Voir la carte des 16 Länder.
On trouvera un article sur l'«Histoire des Sorabes et de leur langue» en cliquant ICI s.v.p.
La population du Brandebourg est de 2,5 millions d’habitants. La très grande majorité des Allemands du Land parlent l’allemand (98 %), voire le bas-allemand, mais il existe des petites communautés de langue sorabe (environ 20 000 locuteurs), de langue romani (quelques milliers) et de langue polonaise, sans oublier les immigrants. Il n’existe aucune statistique concernant les locuteurs du romani et du polonais dans le Brandebourg.
2.1 Les variétés linguistiques allemandes
La carte de gauche illustre la répartition des aires
linguistiques historiques du Brandebourg et de la Saxe. Dans le Brandebourg, on
distingue l'aire du bas-saxon (Niedersächsisch) au nord,
l'aire du haut-saxon (Obersächsisch)
au sud-ouest, l'aire du brandebourgeois (Brandenbürgisch) au sud, y compris
la variante le berlinoise (Berlinish), et le sorabe (Sorbisch)
à l'extrémité sud-est; l'intercompréhension est aisée entre le
berlinois et le brandebourgeois. Le bas-saxon, le haut-saxon et le
brandebourgeois sont tous des variantes dialectales du bas-allemand
appelé Niederdeutsch. Ce sont donc des
langues germaniques,
alors que le sorabe est une une langue slave
occidentale
à l’instar du polonais, du tchèque et du slovaque. D'ailleurs, le
sorabe est une langue proche du polonais et du tchèque. Le bas-allemand et ses variétés sont parlés par plus de 12 millions de locuteurs dans le nord de l'Allemagne, dont certainement un bonne proportion dans le Brandebourg. Bien que toutes ces variétés linguistiques sont employées dans ce Land, tous les Allemands peuvent aussi s'exprimer en haut-allemand appelé Hochdeutsch, ce qui désigne l'allemand standard. Lorsqu'on fait référence à l'allemand sans aucune précision, il s'agit toujours du Hochdeutsch, l'allemand officiel que tous apprennent obligatoirement à l'école. C'est, comme dans tous les Länder allemands, la langue officielle.Le sorabe constitue la seule langue minoritaire protégée par les lois fédérales, les lois du Brandebourg et de la Saxe. |
2.2 La Lusace et les Sorabes
Le sorabe est parlé par les Sorabes qui sont désignés en allemand par "Sorben" ou "Wenden" (au pluriel). En allemand, la finale -en désigne un pluriel; la lettre initiale W est prononcée comme un [v] français, ce qui correspond à [ven-dèn]. En français, on écrit "Wende" au singulier et "Wendes" au pluriel, ce qui correspond phonétiquement à [vend] dans les deux cas puisqu'on ne prononce pas le -s du pluriel (contrairement à l'anglais). Bref, on ne prononce pas "Wendes" à l'anglaise ([wen-dəs]). Dans la plupart des textes juridiques du Brandebourg, on trouve les deux
termes Sorben / Wenden, l'un à la suite de l'autre.Dans la documentation française, on trouve d'autres termes tels «Serbes de Lusace», «Serbo-Lusaciens», «Lusaciens», «Vendes» et «Wendois».
- Le territoire sorabe
Le territoire de l’actuelle Lusace (Lausitz en allemand, Łužica en haut-sorabe, Łužyca en bas-sorabe, Łużyce en polonais et Lužice en tchèque) est situé aux extrémités du sud-est de l'Allemagne, et aux confins de la Pologne et de la République tchèque. Ce territoire correspond à un partage à la fois géographique, religieux et administratif. Historiquement, la Lusace s'étendait en Allemagne, en Pologne et en Tchécoslovaquie.
En effet, la Basse-Lusace,
une
zone forestière humide autour de la rivière Spree
(Sprée, en français), un paysage de landes et de marais ainsi qu'une
population de confession protestante, fait partie du Land de
Brandebourg, tandis que la Haute-Lusace, un pays vallonné des
Sorabes catholiques, relève du Land de Saxe. Au fil du temps, l’extension géographique sorabe s’est considérablement réduite. Au VIIe siècle, la zone de peuplement des Sorabes s'étendait à l'origine jusqu'à Berlin au nord et jusqu'à la rivière Saale à l'ouest (Länder de Saxe-Anhalt et de Thuringe). Après la perte de leur indépendance politique au Xe siècle, les Sorabes ont vu rétrécir leur territoire sous l'effet de l'assimilation naturelle, d'une politique de germanisation forcée et d'une industrialisation croissante. Aujourd'hui, ce territoire est confiné entre les villes de Bautzen/Budyšin au sud et Cottbus/Chośebuz au nord. La Lusace est une région historique qui fait à peine 100 kilomètres de long et 50 de large, traversé de part en part par la rivière Spree, pour une superficie d'environ 13 000 km². |
La plupart des Sorabes d'Allemagne résident
dans la région historique de
Lusace.
Elle est habitée par 1,3 million de
personnes, toutes ethnies confondues (Sorabes, Allemands et Polonais). Dans l'aire
sorabe située
en Pologne, on compterait au moins 350 000
personnes, des descendants de Sorabes polonisés.
En Allemagne, on distingue principalement deux parties :
Un total d'environ 60 000 Sorabes vivent aujourd'hui en Allemagne,
dont environ 40 000 d'entre eux en Saxe (le haut-sorabe) et 20 000
dans le Brandebourg (le bas-sorabe).
Il faut comprendre que, dans la situation actuelle, la Lusace
présente une mosaïque de populations dispersées parce qu'il n'existe
presque plus d’habitat sorabe compact. De manière générale, le
nombre de sorabophones s’est considérablement réduit depuis un
siècle en raison notamment du passage d’un monde rural à un monde
industrialisé et d'une forte tendance à l’assimilation en faveur de
l’allemand. |
La partie polonaise de la Lusace est située au sud-ouest du pays et fait partie des voïvodies (provinces) de Lubusz (Basse-Lusace) et de Basse-Silésie (Haute-Lusace), les principales villes étant Zary, Luban, Gubin et Zgorzelec. La partie tchèque de la Haute-Lusace (bassin de la rivière Nysa Łużycka) est située dans la région de Karlovy Vary.
2.3 La langue sorabe
Étant donné que la nationalité n'est pas officiellement enregistrée en Allemagne et que l'appartenance à la nationalité sorabe est libre, il n'existe que des estimations du nombre exact de sorabophones parmi les Sorabes.
Généralement, les chiffres avancés quant au nombre de sorabophones proviennent des groupes minoritaires eux-mêmes et ont été obtenus à partir soit du nombre des membres inscrits dans les associations, soit du nombre des votes recueillis par les listes de partis représentant des minorités, soit du nombre des élèves inscrits dans les écoles des minorités, soit du nombre des participants à diverses activités et manifestations.Si 20 000 Sorabes habitent en Basse-Lusace et 40 000 en Haute-Lusace, le nombre de locuteurs actifs du sorabe est certainement plus faible. Selon les projections, environ 7000 personnes parleraient activement le bas-sorabe, qui pourrait disparaître dans 20 à 30 ans, et environ 13 000 personnes s'exprimeraient en haut-sorabe. Contrairement au haut-sorabe de la Saxe, le bas-sorabe du Brandebourg est gravement menacé d'extinction. Néanmoins, les Sorabes sont le seul peuple slave occidental de l'Allemagne orientale actuelle à avoir perduré.
En Basse-Lusace, on compte 60 villes de la région de Cottbus (le chef-lieu) appartenant à cette région, où la plupart des personnes âgées de plus de 60 ans, bien que peu de jeunes et d’enfants puissent parler la langue bas-sorabe. La variante locale incorpore souvent de nombreux mots tirés de la langue allemande et, dans les conversations avec la jeune génération, l’allemand est généralement préféré. La région est majoritairement de religion protestante (luthéranisme). Avant 1945, la majorité de la population de la ville de Cottbus était d'origine sorabe. Aujourd'hui, Cottbus est une ville presque entièrement germanisée, bien que la minorité sorabe bénéficie de ses écoles. En 2015, l'arrondissement comptait 118 900 habitants.
Les membres de la communauté sorabe du Brandebourg habitent dans plusieurs districts bilingues (une douzaine): Cottbus/Chošebuz, Lübben/Lubin, Guben/Gubin, Calau/Kalawa, Forst/Baršć, Spremberg/Grodk, Senftenberg/Senftenberg, etc. Dans la Basse-Lusace, qui est officiellement bilingue, comprend des villages où les Sorabes forment parfois la majorité: Lübben/Lubin, Guben/Gubin, Calau/Kalawa, Forst/Baršc, Spremberg/Grodk, Senftenberg/Senftenberg, etc.
On peut lire des exemples de la langue sorabe en cliquant ICI s.v.p.
Il n’existe pas à proprement parler de texte juridique fédéral ou national spécifique à l'égard des Sorabes, sauf dans les anciens textes de loi adoptés par l’ex-République démocratique allemande (RDA), dont la Loi sur la protection des droits de la population sorabe de 1948, aujourd'hui abrogée. Par contre, le gouvernement fédéral a prévu des dispositions générales dans la Loi fondamentale de 1949 (modifiée notamment en 1994), ainsi que dans la
Charte européenne des langues régionales ou minoritaires (1992)et dans la Convention-cadre pour la protection des minorités nationales (1994). Par ailleurs, le Traité d’union des deux Allemagne du 31 août 1990 contient un article concernant les droits linguistiques des Sorabes.Ce sont les Länder — en l’occurrence le Brandebourg et la Saxe — qui sont chargés de l’application de ces traités. Autrement dit, le Land de Brandebourg est partie prenante dans ces législations, et il peut, s’il le désire, prévoir des dispositions législatives spécifiques. Pour décrire la politique qui concerne les minorités linguistiques du Brandebourg, il faut non seulement vérifier l’application des lois fédérales et des traités internationaux, mais observer la pratique réelle dans la vie quotidienne des membres des communautés minoritaires.
3.1 Les dispositions constitutionnelles
L’article 3 de la Loi fondamentale de 1949 (modification de 1994) interdit la discrimination fondée sur la langue et concerne notamment, outre la minorité sorabe dans deux Länder (Brandebourg et Saxe), la minorité frisonne et la minorité polonaise, sans oublier les minorités immigrantes:
Article 3 1) Tous les êtres humains sont égaux devant la loi. 2) Hommes et femmes sont égaux en droit. L'État s'efforcera d'assurer l'égalité de traitement entre hommes et femmes et d'éliminer les désavantages existants. 3) Nul ne doit être désavantagé ni privilégié en raison de son sexe, de son ascendance, de sa race, de sa langue, de sa patrie et de son origine, de sa croyance, de ses opinions religieuses ou politiques. Nul ne fera l'objet de discrimination en raison de son incapacité. |
Les anciennes lois de l’ex-République démocratique allemande (RDA), dont la Loi protectrice des droits de la population sorabe (abrogée) de 1948, font partie de ce qu’on peut appeler des droits acquis de la minorité sorabe, du temps de l’Allemagne de l’Est. Les Sorabes s’appuient sur ces anciennes lois pour obtenir une reconnaissance officielle similaire dans le cadre des réformes du gouvernement «provincial» (le Land).
3.2 Le Traité d’union de 1990
Lors de l’unification des deux Allemagne en 1990, le gouvernement fédéral a reconnu les droits acquis de la minorité sorabe. En effet, l'article 35 du Traité d'union du 31 août 1990 prévoit les dispositions suivantes, dont celle de préserver la langue sorabe dans la vie publique:
I. Sur les articles et annexes du traité14) Sur l'article 35 : À propos de l'article 35 du traité, la République démocratique allemande et la République fédérale d'Allemagne déclarent :
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De plus, dans la section «Autres mesures d'adaptation», on peut lire cette autre disposition concernant les tribunaux:
AUTRES MESURES D'ADAPTATION Droits des Sorabes Le droit des Sorabes de parler le sorabe devant les tribunaux des zones d'implantation traditionnelles de la population sorabe n'est pas affecté par l'article 184. |
Il s'agit de l'article 184 de la Loi constitutionnelle sur les tribunaux (1975) qui déclare que «la langue du tribunal est l'allemand» et que «le droit des Sorabes de parler sorabe devant les tribunaux des districts d'origine de la population sorabe est garanti».
3.3 La Charte européenne de 1992
De plus, la République fédérale d’Allemagne a signé (le 5 novembre 1992) et ratifié (le 16 septembre 1998) la Charte européenne des langues régionales ou minoritaires de 1992. Dans une déclaration transmise en date du 23 janvier 1998 au Secrétariat général du Conseil de l’Europe, le gouvernement allemand reconnaissait que les langues minoritaires au sens de la Charte étaient le danois, le sorabe, le frison, ainsi que la langue romani des Roms/Tsiganes de nationalité allemande, mais il n’a pas encore transmis de date d’entrée en vigueur de la Charte.
Le gouvernement allemand a énuméré les territoires d’application (ou villes) de chaque Land concerné avec son accord: il mentionne spécifiquement le sorabe dans le Land de Brandebourg. Voici la déclaration concernant la partie II de la Charte:
La Partie II de la Charte européenne des langues régionales ou minoritaires s'applique au rom (tsigane), la langue minoritaire des Sintis et Rom de nationalité allemande sur le territoire de la République fédérale d'Allemagne, et à la langue régionale de bas-allemand sur le territoire des Länder de Brandebourg, Rhénanie/Westphalie et Saxe-Anhalt lors de son entrée en vigueur à l'égard de la République fédérale d'Allemagne, conformément à la déclaration du 23 janvier 1998 de la République fédérale d'Allemagne. Les objectifs et principes établis à l'article 7 de la Charte forment la base en ce qui concerne ces langues. Parallèlement, la législation allemande et la pratique administrative de l'Allemagne sont conformes aux exigences particulières établies à la Partie III de la Charte. |
Et concernant la partie III de la Charte:
Conformément à la répartition nationale des compétences, la manière dont les dispositions sus-mentionnées de la Partie III de la Charte sont mises en oeuvre à travers les règlements juridiques et la pratique administrative de l'Allemagne eu égard aux objectifs et principes spécifiés à l'article 7 de la Charte, relève de la responsabilité soit de la Fédération soit du Land compétent. Les détails seront fournis dans la procédure de mise en oeuvre de la loi fédérale par laquelle le corps législatif adhère à la Charte telle qu'établie dans le Mémorandum sur la Charte. |
Pour le sorabe, la minorité bénéficie des droits relatifs à l’article 8 (enseignement) de la Charte, ainsi que des article 9 (justice), 10 (services publics), 11 (médias), 12 (activités et équipements culturels), 13 (vie économique et sociale) et 14 (échanges transfrontaliers). On peut consulter le texte intégral de la Charte européenne des langues régionales ou minoritaires.
3.4 La Convention-cadre de 1994
Lors de la signature à Strasbourg de la Convention-cadre pour la protection des minorités nationales, le 11 mai 1995, le gouvernement allemand a fait la déclaration suivante au sujet du champ d'application de la Convention-cadre une fois que celle-ci serait ratifiée (au 10 septembre 1997):
La Convention-cadre ne définit pas la notion de minorité nationale. Il appartient donc aux Parties contractantes de préciser les groupes auxquels la Convention-cadre s'appliquera après la ratification. Les minorités nationales dans la République fédérale d'Allemagne sont les Danois ayant la citoyenneté allemande et les membres du peuple sorabe ayant la nationalité allemande. La Convention-cadre s'appliquera également aux membres des groupes ethniques établis traditionnellement en Allemagne que sont les Frisons ayant la nationalité allemande et les Sintis et Roms ayant la citoyenneté allemande. |
Lorsque l’Allemagne a ratifié la Convention-cadre pour la protection des minorités nationales, aucune déclaration ne fut faite en ce qui concerne l’application à un territoire limité. Par conséquent, la Convention s’applique juridiquement à tout le territoire de la RFA, mais en réalité elle s’applique dans les Länder de Schlewig-Holstein (danois, frison septentrional et tsigane), de Basse-Saxe (frison méridional), de Brandebourg (sorabe et tsigane) et Saxe (sorabe et tsigane).
Conformément aux obligations découlant de l'article 11 de la Convention-cadre, le gouvernement fédéral a adopté la Loi sur le changement de nom des minorités (1997) sur la base des dispositions de la Loi ratifiant la Convention-cadre. En vertu de cette loi, toute personne appartenant à une minorité nationale a le droit d'adapter son ancien nom, celui qui lui a été attribué en vertu du système juridique national, aux caractéristiques spécifiques de sa langue. Ainsi, les membres d’une minorité nationale dont l'ancien nom dans la langue minoritaire a dû, pour diverses raisons, prendre une forme allemande peuvent reprendre leur nom d'origine. Pour ce faire, une déclaration devant le greffier du bureau de l'état civil suffit pour adopter un nom aux caractéristiques spéciales d'une langue minoritaire. On peut consulter le texte intégral de la Convention-cadre pour la protection des minorités nationales.
Le gouvernement du Land de Brandebourg a prévu des mesures juridiques pour la protection de la langue sorabe. Ainsi, l’article 25 de la Constitution du Brandebourg (1992) définit comme suit les droits des Sorabes (Wendes) de Basse-Lusace:
Article 25 Les droits des Sorabes / Wendes 1) Le droit
des Sorabes/Wendes à la protection,
au maintien et au soin de leur identité nationale et de leur
zone d'implantation traditionnelle
est garanti. Le Land, les municipalités et les associations
municipales doivent promouvoir la réalisation de ce droit, en
particulier l'indépendance culturelle et la participation
politique effective des Sorabes / Wendes. |
Ces dispositions constitutionnelles signifient que le sorabe jouit du statut de langue co-officielle avec l’allemand dans les districts reconnus par le Land tels que Lübben/Lubin, Guben/Gubin, Calau/Kalawa, Forst/Baršc, Spremberg/Grodk, Senftenberg/Senftenberg, etc.
L’article 2 de la Loi sur l'organisation des droits des Sorabes de Brandebourg précisent qu’est reconnu comme appartenant au peuple sorabe «
quiconque déclare son appartenance au peuple sorabe (wende)» et qu’«une telle déclaration est libre».
Article 2 Quiconque déclare son appartenance au peuple sorabe (wende) fait partie de ce peuple. Cette déclaration est libre. Elle ne peut être ni contestée ni vérifiée. Aucun désavantage ne peut résulter de cette déclaration à un citoyen. |
La loi énonce que cette déclaration ne peut faire l’objet d’aucune contestation ou vérification.
4.1 La langue du Landtag
Compte tenu que l’allemand est la langue officielle du Land de Brandebourg, le Parlement (Landtag) de Postdam ne fonctionne qu’en cette langue. Les lois ne sont rédigées et promulguées qu’en allemand. Lorsqu’une loi concerne de manière particulière la communauté sorabe, elle peut être bilingue, donc traduite.
De façon générale, les Sorabes peuvent faire valeurs leurs droits en étant membre des partis politiques siégeant au Landtag. Il arrive périodiquement qu’un Sorabe soit élu député au Parlement régional; le parti politique dont fait partie le député est exempté du seuil de 5 % appliqué à la représentation parlementaire du Landtag, en vertu du principe de la «discrimination positive». L'article 3 de la Loi électorale (2004) précise ainsi cette disposition:
Article 3 Élection des députés selon les listes d'État 1) Seuls les partis, associations politiques et associations de liste qui ont obtenu au moins 5 % des deuxièmes suffrages valablement exprimés dans la circonscription électorale ou qui ont remporté au moins un siège dans une circonscription sont pris en compte dans la répartition des sièges sur les listes des Länder. |
Depuis 1994, un Sorabe siège au Parlement européen de Strasbourg. De plus, le Landtag de Brandebourg a institué un Conseil pour les affaires sorabes constitué de cinq nommés par les associations sorabes; il a pour tâche de traiter de toutes les questions parlementaires présentant une importance pour le peuple sorabe et, en particulier, des propositions de législation. Le Conseil pour les affaires sorabes présente aussi des commentaires ou des opinions reflétant le point de vue sorabe.
4.2 Les langues dans l’administration locale
Dans l'administration locale, les services bilingues (allemand-sorabe) sont officiellement reconnus de la part du gouvernement du Land de Brandebourg dans les districts prévus par la loi. Il ne s’agit de quelques localités où la minorité est suffisamment concentrée: Lübben/Lubin, Guben/Gubin, Calau/Kalawa, Forst/Baršc, Spremberg/Grodk, etc. Ce droit est énoncé en termes clairs à l'article 23 de la Loi sur la procédure administrative (2009) du Land de Brandebourg. La correspondance officielle des autorités locales de la Basse-Lusace est adressée sur un papier à en-tête bilingue
Article
23 Langue officielle 1) La langue officielle est l'allemand. 2) Si les demandes sont soumises à une autorité dans une langue étrangère ou si des soumissions, des récépissés, des certificats ou d'autres documents sont présentés, l'autorité doit immédiatement demander la présentation d'une traduction. Dans des cas justifiés, une traduction certifiée ou une traduction effectuée par un interprète ou un traducteur nommé ou assermenté peut être demandée. Si la traduction demandée n'est pas remise immédiatement, l'autorité peut se procurer elle-même une traduction aux frais de l'intéressé. Si l'autorité a fait appel à des interprètes ou à des traducteurs, ceux-ci recevront une rémunération conformément à la Loi sur la rémunération et l'indemnisation des juges. 3) Si une notification, une demande ou le dépôt d'une déclaration d'intention doit fixer un délai dans lequel l'autorité doit agir d'une certaine manière, et si celles-ci sont reçues dans une langue étrangère, le délai ne court qu'à partir du moment où auquel l'autorité a reçu une traduction. |
Malgré ces dispositions, les Sorabes n’emploient que très rarement leur langue maternelle. Tous bilingues, ils parlent généralement l’allemand dans leurs rapports avec l’administration. Même lorsque les employés de l’administration locale sont suffisamment nombreux à maîtriser le sorabe, la minorité sorabe ne s’en prévaut que rarement; elle préfère généralement utiliser l’allemand afin d’éviter tout malentendu. Il faut aussi préciser que l’emploi du sorabe dans l’administration ne concerne pas les services offerts par le gouvernement fédéral, même à l'intérieur de la zone où s'applique la loi fédérale sur les procédures administratives. Dans ce cas, les Sorabes sont tenus d'utiliser la langue allemande. Il n'en demeure pas moins que, si le sorabe est rarement utilisé dans les relations avec les autorités publiques, c'est davantage parce que la population sorabe ne s'en prévaut pas, car l'offre de service existe. Dans leur vie quotidienne, les Sorabes se heurtent à de nombreuses entorses à la Loi sur l'organisation des droits des Sorabes, ce qui accentue
à chaque fois un peu plus le sentiment de non-reconnaissance de leur minorité. Par exemple, un citoyen sorabe qui envoie au gouvernement local une lettre dont l’adresse est rédigée en sorabe va voir retournée sa lettre avec la mention du type «adresse illisible». Encore aujourd’hui, chaque Sorabe possède deux patronymes : l’un allemand, celui qui figure sur son passeport; l’autre sorabe, le nom usuel qui figurera sur la tombe du défunt, sinon celui d'un écrivain sur la couverture d’un livre.Dans ces districts bilingues, la toponymie doit être en sorabe et en
allemand. Ainsi, tous les noms des aires d’implantation sorabe, soit les
arrondissements (Landkreise) et les communes (Gemeinden), doivent
figurer dans les deux langues, de même que les noms des édifices publics, des
institutions et des rues, des routes et des ponts. Ce droit est explicitement prévu
par l'article 11 de la
Loi sur l'organisation des droits des Sorabes. L’exigence de bilinguisme concernant les inscriptions, telle
que prévue à l'article 11, s’étend aussi à la disposition, la
conception et l'affichage de panneaux indicateurs et de signalisation conformément
au Code de la route allemand:
Article 11 Les inscriptions bilingues dans la zone d'implantation traditionnelle 1) De plus, les installations et édifices publics, les rues, routes, places et ponts dans la la zone d'implantation traditionnelle sorabe, ainsi que les panneaux indicateurs, doivent être rédigés en allemand et en bas-sorabe. 2) Le Land de Brandebourg veille à ce que les autres inscriptions sur les édifices de la région d'implantation sorabe soient également rédigés en allemand et en bas-sorabe pour autant que celles-ci aient de l'importance pour le public. |
La signalisation bilingue est aussi réglementée par le décret du 1er mars 1999 par le ministère de l’Urbanisme, du Logement et des Transports sur l’emploi des panneaux de signalisation routière bilingue dans l’aire traditionnelle d’implantation sorabe (wende). Par ailleurs, dans le Land de Brandebourg, le ministère de la Science, de la Recherche et des Affaires culturelles a prévu un Service des affaires sorabes (wendes). L'État a aussi institué un concours des «municipalités favorables aux langues» (Sprachfreundliche Kommune) afin d'encourager l'emploi de la langue sorabe.
L'article 3 de la
Loi sur l'organisation des droits des Sorabes
(1994) précise quelle sont les agglomérations désignées
comme des zones d»'implantation protégées des Sorabes:
Article 3 La zone d'implantation des Sorabes (Wendes) 1) Le droit du peuple sorabe (wende) à la protection, la préservation et la préservation de sa zone d'implantation est garanti. Le caractère particulier de la région d'implantation et les intérêts des Sorabes (Wendes) doivent être pris en considération lors de l'organisation de la politique du Land et des municipalités. 2) Toutes les municipalités dans lesquelles une tradition linguistique et culturelle constante est prouvée jusqu'à présent font partie de la zone d'implantation des Sorabes (Wendes) du Land de Brandebourg. Elle comprend l'arrondissement de Spree-Neisse, l'arrondissement urbain de Cottbus, les comtés de Märkische Heide, de Lieberose et de Straupitz de l'arrondissement de Dahme-Spreewald, ainsi que les comtés de Lübbenau, de Vetschau, d'Altdöbern, de Grossräschenet et de Senftenberger-sur-le-Lac de l'arrondissement d'Oberspreewald-Lausitz. |
En réalité, il existe un grand nombre d'unités administratives dans le Brandebourg, dont les arrondissements (Landkrei/Landkreise), les villes-arrondissements ou arrondissements urbains (Kreisfreie Städte), les comtés ou «groupements de communes» (Amt/Amter), les communes ou municipalités (
Gemeinde/Gemeinden).
Dans le Brandebourg, les zones d'implantation protégée des Sorabes sont
donc les suivantes:
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D'après l'article 13 du Règlement administratif relatif à la Loi sur l'organisation des droits des Sorabes (2018), l'affichage sur les bâtiments publics, les rues, les chemins, les places, les ponts et les panneaux toponymiques, ainsi que les panneaux de signalisation dans la zone d'implantation traditionnelle sorabe / wende doivent être marqués en allemand et en bas-sorabe:
Article 13
L'étiquetage bilingue (art. 11, SWG) 13.1 L'usage publiquement visible de la langue sorabe / wende, qui façonne le caractère biculturel de la Lusace, et rend visible la diversité culturelle et linguistique, demeure important pour une application pratique dans la vie quotidienne et est également une expression symbolique de l'égalité. Cet usage est d’une importance capitale pour l’acceptation de la langue, le prestige de la langue et donc la motivation pour l’apprendre, la maintenir et la développer davantage. Une attention particulière doit être accordée pour employer la langue correctement. [...] 13.2 Conformément à l'art. 11, par. 1 SWG, les bâtiments et les équipements, les rues, les chemins, les places, les ponts et les panneaux toponymiques, ainsi que les panneaux de signalisation dans la zone d'implantation traditionnelle sorabe / wende doivent être marqués en allemand et en bas-sorabe. L'étiquetage suivant doit donc être en deux langues :
De plus, la réglementation sur les noms de communautés bilingues doit être respectée pour les autres panneaux de signalisation. |
Le sigle SWG correspond aux mots Sorben, Wenden et Brandenburg (c'est-à-dire la Loi sur les Sorabes/Wendes du Brandebourg).
4.3 Les tribunaux
Dans les cours de justice, des dispositions spécifiques régissant l'utilisation du sorabe devant les tribunaux sont prévues. La Loi constitutionnelle fédérale sur les tribunaux (1975)prévoit explicitement que les Sorabes devront continuer d'avoir le droit d'utiliser leur langue devant les tribunaux dans leurs arrondissements d'origine:.
Article 184
La langue du tribunal est l'allemand. Le droit des Sorabes de parler sorabe devant les tribunaux des districts d'origine de la population sorabe est garanti. Article 187 1) Le tribunal doit faire appel à un interprète ou à un traducteur pour un justiciable accusé ou condamné, qui ne parle pas allemand, dans la mesure où cela est nécessaire à l'exercice de ses droits dans le cadre de la procédure pénale. Le tribunal doit informer l'accusé dans une langue qu'il comprend ou qu'il peut comprendre à la suite de l'intervention d'un interprète ou d'un traducteur pour l'ensemble de la procédure pénale. Article 188 Les justiciables qui ne parlent pas la langue allemande prêtent serment dans la langue qu'ils connaissent. |
Les Sorabes détiennent effectivement ce droit d'employer leur langue dans une cour de justice. Étant donné qu'il y a rarement des juges bilingues, il faut avoir recours généralement à des interprètes. Dans la pratique, peu de Sorabes exercent leurs droits. Étant donné qu'ils parlent l'allemand, la plupart d'entre eux préfèrent employer la langue officielle. Or, un droit qui n'est pas utilisé peut finir par être perdu à plus long terme, comme c'est probablement le cas au Brandebourg.
Article 3
Tâches et objectifs de la garderie 5) Les garderies publiques et privées, qui servent en particulier à maintenir, à promouvoir et à transmettre la langue et la culture sorabes / wende, et qui offrent en permanence des possibilités pédagogiques unilingues en bas-sorabe ou celles dont le bas-sorabe est l'une des nombreuses langues, sont encouragées et soutenues par le Land. Par des mesures appropriées et dans le cadre du budget disponible, le Land aide les prestataires de garderies à fournir du matériel d'enseignement et d'apprentissage adapté à l'âge pour les travaux pédagogiques en bas-sorabe dans les garderies. |
Dans les écoles primaires (les Grundschulen), la langue
d'enseignement est l'allemand. Mais le Land offre des formation
bilingues qui sont actuellement proposées dans les matières comme la
géographie, l'histoire, l'éducation politique, les art, les sports, la
musique, les mathématiques, la biologie, l'économie, etc. En plus de l'allemand, les langues cibles sont l'anglais, le polonais, le sorabe, le français et l'espagnol. Cet enseignement bilingue est offert dans plus de 35 écoles d'enseignement général, dont sept écoles au primaire. |
Sous le régime nazi, les enfants sorabes étaient battus dans les écoles de Lusace s'ils s'exprimaient dans leur langue maternelle. Dès l'année scolaire 1963-164, le ministère de l’Éducation fit machine arrière en déclarant «facultatif» l’enseignement du sorabe dans toute la Lusace, y compris chez les enfants sorabes. Aujourd'hui, la langue de la minorité sorabe du Brandebourg est protégée par les lois fédérales et celles du Land. L'article 10 de la Loi sur l'organisation des droits des Sorabes (1994) prévoit des dispositions en matière de langues d'enseignement pour les Sorabes:
Article10
L'éducation 1) Il est donné la possibilité aux enfants et aux jeunes de la zone d'implantation traditionnelle sorabe (wende), dont les parent le souhaitent, d'apprendre la langue sorabe. 2) L'histoire et la culture sorabes (wendes) doivent être intégrées, selon l'âge, dans les haltes-garderies et les écoles de la la zone d'implantation traditionnelle sorabe (wende) en ce qui concerne l'organisation de jeux et d'activités pédagogiques. 3) Le Land de Brandebourg encourage la formation et le perfectionnement des enseignants de langue sorabe. Il travaille en collaboration en ce domaine avec l'État libre de Saxe. 4) Par des offres dans la formation permanente pour les adultes, la préservation et le maintien de la langue et de la culture sorabes (wendes) doivent être promues. 5) Les haltes-garderies et les écoles qui sont administrées par les associations sorabes (wendes) dans la la zone d'implantation traditionnelle des Sorabes (Wendes) sont particulièrement encouragées et soutenues par le Land, dans la mesure où ces institutions servent en priorité aux besoins, à la promotion et à l'intervention sur la langue et la culture sorabes (wende) et pour autant que tout soit fait de façon durable dans les deux langues. |
La Loi sur les écoles (2007)
reconnaît aux Sorabes le droit d'apprendre leur langue nationale:
Article 5 Écoles de la zone d'implantation des Sorabes (Wendes) Les élèves de la zone d'implantation des Sorabes (Wendes) ont le droit d'apprendre la langue sorabe (wende), de déterminer les disciplines et les groupes de classes en sorabe (wende) ainsi que la langue d'enseignement. Dans les écoles de la zone d'implantation des Sorabes (Wendes), l'histoire et la culture des Sorabes (Wendes) doivent être incluses dans l'éducation et communiquées à l'école comme lieu d'activités culturelles ouvertes, selon les dispositions prévues du paragraphe 8 de l'article 7. L'organisme responsable du Land compétent pour les écoles est autorisé à réglementer par ordonnance les paragraphes 1 et 2, notamment l'organisation de l'enseignement dans les disciplines, les groupes de classes et les conditions personnelles et réelles dans lesquelles les études sont réalisées ou peuvent être réalisées, ainsi que le statut de l'enseignement en sorabe (wende) comme langue régionale. |
Le Règlement sur les affaires scolaires des Sorabes (2000)
prévoit également l'enseignement du sorabe:
Article 1er Principes généraux 1)
Les écoles situées dans la zone
d'installation traditionnelle sorabe (wende) (zone d'installation)
doivent promouvoir et cultiver le respect et la tolérance envers les
citoyens de la nation sorabe (wende) de façon particulière. |
La discipline sorabe à l'école primaire offre aux élèves la possibilité d'acquérir ou de développer davantage leurs compétences d'expression orale, d'écoute, d'écriture et de lecture. Les compétences en langue maternelle peuvent être particulièrement encouragées par des mesures et des méthodes appropriées. Les élèves de la 1re à la 6e année qui souhaitent apprendre et approfondir le bas-sorabe ont le droit de suivre des cours dans cette langue.
Dans le Brandebourg, seuls les arrondissements de
Spree-Neisse (1), d'Oberspreewald-Lausitz (2) et de Dahme-Spreewald
(3), en plus de la ville de Cottbus/Chóśebuz, offrent
un enseignement en sorabe.
Le sorabe est enseigné dans 24 écoles primaires, dans une école de cycle court (programme ne manant qu'au brevet) et une école polyvalente (Gesamtschule), au lycée bas-sorabe de Chośebuz / Cottbus, ainsi que dans ce qu’on appelle l’Oberstufenzentrum (niveau avancé). Dans les écoles primaires, le sorabe peut être étudié comme langue maternelle (A), comme langue seconde (B) ou comme langue étrangère (C). Dans les écoles de type A, le sorabe est la langue d'enseignement, tandis que dans les écoles de type B le sorabe est enseigné dans des établissements allemands; dans les écoles de type C, le sorabe (3h/semaine) est principalement enseigné comme langue étrangère, à l'exemple du français ou de l'espagnol, mais certaines matières sont offertes dans les deux langues pour l'enseignement. |
- Les écoles secondaires
Les écoles secondaires sont appelée des Gymnasium («gymnases»). À partir de la 7e année, les élèves ont le droit de participer à des cours en sorabe si, sur la base de leurs connaissances existantes il est possible de s'attendre à ce qu'ils soient en mesure de suivre les cours avec succès. La décision est prise normalement par un comité ou par l'enseignant qui donne cette matière. Étant donné qu'il n'existe que fort peu d'écoles secondaires (deux seulement) offrant un enseignement en sorabe, les autorités du Land de Brandebourg assument les frais de transport quotidiens, car la plupart des élèves doivent faire de longs trajets en bus.
Le Land dispose d'un bureau pour le développement de l'enseignement sorabe à Cottbus/Chóśebuz. Leurs tâches comprennent la création de matériels d'enseignement et d'apprentissage, l'élaboration de programmes-cadres pour toutes les classes et la formation continue des enseignants pour l'enseignement du sorabe/wende, y compris le personnel nécessaire à cette fin.
Les règlements administratifs du 22 juin 1992 prévoyaient aussi des dispositions concernant le travail des employés dans les écoles sorabes et les autres établissements scolaires de la région germano-sorabe. Les enseignants, pour leur part, reçoivent une formation spécifique à l’Institut des études sorabes de l’université de Leipzig. À Bautzen (Saxe) et à Cottbus (Brandebourg), des cours de sorabe sont proposés aux adultes. Aucune des lois scolaires des Länder ne prévoit un enseignement en langue tsigane dans le système éducatif public, car les parents des enfants de cette communauté refusent un tel enseignement.
Bien sûr, si les Sorabes reçoivent une éducation allemande, donc tout au moins bilingue, les Allemands demeurent tout à fait ignorants des réalités sorabes. Le degré d’acceptation et de tolérance envers le sorabe se révèle d’ailleurs particulièrement faible, ce qui fait réapparaître la peur ancestrale des Allemands face aux Slaves, la langue sorabe étant ressentie comme une menace.
Pour ce qui est du niveau universitaire, il n’existe pas d’université sorabe dans la région. Mais une formation à l’enseignement du sorabe comme matière scolaire et un programme de formation de spécialistes de la langue et de la culture sorabes (appelés «sorabistes») sont offerts par l’Institut de la langue et de la culture sorabes de l’université de Leipzig.
Les trois universités de Potsdam, de Cottbus-Senftenberg et de Francfort (Oder), les quatre universités de sciences appliquées de Brandebourg-sur-la-Havel, de Potsdam, de Wildau et d'Eberswalde, l'Université de cinéma "Konrad Wolf" de Potsdam-Babelsberg et d'autres universités privées permettent aux étudiants germanophones de recevoir une formation adaptées aux standards internationaux. L'anglais est parfois utilisé comme langue d'enseignement dans les universités du Brandebourg
4.5 Les médias
L'article 12 de la Loi sur l'organisation des droits des Sorabes (1994) prévoit des émissions en sorabe dans les médias:
Article 12 Les médias 1) Dans les émissions des médias de droit public, la langue et la culture sorabes (wendes) doit être pris en compte de façon appropriée. 2) Le Land de Brandebourg veille à ce que la langue et la culture sorabes (wendes) soient aussi pris en compte dans les médias privés. |
En ce qui a trait aux médias, la Ostdeutsche Rundfunk Brandenburg (ORB) diffuse des émissions radiophoniques durant 7 h/semaine en sorabe, généralement entre midi et 13 h 30, et le service de télévision de l’ORB transmet des émissions en raison de 30 minutes par semaine. La télévision de l'ORB diffuse la seule émission régulière en sorabe intitulée Tuzyca - Sorbisches aus der Lausitz («La vie sorabe en Lusace»).Les médias de service public contribuent également à une culture sorabe vivante. Le Mitteldeutsche Rundfunk (MDR) produit une émission de radio et de télévision en haut lieu avec plus de 30 employés du studio MDR à Bautzen. Radio Berlin-Brandenburg (RBB) diffuse onze heures et demi par semaine une émission de radio en bas sorabe du studio RBB Cottbus.
De plus, l’administration centrale de la télévision dans le région de Braniborska/Brandenburg a créé en 1992 un magazine mensuel d'une heure destinée à la communauté sorabe. Certaines stations de radio locales émettent en sorabe jusqu’à six ou sept heures par semaine en sorabe. Enfin, un représentant de la Domowina (Union des Sorabes de Lusace) siège au Conseil de l'audiovisuel de l’ORB et au Conseil des médias de la Landesmedienanstalt de Berlin-Brandeburg (Autorité de tutelle de l'audiovisuel privé de Berlin-Brandebourg).
La presse sorabe joue un rôle relativement important dans la préservation de l'identité nationale des Sorabes. Ainsi, l'organisme Domowina (Union des Sorabes de Lusace) publie un quotidien en haut-sorabe appelé Serbske Nowiny («Journal sorabe»), un hebdomadaire en bas-sorabe, Nowy Casnik («Nouveau journal»), un magazine culturel mensuel, Rozhlad («Renouveau»), une revue spécialisée pour les professeurs de sorabe, Serbska Sula («École sorabe») et un magazine pour enfants en haut-sorabe et en bas-sorabe. Avec le concours financier de l’État, sont également publiés des ouvrages scientifiques et culturels en sorabe, notamment des ouvrages scolaires, de la fiction et de la poésie modernes et classiques, des livres et des bandes dessinées.
4.6 Les associations minoritaires sorabes
En accord avec l’État libre de Saxe et le gouvernement fédéral, le Land de Brandebourg a créé, le 19 octobre 1991, une fondation appelée Stiftung für das sorbische Volk (Fondation pour le peuple sorabe) dont le siège est à Bautzen (Saxe). Il est prévu de signer des accords régissant la préservation des intérêts des Sorabes. Cette fondation poursuit essentiellement les objectifs suivants:
a) appuyer les institutions ayant pour vocation de préserver la culture, les arts et les traditions sorabes;
b) apporter une aide et contribuer aux projets visant l'élaboration de documents et de publications ainsi que l'organisation de spectacles relatifs aux arts et à la culture sorabes;
c) aider à la préservation et au développement de la langue et de l'identité culturelle sorabes au sein des établissements d'enseignement et des instituts de recherche sorabes;
d) contribuer à la préservation de l'identité sorabe dans l'opinion publique, sur les lieux de travail et dans les communautés où vivent ensemble des Sorabes et des non-Sorabes;
e) appuyer des projets et des programmes favorisant la compréhension entre les peuples et la coopération avec d'autres groupes ethniques et minorités nationales d'Europe, et développer les liens que les Sorabes ont de tout temps entretenus avec leurs voisins slaves, afin de jeter les ponts entre l'Allemagne et l'Europe orientale;
f) contribuer à l'élaboration de programmes gouvernementaux et d'autres projets intéressant les Sorabes.
Les activités de la Stiftung für das sorbische Volk (Fondation pour le peuple sorabe) sont financées par des fonds publics et versés à parts égales, d’une part, par le gouvernement fédéral, d’autre part, par les Länder de Brandebourg et de Saxe. Ce financement permet notamment d'assurer la survie économique de nombreuses institutions sorabes, dont la Domowina (Union des Sorabes de Lusace), le Théâtre populaire germano-sorabe (Deutsch-Sorbisches Volkstheater), l'Ensemble national sorabe, la maison d'édition de la Domowina, ainsi que les musées sorabes de Bautzen (Saxe) et de Cottbus (Brandebourg).
Soulignons également la promotion des établissements d'enseignement et des instituts de recherche sorabes, en particulier l'Institut sorabe qui dirige des travaux de recherche dans les traditions nationales et dans d'autres domaines, plus spécifiquement l'histoire sociale et culturelle, la linguistique, l'ethnologie et les arts sorabes. Cela dit, le gouvernement fédéral a manifesté son intention de réduire considérablement les subventions accordées à la fondation. Normalement, le gouvernement fédéral fournit environ la moitié du budget de la Fondation, la contribution du Land de Saxe s’élevant à environ un tiers et celle du Land de Brandebourg à un sixième de ce même budget.
Par ailleurs, la Macica Serbska, la Société de recherche sorabe, se consacre essentiellement aux relations publiques dans la promotion de l'histoire, de la langue et de la culture sorabes, et la diffusion des connaissances relatives aux Sorabes en Allemagne et à l'étranger. Enfin, précisons que le ministère de la Science, de la Recherche et des Affaires culturelles du Brandebourg dispose d’un Service des affaires sorabes. La municipalité autonome (kreisfreie Stadt) de Cottbus et le Landkreis (division administrative rurale) de Spree-Neisse, pour leur part, ont nommé des commissaires à plein temps pour les affaires sorabes.
La minorité sorabe du Brandebourg, pourtant peu importante au point de vue numérique (20 000 locuteurs?), a néanmoins obtenu des droits relativement considérables. Rappelons qu’une bonne partie de ces droits ont été accordés par l’ex-République démocratique allemande (RDA) à partir d’une ancienne législation de 1948. D’ailleurs, plusieurs institutions culturelles ont vu le jour durant le régime communiste. Les Sorabes ont bénéficié, depuis la réunification des deux Allemagne, de droits acquis qui ont été reconnus dans le Traité d’unification de l’Allemagne du 31 août 1990. De plus, la Land de Brandebourg a pris en compte ces dispositions et semble appliquer du mieux qu’il peut une politique linguistique de type sectoriel, surtout dans l’enseignement, la culture et les médias. Afin d’éviter les divergences éventuelles et les politiques promotionnelles, les Länder de Saxe et de Brandebourg ont adopté, d’un commun accord, une politique de promotion similaire de la langue et de la culture sorabes.
Cependant, même si les droits de cette minorité semblent juridiquement assez bien protégés par une politique sectorielle fondée sur les droits personnels dans un territoire donné, les Sorabes sont soumis à la germanisation constante et au bilinguisme social omniprésent, ce qui n’est pas de tout repos pour une si petite minorité (environ 20 000 locuteurs, mais probablement 7000 dans les faits). Par ailleurs, une partie de la communauté sorabe est en butte à des menaces de destruction de portions de son territoire dans le Brandebourg. En effet, l’exploitation minière du lignite (qui dure depuis des décennies) dans la région de la Basse-Lusace est en train de réduire considérablement son «habitat naturel», pourtant déjà restreint, à tel point que même le Parlement européen de Strasbourg a demandé au gouvernement du Brandebourg de stopper la destruction de ces sites. Par conséquent, les résidents sorabes qui refuseraient d’être déplacés jouissent néanmoins de la possibilité d’être réinstallés dans les lieux d’implantations sorabes traditionnels.
Dans la vie quotidienne, les Sorabes de la Basse-Lusace (Brandebourg) emploient moins leur langue maternelle que ceux de la Haute-Lusace (Saxe). L'emploi du bas-sorabe dépend essentiellement du choix des Sorabes eux-mêmes, dans la mesure où ils souhaitent ou non transmettre leur langue à leurs enfants. Ce choix est plus facile dans les zones d'implantation des Sorabes, là où ils sont plus nombreux, voire majoritaires, mais la situation est plus difficile lorsque les familles habitent dans les plus grandes agglomérations où les membres de la communauté sorabe ne constituent qu’une faible minorité. Dans ce dernier cas, les mariages mixtes réduisent particulièrement le nombre des éventuels locuteurs du sorabe. On comprendra que la fréquentation d'écoles sorabes est particulièrement importante pour cette minorité, qui doit constamment lutter contre l’assimilation.
Dans le meilleur des cas, l'avenir de la langue des Bas-Sorabes réside dans leur bilinguisme. Dans un livre publié à Bautzen en 1997 par Peter Kunze, Kurze Geschichte der Sorben («Brève histoire des Sorabes»), en collaboration avec la maison d’édition Domowina, l'auteur termine par cette conclusion (traduction):
Bref, bien que les Sorabes de la Saxe et du Brandebourg bénéficient d’une grande protection juridique, il leur sera toujours difficile de survivre en petit nombre au milieu de ce grand pays massivement germanophone qu’est l’Allemagne. |
À l'heure actuelle, l’identité ethnique des Sorabes semble s’être confinée dans le folklore des costumes et des traditions (processions, pèlerinages, défilés, etc.). De façon paradoxale, ce sont les germanophones qui se sont emparés de ce folklore dans un souci d’exploitation et de valorisation touristique de la Lusace. Perplexes, les Sorabes semblent participer à la popularisation d’un folklore qu'ils préservaient jalousement jusqu'à présent afin d'assurer la cohésion de leur communauté. A plus ou moins long terme, la Lusace risque d'être victime d’une «touristification galopante», dont témoignent toutes les brochures de promotion de cette région historique.
CONSEIL ÉCONOMIQUE ET SOCIAL (ONU). Application du Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels (Allemagne), Genève, Troisième rapport périodique du 17 octobre 1996, Haut Commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme, E/1994/104/Add.14. EUROMOSAÏC. Le sorabe en Allemagne,
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