Plan de l'article
1.
Les
États où le français est la langue officielle 2. Le français comme langue maternelle 3. Le français comme langue seconde 4. Le statut juridique du français 4.1 Le français, unique langue officielle 4.2 Le français comme langue co-officielle 4.3 Un statut diversifié |
5.
Les débuts de la
Francophonie 6. Les Sommets francophones 7. Les États membres de la Francophonie 7.1 Les États non francophones 7.2 Les justifications 8. Les autres organisations internationales |
Le terme de francophonie apparut pour la première fois en 1880. C'est le géographe français Onésime Reclus (1837-1916) qui l'a employé pour désigner les espaces géographiques où la langue française était parlée. Il s'agit de l'ouvrage France, Algérie et colonies. On entend aujourd'hui par francophonie (avec une minuscule initiale) l'ensemble des PEUPLES ou des groupes de locuteurs qui utilisent partiellement ou entièrement la langue française dans leur vie quotidienne ou leurs communications. Le terme Francophonie (avec une capitale initiale) désigne plutôt l'ensemble des GOUVERNEMENTS, pays ou instances officielles qui ont en commun l'usage du français dans leurs travaux ou leurs échanges. Donc, on parle de deux réalités différentes selon qu'on écrit francophonie (peuples ou locuteurs) ou Francophonie (gouvernements ou pays). Dans ce dernier cas, la Francophonie est associée à l'Organisation internationale de la Francophonie.
Rappelons que le terme de «francophonie» provient bien évidemment du mot «français», une langue romane appartenant à la famille indo-européenne. On peut consulter un tableau montrant une typologie historique des langues romanes.
Grâce à son statut de langue officielle (ou co-officielle) dans quelque 57 États répartis dans 29 pays, le français reste la deuxième langue du monde au plan de l'importance politique. Même si, à l'exemple de l'anglais, il n'est pas la langue maternelle de tous les citoyens dans la plupart des pays concernés, le français occupe des positions stratégiques privilégiées comme langue administrative, langue d'enseignement, langue de l'armée, langue de la justice, langue des médias, langue du commerce ou des affaires, etc.
Si le français a d'abord été la première langue de la France, c'est parce qu'il a été celle du roi, c'est-à-dire celle du prince le plus puissant, celui qui possédait la plus grande armée et qui prélevait les plus forts impôts. Par la suite, si le français a été la première langue de l'Europe, et ce, du Moyen Âge jusqu'au XVIIIe siècle, c'est parce que la France était le pays le plus peuplé du continent, et que, par voie de conséquence, son monarque était le plus riche et le plus puissant. Ainsi, la cause première de l'expansion du français en Europe et en Amérique est d'ordre démographique, puis d'ordre économique et militaire. Cette observation pourrait, bien sûr, s'appliquer à l'histoire de l'anglais, mais aussi à celle de l'espagnol, du portugais, de l'arabe, du russe, etc.
L'implantation du français en Afrique et dans l'océan Indien (Réunion, Seychelles, Comores, etc.) est plus récente. À l'exception du Sénégal où des postes français ont été établis dès le XVIIIe siècle, l'expansion de cette langue a commencé au XIXe siècle avec de nouvelles conquêtes militaires, l'effort d'évangélisation et le développement de l'organisation scolaire. Il en est de même pour l'Océanie (Polynésie française, Nouvelle-Calédonie, Vanuatu, etc.).
Le français est l'unique langue officielle dans 30 régions (dont 14 pays et 16 régions), mais dans 26 autres il partage ce statut avec une ou d'autres langues, surtout l'anglais, l'arabe et l'allemand.
Français, unique langue officielle | Statut politique |
Français comme langue co-officielle |
Autre(s) langue(s)
officielle(s) en plus du français |
1. Bénin 2. Burkina Faso 3. Berne (Suisse) 4. Communauté française de Belgique 5. Congo-Brazzaville 6. Congo--Kinshasa 7. Côte d'Ivoire 8. France 9. Gabon 10. Genève 11. Guadeloupe 12. Guinée 13. Guyane française 14. Jura 15. Mali 16. Martinique 17. Mayotte 18. Monaco 19. Niger 20. Nouvelle-Calédonie 21. Polynésie française 22. Québec 23. Réunion 24. Saint-Barthélemy 25. Saint-Martin 26. Saint-Pierre-et-Miquelon 27. Sénégal 28. Togo 29. Vaud 30. Wallis-et-Futuna |
1. pays 2. pays 3. canton (Suisse) 4. Communauté (Belgique) 5. pays 6. pays 7. pays 8. pays 9. pays 10. canton (Suisse) 11. département (FR) 12. pays 13. département (FR) 14. canton (Suisse) 15. pays 16. département (FR) 17. collectivité territoriale (FR) 18. principauté 19. pays 20. pays d'outre-mer (FR) 21. pays d'outre-mer (FR) 22. province (Canada) 23. département 24. collectivité territoriale (FR) 25. collectivité territoriale (FR) 26. collectivité territoriale (FR) 27. pays 28. pays 29. pays 30. collectivité d'outre-mer (FR) |
1. Belgique 2. Berne (Suisse) 3. Burundi 4. Cameroun 5. Canada 6. Centrafrique 7. Comores 8. Djibouti 9. Fribourg (Suisse) 10. Guinée équatoriale 11. Haïti 12. Luxembourg 13. Madagascar 14. Mauritanie 15. N.-Brunswick (Canada) 16. Nunavut (Canada) 17. Pondichéry (Inde) 18. Rwanda 19. Seychelles 20. Suisse 21. Tchad 22. T. du Nord-Ouest (Canada) 23. Val d'Aoste (Italie) 24. Valais (Suisse) 25. Vanuatu 26. Yukon (Canada) |
1. allemand-néerlandais 2. allemand 3. kirundi 4. anglais 5. anglais 6. sango 7. arabe 8. arabe 9. allemand 10. espagnol 11. créole 12. luxembourgeois-allemand 13. malgache 14. arabe 15. anglais 16. anglais-inuktitut 17. anglais-tamoul-télougou-malayalam 18. anglais-kinyarwanda 19. anglais-créole 20. allemand-italien-romanche 21. arabe 22. anglais 23. italien 24. allemand 25. anglais 26. anglais |
En principe, la notion de français langue maternelle ne s'applique qu'à ceux qui le parlent en France (82 %), au Canada (23,2 %), en Belgique (41 %), en Suisse (18,4 %) et dans la principauté de Monaco (58 %). Avec ces seuls pays, on ne compterait que 75 millions de francophones.
Cependant, bien qu'ils soient partout minoritaires, il faut dénombrer également les locuteurs du français langue maternelle dans les différents autres pays francophones répartis surtout en Afrique et en Océanie, mais présents aussi aux Antilles et aux États-Unis. Si l'on compte les véritables francophones d'Afrique (22 États), des Antilles et des États-Unis (1,7 million), d'Océanie, on compterait environ 110 millions de locuteurs francophones.
Le français est une langue d'enseignement de grande importance dans le monde. En fait, son enseignement aux non-francophones constitue une donnée fondamentale dans le concept de francophonie. Là où le français a acquis le statut de langue officielle, de langue co-officielle ou de langue administrative, il est enseigné comme langue seconde; là où le français ne dispose d'aucun statut officiel, comme au États-Unis, en Colombie, au Royaume-Uni ou au Laos, il est enseigné comme langue étrangère. Précisons que, dans les pays où le français est l'unique langue officielle, il est enseigné à tous les élèves dès le primaire. En tant que langue seconde, il est principalement enseigné au primaire, parfois au secondaire.
Une constatation s'impose lorsqu'on se demande où le français est le plus enseigné comme langue seconde ou langue étrangère: c'est avant tout dans les pays francophones d'Afrique noire, puis dans les pays arabophones d'Afrique ainsi que dans les pays anglophones, lusophones (portugais) et hispanophones.
Sur le plan de la francophonie mondiale, on compte présentement plus de 145 millions de personnes scolarisées en français dans le monde, tous les secteurs d'enseignements réunis (langue maternelle, langue seconde, langue étrangère). En fait, jamais dans l'histoire du français autant de personnes n'ont appris et parlé cette langue. Selon le Conseil économique et social de Paris, le nombre des "francophones" aurait atteint même les 500 millions en l'an 2000. Mais il ne s'agit là que d'estimations, car il n'existe pas encore d'instruments de mesure scientifique en ce domaine. On peut croire que ce nombre de 500 millions touche tout ceux qui, d'une façon ou d'une autre, peuvent être en contact avec le monde francophone.
Le très net déclin du français langue seconde ou étrangère, qui avait commencé dans les années soixante, semble avoir été stoppé. Certains pays d'Europe (Finlande, Irlande, Norvège, Suède, Autriche, Bulgarie, etc.), du Proche-Orient (Égypte, Turquie, Israël, Émirats arabes unis, etc.) et d'Amérique (Brésil, Colombie, Pérou, États-Unis, Canada) connaissent présentement une très nette augmentation des élèves du français langue seconde ou étrangère.
Mais c'est en Afrique francophone et dans les pays du Maghreb que la proportion des effectifs scolaires a le plus augmenté. La population des élèves scolarisés en français est passée de 8 % (1960) à 33 % (1981). Les prospectives pour l'an 2000 montraient une augmentation de quelque 267 % de scolarisés en français, tandis que l'augmentation de la population était de 73 %. Dans les pays du Maghreb (Algérie, Maroc, Tunisie), pourtant soumis à une politique d'arabisation poussée, la proportion des enfants scolarisés en français a déjà dépassé les 40 %. Bref, comme le français est enseigné dans la quasi-totalité des États du monde, sa situation lui procure une dimension et une portée vraiment internationales... après l'anglais. Au total, on estime que 60 millions de non-francophones ont appris le français. Si l'on élargit le cercle des pays ou à des régions qui ne sont pas membres de l'Organisation internationale de la Francophonie, comme l'Algérie (plusieurs millions), Israël (environ 600 000), l'Italie avec le Val d'Aoste (plusieurs dizaines de milliers), et au continent américain hors Francophonie, le nombre de francophones, toute catégories réunies (langue maternelle, langue seconde, langue étrangère), dépasse probablement les 200 millions, y compris les «francophones partiels» (voir le tableau de l'OIF).
Le français, rappelons-le, demeure la deuxième langue du monde au plan géopolitique avec 57 États dans 29 pays de langue officielle française (contre 59 États et 50 pays pour l'anglais). Il constitue néanmoins, dans une cinquantaine de pays (54 États membres de la Francophonie), une langue administrative, une langue d'enseignement, une langue de la justice, une langue des médias, une langue du commerce ou des affaires et une langue de l'armée. Le statut juridique du français ne se limite pas aux pays où le français est langue officielle ou co-officielle, mais aussi à un certain nombre d'États non souverains, que ce soit notamment dans des cantons suisses ou des provinces canadiennes. Il existe un certain nombre d'États ou territoires qui ne sont pas officiellement de langue française, mais où cette langue bénéficie de prérogatives. Voir aussi le tableau des États officiellement francophones, unilingues ou bilingues.
4.1 Le français, unique langue officielle
En Europe, le français est l'unique langue officielle en France, dans la principauté de Monaco et au grand-duché du Luxembourg (du moins au plan théorique). En Afrique, il est la seule langue officielle au Bénin, au Burkina Faso, en République centrafricaine, au Congo-Brazzaville, au Congo-Kinshasa, en Côte d'Ivoire, au Gabon, en Guinée, au Mali, au Niger, à La Réunion (FR), au Sénégal et au Togo. En Amérique, il conserve ce statut dans les départements français d'outre-mer (DOM): Martinique et Guadeloupe, Saint-Barthélemy, Saint-Martin, Saint-Pierre-et-Miquelon, Guyane française. En Océanie, c'est dans les territoires français d'outre-mer (TOM) qu'il jouit de ce même statut: Nouvelle-Calédonie, Polynésie française, les îles Wallis-et-Futuna.
De plus, le statut juridique du français s'étend aussi à plusieurs États non souverains. Il est l'unique langue officielle dans la Communauté française de Belgique, dans la province de Québec, dans les cantons suisses de Genève, de Neuchâtel, du Jura et de Vaud.
4.2 Le français comme langue co-officielle
Par ailleurs, le français est une langue co-officielle en Belgique (français-néerlandais- allemand), en Suisse (français-allemand-italien et romanche), au Canada (français-anglais), à Haïti (français-créole), au Burundi (français-kirundi), au Cameroun (français-anglais), aux Comores (français-arabe), à Djibouti (arabe-français), en Guinée équatoriale (espagnol-français), à Madagascar (malgache-français), en Mauritanie (arabe et français dans les faits), au Rwanda (kinyarwanda-français-anglais), aux Seychelles (anglais-français-créole), au Tchad (arabe-français).
C'est une langue co-officielle dans les cantons suisses de Fribourg (français-allemand), du Valais (français-allemand), de Berne (français-allemand), dans la province du Nouveau-Brunswick (français-anglais) et les Territoires du Nord-Ouest au Canada (français-anglais), dans le Val-d'Aoste (français-italien) en Italie. Mentionnons enfin le territoire autonome de Pondichéry (français-tamoul) en Inde.
On peut consulter le tableau récapitulatif des États ou territoires francophones à ce sujet; le tableau présente la liste des 57 États répartis dans 29 pays, où le français est officiel ou co-officiel, qu'il s'agisse d'États souverains ou non souverains. Bien sûr, ce tableau se révèle différent lorsqu'on dresse la liste des 54 États membres de la Francophonie, dont un certain nombre — 33 pays, dont 17 membres, 13 observateurs et 3 associés — n'a pas le français comme langue officielle, mais comme simple langue étrangère.
4.3 Un statut diversifié
Conformément à son statut de langue officielle, le français est utilisé, en totalité ou en partie, au Parlement, dans la rédaction des lois, dans les services gouvernementaux ou administratifs, dans les domaines de la justice, de l'éducation, dans la police et les forces armées, dans les médias, le commerce, le monde du travail, l'affichage, etc. Si on tient compte du fait que l'application du statut juridique varie d'un pays à l'autre ou d'une région à l'autre, il s'avère difficile de décrire celle-ci de façon concrète dans le cas du français. Comment savoir, par exemple, si l'affichage est aussi français en Côte d'Ivoire qu'en France, si les écoles francophones sont moins françaises au Val-d'Aoste qu'en Ontario, si les services municipaux en français sont mieux dispensés en Tunisie qu'en Alberta, etc.
Le statut de langue internationale du français est réel avec 57 États de langue officielle française dans 29 pays (consulter le tableau Les États où le français est langue officielle ou co-officielle), mais apparaît fragile dans une certaine mesure. Au point de vue des effectifs de ses locuteurs, cette langue progresse très vite, proportionnellement plus que l'anglais; cela est dû à la formidable poussée démographique des pays africains, incluant le Maghreb. On constate des progrès presque fulgurants de l'enseignement en français dans des populations jadis peu scolarisées.
C'est cependant un atout qui peut se retourner contre le français, car il n'est nulle part langue maternelle, hormis en France, en Belgique francophone, en Suisse romande, au Québec et dans quelques régions du Canada anglais (notamment au Manitoba, en Ontario et au Nouveau-Brunswick). En Amérique, le français se cantonne dans deux États, l'un, petit et pauvre, Haïti; l'autre, le Québec, riche mais sous-peuplé et atteint de décroissance démographique. En fait, la France demeure l'unique pôle solide de la francophonie. C'est une faiblesse dans la mesure où tout repose sur la puissance et la richesse de ce seul pays. La perte de prestige de la France entraînerait nécessairement le déclin du français comme langue internationale. Selon les estimations de 2005 de l'Organisation internationale de la Francophonie, il y aurait 139 millions de francophones (langue maternelle et langue seconde), auxquels il faut ajouter 39 millions de «francophones partiels», ceux dont le français est une langue étrangère. On estime qu'entre 250 millions à 300 millions de personnes seraient en contact avec la langue française, mais, selon les projections, ce nombre devait atteindre les 500 millions dès l'an 2010.
Dès le début des années soixante, des personnalités issues des anciennes colonies françaises comme Hamani Diori (Niger), Habib Bourguiba (Tunisie), Norodom Sihanouk (Cambodge) et Léopold Sédar Senghor (Sénégal) proposèrent de regrouper les pays nouvellement indépendants, désireux de poursuivre avec la France des relations fondées sur des affinités culturelles et linguistiques. La réponse de la France se fit ambiguë. Néanmoins, en 1960, plusieurs pays francophones créèrent la Conférence des ministres de l'Éducation nationale des pays ayant en commun l'usage du français (CONFEMEN), puis, en 1961, l'Association des universités entièrement ou partiellement de langue française (AUPELF).
En 1969, se tint la première conférence des États francophones (sous le patronage d'André Malraux, ministre français des Affaires culturelles) à Niamey. En 1970, l'Agence de coopération culturelle et technique (ACCT) fut créée à l'initiative de l'Organisation commune africaine et malgache (OCAM), fondée en 1966. La charte créant l'agence fut signée par 21 pays, le 20 mars 1970. La coopération s'est d'abord limitée au domaine technique. Il faut dire que, jusque là, la France avait refusé de créer une organisation internationale de type «Commonwealth français», probablement en raison du traumatisme engendré par la décolonisation. Les Français ne voulaient surtout pas avoir l'air de «coloniaux», même si c'étaient surtout les Africains et les Québécois qui réclamaient une telle organisation.
Léopold Sédar Senghor du Sénégal, une fois de plus, réclama un «sommet francophone». En 1973, le premier sommet franco-africain se tint à Paris, ce qui excluait le Canada et le Québec. Il faut dire qu'une controverse avait éclaté entre Paris et Ottawa qui ne voulait même pas reconnaître le Québec comme «gouvernement participant». Il faudra attendre le départ de la scène politique canadienne du premier ministre Pierre Elliot Trudeau pour faire débloquer le dossier. En 1984, fut créé le Haut Conseil de la francophonie (aboli lors du Sommet de Bucarest de 2006) et la chaîne internationale câblée TV5 fut lancée. Le président français François Mitterrand fut finalement à l'origine du premier sommet des chefs d'État. En 1986, la Conférence des chefs d'État et de gouvernement des pays ayant en commun l'usage du français, plus simplement désignée par l'expression de «Sommet francophone», se réunit pour la première fois à Versailles et à Paris. Le gouvernement canadien avait fini par accepter non seulement que le Québec participe au somment en tant que «gouvernement participant», mais également le Nouveau-Brunswick (la seule province officiellement bilingue du Canada). Ce fut le début des Sommets francophones.
Durant des années, certains observateurs ont reproché à ces Sommets de se limiter à s'entendre sur la date du prochain sommet et sur un communiqué officiel grincheux portant sur l'usage de l'anglais dans le monde. À partir de 1997, on eut l'idée de donner à l'organisme le nom de Organisation internationale de la Francophonie et de nommer à sa tête une personnalité prestigieuse: Boutros Boutros-Ghali, ancien secrétaire général de l'ONU. Il s'agissait sans doute pour la Francophonie, d'une part, de renforcer sa dimension, d'autre part, sa visibilité politique. Dès lors, d'autres observateurs ont reproché à l'organisme de prôner la «diversité linguistique» après avoir vitupéré contre l'anglais. En fait, ce n'est pas aussi simple que cela, comme l'illustrent les descriptions de tous les Sommets francophones.
En février 2007, le secrétaire général de la Francophonie a procédé à la mise en place de la «Cellule de réflexion stratégique de la Francophonie», un organisme qui assure maintenant l'une des fonctions autrefois dévolue à l'ancien Haut Conseil de la Francophonie. Cette «cellule» a pour mission de réfléchir sur les cinq thèmes suivants :
- les migrations internationales;
- l'identité francophone à l'heure de la mondialisation;
- le dialogue des civilisations;
- l'Europe élargie et la Francophonie;
- les industries culturelles et l'éducation.
À l'heure actuelle, la Francophonie est présente sur les cinq continents et représente plus du quart des États membres de l'Organisation des Nations unies, soit 710 millions de personnes.
Les Sommets francophones ont été inaugurés en 1986 et furent suivis de plusieurs autres par la suite. Ces Sommets regroupent quatre types de pays adhérents : les membres dits «de plein droit», les «régions», les «États associés» et les «États observateurs». De plus, l'organisation prévoit le statut d'«invité spécial» pour les collectivités territoriales issues d'États n'y appartenant pas, mais qui participent à ses Sommets et à quelques-uns de ses programmes. C'est le cas de la région italienne du Val-d'Aoste et de la Louisiane aux États-Unis, comme ce pourrait être le cas, par exemple, de la Catalogne.
- Ier Sommet de Paris/Versailles: 17-19 février 1986
C'est en 1986 que le président de la République française, M. François Mitterrand, a invité à Paris, pour la première fois, 41 chefs d'État et de gouvernement des pays ayant en commun l'usage du français. Par la suite, ont eu lieu des conférences bisannuelles, qu'on appelle conférences au sommet puisque les pays participants y sont représentés au plus haut niveau. Quarante et un pays et gouvernements étaient représentés à ce sommet qui s'est déroulé au château de Versailles. Pour leur premier rendez-vous, les participants se sont attachés à définir des objectifs axés sur la solidarité.
- IIe Sommet de Québec: 2-4 septembre 1987
Quarante et un chefs d'État et de gouvernement ayant en commun l'usage du français avaient répondu positivement à l'invitation conjointe du Canada, du Québec et du Nouveau-Brunswick. Ce deuxième sommet a permis aux représentants des peuples qui composent la grande famille francophone de se mieux connaître et de mettre en commun leurs expériences dans nombre de domaines d'activité politiques, économiques et culturels. C'est à cette occasion que fut arrêtée la liste des secteurs prioritaires de la Francophonie.
- IIIe Sommet de Dakar: 24-26 mai 1989
Les 41 chefs d'État et de gouvernement réunis dans la capitale du Sénégal, à l'invitation du président Abdou Diouf, ont consacré l'essentiel de leurs travaux à la question de l'éducation et de la formation dans les pays francophones.
- IVe Sommet de Chaillot: 19-21 novembre 1991
Sommet de «la maturité et de l'élargissement», selon son hôte le président Mitterrand, le Sommet de Chaillot a regroupé près de 50 pays et gouvernements, qui se sont dotés de nouvelles institutions et ont confirmé dans son rôle d'opérateur principal et de secrétariat de toutes les instances de la Francophonie: l'Agence de la coopération culturelle et technique (ACCT).
- Ve Sommet de Grand-Baie à l'île Maurice: 16-18 octobre 1993
Lors de cette cinquième rencontre qui s'est déroulée à l'île Maurice, les participants décident de remplacer l'appellation de Sommet par celle de Conférence des chefs d'État et de gouvernement ayant le français en partage. Cette nouvelle appellation officielle n'a pas empêché toutes les autres «conférences» de s'appeler «sommet». Les participants ont reconnu que l'économie était l'un des éléments indissociables de la culture des peuples et ont défini les paramètres d'une coopération économique entre les pays membres de la Francophonie. À l'île Maurice, deux pays non francophones se sont joints à la Francophonie: la Roumanie (langue officielle: roumain) et la Bulgarie (langue officielle: bulgare).
- VIe Sommet de Cotonou (Bénin): 2-4 décembre 1995
La Sixième Conférence de chefs d'État et de gouvernement des pays ayant le français en partage a notamment été l'occasion pour ses participants de donner un virage plus politique et plus visible à la Francophonie en adoptant une série de résolutions de nature politique et en créant le poste de secrétaire général de la Francophonie. De plus, l'Agence de coopération culturelle et technique est devenue l'Agence de la Francophonie sous la responsabilité de l'administrateur général de l'Agence de la Francophonie. Les membres ont également révisé Charte de l'Agence qui devient la Charte de la Francophonie. Il faut noter également l'admission à titre de nouveaux membres (non francophones) au sein de la Francophonie: Saint-Thomas-et-Prince (langue officielle: portugais) ainsi que la Moldavie (langue officielle: moldave).
- VIIe Sommet de Hanoi (Vietnam): 14-17 novembre 1997
À l'occasion de leur septième rencontre au Vietnam, les représentants des 49 États et gouvernements membres de la Francophonie, qui avaient prévu de se pencher sur le thème de la coopération économique, ont finalement choisi comme sujet d'étude la prévention des conflits dans les pays membres; ils se sont engagés également à coopérer avec la communauté internationale pour garantir le respect des droits de la personne. Lors de ce Sommet, le premier secrétaire général de l'histoire de l'organisation a été élu en la personne de M. Boutros Boutros-Ghali. Il a notamment pour mission de faire en sorte que l'Agence deviennent une force politique plus active, susceptible de jouer un rôle plus significatif sur la scène internationale. À titre d'observateurs, étaient représentés l'Albanie, la Pologne et la Macédoine. Comme invité spécial: le Val-d'Aoste (Italie).
- VIIIe Sommet de Moncton (Canada): 3-5 septembre 1999
C'est le Nouveau-Brunswick, la seule province officiellement bilingue du Canada, qui accueillit le
VIIIe Sommet de la Francophonie. Les 52 États et gouvernements, membres et observateurs de l'espace francophone, ont salué le travail de M. Boutros Boutros-Ghali, secrétaire général de la Francophonie, qui a certainement contribué à asseoir la crédibilité de la Francophonie politique. Les participants ont admis que l'approfondissement de la démocratie nécessitait une action de fond qui se traduira par l'organisation en 2000 d'un symposium de bilan et de propositions concrètes sur les pratiques démocratiques en Francophonie. De plus, le principe de la diversité culturelle est désormais acquis, alors qu'une conférence des ministres de la Culture de la Francophonie est prévue pour l'année suivante. L'admission de l'Albanie et de la Macédoine comme membres associés a été perçue comme un résultat positif dans la constitution d'un bloc francophone dans les pays de l'Europe de l'Est.IXe Sommet de Beyrouth (Liban): 18-20 octobre 2002
Le Sommet de Beyrouth qui devait se tenir en octobre 2001 a été reporté aux 18-20 octobre 2002 en raison de la situation internationale dans la région, suite aux attentats du 11 septembre 2001 aux États-Unis (World Trade Center de New York et Pentagone).
C'est le premier Sommet francophone tenu dans un pays arabe. La Francophonie a pris un certain virage politique à Beyrouth en condamnant tout recours au terrorisme et appelé à la conclusion d'une convention générale pour contrer ce fléau. Le Sommet a rappelé que le dialogue des cultures constitue une condition indispensable à la paix et permet de lutter contre l'exclusion, l'intolérance et le terrorisme. C'est dans cet esprit qu'elle a également abordé les questions liées au Proche-Orient, notamment celles touchant Israël, la Palestine et l'Irak, ainsi que celles concernant l'Afrique, plus particulièrement la Côte d'Ivoire.
Les chefs d'État et de gouvernement ont pris
un engagement sans équivoque en faveur de la mise en application de la
Déclaration de Bamako sur la démocratie, la bonne
gouvernance et les droits de la personne adoptée par la Francophonie en novembre
2000. Les chefs d'État et de gouvernement ont voulu également que la Déclaration
de Beyrouth fasse état de leur résolution de mettre en oeuvre tous les moyens
nécessaires afin d'éviter que le recours aux technologies de l'information et de
la communication ne crée de nouvelles inégalités. Ils ont conséquemment convenus
de la tenue d'une conférence ministérielle de la Francophonie sur les
technologies de l'information et de la communication dans le courant de l'année
2003 et en vue d'assurer une participation active de la Francophonie au Sommet
mondial sur la Société de l'information qui se tiendra à Genève (2003) puis à
Tunis (2005).
Enfin, mentionnons que la République slovaque
a été admise à la Francophonie à titre d'«observateur» lors du Sommet de Beyrouth.
L'Algérie y a participé à titre d'invité
spécial du gouvernement libanais. Enfin, le Sommet a décidé de resserrer les
critères d'adhésion à la Francophonie, favorisant l'approfondissement plutôt que
l'élargissement de l'Organisation tout en permettant l'octroi d'un statut
d'«observateur» permanent aux pays francophiles intéressés.
Xe Sommet de Ouagadougou (Burkina): 26-27 novembre 2004
À l'occasion du Sommet de Ouagadougou, la Déclaration de Ouagadougou et un Cadre stratégique décennal (2005-2014) ont été adoptés. Ce sommet avait pour thème «La Francophonie, un espace solidaire pour un développement durable». Huit résolutions ont également été votées sur la Côte d'Ivoire, le Proche-Orient, le Fonds mondial de solidarité, le Sommet mondial sur la société de l'information, le fonds de solidarité numérique, le coton, l'aide aux pays les moins avancés dans le domaine de la diversité culturelle et la liberté de la presse. Le Sommet a admis en qualité de «membres associés», la principauté d'Andorre et la Grèce et, au titre de «observateurs», les cinq pays suivants: l'Arménie, l'Autriche, la Croatie, la Géorgie et la Hongrie. L'OIF rassemble désormais 49 États et gouvernements membres, quatre associés et dix observateurs.
XIe Sommet de Bucarest (Roumanie): septembre 2006
Ce Sommet se tenait sous le thème L'éducation et les nouvelles technologies de l'information. Les technologies de l'information sont devenues des outils indispensables dans le monde d'aujourd'hui. Mais l'accès à ces outils et leur usage sont inégalement répandus dans le monde, ce qui crée de grandes disparités. Il apparaît donc nécessaire
d'œuvrer à combler ce fossé dans un esprit de solidarité. Le XIe Sommet se proposait de capitaliser et de mettre en œuvre les résultats d'un large processus de réflexion issu de l'ensemble des États et gouvernements membres de la Francophonie. Plusieurs autres sujets étaient également à l'ordre du jour, à savoir la situation des conflits dans le monde francophone, l'élection du secrétaire général de l'OIF. La fin des travaux a été couronnée par quatre grands actes : la reconduction d'Abdou Diouf à la tête du secrétariat général de l'OIF, l'organisation du prochain Sommet de la Francophonie en 2008 au Québec (Canada) et la ratification de la Convention sur la diversité culturelle à l'Unesco. À l'occasion de ce XIe Sommet, les chefs d'État et de gouvernement ont publié la Déclaration de Bucarest.XIIe Sommet de Québec: octobre 2008
Le XIIe Sommet s'est déroulé à Québec (Canada), du 17 au 19 octobre, et coïncidait avec le 400e anniversaire de la fondation de la ville de Québec par Samuel de Champlain (1608). Les quatre enjeux inscrits à l'ordre du jour ont abordés dans le cadre de séances thématiques et de tables rondes : démocratie et État de droit; gouvernance et solidarité économique; environnement; langue française. À cette occasion, les chefs d'État et de gouvernement se sont entendus sur la Déclaration de Québec.
XIIIe Sommet de Montreux (canton de Vaud, Suisse) : octobre 2010
Le Sommet de 2010 devait se dérouler à Madagascar, mais les représentants de l'OIF ont décidé de tenir ce sommet à Montreux en Suisse (canton de Vaud), car la situation politique à Madagascar — coup d'état ayant destitué le président Marc Ravalomanana — semblait trop incertaine, pour y tenir une assemblée réunissant des dizaines de chefs d'État. Le
XIIIe Sommet de Montreux s'est tenu du 22 au 24 octobre. À cette occasion, cinq nouveaux États ont demandé le statut d'observateurs : les Émirats arabes unis, le Monténégro, la Bosnie-Herzégovine, l'Estonie et la République dominicaine. L'OIF compte désormais 75 États et gouvernements, dont 56 membres et 19 observateurs. Les chefs d'État et de gouvernement se sont entendus sur la Déclaration de Montreux.XIVe Sommet de Kinshasa : octobre 2012
Le Sommet de 2012 s'est tenu du 12 au 14 octobre à Kinshasa, en République démocratique du Congo (RDC). Les chefs d'État et de gouvernement de l'OIF se réunissaient autour du thème : «Francophonie, enjeux environnementaux et économiques face à la gouvernance mondiale». Le Sommet a également adopté une Politique intégrée de promotion de la langue française, ainsi qu'une nouvelle Stratégie numérique de la Francophonie. En marge du Sommet, l'OIF a signé un pacte linguistique avec l'Arménie, ainsi qu'une Convention avec le Vietnam, accords destinés à renforcer l'usage de la langue française dans ces deux pays. De plus, on peut lire deux documents issus du Sommet de Kinshasa:
- Déclaration de Kinshasa;
- Politique intégrée de promotion de la langue française.
XVe Sommet de Dakar : novembre 2014
Les 29 et 30 novembre 2014, le thème principal du Sommet était les «Femmes et jeunes dans la Francophonie». Les femmes sont souvent en première ligne; ce sont elles qui sont les victimes de violences; ce sont elles que l’on retire de l’école trop tôt, que l’on marie trop vite. Quant aux jeunes, véritable bombe à retardement, ce sont eux qui sont condamnés au chômage même quand ils sont diplômés, eux qui n’entrevoient parfois plus d’espoir.
Le Mexique, le Costa-Rica et le Kosovo ont déposé une demande pour devenir membre de la Francophonie à titre d’observateur; ils ont été admis. La Catalogne a demandé à être présente à Dakar à titre d’invité spécial, mais Madrid s’y est opposé. L’OIF compte désormais 80 États et gouvernements membres ou observateurs. En marge su Sommet, le 28 novembre, un Pacte linguistique entre l’OIF et le Burundi a été signé par Abdou Diouf et le président burundais Pierre Nkurunziza.
L'élection d’un nouveau secrétaire général semblait constituer un enjeu important de ce sommet. Plusieurs candidats étaient en lice pour succéder à Abdou Diouf, ancien président du Sénégal et secrétaire général depuis le IXe sommet de la Francophonie d’octobre 2002. C'est au terme de difficiles tractations que Mme Michaëlle Jean, canadienne d'origine haïtienne et ancienne gouverneure générale du Canada (de 2005 à 2010), a été élue secrétaire générale de l'OIF. C'est la première femme à accéder à ce poste au sein de l'OIF. Les quatre autres candidats étaient l'ex-président burundais, Pierre Buyoya; l'écrivain et diplomate congolais, Henri Lopes; l'ex-premier ministre mauricien, Jean-Claude de l'Estrac; l'ancien ministre équato-guinéen, Agustin Nze Nfumu. L’absence de consensus entre les pays africains sur une candidature unique aurait permis l’élection de la candidate du Canada.
XVIe Sommet d'Antananarivo (Madagascar) : novembre 2016
Les 26 et 27 novembre 2016, le Sommet d'Antananarivo s'est tenu autour du thème suivant: «Croissance partagée et développement responsable : les conditions de la stabilité du monde et de l’espace francophone». La lutte contre le terrorisme a été au cœur des échanges, y compris plus spécifiquement les opérations de maintien de la paix. Ce XVIe Sommet de la Francophonie n'a réuni que 20 chefs d'État et de gouvernement y ont assisté, mais ceux qui y étaient présents affirment que l'événement était réussi.
Comme à chaque Sommet, la question de l’adhésion de certains États faisait partie des dossiers sur lesquels les chefs d’État avaient à statuer. Le Sommet a été marqué par l'adhésion de la province canadienne de l'Ontario à l'OIF à titre de «membre observateur», de même que pour la Corée du Sud, l’Argentine et la Nouvelle-Calédonie, cette candidature, à titre d'État associé, étant soutenue par la France. En revanche, la candidature de l’Arabie Saoudite a été repoussée au prochain Sommet, car elle semblait «incomplète», le temps probablement d'envoyer une mission d'observation pour déterminer si le royaume saoudien, réputé pour son piètre bilan en matière de droits de la personne, partage les «valeurs» de l'OIF.
XVIIe Sommet d'Erevan (Arménie) : octobre 2018
La thématique du XVIIe Sommet de la Francophonie était la suivante: «Vivre ensemble dans la solidarité, le partage des valeurs humanistes et le respect de la diversité : source de paix et de prospérité pour l’espace francophone.» Ainsi, à l’occasion du Sommet d’Erevan, les États et gouvernements membres ont adopté l’Appel francophone pour le vivre ensemble dans l’espace francophone, qui deviendra un document de référence de la Francophonie.
À l’issue du Sommet d’Erevan, la Francophonie comptera 88 États et gouvernements : 54 membres, 7 membres associés et 27 observateurs. Les Émirats arabes unis, le Kosovo et la Serbie sont devenus Membres associés. La Gambie, l’Irlande, l’État de la Louisiane (États-Unis) et Malte sont entrés à l’OIF en tant qu’observateurs. Le prochain Sommet aura lieu à Tunis (Tunisie) en 2020. Dans son allocution, à la séance de clôture, le président tunisien, Caïd Essebsi, a insisté sur la détermination de son pays à faire réussir cet important rendez-vous biennal de la Francophonie.
XVIIIe Sommet de Tunis : décembre 2020
Reporté à cause de la crise de la Covid-19
XIXe Sommet de Djerba : novembre 2022
Ce Sommet qui s'et déroulé les 19 et 20 novembre avait pour objectif de définir de nouvelles orientations afin d’assurer un plus large rayonnement de la langue française dans le monde. Les chefs d’État et de gouvernement francophones ont débattu des priorités de la Francophonie, notamment la question du numérique comme vecteur de développement et de solidarité, le rôle des femmes et des jeunes en tant que vecteurs de paix et acteurs de développement, ainsi que le contexte de défiance croissante des citoyens envers les gouvernements.
XXe Sommet de Villers-Cotterêts : octobre 2024
Le premier jour du Sommet de la francophonie, le 4 octobre 2024, est prévu à la Cité internationale de la langue française.
Les membres de la Francophonie sont ceux qui font partie des Sommets francophones. Le statut de membre de ce «club francophone» tient généralement du fait que le français est une langue officielle ou co-officielle dans un pays ou une région.
En réalité, les membres de la Francophonie ne sont pas tous officiellement francophones. Depuis le Sommet tenu à l'île Maurice en 1993, des pays non francophones se sont joints à la Francophonie: la Guinée équatoriale (1989), la Roumanie (langue officielle: roumain), la Bulgarie (langue officielle: bulgare), puis, en 1995, Saint-Thomas-et-Prince (langue officielle: portugais), la Guinée-Bissau (langue officielle: portugais), ainsi que la Moldavie (langue officielle: moldave), etc. Aujourd'hui, la Pologne, l'Albanie et la Macédoine sont devenus membres de la Francophonie, mais l'Algérie ne participe toujours pas à cet ensemble.
Il y a trois types: les «membres de plein droit», les «membres associés» et les «observateurs». Les membres associés assistent à certaines instances sans intervenir dans les débats, mais ils peuvent présenter des communications ; ce statut est réservé à des États et des gouvernements pour lesquels le français est d'usage dans l'enseignement ou qui partagent les valeurs de la Francophonie. Les observateurs ont les mêmes obligations et privilèges que les membres associés, mais les délégations siègent dans une section distincte de la salle; ce statut peut durer quelques années. L'Organisation internationale de la Francophonie réunit plus de 500 millions d’habitants, soit près de 10 % de la population mondiale et un quart des États membres des Nations unies. Présente sur les cinq continents, la langue française est la langue maternelle ou seconde de 175 millions de personnes à travers le monde. À cela s’ajoutent quelque 82,5 millions d’apprenants de français.
Lors du
XVe sommet francophone de Dakar (Sénégal) des 29 et 30 novembre 2014, les États suivants étaient alors représentés:
États membres (54)
Albanie, Andorre, Arménie, Belgique, Belgique/Wallonie-Bruxelles, Bénin, Bulgarie, Burkina Faso, Burundi, Cambodge, Cameroun, Canada, Canada/Nouveau-Brunswick, Canada/Québec, Cap-Vert, Centrafrique, Comores, Congo-Brazzaville, Congo-Kinshasa, Côte-d'Ivoire, Djibouti, Dominique, Égypte, France, Gabon, Grèce, Guinée, Guinée équatoriale, Guinée-Bissau, Haïti, Laos, Liban, Luxembourg, Macédoine, Madagascar, Mali, Maroc, Maurice, Mauritanie, Moldavie, Monaco, Niger, Roumanie, Rwanda, Sainte-Lucie, São Tomé et Príncipe (Saint-Thomas-et-Prince), Sénégal, Seychelles, Suisse, Tchad, Togo, Tunisie, Vanuatu et Vietnam. |
États associés (3) Arménie, Chypre et Ghana |
États observateurs (23) Autriche, Bosnie-Herzégovine, Costa Rica, Croatie, Émirats arabes unis, Estonie, Géorgie, Hongrie, Kosovo, Lettonie, Lituanie, Mexique, Monténégro, Mozambique, Pologne, République dominicaine, République tchèque, Serbie, Slovaquie, Slovénie, Thaïlande, Ukraine et Uruguay. |
Au Sommet de Bucarest (2006), quatre pays avaient été admis comme membres «de plein droit»: la Grèce, l'Albanie, la Macédoine et la principauté d'Andorre. On avait alors admis deux nouveaux membres associés: Chypre et le Ghana. Au Sommet de Québec (2008), l'Arménie (État observateur) a été admise au statut de «membre associé»; la Lettonie et la Thaïlande ont été admises au statut d'«État observateur».
L'admission de nouveaux pays à la Francophonie dépend finalement du vote unanime de la Conférence des chefs d'État et de gouvernement ayant le français en partage.Le statut d'invité spécial s'adresse aux collectivités territoriales des États non membres de la Francophonie qui en font la demande dans la mesure où elles manifestent leur volonté d'engagement dans la Francophonie en attestant leur volonté d'utiliser la langue française dans leur pays ou territoire.
Quant au statut d'observateur (p. ex., la Louisiane), il s'acquiert lorsque l'État ou le gouvernement qui le sollicite fait preuve d'un réel intérêt pour la Francophonie et ses valeurs, et manifeste la volonté de favoriser le développement de l'usage du français dans son pays.
De plus, selon l'article 10 de la Charte de la Francophonie, tout gouvernement peut, sur demande, être admis par la Conférence générale en qualité de membre associé, dans la mesure où il a obtenu une recommandation unanime de la Conférence ministérielle de la Francophonie (CMF).
Tout État qui souhaiterait s'associer à certaines activités de l'Agence peut conclure avec celle-ci un accord fixant les modalités de sa participation auxdites activités.
De façon générale, les États et gouvernements membres de la Francophonie doivent satisfaire à des conditions minimales, comme l'officialisation de la langue française dans leur pays OU le statut du français comme langue dans l'enseignement (en tant que langue première ou en tant que langue seconde) OU l'utilisation du français dans les communications internationales, lorsque la langue nationale de l'État membre n'est pas reconnue comme langue de travail.
En réalité, le fait que le français ne soit pas la langue officielle du pays requérant ne constitue pas un obstacle à son adhésion. Toutefois, la place qu'occupe la langue française dans le pays candidat est un critère déterminant d'admissibilité. En 2012, la Guinée-Bissau, Madagascar et le Mali étaient suspendus des instances de la Francophonie.
On peut consulter la
liste des États membres de la Francophonie, ainsi que leur statut respectif, en cliquant ICI, s.v.p.7.1 Les États non francophones
Depuis plusieurs années, la Francophonie a accepté en son sein des pays non francophones, car plusieurs États ont déposé de nouvelles demandes d'adhésion, ce qui correspondait à la volonté des dirigeants de la Francophonie d'élargir la communauté francophone. Progressivement, les chefs d'État et de gouvernement de la Francophonie ont en effet accepté dans leurs rangs des pays, alors que leur langue officielle n'est même pas le français.
Voici le tableau des États membres dont le français n'est pas une langue
officielle:
État ou gouvernement | Date d'adhésion | Statut de membre (21 sur 54) | Langue officielle |
---|---|---|---|
Albanie | 1999 | Membre | albanais |
Andorre | 2004 | Membre | catalan |
Arménie | 2008 | Membre | arménien |
Bulgarie | 1991 | Membre | bulgare |
Cambodge | 1991 | Membre | khmer |
Cap-Vert | 1996 | Membre | portugais |
Dominique | 1979 | Membre | anglais |
Égypte | 1983 | Membre | arabe |
Grèce | 2004 | Membre | grec |
Guinée-Bissau | 1979 | Membre | portugais |
Laos | 1972 | Membre | laotien |
Liban | 1973 | Membre | arabe |
Macédoine | 2001 | Membre | macédonien |
Maroc | 1981 | Membre | arabe |
Maurice | 1970 | Membre | anglais |
Moldavie | 1996 | Membre | moldave (ou roumain) |
Roumanie | 1991 | Membre | roumain |
Sainte-Lucie | 1981 | Membre | anglais |
Sao Tomé-et-Principe | 1999 | Membre | portugais |
Tunisie | 1970 | Membre | arabe |
Vietnam | 1970 | Membre | vietnamien |
On peut aussi consulter la liste des 7 États «membres associés» et des 27 «États observateurs» en cliquant ICI, s.v.p.
On pourrait s'interroger sur la pertinence de ces nouvelles adhésions dont l'État n'utilise pas le français comme langue officielle ou co-officielle. Si le Cambodge (3000 francophones), le Vietnam (5100), la Bulgarie (200) ou l'Albanie (100) sont considérés comme des «pays francophones», il faudrait peut-être admettre la Grande-Bretagne (15 000) et surtout les États-Unis (3,4 millions), qui comptent un bien plus grand nombre de francophones et de francophiles. Si l'Égypte (63 000 francophones dans le pays) en est un membre à part entière, pourquoi Israël (40 000 francophones) n'en fait pas partie, alors que ce pays compte près du quart de sa population comme francophone et que 55 0000 élèves étudient le français comme langue étrangère, sans oublier que 1,6 million d'Israéliens connaissent le français comme langue seconde? On pourrait parler aussi de l'Algérie qui compte un grand nombre de francophones (langue première et langue seconde: 21 millions), mais qui a toujours boudé les Sommets francophones. Mais l'entrée d'Israël dans la Francophonie n'est pas pour demain, car celle-ci est devenue une tribune pour certains États arabes qui s'opposeraient à l'admission d'Israël, préférant plutôt le Ghana (anglais), le Soudan (arabe) ou la Thaïlande (thaï), des États qui n'ont aucun lien historique avec la francophonie, sans compter la Serbie, la Slovénie ou la Slovaquie, voire le Qatar et l'Uruguay. Les Sommets de la Francophonie sont donc devenus un club politique qui n'a plus grand-chose à voir avec la seule langue française, sauf de façon secondaire.
- Les anciennes colonies ou anciens protectorats français
Plusieurs anciennes colonies ou anciens protectorats français ont maintenu de forts liens culturels, parfois des liens économiques, voire politiques, avec la France. C'est le cas de pays comme le Liban, l'île
Maurice, le Maroc, la Tunisie, le Cambodge, le Laos et le Vietnam. Autrement dit, ce sont des raisons historiques qui expliquent l'intégration de ces pays dans la Francophonie. Quant à l'Égypte et à la Pologne, ce sont notamment les aléas de l'histoire napoléonienne qui ont permis des liens particuliers avec la France. Dans tous ces États, le gouvernement s'est engagé à maintenir et à promouvoir l'enseignement du français dans ses écoles publiques et à utiliser le français dans les communications internationales, lorsque la langue nationale n'est pas reconnue comme langue de travail.- La proximité géographique des pays francophones
De plus, en raison de la proximité géographique de plusieurs pays francophones, la Dominique (anglais) et Sainte-Lucie (anglais) aux Antilles, ou des pays d'Afrique comme la Guinée-Bissau (portugais), la Guinée équatoriale (espagnol), le Cap-Vert (portugais) et Saint-Thomas-et-Prince (portugais) entretiennent des liens culturels et économiques très importants avec leurs voisins francophones. Ces pays sont tous enclavés par des États dont la langue officielle est le français. C'est pour cette raison que, dans les écoles secondaires, ces gouvernements ont développé l'enseignement du français comme langue seconde.
- Les pays du bloc de l'Est
L'adhésion de l'Albanie, de la Bulgarie, de la Macédoine, de la Moldavie et de la Roumanie semble faire plus problème... dans la mesure où l'on ne perçoit que les enjeux... linguistiques.
Ces États sont situés dans l'ancienne Europe de l'Est et étaient sous la «protection» de l'ex-URSS. Pour eux, faire partie du «club international» de la Francophonie, c'est une façon de s'affranchir de leurs anciens alliés et une occasion d'en trouver d'autres, plus accommodants.
Ces pays espèrent ainsi que leur entrée dans la Francophonie les aidera à préparer leur intégration à l'Europe. En attendant, ils misent sur les échanges économiques et culturels avec la France et les autres pays francophones influents. Pour la Francophonie, c'est une façon d'élargir l'influence francophone en tissant des liens politiques qui ne tarderont pas à se matérialiser, au plan de l'enseignement du français, dans les universités et lycées (ou collèges) de ces pays. En d'autres termes, on pourrait dire que participer à la Francophonie pourrait être une façon de se placer les pieds sur la scène internationale; d'autres diraient une façon de se faire voir. Pendant que des pays s'associent à la Francophonie, ils rendent l'influence américaine moins forte dans le monde. On aura intérêt à cliquer ici pour lire la documentation relative à la participation des pays de l'Est à la Francophonie. La république d'Arménie a fait une demande pour devenir membre de la Francophonie.
L'admission du Qatar comme État associé dans la Francophonie est plus nébuleux. Les représentants du Qatar ont fait valoir que l'enseignement du français a été rétabli dans les établissements publics qataris depuis la rentrée 2012, sans oublier le lancement en 2010 d'une radio francophone depuis Doha. Le Qatar, monarchie pétrolière et gazière du Golfe, a aussi investi massivement en France dans le secteur sportif, l'achat de droits de diffusion de télé, le marché de l'art et la mode. Le chef de la diplomatie française, Laurent Fabius, avait récemment souhaité la bienvenue aux investisseurs qataris. Pour ce qui est de l'Ukraine, même son statut d'«observateur» depuis 2006 fait controverse. On allègue que le français est désormais la troisième langue étrangère en Ukraine après le russe et l'anglais, et que dans plus de 2000 écoles plus de 300 000 élèves apprennent le français.
7.2 Les justifications
Beaucoup de francophones trouvent très curieux, sinon incompréhensible, qu'on ait accepté des pays tels que la Bulgarie ou la Macédoine dans la Francophonie. Ils craignent que la Francophonie perde de la crédibilité en diluant ainsi ce forum international. Vu sous cet angle, ce sont uniquement des considérations linguistiques qui entrent en jeu. Or, il existe d'autres raisons, celles-là d'ordre historique, éducatif, scientifique, économique, politique et idéologique, qui comptent parfois davantage que les simples questions linguistiques.
Il est vrai que pour la France, qui en est le principal bailleur de fonds avec le Canada, l'Organisation internationale la Francophonie est probablement une façon de se laisser croire qu'elle est encore à la tête d'un empire tout en faisant de bonnes affaires avec des pays pauvres.
Ainsi, pour la France, la Francophonie ne constitue pas avant tout un enjeu linguistique comme elle l'est chez certains de ses partenaires, surtout chez les Canadiens. La France considère que plus il y aura de gens dans le monde à partager sa langue, ses idées, un peu de sa culture et des autres cultures francophones, plus elle en retirera des avantages culturels, mais surtout des avantages économiques et politiques.
Pour la France, le véritable enjeu consiste à promouvoir au plan international le multilinguisme, afin d'éviter l'uniformisation et l'hégémonie de l'anglais dans le monde.Pour ce faire, il faut des alliances avec ceux qui parlent espagnol, italien, allemand, polonais, albanais, etc., et instituer des coopérations internationales afin que le français soit enseigné à l'étranger parmi les langues étrangères. Lorsque l'apprentissage d'une seule langue internationale est imposé dans un pays, c'est toujours l'anglais qui gagne à ce jeu, tandis que le nombre d'enfants apprenant le français régresse nécessairement. Un pays qui choisit le français comme première ou deuxième langue étrangère indique sa volonté d'en faire l'une des bases de sa culture. D'ailleurs, lorsqu'un État impose plus d'une langue étrangère, l'apprentissage du français augmente toujours. Bref, les représentants de la Francophonie considèrent que l'action en faveur de la francophonie ne consiste pas seulement à défendre le français, mais aussi à défendre et promouvoir le multilinguisme.
De plus, d'autres observateurs, comme Michel Leclerc (ex-conseiller aux Affaires francophones et multilatérales de la Délégation générale du Québec à Paris de 2008 à 2013), affirment que se restreindre à une Francophonie recroquevillée dans la seule défense de la langue conduirait à miner sa capacité d’influence en la privant des forces vives qui, au Nord comme au Sud, œuvrent au renforcement de la démocratie et de l’État de droit. En somme, émietter la Francophonie, même au nom de la langue française, aurait pour résultat de semer les germes de son impuissance, donc de son isolement.
Afin de donner une bonne idée des accords de coopération entre ces pays et la Francophonie, on aura grand intérêt à lire le Décret no 99-62 du 25 janvier 1999 portant publication de l'accord de coopération culturelle, éducative, scientifique et technique entre le gouvernement de la République française et le gouvernement macédonien. Ce document illustre les possibilités remarquables que favorise l'intégration de certains pays non francophones au sein de la Francophonie.
Évidemment, l'adhésion des pays non francophones tient à des raisons éminemment politiques. Contrairement aux pays membres du Commonwealth, qui ont une langue et des institutions communes, l'Organisation internationale de la Francophonie (OIF) reste un organisme avant tout politique, linguistique bien après. L'exemple de l'Autriche est pertinent en ce sens. Il est vrai que le
français a été pendant longtemps la langue de la cour autrichienne, et ce, jusqu’en 1918. C'est aussi devenu la deuxième langue pour 125 000 élèves et 3000 étudiants. La maîtrise de la langue française demeure un critère d'admission à la diplomatie autrichienne, le français étant l’une des trois langues offertes à l'École fédérale de diplomatie. Mais encore...Il n'en demeure pas moins qu'il est possible que les Sommets de la Francophonie rendent un jour un mauvais service à la langue française. Cette assemblée bourrée de dictateurs et d'autocrates et qui, en plus, regroupe une majorité de pays dont la population n'a pas le français comme langue maternelle, risque un jour de desservir l'image de la Francophonie. Il faut même prévoir le jour où les États non francophones vont demander d'utiliser comme langue de travail soit l'anglais soit leur langue nationale en lieu et place du français. Les tractations en ce sens ont déjà commencé lors du Sommet de Bucarest (2006). Il y a fort à parier que les «langues partenaires» vont vouloir leur place et, le jour où par exemple l'anglais s'introduira dans l'OIF, le français reculera ensuite. C'est toujours ainsi que cela se passe dans toutes les organisations internationales.
Outre les «Sommets francophones», les États francophones ont créé de nombreuses organisations dont les suivantes:
UREF) ;- l'AUPELF (dont le siège est à Montréal): agence francophone pour l'enseignement supérieur et la recherche qui œuvre au développement de la «francophonie scientifique» (c'est-à-dire de l'usage du français dans le domaine scientifique) au moyen d'une «université sans murs», l'Université des réseaux d'expression française (
CONFEMER);- le Consortium des télévisions francophones, TV5, avec ses composantes européenne, nord-américaine et africaine;
- la Conférence des ministres de l'Éducation des pays ayant en commun l'usage du français (CONFEMEN);
- la Conférence des ministres de la Jeunesse et des Sports des pays d'expression française (CONFEJES);
- la Conférence des ministres de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique (
- l'Assemblée internationale des parlementaires de langue française (
AIPLF);- l'Union internationale des journalistes et de la presse de langue française (
UIJPLF), première organisation se réclamant de la francophonie (en 1996, elle regroupe 2000 journalistes de 80 pays);- le Haut Comité (français) pour la défense et l'expansion de la langue française;
- la Fédération internationale des professeurs de français (FIPF);
- l'Association internationale des maires et responsables des capitales et métropoles partiellement ou entièrement francophones (AIMF);
- ACCT : Agence de la Francophonie, unique organisation intergouvernementale de la Francophonie et point de rencontre entre l'Afrique, l'Amérique, l'Asie, l'Europe, le Maghreb, le Makhrek et l'Océanie, l'ACCT, devenue en 1996, Agence de la Francophonie, est née d'un idéal: celui de créer, à partir de ses composantes multiculturelles et complémentaires, une communauté qui fasse entendre sa voix dans le dialogue mondial.
La Francophonie d'aujourd'hui apparaît comme une organisation internationale multilingue et disparate. La Francophonie est une communauté multilingue parce que tous les États francophones sont, à l'exception de la France, en situation de bilinguisme ou de multilinguisme. Partout, la langue française est en situation de concurrence avec d'autres langues, que ce soit des langues africaines ou nationales, l'arabe, l'anglais, etc.
La Francophonie est disparate (comme le Commonwealth) parce qu'elle ne réunit plus seulement des pays, mais aussi des États non souverains ainsi que des États non francophones, qui veulent coopérer aux plans éducatif, culturel, technique et scientifique. L'accent est mis sur le français comme langue véhiculaire, même dans les pays où le français ne joue qu'un rôle secondaire Liban, Laos, Bulgarie, Moldavie, Cap-Vert, Roumanie, Égypte, Saint-Thomas-et-Prince, Djibouti, Vietnam, Guinée équatoriale. Cependant, il ne faut pas oublier le facteur «prestige» qui encourage certains États ou pays à participer aux sommets francophones. Dans certains cas, comme on l'a vu, des considérations économiques sont liées à ces rencontres internationales où les États riches France/Canada se livrent à une surenchère au bénéfice ou aux dépens des États pauvres.
Néanmoins, les connotations négatives inévitables sont facilement dissipées par des pratiques pluralistes de dialogue des cultures, ce qui ne peut qu'apporter un enrichissement à tous. C'est là l'un des défis auquel est confrontée la coopération francophone et de son issue dépend l'état de la Francophonie elle-même.
On peut consulter le texte de la Charte de la Francophonie.