L'article 7 de la Loi sur l'éducation (2005) est plus précis, puisqu'elle prescrit le vietnamien comme langue officielle dans les écoles, tout en créant les conditions pour que les minorités puissent apprendre leur langue et leur écriture:
Article 7
Langue employée dans les écoles et autres établissements d’enseignement; enseignement et apprentissage des langues parlées et écrites des minorités ethniques; enseignement des langues étrangères
1) Le vietnamien est la langue officielle employée dans les écoles et autres établissements d’enseignement. En fonction des objectifs de l’éducation et des exigences spécifiques en matière de contenu pédagogique, le premier ministre doit établir les conditions d’enseignement et d’apprentissage par l’intermédiaire des langues étrangères dans les écoles et autres établissements d’enseignement.
2) L'État doit créer les conditions permettant aux membres des minorités ethniques d'apprendre leurs langues parlées et écrites afin de préserver et de développer leurs identités culturelles respectives, en aidant les élèves des minorités ethniques à absorber facilement les connaissances lorsqu'ils étudient dans des écoles ou d'autres établissements d'enseignement. L’enseignement et l’apprentissage des langues des minorités ethniques doivent se faire conformément à la réglementation du gouvernement.
3) Les langues étrangères définies dans les programmes d'enseignement sont les langues couramment utilisées dans la communication internationale. L'enseignement des langues étrangères dans les écoles et autres établissements d'enseignement doit permettre aux apprenants de les étudier de manière continue et efficace. |
- Le primaire
Tous les cours dans les écoles primaires publiques sont donnés en vietnamien. Les mathématiques, la langue vietnamienne et l'enseignement de la vie, de la nature, de la société et de la technologie demeurent au cœur de l'enseignement primaire, mais des cours portant sur les arts, les sports et l'informatique peuvent être obligatoires, selon les villes et les régions. Aux matières de bases s’ajoutent des cours de morale et une place de choix pour le héros national Hô Chi Minh. Les cours de littérature accordent une place aux écrivains étrangers; la poésie et les contes sont toujours très présents. Au primaire l'informatique est une discipline facultative ; elle est enseignée de la troisième classe à la cinquième classe en raison de deux cours par semaine (45 min/cours). Dans l'enseignement primaire, l'informatique est considérée comme un jeu et un outil pour l'enseignement.
Les cours de langue étrangère sont obligatoires habituellement à partir de la sixième année du primaire, mais de nombreux enfants des grandes villes sont envoyés dans des centres de langues étrangères dès l'âge de trois ans.
- Le secondaire
L'horaire hebdomadaire de l'enseignement secondaire du premier cycle comprend les matières et activités suivantes: la langue vietnamienne, les mathématiques, la biologie, la physique, la chimie, l'histoire, la géographie, l'instruction civique, une langue étrangère (le plus souvent, l'anglais ou le français), l'éducation physique, les technologies, les arts et la musique.
Au second cycle, les élèves suivent les cours dans les disciplines suivantes: la littérature vietnamienne (parfois associée à de la littérature étrangère, notamment chinoise, française, américaine et russe), les mathématiques, l'algèbre et la géométrie, la physique, la chimie, la biologie, l'histoire, la géographie, l'éducation civique constituée d’économie et de philosophie marxisme-léninisme, de politique, de droit et d’éthique. L'anglais est la langue étrangère prédominante. Le français, le chinois, le russe, le japonais et l'allemand sont enseignés dans certaines écoles spécialisées. Dans certaines écoles, l'enseignement de la langue étrangère commence en classe de 1re et dure douze ans, soit jusqu'à la classe terminale. Dans d’autres cas, cet enseignement débute en 6e et dure sept ans. Les faits démontrent éloquemment que l’enseignement de l’anglais précède de loin les autres langues. Suivent le français et ensuite le russe. À l'école secondaire supérieure, les élèves peuvent choisir entre trois programmes nationaux : la formation de base, le programme avancé en sciences (que l'on appelle sciences naturelles) ou le programme avancé en sciences sociales et humaines.
L'un des graves problèmes dans l'enseignement secondaire est le décrochage des élèves. Bien que tous les jeunes soient scolarisés, beaucoup quittent le système scolaire prématurément; cette situation semble plus préoccupante dans les régions rurales et particulièrement chez les minorités ethniques.
- L'enseignement professionnel
Le ministère du Travail, des Invalides de guerre et des Affaires sociales gère l’enseignement professionnel avec d’autres organismes. Selon le Département général de formation professionnelle, le Vietnam compterait aujourd'hui environ 1470 établissements de formation professionnelle, auxquels s’ajoutent plus d'un millier de partenaires. Ces derniers dépendent des établissements scolaires ou des entreprises. Pour la période de 2011-2015, quelque 1,1 million d’élèves ont fréquenté ces écoles, soit à peine 53% de leur capacité d’accueil réelle. Bref, le Vietnam connaît une baisse de la fréquentation des écoles professionnelles, ce qui entraîne par la même occasion la fermeture de plusieurs d’entre elles. Évidemment, les enseignants doivent chercher un autre emploi. En plus de souffrir de la concurrence universitaire, les écoles professionnelles doivent faire face aux aléas du marché du travail, et constamment s’adapter.
Au moyen d'établissements d’enseignement privés et publics, le gouvernement encourage la formation professionnelle avec la coopération d'établissements de formation étrangers, parfois accrédités et entièrement investis à l’étranger. En 2010, environ 30 % de la population active apte au travail avait suivi une formation professionnelle. Des cours de formation à tous les niveaux (ouvriers, techniciens de niveau intermédiaire et ingénieurs) sont offerts : mécanique, soudure, électronique et informatique, textile et habillement, transformation du bois, plastique, agriculture, comptabilité, finance, matériel de construction, technologie de génie thermique, électricité industrielle, réparation et entretien des véhicules automobiles, mécanique et fabrication, arpentage, restauration, transport, hôtellerie, télécommunications, technologie de la mécatronique, etc. La plupart de ces cours sont donnés en vietnamien, bien que les manuels de classes soient parfois en anglais.
Selon la Loi sur la formation professionnelle (2014), les établissements de formation professionnelle, publics ou privés, doivent introduire les disciplines concernant les langues étrangères:
Article 56
Emploi, évaluation et cours de perfectionnement pour la compétence professionnelle destinés aux éducateurs
3) Les cours de recyclage en vue de l'amélioration des compétences professionnelles en pédagogie, des compétences professionnelles, des technologies de l'information ou des langues étrangères; les stages dans l'entreprise doivent être conformes aux règlements du chef de l'autorité de l'enseignement professionnel du gouvernement central. |
Il faut aussi considérer que les langues étrangères peuvent constituer une spécialité dans la formation professionnelle. C'est le cas notamment pour les guides touristiques pour lesquels la connaissance des langues comme l'anglais, le français, l'allemand, le chinois, le japonais et le coréen peut s'avérer essentielle. Certains guides sont polyglottes et peuvent travailler dans au moins trois langues, voire davantage. À la suite d'une enquête qui a eu lieu en 1999, les Vietnamiens ont préféré employer l'anglais britannique dans une proportion de 44,2 %, contre 32,6 % pour l'anglais américain, 15,8 % pour l'anglais vietnamien (comprendre l'anglais avec un accent vietnamien) et 4,4 % pour l'anglais australien.
- L'enseignement supérieur
Le décret n° 43/2000/ND-CP de 2000 identifie trois types d’établissements d’enseignement supérieur au Vietnam :
- les universités et les établissements multidisciplinaires proposant une variété de programmes et de filières, disposant d’unités de recherche et offrant des diplômes de premier, deuxième et troisième cycle ;
- les collèges, dont l’offre de filières est beaucoup plus limitée et le niveau de diplôme rarement supérieur au premier cycle ;
- les instituts de recherche, qui proposent également un nombre restreint de filières.
En 2011, le Vietnam totalisait 419 établissements d’enseignement supérieur, dont une grande majorité de collèges, avec 80 établissements privés. À cette date, ces établissements accueillaient 2,1 millions d'étudiants, correspondant à un taux de scolarisation d’environ 24 %. Les établissements publics accueillent 85 % des effectifs scolarisés. Les principales universités du Vietnam sont l'Université nationale de Hanoi (fondée en 1918), l'Université polytechnique créée par l'URSS en 1965 et celle de Hô-Chí-Minh-Ville.
Contrairement aux écoles professionnelles, le Vietnam enregistre des progrès considérables en matière d’accès au niveau universitaire. En 2010, le taux net de scolarisation primaire était près de 100 % et celui du secondaire atteignait 77 %, alors qu’ils étaient respectivement de 82 et 61 % une décennie plus tôt (Unesco, 2012). De plus, les inégalités géographiques se sont atténuées en raison de l'accroissement de la scolarisation dans les régions rurales. Les différentes politiques en faveur de l’instruction des filles ont aussi donné de bons résultats.
Or, l’enseignement supérieur a suivi cette progression en éducation. De plus de plus de jeunes Vietnamiens ont aujourd'hui l'occasion de poursuivre leur formation au-delà du secondaire. Le taux brut de scolarisation dans l’enseignement supérieur est passé de 11 % en 1998 à 24 % en 2010, selon la Banque mondiale (2013). Malgré ces progrès, le taux de scolarisation en enseignement supérieur, soit 24 %, demeure plutôt faible lorsqu'on le compare avec celui des autres pays de la région, notamment la Thaïlande (50 %), la Malaisie (42 %) ou la Corée du Sud (70 %).
Selon l'article 10 de la Loi sur l'enseignement supérieur (2012), le vietnamien est la langue officielle dans les établissements d'enseignement supérieur:
Article 10
Langue dans les établissements d'enseignement supérieur
1) Le vietnamien est la langue officielle dans les établissements d'enseignement supérieur.
2) Sur la base des mesures prises par le premier ministre, les établissements d’enseignement supérieur doivent décider de l’utilisation des langues étrangères dans l'établissement. |
La langue d’enseignement est de fait généralement le vietnamien, mais l’anglais et le français peuvent être utilisés, notamment dans les établissements privés. En général, les langues étrangères les plus populaires dans les universités sont, dans l'ordre, l'anglais, le français, le chinois, le russe et le japonais.
6.4 Les langues étrangères
Au secondaire, la grande majorité des étudiants, soit une proportion de 73,3%, ont appris l'anglais comme première langue étrangère, alors que 7,0 % l'ont fait en français et 3,1 % en russe. Il ne fait aucun doute que la demande pour l'apprentissage de l'anglais est nettement plus élevée que pour le français ou toute autre langue. Cela vient du fait que la très grande majorité des parents souhaite que leurs enfants apprennent l'anglais dans le but de trouver plus facilement un emploi qualifié. Or, il existe plus d'offres d'emplois pour des Vietnamiens parlant anglais que pour des Vietnamiens parlant français, bien que le marché de l'emploi anglophone soit très concurrentiel. Cependant, il est de plus en plus difficile pour le Ministère de recruter à l'étranger des professeurs d'anglais en raison des bas salaires. Évidemment, le coût pour des salaires attractifs dans la profession d'enseignants étrangers en anglais peut être très élevé. Ce problème est répercuté sur les coûts d’inscription qui sont nettement supérieurs par rapport au niveau de revenus de la population en général. De ce fait, le nombre d’étudiants inscrits reflète directement le niveau des ressources financières des familles vietnamiennes.
- Les classes bilingues
Le gouvernement a prévu des classes bilingues — non obligatoires — pour apprendre soit l’anglais, soit le français, soit le russe. Généralement, les enfants inscrits dans les classes bilingues suivent le programme vietnamien dans son intégralité, c’est-à-dire 18 à 20 séances pédagogiques (de 40 à 45 minutes) par semaine. À ce programme s’ajoute l'enseignement intensif de la langue étrangère (anglais, français ou russe). Il s’agit d'un volume horaire de dix heures effectives, soit de 13 à 14 séances pédagogiques réparties sur cinq jours de la semaine, en matinée et en après-midi.
Les classes bilingues ont la réputation de donner un enseignement de qualité et seuls les meilleurs élèves y sont généralement acceptés après un examen d’entrée. Les élèves des classes bilingues sont pour la plupart des enfants de cadres ou de fonctionnaires de l'État. Pour les enfants des gens à revenu modeste, les parents incitent leurs enfants à apprendre l’anglais afin que ceux-ci puissent travailler dans les domaines du tourisme, de l’hôtellerie ou de la restauration. N’oublions pas que l'école est subventionnée en partie par le gouvernement et en partie par les parents des élèves. Le français n’est plus réputé ouvrir immédiatement des portes sur le marché du travail. Pour le Vietnam, la Francophonie est devenue un luxe si elle ne va pas de pair avec le développement économique et la promotion dans les échanges commerciaux. Même les banques françaises au Vietnam exigent la connaissance de l'anglais. Plusieurs organismes publics et privés français tentent de contrer l'influence grandissante de la langue anglaise en finançant des classes bilingues en français. Les manuels de français et le matériel didactique sont fournis par l'Agence francophone pour l'enseignement supérieur et la recherche universitaire (AUPELF-UREF), qui subventionne aussi en partie le salaire des professeurs de français.
Il existe beaucoup de Vietnamiens qui ont quitté leur pays depuis plusieurs années. Or, ces expatriés trouvent aisément un emploi au Vietnam dans l'enseignement. En tant que pays non anglophone, le Vietnam s'est de plus en plus concentré sur le développement des compétences linguistiques pour aider les étudiants à devenir des employés compétitifs à l'échelle mondiale. Par conséquent, enseigner l'anglais comme seconde langue, voire le français, le chinois ou le russe, constitue un bon moyen pour obtenir un emploi dans l'enseignement. Les écoles internationales du Vietnam recrutent ces ressortissants étrangers ayant certaines compétences spécialisées en plus de leurs compétences dans une langue étrangère: par exemple, l'informatique, les arts, la musique, les sciences, les mathématiques, etc.
- Les difficultés
Malheureusement, l'école publique vietnamienne n'est pas toujours en bon état. Les enfants vont généralement à l'école une demi-journée par jour, car il n'y a pas assez de bâtiments pour abriter tout le monde. Dans certaines grandes villes, l'alternance se fait entre trois séances de cours. Il manque souvent plus d'un mois ou deux mois d'écoles aux enfants vietnamiens en une année scolaire. À cela s'ajoutent les coûts de l'éducation. Les parents doivent payer les frais d'examen, les livres, le matériel scolaire, les uniformes d'écoliers, les contributions volontaires pour la réfection des locaux, les cours optionnels et toute une série de frais additionnels. L'État ne couvre que 50 % des frais au primaire et 30 % au secondaire. Les classes supérieures du secondaire sont inaccessibles pour la plupart des parents, car les frais s'élèvent à mesure du niveau d'instruction.
Dans les universités, les étudiants doivent s'acquitter d'innombrables frais «rigides» et «élastiques» à un point tel qu'il faut être vraiment riche. En général, les parents dépensent 40 % de leur budget non alimentaire pour chaque enfant inscrit au primaire. La situation est encore plus préoccupante dans les campagnes, car les revenus sont encore moins élevés, les dépenses également. Ainsi, pendant que le Vietnam dépense 6 $US par élève en éducation, la Thaïlande en dépense 49 $, la Corée du Sud, près de 200 $. Il est inutile d'établir des comparaisons avec des pays comme la France, les États-Unis ou le Canada, où l'on dépasse plusieurs milliers de dollars US par enfant. Le Vietnam souffre du manque de scolarisation de ses citoyens. Seul un tiers de la population passe au complet le cycle du primaire. Un cinquième des élèves passe par le cycle du secondaire. Seule 1,5 % de la population fait des études supérieures.
Comme les enseignants ont généralement des revenus médiocres, le personnel est souvent de piètre qualité du point de vue de la formation, laquelle doit en plus servir aux «besoins d'édification et de défense de la patrie». Parmi les épreuves de formation continue, figurent l'histoire du Parti communiste vietnamien, le socialisme scientifique et l'économie politique marxiste-léniniste.
6.5 La coopération étrangère en éducation
Le Vietnam a besoin de la coopération internationale en éducation. C'est pourquoi les étrangers peuvent investir dans la création des types d’établissements d’enseignement appartenant à 100 % à des intérêts étrangers ou à la création d'établissements d'enseignement conjoints entre investisseurs nationaux et étrangers. En général, ces établissements à capitaux étrangers sont plus prestigieux que les établissements proprement vietnamiens.
Ces établissements à participation étrangère sont considérés comme des entités juridiques vietnamiennes soumises aux lois vietnamiennes, à compter de leur date d'approbation. Les champs d'application et les entités réglementées sont identifiés dans le Décret n° 86 sur la coopération étrangère et les investissements dans l'éducation (2018):
Article 1er
Champ d'application et entités réglementées
1) Le présent décret réglemente la coopération et les investissements étrangers en éducation, notamment l’éducation et la formation communes avec des partenaires étrangers, des établissements d’enseignement à participation étrangère, ainsi que les bureaux de représentation d'établissements d'enseignement étrangers au Vietnam.
2) Le présent décret est applicable aux organismes et aux particuliers vietnamiens, aux organisations internationales, ainsi qu’aux organismes et particuliers étrangers qui coopèrent et investissent dans l’éducation et la formation au Vietnam.
3) Le présent décret ne s'applique pas aux partenaires et aux investisseurs étrangers qui coopèrent et investissent dans l'enseignement professionnel au Vietnam. |
En vertu de l'ancien décret n° 73 de 2012, les établissements d'enseignement à capitaux étrangers pouvaient inscrire des étudiants vietnamiens, mais le nombre d'élèves du primaire et du secondaire ne devait pas dépasser 10%; au secondaire, le nombre d'élèves ne devait pas dépasser 20 % du nombre total d'étudiants. Les Vietnamiens âgés de moins de 5 ans ne peuvent pas suivre les programmes à l’étranger. En conséquence, les étudiants vietnamiens doivent faire la queue à leur tour pour entrer dans des écoles prestigieuses à capitaux étrangers. Certaines écoles ont conseillé aux parents de demander la citoyenneté cambodgienne à leurs enfants afin de pouvoir s’inscrire rapidement dans les écoles. Les investisseurs étrangers se plaignent des procédures compliquées qu’ils doivent suivre pour créer de nouveaux établissements d’enseignement, qu’il s’agisse d’une succursale de centre de langues étrangères ou d’une grande université. Le décret n° 86 de 2018, qui a abrogé celui de 2012, a relevé de 10 % à 20%, et à 50% le nombre maximum d’étudiants vietnamiens dans les établissements d’enseignement à participation étrangère.
Selon l'article 28 du décret n° 86, les types d'établissements suivants peuvent s'établir au Vietnam: les établissements de formation à court terme, les établissements d’enseignement préscolaire, primaire, secondaire et supérieur, ainsi que les filiales d'établissements d'enseignement supérieur à capitaux étrangers:
Article 28
Formes autorisées d'établissements d'enseignement à participation étrangère
1. Les établissements de formation de courte durée. 2. Les établissements d'enseignement préscolaire. 3. Les établissements d'enseignement obligatoire (écoles primaires, collèges, lycées, écoles internationales). 4. Les établissements d'enseignement supérieur. 5. Les antennes des établissements d'enseignement supérieur à capitaux étrangers au Vietnam. |
Pour créer un établissement d’enseignement préscolaire, l’investissement minimum doit être d’au moins 30 millions de dongs par enfant, frais d’exploitation des terres non compris, tandis que pour les établissements d’enseignement général, il est fixé à 50 millions par élève, conformément au décret n° 86. Pour tous les types d’établissements d’enseignement, à l’exception des succursales d’universités à capitaux étrangers, si un investisseur loue ou dispose d’un accès aux infrastructures de son partenaire vietnamien, le capital d’investissement minimum doit être égal à 70% des montants susmentionnés.
Les établissements d’enseignement primaire et secondaire à capitaux étrangers peuvent inscrire des étudiants vietnamiens dans des programmes étrangers selon les conditions suivantes: le nombre d'étudiants vietnamiens doit être inférieur à 50 % du nombre total d'étudiants et les programmes d'enseignement à l'étranger doivent être conformes au contenu approuvé par le gouvernement. Les diplômés de ces cours intégrés doivent recevoir des certificats valables à la fois pour le Vietnam et pour le pays étranger.
L'article 37 du Décret n° 86 sur la coopération étrangère et les investissements dans l'éducation (2018) énonce que les programmes de formation offerts dans les établissements d'enseignement à capitaux étrangers doivent respecter les objectifs de l'éducation en tenant compte de certaines restrictions concernant la sécurité nationale, l'intérêt public, les coutumes traditionnelles, etc.:
Article 37
Les programmes de formation
1) Les programmes de formation offerts dans les établissements d'enseignement à capitaux étrangers doivent respecter les objectifs de l'éducation, sans porter préjudice à la sécurité nationale et à l'intérêt public; sans propager la religion et déformer l'histoire; sans affecter négativement les cultures, l'éthique et les coutumes traditionnelles du Vietnam; et il doit assurer l'interconnexion entre les niveaux et les échelons de l'enseignement.
3) Le ministre de l’Éducation et de la Formation prescrit des contenus obligatoires pour les étudiants vietnamiens qui fréquentent des établissements d’enseignement préscolaire, des établissements d’enseignement général, des établissements et des campus d’enseignement supérieur à capitaux étrangers. |
Cet article 37 ne précise pas quels sont ces contenus obligatoires, mais il s'agit normalement des cours de géographie, d'histoire et de langue vietnamienne. Cependant, l'article 16 du décret n° 86 précise que «les matières du programme commun de formation pour l'obtention de diplômes et de certificats étrangers doivent être enseignées dans une langue étrangère, non pas en vietnamien ni par l'intermédiaire d'un traducteur:
Article 16
Champ d'application, échelle et inscription, et langue d'enseignement dans les programmes communs de formation
4) Les matières du programme commun de formation pour l'obtention de diplômes et de certificats étrangers doivent être enseignées dans une langue étrangère, non pas en vietnamien ni par l'intermédiaire d'un traducteur. Les matières du programme commun de formation prévues pour l'obtention de diplômes et de certificats vietnamiens doivent être enseignées en vietnamien ou par l'intermédiaire d'un traducteur. |
Bref, les programmes de jumelage menant à des qualifications étrangères doivent être donnés dans une langue étrangère, c'est-à-dire qu'ils ne doivent pas être enseignés en vietnamien ni passer par le biais d'une traduction en vietnamien.
L'article 39 du décret n° 86 impose un quota quant au nombre d'étudiants vietnamiens participant au programme d'enseignement à l'étranger; ce quota doit être inférieur à 50 % du nombre total d'étudiants participant au programme susmentionné dans l'établissement d'enseignement:
Article 39
Inscriptions des étudiants vietnamiens
Les établissements d'enseignement visés aux paragraphes 2 et 3 du précédent article 28 sont autorisés à inscrire des étudiants vietnamiens dans leurs programmes d'enseignement à l'étranger. Le nombre d'étudiants vietnamiens participant au programme d'enseignement à l'étranger doit être inférieur à 50 % du nombre total d'étudiants participant au programme susmentionné dans l'établissement d'enseignement.
Les étudiants qui participent au programme d’enseignement à l’étranger doivent respecter le contenu du programme d'instruction mentionné au paragraphe 3 du précédent article 37. |
Enfin, l'article 7 du Décret n° 86 sur la coopération étrangère et les investissements dans l'éducation oblige les enseignants à être titulaires d’un baccalauréat dans leur spécialité et satisfaire aux exigences de compétence linguistique du programme, c'est-à-dire correspondre au niveau 5 du Cadre européen commun de référence pour les langues ou son équivalent:
Article 7
Programmes éducatifs, installations et personnel enseignant
3) Le personnel enseignant
a) Un enseignant vietnamien affecté à un programme intégré d’enseignement doit satisfaire aux exigences en matière de formation, conformément aux lois en vigueur au Vietnam.
b) Un enseignant étranger affecté à un programme intégré doit être titulaire d’un baccalauréat correspondant à la majeure de son enseignement et posséder un certificat d’enseignement ou un diplôme équivalent.
c) Un enseignant chargé d'enseigner un programme d'enseignement intégré dans une langue étrangère doit satisfaire aux exigences de compétence linguistique du programme; et ses capacités ne doivent pas être inférieures au niveau 5 selon le Cadre européen commun de référence pour les langues ou son équivalent. |
Tous les programmes de ce type ne seront valables que pour une période de cinq ans et peuvent être prolongés d’une durée maximale de cinq ans.
7 Les langues dans les médias
Le Parti communiste maintient une emprise très forte sur les médias vietnamiens, tandis que le ministère de l'Information contrôle particulièrement la presse et la radiodiffusion. Les journaux, la radio et la télévision, même l'Internet, sont contrôlés par l'État. Selon Reporters sans frontières, le Vietnam est classé à la 172e place sur 179 dans l'index de la liberté de la presse. De plus, selon la Fédération internationale des droits de l’homme (FIDH), le pays possède «l’un des régimes les plus répressifs au monde» en matière de liberté de presse. La répression contre la liberté d’expression et toute critique de l’action et des politiques gouvernementales s’est intensifiée de sorte que de très nombreux militants pacifiques ont dû fuir le pays. De plus, des prisonniers d’opinion ont été torturés ou autrement maltraités, sans compter les décès suspects en garde à vue qui ont été signalés, alors que la peine de mort est toujours en vigueur.
7.1 Une presse sous contrôle
Tous les responsables de médias sont nommés par le gouvernement et ils doivent être membres du Parti communiste. Ils sont tenus aussi à assister régulièrement à des réunions avec des représentants du Service central de la propagande. S'il y a lieu, les autorités réprimandent les rédacteurs en chef qui ont autorisé la publication d’informations ou de commentaires considérés comme divergents par rapport à la ligne officielle. Certains journalistes tentent parfois de dévier de la ligne officielle dans leurs reportages, mais ils demeurent sous surveillance continuelle et risquent la prison s'ils vont trop loin. Les journalistes étrangers sont surveillés de près et plusieurs d'entre eux ont reçu des avertissements sévères de la part des représentants du gouvernement ou ont eu du mal à renouveler leurs visas après s'être trop concentrés, par exemple, sur les dissidents.
L'actualité vietnamienne est diffusée par différents supports d'informations: agences de presse, journaux quotidiens et hebdomadaires, magazines et revues, stations de radios, chaînes de télévision, portails internet. Les nouvelles présentées par les médias vietnamiens peuvent être complétées par les rubriques d'actualités de sources d'informations étrangères dédiées au pays. Les grands groupes de médias publics du Vietnam sont l'entreprise nationale de radiodiffusion VOV (Voice of Vietnam) et l'entreprise nationale de télédiffusion VTV (Vietnam Television).
- L'Agence vietnamienne d'information
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L’Agence vietnamienne d’information ("Thông tấn xã" ou "Vietnam News Agency": VNA) est un service public relevant du gouvernement et un organisme officiel d’information de la République socialiste du Vietnam. La VNA a pour fonctions de diffuser les informations et documents officiels du Parti et de l’État; elle fournit aussi des informations à leur demande et centralise la diffusion des nouvelles sous diverses formes aux médias, au public, ainsi qu’à d'autres personnes, au Vietnam comme à l’étranger. La VNA compte 15 services d’information, une maison d’édition, deux entreprises d’imprimerie, des bureaux de représentation dans certaines régions.
Avec 63 bureaux dans toutes les villes et provinces du pays et 30 autres implantés sur les cinq continents, la VNA compte ainsi actuellement un corps de correspondants non seulement dans toutes les régions du pays, mais dans la plupart des régions importantes du monde. |
- La liberté d'expression muselée
Pourtant, l'article 25 de la Constitution de 2013 garantit la liberté d'expression et la liberté de la presse:
Article 25
Tout citoyen jouit de la liberté d'expression, de la liberté de la presse, de l'accès à l'information, du droit d'association et de manifestations. L'exercice de ces droits est régi par la loi. |
Cependant, il faut lire aussi que «l'exercice de ces droits est régi par la loi». Toute dénonciation perçue comme une menace pour la légitimité du Parti communiste du Vietnam (PCV) peut entraîner des poursuites en vertu du Code pénal et des lois sur la diffamation, lesquels prévoient des peines sévères pour toute propagande antigouvernementale. Ainsi, l'article 117 du Code pénal (2015) prévoit des peines de 10 à 20 ans de prison pour toute personne, dans le but de s'opposer à l'État de la République socialiste du Vietnam, diffuse des informations déformées concernant le gouvernement du peuple:
Article 117
Fabrication, stockage, diffusion d'informations, de matériel, d'objets dans le but de s’opposer à l’État de la République socialiste du Vietnam
1) Toute personne, dans le but de s'opposer à l'État de la République socialiste du Vietnam, commet l'un des actes suivants sera passible d'une peine de 5 à 12 ans d'emprisonnement:
a) Fabrication, stockage, diffusion d'informations, de matériel et d'objets contenant des informations déformées concernant le gouvernement du peuple; b) Fabrication, stockage, diffusion d'informations, de matériel et d'objets contenant des informations fabriquées de manière à provoquer la consternation parmi la population; b) Fabrication, stockage, diffusion d'informations, de matériel et d'objets susceptibles de provoquer une guerre psychologique.
2) Un cas extrêmement grave de cette infraction sera puni de 10 à 20 ans d'emprisonnement.
3) Toute personne qui se prépare à commettre cette infraction criminelle encourt une peine de 1 à 5 ans d'emprisonnement. |
Le plus paradoxal, c'est que l'article 167 du Code pénal (2015) prévoit des pénalités pour toute personne qui empêche un citoyen d'exercer sa liberté d'expression, sa liberté de la presse, son droit d'accès à l'information :
Article 167
Atteinte à la liberté d'expression, à la liberté de la presse, au droit d'accès à l'information et au droit de manifestation des citoyens
1) Toute personne qui utilise la violence, la menace de recourir à la violence ou toute autre moyen pour empêcher un citoyen d'exercer sa liberté d'expression, sa liberté de la presse, son droit d'accès à l'information ou son droit de manifester malgré le fait qu'elle ait été condamnée ou encourt une peine civile pour le même délit, doit faire face à une peine allant jusqu'à deux ans d'emprisonnement dans la collectivité ou de 3 à 24 mois d'emprisonnement.
2) Cette infraction, commise dans l'un des cas suivants, est passible d'une peine d'emprisonnement comprise entre 1 et 5 ans:
a) l'infraction est commise par un groupe organisé; b) l'infraction implique l'abus du poste ou du pouvoir du contrevenant; c) l'infraction a un impact négatif sur la sécurité sociale, l'ordre et la sécurité.
3) Il pourrait être interdit au contrevenant d'occuper certaines fonctions pendant une période de 1 à 5 ans. |
Enfin, l'article 331 du Code pénal impose une peine de 2 à 7 ans d'emprisonnement pour «toute personne qui abuse de la liberté d'expression, de la liberté de la presse, de la liberté de religion, de la liberté d'association et d'autres libertés démocratiques pour aller à l'encontre des intérêts de l'État»:
Article 331
Utilisation abusive des libertés démocratiques pour porter atteinte aux intérêts de l'État, aux droits et intérêts légitimes d'organismes et/ou de citoyens
1) Toute personne qui abuse de la liberté d'expression, de la liberté de la presse, de la liberté de religion, de la liberté d'association et d'autres libertés démocratiques pour aller à l'encontre des intérêts de l'État, des droits légitimes et des intérêts d'organismes et/ou de citoyens doit recevoir un doit recevoir un avertissement ou faire face à une peine communautaire pouvant aller jusqu'à trois ans ou de 6 à 36 mois d'emprisonnement.
2) Si l'infraction a un impact négatif sur la sécurité sociale, l'ordre ou la sécurité, le contrevenant encourt une peine de 2 à 7 ans d'emprisonnement. |
Il est facile pour l'État d'invoquer ces dispositions du Code pénal pour réduire, circonscrire ou bloquer la liberté d'expression qui ne vaut que si elle correspond à la ligne officielle du Parti. De plus, étant donné que le pouvoir judiciaire n'est pas indépendant, les procès reliés à la liberté d'expression arrivent rapidement à la condamnation de l'accusé. Quoi qu'il en soit, les procès des dissidents sont rarement conformes aux normes internationales en matière d’équité, car les accusés ne bénéficient généralement pas d’une défense adéquate et la présomption d’innocence est considérée avec mépris.
- La Loi sur la cybersécurité (2018)
L'Assemblée nationale vietnamienne a adopté, le 30 juin 2018, la Loi sur la cybersécurité — ou plus précisément Loi sur la sécurité des réseaux ( — qui comprend des articles demandant aux fournisseurs de services Internet ou aux télécommunications, tant vietnamiens qu'étrangers, la responsabilité d’éliminer les sources de diffusion de «mauvaises informations» en refusant ou en cessant de leur fournir lesdits services. Comme il est d'habitude au Vietnam, il est interdit de véhiculer de «fausses informations» qui créent la confusion parmi la population, qui causent des dommages aux activités socio-économiques, qui occasionnent des difficultés pour le fonctionnement des agences de l'État ou des personnes en service, qui restreignent les droits et les intérêts des organismes et des particuliers, qui nient les acquis de la révolution, etc. Avec de telles restrictions, il est facile d'accuser n'importe quelle personne morale ou physique et de la condamner rapidement. La loi ne comporter aucune disposition concernant la langue vietnamienne ou les langues étrangères. La nouvelle loi serait une copie conforme de la loi chinoise sur la sécurité des réseaux entrée en vigueur en juin 2017.
La Loi sur la sécurité des réseaux touche en principe les entreprises nationales et étrangères qui fournissent des services de télécommunication ou d'Internet. Ces services incluent les réseaux sociaux, les moteurs de recherche, la publicité en ligne, la diffusion sur les sites Web et les marchés du commerce électronique, les services voix/texte et toute autre application en ligne. Les fournisseurs de services en ligne soumis à la Loi sur la sécurité des réseaux sont tenus de conserver les données personnelles des utilisateurs vietnamiens au Vietnam pendant la période prescrite par la loi et de les restituer aux autorités gouvernementales sur demande.
Pour les autorités, de telles mesures préventives seraient nécessaires pour éviter le fait que quelques entreprises fournissant des services sur les réseaux sociaux utilisent des données personnelles à des fins illégales. Selon l’Agence de presse vietnamienne ("Thông tấn xã Việt Nam"), cette loi s’avère indispensable pour garantir la sécurité nationale, l’ordre social, les droits et intérêts légitimes des organismes et des particuliers «tout en assurant le respect des droits de l’Homme et des pratiques internationales». Dans les faits, la Loi sur la cybersécurité vise à restreindre les connexions Internet des utilisateurs qui publient du contenu «interdit», c'est-à-dire des informations opposées ou offensantes à l'égard de la République socialiste du Vietnam ou toute «propagande diffamatoire» qui pourrait comprendre, par exemple, une déclaration critique ou dissidente faite contre le gouvernement, le Parti communiste ou l'un de leurs membres ou responsables respectifs.
Bref, tout contenu censé encourager l'activisme politique ou une activité anti-État contrevient nécessairement à la Loi sur la cybersécurité. Comme il est courant au Vietnam, cette loi a été rédigée de manière assez large pour que les interprétations favorisent le pouvoir. Puis des précisions supplémentaires seront ajoutées dans les futures directives de mise en œuvre publiées par les autorités compétentes. Bref, le Vietnam est un État policier qui a peine à composer avec les libertés fondamentales. Cependant, cette loi sur la cybersécurité ne peut être appliquée que si les entreprises de haute technologie coopèrent avec le gouvernement et lui transmettent les données privées qu'il réclame.
- L'emploi obligatoire de la langue vietnamienne
Les médias constituent un domaine dans lequel la langue vietnamienne est utilisée avec des nuances et des niveaux différents, et ce, d'autant plus que cette langue a un impact continu et profond sur le grand public. Le langage des médias contient également ses propres caractéristiques telles que la précision, la souplesse et l'attractivité. L'une des préoccupations premières des autorités est le maintien de la «pureté du vietnamien" dans les médias. L'article 6 de la Loi sur les médias (1999) énonce que les médias ont la responsabilité de contribuer au maintien de la pureté de la langue vietnamienne :
Article 6
Responsabilités et droits des médias
Les médias ont les responsabilités et les droits suivants:
1.Fournir des informations véridiques sur les affaires nationales et les actualités mondiales conformément aux intérêts du pays et de ses citoyens;
5. Contribuer au maintien de la pureté de la langue vietnamienne et des langues des groupes des minorités ethniques du Vietnam; |
L'article 21 de la Loi sur le patrimoine culturel (2001) mentionne aussi que «tous les organismes et les individus ont la responsabilité de préserver la clarté et la pureté de la langue vietnamienne»:
Article 21
L'État adopte des politiques et crée des conditions pour la protection et le développement de la langue parlée et écrite des nationalités au Vietnam. Tous les organismes et les individus ont la responsabilité de préserver la clarté et la pureté de la langue vietnamienne. |
Récemment, de nombreuses questions reliées à la langue de la presse ont suscité l’inquiétude de l’opinion publique. On invoque les erreurs et les écarts types dans la langue vietnamienne qui affecteraient négativement les journaux et les médias électroniques, notamment auprès des jeunes. Les autorités croient que les agences de presse et les journalistes doivent lutter activement, de manière proactive et critique, contre les actes d'emploi incorrect, trompeur et «corrompu» ("hỏng") des Vietnamiens. La préservation de la pureté du vietnamien serait un travail de longue haleine. Or, les médias constituent un domaine puissant pour la société et l'emploi de la langue, car ils sont à la fois un lieu de pratique linguistique et un rôle de pionnier dans l'orientation du vietnamien avec la littérature et l'éducation, contribuant à ainsi enrichir et à améliorer la langue nationale.
La législation vietnamienne, que ce soit la Loi sur les médias (art. 3), la Loi sur la presse (art. 4) ou la Loi sur la cinématographie (art. 23) impose normalement l'emploi du vietnamien dans les médias écrits ou électroniques, ainsi que dans les productions cinématographiques. De plus, la Circulaire n° 09/2017 sur les publications destinées aux enfants (2017) exige que les publications destinées aux enfants publiées au Vietnam dans des langues étrangères ou dans des formats bilingues doivent porter les noms des publications et des informations en vietnamien:
Article 12
Exigences pour les contenus dans les publications destinées aux enfants
2) Les publications destinées aux enfants publiées au Vietnam dans des langues étrangères ou dans des formats bilingues doivent porter les noms des publications et des informations en vietnamien, tel qu'il est prescrit au paragraphe 1 du présent article. |
La législation n'interdit pas la publication de journaux étrangers au Vietnam. De fait, certains journaux proviennent de Londres, de New York et de Paris.
7.2 Les journaux vietnamiens
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Le pays dispose d’un grand nombre de journaux en langue vietnamienne. Ainsi, on compte actuellement plus de 500 journaux, hebdomadaires, périodiques et magazines dans toutes les grandes villes comme Saigon, Hanoi, Hai Phong, Hue, Nha Trang, Can Tho, etc., et dans toutes les régions. Précisons qu’au Vietnam les quotidiens servent souvent de tribune officielle au Parti communiste vietnamien (PCV): par exemple, Nhan Dan ("Le Peuple"), Quan Doi Nhan Dan ("L’Armée populaire"), Hanoi Moi ("Nouvel Hanoi"), etc. Il en existe plusieurs autres appartenant aux organes de la masse satellite du PCV, tels que Le Front patriotique, L’Association scientifique et technique, L’Union des femmes, Confédération générale du travail, Le Club de la jeunesse communiste, etc. Ces derniers publient des informations sur presque toutes les activités sociales, mais sous le contrôle rigoureux de la Commission centrale d’idéologie et de culture du PCV, du ministère de l’Intérieur et du ministère de l’Information et de la Culture. |
La presse anglophone est également beaucoup lue. Parmi les principaux titres, citons le quotidien Vietnam News et l'hebdomadaire Vietnam Investment Review. Le magazine Vietnam Revue, publié par l'Agence vietnamienne d'information (AVI) diffuse en cinq langues: en vietnamien, en anglais, en français, en espagnol et en chinois. En ce qui a trait aux minorités nationales, il n’y a pas de journaux.
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La presse vietnamienne ne possède qu'un seul journal en langue française. Fondé en 1964 en tant que quotidien, Le Courrier du Vietnam paraît depuis janvier 2012 sous forme de magazine hebdomadaire et en version électronique. Il produit également une émission télévisée hebdomadaire en Français diffusée par la télévision de l’Agence vietnamienne d’information (AVI) dont relève Le Courrier du Vietnam. Le journal appartient à l'AVI, un organisme de rang ministériel gérant la presse écrite officielle; il est financé par l'AUPELF-UREF et l'ambassade de France. |
Presque tous les médias imprimés appartiennent au Parti communiste, au gouvernement ou à l'armée, plusieurs journaux appartiennent à l'Union de la jeunesse du CPV (Thanh Nien, Nguoi Lao Dong et Tuoi Tre). Certaines publications clandestines ont été lancées, malgré les arrestations des membres du personnel.
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Vietnam Plus est l’un des journaux électroniques les plus populaires du pays et le plus grand journal électronique multilingue. Il est publié en cinq langues: en vietnamien, en anglais, en français, en espagnol et en chinois.
La législation vietnamienne est même restrictive à l'égard de la presse étrangère; les langues les plus populaires sont l'anglais, le français, l'espagnol, le chinois, le japonais, le laotien, le khmer et le coréen. Les périodiques étrangers, bien que largement disponibles, sont parfois censurés. |
7.3 La radio et la télévision
La radio est contrôlée par la «Voix du Vietnam»: Voice of Vietnam . La principale station de radio, La Voix du Vietnam, diffuse des émissions d'actualité et des programmes musicaux et culturels en vietnamien, mais aussi en français, en anglais, en russe, en thaï, en lao, en khmer, en chinois, en indonésien, etc. Il est également possible d'accéder tous les jours aux programmes de Radio-France International avec des émissions sur ondes moyennes (MW), de 23 heures à minuit; de 22 à 23 heures, les émissions sont en vietnamien. VOV3 sur FM 104.5 est spécialisé dans le divertissement musical; VOVGT - Hà Nội sur FM 91 sert surtout à connaître la circulation en temps réel; VOV1 sur AM 675 fait connaître les débats et les sujets d'ordre culturel; Radio PT-THVL sur FM 90.2 propose le top 40 de la musique asiatique. Certaines stations diffusent dans les langues suivantes: mong, dao, thaï, bana, édé, jarai, kho, mnong, xodang, cotu, cham, lao, allemand, espagnol, russe, japonais, indonésien.
Le réseau de télévision vietnamien dispose de trois chaînes (VTV1, VTV2 et VTV3), mais des émissions d’informations sont disponibles en anglais, parfois en français. Aux heures de grande écoute, la télévision nationale diffuse les émissions de la police et de l'armée ou d’autres entités de l’État. Les chaînes de télévision payantes par satellite et par câble détenues par VTV acheminent certaines télévisions étrangères.
Rappelons qu'au XXe siècle l’implication directe et presque simultanée au Vietnam de puissances telles que la Chine, la France, le Japon, l’Union soviétique et les États-Unis a exercé des influences profondes sur les attitudes, les changements de langue ainsi que les choix et les usages qui en ont résulté. Ces influences ont en effet contribué à façonner la politique d’enseignement des langues étrangères au Vietnam. Si le Vietnam a été capable de s'affranchir du français comme langue coloniale, ce fut pour retomber sous la houlette du russe au nord et de l'anglais au sud. Puis, après la guerre du Vietnam, la prédominance du russe a entraîné une stagnation de l'économie durant une décennie avant de se rabattre à nouveau sur l'anglais.
La politique de la porte ouverte du Vietnam a vu le jour en 1986. On a appelé cette réforme la "Đổi mới", ce qui signifie «changer» (đổi) et «nouveau» (mới) ), ou plus simplement «renouveau». L'économie de marché fut autorisée et encouragée par le Parti communiste vietnamien. Se sont ajoutées des relations diplomatiques avec de nombreuses nations, indépendamment des idéologies politiques. Tout cela a contribué à attirer un nombre considérable d'étrangers, généralement anglophones ou anglophiles au Vietnam, soit en tant que touristes, soit en tant qu'investisseurs ou diplomates. Cette situation contrastait avec le passé, alors que la majorité des étrangers étaient originaires de l'Union soviétique et de l'Europe de l'Est. À la fin des années 1980, la formation en langues étrangères a commencé à se développer presque librement; les étudiants ont pu avoir le droit de choisir la ou les langues étrangères qu'ils souhaitaient apprendre. L'anglais a depuis retrouvé son rôle de principale langue étrangère enseignée et utilisée au Vietnam. Au cours des dix années suivantes, l'anglais s'est développé à une vitesse sans précédent dans le pays au point où il pouvait concurrencer la langue nationale du Vietnam. Un coup de barre devait être donné pour ne pas répéter les influences passées du chinois, du français et du russe sur la langue vietnamienne. Aujourd'hui, les traces visibles de ces langues sont rarissimes et constituent presque des pièces de collection.
La plupart des lois portant sur la langue vietnamienne ont été adoptées entre 1999 et aujourd'hui. La politique linguistique du Vietnam à l'égard de la langue officielle apparaît très élaborée, bien qu'il n'existe aucune loi linguistique portant spécifiquement sur cette langue. Par contre, il existe au moins une soixantaine de lois dont un ou plusieurs articles traitent de la langue vietnamienne, des langues étrangères ou des langues des minorités ethniques.
La politique linguistique vietnamienne actuelle touche tous les domaines : la rédaction des lois, la justice (civile, pénale et administrative), la langue de communication et la langue de travail des fonctionnaires, l'éducation à tous les niveaux, l'affichage et l'étiquetage, la publicité, la radiotélévision, le cinéma, l'Internet, la presse, etc. Rien n'est laissé au hasard!
Si l'on observe les pratiques actuelles, on se doit de constater la cohérence affichée dans la politique linguistique à l'égard du vietnamien. Les mesures prises pour la promotion et la protection du vietnamien semblent efficaces à plus d'un titre. On peut même affirmer qu'une telle politique apparaît comme exemplaire, car elle concerne tous les aspects de la vie sociale, culturelle, éducative, commerciale, politique, judiciaire, etc. Cette politique a su composer avec la nécessité d'utiliser la langue officielle tout en laissant un rôle limité aux langues étrangères, dont l'anglais occupe sûrement le premier rang. La difficulté, c'est de savoir concilier la légitimité d'utiliser une langue nationale mono-étatique avec les avantages d'une ou des langues multi-étatiques comme l'anglais et le français tout en préservant le plus possible les langues des minorités ethniques.