|
Province du Panjab(Pakistan) |
Province du Panjab |
Capitale: Lahore Population: 82 millions (2009) Langue officielle: ourdou Groupe majoritaire: panjabi (75,2 %), Groupes minoritaires: saraiki (17,6 %), ourdou (4,5 %), pachtou (1,1 %), baloutchi (0,6 %), sindhi (0,1 %) etc. Système politique: l’une des quatre provinces de la République islamique du Pakistan Articles constitutionnels (langue): art. 28, 251 et 255 de la Constitution fédérale de 1973 Lois linguistiques: Loi sur l'enregistrement (1908); Loi de l'impôt sur le revenu (1967); Loi sur les Conseils du Panjab en éducation intermédiaire et secondaire (1976); Loi sur le travail des enfants (1991); Loi sur l'Institut sur la langue, les arts et la culture (2004); Loi sur l'administration locale (2013); Loi sur l'éducation gratuite et obligatoire (2014). |
Le Panjab (ou Penjab), dont il est question ici, fait
partie de l’une des quatre provinces de la République islamique du
Pakistan. Cette province de 205 344 km²
(Pakistan: 803 940
km²)
est située au
centre-est du pays. Le Panjab est borné au sud par la province de Sind, à l’ouest
par la province du Balouchistan, à l'est par l'Inde (voir
la carte). Sa capitale est Lahore. Le terme de
Panjab (voir la carte) désigne aussi bien la province
pakistanaise que l'État indien, car le Pakistan et l'Inde ont récupéré une portion de la région
du Panjab lors de l'indépendance de 1947 et de la partition qui l'a
accompagnée.
Rappelons que le Pakistan forme une république fédérale islamique
divisée en quatre provinces avec chacune son Chief Minister et son
assemblée législative: le Balouchistan (frontière sud-ouest avec l’Iran
et l’Afghanistan), la province de la Frontière du Nord-Ouest
(«North-West Frontier»: à la frontière nord-ouest avec l’Afghanistan), le
Panjab (frontière
nord-est avec l’Inde) et le Sind (frontière
sud-est avec la mer d’Oman et l’Inde). Dans les faits, |
Dans ce pays de 153 millions d’habitants (2003), c’est la province du Panjab, représentant 53,5 % de l’ensemble de la population, qui constitue de ce fait la province la plus puissante dans la fédération. En 2009, la province du Panjab comptait quelque 82 millions d'habitants.
2.1 Les ethnies
Les ethnies les plus importantes sont les Panjabis Rajput, les Gakhars, les Gujjars, les Jats, le Panjabis Shaikh, les Kamboh et les Syeds. Les ethnies numériquement moins importantes sont les Awans, les Khateek, les Maliars, les Rawns, les Panjabis Pathans, les Baloutches, les Rehmanis et les Maliks, auxquelles il conviendrait d'ajouter les Saraiki, les Hindko, les Kashmiri, les Sindhis et les Muhajirs. La province abrite aussi des réfugiés tadjiks, pachtounes, hazaras et turkmènes.
Selon le recensement national de 1998, la distribution linguistique dans la province se présentait comme suit: le panjabi occidental (75,2 %), le seraiki (17,3 %), l'ourdou (4,5 %), le pachtou (1,1 %), le baloutchi (0,6 %), le sindhi (0,1 %), etc. Ce sont toutes des langues indo-iraniennes appartenant a la famille famille indo-européenne. La ville de Lahore (sept millions d'habitants), la capitale historique du Panjab, demeure la plus grande ville au monde de locuteurs du panjabi (86 % de la population); quant à Islamabad, la capitale du Pakistan, les Panjabis forment plus de 70 % de la population totale (673 766 habitants).
2.2 Le panjabi
Le
panjabi (ou penjabi) est
une langue parlée dans la région du Panjab
(Pakistan et Inde), par environ 100 millions de locuteurs.
Comme l'hindi, le panjabi est issu du sanskrit primitif, mais il
apparaît plus archaïsant que l'hindi.
À l'écrit, le panjabi du Pakistan utilise l'alphabet shahmukhi (qui se lit de droite à gauche), car cet alphabet est basé sur l'alphabet arabo-persan, à l'instar de l'ourdou. Cependant, en Inde, le panjabi (panjabi oriental) a recours au gurmukhi (qui se lit de gauche à droite), parfois même l'alphabet devanagari. La figure de gauche illustre les deux alphabets de la même langue. |
Le panjabi est
fragmenté en plusieurs variétés dialectales,
mais les linguistes ne semblent pas s'entendre
sur les critères de classement Ainsi,
Ethnologue classe ces variétés en trois
groupes: le panjabi occidental
(Pakistan), le panjabi oriental (Inde) et
le panjabi mirpuri (Cachemire).
|
Le problème, c'est que les données d'Ethnologue et les données du linguiste Grierson ne concordent pas, même qu'il apparaît difficile de concilier les deux propositions. Le panjabi occidental correspondrait au dialecte de Majhi surnommé lahnda par Grierson. Mais les dialectes de Malwi et de Doabi seraient des variétés du panjabi oriental. Grierson ne parle pas du hindko, du seraiki, du khetrani, du marwari ni du mirpouri. Les linguistiques indiens contemporains ont aujourd'hui évité d'utiliser le terme de lahnda et ont désigné les dialectes «lahnda du Sud» comme le seraiki et le «lahnada du Nord» comme le potwari, le «lahnda occidental» comme le hindko. Aujourd'hui, le dogri parlé au Cachemire n'est plus considéré comme un dialecte du panjabi, alors que le mirpouri est perçu comme un dialecte du potwari parlé dans le district de Mirpur.
Pour d'autres linguistes, les langues lahnda font partie d'un groupe de langues indo-iraniennes constituant une macrolangue, dont feraient partie le hindko, le khetrani, le panjabi occidental, le potwari, le mirpuri et le derawali, mais dont ne ferait pas partie le panjabi oriental de l'Inde. C'est le panjabi occidental qui sert de variété de prestige pour la langue panjabi.
La population du Panjab est estimée musulmane dans une proportion de 97,2 % avec une majorité de sunnites et une minorité chiite. La plus grande minorité religieuse non musulmane est constituée de chrétiens (2,3 %); Il existe aussi des hindous, des sikhs, des parsis et des bahá'í.
Étant donné que le Pakistan est aux prises avec de multiples tensions sécessionnistes découlant des nombreuses ethnies composant le pays, la tâche principale des gouvernements pakistanais, par ailleurs souvent contrôlés par les Ourdous, les Sindhis et les Panjabis, a toujours été de promouvoir l’unité nationale constamment menacée. C’est pour cette raison que l’ourdou a été choisi comme instrument de l’unité nationale, d’autant plus que cette langue jouissait d’un grand prestige (avec l’hindi), qui lui venait de son statut en Inde, et possédait une tradition écrite très développée. En fait, l’ourdou était déjà, au moment de la partition (avec l’Inde), une langue supra-ethnique et un véhicule linguistique perfectionné et développé. Autant les hindous de l'Inde se sont identifiés à l'hindi, autant les musulmans du Pakistan ont fait de l'ourdou le symbole de leur identité ethnique, délaissant par le fait même le panjabi. Même sous le régime britannique, les Panjabis préféraient l'ourdou puisque c'était la langue de leur identité religieuse. Par contre, pendant que les hindous du Panjab indien privilégiaient l'hindi avec ferveur, les sikhs ont réagi en optant pour le panjabi devenu le symbole de l'identité culturelle et politique des Sikhs.
En 1947, il était impensable de songer à un multilinguisme officiel au Pakistan étant donné le grand nombre de langues alors qu’aucune n’était majoritaire à l’échelle du pays. De plus, il était impossible de «venir à bout» des langues nationales parlées par des millions de locuteurs. La solution la plus sage a semblé de conserver l’anglais comme langue officielle, statut dont cette langue s’était fort bien acquitté jusque là. C’est pourquoi la Constitution fédérale de 1973, suspendue puis restaurée en 1985 (puis suspendue à nouveau en 2001), semble permettre le multilinguisme. En effet, l’article 28 de la Constitution fédérale déclare ce qui suit:
Article 28 Préservation de la langue, de l'écriture et de la culture Sous réserve de l'article 251, tout groupe de citoyens ayant une langue, une écriture ou une culture distinctes a le droit de les préserver et d'en faire la promotion et, sous réserve de la loi, de fonder des établissements à ces fins. |
Cependant, deux langues seulement sont prévues pour être utilisées à des fins officielles à l'échelle nationale: l’ourdou, parlé par seulement 7,5 % de la population, et l’anglais, la langue de l’ancien colonisateur. Autrement dit, de toutes les langues nationales du pays, c’est l’ourdou qui a été choisi à des fins officielles. Ainsi, on peut lire à l’article 251.3 de la Constitution fédérale:
Article 251 Langue nationale 1) La langue nationale du Pakistan est l'ourdou, et des dispositions seront prises pour qu'elle soit utilisée aux fins officielles et à d'autres fins dans les quinze années qui suivent la date de la promulgation. 2) Sous réserve du paragraphe 1, la langue anglaise pourra être utilisée à des fins officielles jusqu'à ce que les dispositions nécessaires aient été prises pour qu'elle soit remplacée par l'ourdou. 3) Sans qu'il ne soit porté atteinte au statut de la langue nationale, une assemblée provinciale peut, par une loi, prendre des dispositions pour enseigner, promouvoir et utiliser une langue provinciale en plus de la langue nationale. |
On constate que le paragraphe 3 laisse entendre qu’il est possible de rendre co-officielle une autre langue en plus de l’ourdou dans une province. Pour le moment, seule la province du Sind dans le Sud-Est a pu se prévaloir de cette disposition, puisque l’ourdou et le sindhi sont les langues co-officielles de cet État. Dans les autres provinces, l’ourdou est demeuré la seule langue officielle, bien que l’anglais ait conservé un statut non officiel plutôt enviable.
La langue officielle du Panjab est l'ourdou, bien qu'il ne soit parlé, comme langue maternelle, que par une minorité de 4,5 %. Lors que le Parlement provincial n'est pas suspendu, deux langues sont généralement utilisées: l'ourdou (écrit) et le panjabi (oral). Les lois sont discutées en panjabi, mais rédigées en ourdou, parfois en anglais.
4.1 La prédominance de l'anglais et de l'ourdou
Dans les tribunaux, l’ourdou et l’anglais sont les langues les plus couramment employées, mais en cas de force majeure (une personne ne parlant pas l’ourdou ou l'anglais), on a recours aux autres langues de la province au moyen d'interprètes ou de traducteurs. Les documents judiciaires écrits préparés par la cour sont toujours en ourdou.
Dans l’administration publique provinciale, les communications orales se déroulent généralement ourdou, mais aussi en panjabi. Les missives officielles destinées à l’ensemble de la population sont en ourdou (très rarement en panjabi). Cette situation prévaut dans les services municipaux et les hôpitaux. L'emploi d'une autre langue (même sans la nommer), n'est pas interdit, comme en fait foi l'Ordonnance sur les allocations de maternité (1958) encore en vigueur au sujet des femmes employées dans les maternités:
Article 14 |
Il en est ainsi de la Loi de l'impôt sur le revenu (1967), mais aucune langue n'est nommée en particulier:
Article 28 |
L'une des rares lois provinciales à mentionner une langue est la Loi sur l'enregistrement (1908) avec l'anglais :
Article 15 Sceau de l'agent d'enregistrement Les divers registraires et bureaux d'enregistrement doivent utiliser un sceau portant l'inscription suivante en anglais et en toute autre langue que le gouvernement ordonne: - «Le sceau du registraire (ou du bureau d'enregistrement) de...» |
L'article 19 mentionne qu'un document rédigé
dans une «langue non comprise» par l'agent d'enregistrement doit être
accompagnée
d'une traduction dans une langue couramment utilisée dans
le district ainsi que d'une copie certifiée conforme:
Article 19 Document dans une langue non comprise par l'agent d'enregistrement Si un document dûment présenté à l'enregistrement est dans une langue que l'agent d'enregistrement ne comprend pas et qu'elle n'est pas couramment utilisée dans le district, il doit refuser d'enregistrer le document, à moins qu'elle ne soit accompagnée d'une traduction dans une langue couramment utilisée dans le district ainsi que d'une copie certifiée conforme. |
L'article 12 de la Loi sur le travail des enfants (1991) mentionne aussi l'anglais obligatoire et la «langue locale», sans en nommer une seule:
Article 12 Affichage des avis contenant le résumé des article 3 et 14 Tout occupant doit faire afficher dans un endroit visible et accessible un avis dans la langue locale et en anglais contenant un résumé des article 3 et 14. |
L'un des autres textes juridiques faisant allusion à
la langue est la
Loi sur l'administration locale
(2013). L'article 41 énonce que l'administration locale peut «encourager
les langues nationales et régionales», sans n'en mentionner aucune
en particulier. Les articles 52 et 55 mentionnent l'ourdou, ou toute
autre langue locale, qui peut être employé dans les marchés ou
abattoirs publics:
Article 41 Culture
Article 52 |
Dans l’éducation, les parents ont le choix d’envoyer leurs enfants dans les écoles où l’enseignement est dispensé en ourdou ou en anglais. La plupart des Panjabi, Pachtounes et Baloutches choisissent l'ourdou. Dans les quelques écoles primaires où l’enseignement se fait en anglais, l’ourdou demeure obligatoire comme langue seconde. Dans l'ensemble de la province, non seulement le panjabi n'est pas enseigné, mais il est dévalorisé au point où beaucoup de parents préfèrent parler l'ourdou à leurs enfants plutôt que le panjabi. Pourtant, l'article 251-c de la Constitution prévoit qu'il est possible d'enseigner, en plus de l'ourdou, une autre langue locale: «Sans qu'il ne soit porté atteinte au statut de la langue nationale, une assemblée provinciale peut, par une loi, prendre des dispositions pour enseigner, promouvoir et utiliser une langue provinciale en plus de la langue nationale.»
Quant aux enfants de l'élite qui s'inscrivent dans des écoles anglaises, ils méprisent l'ourdou et il leur interdit de parler le panjabi. Quoi qu'il en soit, même si le panjabi est une langue négligée dans les domaines de prestige (médias, éducation, commerce, etc.), elle demeure la langue parlée par la grande majorité de la population de la province. C'est la langue véhiculaire des locuteurs du Panjab, et elle est employée dans les chansons, les communications informelles et les conversations privées, les plaisanteries, etc. En ce sens, le panjabi n'est pas une langue en danger.
La Loi sur l'éducation gratuite et obligatoire (2014) ne prévoit aucune disposition d'ordre linguistique:
Article 3 Droit à l'éducation gratuite et obligatoire (1) Tout enfant a droit à une instruction gratuite et obligatoire de la première classe jusqu'à la dixième, une instruction non formelle, une formation professionnelle ou une combinaison de la totalité ou d'une partie des deux, tel qu'il est prévu par le gouvernement en tenant compte des besoins, de la capacité et l'âge de l'enfant, afin d'assurer la réalisation de l'instruction ou de l'enseignement prévu dans une école au sein d'un quartier ou une école désignée pour l'enfant. (2) Le gouvernement fixe le calendrier scolaire pour les classes de la première à la dixième, ainsi que de l'instruction non formelle, de la formation professionnelle et l'éducation spéciale. (3) Aux fins du paragraphe 1, un enfant ou un parent ne doit pas être dans l'obligation de payer une sorte de taxe, des frais ou des dépenses pour achever ses études dans une école mentionnée à l'alinéa (i) de l'alinéa (k) de l'article 2. (4) Le gouvernement doit, selon la manière prescrite, fournir ou de faire fournir une instruction appropriée à un enfant souffrant d'un handicap ou un enfant spécial. Article 4 Obligation de fournir l'éducation (1) Le gouvernement doit : (a) fournir une instruction gratuite et obligatoire à tous les enfants de l'école d'un quartier ou de l'école désignée pour l'enfant; (b) assurer une instruction de qualité conforme aux règles et aux normes de l'éducation de qualité; et (c) préparer un relevé annuel des enfants admis et retenus dans les établissements d'enseignement. (2) Un gouvernement local doit : (a) maintenir, selon la manière prescrite, un registre des enfants jusqu'à l'âge de seize ans résidant sous sa juridiction; et (b) assurer et contrôler l'admission, la participation et la fin des études pour tous les enfants résidant sur son territoire. |
Le Panjab compte moins d'une vingtaine d'établissements d' enseignement supérieur et offre la plupart des disciplines connues (droit, médecine, humanités, sciences, etc.). L'enseignement est dispensé surtout en ourdou, mais aussi en anglais.
Dans le domaine des médias, les radios locales diffusent en panjabi. La situation est différente dans les journaux, car seuls ceux rédigés en ourdou ou en anglais sont suffisamment répandus dans le pays: A Pakistan News (anglais), Asia News Network (anglais), Daily Khabrain (ourdou), Daily Nawa-i-Waqt (ourdou), Daily Times (anglais), The Nation (anglais), Voice of Lahore (ourdou) et Weekly Independent (anglais). Le Daily Bhulekha est l'un des rares journaux, le seul en panjabi, à promouvoir la cause du panjabi au Pakistan. Les autres journaux en panjabi sont les suivants: Khabran, Khalsa Akhbar Lahore, Punjabi Press, Rozana Spokesman et Sajjan.
4.2 La promotion du panjabi
En fait, la seule loi provinciale importante traitant de la langue majoritaire du Panjab, le panjabi, demeure la Loi sur l'Institut sur la langue, les arts et la culture (2004). Cette loi créait l'Institut du Panjab sur la langue, les arts et la culture (PILAAC).
Les principaux objectifs linguistiques de cette loi sont de conseiller le gouvernement sur toutes les questions de politique en matière de promotion de la langue panjabi; de faciliter et d'encourager des activités et des programmes de recherche concernant la littérature et la langue panjabi; de recueillir, préserver et classer les livres de la littérature classique et moderne du panjabi; de publier et d'imprimer des livres, des journaux et de la littérature concernant la langue panjabi; de faciliter la traduction des meilleurs livres en ourdou et en anglais, et la littérature des autres langues en panjabi; d'enrichir à la langue panjabi en lui permettant d'absorber les progrès de la science et de la technologie ainsi que ceux de la société moderne; de préparer ou de susciter la préparation de dictionnaires et une encyclopédie en panjabi; de permettre au panjabi de servir comme une source enrichissante pour élargir la portée, les usages et l'importance de l'ourdou; d'employer et de développer les mots parlés et écrits sous toutes les formes de la langue panjabi et de préserver ou reformer ses us et coutumes; d'établir des liens avec des établissements d'enseignement pour la promotion de la langue panjabi. Voici les extraits de la Loi sur l'Institut sur la langue, les arts et la culture à ce sujet :
Article 3 2) L'Institut est une personne morale ayant une succession perpétuelle et un sceau commun avec le pouvoir d'acquérir, de maintenir et de disposer de propriétés mobilières et immobilières, de poursuivre et d'être poursuivie en justice, par mention de son nom. Article 4 (b) faciliter et encourager des activités et des programmes de recherche concernant la littérature et la langue panjabi, les arts et la culture représentant les diverses régions du Panjab; (c) recueillir, préserver et classer les livres de la littérature classique et moderne du panjabi, et créer une bibliothèque de référence avec des équipements et des stocks modernes pour les usagers habituels et les chercheurs; (d) promouvoir les arts et les
métiers des citoyens du Panjab; (h) faciliter la traduction des meilleurs livres en ourdou et en anglais, et la littérature des autres langues en panjabi; (k) enrichir à la langue panjabi
en lui permettant d'absorber les progrès de la science et de la
technologie ainsi que ceux de la société moderne; |
Les moyens mis en oeuvre pour promouvoir le panjabi demeurent encore embryonnaires, car il est manifeste que le panjabi ne peut ternir tête ni à l'anglais ni à l'ourdou.
Comme partout au Pakistan, l’ethnie ourdoue a exercé un rôle politique prépondérant depuis l'indépendance (1947). Il en a découlé une expansion considérable de l’ourdou comme langue nationale au point où même l’anglais a reculé. De toutes les langues du Pakistan, seul l’ourdou a progressé et plusieurs langues nationales – baloutchi, pachtou, panjabi – ont été délaissées, particulièrement dans l’écriture. Le sindhi demeure la seule exception au Pakistan, puisque cette langue n’a pas régressé, alors que toutes les autres langues locales ont périclité au profit de l’ourdou. C’est là l’effet d’une politique linguistique destinée à supplanter définitivement les langues régionales, l’exception étant le sindhi. Dans la province du Panjab, la langue numériquement la plus importante, le panjabi, a été reléguée aux communications informelles et privées. La politique linguistique adoptée par la province a réussi à accorder un statut particulier au panjabi lors de la création d'un institut sur la langue, les arts et la culture, mais cette institution ne peut ni arrêter ni ralentir la progression de l’ourdou. Les efforts de valorisation du panjabi semblent dérisoires dans la mesure où ils sont insuffisants pour assurer sa promotion et son utilité dans les fonctions de prestige.
Bref, la politique d'assimilation du gouvernement fédéral semble avoir réussi dans la province du Panjab. Depuis que le Pakistan existe, l'État fédéral a violé à maintes reprises les droits des citoyens, à plus forte raison lorsque ceux-ci sont minoritaires. Il n'a pas réussi ni désiré les protéger. Les groupes de défense des droits des communautés officiellement désignées comme «minorités» sont privés de leurs droits les plus élémentaires. Au Pakistan, les considérations religieuses ont nécessairement joué un rôle prépondérant dans la politique linguistique, ce qui explique le choix de l'ourdou aux dépens de toute autre langue. Bref, la religion, la langue et la politique constituent une seule et même valeur. L'ourdou et l'islam sont associés comme valeur identitaire globale.
GAUTHIER, François, Jacques LECLERC et Jacques MAURAIS. Langues et constitutions, Montréal/Paris, Office de la langue française / Conseil international de la langue française, 1993, 131 p. JAFFRELOT, Christophe (dir). Le Pakistan, Paris, Librairie Fayard, 2000, 503 p. LECLERC, Jacques. Les droits linguistiques dans 129 États du monde, tome I: «Description schématique par pays», Montréal, rapport déposé à l'Office de la langue française, 1992, 392 p. LECLERC, Jacques. Les droits linguistiques dans 129 États du monde, tome II: «Description thématique», Montréal, rapport déposé à l'Office de la langue française, 1992, 402 p. M. RAFIQUE, Afzad. Political Parties in Pakistan, 1947-1958, Islamabad, National Commission on Historical and Cultural Research, 1976.
MUHAMMAD, Asghar Khan. Generals in Politics: Pakistan, 1958-1982, New
Delhi, Vikas, 1983. |
Page précédente |