Oblast de Russie

Kaliningrad

(Калининград)

Oblast de la fédération de Russie

 

Capitale: Kaliningrad
Population: 1,0 million (2021)
Langue officielle: russe
Groupe majoritaire: russe (78 %)
Groupes minoritaires: biélorusse (34,4 %), ukrainien (10,4 %), lituanien, polonais, allemand, etc.
Système politique: oblast de Russie 
Articles constitutionnels (langue):
art. 19, 28 et 68 de la Constitution du 12 décembre 1993 (modifiée en 2020); art. 19, 26, 29 et 68 de la Constitution du 4 juillet 2020.
Lois linguistiques: 
Loi sur les langues des peuples de la fédération de Russie (1991-2021); Loi sur la garantie des droits des minorités autochtones (1999-2022); Règlement sur le Conseil de la langue russe (2000); Projet de loi sur la langue officielle de la fédération de Russie (2004); Loi sur la langue officielle de la fédération de Russie (2005-2021); Allocution du président Poutine sur les relations interethniques et le russe (19 mai 2015); Règlement sur la Commission gouvernementale de la langue russe (2020); Loi fédérale «portant modification de la loi fédérale sur la langue officielle de la fédération de Russie» (2023).

1 Situation géopolitique

Kaliningrad est une enclave russe — l'oblast de Kaliningrad ou «iantarny kraï» (Калининград), qui signifie «pays de l’ambre» — au bord de la mer Baltique. Cette enclave de 15 100 km² (équivalant à la moitié de la Belgique) est entourée à l'est et au nord par la Lituanie, au sud par la Pologne.

Il s'agit d'un ancien territoire allemand faisant partie de la Prusse orientale et appelé alors le Königsberg. À la suite des accords de Yalta (février 1945) et de Potsdam (juillet-août 1945), le territoire fut rattaché à l’Union soviétique et intégré à la République socialiste fédérative de Russie. Lors de la disparition de l’URSS, Kaliningrad devint partie intégrante de la fédération de Russie, dont l'enclave est géographiquement séparée par la Lituanie et la Lettonie. Aujourd'hui, le petit territoire russe est encerclé par les pays membres de l’Union européenne (Pologne et Lituanie).

Comme tous les oblasts de la fédération de Russie, Kaliningrad possède un gouverneur nommé par le président de la Fédération et un pouvoir législatif élu localement. Le chef-lieu de l'oblast est Kaliningrad.

L'oblast de Kaliningrad possède le seul port de la Russie, ouvert à l'année longue et libre de glace, même durant l'hiver. C'est pourquoi Moscou n'a pas l'intention de s'en départir, bien qu'aucun pays n'ait de revendication territoriale, ni ne conteste ouvertement la souveraineté russe sur l'oblast. Le nom de Kaliningrad provient du nom du président Praesidum du Soviet suprême et membre du Comité central du Parti communiste, Mikhaïl Kalinine −   qui n'y aurait pourtant jamais mis les pieds, lorsque l'URSS reçut le territoire en 1946. L'URSS aurait négocié le territoire en compensation des destructions et des pertes subies lors de la Seconde Guerre mondiale. Une voie ferroviaire de 668 km relie Kaliningrad à Moscou en passant par la Lituanie.  

2 Données démolinguistiques

La population du territoire de Kaliningrad s'élevait à 1 029 966 habitants (en 2021), dont 490 450 dans le chef-lieu de Kaliningrad. Les russophones forment 87% de la population. On trouve aussi des Ukrainiens (4%), des Biélorusses (3,7%%), ainsi que quelques petites minorités arméniennes, tatares, lituaniennes, allemandes et polonaises. Depuis quelques années, des descendants d'Allemands de la Volga se sont installés dans l'oblast de Kaliningrad. Les familles de militaires russes représentent une partie importante de la population, soit 20 %.

Ethnie Population (2010) Pourcentage Langue Affiliation linguistique Religion
Russes 351 186

87,4 %

russe groupe slave chrétienne orthodoxe
Ukrainiens 16 053 4,0 % ukrainien groupe slave chrétienne orthodoxe
Biélorusses 15 077 3,7 % biélorusse groupe slave chrétienne orthodoxe
Arméniens  3 062 0,8 % arménien  isolat indo-européen chrétienne orthodoxe
Tatars  2 075 0,5 % tatar famille altaïque islam
Lituaniens 1 789 0,4 % lituanien groupe balte chrétienne orthodoxe
Allemands 1 676 0,4 % allemand groupe germanique chrétienne luthérienne
Polonais 1 114 0,3 % polonais groupe slave chrétienne catholique
Autres 10 041 2,5 % -    -
Total 401 649 - - - -

Plus de 95 % de la population kaliningradoise parle le russe, soit comme langue maternelle soit comme langue seconde.

La carte ci-dessous représente le drapeau et les noms de lieux qu'elle aurait pu avoir si la toponymie avait été «déstalinisée» en 1956, comme l'a proposé à l'époque Khrouchtchev (mais les autorités de l'oblast ont refusé). Les noms alternatifs proviennent soit du "borusse" ou vieux prussien (langue balte locale disparue à l'origine du nom géographique "Prusse"), soit de la traduction en russe du nom allemand "Königsberg" («forteresse royale»).

3 Données historiques

L'ancienne ville allemande de Königsberg s'est développée autour d'une forteresse bâtie par les chevaliers Teutoniques en 1255. De 1457 à 1525, la forteresse devint la résidence officielle du grand maître de l'ordre Teutonique et, de 1525 à 1618, accueillit les ducs de Prusse.  Lorsque, en 1525, le grand-maître de l'ordre, Albert de Brandebourg-Ansbach, sécularisa celui-ci, Königsberg devint la capitale du nouveau duché de Prusse qu'il venait de créer après sa conversion au luthéranisme. En 1701, le duché fut érigé en royaume par Frédéric III de Brandebourg; Königsberg devint vice-capitale royale avec Berlin. Cette années-là, Frédéric Ier fut couronné en tant que premier roi en Prusse dans la chapelle du château. La ville fit partie du royaume de Prusse, puis de l'Empire allemand en 1871. Elle était alors très majoritairement peuplée d'Allemands, et ce, jusqu'en 1945. Après la de Première Guerre mondiale, la ville de Königsberg devint la capitale de la province allemande de la Prusse orientale.

3.1 L'occupation soviétique

Au cours de la Seconde Guerre mondiale, la ville de Königsberg  fut occupée par les troupes soviétiques. Ce sont les accords de Yalta en février 1945 et de Potsdam en juillet-août 1945, qui rattachèrent ce petit territoire allemand aux Soviétiques en dédommagement de la Seconde Guerre mondiale. La Prusse orientale fut alors partagée entre la Pologne (au sud), qui reçut les deux tiers du territoire, et l’Union soviétique, qui occupait le reste du territoire (au nord). Mais le traité de paix qui devait sceller cet accord entre les alliés et les puissances de l’Axe ne fut jamais signé.

Certains des habitants qui n'avaient pas réussi à s'enfuir durant la guerre furent massacrés; ils furent tous avant d’être expulsés par les autorités polonaises et russes en 1945-1946, selon les décrets Bierut, et soviétiques en 1947. Staline souhaitait agrandir la Pologne vers l'ouest et faire disparaître la Prusse. La toponymie allemande fut remplacée par des appellations russes ou polonaises: Königsberg > Kaliningrad, Tilsit > Sovjeck, Insterburg > Tcherniakhovsk, Allenstein > Olsztyn, etc.  Bien que tous les noms de lieu furent russifiés ou polonisés (selon le cas), l'ancienne présence put survivre encore dans l'architecture pré-soviétique, sauf à Kaliningrad qui fut entièrement détruite, puis redessinée et transformée en modèle soviétique.

L'URSS évacua en 1948 les populations allemandes qui n’avaient pas fui devant l’avancée de l’Armée rouge en 1945; elles furent toutes expulsées en Allemagne de l'Est. Par la suite, l'URSS incita des Russes, des Biélorusses, des Ukrainiens et des Lituaniens à venir s'installer dans le territoire de Kaliningrad. La ville de Kaliningrad acquit aussitôt une fonction stratégique, grâce notamment à la présence de la flotte de la mer Baltique et demeura interdite aux étrangers. Les effectifs de la flotte soviétique atteignirent rapidement les quelque 100 000 hommes.

3.2 Une oblast russe

En 1991, lors du démembrement de l’URSS, le territoire de Kaliningrad fut considéré comme une menace par l'Europe de l'Ouest. La Russie réduisit sa flotte à quelque 10 000 hommes en 2005, tandis que son commandement fut déplacé à Saint-Pétersbourg. L'enclave russe fut laissée à elle-même et acquit la réputation d’une région pauvre, dépendante, isolée et polluée, aux prises avec des trafics de drogues et d'armes, des réseaux de prostitution et de la contrebande transfrontalière. Le territoire de Kaliningrad devint en 1946 une entité territoriale de l'Union soviétique directement rattachée à la République socialiste soviétique fédérative de Russie (RSSFR).

Lorsque les pays baltes et la Pologne manifestèrent leur désir de joindre l'Union européenne, l'enclave russe devint une source de préoccupation pour Bruxelles, ce qui suscita aussi un regain d’intérêt de la part de Moscou. En raisons des accords de Schengen, les frontières de Kaliningrad devinrent en juillet 2003 des frontières extérieures de l'Union européenne, ce qui eut pour effet de rendre encore plus difficiles les liaisons terrestres avec la Russie. Le 27 avril 2004, un accord entre l'Union européenne et la Russie fut trouvé en exemptant de droits de douane et de transit les marchandises traversant le territoire lituanien.

De son côté, la Russie considère primordial le rôle stratégique de Kaliningrad comme potentiel défensif russe dans la région de la mer Baltique. Avec la disparition de l'Union soviétique, il ne reste plus à la Russie que deux bases navales sur la mer Baltique: Kronstadt (Saint-Pétersbourg) bloquée par les glaces l'hiver et Baltiisk, dans l'oblast de Kaliningrad. La Russie craint aussi la menace séparatiste des Kaliningradois. Elle a augmenté sa présence militaire de manière significative: on y compterait présentement quelque 30 000 militaires dans l'enclave.

Par ailleurs, la Lituanie, qui fournit à l'oblast 80 % de son électricité et couvre une grande partie de ses besoins alimentaires, exige une démilitarisation totale de l'oblast. Elle autorise un corridor ferroviaire de plusieurs centaines de kilomètres sur son territoire. Pour la Russie, la région de Kaliningrad lui permet d'avoir une «fenêtre» sur l'Europe de sorte qu'elle demeure encore européenne et moins asiatique.

4 La politique linguistique

L'oblast de Kaliningrad est soumise aux lois de la fédération de Russie. Seul l'article 68 de la Constitution du 4 juillet 2020 traite de la question linguistique:

Article 68

1)
La langue officielle de la fédération de Russie sur l’ensemble de son territoire est la langue russe en tant que langue d’un peuple formant un État qui fait partie d’une union multinationale de peuples égaux de la fédération de Russie.

2)
Les républiques ont le droit d'établir leurs langues officielles. Dans les organismes du pouvoir de l'État et les organismes de l'auto-administration locale, les établissements nationaux de la république, elles sont utilisées parallèlement à la langue officielle.

3)
La fédération de Russie garantit à tous ses peuples le droit au maintien de la langue maternelle, l'établissement de conditions permettant son étude et son développement.

4) La culture de la fédération de Russie est un patrimoine unique de son peuple multinational. La culture est soutenue et protégée par l’État.

Cela signifie que, partout dans le territoire de la fédération de Russie, y compris dans l'enclave de Kaliningrad, le russe conserve des droits et sert de langue des communications interethniques entre les entités administratives ou fédérées.

L'article 1er de la Loi sur la langue officielle de la fédération de Russie (2005-2021) reprend les dispositions de la Constitution avec plus de précisions quant à l'usage du russe comme langue officielle:

Article 1er

Le russe comme langue officielle de la fédération de Russie

1) En vertu de la Constitution de la fédération de Russie,
la langue officielle de la fédération de Russie sur tout son territoire est le russe.

2) Le statut du russe comme langue officielle de la fédération de Russie
prévoit l'usage obligatoire du russe dans les domaines définies par la présente loi fédérale, d'autres lois fédérales, la Loi de la fédération de Russie du 25 octobre 1991, no 1807-I, «sur les langues des peuples de la fédération de Russie» et d'autres actes juridiques réglementaires de la fédération de Russie, sa protection et son soutien, ainsi que la garantie du droit des citoyens de la fédération de Russie à employer la langue officielle de la fédération de Russie.

3) La procédure d'approbation des règles de la langue littéraire russe moderne, qui est utilisée à titre de langue officielle de la fédération de Russie, et les règles de l'orthographe et de la ponctuation russe sont définies par le gouvernement de la fédération de Russie.

4) La langue officielle de la fédération de Russie est la langue servant à promouvoir la compréhension mutuelle, le renforcement des relations interethniques entre les peuples de la fédération de Russie en un seul État multinational commun.

5) La protection et le soutien du russe comme langue officielle de la fédération de Russie doivent contribuer à l'amélioration et à l'enrichissement mutuel de la culture spirituelle des peuples de la fédération de Russie.

6) Dans l'usage de la langue russe comme langue officielle de la fédération de Russie, il est interdit d'utiliser des mots et des expressions qui ne sont pas conformes aux normes de la langue littéraire russe moderne (y compris la langue obscène), à ​​l'exception des mots étrangers qui n'ont pas d'équivalents couramment utilisés dans la langue russe.

Étant donné que la quasi-totalité de l'oblast de Kaliningrad parle le russe, les autorités locales n'ont pas manifesté le désir de choisir une autre langue officielle en plus du russe. Toute la vie sociale se déroule en russe, que ce soit l'administration, les tribunaux, les écoles ou les médias. Cependant, les Kaliningradois peuvent aujourd'hui capter les ondes en provenance de la Pologne, de la Suède ou de l'Allemagne.

Gouvernorat de l'oblast de Kaliningrad --- Hrabrovo (aéroport Kalingrad) --- Restaurant-Brasserie Hmely  --- ARC-Service d'autobus

Tambovskoe 1,5km --- KFC --- WiFi --- Kouritsa (poulet) --- Ministère de la Santé /Oblast de Kaliningrad ---- Parking

Hôtel Kaliningrad --- Pharmacie pour les économes --- Épicerie Haricot, sous franchise Metro

Smartphones et accessoires --- Taxi Kaliningrad  --- Kaliningrad restaurant service --- Snack U café --- École professionnelle internationale

Il n'existe guère de véritable politique linguistique particulière dans cette enclave russe. Comme dans tous les oblasts russes, le russe est omniprésent. Tout au plus, enseigne-t-on maintenant l'anglais, l'allemand ou le polonais comme langue seconde dans les écoles. Il n'existe aucune minorité nationale, tous les Allemands d'origine ayant été déportés en 1948. Les minorités actuelles sont considérées comme faisant partie du peuple russe. Il en est ainsi des nouveaux immigrants allemands de la Volga.

Dernière mise à jour: 18 févr. 2024

Fédération de Russie