Édit de Nantes de 1598
Henri IVL'édit de Nantes, émis part Henri IV le 13 avril 1598 au château des ducs de Bretagne, reconnaissait la liberté de culte pour les protestants de France, les huguenots, terme donné par les catholiques français aux protestants durant les guerres de religion. Ce mot proviendrait de Hughes de Savoie, chef des patriotes hostiles au duc de Savoie.
L'édit royal d'Henri IV garantissait la liberté de conscience partout dans le royaume de France. S'il accordait la liberté de culte, il posait aussi des limites aux huguenots. Ainsi, la liberté de culte n'était garantie que dans les lieux où les protestants étaient installés avant 1597, de même que dans 3500 châteaux de seigneurs et dans deux localités par bailliage.
Le roi Henri IV autorisaient que, dans certaines villes (Bordeaux, Grenoble, Castres), les huguenots soient jugés par des tribunaux constitués par des protestants (50 %) et des catholiques (50 %). Le culte protestant était interdit dans certaines villes comme Paris, Rouen, Dijon, Toulouse, Lyon, etc. Dans d'autres villes, c'était la religion catholique qui était interdite: Saumur, Sedan, La Rochelle, Montauban, Montpellier, etc.
Concernant les droits civils, les huguenots devaient avoir accès aux charges et aux dignités du Royaume. De plus, quelque 150 lieux de refuges furent accordés aux protestants, dont 51 «places de sûreté» (La Rochelle, Royan, Niort, Cognac, Saumur, Bergerac, Montauban, Montpellier, Nîmes, Alès, Briançon, etc. Ces places de sûreté pouvaient être défendues par des troupes ne devant pas excéder 30 000 soldats.
Si la promulgation de l'édit de Nantes mettait fin aux guerres de religion qui avaient ravagé la France durant tout le XVIe siècle, il fut mal reçu par les catholiques qui y ont vu un moyen temporaire de contenir les huguenots en attendant leur prochaine liquidation. Pour ces derniers, l'édit de Nantes fut considéré comme une trêve dans la conversion forcée vers le catholicisme.
La révocation de 1685 (édit de Fontainebleau)
Comme il était dans les coutumes en Europe à cette de l'époque, les monarchies toléraient aisément une multitude de langues dans leur État, mais elles ne pouvaient généralement admettre que deux religions puissent cohabiter dans un même État. Dès le règne de Louis XIII (1610–1643), le cardinal de Richelieu avait réduit progressivement les libertés religieuses accordées par le roi Henri IV. Quant à Louis XIV (1643-1715), il entreprit, à partir de 1660, une politique de conversion des huguenots au catholicisme. C'est à cette époque que les huguenots furent appelés «religionnaires», en raison des documents officiels qui employaient l'expression «religion prétendue réformée» pour désigner le protestantisme.
Louis XIV interdit progressivement la plupart des professions aux protestants réformés et fit peu à peu démolir leurs temples. En octobre 1685, il ne restait plus qu'une vingtaine de temples réformés encore en activité. Sur la foi de rapports optimistes, Louis XIV en vient à croire que la religion réformée n'était plus pratiquée dans le Royaume. Il révoqua donc l'édit de Nantes octroyé par son grand-père. Ce fut l'édit de Fontainebleau, contresigné par le chancelier Michel Le Tellier, le 22 octobre 1685. Dès lors, le protestantisme devenait interdit sur tout le territoire français, y compris dans les colonies des Antilles ou de l'Amérique septentrionale (Canada, Acadie, Plaisance, Louisbourg, Louisiane). L'édit de Fontainebleau comptait 12 articles :
Art. 1 : révocation de l'édit de Nantes (1598) signé par Henri IV et de l'édit de Nîmes (1629) signé par Louis XIII; démolition de tous les temples encore debout;
Art. 2 et 3 : interdiction de tout exercice de la religion prétendue réformée (RPR), y compris chez les seigneurs;
Art. 4 : bannissement dans les quinze jours, sous peine de galères, des pasteurs qui ne voudraient pas se convertir;
Art. 5 et 6 : incitations à la conversion des pasteurs : pension à vie et facilité de reconversion vers les professions judiciaires;
Art. 7 : interdiction des écoles protestantes,
Art. 8 : obligation aux réformés de faire baptiser et de faire instruire leurs enfants dans la religion catholique;
Art. 9 : confiscation des biens des réformés déjà partis à l'étranger, sauf s'ils reviennent dans un délai de quatre mois;
Art. 10 : interdiction aux réformés d'émigrer à l'étranger sous peine de galères pour les hommes et de prison pour les femmes;
Art. 11 : punition des relaps, c'est-à-dire des «nouveaux convertis» qui reviendraient au protestantisme;
Art. 12 : autorisation pour ceux qui ne se seraient pas encore convertis, de résider en France, à condition d'observer les dispositions précédentes.
Le roi croyait ainsi, à l'exemple de l'empereur romain Constantin (qui régna de 306 à 337) réaliser l'unité de l'Église et de l'État. Toutefois, la révocation de l'édit de Nantes entraîna l'exil de dizaines de milliers de huguenots. On estime 300 000 le nombre de Français qui ont quitté leur pays pour des raisons religieuses, avec comme conséquence l'affaiblissement de l'économie française au bénéfice des États protestants qui les ont accueillis, notamment l'Angleterre, puis la Suisse, les Pays-Bas, la Prusse, les colonies de la Nouvelle-Angleterre, les Antilles, l'Amérique latine, les colonies de ce qui est aujourd'hui l'Afrique du Sud, l'océan Indien, etc.
Cette révocation de l'édit de Nantes est considérée par les historiens comme l'une des plus graves erreurs de Louis XIV. De nombreux huguenots refusèrent d'abjurer leur foi et préférèrent l’exode à la conversion forcée. Non seulement le départ de 300 000 huguenots priva la France de nombreux hommes d'affaires, de commerçants et de gens instruits, mais ces huguenots contribuèrent dans le monde entier à discréditer la France et son roi. La plupart des huguenots français se fondirent ensuite dans la population locale et, après une brève période de bilinguisme, abandonnèrent complètement l'usage du français, sauf en Suisse romande.
Dernière mise à jour: 15 déc. 2015