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Finlande
3) Données historiques
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République de Finlande
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1
Les premiers peuples
Ce sont les Lapons (aujourd’hui appelés «Sames») qui, vers 9000 ans avant notre
ère, s’installèrent les premiers sur le territoire actuel de la Finlande.
C'était un peuple de chasseurs, vivant essentiellement des produits de la pêche,
de la chasse, de la pose de pièges et, en complément, de leur élevage de
rennes. Il y a quelque 2000 ans, les Lapons formaient le peuplement
principal dans toute la Scandinavie.
À partir du Ier siècle de notre ère, les Finnois, parlant une
langue de la famille
ouralienne, arrivèrent d’Europe centrale, puis de Scandinavie et de
Russie, pour s’établir en Finlande. Ils tissèrent des liens commerciaux avec
les Vikings et fondèrent de nombreux comptoirs marchands. Dès les premiers
siècles de l'arrivée des Finnois en Finlande, les Lapons (ou Sames) furent chassés et
refoulés vers le nord ou soumis à la servitude. Le résultat de cette retraite
constante vers le nord, c'est que les Sames d'aujourd'hui n'occupent plus que la
municipalité d'Utsjoki.
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2 La période suédoise
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En 1155, le roi de Suède Éric IX Jedvarsson (dit «Éric
le Saint») soumit la Finlande et introduisit le christianisme. En l'an 1216, le
pape confirma le droit de la couronne suédoise d'acquérir des propriétés en
Finlande qui devint ainsi une composante du royaume de Suède. Le droit et le
système social scandinave s'imposèrent en Finlande sous l'influence de la
Suède, mais c'est la Finlande qui apportait la contribution militaire la plus
importante; celle-ci fut assujettie politiquement.
Lorsque la reine Marguerite Valdemarsdotter imposa l'Union de Kalmar
en 1397, soit la la
réunion de la Finlande, du Danemark, de la Suède et de la Norvège, la
Finlande fut pendant longtemps soumise aux politiques dynastiques des pays
scandinaves. La noblesse suédoise obligea les Finlandais à payer de lourds
impôts.
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La langue finnoise resta une langue subalterne
tout au cours de la domination suédoise. En fait, le suédois et le
latin étaient les seules langues d’enseignement; le suédois était
l’unique langue officielle de l’administration; le finnois restait
la langue parlée par le peuple et les gens de la campagne; il
restait la langue des paroisses et des églises. La seule langue écrite que les Finnois purent utiliser
était le suédois, car la noblesse suédoise ne formait les cadres locaux qu’en
suédois. On devine que la culture et la langue suédoises ont laissé de
profondes empreintes sur la Finlande, bien que la plupart des Finlandais n'aient
jamais parlé le suédois.
Le premier texte écrit en finnois fut la traduction du
Nouveau Testament par Mikael Agricola en 1548, sous le règne de Gustave Vasa et
au temps de la Réforme luthérienne. À partir du XVIe siècle, les Finlandais
subirent les invasions guerrières de la Russie et perdirent progressivement des
portions de leur territoire. La guerre du Grand Nord de 1700 à1721 marqua
l'effondrement de l'Empire suédois, tandis que les russes occupèrent le
territoire de la Finlande. Les dirigeants finlandais demandèrent alors le
détachement du royaume de Suède. Finalement, les Russes abandonnèrent leur
conquête.
3 La période russe
En 1809, le territoire perdu de la Suède devint le
grand-duché de Finlande dans l’Empire
russe. Conformément au traité de Tilsit conclu en 1807 entre le
tsar de Russie, Alexandre Ier, et Napoléon Ier, la Finlande revenait
officiellement à la Russie. La Suède dut céder toute la Finlande et les îles
d’Åland à la Russie (voir la figure
de 1809 ci-dessous). En
réalité, le tsar de Russie devenait «grand-duc de Finlande» et devait
reconnaître les libertés traditionnelles du pays, tandis que le Sénat
finlandais jurait fidélité au souverain. En fait, les habitants du grand-duché
de Finlande étaient des «sujets finlandais du tsar» avec leur propre
citoyenneté.
3.1 La période libérale
Afin de contrer les influences
suédoises, le tsar Alexandre II accorda de nombreux privilèges à la Finlande et la
promut au rang des «nations». Pendant presque tout le XIXe
siècle, le conquérant russe se montra conciliant et laissa une grande autonomie aux Finlandais tout en s’accordant un droit de veto sur les grandes
décisions du pays; Helsinki devint la capitale à la place de Turku. Le finnois
réussit à acquérir le statut de langue co-officielle avec le suédois en
Finlande, tandis qu’un réseau d’écoles fut créé pour accroître le rôle
du finnois dans la société, mais ces tentatives ne réussirent pas à
contrebalancer la dominance du suédois et du russe.
Pourtant, on estime que
vers 1860 moins de 15 % de la population avait le suédois comme langue
maternelle. Mais, à cette époque, la question de la langue des autorités ne
constituait qu'une «matière administrative» et concernait fort peu le
peuple lui-même, qui continuait à employer sa langue dans la vie de tous les
jours.
3.2 La répression et la russification
Cependant, cette période dite libérale avec la Russie se
termina brusquement. Lors de son accession au trône en 1894, le tsar Nicolas II
(1894-1917) avait fait serment de respecter l'autonomie du grand-duché de
Finlande, mais il entreprit de modifier ce statut et de
remettre en question le droit constitutionnel finlandais. La Russie mena alors une forte campagne de
russification et l’usage du russe fut imposé dans plusieurs secteurs de l’administration;
elle tenta même d’imposer l’usage
du russe au Sénat finlandais, ce qui mit le feu aux poudres.
Les Finlandais réagirent en tentant de protéger
le finnois dans l'enseignement et dans l'administration. Après la défaite des
Russes contre le Japon (1906), le tsar dut libéraliser le régime et ralentir
le processus de russification. La campagne de russification fut suspendue et
partiellement inversée en 1905-1907 pendant une période de troubles civils dans
tout l’Empire russe à la suite des défaites russes dans la guerre
russo-japonaise.
Cependant, une nouvelle vague de russification
envahit la Finlande en 1908, avec comme point culminant l'année 1912, alors
que la Loi sur l'égalité
des droits (en russe: закон об уравнении в правах) fut adoptée, laquelle octroyait aux Russes de Finlande les mêmes droits que
ceux de la population locale. En voici quelques extraits:
Высочайше утвержденный, 20 Января 1912 года, закон об уравнении в
правах с финляндскими гражданами других русских подданных.
1. Русским подданным, не
принадлежащим к числу финляндских граждан, предоставить в
Финляндии равные с местными гражданами права.
2. Взимание казенных, а равно и
городских и сельских общинных сборов с военнослужащих
расположенных в Финляндии русских войск производить на
существующих ныне основаниях.
III. Лицам, получившим образование в
Имперских учебных заведениях или выдержавшим установленные в Империи
соответствующие курсу сих заведений испытания, предоставить в
Финляндии равные права с лицами, получившими образование в
соответствующих финляндских учебных заведениях или выдержавшими на
основании местных правил соответствующие испытания; определение
соответствия между Имперскими и финляндскими учебными заведениями и
соответствующими им испытаниями предоставить Финляндскому Генерал-Губернатору,
по соглашению его с подлежащими Министрами и Главноуправляющими
отдельными частями.
1. Право занимать должности
преподавателя истории во всех финляндских учебных заведениях
предоставить всем исповедывающим христианскую веру русским
подданным на одинаковых с финляндскими гражданами основаниях.
2. Постановить, что русским
подданным предоставляется подавать в учреждения и должностным
лицам Великого Княжества Финляндского бумаги и прошения на
русском языке, и что ответы на такие бумаги и прошения должны
быть сообщены также на русском языке.
3. Постановить, что исходящие
непосредственно от учреждений и должностных лиц Великого
Княжества Финляндского и обращаемые к русским подданным бумаги
могут быть излагаемы и на местном языке, но, по письменному
требованию о том получателей, бумаги эти должны быть сообщаемы
им в переводе на русский язык.
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Le
20 janvier 1912, la Loi sur l’égalisation des droits avec les
citoyens finlandais d’autres sujets russes a été approuvée.
1. Les sujets
russes qui n’appartiennent pas au nombre de citoyens finlandais
doivent se voir accorder les mêmes droits que les citoyens
locaux en Finlande.
2. La perception des taxes appartenant à l’État, ainsi que des
taxes communales urbaines et rurales auprès du personnel
militaire des troupes russes stationnées en Finlande doivent
s'effectuer sur la base de ce qui existe actuellement.
III. Les personnes
qui ont fait leurs études dans les établissements d’enseignement du
Reich ou qui ont réussi les tests prescrits dans le Reich
correspondant au cursus de ces établissements jouissent en Finlande
des mêmes droits que les personnes qui ont été éduquées dans les
établissements d’enseignement finlandais concernés ou qui ont réussi
les tests pertinents, conformément à la réglementation locale; la
détermination de la conformité entre le Reich et les établissements
d’enseignement finlandais et les épreuves correspondant à celles-ci
seront laissées au gouverneur général de la Finlande, en accord avec
les ministres respectifs et les gouverneurs en chef des différentes
parties.
1. Le droit
d’occuper les postes de professeur d’histoire dans tous les
établissements d’enseignement finlandais est accordé à tous les
sujets russes professant la foi chrétienne au même titre que les
citoyens finlandais.
2. Décidons que
les sujets russes seront autorisés à présenter des documents et
des requêtes en langue russe aux institutions et aux
fonctionnaires du grand-duché de Finlande, et que les réponses à
ces documents et requêtes seront également communiquées en
russe.
3. Décidons que les documents émanant directement des
institutions et des fonctionnaires du grand-duché de Finlande et
adressés à des sujets russes pourront être rédigés dans la
langue locale, mais, à la demande écrite des destinataires, ces
documents leur seront communiqués en traduction en russe.
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Cette loi ouvrait tous les bureaux du gouvernement
finlandais et de la fonction publique aux Russes. De nombreuses mesures furent
de nouveau suspendues en 1914-1917 pendant la Première Guerre mondiale, mais des
documents secrets du gouvernement publiés dans la presse finlandaise en novembre
1914 suggéraient que le gouvernement impérial nourrissait toujours des plans
pour la russification complète de la Finlande. Le tsar tenta d'introduire la législation impériale
russe comme source de droit finlandais. Mais la loi ne fut jamais
réellement appliquée et la russification échoua en raison du
nombre peu élevé de russophones dans le pays (0,2 %). Néanmoins, les
inscriptions en russe furent présentes dans la plupart des villes de la
Finlande.
4
La Finlande indépendante
Pendant la Première Guerre mondiale, les troupes
russes occupèrent le territoire de la Finlande, avec le résultat que le
pays ne fut pas formellement impliqué dans le conflit, et ce, d'autant
plus qu'il était encore contrôlé politiquement et économiquement par la
bourgeoisie suédophone. Puis, alors que la révolution d'Octobre de 1917
battait son plein en Russie, laquelle allait entraîner la chute du
régime tsariste, la prise du pouvoir par les bolcheviks et la création
de l'URSS, la Finlande proclama son indépendance le 6 décembre (voir
la figure
1917 ci-haut). Il
s'ensuivit une guerre civile qui dura plusieurs mois. Le tsar Nicolas II, qui avait
le pouvoir de ratifier les lois, perçut comme une menace l’activité
politique de la Finlande; il s’abstint de ratifier les lois.
4.1 L'accession à
l'indépendance et le finnois
Les troupes
finlandaises, commandées par le maréchal Carl Gustaf von
Mannerheim (1867-1951), un suédophone finlandais, l'emportèrent sur les
gardes rouges bolcheviques à Vyborg, le 30 avril 1918. La Finlande se
déclara indépendante et se dota
d'une constitution républicaine, le 17 juillet 1919,
et d'un président de la République (Kaarlo
Stahlberg). L'indépendance de la Finlande était désormais acquise; elle fut reconnue par l'Union soviétique en 1920. Un traité signé à Tartu, le 14 octobre 1920,
définit le tracé de la frontière avec la Russie, qui céda en outre à la
Finlande le territoire de Petsamo (voir figure 1920 ci-haut).
Le port de Liinahamari situé dans cette région était très important pour
la Finlande, car il était son unique accès sur la mer de Barents.
Mais la tâche n'était pas facile de restaurer le statut du
finnois dans une Finlande qui avait dû subir huit siècles de domination
linguistique, d'abord suédoise, puis russe. Contrairement à ce que l'on pourrait croire, le statut du
suédois ne fut pas remis en cause pour une raison bien simple: la bourgeoisie suédophone dirigeait encore le pays et ce fut même elle qui mena les
mouvements politiques en faveur de l’indépendance de la Finlande. L'article 22
de la
Constitution de 1919 proclamait le suédois et le finnois comme les langues
admises au Parlement:
§ 22
[version
finnoise]
Lait ja
asetukset, niin myös hallituksen esitykset eduskunnalle
sekä eduskunnan vastaukset, esitykset ja muut kirjelmät
hallitukselle annetaan suomen- ja ruotsinkielellä.
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Article 22
[traduction]
Toutes les lois et tous
les règlements, ainsi que tous les projets de loi du Parlement et
les réponses, les propositions et tout autre acte de procédure du
Parlement auprès du gouvernement doivent être rédigés en finnois et
en suédois. |
On ne parlait pas encore de «langues officielles» ni de
«langues nationales». Par la suite, le finnois et le suédois deviendront les
«langues nationales» de la Finlande. La Constitution inscrivit le principe de
l'obligation scolaire généralisée et de l'enseignement primaire gratuit. La
loi sur la scolarité obligatoire fut promulguée en 1921. En 1922, la Finlande
adopta la Loi sur les langues qui devait rester en vigueur jusqu'en 2003
après avoir été maintes fois modifiée.
4.2 La prépondérance du finnois
La langue finnoise parvint ensuite à exercer
graduellement sa prépondérance à la fois sur le suédois et sur le russe.
Toutefois, le pays dut subir encore une fois l'invasion russe en 1939. Le
traité de Moscou de 1940 mit fin à la guerre, mais imposa à la Finlande des
pertes territoriales considérables et causa la ruine économique du pays. En
effet, en septembre 1944, la Finlande dut céder Petsamo à l'URSS, y compris une
partie de la Carélie au sud (figure 4) et, au nord-est, la commune de
Salla (figure 4). En 1947, lors du traité de Paris, les
clauses du traité accentuèrent encore le désastre
économique de la Finlande qui fut contrainte de verser de lourdes compensations
de guerre. La Finlande fut contrainte de vendre le Territoire de Jäniskoski–Niskakoski
et sa centrale hydroélectrique, en échange du retour des investissements
allemands en Finlande, confisqués par l'URSS.
La Finlande se libéra définitivement de la tutelle
soviétique dans les années 1950, alors qu'elle adhéra à l'Organisation
des Nations unies en 1950, puis au Conseil nordique en 1960 et à l’Union
européenne en 1995. Après le démantèlement de l’URSS (1991), les relations
diplomatiques furent rétablies avec l'Estonie, la Lettonie et la Lituanie.
Finalement, le 1er janvier 1995, la Finlande adhéra à l'Union
européenne. La première Constitution de la Finlande, celle de 1919, dite Forme
de gouvernement de la Finlande, fut abolie lors de l’adoption de la
nouvelle Constitution du 11 juin 1999 et dont l’entrée en vigueur était
prévue pour le 1er mars 2000. De plus, la nouvelle
Loi sur les
langues (qui a abrogé celle de 1922) entrait en vigueur le 1er
janvier 2004. En 2007, le gouvernement finlandais entreprit une réforme des
structures municipales. De 446, le nombre des municipalités passait à 350 après les fusions prévues jusqu'en 2009.
La réduction du nombre
des municipalités allait entraîner un changement important du statut linguistique de
nombreuses municipalités.
La
Finlande est officiellement bilingue depuis sa création,
en 1917, alors que les finnophones forment aujourd'hui
une écrasante majorité de plus de 88 %, contre une
minorité suédophone de moins de 5 %. C'est pourquoi les
suédophones craignent la finlandisation de leur langue.
Si les autorités finlandaises se montrent rassurantes,
les esprits s’échauffent, surtout depuis que le
Perussuomalaiset,
parti politique connu en français comme les
Vrais Finlandais (en anglais: True Finns),
proclame sa volonté de jeter hors de la Finlande la
langue suédoise et qui, en avril 2011, a raflé 19 % des
suffrages aux législatives. De plus, l'Association pour
la langue et la culture finnoises (Suomalaisuuden
Litto) dénonce par la voix de son vice-président
«une situation ubuesque où 95% de la population est
forcée d’étudier une langue parlée par mins de 5% des
citoyens». Cette politique est dénoncée parce qu'elle
coûterait «des milliards» et mobiliserait des moyens
humains et financiers qui pourraient être utilisés à
meilleur escient pour enseigner des langues plus utiles
que le suédois en Finlande. On suppose qu'il s'agit de
l'anglais, qui est déjà appris à l'école par la
quasi-totalité jeunes Finlandais.
Bref, le bilinguisme
finnois-suédois proclamé par la
Constitution et la
Loi sur les langues
(2003) ne fait plus consensus. Bien que la
protection de la langue suédoise soit
«bétonnée» en Finlande et que les suédophones peuvent
accéder dans leur langue dans toutes les administrations
publiques, la pratique du bilinguisme est devenue plus
problématique à cause des réticences croissantes de la
majorité finnophone. Néanmoins, il n'existe plus aucune
municipalités unilingues suédoise en Finlande en
dehorsd'Aland et de plus en plus de municipalités
bilingues à majorité suédoise se transforment en
municipalités bilingues à majorité finnoise.
Dernière mise à jour:
18 févr. 2024