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Îles Malouines(Falkland Islands) Territoire britannique d'outre-mer |
Capitale: Port Stanley Population: 2800 habitants (+ 2000 soldats britanniques) Langue officielle: anglais (de facto) Groupe majoritaire: anglais (96 %) Groupes minoritaires: espagnol (3,5 %), japonais (0,8 %) Système politique: territoire britannique d'outre-mer Articles constitutionnels (langue): art. 1, 5, 6, 16 et 18 de la Constitution du 1er janvier 2009 Lois linguistiques: Loi sur la nationalité britannique (1981); Loi sur la marine marchande (1995); Loi sur le Tribunal pénal international (Territoires d'outre-mer) (2001); Loi sur la nationalité, l'immigration et le droit d'asile (2002); Loi sur l'éducation (2002). |
Les îles Malouines
(en anglais:
Falkland Islands; en espagnol: Islas Malvinas) forment un
archipel du sud de l'océan Atlantique, à l'est du détroit de Magellan et
au nord-est de l'extrémité australe de l'Amérique du Sud (voir
la carte générale). Les quelque 200 îles de l'archipel sont réparties en deux
groupes principaux à l'est et à l'ouest du détroit des Falkland: l'East Falkland ou
Falkland orientale et
la West Falkland ou Falkland occidentale (voir
la carte détaillée).
L'archipel a une superficie totale d'environ 12 173 km², correspondant à peu près à celle de l'Irlande du Nord (14 139 km²) ou une fois et demi celle de la Corse (8691km²). la Falkland occidentale occupant 6760 km² et la Falkland orientale, 5413 km², toutes les deux comprenant de nombreux îlots attenants. La capitale est Port Stanley (ou Stanley) sur la côte est de la Falkland orientale. Les îles Malouines constituent un territoire britannique d'outre-mer (Overseas Territory of the Falkland Islands), distant de 15 000 km de la Grande-Bretagne. |
Du point de vue géologique, les îles Malouines font partie de la Patagonie, située en Argentine, et sont reliées au continent par un plateau sous-marin élevé. Les Malouines sont situées à 485 km des côtes argentines, soit trente fois moins que pour Londres.
De son côté, l'Argentine a toujours revendiqué les îles Malouines (les Malvinas) comme faisant partie de son territoire national. Voici les «dispositions transitoires» de la Constitution argentine de 1994:
DISPOSICIONES TRANSITORIAS - Argentina Primera. 1) La Nación Argentina ratifica su legítima e imprescriptible soberanía sobre las islas Malvinas, Georgias del Sur y Sandwich del Sur y los espacios marítimos e insulares correspondientes, por ser parte integrante del territorio nacional. 2) La recuperación de dichos territorios y el ejercicio pleno de la soberanía, respetando el modo de vida de sus habitantes, y conforme a los principios del Derecho Internacional, constituyen un objetivo permanente e irrenunciable del pueblo argentino. |
DISPOSITIONS TRANSITOIRES - Argentine Première disposition 1) La nation argentine ratifie sa souveraineté légitime et imprescriptible sur les îles Malouines, les îles Géorgie du Sud et Sandwich du Sud ainsi que les espaces maritimes et insulaires correspondants comme faisant partie intégrante du territoire national. 2) La récupération de ces territoires et l'exercice entier de la souveraineté, respectant le mode de vie de ses habitants, et conformément aux principes du droit international, constituent un objectif permanent et irrévocable du peuple argentin. |
Les Argentins réclamaient aussi comme appellation internationale le nom de Islas Malvinas (îles Malouines, en français). Aujourd'hui, la Géorgie du Sud-et-les Îles Sandwich du Sud sont sous la même juridiction que les îles Malouines. Les îles Malouines fonctionnent presque comme une démocratie à part entière, avec leur propre constitution, leurs lois et leur budget. Seule la politique étrangère et la défense sont assurées par la Grande-Bretagne. Vestige du colonialisme, un gouverneur représente la couronne britannique et parlemente avec le Parlement local. Pour les Argentins, les "Islas Malvivas son Argentinas" («les îles Malouines sont argentines») sont argentines, car la souveraineté territoriale de l'archipel lui appartient depuis 1820, alors que l'Espagne cédait ces îles au gouvernement de Buenos Aires. Le 2 janvier 1833, les Britanniques occupèrent militairement l'archipel et se l'approprièrent unilatéralement. |
La présidence argentine a toujours dénoncé la «militarisation de l’Atlantique-Sud» et le «piratage de ses ressources pétrolières» de la part du Royaume-Uni. Dans une lettre adressée au premier ministre britannique et datée du 3 janvier 2013, Mme Kirchner, la présidente de l'époque, demandait au Royaume-Uni de négocier la restitution des îles Malouines à l'Argentine.
Néanmoins, le gouvernement argentin ne remet pas en question les Accords de Madrid, signés en 1990 par le président Carlos Menem (1989-1999) et qui cédait un million de kilomètres carrés de mer territoriale au Royaume-Uni; il ne reconsidère pas non plus la Loi de protection des investissements britanniques. Et il continue de payer scrupuleusement la dette envers les banques anglaises et de subventionner les sociétés britanniques.
Selon le Comité de la décolonisation de l'ONU, il existe actuellement seize territoires colonisés en litige. Dix d'entre eux sont britanniques : les Malouines, Gibraltar (revendiqué par l'Espagne), Anguilla, les îles Vierges britanniques, les îles Caïman, Montserrat, les îles Turks-et-Caïcos, l'île de Sainte-Hélène, les Bermudes et l'île Pitcairn dans le Pacifique.
La population des îles Malouines est de 2800 habitants, auxquels il faut ajouter la présence de quelque 2000 soldats britanniques. La capitale Stanley regroupe à elle seule les trois quarts de la population (environ 2200 habitants), le reste étant dispersé sur les deux îles principales et sur quelques îles avoisinantes (environ 600 habitants); seulement quinze îles sont habitées sur les 200 que compte l’archipel. La population des Malouines est très majoritairement d'origine britannique ou provient de l'île Sainte-Hélène (Afrique). Seule une petite partie de la population est d'origine chilienne (une centaine d'individus) ou japonaise (auparavant 25 individus, mais pratiquement disparue maintenant).
Autrement dit, les insulaires dont majoritairement des Blancs, mais il y a aussi des Noirs saint-hélèniens et des Hispaniques chiliens. Les insulaires de souche, tous des éleveurs de moutons, des pêcheurs, ou des descendants de militaires et de fonctionnaires, sont appelés kelpers («habitants des varechs») ou campers («campeurs»), selon qu'ils habitent le littoral ou les régions intérieures. Autrement dit, les Islanders ne constituent guère une population «autochtone», car comme dans toute enclave il s'agit d'une population «externe» qui y fut implantée. D'ailleurs, presque tous sont des descendants de Britanniques, mais avec un niveau de vie supérieur à celui des Anglais européens, et protégés par une troupe permanente de soldats britanniques.
En plus des insulaires des Malouines, il existe un contingent d'environ 2000 militaires britanniques, généralement membres de la Royal Air Force (RAF). Ils sont massivement cantonnés à la base de Mount Pleasant et certains à Mont Kent, mais vivent complètement à l'écart de la population. Les militaires ne résident que de quatre à six mois sur l'île de la Falkland orientale et sont autosuffisants en termes d'approvisionnements et de divertissements. Ils n'ont à peu près aucun contact avec la population de souche. À part les Chiliens (espagnol) et les très rarissimes Japonais, tous parlent l'anglais britannique. Forcément, en tant que que colonie britannique, l'archipel des Malouines a l'anglais comme langue officielle.
Le premier découvreur européen des îles aurait été, selon les Argentins, le navigateur espagnol Esteban Gomez (1520); pour les Britanniques, ce fut John Davies en 1592. En 1600, le navigateur hollandais Sebald Van Weert avait accosté sur les îles et les avait nommées îles Sebald. En 1690, le capitaine John Strong, un Anglais, navigua sur le détroit entre la Falkland orientale et la Falkland occidentale, et lui donna le nom de détroit de Falkland (d'après Lucius Cary, deuxième vicomte de Falkland).
3.1 Les Malouines françaises
Grâce à un capital familial, le comte Louis-Antoine
de Bougainville (1729-1811), un Français, qui avait été aide de camp du marquis de Montcalm,
fonda la Compagnie de Saint-Malo pour la colonisation des Malouines. Il avait
comme objectif de relocaliser les
Acadiens déportés de la
Nouvelle-Écosse ayant transité par la France. En 1763, de Bougainville prit
possession de la Falkland orientale au nom de Louis XV et y installa des
Acadiens chassés du Canada par les Britanniques (lors de la
déportation des Acadiens).
L'année suivante, d'autres colons acadiens et français venus de Saint-Malo (d'où le nom
de Malouines) s'ajoutèrent à la petite communauté naissante. Les Acadiens
et les Français défrichèrent le sol et fondèrent un petit bourg nommé
Port-Louis.
En 1765, des Britanniques s'installèrent sur la Falkland occidentale. Mais les Espagnols s'insurgèrent contre cette présence «illégale» des Français et des Anglais parce que les Malouines faisaient partie de leur vice-royaume de Lima. Soucieux d´éviter un conflit avec l'Espagne alliée, Louis XV céda ses droits sur l'archipel en vendant la petite colonie aux Espagnols pour un demi-million de francs (?). |
Le 25 mars 1767, trois bâtiments de la Marine française vinrent rapatrier la colonie fondée par Bougainville, qui écrivit alors:
Le ler avril (1767), je livrai notre établissement aux Espagnols qui en prirent possession en arborant l'étendard d'Espagne, que la terre et les vaisseaux saluèrent de vingt et un coups de canon au lever et au coucher du soleil. J'avais lu aux Français habitants de cette colonie naissante une lettre du roi, par laquelle Sa Majesté leur permettait d'y rester sous la domination du roi catholique. Quelques familles profitèrent de cette permission ; le reste, avec l'état-major, fut embarqué sur les frégates espagnoles, lesquelles appareillèrent pour Montevideo le 27 au matin. |
Presque toute la colonie repartit à bord des vaisseaux français, mais une trentaine d'Acadiens restèrent sur l'île où vivent probablement encore leurs descendants. En 1774, les Britanniques quittèrent les îles pour des raisons économiques. Lire aussi l'article de «La nouvelle Acadie»: les lieux de déportation et d'exil des Acadiens.
3.2 Les Malouines espagnoles
Les Islas Malvinas restèrent donc espagnoles jusqu'en 1811. Quelques années plus tard, soit en 1816, l'Argentine se libéra de la tutelle espagnole et, en 1820, revendiqua la souveraineté sur les Islas Malvinas. Selon les Argentins, le nouvel État devait hériter automatiquement de tous les droits espagnols de la région, ce qui incluait les Malvinas (Malouines). Les autorités argentines y installèrent un gouverneur et une petite colonie pénitentiaire. Toutefois, afin d'éviter la prise des îles par les Américains, les Britanniques reprirent les Malouines aux Argentins en janvier 1833, sans devoir tirer un seul coup de feu. Puis ils expulsèrent les habitants et soutinrent n’avoir jamais renoncé à leurs droits, ce qui n'empêcha pas l'Argentine de maintenir ses revendications, en vain. |
3.3 Les Malouines anglaises
En 1837, les Malouines/Malvinas s'appelèrent officiellement Falkland Islands et obtinrent officiellement le statut de «colonie britannique». Les îles Falkland (Malouines, en français) connurent ensuite une longue période de paix durant un siècle et demi. Pendant les deux grandes guerres mondiales, les îles démontrèrent leur grande valeur stratégique. En décembre 1914, un escadron de la marine britannique basé à Stanley combattit la flotte allemande et reprit le contrôle de l’Atlantique-Sud. En décembre 1939, la bataille de River Plate fut remportée par un groupe de croiseurs de la Royal Navy; après le conflit, un des navires mouilla à Port Stanley pour des réparations. Les insulaires continuèrent d'élever leurs moutons et à parler l'anglais.
3.4 La guerre des Malouines
Les négociations en vue d'un règlement du conflit argentino-britannique sur la souveraineté des îles Malouines commencèrent au milieu des années 1960 aux Nations unies. Les discussions étaient encore en cours en avril 1982, lorsque les forces argentines (plus de 10 000 soldats) envahirent et occupèrent toutes les îles britanniques (les Malouines, la Géorgie-du-Sud et la Sandwich-du-Sud) pendant environ dix semaines dans une tentative de régler la question par la force. Sur les places publiques de Buenos Aires, les combattants argentins étaient salués en héros. Le président argentin de l'époque, Eduardo Duhalde (de 2002 à 2003), avait pourtant déclaré : «Les Malouines sont nôtres et nous allons les récupérer, pas en faisant la guerre, mais par le travail, la foi et la persévérance... Il n'y a pas de titre de possession plus fort que celui octroyé par le sang.»
Mais l'enthousiasme des Argentins suscita l'humiliation et la colère des Britanniques qui décidèrent de riposter. Ce fut la «guerre des Malouines» (blocus maritime et attaque de la flotte argentine) au terme de laquelle l'Argentine fut vaincue par les forces britanniques et se rendit le 14 juin 1982. Trois jours après la capitulation argentine, le général Leopoldo Galtieri démissionnait de la présidence de la République argentine; il avait lancé son pays dans l'aventure nationaliste dans l'espoir de sauver la dictature militaire menacée par la crise économique et les mobilisations syndicales. Il croyait aussi que les Britanniques ne protesteraient que pour la forme, car Londres s'était bel et bien désintéressé du sort de ces îles déjà qualifiées par Samuel Johnson au XVIIe siècle «de rude inhospitalier et coûteux appendice aux possessions de la Couronne». |
Toutefois, la junte militaire argentine avait mal évalué la puissance militaire nettement supérieure de la Grande-Bretagne. Le bilan de l'affrontement pour les Malouines s'éleva à 904 morts, 649 Argentins, 255 Britanniques et trois Islanders. Quelques mois plus tard, la dictature argentine s'écroula, victime de la violence qu'elle avait déclenchée contre sa population.
Loin d'être une crise sans importance, la guerre des Malouines a laissé un souvenir resté vivace tant en Argentine qu'en Grande-Bretagne, ce qui a suscité des rancœurs patriotiques tenaces. Pour les Argentins, la Grande-Bretagne aurait fait la guerre et sacrifié des vies, non pas pour les bergers des Malouines, mais plutôt pour miser sur le potentiel minier et pétrolier de la Péninsule, voire pour renforcer l'orgueil britannique, ce qui leur paraît encore plus «stupide». Pour la Grande-Bretagne, la stratégie de la réplique militaire à l'Argentine de la part de la «Dame de fer» (Margaret Thatcher, alors première ministre) correspondait à une volonté de susciter l'orgueil national afin de faire oublier le chômage, l'austérité, le problème irlandais et renforcer son propre prestige auprès des électeurs en cas de victoire. De fait, Margaret Thatcher allait tirer profit d'un conflit qui, détournant les préoccupations de la population britannique frappée par sa politique antisociale, lui permettra, grâce à l'élan de fierté nationaliste, de gagner les élections suivantes.
3.5 Le retour de la paix
Depuis la Constitution de 1985, les îles Malouines sont administrées par un gouverneur britannique et un conseil législatif de dix membres. Les relations diplomatiques entre l'Argentine et la Grande-Bretagne n'ont repris qu'en 1990. En juillet 1999, les deux pays signèrent un accord dans le but de réduire les tensions liées au conflit des Malouines. Cet accord précisait que les îles Malouines et l'Argentine devront coopérer en matière de pêche et de conservation du milieu naturel; que les citoyens argentins pourront entrer aux Malouines avec un passeport (sous réserve de l'autorisation du gouvernement des Malouines); qu'un mémorial pour les victimes argentines du conflit sera construit aux Malouines; que les deux gouvernements vont continuer d'étudier les modalités et le coût du nettoyage des mines anti-personnel laissées par le conflit (plus de 25 000 mines). Mais une disposition linguistique du traité mérite d'être soulignée. Le paragraphe 2 de l'article IV de l'accord précise ce qui suit:
Article IV 2) The Argentine Government is prepared to look at the question of toponomy in the Falkland Islands. To that end it will continue to consult the appropriate national institutions. |
Article IV 2) Le Gouvernement argentin est prêt à reconnaître la question de toponymie dans les îles Malouines. À cette fin, il continuera à consulter les établissements nationaux appropriés. |
Cette disposition signifie en clair que le gouvernement argentin s'engage à ne plus faire mention des toponymes espagnols qui avaient été imposés par décret de la part du général Galtieri. Cela dit, la question de la souveraineté des Malouines demeure encore aujourd’hui une question d'actualité. D'une part, le conflit lui-même a prouvé la détermination du Royaume-Uni à conserver et à soutenir les Malouines, d'autre part, les relations entre l’Argentine et la Grande-Bretagne sont en voie de normalisation. Paradoxalement, les efforts de Londres pour diminuer les tensions avec l'Argentine sont mal perçus par la majorité des habitants des Malouines. Ils sont le sentiment d'être abandonnés par la mère patrie et qu'ils n'ont guère la possibilité d’influencer les Britanniques qui conservent la responsabilité de la défense et de la politique extérieure des îles. Jusqu'en 1985, la Géorgie-du-Sud (3755 km²), une île située à quelque 1300 km au sud-est des îles Malouines, et les îles Sandwich-du-Sud (337 km²), à environ 750 km au sud-est de la Géorgie-du-Sud, furent sous la dépendance du gouvernement des Malouines, avant de devenir une colonie britannique distincte.
Aujourd'hui, l'économie n'est plus basée exclusivement sur l'élevage du mouton, mais sur le tourisme et le pêche au calmar. En réalité, le gouvernement local vend des permis d'exploitation aux navires étrangers. Celles-ci rapportent annuellement plus de 30 millions d'euros au gouvernement des Falkland, ce qui a permis de financer de gros projets d'infrastructures, tels les routes et les édifices publics. Quant au potentiel pétrolier, les insulaires ne cherchent même plus, tant cette hypothèse leur paraît aujourd'hui farfelue. Néanmoins, cette éventualité n'a fait qu'aiguiser l'intérêt pour cet archipel battu par les vents, peuplé de 2800 habitants et 500 000 moutons, où sont stationnés près de 2000 militaires. Pour sa part, l'Argentine interdit les bateaux se dirigeant vers le territoire de mouiller dans ses ports. Elle poursuit également en justice les compagnies pétrolières de la zone dont les activités d'exploration ont été déclarées «clandestines».
3.6 Le référendum de 2013
En mars 2013, plus de 70 % des quelque 2000 électeurs des îles Malouines ont pris part à un référendum destiné à montrer à l’Argentine et au reste du monde que l’archipel est déterminé à demeurer un territoire britannique. La question posée par le référendum était la suivante: «Est-ce que vous souhaitez que les îles Malouines conservent leur statut politique actuel de territoire d’outre-mer du Royaume-Uni?» Aucune autre solution, comme l’indépendance complète ou une certaine relation politique avec l’Argentine, n’a été proposée aux Islanders. Les habitants des îles Malouines ont, sans surprise, voté très massivement, soit à 99,8 %, en faveur du maintien dans le giron britannique. Seuls trois votes se sont exprimés contre parmi les 1517 électeurs.
Quant à l'Argentine, elle a qualifié le référendum comme une «tentative britannique de manipulation» et prévenu qu'il ne mettra pas un terme au différend sur la souveraineté. Pour Buenos Aires, les Islanders constituent une «population implantée» par les Britanniques et ne peuvent revendiquer le droit à l'autodétermination.
Le gouvernement local des Malouines ("Falkland Islands Government" : le FIG) n'a élaboré aucune politique linguistique particulière. Il pratique donc la non-intervention en matière de langue. À l'image de la mère patrie, la Constitution du 3 octobre 1985 (modifiée en 1997 et 1998) ne proclamait aucune langue officielle. La Constitution du 5 novembre 2008 (entrée en vigueur le 1er janvier 2009) ne proclame pas davantage de langue officielle, mais le texte fait allusion à l'arrestation et à la détention des personnes, lesquelles doivent être informées dans une langue qu'elles comprennent des motifs de leur arrestation ou de leur détention.
Constitution des îles Malouines de 2008
Article 1er Article 5 5)
Quiconque est arrêté ou détenu doit être informé, dès qu'il est
raisonnablement possible de le faire, et
dans une langue qu'il comprend,
de ses droits en vertu du paragraphe 4; et celui-ci doit aussi avoir
le droit et doit être informé, au moment même où il en a le droit,
de se taire et de recevoir les informations par le moyen le plus
rapide possible afin de connaître les motifs de arrestation et du
lieu de celui-ci.
Article 16
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De plus, la loi du Royaume-Uni s'appliquant aux Malouines sur le Tribunal pénal international de 2001, appelée aussi "ordonnance de 2009" impose au tribunal que tout justiciable a le droit d'être informé dans une langue qu'il comprend parfaitement et a le droit, par conséquent, aux services d'un interprète:
Article 15 Procédure
lorsque le tribunal rend l'ordre
Article 55
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L'anglais reste, bien sûr, la langue officielle de ce territoire d'outre-mer parce que c'est également la langue officielle de facto du Royaume-Uni. D'ailleurs, plusieurs autres lois du Royaume-Uni s'appliquent aux Falkland, dont la Loi sur la nationalité britannique (1981), la Loi sur la marine marchande (1995), la Loi sur la nationalité, l'immigration et le droit d'asile (2002) et la Loi sur l'éducation (2002). Ces lois imposent l'anglais pour obtenir la citoyenneté britannique, pour travailler dans la marine marchande ou recevoir son instruction.
4.1 L'anglais, langue de l'État
Le gouvernement local perpétue l'usage en vigueur depuis le début de la colonie en 1837. L'anglais est la seule langue admise au FIG, dans l'Administration, les tribunaux et l'éducation.
Quant aux écoles, c'est l'anglais qui sert d'unique langue d'enseignement. D'ailleurs, le système est entièrement calqué sur le système britannique, y compris les manuels. L’école est gratuite et obligatoire pour tous les enfants âgés de 5 à 16 ans. Le Falkland Islands Government fournit des professeurs, du matériel et des fournitures. Deux écoles à Stanley dispensent l’éducation des enfants pendant toute leur scolarité et trois petits établissements fonctionnent dans de grandes fermes (Port Howard, Goose Green et North Arm). Les jeunes enfants qui vivent dans des fermes isolées reçoivent des cours individuels ou en famille par des professeurs itinérants durant deux semaines toutes les six semaines. Les petits établissements et les professeurs itinérants sont épaulés par le Camp Education Unit basée à Stanley. Cette unité diffuse des leçons individuelles quotidiennes par le réseau radio ou le téléphone, et vient ainsi en aide aux enfants en leur donnant des devoirs entre les visites des professeurs. Les enfants plus âgés suivent des cours à Stanley et vivent dans des pensions de familles. Pour des études universitaires, les étudiants se rendent généralement en Grande-Bretagne.
Quant aux nouveaux immig
rants, le Département de l'éducation ("Education Department") songe à développer pour eux des cours d'anglais langue seconde.4.2 Les médias
Tous les médias fonctionnent en anglais. Le seul journal local, le Penguin News, est diffusé en anglais. La station de télévision locale (FIBS : Falkland Islands Broadcasting Station) n'est disponible qu'en anglais, de même que la radio (BFBS Radio et BFBS1 Falkland); des émissions de la BBC (British Broadcasting Corporation) sont également disponibles en anglais.
Comme dans tout le Royaume-Uni, l'unilinguisme anglais est omniprésent dans le fonctionnement de l’État. Les îles Malouines abritent une petite communauté essentiellement anglophone et de culture britannique. On ne voit pas comment la situation linguistique pourrait être autrement, et ce, d'autant plus que les communications avec le continent sud-américain sont quasiment coupées. En somme, la politique linguistique de ces îles n'apparaît pas du tout coercitive pour ses habitants et reste ce qu'elle a toujours été: la non-intervention.
Dernière mise à jour: 03 janv. 2024
Bibliographie
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Les territoires britanniques d'outre-mer