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République du Bénin

Bénin

Capitale: Porto Novo
Population: 8,7 millions (2010)
Langue officielle:  français
Groupe majoritaire: aucun
Groupes minoritaires:  fon (24,2 %), yorouba (8 %), bariba (7,9 %), goun (5,5 %), ayizo (3,9 %), nago (3 %), gen (2,1 %), ditamari, (2 %), etc. 
Langue coloniale: français
Système politique: république unitaire
Articles constitutionnels (langue): art. 1, 11 et 40 de la Constitution du 11 décembre 1990
Lois linguistiques:  Loi n° 65-17 du 23/06/65 portant Code de la nationalité dahoméenne (1965); Arrêté de 1984 n° 467-C/MESRS/DGM/SP portant création et organisation du Centre national de linguistique appliquée (1984); Loi n° 91-006 du 25 février 1991 portant Charte culturelle de la république du Bénin (1991); Arrêté n° 45 /MCC /CAB/DA/ SA portant attribution, organisation de l'alphabétisation et fonctionnement de la direction de l'alphabétisation (1994); Code du travail - loi n°98-004 du 27 janvier (1998);
Loi n°97-029 du 15 janvier 1999 portant organisation des communes en république du Bénin (1999); Loi n° 2000-18 portant règles générales pour les élections en république du Bénin (2000); Loi n° 2002 – 07 portant Code des personnes et de la famille (2002) Loi n° 2003-17 du 11 novembre 2003 portant orientation de l'éducation nationale (2003)Décret n° 2005-377 du 23 juin 2005 portant réglementation du maintien de l'ordre public (2005); Loi n° 2008-07 portant Code de procédure civile, commerciale, sociale et administrative (2008); Loi n° 2012-15 portant Code de procédure pénale en république du Bénin (2012).

1 Situation géographique

Le Bénin (officiellement la république du Bénin, l'ancien Dahomey) est un pays d’Afrique occidentale d'une superficie de 112 622 km², limité au nord par le Niger, à l'est par le Nigeria, au sud par le golfe de Guinée, à l'ouest par le Togo et au nord-ouest par le Burkina Faso. Par comparaison, la superficie du Nigeria est de 923 768  mk²; le Niger, de 1 267 000 km²; le Burkina Faso, de 274 200 km².  Le pays s’étend de l’océan Atlantique au fleuve Niger sur une longueur de 700 km; la largeur varie de 125 km (le long de la côte) à 325 km. Le Bénin est presque deux fois plus grand que son voisin, le Togo (56 785 km²).

Le Bénin compte 12 départements: l'Atacora, l'Alibori, le Borgou, le Donga, les Collines, le Zou, le Plateau, le Couffo, l'Ouémé, le Mono, l'Atlantique et le Littoral (voir la carte détaillée). Les principales villes sont Cotonou (environ 750 000 habitants ), le siège du gouvernement et le centre commercial et économique, Porto-Novo (environ 191 000 habitants), la capitale administrative, Abomey (environ 67 000 habitants), Parakou (environ 106 000 habitants ), Natitingou (environ 57 000 habitants).

2 Données démolinguistiques

Selon les estimations de l'Institut national de la statistique et de l'analyse économique (INSAE), le Bénin comptait environ 8,7 millions d’habitants en 2010. Environ 58 % de la population vivait en zone rurale lors du même recensement. Cette population, inégalement répartie sur le territoire, a une forte densité dans la partie septentrionale.

2.1 Les ethnies 

À l'instar de plusieurs autres pays d'Afrique de l'Ouest, comme le Burkina Faso, le Bénin compte un nombre très élevé de langues nationales, une soixantaine selon l’INSAE (2004). Les Fons et les Adjas, deux communautés très apparentées, constituent les groupes les plus importants au sud du pays, mais les Baribas et les Sombas sont les plus nombreux au nord du pays. Ensembles, les Fons, les Adjas, les Baribas, les Gouns, les Nagos et les Fulfudés constituent 52,6 % de la population totale. Les Yorubas, qui regroupent environ 10 % de la population, prédominent au sud-est. À d’autres petits groupes côtiers comme les Mina et les Pla, il convient d’ajouter les «Brésiliens» qui, portant des noms portugais, sont des anciens esclaves revenus du Brésil à la fin du XIXe siècle. 

Voici la liste des principales ethnies par région:

Sud-Ouest Adjas, Ouatchis, Guins, Houédas, Houlas
Sud Fons, Aïzos, Holis, Toffins
Sud-Est Gouns et Yorubas
Centre Fons, Mahis, Yorubas
Nord et au Nord-Est  Batombus, Dendis, Fulbés
Nord-Ouest Bétamaribés, Waabas, Yowas 

2.2 Les langues nationales

En ce qui a trait aux langues, on en compte près d'une soixantaine dans le pays. Cependant, les recensements généraux de la population du Bénin ne reposent pas sur les langues nationales parlées; seule l'appartenance ethnique est demandée aux Béninois dans les questions des recensements. On suppose que la langue des parents correspond à celle de l'ethnie d'appartenance, de même que celle des enfants. Autrement dit, l'ethnie des parents est la langue maternelle ou locale/nationale parlée. Ainsi, les résultats présentés ici sont à nuancer quelque peu.

Pour une population de moins de sept millions d'habitants, on peut parler d'une mosaïque linguistique. Seules une vingtaine de langues sont parlées par plus de 60 000 locuteurs. Parmi celles-ci, le fon est de loin la langue la plus importante puisqu'il est parlé par 24 % de la population. Suivent le yorouba (8 %), le bariba (7,9 %), l'adja (6,2 %), le goun (5,5 %) et l'aïzo (3,9 %). 

Langue

Groupe sociolinguistique

Nombre
des locuteurs
% Province Famille
linguistique
Fon

fon

 1 194 082 17,6 % Atlantique, Zou nigéro-congolaise
Adja adja     590 819 8,3 % Atlantique, Mono nigéro-congolaise
Bariba bariba    564 489 8,3 % Central, Borgou (nord)  nigéro-congolaise
Goun fon    423 175 6,2 % Porto Novo, Ouémé nigéro-congolaise
Nago yorouba    459 148 6,7 % Ouémé, Atacora nigéro-congolaise
Fulfudé peulh    374 892 5,5 % Alibori, Borgou nigéro-congolaise
Aïzo (Ayizo) fon    289 441 4,2 % Atlantique, Mono nigéro-congolaise
Mahi fon    214 597 3,1 % Zou nigéro-congolaise
Sahoué adja   174 771 2,5 % Couffo, Mono nigéro-congolaise
Ouémé fon   169 126 2,5 % Ouémé nigéro-congolaise
Tori fon   162 051 2,3 % Atlantique, Mono nigéro-congolaise
Dendi dendi   159 983 2,3 % Alibori, Donga nilo-saharienne
Yoa/Yom/Pila-Pila yoa-lokpa   124 974 1,8 % Atacora nigéro-congolaise
Yorouba yorouba   124 813 1,8 % Ouémé, Zou nigéro-congolaise
Idaasha yorouba   101 492 1,5 % Plateau, Collines, Ouémé, Donga nigéro-congolaise
Berba ottamari    96 998 1,4 % Borgou nigéro-congolaise
Kotafon fon    96 594 1,4 % Borgou, Zou nigéro-congolaise
Xwla-Pla adja    95 713 1,4 % Atacora nigéro-congolaise
Gando peulh    95 650 1,4 % Alibori, Borgou nigéro-congolaise
Holli-Djé yorouba    92 376 1,3 % Plateau, Collines, Ouémé, Donga nigéro-congolaise
Ditamari (Besorabé) ottamari    88 295 1,3 % Atacora nigéro-congolaise
Tofin fon    85 106 1,2 % Atlantique, Ouémé nigéro-congolaise
Dompago/Lokpa yoa-lokpa    83 355 1,2 % Borgou nigéro-congolaise
Mina adja    77 893 1,1 % Atacora  nigéro-congolaise
Waama ottamari    68 555 1,0 % Atacora nigéro-congolaise
Natimba ottamari    60 987 0,9 % Atacora nigéro-congolaise
Boo bariba    51 713 0,7 % Atakora, Alibori, Borgou nigéro-congolaise
Péda adja    50 534 0,7 % Couffo, Mono nigéro-congolaise
Ottamari ottamari    37 630 0,5 % Atacora  nigéro-congolaise
Gourmantché ottamari    36 476 0,5 % Atacora nigéro-congolaise
Ouatchi adja    36 574 0,5 % Mono nigéro-congolaise
Ifé / Itcha yorouba    27 312 0,4 % Collines, Plateau nigéro-congolaise
Mokolé yorouba    21 440 0,3 % Collines, Plateau nigéro-congolaise
Ani yoa-lokpa    23 569 0,3 % Donga nigéro-congolaise
Sèto fon    20 342 0,3 % disséminés sur tout le territoire nigéro-congolaise
Koto-Koli yoa-lokpa    13 261 0,2 % Donga nigéro-congolaise
Yendé ottamari    12 538 0,1 % Atacora nigéro-congolaise
Windjii/Foodo yoa-lokpa    12 361 0,1 % Donga nigéro-congolaise
Kabyé yoa-lokpa      9 301 0,1 % Donga nigéro-congolaise
Gaganba ottamari      8 952 0,0% Atacora nigéro-congolaise
Djerma dendi      8 880 0,0 % Alibori, Donga nigéro-congolaise
Défi adja     4 381 0,0 % Couffo, Mono nigéro-congolaise
Boko bariba     3 738 0,0 % Atacora, Alibori nigéro-congolaise
Taneka/Tamba yoa-lokpa     2 876 0,0 % Donga nigéro-congolaise
Tchabè yorouba     2 239 0,0 % Plateau, Collines nigéro-congolaise
Soruba/Biyobè yoa-lokpa     1 347 0,0 % Donga nigéro-congolaise
Hossori ottamari     1 241 0,0 % Atacora nigéro-congolaise
Autres -   96 317 1,4 % disséminés sur tout le territoire -
Total   6 769 914 100,0 % - -

Autrement dit, plus de la moitié de la population du Bénin parle le fon, le yorouba, le bariba, l'adja ou le goun. Toutes les langues béninoises, hormis le haoussa (famille chamito-sémitique), appartiennent à la famille nigéro-congolaise. Les langues parlées au Bénin peuvent être divisées en neuf groupes. Le tableau ci-dessous présente la répartition en 2002 de la population béninoise selon les groupes ethniques et les différentes langues nationales apparentées qui sont parlées dans le pays.

2002 Groupe
des Fon
Groupe
des Adja
Groupe
des Yorouba
Groupe
des Bariba
Groupe
des Peulh
Groupe
des Ottamari
Groupe
des Yoa-Lokpa
Groupe
des Dendi
Autres
groupes
Langues parlées fon
goun
aïzo
mahi
wémè
tori
kotafon
tofin
sèto
tchi
adja
sahouè
xwla
pla
mina
péda
défi
ouatchi
popo
nago
yorouba
idaasha
holli-djé
ifé
itcha
mokolé
tchabé
manigri
partogo
 
bariba
boo
boko
fulfuldé
peulh
gando
berba
bésorabè
waama
natimba
ottamari
gourmantché
yendé
gabanga
hossori
bettyobé
 
yoa
pila-pila
dompargo
lokpa
ani
koto
koli
windji-windji
foodo
taneka
soruba
biyobè
kebyè
dendi
djerma
haoussa
cotimba
zerma
autres
Nombre de langues 10 9 10 3 3 10 13 2 -
Effectif 2 655 336 1 030 685 829 509 619 940 470 542 411 749 271 044 168 863 95 467

Pourcentage

39,2 % 15,2 % 14,5 % 9,2 % 7,3 % 6,4 % 4,3 % 2,5 % 1,6 %
En 2002, le groupe des Fon était le plus nombreux au Bénin. Il était estimé à 2,6 millions d'individus. Avec cet effectif, ce groupe représente 39,2 % de la population du Bénin. On y dénombre 10 sous-groupes sociolinguistiques, soit autant de langues nationales différentes. La langue fon proprement dite est la langue maternelle de plus de 17 % de la population béninoise, ce qui est beaucoup plus que la langue goun (6,2 %) qui suit. Les autres langues de ce groupe sont l'aïzo, le mahi, le wémè, le tori, le kotafon, le tofin, le sèto et le tchile. Le second groupe en importance au Bénin est celui des Adja, qui représente 15,2 % des locuteurs béninois. Les langues dominantes sont l'adja (8,3 %), le sahouè, le xwla, le pla, le mina, le péda, le défi, l'ouatchi et le popo. Évidemment, l'adja est la principale langue parlée dans ce groupe; il correspond à 57,3 % du groupe.

Les Yoruba et autres peuples apparentés forment 14,5 % de la population du Bénin. Une dizaine de langues nationales cohabitent au sein de ce groupe, avec en premier lieu celle des Nagos (56 %), puis les Yoruba (15 %), les Idaasha (12 %) et les Holli-Djè (11 %).

Les Bariba et autres peuples apparentés forment 9,2 % de la population béninoise. On distingue dans ce groupe trois langues parlées: le bariba (8,3 %), le boo (0,8 %) et le boko (0,1 %). Parmi les Bariba et apparentés, 91 % parlent bariba, les Boo comptant pour 8,3% et les Boko moins 1 % de ce groupe. C’est le bariba qui a donné son nom au département du Borgou

Quant aux Peulh et apparentées, ils comptent pour 7 % des Béninois, dont 5,6 % de locuteurs peulh fulfudé et 1,4 % de peulh gando. Les Ottamari représentent 6,1 % de la population totale du Bénin; on parle plus d’une dizaine de langues dans ce groupe. En dehors des Bétyobé, des Hossori et des Gabamga, sept autres groupes ont un poids démographique non négligeable : les Berba (24 %), les Besorobé (21%), les Wama (17%), les Natimba (15%), les Ottamari (9%), les Gourmantché (9%) et les Yendé (3%).

Les Yoa-Lokpa (4,3 %) sont un groupe multilingue, comme les Fon et les Yoruba. Dans ce groupe, on dénombre 13 langues, chacune avec un nombre de locuteur assez réduit par rapport à la population du pays. L’ensemble du groupe forme 4,3 % de la population du Bénin. Les locuteurs Yoa représentent 46 % de ce groupe, suivis par les Dompago ou Lokpa (31 %). Les langues taneka (ou tamba) et sorubé biyobé sont parmi les moins fréquemment parlées.

Enfin, on distingue au sein des Dendi et apparentés deux groupes de très faible taille démographique par rapport à la population de l’ensemble du pays. Les Dendi et apparentés avoisinent 3 % de la population du Bénin. La langue dendi est parlée probablement par 2,4 % des Béninois en tant que langue maternelle, la seconde langue, le djerma, par seulement 0,5 %.

La répartition de la population en 2002 de chacun des départements selon les différents groupes sociolinguistiques ou différentes langues est présentée au tableau 1. Sont indiqués en gras les groupes sociolinguistiques ou ceux dont les langues parlées sont les plus importantes dans chaque département, ceux dont la fréquence est supérieure ou égale à 10 % de la population du département.

Tableau 1 - Répartition des groupes sociolinguistiques par département

Département Fon Adja Yorouba Bariba Peulh Ottamari Yoa Dendi Autres Total
Plateau 21 % 7 % 67 %  0 %  3 %  2 %  0 %  0 %  0 % 100 %
Ouémé 71 % 3 % 15 %  0 %  4 %  3 %  0 %  1 %  3 % 100 %
Atlantique 61 % 7 % 10 %  5 %  4 %  3 %  2 %  4 %  4 % 100 %
Littoral 48 % 6 % 18 %  8 %  3 %  4 %  1 %  5 %  7 % 100 %
Mono 21 % 63 %  6 %  1 %  5 %  1 %  0 %  1 %  2 % 100 %
Couffo 10 % 84 %  5 %  0 %  1 %  0 %  0 %  0 %  0 % 100 %
Zou 91 %  4 %  3 %  0 %  1 %  0 %  0 %  0 %  1 % 100 %
Collines 28 %  2 % 51 %  0 %  6 %  5 %  5 %  0 %  3 % 100 %
Donga  5 %  0 %  3 %  6 % 10 %  0 % 32 % 43 %  1 % 100 %
Atacora  5 %  0 %  3 % 51 %  7 % 26 %  1 %  6 %  1 % 100 %
Borgou  7 %  1 %  8 % 38 % 29 %  4 %  2 %  9 %  2 % 100 %
Alibori  3 %  0 %  2 % 34 % 18 %  1 %  0 % 41 %  1 % 100 %

Total du Bénin

39 % 15 % 15 % 9 % 7 % 6 % 4 % 3 % 2 % 100 %

2.3 Le français

La plupart des Béninois utilisent le français, le fon, le yorouba ou le bariba comme l'une des langues véhiculaires. Cependant, le prestige du français comme langue des communications interethniques, ainsi que dans les domaine de la radio, la télévision et du travail, rend son acquisition pratiquement indispensable en milieu urbain. Même analphabètes, beaucoup de Béninois se donnent du mal pour pouvoir comprendre et articuler le français.

On distingue au Bénin trois catégories de français. Il s'agit d'abord du français standard correspondant à celui qui est enseigné dans les écoles et utilisé dans les familles considérées comme scolarisées; c'est donc un français qui respecte scrupuleusement les règles de la langue, même de la part de ceux qui ont appris les rudiments du français à l'extérieur de l'école. Mais, dans la rue ou au marché, c'est un français populaire, presque argotique, qui est utilisé; on l'appelle le français d'Afrique et il est surtout utilisé à Cotonou. Outre les termes argotiques, cette variété est caractérisée par les erreurs dans l'attribution des genres (masculin/féminin), le problème du choix entre les verbes avoir et être dans la conjugaison aux temps composés («il a tombé», «j'ai parti», etc.), les énoncé nominaux («moi venir», «toi rien comprendre»), sans oublier les interférences linguistiques (ou mélanges des langues). La troisième variété de français correspond à ce qu'on appelle le français «snobé» de Cotonou. C'est un français mal compris, destiné surtout à épater, dans lequel on trouve des fautes systématiques et imprévisibles, le tout dans un style hyper-correctif avec, par exemples, l'emploi du subjonctif et l'utilisation délibérée de mots rares. 

Selon le recensement de 2002 (RGPH: Recensement général de la population et de l'habitation), environ le tiers de la population du Bénin, soit 34 %, peut s'exprimer en français (voir le tableau de gauche). Cependant, beaucoup de francophones se trouvent concentrés dans les quelques régions ou  départements offrant des pourcentages supérieurs à la moyenne. Il s’agit de des départements Atlantique-Littoral, c’est-à-dire la capitale économique Cotonou et ses localités environnantes, qui abritaient 35 % de francophones en 1992 et plus de 50 % en 2002.

Les départements de l’Ouémé-Plateau, contenant la ville de Porto-Novo, capitale administrative, d’une part, et ceux du Zou-Collines, d’autre part, contribuent dans une moindre mesure à l'augmentation des Béninois sachant lire, écrire ou comprendre le français.

La situation du français au Bénin pourrait être concurrencée par l'expansion de l'anglais, car il ne faut pas oublier que le Bénin se trouve voisin de deux pays anglophones : le Ghana à l'ouest du Togo et surtout le Nigeria avec qui il partage sa frontière orientale. Les populations frontalières avec le Nigeria comme les commerçants communiquent soit dans les langues nationales soit en anglais, sans se soucier du français, qui ne leur est pas d'une grande utilité. Beaucoup d'enfants béninois des municipalités frontalières fréquentent des écoles anglophones dans les localités voisines au Nigeria. De plus, on observe un certain engouement pour l'anglais avec le développement des écoles bilingues (français-anglais), sans compter une tendance de plus en plus généralisée pour envoyer des enfants au Ghana ou au Nigeria afin qu'ils poursuivent leurs études après le secondaire.

Quant aux religions, la majeure partie de la population béninoise est animiste (61 %) et pratique le «culte vodun» (à l'origine du vaudou), mais le catholicisme (19 %), le protestantisme (3 %) et l’islam (15 %) dominent certaines régions du pays. Le Bénin est considéré comme le berceau du vaudou, une religion vouée au culte des ancêtres.

3 Données historiques

Les traces d'habitats humains sont très anciennes dans cette région de l,Afrique, probablement dès le paléolithique. Les premiers royaumes furent mis en place à partir du XIVe siècle. Le plus connu, le royaume du Dan-Homé (Dahomey), semble avoir été créé dans le sud du pays par les Yoroubas. Il serait à l'origine des principautés de Sava et d'Allada qui prirent contact avec les premiers navigateurs européens. Au siècle suivant, une scission parmi les héritiers du royaume d’Allada aboutit à la formation du royaume d’Adjatché, au sud-est et, plus au nord, sous la direction d’Houegbadja (1645-1689), du royaume du Dahomey, à partir d’Abomey, qui devint la capitale du royaume. Le Dahomey se transforma en puissance dominante de la région grâce à la traite des Noirs. Le royaume du Dahomey joua un rôle d’intermédiaire avec les comptoirs européens de la côte. En 1782, Hogbonou, la capitale du royaume d’Adjatché, fut baptisée Porto-Novo par les Portugais installés dans le comptoir négrier de Ouidha.

Dans la première moitié du XIXe siècle, sous le long règne (1818-1858) du roi Guézo, le royaume d'Abomey développa l'agriculture vivrière et commerciale en introduisant de nouvelles plantes: maïs, tomate, arachide et tabac. Cependant, la traite exercée aux dépens des peuples voisins pesa lourdement sur l'économie du pays.

3.1 La colonisation française

En 1851, la France signa un traité commercial et d’amitié avec le chef du petit royaume côtier de Porto-Novo. Par les traités de 1868 et de 1878, la région de Cotonou, située entre Ouidah, comptoir portugais, et Porto-Novo, fut cédée à la France. En 1883, le roi de Porto-Novo, désirant se protéger des visées expansionnistes du Dahomey, signa un traité de protectorat avec la France. Le roi Béhanzin tenta de reconquérir la région occupée par les Français, mais il fut battu en 1892, capturé en janvier 1894 et déporté en Martinique. Les établissements français de la région furent regroupés au sein de la colonie du Dahomey.

En 1899, le Dahomey fut intégré à l’Afrique occidentale française (AOF). Ses frontières furent fixées en accord avec la Grande-Bretagne établie au Nigeria et l’Allemagne occupant le Togo. Durant l’entre-deux-guerres, le Dahomey, où la scolarisation grâce aux missions religieuses, était importante, notamment dans le Sud, fut l’un des principaux foyers politiques et intellectuels de l’AOF. De nombreux partis politiques furent fondés dès cette époque, tandis que se développait une presse d’opposition au système colonial.

En 1958, le pays devint la «république du Dahomey», un État autonome au sein de la Communauté française. L'indépendance fut proclamée le 1er août 1960, à Porto Novo, la capitale du nouvel État qui devint, le mois suivant, membre des Nations unies.

3.2 L'indépendance 

Par la suite, le Bénin connut une histoire politique mouvementée. Surnommé le «Quartier latin de l'Afrique» durant l'époque coloniale en raison de sa vie politique, le pays connut quatre régimes successifs dirigés par des hommes du Sud jusqu'au coup d'État du commandant Mathieu Kérékou  en 1972.
Les douze premières années furent marquées par une instabilité chronique, les anciennes élites coloniales, pour la plupart originaires du Sud, se disputant le pouvoir. En 1972, le commandant Mathieu Kérékou destitua le Conseil présidentiel et devint le chef d’un État auquel il voulut donner peu à peu une orientation marxiste-léniniste.

C'est au cours de cette période que remonte la promotion des langues nationales au Bénin. Le gouvernement, alors le Dahomey, avait adopté une politique concernant l'alphabétisation des adultes. Cette politique consistait à «assurer le développement de la culture populaire en organisant dans les langues nationales l'alphabétisation des masses, facteur essentiel du développement» (Discours-programme du 30 novembre 1972). L'alphabétisation au Bénin concernait tous les citoyens sans discrimination, et elle était proposée à chaque citoyen dans sa langue maternelle ou dans la langue nationale de son choix. Il s'agissait d'une alphabétisation dite «de conscientisation» dans la perspective d'amener les communautés concernées à se libérer des différentes forces d'oppression dont elles faisaient l'objet, afin d'assurer le développement économique, social et culturel. Cette alphabétisation, devenue obligatoire, fut imposée à tous les citoyens du Bénin sans exception, ses fondements reposant sur les concepts de «culture populaire» et d'«alphabétisation de masse». La Commission nationale de linguistique demanda et obtint l'introduction des langues nationales dans les programmes de formation des enseignants dans les écoles normales.

En 1975, pour réduire le poids politique du Sud, le nom de Dahomey (république du Dahomey) fut symboliquement abandonné pour celui de Bénin (République populaire du Bénin), du nom du royaume qui s’était autrefois épanoui au Nigeria voisin. Une nouvelle constitution, instaurant un régime à parti unique, fut promulguée en 1977. La même année, une tentative de coup d'État appuyée par des mercenaires échoua et durcit davantage le régime. Les trois anciens présidents, emprisonnés en 1972, furent libérés en 1981. Au cours de cette période, les dirigeants du pays n'ont jamais pensé modifier le statut de la langue française, qui demeura la langue officielle, notamment dans l'Administration, la justice et les écoles.  

Durant les années 1980, la situation économique du Bénin continua de se dégrader, alors que la répression antidémocratique se durcit. Les problèmes sociaux et politiques conduisirent le président Kérékou à renoncer à l’idéologie marxiste-léniniste et à accepter l’instauration d’une Conférence nationale, réunissant les représentants des différents mouvements politiques. En 1980, la création du ministère de l'Alphabétisation et de la Culture populaire favorisa l'élaboration et la mise en vigueur d'un programme national de généralisation de l'alphabétisation avec l'appui de la Coopération suisse et de l'Unesco.

Un gouvernement de transition, mis en place en 1990, ouvrit la voie au retour de la démocratie et du multipartisme. Le premier ministre, Nicéphore Soglo, battit Kérékou à l’élection présidentielle de mars 1991. Cependant, les ajustement structurels et la compression des dépenses publiques recommandées par le FMI ravivèrent le mécontentement de la population. Après avoir perdu sa majorité au sein de l’Assemblée législative, le président Soglo, accusé de népotisme par ses adversaires, fut battu par Mathieu Kérékou qui revint au pouvoir lors de la présidentielle du 17 mars 1996. Après le multipartisme, ce fut ensuite l'alternance. En mars 2001, Mathieu Kérékou fut réélu président de la République avec 84 % des voix. À l'âge de 67 ans, il entamait donc un second mandat consécutif dans des conditions difficiles. Malgré les réformes, le Bénin demeure encore l'un des pays les plus pauvres du continent africain et reste toujours un pays en voie de développement.

4 La politique linguistique

La politique linguistique du Bénin comprend deux volets: l'une porte sur le français comme langue officielle, l'autre sur les langues nationales. L'article 1er de la Constitution du 11 décembre 1990 proclame que le français est la langue officielle: 
 

Article 1er

L'État du Bénin est une république indépendante et souveraine.

  • La capitale de la république du Bénin est Porto-Novo.
  • L'emblème national est le drapeau tricolore vert, jaune et rouge. En partant de la hampe, une bande verte sur toute la hauteur et sur les deux cinquièmes de sa longueur, deux bandes horizontales égales: la supérieure jaune, l'inférieure rouge.
  • L'hymne de la République est «L'Aube nouvelle».
  • La devise de la République est «Fraternité - Justice - Travail».
  • La langue officielle est le français.
  • [...]

4.1 La politique de la langue officielle

En conformité avec la Constitution, le français est la langue de l'État, c'est-à-dire de la Présidence, du Parlement, de l'Administration, de la justice et de l'éducation.  

Cela signifie que seul le français est admis au Parlement, tant dans les débats que dans la rédaction et la promulgation des lois. Dans les tribunaux, plusieurs langues nationales sont permises à l'oral, surtout le fon, le yorouba et le bariba. Toutefois, dans les documents écrits, seul le français est utilisé. Le juge rend officiellement ses sentences en français, mais le tribunal traduit la sentence à partir du français vers toute autre langue lorsque cela est jugé nécessaire. 

Les articles 345 et 424 de la Loi n° 2012-15 portant Code de procédure pénale en république du Bénin (2012) décrivent bien que le français est la langue normale de la procédure, mais que le recours à l'Interprétariat peut être nécessaire:

Article 345

Dans le cas où l’accusé, les témoins ou l’un d’eux, ne parlent pas suffisamment la langue française ou s’il est nécessaire de traduire un document versé aux débats, le président, à défaut d’interprète assermenté, en service dans les juridictions, nomme d’office un interprète âgé de dix-huit ans au moins et lui fait prêter serment de remplir fidèlement sa mission.

Le Ministère public, l’accusé et la partie civile, peuvent récuser l’interprète en motivant leur récusation. La cour se prononce sur cette récusation.

Sa décision n’est susceptible d’aucune voie de recours.

Article 424

Dans le cas où le prévenu ne parle pas suffisamment la langue française ou s’il est nécessaire de traduire un document versé aux débats, le président, à défaut d’interprète assermenté en service dans les juridictions, nomme d’office un interprète, âgé de dix-huit ans au moins et lui fait prêter serment de remplir fidèlement sa mission.

Le Ministère public, le prévenu et la partie civile peuvent récuser l’interprète en motivant leur récusation. Le président se prononce sur cette récusation et sa décision n’est susceptible d’aucune voie de recours.

Quant à l'article 772 de la même loi, il prévoit qu'une personne appréhendée doit être informée, dans une langue qu’elle comprend, des motifs de son arrestation et qu'elle comparaîtra, dans un délai maximum de cinq jours, devant le procureur général :
 

Article 772

Toute personne appréhendée en vertu d’une demande d’arrestation aux fins de remise doit être déférée dans les vingt-quatre (24) heures au procureur de la République territorialement compétent. Dans ce délai, les dispositions des articles 62 et 63 du présent code lui sont applicables.

Après avoir vérifié l’identité de cette personne, ce magistrat l’informe, dans une langue qu’elle comprend, qu’elle fait l’objet d’une demande d’arrestation aux fins de remise et qu’elle comparaîtra, dans un délai maximum de cinq jours, devant le procureur général près la cour d’appel de Cotonou. [...]

Évidemment, il faut comprendre que l'information transmise devra être effectuée par le biais d'un traducteur si la personne ne connaît pas la langue officielle.

Dans l'Administration, les fonctionnaires répondent généralement dans la langue locale du citoyen, mais les documents écrits ne sont disponibles qu'en français. Cette pratique est restée inchangée bien qu'une bonne partie de la population soit demeurée analphabète et ignore le français. En 2011, l'Unesco classait le Bénin sur la liste des dix premiers pays à fort taux d’analphabétisme avec un taux d’alphabétisation des adultes de 42 % (58 % d'analphabétisme).

L'article 35 de la Loi n° 65-17 du 23/06/65 portant Code de la nationalité dahoméenne (1965), encore en vigueur, exigeait comme condition de la citoyenneté la connaissance «d'une langue dahoméenne ou de la langue officielle»:

Article 35

La naturalisation peut être accordée aux étrangers remplissant les condition suivantes:

1° Avoir atteint l'âge de la majorité fixé à l'article 5 ci-dessus.
2° Sous réserve des exceptions prévues à l'article 36 ci-après, justifier d'une résidence habituelle au Dahomey pendant les trois années qui précèdent le dépôt de la demande.
3° Être de bonne vie et mœurs et n'avoir encouru aucune condamnation supérieure à une année d'emprisonnement pour infraction de droit commun, non effacée par la réhabilitation ou l'amnistie.
4° Être reconnu sain de corps et d'esprit.
5°Justifier de son assimilation à la communauté dahoméenne, notamment par une connaissance suffisante, selon sa condition d'une langue dahoméenne ou de la langue officielle.

Rappelons que le Bénin était appelée «colonie du Dahomey» durant la période de colonisation française de 1894 à 1958.

L'emploi de la langue officielle est obligatoire dans les actes de naissance. Ainsi, l'article 41 de la Loi n° 2002 – 07 portant Code des personnes et de la famille (2002) précise que «les actes de l’état civil sont rédigés dans la langue officielle».

Article 41

Les actes de reconnaissance sont dressés sur un feuillet du registre des actes de naissance suivant les modalités prévues par la réglementation en vigueur.

- Les blancs qui n’ont pas été remplis lors de l’établissement des actes sont bâtonnés. Les ratures et renvois sont approuvés et signés de la même manière que le corps de l’acte.

- Les mentions marginales sont signées par l’officier de l’état civil qui les accomplit.

- Les actes de l’état civil sont rédigés dans la langue officielle. Ils sont établis sur le champ, de feuillet en feuillet, et chacun des trois volets doit être immédiatement rempli et signé.

Par contre, selon la Loi n° 2008-07 portant Code de procédure civile, commerciale, sociale et administrative (2008), les actes en provenance d'un État étranger, dont la notification est demandée par les autorités de cet État, sont reçus «dans la langue de l'État d'origine», mais ils doivent être traduits ou accompagnés «d'une traduction en langue française à la diligence et aux frais de la partie requérante»:

Article 97

1) L'acte est notifié dans la langue de l'État d'origine.

2) Toutefois, le destinataire qui ne connaît pas la langue dans laquelle l'acte est établi peut en refuser la notification et demander que celui-ci soit traduit ou accompagné d'une traduction en langue française à la diligence et aux frais de la partie requérante.

Article 497

1) Les parties et les témoins qui ne parlent pas la langue dans laquelle se déroule la procédure ont le droit de se servir de la langue de leur nationalité ou de la langue nationale, assistés d'un interprète assermenté.

2) Le juge n'est pas tenu de recourir à un interprète lorsqu'il connaît la langue dans laquelle s'expriment les parties et les témoins.

Même la loi sur les élections du 31 octobre 2000 exige la connaissance du français. Ainsi, peut-on lire à l'article 55 de la Loi n° 2000-18 portant règles générales pour les élections en république du Bénin

Article 55

[...]

Les membres du bureau de vote sont désignés avant l'ouverture de la campagne électorale par décision de la Commission électorale nationale autonome (CENA). Ils doivent savoir lire et écrire le français. Le pouvoir de décision est exercé par la commission électorale départementale (CED) en ce qui concerne les élections locales. [...]

En cas de défaillance d'un membre du bureau constatée à l'ouverture ou au cours du scrutin, il est pourvu à son remplacement par le président qui choisit au sort parmi les électeurs présents sachant lire et écrire le français; mention en est portée au procès-verbal.

Et à l'article 75:

Article 75

Les membres du bureau de vote effectuent le dépouillement des votes et le décompte des voix, assistés de scrutateurs choisis par le président parmi les électeurs présents sachant lire et écrire le français.

Enfin, le Décret n° 2005-377 du 23 juin 2005 portant réglementation du maintien de l'ordre public (2005) impose le français ou toute autre langue comprise par les personnes impliquées lors des sommations causées par des attroupements:
 

Article 24

Les sommations sont faites par haut-parleur ou par porte-voix, en français et dans la langue présumée comprise par la majorité des personnes présentes qui reçoivent l'ordre de se disperser immédiatement et sont avisées que la force va être employée.

Dans la mesure du possible, chaque sommation est précédée d'une sonnerie de clairon ou de trompette.

Il paraît donc clair que le français est une langue nécessaire pour communiquer par écrit avec l'État béninois. Il est en général difficile d'accéder aux services de l'administration béninoise si l'on ne comprend pas le français. De plus, comprendre le français confère un prestige et des avantages sociaux qui ne laissent personne indifférent.

4.2 La politique d'alphabétisation

Le Bénin a commencé sa lutte contre l’analphabétisme des adultes dès la seconde moitié du XIXe siècle avec les expériences des missions catholiques (la Société des missions africaines – SMA) et protestantes, qui utilisaient l’apprentissage de la lecture et de l’écriture dans les langues béninoises comme base d’accès au message biblique. Dans le contexte éducatif colonial, ces expériences étaient moins appréciées par le pouvoir colonial qui leur préférait l’alphabétisation en langue française dans un système scolaire laïc.

En 2011, le Bénin se retrouvait, selon le traditionnel classement de l’Unesco, dans la liste des dix premiers pays à fort taux d’analphabétisme, avec 58 % d'analphabètes. Pire: parmi les 42 % d'adultes alphabétisés, 80 % retomberaient dans l’analphabétisme, selon le ministère béninois de l'Éducation, et ce, malgré la création d’un département ministériel en charge de l’alphabétisation, de la gratuité de l’enseignement à la maternelle, au primaire et d'une partie du secondaire. Il paraît donc évident donc que ces mesures ne sont pas à la hauteur des attentes. Ce qui pourrait s’expliquer entre autres raisons, par l’éternel recommencement en la matière.

La situation concernant l'analphabétisme est forcément déplorable. Le ministre béninois de la Culture, de l'Artisanat et du Tourisme (MCAT) a même fait remarquer de fortes disparités entre les régions (départements) et les sexes, avec des taux aussi élevés que 89,5 % dont 94,1 % chez les femmes dans le département d'Alibori (voir la carte détaillée) ou que 85,9 % dont 92,4 % chez les femmes dans le département  d'Atacora (voir la carte détaillée). Le taux le plus faible est enregistré dans le département du Littoral (voir la carte détaillée) avec 31 % dont 42,8 % chez les femmes. L'alphabétisation dans les langues nationales connaît un taux encore plus alarmant après quarante années de politique d'alphabétisation et de promotion des langues nationales. De fait, à peine 6,5 % des Béninois dont 1,7 % des femmes savent lire et écrire dans l'une des langues nationales du pays.

4.3 La politique en éducation

Dans les écoles, les langues nationales ne sont guère enseignées. Les quelques expériences tentées en ce sens ont été abandonnées. Depuis l'indépendance en 1960, trois périodes peuvent être distinguées dans l'histoire de la politique éducative au Bénin: 

1) De 1960 à 1972, le système éducatif était calqué sur le système français. 
2) À la suite de la révolution de 1972, le gouvernement a adopté la réforme dite de «l'École nouvelle» fondée sur un modèle de développement de type socialiste; cette réforme a été appliquée jusqu'en 1989. 
3) La tenue des états généraux de l'éducation (EGE) en octobre 1990 marqua le début de la troisième période. 

Depuis 1991, le gouvernement a entrepris un programme de réforme de tout le secteur de l'éducation, conformément aux recommandations des EGE. Jusqu'alors, le français était la seule langue enseignée tant au primaire qu'au secondaire. Aucune langue étrangère autre que le français n'était enseignée au primaire.

Il faut souligner, de l'aveu même du ministère de l'Éducation nationale (Rapport national sur le développement de l'éducation d'avril 1991), la piètre qualité de l'enseignement en raison notamment du nombre élevé d'enseignants non qualifiés et du manque de contrôle pédagogique. De plus, la connaissance du français de la part des enseignants laissait souvent à désirer, ce qui rendait l'enseignement du français assez difficile. Les trois écoles normales d'instituteurs du primaire de Lokossa, Natitingou et Parakou ont été fermées en 1990 à la suite de restrictions budgétaires. L'École normale supérieure pour les enseignants du secondaire de Porto-Novo a aussi été fermée.

Pourtant, l'article 11 de la Constitution adoptée en décembre 1990 garantit le «droit à la culture» et reconnaît la liberté des communautés d’utiliser leurs langues sous forme écrite et de développer leur propre culture tout en respectant celle des autres. Certaines initiatives visant à améliorer la vie quotidienne de la population, en particulier parmi les Béninois les plus défavorisés, ont été encouragées, notamment dans le domaine de l'éducation. Ces initiatives sont soutenues par de nombreux partenaires (FNUAP, UNICEF, etc.). Elles sont réalisées en français et dans les langues nationales, et sont diffusées grâce aux canaux de communication que sont la radio, la télévision et, les journaux imprimés. De plus, l'article 8 de la Loi n° 2003-17 du 11 novembre 2003 portant orientation de l'éducation nationale précise bien que «l'enseignement est dispensé principalement en français, en anglais et en langues nationales»:  

Article 8

1)
L'enseignement est dispensé principalement en français, en anglais et en langues nationales,

2) Les langues nationales sont utilisées d’abord comme matière et ensuite comme véhicule d’enseignement dans le système éducatif.

3) En conséquence, l’État doit promouvoir les recherches en vue de l'élaboration des instruments pédagogiques pour l’enseignement des langues nationales aux niveaux maternel, primaire, secondaire et supérieur.

Article 23

1)
L'enseignement maternel vise essentiellement l'éveil et la stimulation des fonctions physiques, psychologiques et mentales de l'enfant.

2) Il dure deux ans et est ouvert aux enfants âgés de deux ans et demi au moins.

3) Il est dispensé en français, en anglais et en une langue nationale majoritaire dans la localité ou toute autre langue.

En réalité, l'enseignement n'est offert qu'en français.

L'état actuel du système d'éducation laisse croire qu'il existe de nombreux problèmes dont les plus importants sont les suivants:

• l'inadéquation entre la formation et l'emploi ;
• la faible consommation de crédit des budgets annuels;
• l'offre insuffisante en matière d'éducation face à la demande croissante (taux de démographie galopante) ;
• au faible taux de scolarisation dû aux lourdeurs socioculturelles;
• la mauvaise répartition spatiale des infrastructures scolaires;
• le faible taux de succès aux examens ;
• l'absence de programme officiel à l'enseignement maternel;
• l'insuffisance d'enseignants qualifiés ;

De plus, dans l’enseignement du français, les enseignants moins qualifiés ont souvent recours aux méthodes répressives datant du temps de la colonisation française. Généralement, ces méthodes se transposent en des châtiments corporels ou des dénigrements verbaux à l'intention des élèves qui ne s’expriment pas correctement en français. Il existe aussi une forme de punition particulière: le «signal», ce qu'on a appelé longtemps en France le «symbole». Le «signal» serait une punition en voie de disparition, mais la pratique existe encore. Il en serait ainsi du châtiment corporel, formellement interdit, mais beaucoup d’enseignants disent ne pas avoir d’autre choix.  Il existe pourtant des circulaires ministérielles de 1962 (n° 100/MENC) et de 1981 (n° 12864/MENCJ) qui demandent aux enseignants de ne pas utiliser de châtiments corporels, mais aucune loi ne l'interdit explicitement.

4.3 La politique relative aux langues nationales

Il ne faudrait pas croire que le gouvernement n'a aucune politique concernant les langues nationales. Outre la Constitution qui contient des dispositions en ce sens, il existe aussi quelques autres instruments juridiques: 

- 1984: Arrêté n° 467-C/MESRS/DGM/SP portant création et organisation du Centre national de linguistique appliquée ;
- 1991: Loi n° 91-006 du 25 février 1991 portant Charte culturelle de la république du Bénin;
- 1994: arrêté n° 45/MCC/CAB/DA/SA portant attribution, organisation de l'alphabétisation et fonctionnement de la direction de l'alphabétisation;
- 1999:
Loi n° 97-029 du 15 janvier 1999 portant organisation des communes en république du Bénin;
- 2003: Loi n° 2003-17 du 11 novembre 2003 portant orientation de l'éducation nationale.

L'article 11 de la Constitution reconnaît que toutes les communautés composant la «Nation béninoise» jouissent de la liberté d'utiliser leurs langues parlées et écrites:

Article 11

1) Toutes les communautés composant la Nation béninoise jouissent de la liberté d'utiliser leurs langues parlées et écrites et de développer leur propre culture tout en respectant celles des autres.

2) L'État doit promouvoir le développement de langues nationales d'intercommunication.

Cette déclaration constitutionnelle semble assez vague dans la mesure où elle n'est pas soutenue par des moyens donnant lieu à des directives ministérielles. Seule la langue officielle est restée le modèle reconnue par la politique linguistique; cette langue est donc en usage dans tous les organismes gouvernementaux, dont les établissements d'enseignement. 

L'article 40 de la Constitution traite des programmes d'alphabétisation:

Article 40

1) L'État a le devoir d'assurer la diffusion et l'enseignement de la Constitution, de la Déclaration universelle des droits de l'Homme de 1948, de la Charte africaine des droits de l'homme et des peuples de 1981, ainsi que de tous les instruments internationaux dûment ratifiés et relatifs aux droits de l'Homme.

2) L'État doit intégrer les droits de la personne humaine dans les programmes d'alphabétisation et d'enseignement aux différents cycles scolaires et universitaires et dans tous les programmes de formation des Forces armées, des Forces de sécurité publique et assimilés.

3) L'État doit également assurer dans les langues nationales par tous les moyens de communication de masse, en particulier par la radiodiffusion et la télévision, la diffusion et l'enseignement de ces mêmes droits.

Des linguistes et autres chercheurs ont choisi six langues à promouvoir par l’État béninois dans l’alphabétisation des adultes. Il s’agit de l'aja (360 000 locuteurs), du batonum ou bariba (460 000 locuteurs), du dendi (30 000 locuteurs), du fon (1,4 million), du ditamari (120 000 locuteurs) et du yoruba (465 000 locuteurs).  Même si, en principe, toutes les langues béninoises ont le statut de langues nationales, elles n’ont pu se développer dans un environnement valorisant. Les expérimentations sur le plan de la transcription des six langues choisies n’ont pas été entreprises de façon systématique et durable. 

En vertu de l'article 2 de l'Arrêté de n° 467-C/MESRS/DGM/SP portant création et organisation du Centre national de linguistique appliquée (1984), il existe un Centre national de linguistique appliquée a pour objectif de faire des langues nationales béninoises, non seulement des facteurs du développement culturel de la République populaire du Bénin, mais aussi un véhicule du savoir:

Article 2

Le Centre national de linguistique appliquée a pour objectif de faire des langues nationales béninoises, non seulement des facteurs du développement culturel de la République populaire du Bénin, mais aussi un véhicule du savoir en procédant :

- à la description des langues béninoises et à l'élaboration d'alphabets et d'orthographes standardisées ;

- à la recherche linguistique par tradition orale, afin de fixer, grâce à l'écriture, le patrimoine culturel en général, les littératures nationales en particulier ;

- à la confection de dictionnaires monolingues et plurilingues ;

- à l'organisation des stages de formation et de perfectionnement en linguistique, en relation avec le Département des études linguistiques et de traditions orales de l'Université nationale du Bénin.

Dans la Loi n° 91-006 du 25 février 1991 portant Charte culturelle de la république du Bénin, il existe plusieurs articles traitant des langues nationales:

Article 17

L'État béninois reconnaît l'impérieuse nécessité de développer les langues nationales, vecteurs de nos cultures et instruments privilégiés du développement culturel et social.

Article 18

L'alphabétisation et l'éducation des adultes au Bénin sont un facteur important de démocratisation et un moyen irremplaçable pour l'exercice complet du droit de chaque citoyen à l'éducation et au développement.

Article 19

L'État béninois s'engage à œuvrer, par tous les moyens, à l'éradication de l'analphabétisme sous toutes ses formes.

Article 20

L'État béninois assure l'alphabétisation et l'éducation des adultes, avec le concours d'organismes nationaux, étrangers et internationaux.

Article 21

L'État béninois, tout en assurant une égale promotion à toutes les langues nationales, doit préparer et mettre en œuvre les réformes nécessaires à l'introduction progressive et méthodique de ces langues dans l'enseignement.

De son côté, l'arrêté n° 45/MCC/CAB/DA/SA portant attribution, organisation de l'alphabétisation et fonctionnement de la direction de l'alphabétisation (1994) décrit les fonctions de la Direction de l'alphabétisation, dont «la réhabilitation, la revalorisation et la promotion des langues nationales en tant qu'instruments de participation au développement» :

Article 1er

La Direction de l'alphabétisation est chargée de :

- contribuer à la cohésion et à l'unité nationale par la réhabilitation, la revalorisation et la promotion des langues nationales en tant qu'instruments de participation au développement ;

- organiser et assurer l'alphabétisation et l'éducation des populations afin de mettre à leur disposition des moyens d'expression et de communication susceptibles d'aider à leur émancipation et au développement politique, économique et socioculturel du Bénin ;

- assurer la post-alphabétisation et l'éducation permanente des adultes, avec le concours d'organismes nationaux, étrangers et internationaux ;

- envisager, en relation étroite avec les services compétents du ministère de l'Éducation nationale, les réformes nécessaires à l'introduction des langues nationales dans l'enseignement.

De plus, l'article 99 de la Loi n° 97-029 du 15 janvier 1999 portant organisation des communes en république du Bénin oblige les communes à «veiller à la promotion des langues nationales en vue de leur utilisation sous forme écrite et orale» :

Article 99

La commune doit veiller à la promotion des langues nationales en vue de leur utilisation sous forme écrite et orale.

L'emploi des langues nationales béninoises est permis sur une base provisoire, selon l'article 874 de la Loi n° 2002 – 07 portant Code des personnes et de la famille (2002), dans les testaments olographes, mais ceux-ci doivent être ensuite rédigés en langue française par l'officier instrumentaire, qui l'écrit ou le fait écrire au fur et à mesure de la dictée:

Article 874

Le testament olographe peut être rédigé en une langue autre que le français.

Il est nul s’il apparaît que le testateur, illettré ou ne connaissant pas la langue dans laquelle le testament est rédigé, a reproduit des caractères dont il ignorait la signification.

Article 877

Le testament peut être dicté dans une langue autre que le français, lorsque l’officier rédacteur et les témoins comprennent cette langue. Il est ensuite rédigé en langue française par l’officier instrumentaire, qui l’écrit ou le fait écrire au fur et à mesure de la dictée.

Durant la période de la révolution du régime marxiste-léniniste de 1975 à 1989, les écoles maternelles publiques ont été appelés CESE, des «centres d’éveil et de stimulation de l’enfant»; ces centres fonctionnaient sur le principe d’une revalorisation des éléments culturels, notamment des langues béninoises. Mais le gouvernement a dû faire face à l'opposition des parents qui croyaient que l'État voulait priver leurs enfants d’apprendre le français, une condition nécessaire pour la réussite sociale. De plus, jamais les langues nationales n'ont été enseignées dans les écoles primaires. Aucun projet n'a, en ce sens, été pensé ni planifié, encore moins mis à exécution. Aujourd’hui, seul est resté le principe selon lequel, dans les écoles maternelles, la langue locale domine les activités pédagogique, du moins au début de la scolarisation. À partir de la deuxième année de la maternelle, le français est de plus en plus employé. À l’école primaire, l’enfant doit immédiatement «se débrouiller en français». Il n’existe qu'une phase de 45 jours nommée «phase du langage accéléré», qui est accordée pour acquérir un certain niveau de la langue française parlée.

Rappelons aussi que l'État béninois s'est doté d'une Charte culturelle du Bénin, qui met l’accent sur la promotion des langues nationales. Le titre IV de la loi est le suivant: «Du développement des langues nationales et de l'alphabétisation» (articles 17 à 21). En vertu de la Charte, l’État béninois reconnaît «l’impérieuse nécessité de développer les langues nationales, vecteurs de nos cultures et instrument privilégiés du développement culturel et social». De plus, on peut lire: «L’État béninois, tout en assurant une égale promotion à toutes les langues nationales, doit préparer et mettre en œuvre les réformes nécessaires à l’introduction progressive et méthodique de ces langues dans l’enseignement.» Évidemment, cette politique tarde beaucoup à se réaliser, car dans les faits rien n'a été entrepris jusqu’à présent. De plus, toutes les activités pédagogiques ne se déroulent qu'à l'oral, car aucune intervention n'est faite à l'écrit. Il n'y a donc pas de matériel didactique approprié en la matière, mais uniquement des indications aux enseignants pour les orienter. Les enfants sont réunis par groupe linguistique, alors que les enseignants sont formés en conséquence afin de répondre aux exigences du déroulement de ces activités pédagogiques.

4.4 La politique linguistique dans les médias et le monde du travail

Les émissions radiophoniques sont produites en français et dans plusieurs langues nationales. La Radiodiffusion et Télévision du Bénin émet en 18 langues nationales. Il ne faut pas oublier que la radio est destinée à un large public composé de nombreux auditeurs des milieux ruraux ou suburbains, qui ne connaissent souvent que leur langue maternelle. Des émissions diffusées uniquement en français n'auraient aucune chance d'atteindre e rencontrer la moindre audience chez un public qui ne maîtrise pas cette langue.

La politique linguistique réelle, notamment à Cotonou, consiste à faire usage exclusif du français à la fois comme langue officielle, langue de travail et seule langue d'enseignement. L'article 65 du Code du travail - loi n°98-004 du 27 janvier (1998) impose le français dans la rédaction des contrats d'apprentissage sous peine de nullité:

Article 65

Le contrat d’apprentissage est constaté par écrit à peine de nullité. Il est rédigé dans la langue officielle en quatre exemplaires et soumis au visa
des services compétents du ministère chargé du travail dans les conditions fixées à l’article 14 du présent code.

Article 124

La convention collective doit être écrite en langue officielle. Elle est établie sur papier libre et signée par les représentants autorisés des parties contractantes. Elle doit être déposée au ministère chargé du travail et à ses services compétents qui l’enregistrent et en délivrent récépissé. Elle entre en application dès sa signature à moins que les parties n’en décident autrement.

Selon l'article 124, il en est ainsi dans la conventions collectives. Dans la vie économique, le français occupe une place presque exclusive, notamment à l'écrit. L'anglais suit de très loin. Cependant, les communications informelles orales se déroulent souvent en fon, en yorouba ou en bariba.

Il n'est pas très difficile de résumer la politique linguistique de l'État béninois. C'est la non-intervention, tant pour la langue officielle, le français, que pour les langues nationales. Dans le premier cas, il s'agit de perpétuer les pratiques utilisées par l'ancien colonisateur. Dans le second cas, il suffit de ne rien faire. De fait, les tentatives visant à revaloriser les langues nationales, en plus d'être fort modestes, sont demeurées lettre morte.  

Pourtant, on peut croire que l'instruction dans la langue maternelle serait un moyen efficace qui permettrait à une grande partie de la population de participer aux affaires de la nation. Cette exclusion de la plus grande partie de la population béninoise par la langue représente un frein important au développement économique du pays dans la mesure où elle nuit à la scolarisation des citoyens. N'oublions pas que le taux d'analphabétisme chez les hommes est de 63 % et de 74 % chez les femmes, ce qui paraît très élevé. En 1997, seuls 26 % des Béninois étaient alphabétisés (hommes et femmes confondus). Il paraît évident que l’enseignement à l’école primaire devait commencer dans une langue béninoise avant d’introduire progressivement le français. Pour le moment, il y a loin de la coupe aux lèvres, car il ne semble pas que cette politique soit une priorités pour les dirigeants du pays. 

Dernière mise à jour: 14 nov. 2023
 

Bibliographie

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CROIZER,C. «Politique linguistique et développement: approche francophone et anglophone, le cas du Bénin et du Nigeria», mémoire de maîtrise Institut d’anglais, 1991, Université de Strasbourg. 
 
ENCYCLOPÉDIE ENCARTA 2004, art. «Bénin», pour la partie historique.
 
HALAOUI, Nazam, Danielle BOUHAJEB, Anne DUPUY, Anne-Marie BUI DO. Les langues des États francophones : législations, politiques et situations, Talence, ACCT, CIFDI, 1994; vol. III: États francophones d’Afrique noire (Bénin à Côte d’Ivoire).
 
IGUE, Akanni, Mahmoud, «La situation du français au Bénin», dans Le français dans l’espace francophone: description linguistique et sociolinguistique de la Francophonie, Tome 2, Paris, Honoré Champion, coll. "Politique linguistique 6", 1996, p. 577-585.
MANESSY, Gabriel. Le français en Afrique noire, Mythe, stratégies, pratiques, Paris, 1994, Éditions L’Harmattan, 245 p.
 
MINISTÈRE DE L'ÉDUCATION NATIONALE ET DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE. Rapport national sur le développement de l'éducation, Porto-Novo, Institut national pour la formation et de la recherche en éducation, avril 2001.

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