Lettre en latin
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obraćanju
(adresse) |
tj comme dans tien |
tj |
č |
član
(article) |
tch comme
dans tchador |
tʃ |
đ |
suđenje
(procès) |
dy comme dans
Dieu |
dj |
c |
lice
(visage) |
ts comme dans
tsar |
ts |
dž |
budžet
(budjet) |
dj comme dans djellaba |
dʒ |
2.2 Les Serbes
Les Serbes, qui constituent 30% de la population, habitent
surtout le Nord-Ouest jouxtant la Serbie, mais également le Centre-Est et le Sud-Ouest.
Ils forment une majorité absolue dans certaines municipalités: Andrijevica
(61,8%), Pljevlja (65,6%) et
Plužine (65,5%). Mais ils
constituent une majorité
relative à Berane (42,9%), à Bijelo Polje (35,9%) et à
Herceg Novi (48,9%).
À partir de 2006, lorsque le Monténégro a accédé à l'indépendance, la situation
du peuple serbe a commencé à se détériorer sous la double pression de la déserbisation
("deerbizacija") organisée et de la monténégrinisation ("crnogorizacija") forcée,
qui se sont appliquées dans tous les domaines de la vie sociale.
Bien que le nom des Serbes soient inscrits dans le
préambule de la Constitution du Monténégro de 2007, au même titre que les
Monténégrins, les Bosniaques, les Albanais et les Croates, la situation de la
communauté serbe au Monténégro n'a jamais été légalement réglementée, ce qui
occasionne des problèmes et suscite des différends, non seulement dans les relations
avec les autorités de l'État, mais aussi au sein de la communauté serbe
elle-même.
Il faut aussi comprendre que beaucoup de Monténégrins ont
adopté le serbe comme langue maternelle. On estime que 20% des locuteurs du
serbe sont en fait des Monténégrins. Au point de vue ethnique, les Monténégrins
seraient majoritaires, mais au point de vue linguistique ils sont minoritaires.
Quoique parlant la même langue, les Serbes se distinguent des Monténégrins par
leur culture. C'est aussi ce qui différencie d'ailleurs les Bosniaque et les
Croates.
2.3 Les Bosniaques
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Les Bosniaques (8,2% de la
population totale) sont principalement concentrés dans l'est du
pays, plus particulièrement ce qu'on appelle le
Sandjak. C'est une région
montagneuse dite «historique» enclavée entre la Serbie et le
Monténégro, peuplée majoritairement par des Bosniaques de confession
musulmane. Le Sandjak se trouve ainsi à être partagé entre la Serbie
et le Monténégro depuis 1913 et il n'a pas de réalité
administrative. La portion nord-est du Sandjak fait partie de la
Serbie (districts de
Zlatibor et de
Raška), alors que la portion sud-ouest
appartient au Monténégro.
Un calcul des deux recensements de la Serbie et du Monténégro
indique que la population totale du Sandjak est d'un peu plus de 390
000 habitants. Dans l'ensemble du Sandjak, les Bosniaques forment
48,4 % de la population, alors que les Serbes atteignent 33,8%. Dans
le Sandjak monténégrin, les Bosniaques ne forment que 30,8 % de la population, mais 38,3 % avec
les «Musulmans», contre 36,0% pour les Serbes.
Dans les
municipalités du Sandjak monténégrin, seules
trois municipalités sont majoritairement
bosniaques: Rožaje
(83,9%),
Petnjica (57,0%) et
Plav
(51,9%), mais à Gusinje ils représentent 42,6% de la municipalité. On peut consulter l'article consacré au Sandjak
en cliquant ICI, s.v.p.
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2.4 Les Albanais
Les Albanais forment une autre petite minorité de 4,7
%. Il sont principalement concentrés dans des agglomérations près de la
frontière albanaise, dans le Sud-Est et l'Est, c'est-à-dire dans les
municipalités d'Ulcini (68,4%) et de Tuzi (70,6%) où ils sont majoritaires, mais
il existe de plus petites communautés albanaises
à Plav (19%), à Podgorica (5%) et à Rožaje (5%). L'albanais est une langue officielle dans les
municipalités de Podgorica, d'Ulcinj, de Bar, de Pljevlja, de Rožaje et de
Tuzi.
Les Albanais du Monténégro sont des autochtones dans le
pays, ils parlent l'albanais guègue, alors que, selon le recensement du
Monténégro (2011), 32 671 locuteurs ont déclaré que l'albanais était leur langue
maternelle. L'albanais, avec le serbe, le bosniaque et le croate, est une
«langue d'usage officiel», donc officiellement reconnue comme langue
minoritaire. Les Albanais du Monténégro sont majoritairement musulmans (73,13%),
tandis que les autres sont catholiques (26,13%).
La minorité albanaise qui vit au Monténégro fait partie de
l'aire linguistique albanaise (voir
la carte albanophone détaillée), laquelle
comprend l'Albanie, le Kosovo, la Macédoine et la Serbie.
2.5 Les Croates
Les Croates du Monténégro vivent le long de la côte
adriatique, principalement dans la baie de Kotor, dans les villes suivantes:
Tivat, Kotor, Herceg Novi, Budva et Bar.
Sur la base du dernier recensement réalisé en 2011, il y aurait près de 6000
Croates au Monténégro, ce qui ne représente que 0,9 % de la population. Ce qui
leur assure une certaine sécurité, c'est qu'ils sont concentrés dans quelques
villes. De plus, les Croates du Monténégro ont obtenu un statut reconnu de
minorité nationale et, conformément à la Constitution, la langue croate est
«d'usage officiel».
2.6 Les Roms, les Ashkalis et les
Égyptiens des Balkans
Il existe au Monténégro trois petites communautés souvent
identifiées comme similaires, alors que celles-ci revendiquent des différences
ethniques entre elles. Ce sont les Roms (5100), les Ashkalis (2050) et les
Égyptiens des Balkans (2000).
- Les Roms-Tsiganes
On connaît l'origine des Roms/Tsiganes
venus du nord de l’Inde et arrivés en Europe par la Grèce au IXe
siècle; ils parlent le romani, une langue indo-iranienne,
et sont en général de religion chrétienne orthodoxe.
- Les Ashkalis
Les Ashkalis forment une petite minorité ethnique au
Monténégro, mais la plupart vivent au Kosovo, en Albanie, en Macédoine du Nord
et en Serbie. Ils sont albanophones et musulmans. Les ethnologues les
considèrent comme des Roms albanisés, mais eux-mêmes ne se reconnaissent pas
comme Roms; ils s'affirment comme des «Égyptiens» installés dans les Balkans à
l'époque ottomane. Le terme Ashkali est issu de l'albanais ashkë
signifiant «charbon de bois», une allusion au métier de forgeron et à son
combustible.
- Les
Égyptiens des Balkans
Quant aux «Égyptiens des Balkans», ils constituent une
minorité ethnique reconnue au Monténégro, qui demeure très proche de celle des
Ashkalis à un point tel que des ethnologues se demandent s'il est pertinent de
distinguer ces deux communautés. Comme les Ashkalis, ils sont albanophones et de
religion musulmane. C'est la raison pour laquelle le néologisme «Ashkalo-Égyptiens»
est proposé comme identifiant plus adéquat. En fait, l'origine des «Égyptiens
des Balkans» demeure quelque peu obscure. Les membres de cette communauté
revendiquent être issus des nombreux échanges commerciaux et culturels entre les
Balkans et l'Égypte, à l'époque où les deux régions appartenaient à l'Empire
ottoman.
Il est aussi probable que ce terme d'Égyptien tire son
origine d'une des formes du mot «Égypte» en grec: Gjupci, Eupci, Magjup, Jevg,
Evgji, etc. Les Égyptiens des Balkans sont considérés comme des descendants
des Roms albanais du Kosovo et, selon l'affirmation selon laquelle leurs
ancêtres seraient venus dans les Balkans depuis l'Égypte, ils ont reçu le nom
actuel d'«Égyptiens», bien qu'ils n'aient aucun lien documenté avec la
population égyptienne.
2.7 Les autres minorités
Les autres minorités sont des Slovaques, des Roumains, des Ruthènes, des Bulgares, des Russes,
des Aroumains (Valaques), des Macédoniens, des Turcs, etc. Selon la Constitution
en vigueur, ces minorités, incluant les Roms, n’ont pas le statut de minorité
nationale, mais celui de «groupe ethnique». Par conséquent, ces populations ne
sont représentés dans aucun organisme exécutif important, que ce soit au sein
des municipalités ou au Parlement monténégrin.
On peut constater que le Monténégro n'est pas
linguistiquement homogène au point de vue géographique, car les populations sont
relativement mélangées selon les zones du territoire, surtout entre Serbes et
Monténégrins. Quoi qu'il en
soit, il nest pas
facile de distinguer les minorités linguistiques au Monténégro, puisque les Monténégrins,
les Serbes orthodoxes, les Bosniaques (Serbes islamisés) et les Croates
parlent tous le serbo-croate, et ils représentent
86 % de la population. Bref, on peut conclure en affirmant que le Monténégro est un
pays massivement slave avec des minorités albanophones.
Cependant, les Monténégrins, les Serbes, les Bosniaques, les
Croates et les Albanais ont tous une histoire et une culture distinctes. Ce sont
donc des peuples différents, même lorsqu'ils parlent la même langue, comme les
Monténégrins, les Serbes, les Bosniaques et les Croates. Par analogie, on dit
que les Anglais, les Américains, les Australiens et une grande partie des
Canadiens (anglais) parlent la même langue, mais n'en constituent pas moins des peuples
différents par leur histoire, leur culture et leurs institutions.
2.8 Les ethnies et les langues
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Au Monténégro, il convient de distinguer les ethnies et les langues.
En principe, les Monténégrins parlent le
monténégrin; les Serbes, le serbe; les
Bosniaques, le bosniaque; les Albanais,
l'albanais, etc. Mais ce n'est pas aussi
simple en ce qui concerne les Monténégrins.
Le tableau ci-dessous montre la complexité
de la situation. Même majoritaires
dans une municipalité, le langue la
plus utilisée peut être le serbe comme c'est
le cas dans les municipalités suivantes:
Municipalité |
Ethnie majoritaire |
Langue majoritaire |
Budva |
Monténégrin (48,1%) |
serbe |
Danilovgrad |
Monténégrin (64,1%) |
serbe |
Kolašin |
Monténégrin (57,4%) |
serbe |
Kotor |
Monténégrin (48,8%) |
serbe |
Mojkovac |
Monténégrin (49,1%) |
serbe |
Šavnik et
|
Monténégrin (53,8%) |
serbe |
Tivat |
Monténégrin (33,2%) |
serbe |
Žabljak |
Monténégrin (50,4%) |
serbe |
Par
exemple, la municipalité de Danilovgrad
compte 64,1 % de Monténégrins et 27,0%
de Serbes; mais la langue serbe est
parlée par 46,2% des citoyens et le
monténégrin par 44,0%. Dans la
municipalité de Kolašin, si les Monténégrins sont
majoritaires à 57,4%, la langue n'est
parlée que pare 36,4% des citoyens,
alors que les Serbes (35,7%) voient leur
langue parler par 58,2% des locuteurs.
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Lors du
dernier recensement, 63% des citoyens
ont déclaré parler le serbe. Nous savons
qu'il y a environ 30% de Serbes et
environ 47% de Monténégrins au
Monténégro. Si tous les Serbes ont
affirmé
qu'ils parlaient le serbe, alors
pratiquement 31% des Monténégrins ont
également déclaré qu'ils parlaient cette
langue et 12%, soit une minorité
importante, ont dit qu'ils parlaient le
monténégrin. Ainsi, tous les Serbes et
l'écrasante majorité des Monténégrins du
Monténégro se sont déclarés serbophones
lors du dernier recensement.
Il est possible aussi
qu'une partie de l'électorat se soit laissée
influencée par le clergé orthodoxe qui préconisait
le choix de la langue serbe. Ainsi, la plupart des Roms/Tsiganes auraient déclaré être des Serbes et
parler le serbe. On peut aussi consulter
un tableau qui illustre les langues employées dans
les 24 municipalités du Monténégro.
D'ailleurs, les
fluctuations entre une identité serbe et une
identité monténégrine se reflètent dans les
résultats des recensements. En 1981, par exemple,
plus des deux tiers des habitants du Monténégro
s'identifiaient comme des Monténégrins, tandis que
seul un petit pourcentage se déclarait serbe. Au
début des années 1990, ces proportions étaient
passées respectivement à environ 60% et 10%. Au
début du XXIe
siècle, près de la moitié de la population
s'identifiait comme monténégrine et environ un quart
comme serbe. Par contre, les Bosniaques, les
Albanais et les Croates s'identifient toujours selon
leur communauté d'origine.
3 Les religions
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La population du Monténégro par religion
se répartit ainsi: 72,0% de chrétiens orthodoxes,
15,97% de musulmans, 3,4% de catholiques; il reste 3,1% pour les autres
(agnostiques, adventistes, protestants, etc.). Les athées déclarés sont de 1,1%.
En général, les Monténégrins et les Serbes
sont orthodoxes, ainsi que les Roms; les
Croates sont catholiques; les Bosniaques et
les Albanais sont musulmans, de même que les
Ashkalis et les Égyptiens des Balkans.
Les communautés
religieuses sont égales et libres dans
l'accomplissement de leurs rites religieux
et de leurs affaires religieuses; il n'y a
pas de religion d'État.
Dans les établissements d'enseignement publics, l'enseignement est de nature
laïque et les activités religieuses ne sont autorisées que dans les
établissements
religieux. |
Dernière mise à jour:
19 févr. 2024