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Botswana (Republic of Botswana) |
Capitale: Gaborone
Population: 2,5 millions (2021) Langue officielle: anglais (de facto) et tswana (de facto) Groupe majoritaire: tswana (71,1 %) Groupes minoritaires: kalanga (9,4 %), kgalagadi (2 %), herero (1,8 %), bochiman (1,7 %), haiom (1,7 %), afrikaans (1,1 %), yeyi (1,1 %), shua (1,1 %), ndébélé (1 %), lozi (0,8 %), shona (0,7 %), mbukushu (0,7 %), sotho du Nord (0,6 %), birwa (0,6 %), sotho du Sud (0,5 %), xhosa (0,5 %), naro (0,4 %), luyana (0,4 %), ju'oasi (0,3 %), zoulou (0,2 %), anglais (0,2 %), subiya (0,1 %), auen (0,1 %), hietshware (0,1 %), !xóõ (0,1 %), kxoe (0,1 %), anda (0,0 %), gxana (0,0 %), =/hua (0,0 %) et nama (0,0 %). Langue coloniale: anglais Système politique: république démocratique parlementaire Articles constitutionnels (langue): art. 5, 10, 62 et 80 de la Constitution du 30 septembre 1966 Lois linguistiques: Loi électorale (1968); Loi sur les usines (1973); Règlement sur la circulation routière (1975); Loi sur les prisons (1979); Loi sur les sociétés coopératives (1989); Loi sur l'authentification des documents (1990); Loi sur le contrôle des aliments (1993); Loi sur la circulation routière nationale (1996); Loi sur le témoignage et la procédure pénale (1997); Règlement sur les télécommunications (1997); Loi sur la citoyenneté (1998); Loi sur la formation à distance et ouverte du collège (1998); Loi sur la taxe à la valeur ajoutée (2001); Loi sur les marchés publics et la vente des biens (2001); Loi sur les professions de la santé (2001); Loi sur le contrôle du tabagisme (2004); Code pénal (2005); Loi sur le témoignage dans la procédure civile (2005); Loi de l'impôt sur le revenu (2006); Loi sur les compagnies (2007); Loi sur les achats et la vente d'actif des autorités locales (2008); Loi sur la cour des petites créances (2009); Loi sur la propriété industrielle (2010); Loi d'interprétation (2010); Loi sur l'emploi (2010); Loi sur l'évaluation environnementale (2010); Règlement sur les tribunaux (2011); Loi sur la Haute Cour (2011); Règlement de la Haute Cour (2011). |
Le Botswana (appelé officiellement république du
Botswana; en tsawna: Lefatshe la Botswana) est un pays d'Afrique australe, limité au nord et à l'ouest
par la Namibie, au nord par la Zambie, à l'est par le Zimbabwe, et au
sud-est et au sud par l'Afrique du Sud. La superficie totale du Botswana
est de 600 372 km², soit plus que l'équivalent de la France (547 030 km²); sa
capitale est Gaborone, située au sud-est près de la frontière
sud-africaine.
Au point de vue administratif, le pays est divisé en neuf districts et quatre conseils de ville*: Centre (Central), Francistown*, Gaborone*, Ghanzi, Kgalagadi, Kgatleng, Kweneng, Lobatse*, Nord-Ouest (Northwest), Nord-Est (Northeast), Selebi-Pikwe*, Sud-Est (Southeast) et Oriental (Southern). |
La population du Botswana était estimée en 2021 à
2,5 million d'habitants, soit une densité de population ne dépassant pas
2,7 habitants au kilomètre carré. L'essentiel des Botswanéens
est concentré dans la
partie orientale du pays, où l'on trouve les principales villes:
Gaborone, la capitale, Francistown (65 000 habitants), Selebi-Phikwe (39
700 habitants), Molepolole (37 000 habitants) et Kanye (31 300 habitants).
Le pays doit son nom au peuple tswana (Botswana signifie «pays des Tswana», lui-même composé de huit groupes principaux, et qui constitue la très grande majorité de la population (71,1 %): les Bakgatla, les Bakwena, les Bamelete, les Bamangwato, les Bangwaketse, les Barolong, les Batawana et les Batlokwa. À l'exception des Afrikaners et des Britanniques, toutes les ethnies du Botswana sont des Bantous ou des Khoïsans. 2.1 La langue nationale: le tswana La majorité de la population (71,1 %) parle le tswana (appelé également setswana), une langue bantoue étroitement apparentée au sotho. En fait, du point de vue linguistique (l'intercompréhension étant aisée), le tswana (Botswana), le sotho du Sud (Lesotho) et le sotho du Nord ou pedi (Afrique du Sud) constituent une seule et même langue, bien que, juridiquement, il s'agisse de trois langues distinctes. Pour les linguistes, il convient plutôt de parler de trois variantes d'une même langue. |
Il semble que ces distinctions de dénomination tirent leur origine des décisions de la part des autorités sud-africaines à l'époque de l’apartheid: il paraissait utile de fragmenter le plus possible, que ce soit au plan politique et culturel, la population noire du pays. Peu importe le nom qu'on leur donne, ces variétés de sotho-tswana sont parlées aujourd'hui en Afrique du Sud, au Lesotho, au Botswana, en Namibie et au Zimbabwe. L’ensemble des Sotho-Tswana représenterait quelque 12 millions de locuteurs, ce qui est plutôt considérable.
De plus, le sotho du Nord (Afrique du Sud), appelé pedi ou sotho du Transvaal, est fragmenté en de multiples dialectes: masemola, kgaga, koni, tswene, gananwa, pulana, phalaborwa, khutswe, lobedu, tlokwa, pai, dzwabo, kopa et matlala-moletshi. Pour sa part, le sotho du Sud (Lesotho) est souvent considéré comme le «sotho correct». |
Quant au tswana (Botswana), il présente plusieurs variétés dialectales: le tlahaping (tlapi), le rolong, le kwena, le kgatla, le ngwatu (ngwato), le tawana, le lete, le ngwaketse et le tlokwa. C'est la variété kgatla qui sert de norme sociale pour le tswana officiel. Si le tswana du Botswana est d'abord la langue maternelle des Tswana, elle constitue aussi une langue seconde ou une troisième langue pour la plupart des autres ethnies; elle sert de langue véhiculaire entre les peuples du pays, de préférence à l'anglais. Ajoutons aussi que, malgré leurs ressemblances évidentes, le sotho du Sud, le sotho du Nord et le tswana ont leur propre orthographe, car ils n'ont jamais été normalisés.
Avec ses variétés dialectales, c'est environ 80 % de la population qui appartient l'une des neuf principales ethnies tswana. Si l'on compte les locuteurs bilingues du tswana et l'une des nombreuses autres langues africaines parlées dans le pays, ce serait environ 95 % de la population totale qui sait parler et comprendre le tswana. Quant aux locuteurs de la langue anglaise, ils sont estimés à environ 2 % de la population totale qui le parle comme langue maternelle.
2.2 Les langues minoritaires
Les langues minoritaires (au nombre d'une trentaine) se répartissent en trois groupes distincts: les langues bantoues (la majorité), les langues khoïsanes et les langues germaniques (afrikaans et anglais).
Ethnie | Langue maternelle | Affiliation linguistique | Population | |
Tswana | tswana | langue bantoue | 1 200 000 | |
Kalanga | kalanga (lilima) | langue bantoue | 160 000 | |
Kgalagadi | kgalagadi | langue bantoue | 35 000 | |
Herero | herero | langue bantoue | 31 000 | |
Bochimans | bochiman | langue khoïsane | 30 000 | |
Khoisans | haiom | langue khoïsane | 30 000 | |
Afrikaners | afrikaans | langue germanique | 20 000 | |
Yeye | yeyi | langue bantoue | 20 000 | |
Shua | shua | langue khoïsane | 19 000 | |
Ndébélé | ndébélé | langue bantoue | 17 000 | |
Lozi | lozi | langue bantoue | 14 000 | |
Shona (Karanga) | shona | langue bantoue | 13 000 | |
Mbukushu | mbukushu | langue bantoue | 12 000 | |
Pedi | sotho du Nord | langue bantoue | 11 000 | |
Birwa | birwa | langue bantoue | 10 000 | |
Sothos | sotho du Sud | langue bantoue | 9 300 | |
Xhosa | xhosa | langue bantoue | 9 300 | |
Naro | naro | langue khoïsane | 8 000 | |
Luyana | luyana | langue bantoue | 7 500 | |
Ju'oasi | ju'oasi | langue khoïsane | 5 000 | |
Zoulous | zoulou | langue bantoue | 4 600 | |
Britanniques | anglais | langue germanique | 4 000 | |
Subiya | subiya | langue bantoue | 3 000 | |
Auen | auen | langue khoïsane | 3 000 | |
Hietshware | hietshware | langue khoïsane | 3 000 | |
!xóõ | !xóõ | langue khoïsane | 3 000 | |
Kxoe | kxoe | langue khoïsane | 1 800 | |
Anda | anda | langue khoïsane | 1 000 | |
Gxana | gxana | langue khoïsane | 1 000 | |
=/hua | =/hua | langue khoïsane | 1 000 | |
Nama | nama | langue khoïsane | 200 | |
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La plus importante
minorité bantoue est le kalanga (9,4 %); elle est suivie du
kgalagadi (2%), du herero (1,8 %), du yeyi (1,1 %) et du ndébélé (1 %).
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Enfin, résultat du colonialisme européen, l'afrikaans (20 000 locuteurs) et l'anglais (4000 locuteurs) sont des langues germaniques. L'anglais a un avantage: il bénéficie du statut de langue officielle «prioritaire» et sert aussi de langue véhiculaire pour une minorité de Botswanais. L'afrikaans est parlé comme langue maternelle par les Afrikaners et par certains Métis dans les districts de Kweneng et de Kgalagadi. Les Afrikaners parlent le tswana comme langue seconde dans une proportion de 75 %; l'anglais, 50 %. Cela signifie qu'un bon nombre est trilingue.
Du point de vue religieux, environ la moitié des Botswanais sont de confession chrétienne, les autres restant fidèles aux cultes traditionnels.
L'histoire du Botswana remonte à l'âge de pierre. Plus de 2000 sites archéologiques y ont déjà été identifiés, et pourtant seule une centaine d'entre eux a fait l'objet de fouilles. Le territoire de l'actuel Botswana est habité par les Bochimans depuis la préhistoire, c'est-à-dire au début de notre ère. Puis ces derniers ont été en grande partie déplacés par les Bantous tswana qui ont émigré dans la région au début du XIXe siècle. Les Twana se divisèrent en trois groupes: les Pedi au Transvaal, les Basotho dans l'actuel Lesotho et les Basutho de l'Ouest (ou Tswana) au Bechuanaland — qui deviendra plus tard le Botswana.
Entre le Moyen Âge européen et le XVIIIe siècle, de nombreux autres peuples s'installèrent dans la région. Soulignons aussi que des Herero fuyant la domination allemande (en Namibie) s'ajoutèrent au contingent. Puis des missionnaires, dont David Livingstone et Robert Moffat, pénétrèrent le territoire au cours de la première moitié du XIXe siècle. Ils réussirent à convertir peu à peu les Tswana à l'anglicanisme, mais les initièrent très peu à l'anglais. Néanmoins, ces missionnaires développèrent l'instruction et aidèrent les Tswana à obtenir la protection britannique contre l'avancée des Boers dans la région.
3.1 Le protectorat britannique
Le territoire fut placé sous protectorat britannique — alors le Bechuanaland (qui deviendra le Botswana) — en 1885, «à la demande» des chefs tswana inquiets de la pénétration des Boers de la république du Transvaal. Mais la capitale fut placée hors du Bechuanaland, plus précisément à Mafeking en Afrique du Sud. La Grande-Bretagne voulut confier l'administration du Bechuanaland à la British South Africa Company, dirigée par le riche financier Cecil de Rhodes. Des chefs tswana se rendirent à Londres plaider pour le statu quo. La Grande-Bretagne accepta les exigences des autochtones, mais accorda à Rhodes une bande de terre pour y construire sa ligne de chemin de fer «Le Cap-Le Caire». Évidemment, l'Administration britannique introduisit l'usage de l'anglais, mais la population locale n'en subit pas l'influence, car l'administration coloniale avait, par nécessité, fait du tswana la langue véhiculaire parce qu'elle rejoignait jusqu'à 90 % de la population. L'anglais était une langue de travail pour le gouvernement, les tribunaux et les rares écoles. La colonisation britannique fut plutôt paisible et se déroula sans histoire. |
Après la victoire des Britanniques dans la guerre des Boers, la Grande-Bretagne créa l'Union sud-africaine en 1910. La nouvelle colonie proposa d'absorber le Bechuanaland, mais les chefs tswana s'y opposèrent. Les Britanniques créèrent le Conseil consultatif africain en 1920, ce qui donnait aux Tswana une voix au gouvernement du protectorat.
Durant les deux guerres mondiales, des contingents du Bechuanaland — qui deviendra le Botswana — servirent outre-mer et, à leur retour, exercèrent une grande influence sur les changements économiques et politiques à venir. Ce sont eux qui introduisirent l'anglais dans les affaires du pays. Les premières élections législatives ont eu lieu en 1961.
3.2 Le Botswana indépendant
En 1966, la Grande-Bretagne accorda l'indépendance à la colonie sous le nom de Botswana, malgré l'opposition de l'Afrique du Sud. Sir Seretse Khama prit la présidence de la nouvelle république du Botswana. Le gouvernement reconduisit l'anglais dans son statut de langue officielle, bien que l'ensemble de la population puisse parler d'autres langues; il paraissait plus simple de reconduire le statut de l'anglais pour faire fonctionner l'État. Par la suite, les dirigeants ont tout fait pour promouvoir le langue nationale le tswana. On fonda même le Conseil de la langue tswana afin d'en assurer le développement technique de la langue, particulièrement en ce qui concerne la construction des corpus. Trois ans après l'indépendance, en 1969, le problème de la discrimination linguistique fut évoqué par les membres du Parlement: c'est que la promotion du tsawna se faisait aux dépens des autres langues nationales, dont le kalanga, la plus importante langue minoritaire du pays. Le problème sera soulevé à nouveau en 1988, puis en 1995. Entre-temps, beaucoup de locuteurs botswanais auront perdu leur langue ou ne la parleront plus à leurs enfants.
À la suite de la découverte de diamants à Orapa, le pays devint l'un des principaux producteurs de cette matière précieuse. Non seulement l’extraction minière donna au pays une certaine aisance financière, mais le gouvernement, sous l’impulsion des organisations financières internationales, mit en place des politiques économiques judicieuses qui ont assaini durablement les finances publiques. Autrement dit, le pays eut la chance d'être bien géré. Sir Seretse Khama fut réélu trois fois. Bien qu'opposé à l'ancienne politique d'apartheid de son voisin sud-africain, le Botswana maintint, pour des raisons de dépendance économique, des relations étroites avec celui-ci.
Depuis l'émergence de la nouvelle Afrique du Sud, le président Quette Masire, en poste depuis 1980, milita pour une «interdépendance équilibrée» envers son puissant voisin au sein de la Communauté de développement de l'Afrique australe (SADC). En 1999, Festus Mogae fut élu président qui s'est engagé à améliorer l'économie du pays et a tenté d'enrayer l'épidémie de sida. Selon l'Organisation mondiale de la santé, près de 25 % de la population adulte du Botswana serait contaminée par le virus. Bien que dépendant totalement de l'Afrique du Sud pour l'exportation de ses richesses, le Botswana a réussi à préserver son indépendance durant les années de lutte contre l'apartheid. En 2004, le président Festus Mogae fut réélu, puis c'est le lieutenant-général Seretse Khama Ian Khama qui succéda à Mogae. Le président Khama est le fils de Seretse Khama, le «père de l'indépendance» du Botswana.
Du point de vue juridique, le Botswana n'a pas de langue officielle. En tout cas, ni la Constitution ni les lois ne reconnaissent formellement de statut à l'une ou l'autre des langues parlées dans le pays. En fait, l'anglais a acquis son statut de langue officielle par le colonialisme et la tradition s'est simplement perpétuée après l'indépendance. Pourtant, le Botswana a adopté un grand nombre de lois dont certaines dispositions traitent de la ou des langues.
4.1 Le statut des langues officielles
Le statut des langues au Botswana n'est pas très clair. Dans aucun texte juridique, le statut d'une ou de plusieurs langues officielles n'est proclamé ni précisé, ce qui inclut la Constitution. La politique linguistique du Botswana n'est ni écrite ni décrite. Elle est déduite et comprise à partir des pratiques en cours ou à partir de l'interprétation qu'on peut faire des textes juridiques. Ainsi, la Constitution de 1966 fait allusion à la langue anglaise à deux reprises: une fois à l'article 61 et une autre fois à l'article 79, sans préciser le statut de cette langue. Nous pouvons déduire que l'anglais sert de langue officielle parce que c'est la seule langue formellement nommée dans la Constitution. C'est donc de façon indirecte qu'on peut déduire que l'anglais est la langue officielle du pays. Dans les faits, malgré le manque de proclamation officielle, l'anglais demeure la langue de la gouvernance et de l'éducation.
Le seul texte de loi qui utilise l'expression "official languages" («langues officielles»), avec le pluriel, est la Loi d'interprétation (2010) dans laquelle on peut lire à l'article 49, entre autres définitions, ce qui suit:
Traduction
Article 49
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Dans quelques autres textes, on trouve les expressions suivantes, sans mentionner une quelconque langue particulière :
- «dans une langue officielle du Botswana» (Règlement sur la circulation routière, 1975);
- «dans une langue officielle de la République» (Loi sur la circulation routière nationale, 1996);
- «la langue officielle du Botswana» (Loi sur la formation à distance et ouverte du collège, 1998);
- «l'une des langues officielles du Botswana» (Loi sur les professions de la santé (2001).
Dans de nombreux textes, on emploie les mots English ou English language, parfois accompagnés du mot Setswana, sans jamais mentionner leur statut officiel ou non. Nous pouvons déduire que l'anglais et le tswana sont les deux langues officielles, mais que l'anglais est certainement plus officiel que l'autre. Nous pouvons aussi penser que l'anglais serait normalement la langue officielle, alors que le tswana serait la langue nationale, mais cette dernière notion n'existe nulle part dans dans les textes de loi.
Lorsque nous lisons, par exemple, l'article 5 de la Constitution du Rwanda du 4 juin 2003, nous trouvons cette notion de «langue nationale» pour le kinyarwanda et de langues officielles pour le kinyarwanda et le français: «La langue nationale est le kinyarwanda. Les langues officielles sont le kinyarwanda, le français et l'anglais.» Mais ce genre de précision du statut linguistique n'existe pas réellement au Botswana. De plus, les mots setswana et tswana peuvent être utilisés de façon interchangeable, mais les textes de loi en anglais n'emploient que Setswana.
4.2 Les langues de l'État
L'anglais et le tswana sont employés au Parlement, au gouvernement, dans les tribunaux et l'Administration, mais avec des différences notables. Ainsi, si les documents écrits sont généralement rédigés en anglais, les communications orales se font le plus souvent en tswana, la langue nationale dominante.
Ainsi au Parlement, la plupart des délibérations se tiennent en tswana, alors que les lois et règlements sont rédigés en anglais. L'article 62 de la Constitution du 30 septembre 1966 (encore en vigueur) précise d'ailleurs que la connaissance de l'anglais est obligatoire pour être élu à l'Assemblée nationale afin de prendre part aux débats de l'Assemblée, qui de toute façon se déroulent en twsana:
Article 62 Sous réserve des dispositions de l'article 63 de cette Constitution, quiconque sera éligible à l'Assemblée nationale, et ne le sera qu'à ces conditions si: [...]
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Rappelons que la Constitution a été adoptée en 1966 au lendemain de l'indépendance et que l'anglais était alors la langue officielle depuis de nombreuses décennies. Aujourd'hui, la situation a bien changé, car le tswana occupe maintenant une place non négligeable qui peut concurrencer l'anglais, car la langue nationale du Botswana est massivement utilisée dans toutes les communications orales, y compris au Parlement.
L'article 80 de la Constitution prévoit des mesures similaires pour la Chambre des chefs:
Article 80
[...] [...]
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La Chambre des chefs est composée de 15 membres (dont les chefs des huit principaux groupes tswana); elle doit être consultée par le gouvernement à propos de toutes les questions d'ordre institutionnel.
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Dans les services publics, l'anglais est la langue
écrite de l'Administration depuis toujours, mais de nombreux textes destinés à
toute la population sont aujourd'hui publiés en tswana. La traduction n'est pas
systématique et de nombreux documents et règlements officiels n'existent qu'en
anglais. Dans les communications orales avec le public, les
employés répondent dans la langue du citoyen à la condition que ce soit en
tswana, voire en anglais. Toutefois, dans les administrations locales éloignées, on
peut utiliser le yeyi dans le Nord-Ouest, le subiya dans l'extrême Nord, le
kalanga dans le Nord-Est, le birwa (ou tswapong) dans l'Est. Il ne s'agit pas
d'une pratique étendue et systématique. En général, le tswana tend à s'imposer,
et ce, d'autant plus que beaucoup de non-Tswana ont appris le tswana comme langue
seconde.
Les billets de banque sont bilingues, mais présentés en anglais côté recto (Bank of Botswana) et en tswana côté verso (Banka ya Botswana). On y aperçoit aussi le portrait en buste de l'ancien président Festus Mogae (1998-2008). Normalement, la signalisation routière est en anglais et en tswana, mais il arrive que des entrepreneurs sud-africains utilisent des panneaux bilingues en anglais et en afrikaans, ce qui soulève alors la controverse jusqu'au Parlement. |
L'emploi des langues dans les services publics n'est ni systématisé ni constant. Dans certains cas, seulement une langue officielle est exigée, sans même la nommer, dans d'autres cas les deux langues sont nécessaires.
- L'emploi d'une langue officielle
Considérons les occasions où une seule langue officielle est exigée. Selon l'article 11 du Règlement sur la circulation routière (1975), le permis de conduire doit «avoir été émis dans une langue officielle du Botswana» (sans la nommer). Il en est ainsi à l'article 110 de la Loi sur la circulation routière (1996). Puisque les textes n'utilisent pas l'expression «la langue officielle», mais «une langue officielle», nous pouvons supposer qu'il y en a au moins deux.
Selon l'article 10 de la Loi sur les professions de la santé (2001), il faut maîtriser «au moins l'une des langues officielles du Botswana» pour exercer une profession médicale ou liée à la santé»:
Article 10 Examens du Conseil 1) Le Conseil peut exiger qu'un candidat à une inscription en vertu de l'article 9 de se présenter pour un examen à une date et en un lieu à déterminer, et devant des examinateurs désignés par le Conseil, dans le but de déterminer si le candidat:
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Légalement, il est possible que la seule connaissance du tswana soit suffisante, mais dans la réalité la maîtrise de l'anglais est obligatoire dans la mesure où les études universitaires ne sont possibles qu'en anglais.
La Loi sur la taxe à la valeur ajoutée (2001) exige que la tenue des registres soit conservée «au Botswana en anglais ou en tswana». En vertu de l'article 53, tout document qui n'est rédigé ni en anglais ni en tswana peut être traduit dans l'une de ces langues, sur demande du commissaire général:
Article
53
Dossiers non rédigés en anglais
ou en tswana |
Selon l'article 20 de la Loi sur le contrôle des aliments (1993), les étiquettes sur les produits alimentaires doivent être rédigées «en anglais ou en tswana», ou réécrites si nécessaire:
Article 20
Langue 3) Dans le cas de réétiquetage ou d'étiquetage supplémentaire des aliments préemballés, les mentions obligatoires prévues doivent intégralement et fidèlement refléter celles de l'étiquette d'origine. |
Dans la Loi de l'impôt sur le revenu (2006), l'article 26 autorise l'emploi de l'anglais ou du tswana pour la tenue des registres dans les transactions commerciales:
Article 26 Maintien d'un registre approprié des opérations et des méthodes de comptabilité 1) Toute personne exploitant une entreprise doit tenir un registre approprié en anglais ou en tswana de ses transactions commerciales. |
Ce type d'exigence linguistique dans l'emploi de l'une ou l'autre des langues officielles est symbolique, car dans les faits l'anglais est obligatoire ou bien le tswana est accompagné de la version anglaise.
- L'emploi de l'anglais et du tswana
Dans un pays qui se dit bilingue, l'emploi de deux langues apparaît comme normal. Dans la Loi électorale (1968), le directeur du scrutin doit publier l'avis d'élection en anglais et dans toute autre langue qui est couramment utilisée dans une circonscription donnée:
Article 45 |
Mais l'article 130 de la Loi sur les prisons (1979) oblige un commissaire à afficher à la fois en anglais et en tswana les actes interdits par la loi et les sanctions encourues:
Article 130
Avis à afficher
concernant certaines infractions |
D'après l'article 25 du Règlement sur les télécommunications (1997), tout titulaire d'un permis doit s'assurer qu'un mode d'emploi dans un équipement de télécommunication soit rédigé à la fois en anglais et en tswana :
Article 25 Mode d'emploi Chaque titulaire d'un permis doit s'assurer que le mode d'emploi à l'égard d'un équipement de télécommunication qu'il fournit ou installe soit rédigé à la fois en anglais et en tswana pour l'utilisateur ou l'abonné. |
La Loi sur le contrôle du tabagisme (2004) est plus ambigüe, car elle n'utilise pas le même bilinguisme. En principe, la loi exige l'emploi d'affiches à la fois en anglais et en tswana, mais l'alinéa 5 ne traduit pas "WARNING: smoking is dangerous to your health" en tswana:
Article 5 4) Les affiches visées au paragraphe 1 doivent:
5) Les affiches visées au paragraphe 2 doivent:
|
Cet oubli est significatif, le tswana étant considéré comme moins officiel que l'anglais.
D'ailleurs, d'après l'article 117 de la Loi sur les sociétés coopératives (1989), la version anglaise des documents prévaut sur la version en tswana en cas de conflit d'interprétation:
Article 117
Utilisation du tswana
à la discrétion du commissaire |
Cette disposition démontre encore que l'anglais est plus officiel que le tswana.
- L'emploi de l'anglais seulement
Il peut arriver qu'on exige l'emploi de l'anglais seulement. Ainsi, l'article 44 de la Loi sur les achats et la vente d'actif des autorités locales (2008) précise que «l'anglais est la langue officielle de toutes les communications»:
Article 44 Moyen de communication L'anglais est la langue officielle de toutes les communications, sauf si l'autorité compétente en décide autrement ou si les instructions spécifiques à un avis d'appel d'offres l'exigent. |
Cependant, l'autorité compétente peut en décider autrement.
- L'emploi du tswana seulement
Par contre, dans la
Loi sur la
citoyenneté (1998), le gouvernement impose,
parmi les conditions pour obtenir la citoyenneté, «une connaissance
suffisante de la langue tswana ou de toute autre langue parlée par une
communauté tribale au Botswana»:
Article 13 Qualifications pour la
naturalisation
|
Autrement dit, l'anglais n'est pas nécessaire.
- L'emploi de l'anglais ou du français
Dans un seul texte de loi, il est possible d'utiliser le français. En effet, l'article 16 de la Loi sur l'authentification des documents (1990) autorise l'anglais ou le français :
Article 16 Traductions Tout certificat ou toute annotation, qui n'est pas rédigé en anglais ou en français, doit être accompagné d'une traduction. |
Cette autorisation dans l'emploi du
français surprend quelque peu. Le Botswana fait partie de la
SADC ou Communauté de développement d'Afrique australe (en
anglais: Southern African Development Community), une
organisation visant la promotion du développement économique de
l'Afrique australe, dont les langues officielles l'anglais, le
français et le portugais. Est-ce suffisant? Certainement pas.
Les États membres actuels sont les suivants: l’Angola, le Botswana, la République démocratique du Congo, le Lesotho, Madagascar, le Malawi, l’île Maurice, le Mozambique, la Namibie, les Seychelles, l’Afrique du Sud, le Swaziland, la Tanzanie, la Zambie et le Zimbabwe. Le siège de la SADC est situé à Gaborone au Botswana. |
Par ailleurs, l'ancien président botswanais, Festus Mogae (1998-2008), était francophile et président d'honneur de l'Alliance française de Gaborone. À Gaborone, l'Alliance Française, créée en 1980, diffuse ainsi depuis plus de vingt ans la langue et la culture françaises au Botswana. Environ 600 étudiants de toutes nationalités apprennent annuellement le français au sein de l’Alliance de Gaborone.
4.3 Les langues de la justice
Les tribunaux recourent en principe à des pratiques similaires à celles du gouvernement. La plupart des documents écrits sont en anglais, mais les communications orales se déroulent généralement en tswana, parfois en anglais ou en kalanga, mais rarement en une autre langue. Dans les cas de force majeure, on fait appel à des interprètes. Les articles 5 et 10 de la Constitution énoncent que quiconque est arrêté ou détenu doit être informé aussi rapidement que possible, dans une langue qu'il comprend, des causes de son arrestation ou de sa détention.
L'article 6 de la Loi sur la cour des petites créances (2009) précise que la procédure doit se dérouler dans les langues officielles du Botswana, sans les nommer formellement:
Article 6
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Dans la Loi sur le témoignage et la procédure pénale (1997), il est précisé qu'un jugement doit être rédigé «dans la langue du tribunal»:
Article 291 Contenu du jugement 1) Tout jugement doit être rédigé par ou sous la direction du président de la cour dans la langue du tribunal, et doit contenir le ou les éléments de la décision, la sentence elle-même et les motifs de celle-ci; il doit être daté et signé par le président du tribunal au moment du prononcé. |
Cela suppose qu'Il n'y en a qu'une seule, sinon on dirait «dans les langues de la cour». Il en est ainsi dans la Loi sur le témoignage dans la procédure civile (2005):
Article 291 Contenu du jugement 1) Tout jugement doit être rédigé par ou sous la direction du président de la cour dans la langue du tribunal, et doit contenir le ou les éléments de la décision, la sentence elle-même et les motifs de celle-ci; il doit être daté et signé par le président du tribunal au moment du prononcé. |
Même le Règlement sur les tribunaux (2011) n'est pas plus précis en utilisant l'expression «dans la langue de la cour»:
Article 54 Procédure de première instance 9. 2) Le jugement doit être rédigé par ou sous la direction du juge dans la langue de la cour et doit contenir les éléments suivants :
|
Mais l'article 16 du
Code pénal (2005) est
très différent, puisqu'il autorise un certificat ou une annotation en
anglais et en français ("the English or French language"):
Article 16 Traductions Tout certificat ou toute annotation, qui n'est pas rédigé en anglais ou en français doit être accompagné d'une traduction. |
Par contre, l'article 8 de Loi sur la Haute Cour (2011) ne laisse aucune ambiguïté, la langue obligatoire à la cour tant l'anglais:
Article 8
Langue employée à la
cour À condition que, dans la procédure civile, les parties peuvent être appelés à assumer une partie ou l'ensemble des coûts de la traduction, si la langue comprise par les parties ou les témoins n'est pas l'une des langues couramment parlées au Botswana. |
Selon le Règlement de la Haute Cour (2011), lorsque le témoignage d'une procédure est donné dans une langue que le tribunal, une partie ou son représentant ne maîtrise pas suffisamment, le témoignage doit être traduit par un interprète compétent et assermenté :
Article
66 Traduction d'un témoignage 1. Lorsque le témoignage d'une procédure est donné dans une langue que le tribunal, une partie ou son représentant ne maîtrise pas suffisamment, le témoignage doit être traduit par un interprète compétent et assermenté pour traduire fidèlement et au mieux de sa capacité les langues concernées. 2. Avant que quelqu'un soit employé comme traducteur, le juge peut, s'il estime qu'il est opportun de le faire, ou si une partie pour des motifs raisonnables le désire, s'assurer de la compétence et de l'intégrité du traducteur après avoir entendu le témoignage ou autrement. 3. Lorsque les services d'un interprète sont utilisés dans le cadre d'une procédure, le coût de la traduction doit, le cas échéant, être assumé par la cour, à moins que le juge ne l'ordonne autrement : Toutefois, lorsque la traduction du témoignage présenté dans la langue officielle de la cour est demandée par une partie pour elle-même ou pour son témoignage, ces coûts sont aux frais de ladite partie. |
Les textes juridiques ne sont pas toujours clairs en ce qui concerne «la langue de la cour», car ils ne précisent pas souvent quelles sont ces langues, sauf pour la Haute Cour où c'est obligatoirement l'anglais. Dans les faits, on délibère en tswana, mais on lit ou on écrit en anglais.
4.4 Les langues de l'éducation
Le système scolaire botswanais a été élaboré à partir du modèle britannique. Pour un pays d'Afrique, ce système est considéré comme l’un des meilleurs du continent tant au point de vue de l'accès que de la qualité de l'enseignement. Selon l'UNESCO, plus de 84 % des Botswanais étaient alphabétisés en 2010. Par ailleurs, 100 % des enfants fréquentaient l'école primaire, contre 85 % au secondaire. Les études sont gratuites au Botswana. Quelques établissements privés existent à côté des écoles publiques.
La politique linguistique en éducation du gouvernement est de promouvoir le tswana dans les premières années du système scolaire (au primaire), puis de passer à l'anglais (secondaire et post-secondaire). En réalité, le tswana est la langue d'enseignement pour les deux premières années de l'enseignement primaire. En troisième année, la langue d'enseignement passe à l'anglais, qui est utilisé pour le reste de la scolarité d'un élève tant du primaire que du secondaire. Néanmoins, le tswana demeure également enseigné comme une discipline à part entière tout au long de la scolarité. Cela signifie que le tswana est à la fois une classe d'enseignement et une une matière (ou une discipline) dans les écoles publiques. Ainsi, seuls l'anglais et le tswana sont autorisés dans le système scolaire. L'anglais bénéficie donc d'un net avantage, car il a reçu le statut de «langue officielle» et de «langue d'enseignement» à tous les niveaux du système d'éducation au Botswana. Dans les écoles privées, on peut enseigner l'anglais ou l'afrikaans comme langue d'enseignement durant tout le cursus scolaire.
- Une politique de bilinguisme de transition
La politique linguistique
actuelle du Botswana est basée sur le modèle de bilingue de
transition (TBE, Transitional Bilingual Education).
Dans la pratique pédagogique, les enseignants utilisent la langue
maternelle de l'enfant (L1) — obligatoirement le tswana — comme
moyen d'instruction provisoire dans les premières étapes du
primaire. Par la suite, la langue d'enseignement est changée pour la
langue seconde (L2) — obligatoirement l'anglais. De cette façon,
l'éducation bilingue de transition ou «bilinguisme
de transfert» offre aux élèves une certaine instruction dans
leur langue maternelle tout en fournissant simultanément un
concentré d'enseignement de la langue anglaise. C'est clair: la L1
dans ce modèle de bilinguisme est utilisé seulement comme une mesure
provisoire pour maîtriser la L2. Dès que les élèves sont considérés
ayant maîtrisé suffisamment la L2, celle-ci devient la langue
d'enseignement dans toutes les disciplines, sauf pour le tswana.
- Les autres minorités linguistiques
Ce système d'éducation bilingue ne favorise que les locuteurs du tswana. Pour les enfants issus des groupes minoritaires, c'est un programme d'immersion de transition qui est utilisé. Leur langue maternelle (L1) n'est pas employée et ils sont immergés dans le tswana qui, pour eux, correspond à leur L2 pour les quatre premières années. Ils passent plus tard à l'anglais qui est leur L3. Si les objectifs de la politique linguistique en éducation est de soutenir l'égalité d'accès à l'instruction et d'éliminer les obstacles à l'apprentissage, le modèle de submersion actuelle de transition pour les groupes minoritaires doit être réévalué pour laisser la place à un modèle inclusif plus développé.
Des spécialistes du Botswana ont déjà identifié six langues minoritaires propices à l'apprentissage, des langues qui pourraient être utilisées comme point de départ pour favoriser un enseignement dans la langue maternelle dans un milieu bilingue. Ces langues sont l'ikalanga (11%), l'otjiherero (2,2%), le shiyeyi (1,4%), le thimbukushu (0,6% 0, le sesubiya (0,5%) et le shekgalagari (1,1%). Cependant, les efforts visant à inclure d'autres langues dans le système d'éducation ont tous été abandonnés.
Pourtant, dès 1996, le gouvernement botswanais publiait un rapport intitulé "Vision 2016: Towards Prosperity for All". Ce document avait notamment pour but «de reconnaître et de développer de manière égale toutes les langues au Botswana».
Vision 2016: Towards Prosperity for All Botswana must improve the quality and accessibility of its education
system, and gear it to the needs of the country and the job market.
We must launch a major campaign of teacher training for all levels
of school. All schools, regardless of the medium of instruction,
must be properly equipped in all parts of the country. The nation’s
languages must be taught to a high standard at all levels. [...] |
Vision 2016: Vers la prospérité pour tous Le Botswana doit améliorer la qualité et l'accessibilité de son système d'éducation, et l'adapter aux besoins du pays et au marché du travail. Nous devons lancer une grande campagne de formation des enseignants à tous les niveaux de l'école. Toutes les écoles, quelle que soit la langue d'enseignement, doivent être correctement équipées dans toutes les régions du pays. Les langues de la nation doivent être enseignées selon un standard élevé à tous les niveaux. [...] Il s'agit d'un défi de reconnaître et de développer de manière égale toutes les langues au Botswana. Nous devons inculquer la fierté et le sens de la propriété ainsi que la responsabilité pour les attributs associés au Botswana parmi les jeunes et les vieux. [...] Le système d'éducation doit reconnaître, soutenir et renforcer la richesse des différentes langues et traditions culturelles du Botswana. Il n'y aura pas de désavantage subi par aucun Botswanais dans le système d'enseignement à la suite d'une langue maternelle différente des deux langues officielles du pays. [...] |
C'est pourquoi il existe un mouvement parmi les minorités botswanaises (surtout parmi les Kalanda et les peuples khoïsans), pour promouvoir d'autres langues que le tswana. Certains croient qu'il est nécessaire de conserver toutes les langues parlées au Botswana et n'acceptent plus le modèle assimilationniste actuellement en vigueur. Récemment, le Conseil des langues du Botswana (Botswana Languages Council) a publié un rapport dans lequel il recommandait au Ministère de l'Éducation nationale que certaines langues maternelles soient apprises dans les écoles primaires. Mais cette recommandation n'a pas été considérée sérieusement par le gouvernement. On accuse certains membres du gouvernement de népotisme et d'abus de pouvoir, mais il faut aussi comprendre que, pour le moment, les écoles ne pourraient offrir de cours dans les langues locales: les enseignants n'ont jamais été formés à cet effet et il faudrait au préalable leur assurer une formation adéquate.
- L'enseignement secondaire et post-secondaire
Au secondaire, la langue d'enseignement est l'anglais, mais le tswana reste une matière d'enseignement surtout pour la rédaction, la littérature et l'histoire. À la fin des études secondaires, les élèves obtiennent le "Botswana General Certificate of Education" (BGCSE). Après avoir quitté l'école, les élèves peuvent s'inscrire dans l'un des six collèges techniques du pays ou peuvent choisir de suivre des cours de formation professionnelle.
Le seul texte de loi mentionnant une quelconque «langue» dans l'enseignement concerne le BOCODOL, le Botswana College of Distance and Open Learning. L'article 20 de la Loi sur la formation à distance et ouverte du collège (1998) impose «la langue officielle du Botswana» comme langue d'enseignement dans ce collège:
Article 20 Langue d'instruction 1) Sous réserve du paragraphe 2, la langue d'enseignement au collège doit être la langue officielle du Botswana. 2) Lorsqu'il est jugé nécessaire pour des cours ou des sujets particuliers, la langue d'enseignement peut être une autre langue. |
Le BOCODOL offre des cours de formation à distance pour la préparation aux examens du secondaire. Le collège fonctionne sur le modèle d'enseignement à distance. Une partie de sa mission consiste à offrir des cours de formation professionnelle au-delà de la scolarisation.
Les meilleurs élèves entrent à l'Université du Botswana de Gaborone, une université moderne et bien équipée, avec une population étudiante dépassant les dix mille inscrits. L'Université du Botswana (environ 20 000 étudiants) est le seul établissement d'enseignement supérieur du pays; l'enseignement est dispensé uniquement en anglais, sauf pour les matières reliées au tswana enseigné comme discipline. Le Botswana accorde aussi beaucoup de bourses financées par l'État pour permettre aux étudiants d'étudier à l'étranger, principalement en Afrique du Sud. Cependant, le pays dépend fortement des spécialistes étrangers (anglophones) dans beaucoup de secteurs, particulièrement dans le domaine des technologies modernes, dans la gestion de grandes entreprises publiques et dans le secteur tertiaire.
- L'enseignement des langues étrangères
Dans le cadre d'une réforme générale de l'enseignement secondaire public commencée en 1996, le ministère de l'Éducation du Botswana se préparait à introduire un enseignement facultatif de français pour une période d'essai d'une année à partir de 2000. Le gouvernement botswanais prévoyait la mise en place d'un enseignement obligatoire du français au niveau secondaire. À l'issue de leur études primaires, les élèves auraient pu choisir parmi le français parmi les cours optionnels offerts: une langue locale, la musique, l'éducation religieuse et l'éducation artistique. Dans cette perspective, le français pourrait devenir la troisième langue officiellement enseignée au Botswana, après l'anglais et le tswana) et aussi la première langue étrangère.
En 1998, le Botswana et la France ont signé un accord Accord-cadre de coopération sur l’éducation et la langue française afin de favoriser l'enseignement du français. En 2014, aucun établissement public botswanais n'offrait de cours en langue française. Seule l'Alliance française de Gaborone donnait des cours de français pour adultes sous forme collective et individuelle.
4.3 Les langues des médias
La situation linguistique dans les médias ressemblent à ce qui se passe dans l'Administration: l'anglais est privilégié à l'écrit, le tswana à l'oral. de fait, les journaux sont généralement publiés en anglais. À Gaborone, The Bostswana Gazette, The Daily News et l'hebdomadaire Mmegi sont tous diffués en anglais. Certains journaux étrangers publiés en français, en portugais ou en arabe sont vendus dans la capitale, mais ils sont destinés à une très petite minorité.
La radio nationale (Radio Botswana National) diffuse ses émissions en tswana et en anglais; certains bulletins de nouvelles sont diffusées en kalanda. Pour la télévision, les émissions produites au Botswana sont en tswana, mais les productions extérieures sont présentées intégralement en anglais, parfois avec des sous-titres en tswana.
Le seul texte juridique concernant la langue est le Règlement sur les télécommunications (1997), qui énonce qu'un titulaire d'un permis pour un équipement de télécommunication doit fournir un mode d'emploi rédigé à la fois en anglais et en tswana :
Article 25 Mode d'emploi Chaque titulaire d'un permis doit s'assurer que le mode d'emploi à l'égard d'un équipement de télécommunication qu'il fournit ou installe soit rédigé à la fois en anglais et en tswana pour l'utilisateur ou l'abonné. |
Bref, c'est le principe de l'offre et la demande qui guide le choix de la langue dans les médias. Une enquête récente a révélé que 94 % des Botswanais liraient des journaux en tswana s'ils étaient disponibles dans cette langue.
Le Botswana a développé une politique de bilinguisme qui consiste à promouvoir la langue nationale, le tswana, sans pour autant abandonner la langue coloniale officielle, l'anglais. Cet aspect de la politique linguistique semble avoir relativement réussi, mais le tswana n'a pas encore trouvé la place qui lui revient, l'anglais ayant encore une grande préséance. Entre deux langues en situation de concurrence, la langue internationale risque de sortir gagnante.
Pour ce qui est des minorités nationales, la politique linguistique en est à ses balbutiements. Il est vrai que le tswana est parlé par 71 % de la population comme langue maternelle, sans compter ceux qui le connaissent comme langue seconde (env. 95 %), mais les autres minorités bantoues et khoïsanes sont néanmoins laissées à elles-mêmes. En réalité, le Botswana a toujours pratiqué une politique d'assimilation à l'égard de toutes les minorités linguistiques. Pourtant, il s'agit d'un pays qui, en Afrique, jouit d'une bonne réputation démocratique. Il n'en demeure pas moins que l'État aurait intérêt à réviser ses politiques à ce sujet. En somme, le Botswana pratique une politique mixte: la non-intervention pour l'anglais, la valorisation pour le tswana et l'assimilation pour les autres langues.
Bibliographie
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