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PalaosRepublic of Palau (anglais) |
Capitale: Melekeok |
Les Palaos (Belau en paloasien; Palau en anglais) sont appelés officiellement république des Palaos, un pays insulaire de l'Océanie situé dans le Pacifique occidental (Micronésie), au nord de la Nouvelle-Guinée (voir la carte du Pacifique). Située à l'extrémité occidentale de l'archipel des Carolines, la république des Palaos comprend 26 îles et plus de 300 îlots. La plus grande des îles est Babelthuap (368 km²), mais la population vit en majorité sur la petite île de Koror (8 km²), où se trouvait l'ancienne capitale, également nommée Koror ou encore Oreor (10 400 habitants), et qui culmine à 628 mètres d'altitude. Une nouvelle capitale est aujourd'hui proclamée depuis la fin de 2006 sur Babelthuap à 20 km au nord-est: Melekeok. L'archipel des Palaos est étalé sur 650 km (voir la carte détaillée).
Au plan administratif, la république des Palaos est divisée en 16 districts appelés officiellement «États» (en anglais "States"): on peut consulter une carte plus détaillée des États en cliquant ici. Bien que chacun d'eux élise son propre gouverneur et son assemblée, il ne s'agit pas d'une fédération. |
Le pouvoir législatif est entre les mains du Congrès national des Palaos, aussi appelé en paloasien "Olbiil Era Kelulau" (OEK), ce qui signifie la «Maison des décisions murmurées"). Ce parlement est constitué d'une chambre basse, la Chambre des délégués composée de 16 membres, élus pour un mandat de quatre ans, ainsi que d'une chambre haute, le Sénat, lequel est composé de 11 membres, élus dans les mêmes conditions que les délégués.
La population des Palaos est d'origine malaise, mélanésienne, philippine et polynésienne. On utilise le terme Paloasiens (ou Palaois en français, ou Paluans en anglais) pour désigner les habitants des îles Palaos avec 70 % de Palaosiens (un composite de Polynésiens, de Malais et de Mélanésiens), 28 % d'Asiatiques et 2 % de Blancs. Plus précisément, on distingue les Palaosiens proprement dits (66,8 %), les Palaosiens anglophones (16,9%), les Philippins (10%), les Sonsorolais (3%), les Américains (2,5%), les Angaurais (0,7%) et les Tobiens (0,1 %).
On peut consulter un tableau présentant la population palaosienne par État. À lui seul, l'État de Koror représente 63,6 % de la population. Suit l'État d'Airai avec 13,6%, tandis que tous les autres ne comptent que pour 2% ou moins de la population totale.
La population autochtone parle majoritairement (66,8 %) le palaosien, une langue austronésienne du groupe malayo-polynésien occidental. La seconde langue importante est l'anglais (16,9%) parlé à la fois par les Palaosiens linguistiquement assimilés et les militaires américains en poste aux Palaos. Les autres langues sont le philippin (9,9%) parlé par les Philippins, le sonsorolais, l'angaurais et le tobien, trois langues parlées par ce qu'on pourrait appeler des minorités linguistiques autochtones.
Ethnie |
Population | Pourcentage | Langue maternelle | Affiliation linguistique |
Palaosiens | 13 800 | 66,8 % | palaosien | famille austronésienne (occidentale) |
Palaosiens anglophones | 3 490 | 16,9 % | anglais | langue germanique |
Philippins | 2 050 | 9,9 % | philippin/tagalog | famille austronésienne (occidentale) |
Sonsorol | 620 | 3,0 % | sonsorolais (sonsorol) | famille austronésienne (centrale) |
Américains | 515 | 2,4 % | anglais | langue germanique |
Angaurais | 150 | 0,7 % | angaurais | famille austronésienne (occidentale) |
Tobien | 25 | 0,1 % | tobien | famille austronésienne (centrale) |
Total 2018 | 20 650 | 100 % |
Les langues officielles de la République sont le palaosien et l'anglais. Cependant, les États n'ont pas nécessairement les mêmes langues co-officielles. Seul l'anglais est l'une des langues co-officielles dans les 16 États. Pour les langues locales co-officielles avec l'anglais, mentionnons le sonsorolais à Sonsoral; le tobien à Tobi; le palaosien et le japonais à Angaur; le palaosien dans tous les autres. Voici un exemple de la langue palaosienne (Déclaration universelle des droits de l'Homme):
Article 1
(français) Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits. Ils sont dotés de raison et de conscience et doivent agir les uns envers les autres dans un esprit de fraternité. |
Got 'l Bades (1)
paloasien A rogui 'l chad el mechell a ngarngii a ilmokl er tir ra diosisiu el llemalt. Ngarngii er tir a uldesuir mete mo meruul el mo rar bebil lokiu a ungil 'l omeruul ra klauchad. |
Les îles Palaos sont habitées depuis plus de 4000 ans par des vagues successives de Malais venus de l'Indonésie, de Mélanésiens de la Nouvelle-Guinée, puis par des Philippins et des Polynésiens de Micronésie. Ces îles furent découvertes par les Espagnols (Ruy Lopez de Villalobos) au milieu du XVIe siècle. Les Espagnols employèrent leur langue pour administrer l'archipel qu'ils gardèrent sous leur contrôle jusqu’en 1899. À ce moment-là, l'Espagne vendit l'archipel à l'Allemagne qui l'administra peu de temps.
3.1 Les Japonais
En effet, l'archipel passa aux mains de l'Empire japonais dès le début de la Première Guerre mondiale; les Japonais avaient décidé d'annexer l'archipel à leur empire. En 1922, les îles Palaos furent placées officiellement sous mandat japonais par la Société des Nations. Les Japonais y établirent une base navale. Durant l'occupation nippone, le japonais fut employé comme une langue commune et son influence dure encore aujourd'hui. Par exemple, le petit État d'Angaur (320 habitants) a conservé le japonais comme langue co-officielle avec l'angaurais et l'anglais.
3.2 Les Américains
Par la suite, au cours de la Seconde Guerre mondiale, l'archipel des Palaos fut conquis par les États-Unis, mais fut placé par l’ONU sous tutelle américaine en 1947. Après avoir refusé, en 1978, de faire partie de la fédération de Micronésie, qui regroupe les autres îles de l’archipel des îles Carolines, les Palaos sont devenues en 1981 une république semi-indépendante associée aux États-Unis. Les relations avec les Américains se sont détériorées lorsque ces derniers ont voulu introduire des armes nucléaires sur leurs bases militaires.
3.3 L'indépendance
Le 1er octobre 1994, un référendum a consacré l’indépendance de la république des Palaos, qui fut admise au sein de l’ONU. En même temps, les Palaos ont signé avec les États-Unis le Pacte de libre association ("Compact of Free Association ") entré en vigueur pour une période de 30 ans. Cet accord prévoyait notamment la prise en charge de la défense et de la sécurité du pays par les autorités américaines. En contrepartie, la république des Palaos autorisait un accès libre à ses eaux et à son espace aérien, et bénéficiait d’un accès sans visa au territoire américain pour ses ressortissants. Depuis l'occupation américaine, l'anglais a pris de plus en plus d'importance dans l'archipel au point d'être devenu une langue co-officielle partout, et la principale langue véhiculaire aux dépens du palaosien.
Les Palaos sont confrontées à des contraintes structurelles similaires à celles d’autres petits États insulaires, c'est-à-dire une base économique fragile, un emplacement géographique éloigné, une faible population, des problèmes d’infrastructure, un climat commercial limité et une exposition aux impacts du changement climatique.
Aux termes de la Constitution de 1981 (titre 4, art. 5): «Tous les citoyens sont égaux devant la loi [...]. Le gouvernement ne doit prendre aucune mesure discriminatoire fondée sur le sexe, la race, le lieu d'origine, la langue, la religion ou la croyance, le statut social ou l'affiliation à un groupe, sauf en vue de faire bénéficier des citoyens d'un traitement préférentiel pour assurer la protection[...].» L'article 1 du titre 19 semble plus important, car il proclame que «les langues palaosiennes traditionnelles sont les langues nationales», alors que «le palaosien et l'anglais sont les langues officielles».
Titre 4
Article 5 Tous les citoyens sont égaux devant la loi et ils ont un droit égal à la protection. Le gouvernement ne prendra aucune mesure discriminatoire fondée sur le sexe, la race, le lieu d'origine, la langue, la religion ou la croyance, le statut social ou l'affiliation à un group, sauf pour en faire bénéficier certains citoyens pour assurer la protection des mineurs, des personnes âgées ou indigentes, handicapées physiquement ou mentalement, et d'autres groupes semblables, et pour des questions concernant les successions sans testament et les relations intérieures. Nul ne sera traité injustement dans une enquête législative ou exécutive. |
En fait, le gouvernement n'a pas de politique linguistique bien arrêtée, sauf en matière d'éducation.
4.1 Les langues officielles
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Les langues officielles de la République sont en principe l'anglais et le palaosien.
Dans les faits, la plupart des États ont le palaosien et l'anglais comme langues co-officielles, mais trois États se distinguent en ayant trois langues officielles:
Cependant, il ne faut pas se faire illusion sur l'importance de la troisième langue. Par exemple, dans l'État d'Angaur (320 habitants), le recensement de 2005 montrait qu'il n’y avait plus aucun résident âgé de cinq ans ou plus, capable de s'exprimer en japonais à la maison. Agaur demeure le seul endroit au monde où le japonais est une langue officielle de jure, car ce n’est que la langue officielle de facto au Japon. L'État de Sonsorol (100 habitants) est réparti dans quatre municipalités pour autant d'îles; la plupart des locuteurs sont bilingues, ils parlent le sonsorolais et l'anglais. L'État de Hatohobei (44 habitants) est encore plus particulier, car c'est l'État le moins populeux des Palaos, avec tout de même trois langues officielles. La moitié des locuteurs ont le tobien comme langue maternelle, alors que l'autre moitié a le sonsorolais, une langue très proche du tobien. Dans les faits, l'anglais sert de véritable langue officielle. |
- La législature
Les langues du Parlement national (appelé Olbiil Era Kelulau) sont l'anglais et le palaosien. Ces deux langues sont employées tant au Sénat qu'à la Chambre des délégués, mais de façon différente. Les articles 1 et 2 du Titre XIII de la Constitution sont ainsi libellés (en traduction):
Titre XIII Dispositions générales Article 1 Les langues paloasiennes traditionnelles sont les langues nationales. Le paloasien et l'anglais sont les langues officielles. L'Olbiil Kelulau déterminera l'usage approprié de chaque langue. Article 2 Les versions palaosienne et anglaise de la présente Constitution font également autorité; en cas de conflit, la version anglaise prévaudra. |
Les lois sont normalement rédigées en anglais, mais débattues en anglais et en palaosien.
Dans la section Interprétation du Code insérée dans le Code national des Palaos, les articles 202 et 204 accordent la primauté à la version anglaise sur la paloasienne:
Article 202
Mots et expressions en général Primauté du texte en langue anglaise |
La section Déclaration des droits du territoire sous tutelle du Code national des Palaos interdit qu'une loi promulguée dans le Territoire sous tutelle établisse une discrimination fondée sur la langue:
Article 407
Discrimination fondée sur la race, le sexe, la langue ou la religion; une protection égale |
- Les tribunaux
La section Procédure criminelle inscrite dans le Code national des Palaos énonce clairement que tout individu arrêté ou emprisonné doit recevoir des explications dans une langue généralement comprise dans la localité et dans une langue comprise par l’accusé:
Article 207 Exécution des mandats et signification des convocations pénales Entrée forcée pour procéder à une arrestation Article 10.113. Demandes d'extradition Langue, authentification des documents et des coûts |
Tous les tribunaux fonctionnent en anglais, mais aussi en paloasien et parfois en sonsorolais (Sonsorol) ou en tobien (Hatohobei).
- L'administration publique
L'administration publique emploie les mêmes langues que celles des États, mais le palaosien prédomine nettement dans les communications orales. En revanche, les documents écrits ne sont généralement disponibles qu'en anglais. De toute façon, beaucoup de Palaosiens préfèrent lire anglais plutôt qu'en palaosien. Il faut dire que de nombreux Palaosiens éprouvent de la difficulté à s'habituer au nouveau système d'orthographe et de grammaire, qui a été récemment introduit. Quoi qu'il en soit, très peu de textes sont actuellement publiés en palaosien.
L'article 125 de la Loi sur la procédure administrative (2003) prescrit à l'écrit les langues paloasienne et anglaise:
Article 125 Procédure de notification pour l'adoption des règlements (1) une agence doit donner un préavis d’au moins 30 jours d’un règlement proposé en affichant un avis sur le règlement au Bureau des affaires intérieures, au bâtiment judiciaire et à l'Olbiil Era Kelulau. L'avis doit également être lu sur la station de radio de Koror pendant cinq jours consécutifs au cours des 15 premiers jours suivant sa publication. Cet avis doit être rédigé en anglais et en palaosien et doit inclure :
Article 601 Définitions
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La Loi sur le droit de vote (1981) impose l'usage du paloasien ou de l'anglais ou les deux langues:
Article 2001
Le format de la requête visant à inscrire sur le bulletin de vote une proposition d'amendement constitutionnel
(b) Les sections de la requête doivent être imprimées dans une taille uniforme avec un espacement uniforme. Requête proposant une modification à la Constitution |
L'article 2001 de la Loi visant à promouvoir l'usage des langues officielles des Palaos dans les panneaux publicitaires extérieurs prescrit l'une ou l'autre des deux langues officielles, voire les deux langues:
Article 2001
Interdictions de la publicité extérieure
(b) Une enseigne publicitaire extérieure peut employer un alphabet ou une autre langue que ceux et celles spécifiés au paragraphe (a) du présent article, à la condition que :
(c) Toute personne enfreignant le paragraphe (a) du présent article sera passible d'une pénalité civile d'au plus 500 $. |
L'emploi d'une langue non officielle n'est autorisé pour traduire le message présenté dans la langue officielle. Mais les publicités en d'autres langues qu'en anglais sont extrêmement rares, y compris en palaosien. Bien que l'Olbiil Era Kelulau se rende compte que de nombreuses personnes vivant actuellement aux Palaos parlent d'autres langues que le palaosien ou l'anglais, l'emploi de ces autres langues ne semble pas présent sur les panneaux publicitaires, car les Palaos présentent avant tout un pays anglophone. Sur la base de ce qui précède, l'Olbiil Era Kelulau estime que toutes les entreprises privées devraient être tenues d'afficher un panneau publicitaire extérieur dans les langues palaosienne ou anglaise, mais c'est actuellement le cas.
Dans la section Entreprises et réglementations commerciales du Code national des Palaos, des dispositions concernent les exploitants de taxis. Elles obligent à présenter un horaire et la carte des routes et rues, le tout présenté à la fois en paloasien, en anglais et en japonais:
Article 805
Avis sur les tarifs Cartes des routes et rues |
Pourtant, il n'y a plus de locuteurs du japonais dans les Palaos depuis au moins 2005.
Le maintien du paloasien et de l'anglais comme langues officielles garantit que tous les habitants des Palaos peuvent communiquer entre eux. Le fait d'autoriser l'usage incontrôlé d'autres langues que les langues officielles des Palaos imposerait une charge excessive à la fois à la population et au gouvernement des Palaos, qui doit garantir que tous les habitants des Palaos soient capables de comprendre toutes les informations écrites et orales diffusées dans la République.
4.2 La Commission linguistique des Palaos
La Commission linguistique des Palaos ("Palau Language Commission") est l'organisme officiel de réglementation de la langue palaosienne. Elle été créée après l'adoption d'un projet de loi ("Palau Language Commission Law") par le Congrès national des Palaos afin de préserver et de maintenir l'usage standardisé de la langue palaosienne en établissant des règles grammaticales et orthographiques. La Commission a commencé à mener des recherches sur d'autres systèmes grammaticaux et orthographiques employés dans d'autres pays, dont certains semblent plus familiers avec le palaosien. Ainsi, des recherches ont été effectuées sur l'orthographe de la langue chamorro de Guam et des îles Mariannes du Nord, sur les travaux de la Commission de la langue philippine des Philippines, sur ceux de la Commission de la langue maorie en Nouvelle-Zélande, sur d'autres langues, telles que le japonais, le coréen, l'anglais américain, l'anglais britannique, l'anglais australien, voire le malayalam du Kerala en Inde.
Cela dit, il demeure surprenant que cette commission linguistique ne dispose que d'une appellation anglaise alors que son but est de préserver la langue palaosienne et de maintenir des normes pour son emploi. |
L'essentiel de la loi est contenu dans le Code national des Palaos, section Commission linguistique des Palaos):
Article 801
Commission linguistique des Palaos Article 802 Pouvoirs et obligations
(b) Conformément à ses propres règles, la Commission doit approuver les modifications des normes linguistiques établies au paragraphe (a) de la présente section et approuvera l'ajout de nouveaux mots à la langue palaosienne.
(e) La Commission doit étudier les méthodes permettant de développer, de préserver et d'encourager l'emploi de la langue palaosienne et fera rapport à l'Olbiil Era Kelulau et au président de la République des Palaos de ses conclusions.
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Bref, la Commission est officiellement chargée d'approuver les nouveaux mots dans la langue palaosienne et de recommander le contenu d'un programme d'enseignement de la langue palaosienne. Les membres de la commission seront composés de sept personnes, dont six seront nommés par le président avec l'avis et le consentement du Sénat d'Olbiil Era Kelulau, et l'un d'entre eux doit être le directeur du programme d'enseignement du ministère de l'Éducation. Les six membres nommés par le président doivent avoir une expérience dans l'enseignement ou professionnelle liée au développement et à la préservation des langues.
La Commission est également chargée de préparer et de publier, ou d'aider à la préparation et à la publication, des dictionnaires, des livres sur la grammaire et l'usage, ainsi que d'autres ouvrages sur la langue palaosienne.
4.3 Les langues de l'éducation
La république des Palaos est un tout petit pays insulaire dont les citoyens sont inégalement répartis sur un territoire étalé sur 650 kilomètres, parfois avec de toutes petites populations dans certaines îles. La plupart des écoles primaires (durée de sept ans, à partir de six ans) et secondaires (durée de quatre ans, à partir de 14 ans) sont des écoles publiques, soit 80 % pour le primaire et 64% pour le secondaire. L'enseignement obligatoire comprend l'enseignement primaire et l'enseignement secondaire (11 ans) de 6 à 17 ans.
Les établissements d'enseignement non publics (ou privées) des Palaos comprennent actuellement des écoles appartenant à l'Église, deux dans les écoles primaires et cinq dans les écoles secondaires. Bien qu'il y ait plus d'établissements scolaires privés dans les lycées, ils représentent moins d'inscriptions que ceux fournis par le gouvernement.
- L'enseignement bilingue
Dans le Code national des Palaos, la section Éducation impose l'enseignement du paloasien et de l'anglais:
Article 156
Programme d'études Article 181 Charte; procédure
Article 802 Pouvoirs et devoirs (a) Conformément à ses règles, la Commission [linguistique des Palaos] doit élaborer des normes et des règles pour :
(b) Conformément à ses propres règles, la Commission doit approuver les modifications des normes linguistiques établies au paragraphe (a) du présent article et approuver l'ajout de nouveaux mots à la langue palaosienne. |
Les objectifs éducatifs du ministère de l'Éducation sont précisés dans la Loi sur l'éducation (Code national, 22.1). Cette loi met l'accent sur le développement des connaissances et des qualifications (notamment la connaissance de la culture et de la langue nationales, ainsi que de la place des Palaosiens dans le monde). Ces objectifs ont été ultérieurement développés dans le cadre de la mission, des objectifs et des stratégies élargis fixés dans le «Plan directeur Palaos 2000 pour l'amélioration de l'enseignement».
Le programme des écoles primaires des Palaosiens comprend quatre matières «principales» (langues, mathématiques, études sociales et sciences) et plusieurs matières «complémentaires» (santé, agriculture, éducation communautaire, éducation en matière de population).
Le programme des écoles secondaires est organisé autour des mêmes matières principales, mais les élèves doivent également suivre au moins un cours de formation professionnelle (agriculture, gestion, économie domestique, techniques commerciales). Les jeunes qui fréquentent l'école secondaire doivent tous émigrer à Koror, où existe le seul lycée, le "Palau High School" dans la ville de Koror, ce qui augmente les coûts.
En ce qui a trait à l'enseignement des langues, le ministère de l'Éducation n'a pas de politique ferme, sauf celle de maintenir dans le système un enseignement bilingue. Traditionnellement, les enseignants d'origine palaosienne emploient le palaosien avec leurs élèves, alors que les enseignants d'origine étrangère ont recours à l'anglais. Les deux langues sont enseignées à tous les niveaux, afin de permettre à tous les élèves d'être bilingues, tant à l'oral qu'à l'écrit. En pratique, l'enseignement en palaosien prédomine dans les premières années du primaire, mais l'anglais prend progressivement le dessus à partir du milieu du premier cycle. Bien souvent, les élèves quittent le primaire sans posséder toutes les compétences nécessaires pour maîtriser leur langue maternelle.
La question des manuels scolaires est restée un problème de taille. Si l'on fait exception de certains manuels rédigés en palaosien, tous les textes ou documents écrits sont normalement en anglais. Les élèves écrivent et font leurs devoirs en anglais lorsque les volumes sont en anglais. La plupart des manuels scolaires du secondaire sont rédigés en anglais et reproduisent nécessairement des contextes et des modes de vie tout à fait étrangers aux Paloasiens.
- Les États trilingues
Rappelons que les États de Sonsorol, de Hatohobei et d'Anaur ont trois langues officielles, ce qui signifie qu'il pourrait y avoir des mesures particulières dans l'enseignement.
Dans l'État de Sonsorol, le ministère de l’Éducation gère deux écoles publiques. L'une d'elles est la "Pulo Anna Elementary School", laquelle dispose d’une salle de classe et d’un enseignant, avec des installations permettant à ses élèves (environ cinq ou six, selon les années) de rester sur l’île autrement déserte. L'autre école est la "Sonsorol Elementary School" qui dispose d’une salle de classe et d’un enseignant, pour servir les élèves (généralement une douzaine, selon les années).
Dans l'État d'Angaur, le ministère de l’Éducation gère la seule école publique, l'Angaur Elementary School, qui compte une classe d'une vingtaine d'élèves. Ici aussi, les enfants doivent se rendre à Koror pour poursuivre leurs études à la "Palau High School".
Pour ce qui est de l'État de Hatohobei, la Hatohobei State Elementary School est rouverte depuis 2016, après une longue fermeture depuis 2004. Elle compte une quinzaine d'élèves, de la 1re à la 8e année.
Dans toutes ces écoles, ce sont le paloasien et l'anglais qui sont enseignés, car il est rare que le personnel enseignant puisse connaître le sonsorolais, le tobien ou l'angaurais.
- Le personnel enseignant
Le recrutement, la formation et le maintien en poste d'enseignants de qualité constituent un besoin hautement prioritaire dans cette région du Pacifique. La conception d’expériences de formation professionnelle de pour les enseignants, y compris l’accès à une formation pédagogique de quatre ans et de deuxième cycle, est une question complexe et difficile dans la région, notamment aux Palaos. Les étudiants qui veulent devenir enseignants peuvent fréquenter le "Palau Community College" à Koror.
De plus, les autorités palaosiennes doivent s'associer avec des partenaires des Samoa américaines, du Commonwealth des îles Mariannes du Nord, des États fédérés de Micronésie, de Guam, d'Hawaï et de la république des Îles Marshall, afin de favoriser l'accès à une formation adéquate du personnel enseignant. Or, la formation n'est offerte qu'en anglais, étant donné qu'en tant qu'ancienne zone administrative des États-Unis les Palaos sont alignées sur un système calqué sur celui des États-Unis.
- L'enseignement supérieur
Au niveau postsecondaire, peu de jeunes poursuivent leurs études, environ 35%. On constate que le taux d'abandon scolaire est élevé, ce qui traduit en partie une préparation insuffisante des élèves, notamment en anglais. Les 65% de la population, qui ne poursuivent pas d'études postsecondaires, entrent dans le monde du travail avec, comme bagage, les connaissances, l'état d'esprit et les qualifications qu'ont pu leur donner leur famille et l'école.
La Loi sur l'enseignement supérieur prévoit que l'enseignement est donné en anglais:
Article 401 8-A (2) Rien dans le présent article n'exclut de l'admissibilité les cours d'études de nature non créditée ou les cours de de rattrapage (y compris les cours d'enseignement de la langue anglaise) qui sont déterminés par l'établissement comme étant nécessaires pour aider l'étudiant à se préparer à la poursuite d'un premier baccalauréat ou certificat de premier cycle ou, dans le cas de cours d'enseignement de la langue anglaise, être nécessaire pour permettre à l'étudiant d'employer des connaissances, une formation ou des compétences déjà existantes. Le présent article n’a pas pour effet d’exclure de l’admissibilité les programmes d’études à l’étranger dont l’obtention de crédits est approuvée par l’établissement d’attache auquel l’étudiant est inscrit. |
Le "Palau Community College" de Koror est le seul établissement postsecondaire des Palaos. Il propose des programmes d'associé en arts et d'associé en sciences d'une durée de deux ans. Un diplôme d'études secondaires et une moyenne pondérée cumulative de 2,0 (GPA) sont nécessaires pour l'admission. Le "Palau Community College" est accrédité par la Western Association of Schools and Colleges (WASC).
Il n'existe aucune possibilité d'enseignement universitaire aux Palaos, à l'exception de l'enseignement à distance via l'Université du Pacifique-Sud et l'Université d'État de San Diego. En somme, la petite nation palaosienne est trop petite pour accueillir des spécialistes de niveau universitaire et pour pouvoir les payer adéquatement.
4.4 Les langues des médias
La Constitution et la législation palaosiennes protègent la liberté de la presse. On peut dire qu'en général les Palaosiens sont bien desservis par les médias. Pour la presse écrite, il existe un bimensuel, le Tia Belau, qui donne les nouvelles locales. Deux quotidiens étrangers anglophones font l'objet d'une large distribution : le Pacific Daily News (publié à Guam) et le Marianas Variety (publié dans les îles Mariannes septentrionales).
En ce qui concerne les médias électroniques, trois stations de radio, une publique et deux privées, diffusent des nouvelles et des informations destinées au public et des programmes récréatifs. Le palaosien et l'anglais sont les langues d'usage. Les Palaos possèdent une société privée de télévision câblée (payante), qui diffuse sur 17 canaux, des nouvelles (CNN), des programmes sportifs et éducatifs (Discovery Channel) et des émissions récréatives (provenant des principales chaînes américaines, ainsi que d'une chaîne de chacun des trois pays suivants : Japon, Hong Kong et Philippines). Une chaîne propose des émissions pédagogiques américaines (en anglais) ayant beaucoup de succès auprès des enfants. Il existe aussi une chaîne locale qui diffuse des émissions politiques (par exemple, les débats de l'Olbiil Era Kelulau), récréatives (retransmission de manifestations locales) et des informations provenant de toute la région du Pacifique. Bref, la plupart des médias diffusent des programmes étrangers, généralement d'origine américaine, c'est-à-dire en anglais. Ce n'est pas sans causer des problèmes préjudiciables à l'acquisition de la langue palaosienne, surtout chez les jeunes.
Les autorités des Palaos n'ont de véritable politique linguistique que de continuer à appliquer le bilinguisme institutionnel. Les Palaosiens sont habitués au bilinguisme, eux qui ont connu les occupations espagnole, allemande, japonaise et américaine. Le gouvernement perpétue ce système puisqu'il favorise les communications avec le reste du monde, les langues nationales demeurant de bien petites langues.
Bref, on peut affirmer que la non-intervention caractérise la politique linguistique actuelle. En raison des coûts jugés prohibitifs, l'administration ne traduit pas tous ses documents, le ministère de l'Éducation ne cherche pas à tout prix à fournir ses écoles en manuels palaosiens, la télévision publique locale ne produit que fort peu d'émissions en palaosien. Par ailleurs, le gouvernement ne semble pas se soucier que l'exposition sans restriction à des productions étrangères, et dans une langue étrangère, ne peut que porter préjudice à la culture, à la langue et aux valeurs palaosiennes, mais il s'agit bel et bien d'une politique de non-intervention qui favorise la concurrence de l'anglais.
Bibliographie
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