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MicronésieFederated States of Micronesia |
Capitale
(fédération): Palikir
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La fédération des États de Micronésie (sigle: FEM) est située dans le Pacifique occidental et comprend les îles de l'archipel des Carolines (à l'exception de Belau) appelé ainsi par les Espagnols. Le pays est constitué de quatre États fédérés: Kosrae (109 km²), Pohnpei (344 km²), Chuuk (127 km²) et Yap (101 km²), lesquels sont répartis en 607 îles hautes (volcaniques) ou basses (atolls coralliens), dont 65 seulement sont habitées. Chacun des quatre États fédérés a sa constitution, son assemblée législative élue et son gouverneur particulier.
L'État de Chuuk a été appelé «Truk» jusqu'en janvier 1990, alors qu'il est devenu Chuuk. La fédération des États de Micronésie s'étale sur plus de 3000 km pour une superficie terrestre de 701 km² et une superficie maritime de 7,5 millions de km² (Canada: 9,9 millions de km²).
Source: http://www.visit-fsm.org/
La Fédération est limitée (voir la carte du Pacifique) au nord par l'île de Guam et les îles Mariannes du Nord, à l'est par les îles Marshall et l'archipel de Kiribati, au sud par l'île de Nauru et la Papouasie-Nouvelle-Guinée, à l'ouest par l'île de Palau (Belau).
La capitale de la fédération des États de Micronésie est Palikir, située sur l'île de Pohnpei. En 1986, la «convention de libre association» signée entre la Micronésie et les États-Unis est entrée en vigueur pour une durée de 15 ans. La tutelle des États-Unis s'est achevée officiellement en 1990, alors que la Micronésie est devenue membre de l'ONU en 1991. La Micronésie reste un «État librement associé aux États-Unis» («Compact of free association»), mais les États-Unis conservent le contrôle de la Défense et des Affaires étrangères. La Micronésie a, en 2002, signé un autre pacte de libre association avec les États-Unis jusqu'en 2022.
Le recensement de 2000 montre que la population de la Fédération (FEM) est de 107 008 habitants. Comme l'illustre le tableau suivant, l'État de Chuuk compte la plus grande population (53 595); il est suivi par l'État de Pohnpei (34 486), l'État de Yap (11 241) et l'État de Kosrae (7686):
État fédéré | Population (2000) | % |
Chuuk | 53 595 | 50,0 % |
Pohnpei | 34 486 | 32,2 % |
Yap | 11 241 | 10,5 % |
Kosrae | 7 686 | 7,1 % |
Total | 107 008 | 100,0 % |
Sauf pour les habitants des îles de Nukuoro et de Kapingamarangi (dans l'État de Pohnpei) qui sont, culturellement et linguistiquement, des Polynésiens, la quasi-totalité des habitants des États fédérés de Micronésie est d'origine micronésienne; on peut les désigner avec le terme de «Micronésiens», mais il est préférable d'utiliser le mot «Caroliniens» puisqu'ils habitent l'archipel des Carolines. Seul le recensement de 1994 permet de donner une idée de la répartition ethnique de la population du pays:
Groupe ethnique | Nombre | % |
Chuukois | 49 290 | 46,7 % |
Pohnpéiens | 25 617 | 24,2 % |
Kosraéens | 7 198 | 6,8 % |
Yapois | 5 666 | 5,3 % |
Mortlockois | 5 163 | 4,8 % |
Insulaires extérieurs de Yap | 4 932 | 4,6 % |
Insulaires extérieures | 4 435 | 4,2 % |
Philippins | 902 | 0,8 % |
Américains | 417 | 0,4 % |
Autres pays d'Asie | 1 081 | 1,0 % |
Autres îles du Pacifique | 503 | 0,4 % |
Divers | 302 | 0,2 % |
Total: | 105 506 | 100,00 % |
Compte tenu de la population relativement peu élevée, on peut dire qu'il existe beaucoup de langues dans ce petit pays: près d'un vingtaine. Parmi toutes ces langues, quelques-unes sont plus importantes que d'autres. D'abord, l'anglais qui, tout en n'étant la langue maternelle que de 3 % de la population, est proclamé de facto la langue officielle de ces quatre États fédérés. De plus, quatre langues principales sont parlées: le chuukois (33,4 %), le pohnpéien (24,3 %), le kosraéen (6 %) et le yapois (5,7 %). Le chuukois est connu par plus de 40 % des Caroliniens, soit comme langue maternelle soit comme langue seconde. Ces langues appartiennent à la famille austronésienne (groupe micronésien) et connaissent toutes des variations dialectales importantes d'une île à l'autre.
Les autres langues sont le kapingamarangi (2,6 %) dans les îles Kapingamarangi de Pohnpei, le mokilais (1 %) dans l'atoll de Mokil (Mwoakiloa) et dans l'île de Pohnpei, le mortlockois (5,1 %) dans les îles Mortlock au sud-est de l'archipel de Chuuk, le namonuito (0,8 %) dans les îles Magur, Ono, Onari, Piserarh et Ulul, le nukuoro (0,7 %) dans l'île de Nukuoro (Pohnpei), le pááfang (1,1 %) dans les îles de Hall (Nomwin, Fananu, Marilo, Ruo), le pingelapais (2,1 %) dans l'île de Pingelap (Pohnpei), le puluwatais (1,2 %) dans les îles de Polowat, Pollap, Houk (Pulusuk) et Tamtam, le satawalais (0,4 %) dans l'île de Satawal, l'ulithien (2,6 %) dans les îles Ulithi, Ngulu, Sorol et Fais, le woleaien (1,4 %) dans les îles Woleai (Wottegai), Falalus, Seliap (Sulywap), Falalop (Falalap), Tegailap (Tagalap), Paliau, Mariang, Eauripik, Faraulep, Elato, Lamotrek et Ifaluk. À l'exception du kapingamarangi et du nukuoro qui sont des langues polynésiennes, toutes les langues précédentes appartiennent au groupe micronésien de la famille austronésienne. On compte aussi quelques locuteurs parlant des langues telles que le marshallois, le nauruan et le kiribati.
Il existe quelques langues non austronésiennes: le ngatikais (0,6 %) est un créole (appelé «créole ngatik») à base d'anglais parlée par certains hommes à Pohnpei, sans oublier le japonais et le chinois.
Langues |
Régions |
Nombre des locuteurs |
A. Langues polynésiennes | ||
Nukuoro | Nukuoro & Pohnpei (État de Pohnpei, FEM) |
550 |
Kapingamarangi | Kapingamarangi & Pohnpei (État de Pohnpei, FEM) |
1 300 |
B. Langues micronésiennes | ||
Groupe chuukois |
||
Ulithien | Îles Ulithi/Ngulu/Sorol/Fais. (État de Yap, FEM) |
3 000 |
Woleaien | Woleai (Wottagai, Falalus, SulywapFalalap, Tagailap, Paliau, Mariang), Eauripik, Faraulep, Elato, Lamotrek |
1 631 |
Îles Ifaluk (État de Yap, FEM) |
||
Satawalais | Île Satawal (État de Yap, FEM) |
458 |
Puluwatais | Îles Puluwat, Pulap, Pulusuk |
1 364 |
État de Yap et État de Chuuk, FEM |
||
Namonuito Magur | Ono, Onari, Piserach et îles Ulul |
1 050 |
État de Chuuk, FEM |
||
Chuukois | Chuuk Lagoon-État de Chuuk, FEM |
38 341 |
Paafang | Îles Hall: Nomwin, Fananu | 1 318 |
Marilo, Ruo (État de Chuuk, FEM) |
||
Mortlockois | Îles Mortlock (État de Chuuk, FEM) | 5 904 |
Groupe pohnpéien |
||
Pohnpéien | État de Pohnpei, FEM | 27 700 |
Mokilais | Atoll Mokil (État de Pohnpei, FEM) | 1 050 |
Pingelapais | Pingelap/Pohnpei (État de Pohnpei, FEM) | 3 000 |
Ngatikais (ngatik) | Créole ngatik (État de Pohnpei FEM) | 700 |
Groupe kosraéen |
||
Kosraéen | État de Kosrae, FEM | 6 900 |
(Source: Ethnologue, 13e édition-1996)
Étant donné que les quatre États (Chuuk, Kosrae, Pohnpei et Yap ) sont séparés par de vastes étendues d'eau, qui les isolent et rendent les communications plus difficiles, il s'est développé sur chacune des îles, bien avant les premiers contacts avec l'Occident, des traditions, des coutumes et des langues spécifiques. La plupart des langues micronésiennes sont donc fragmentées en un grand nombre de variétés dialectales, que ce soit le chuukois (33,4 %), le pohnpéien (24,3 %), le kosraéen (6 %) ou le yapois (5,7 %), le mortlockois (5,1 %), le kapingamarangi (2,6 %), l'ulithien (2,6 %), le pingelapais (2,1 %), etc.
Du point de vue religieux, les Caroliniens sont en grande majorité chrétiens, avec à peu près autant de catholiques (50 %) que de protestants (47 %). La seule exception concerne l'île de Kosrae où les protestants sont largement majoritaires regroupant près de 98 % de la population.
On ne connaît que fort peu l'histoire de l'archipel des Carolines, sauf que certaines îles ont été occupées il y a plus de 3000 ans par une population venue d'Asie du Sud-Est. Pendant les 1500 ans qui ont suivi, les habitants, qui parlaient des langues austronésiennes, se sont lentement dispersés vers l'Ouest, sans doute jusqu'à l'île de Yap, où une colonie de peuplement antérieure avait déjà réussi à établir une société.
3.1 Les occupations étrangères
Quelques-unes des îles de l'archipel (essentiellement Ulithi et Fais, au nord-ouest) furent découvertes au XVIe siècle par des navigateurs espagnols qui les appelèrent Islas Carolinas ou Archipiélago de las Carolinas, d'où Carolines en français. Malgré ces premiers contacts, l'archipel est resté relativement inconnu jusqu'à la fin du XVIIIe siècle. Au XIXe siècle, s’y installèrent des baleiniers de diverses nationalités, des trafiquants en tout genre et des missionnaires de différentes confessions religieuses. Les populations autochtones, touchées par les maladies apportées par les étrangers, furent en partie décimées.
En 1886, l'Espagne coloniale envoya deux navires de guerre qui prirent possession de l'archipel des Carolines. Le centre administratif fut établit à Pohnpei et les missionnaires protestants furent arrêtés. Les Espagnols utilisèrent leur langue dans l'administration, mais ne l'imposèrent pas aux insulaires.
En 1908, l'Empire allemand racheta le territoire aux Espagnols, qui venaient de subir une sévère défaite face aux Américains. Mais les possessions allemandes de Micronésie furent confisquées à la fin de la Première Guerre mondiale. Un mandat de la Société des Nations (SDN) fut alors confié à l'Empire japonais qui administra l'archipel comme une partie intégrante de son empire. Lorsque le Japon quitta avec fracas la SDN en 1935, il refusa de rétrocéder l’archipel à la communauté internationale. Les îles Carolines furent alors fortifiées, puis transformées en base militaire afin de satisfaire aux objectifs impérialistes de l'empire du Soleil levant. Contrairement aux Espagnols et aux Allemands, les Japonais ne se gênèrent pas pour imposer leur langue aux insulaires. Après l'espagnol, l'allemand et le japonais, ce fut le tour de l'anglais.
En 1945, lors de la guerre du Pacifique, la conquête de ces îles par les Américains fut l'objet de combats féroces. À l'issue de la Seconde Guerre mondiale, les États-Unis se virent confier par le Conseil de sécurité des Nations unies une tutelle sur l'ensemble micronésien (les Mariannes du Nord, les îles Marshall, l'île Belau et les Carolines) qui prit le nom de TTIP (Territoire sous tutelle des îles du Pacifique).
Après de laborieuses négociations avec l'administration américaine (1969-1982), le TTIP finit par obtenir un statut hybride de semi-indépendance avec l'émergence de quatre ensembles politiques correspondant aux spécificités de chaque archipel: États fédérés de Micronésie (sans Guam qui demeura territoire des USA), les îles Marshall, les îles Mariannes du Nord et l'île Palau (Belau).
À la suite d'un imbroglio juridique, ce n'est qu'en mai 1986 que le TTIP perdit définitivement son statut légal. Par trois voix (États-Unis, France, Royaume-Uni) contre une (Union soviétique), le Conseil de tutelle des Nations unies mit fin à la tutelle américaine sur ces territoires.
3.2 L'indépendance
Quatre pays accédèrent ainsi à l'indépendance, le 30 septembre 1986. Les Mariannes du Nord choisirent de faire partie du Commonwealth américain, tandis que les trois autres, Belau, Marshall et les États fédérés de Micronésie, se prononcèrent par référendum, pour une libre association avec les États-Unis («Compact of Free Association»).
Chacun des pays s'occupe de ses propres affaires internes, mais les États-Unis veillent à la défense militaire; ainsi, la Fédération des États de Micronésie est tellement liée économiquement aux États-Unis que le pays est financé à hauteur de 82 % par les Américains. Jusqu'à récemment, les habitants des ex-TTIP n'avaient pas les mêmes droits d'entrée aux États-Unis que ceux de l'île Guam et des Samoa américaines. Désormais, les Micronésiens originaires des Mariannes du Nord sont des citoyens américains et le «Compact of Free Association» accorde aux citoyens des autres États des facilités en matière d'immigration aux États-Unis. N'oublions pas que toutes ces îles ont une grande importance stratégique pour les Américains.
La politique linguistique de la Fédération est de promouvoir les langues nationales tout en conservant l'anglais comme langue officielle. Toutefois, l'officialisation de l'anglais n'est pas proclamée ni dans la Constitution ni dans aucune loi particulière; c'est donc la langue officielle de facto. En ce qui a trait à la langue, les dispositions constitutionnelles sont limitées. L'article 4 de la Constitution fédérale du 10 mai 1979 prévoit l'égalité de la loi ne ce qui a trait notamment à la connaissance de la langue maternelle:
Article 4 4) Equal protection of the laws may not be denied or impaired on account of sex, race, ancestry, national origin, language, or social status. |
Article 4 4) La protection égale des lois ne peut être niée ni altérée en raison du sexe, de la race, de la généalogie, de l'origine nationale, de la langue ou du statut social. |
4.1 La langue de la législation
L'article 9 de la Constitution est consacré aux conditions nécessaires pour être éligibles au Parlement de la Fédération. Il est spécifié au paragraphe 9 de cet article que la connaissance de l'anglais ne peut pas être une exigence pour siéger au Congrès. Quant au paragraphe 19, il précise que la procédure législative sera conduite en langue anglaise, mais un membre de l'Assemblée peut employer sa langue maternelle s'il ne parle pas l'anglais couramment; le Congrès prévoira un service de traduction:
Article 9 9) A person is ineligible to be a member of Congress unless he is at least 30 years of age on the day of election and has been a citizen of the Federated States of Micronesia for at least 15 years, and a resident of the state from which he is elected for at least 5 years. A person convicted of a felony by a state or national government court is ineligible to be a member of Congress. The Congress may modify this provision or prescribe additional qualifications; knowledge of the English language may not be a qualification. 10) At least every 10 years Congress shall reapportion itself. A state is entitled to at least one member of Congress on the basis of population in addition to the member elected at large. A state shall apportion itself by law into single member congressional districts. Each district shall be approximately equal in population after giving due regard to language, cultural, and geographic differences. 19) The Congress shall keep and publish a journal of its proceedings. A roll call vote entered on the journal shall be taken at the request of 1/5 of the members present. Legislative proceedings shall be conducted in the English language. A member may use his own language if not fluent in English, and Congress shall provide translation. |
Article 9 |
Autrement dit, la langue de la législation fédérale est l'anglais. Les lois sont rédigées et promulguées en anglais, mais une autre langue peut être utilisée lors des débats oraux. Il s'agit généralement du chuukois et du pohnpéien, très rarement le kosraéen ou le yapois.
Dans l'État de Chuuk, l'anglais et le chuukois sont les deux langues officielles. Ce sont également les langues utilisées au Parlement local. L'article 11 de la Constitution chuukoise prévoit qu'en cas de conflit d'interprétation la langue chuukoise prévaudra, sauf lorsque, le concept étant étranger, le mot n'a pas été accepté en chuukois et ne possède aucune traduction équivalente en chuukois:
Article 11 6) Chuukese is the State language, but both Chuukese and English are official languages. In case of conflict, Chuukese shall prevail, except when the concept is foreign, has not been accepted into Chuukese, and has no equivalent translation in Chuukese. |
Article 11 6) Le chuukois est la langue de l'État, mais le chuukois et l'anglais tous deux des langues officielles. En cas de conflit, la version chuukoise prévaudra, sauf lorsque, le concept étant étranger, le mot n'a pas été accepté en chuukois et ne possède aucune traduction équivalente en chuukois. |
Dans l'État de Kosrae, le kosraéen est la langue officielle. Cependant, l'anglais jouit des mêmes avantages que le kosraéen. L'article 4 (paragr. 18) de la Constitution prévoit que le gouverneur fera publier les lois dans les langues kosraéenne et anglaise dans les soixante jours après qu'elles soient entrées en vigueur. Les résolutions sont publiées et en kosraéen et en anglais dans les soixante jours après leur adoption par la Législature. En cas de conflit entre la version de langue anglaise d'une loi et la traduction de la loi en langue kosraéenne, la version anglaise prévaudra:
Article 4 18) The Governor shall have the laws published in both the Kosraean and English languages within sixty days after they become laws. Resolutions shall be published in both the Kosraean and English languages within sixty days of their adoption by the Legislature. Laws and resolutions so published shall be distributed to public officials and offered for sale to the public at the actual cost of publication. In the event of a conflict between the English language version of a law and the Kosraean language translation of the law, the English language version is controlling. |
Article 4 18) Le gouverneur fera publier les lois dans les langues kosraéenne et anglaise dans les soixante jours après qu'elles soient entrées en vigueur. Les résolutions seront publiées et en kosraéen et en anglais dans les soixante jours après leur adoption par la Législature. Lorsqu'elles sont publiées, les lois et les résolutions seront distribués aux fonctionnaires et offertes pour la vente au public au coût réel de leur publication. En cas de conflit entre la version de langue anglaise d'une loi et la traduction de la loi en langue kosraéenne, la version anglaise prévaudra. |
Il existe une certaine contradiction dans la mesure où, pour la Constitution, le kosraéen et l'anglais font également autorité, mais, en vertu de l'article 13 de la Constitution, c'est le kosraéen qui prévaut en cas de conflit d'interprétation:
Article 13 Language 1) The Kosraean language is the language of the State. The English language may also be employed in governmental discourse and proceedings, and other governmental activities within the State. 2) The Kosraean and English language expressions of this Constitution are of equal authority. In an instance of irresolvable conflict in the meaning of those expressions, the Kosraean language expression prevails. |
Article
13 Langue 1) La langue kosraéenne est la langue de l'État. La langue anglaise
peut aussi être employée dans les procédures et textes gouvernementaux
ainsi que dans d'autres activités de l'État. |
Pour ce qui est de l'État de Pohnpei, la Constitution ne traite pas spécifiquement de la langue de la Législature. Seul le paragraphe 1 de l'article 13 mentionne que les langues officielles du gouvernement de Pohnpei sont le pohnpéien et l'anglais:
Article 13 General Provisions 1) Official Language. The official languages of the Pohnpei Government shall be the Pohnpei and English languages. |
Article 13 Dispositions générales 1) Langue officielle Les langues officielles du gouvernement de Pohnpei sont le pohnpéien et l'anglais. |
Enfin, dans l'État de Yap, l'article 14 de la Constitution mentionne que «les langues autochtones de l'État et l'anglais sont les langues officielles:
Article
14 General provisions |
Article
14 Dispositions
générales |
C'est à partir de ces considérations juridiques que nous pouvons croire que l'anglais et co-officiel avec les langues autochtones, ce qui impliquerait le yapois, l'ulithien, le woleaien et le satawalais. Elles sont, avec l'anglais, les langues officielles de l'État. En réalité, il s'agit davantage d'une disposition déclaratoire et symbolique que d'une réalité.
4.2 Les langues de la justice
Il n'est pas simple de décrire les langues de la justice dans la FEM, car l'enchevêtrement des langues est grand. En effet, dans les cours fédérales, seul l'anglais est en principe admis, mais les cas de force majeure font en sorte que d'autres langues sont utilisées de la part des accusés ou des témoins: il s'agit généralement du chuukois, du pohnpéien, du kosraéen, du yapois, du mortlockois, rarement d'autres langues. Le juge rend sa sentence en anglais, mais des services de traduction sont prévus.
Dans les cours locales, on a recours à l'anglais, bien sûr, mais aussi aux langues co-officielles locales: au chuukois dans l'État de Chuuk, au kosraéen dans l'État de Kosrae, au pohnpéien dans l'État de Pohnpei, au yapois (ulithien, woleaien et satawalais) dans l'État de Yap.
4.3 Les langues de l'Administration
La situation linguistique dans l'Administration ressemble un peu à celle de la justice: c'est une forme de bilinguisme impliquant l'anglais et la langue locale. En effet, la langue anglaise reste, en principe, la langue de l'Administration publique de la Fédération. C'est la langue écrite de presque tous les documents officiels. Toutefois, localement, les langues co-officielles des États fédérés demeurent incontournables dans les communications orales, que ce soit pour l'Administration fédérale ou l'Administration «provinciale»: le chuukois dans l'État de Chuuk, le kosraéen dans l'État de Kosrae, le pohnpéien dans l'État de Pohnpei, le yapois dans l'État de Yap, mais aussi l'ulithien, le woleaien et le satawalais.
4.4 Les langues de l'éducation
La situation semble plus complexe dans l'éducation. Déjà, en 1915, les Japonais avaient introduit l'enseignement de la langue japonaise auprès des enfants des îles. Ensuite, les Américains ont enseigné l'anglais. Les États fédérés de Micronésie ont perpétué la tradition.
Dans l'État de Kosrae, l'école primaire est en kosraéen jusqu'en troisième année, alors que par la suite l'anglais est introduit graduellement pour devenir nettement prédominant au secondaire. Dans l'État de Chuuk, la langue maternelle de l'élève est la langue dans laquelle il reçoit son instruction au primaire. À partir du secondaire, l'anglais remplace le chuukois. Dans l'État de Pohnpéi, la politique est à peu près identique, sauf que, après une période d'enseignement bilingue, l'anglais devient l'unique langue d'enseignement au second cycle du secondaire. Enfin, dans l’État de Yap, le yapois, l'ulithien, le woleaien et le satawalais sont enseignés au premier cycle du primaire pour laisser graduellement la place à l'anglais. Au secondaire, seul l'anglais sert de langue d'enseignement.
Le campus principal du Collège de la FEM de Micronésie (College of Micronesia-FSM), l'établissement national d'enseignement supérieur du pays, est situé dans l'État de Pohnpei (île de Pohnpei). Des campus locaux sont placés dans chacun des États fédérés, ainsi qu'un institut maritime et des pêcheries dans l'État de Yap. On compte au total quelque 1600 étudiants qui reçoivent leur instruction en anglais.
4.5 Les médias
La langue anglaise envahit les médias micronésiens, que ce soit à la radio, la télévision ou dans les journaux. C'est la radio qui accorde le plus de place aux langues vernaculaires, surtout pour le chuukois, le pohnpéien, le kosraéen, le yapois, l'ulithien, le nukuoro et le kapingamarangi. La télévision est surtout diffusée en anglais, puis en chuukois et en pohnpéien.
Quant aux journaux, ils demeurent limités. À part le FSM Government News (en anglais) et le Island Tribune (en anglais) de Pohnpei, il n'existe pas de journaux nationaux. L'État de Yap dispose d'un petit journal hebdomadaire en anglais: The Yap Network. Le journal le plus récent de Pohnpei, The Kaselehlie Press, est publiée deux fois par semaine et couvre l'État de Pohnpei; il contient des articles d'intérêt national (en anglais) en provenances d'autres États de la FEM. Le journal The Pacific Daily News de Guam est publié tous les deux jours, presque exclusivement en anglais (parfois en chomorro), et est vendu dans les commerces dans l'ensemble du pays. Même s'il sert de principal journal pour les Caroliniens, il ne contient que fort peu de nouvelles concernant la FEM.
La politique de bilinguisme pratiquée par la Fédération des États de Micronésie semble inégalitaire, l'anglais ayant un net avantage sur les langues nationales. Il faut dire que les langues micronésiennes paraissent de bien petites langues par rapport à l'anglais; elles ne peuvent que difficilement tenir tête à l'anglais, surtout en l'absence de dispositions législatives contraignantes, comme c'est le cas ici. En somme, la politique linguistique de la Fédération s'apparente à de nombreux pays en situation de post-colonialisme. La langue de l'ancien colonisateur continue de s'accaparer les rôles de prestige, alors que les langues nationales sont reléguée aux situations de communications informelles, avec une place limitée à l'enseignement primaire et dans les médias électroniques.
La politique des États fédérés reste assez semblable, bien que la situation soit à l'avantage des langues vernaculaires dans les communications orales plus ou moins informelles, que ce soit les loisirs, les milieux de travail et la radio. Mais, à l'écrit, tous les langues sont défavorisées. La langue de l'Administration reste l'anglais, de même que dans les affaires. À long terme, certaines langues comme le chuukois, le pohnpéien, probablement le kosraéen et le yapois ont des chances de se maintenir en raison de leur caractère insulaire.
Cela dit, l'anglais est là pour rester dans la mesure où le «Compact of Free Association» en fait une dépendance des États-Unis qui contribuent au budget du pays pour 82 %. De plus, à l'instar des autres pays de la région, la population autochtone tend à émigrer massivement vers les États-Unis, lesquels sont devenus la destination préférée des insulaires du Pacifique. Les longues listes d'attente pour l'émigration et l'immigration illégale démontrent qu'il y a une large demande insatisfaite. On peut s'attendre à ce que, à long terme, il y ait davantage d'insulaires émigrés que d'autochtones qui continueront d'obtenir des emplois non qualifiés aux États-Unis, avec de bas salaires, sans que leur mobilité sociale s'améliore dans le futur.
Bibliographie
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