Pologne

(1) Données démolinguistiques

République de Pologne

Capitale: Varsovie  
Population: 37,7 millions (est. 2020)
Langue officielle: polonais (de facto)
Groupe majoritaire: polonais (96 %)
Groupes minoritaires: silésien, cachoube, allemand, ukrainien, biélorusse, vietnamien, russe, romani, lemk/ruthène, lituanien, anglais, russe, slovaque, tchèque, arménien, tatar, grec, etc.
Système politique: république parlementaire
Articles constitutionnels (langue): art. 27, 35, 233 de la Constitution de 1997;
Lois linguistiques: Code de procédure administrative (1960); Code de procédure civile (1964); Loi sur la radiodiffusion (1992)
; Traité de bon voisinage et de coopération amicale entre l’Allemagne et la Pologne (1991); Loi électorale du Sejm (1993);  Code de procédure pénale (1997); Loi sur la langue polonaise (1999, modifiée); Loi sur la concurrence et la protection des consommateurs (2000-2019); Loi sur le système des tribunaux ordinaires (2001); Loi sur la profession de traducteur assermenté (2004); Loi sur les minorités nationales et ethniques et sur la langue régionale (2005); Loi sur la fonction publique (2008); Loi sur la citoyenneté polonaise (2009); Loi sur le Code électoral (2011); Loi sur le système d'éducation (2016-2020).

1 Situation géopolitique

La république de Pologne (en polonais: Rzeczpospolita Polska) est un pays d'Europe centrale, baigné au nord par la mer Baltique. D'une superficie de 312 685 km² (par comparaison, l'Italie est de 301 323 km²), le pays est limité à l'est par la Lituanie, la Biélorussie et l'Ukraine, au sud par la République tchèque et la Slovaquie, à l'ouest par l'Allemagne (voir la carte détaillée du pays).  La Pologne a aussi fait partie du «Bloc de l'Est» communiste.

Avant le 1er janvier 1999, la Pologne était divisée au plan administratif en 49 «voïvodies» correspondant grosso modo à des «départements» français ou à des districts. Le nom de chacune de ces 49 voïvodies se transmettait directement à son chef- lieu (p. ex., Krakowskie / Cracovie = de Krakow; Gdanskie / Dantzig = de Gdansk; Warszawskie / Varsovie = de Warszawa, etc.). Cependant, depuis le début de 1999, la Pologne comprend 16 voïvodies ayant des compétences des «régions» (województwa). Les voïvodies sont les suivantes (avec dénominations françaises en gras, polonaises entre parenthèses):

Source : Bureau central des statistiques (GUS)

Voïvodie Superficie en km²
Basse-Silésie (Dolnoslaskie) 19 948
Cujavie-Poméranie (Kujawsko-Pomorskie) 17 970
Lublin (Lubelskie) 25 114
Lubusz (Lubuskie) 13 984
Lodz (Lodzkie) 18 219
Petite-Pologne (Malopolskie) 15 144
Mazovie (Mazowieckie) 35 579
Opole (Opolskie) 9 412
Basses-Carpates (Podkarpackie) 17 926
Podlasie (Podlaskie) 20 180
Poméranie (Pomorskie) 18 293
Silésie (Slaskie) 12 294
Sainte-Croix (Swietokrzyskie) 11 691
Varmie-Mazurie (Warminsko-Mazurskie) 24 203
Grande-Pologne (Wielkopolskie) 29 826
Poméranie occidentale (Zachodniopomorskie) 22 902
POLOGNE 312 685

La division actuelle en 16 voïvodies est due à la fois à des compromis entre les parlementaires (le nombre des nouvelles voïvodies variait selon les divers projets présentés) et à des revendications de la part des populations concernées. Par exemple, la voïvodie d'Opole (le «Comité de défense de la voïvodie d'Opole»), initialement prévue comme partie intégrante de la Haute-Silésie, réclamait son autonomie en évoquant son particularisme linguistique et culturel: c'est une région transfrontalière avec la République tchèque ayant une forte concentration allemande à la suite des changements de population de 1945. Aujourd'hui, la voïvodie d'Opole est l'une des 16 régions polonaises, sans être toutefois une région à statut spécial à l'italienne (Valée d'Aoste, Trentin-Haut-Adige, Sicile, etc.).

La voïvodie constitue l’unité de base de l’administration de l'État polonais. Elle se compose, d'une part, des collectivités locales de voïvodie, qui possèdent une personnalité juridique, un budget propre et des pouvoirs étendus en matière de politique économique, d'autre part, d'une personne responsable  — un/une voïvode  —  nommée par l’État, et chargée de mettre en œuvre et de faire appliquer les politiques nationales dans la voïévodie, puis de veiller à ce que les institutions de l’État agissant dans la région exercent leurs fonctions de manière appropriée. Le voïvode (en polonais: wojewoda) est le représentant du gouvernement central et l'agent responsable vis-à-vis de l’État; il doit aussi veiller à ce que les décisions prises par les collectivités locales de la voïvodie soient conformes aux lois de l’État. La Pologne compte également 373 districts (powiat/powiaty) et 2489  communes (gmina/gminy). Le powiat ou district est la division administrative et la collectivité territoriale intermédiaire entre la voïvodie et la gmina.

2 Données démographiques générales

D'après les estimations de 2008, la Pologne comptait 38,6 millions d’habitants. La population aujourd'hui n'est pas davantage également répartie sur le territoire. Les voïvodies de Mazovie (5 millions), de Silésie (4,8 millions), de Grande-Pologne (3,3 millions) et de Petite-Pologne (3,2 millions) sont les plus peuplées.

Voïvodie Population Pourcentage
Basse-Silésie (Dolnoslaskie) 2 972 667 7,6 %
Cujavie-Poméranie (Kujawsko-Pomorskie) 2 099 724 5,4 %
Lublin (Lubelskie) 2 232 054 5,7 %
Lubusz (Lubuskie) 1 023 988 2,6 %
Lodz (Lodzkie) 2 643 385 6,8 %
Petite-Pologne (Malopolskie) 3 233 799 8,3 %
Mazovie (Mazowieckie) 5 072 335 13,1 %
Opole (Opolskie) 1 084 665 2,8 %
Basses-Carpates (Podkarpackie) 2 218 605 5,7 %
Podlasie (Podlaskie) 1 221 128 3,1 %
Poméranie (Pomorskie) 2 198 322 5,6 %
Silésie (Slaskie) 4 847 600 12,5 %
Sainte-Croix (Swietokrzyskie) 1 322 879 3,4 %
Varmie-Mazurie (Warminsko-Mazurskie) 1 468 313 3,7 %
Grande-Pologne (Wielkopolskie) 3 360 899 8,6 %
Poméranie occidentale (Zachodniopomorskie) 1 733 848 4,4 %
POLOGNE 2008 38 644 211 100 %

Source : Bureau central des statistiques (GUS)

La diaspora polonaise compterait plus de 20 millions de personnes réparties surtout en Europe et en Amérique du Nord.

3 La langue polonaise

La très grande majorité des Polonais (près de 97 %) parlent le polonais, une langue slave appartenant à la famille indo-européenne. Parmi les autres langues slaves, le polonais semble particulièrement proche du biélorusse et du slovaque. De façon générale, la plupart des mots polonais sont relativement compréhensibles à la lecture pour tous les locuteurs d'une autre langue slave, dans la mesure où les règles d'écriture propres au polonais ont été assimilées.

La chute du régime communiste et l'ouverture des frontières ont provoqué une vague d'émigration suivie par la suite d’un mouvement d’immigration. Or, l'immigration est un phénomène nouveau en Pologne, qui risque dans les années à venir de changer quelque peu la composition démographique de ce pays, du moins en ce qui concerne l'origine ethnique. Bien que, de façon générale, les Polonais ne connaissent que faiblement les langues étrangères, l'anglais, le français, l’allemand et le russe restent les langues les plus apprises. Les Polonais sont, dans une proportion de 95 %, de religion catholique. Le catholicisme exerce une grande influence dans la société polonaise, car plus de 75 % des Polonais sont pratiquants. En 1978, le cardinal polonais Karol Wojtyla fut élu pape de l’Église catholique sous le nom de Jean-Paul II. Ceux qui ne sont pas catholiques sont des luthériens (Allemands), des orthodoxes (Ukrainiens, Russes, Biélorusses, Grecs, etc.), des juifs ou des musulmans (Tatars), parfois des bouddhistes (Vietnamiens).

3.1 L'écriture et les phonèmes

Héritage catholique Héritage orthodoxe
croate, polonais, tchèque, slovaque, slovène, silésien, sorabe, cachoube russe, ukrainien, serbe, monténégrin, biélorusse, bulgare, macédonien,
La langue polonaise s'écrit avec l'alphabet latin. Rappelons que, dans les pays slaves, l’héritage catholique a favorisé l’alphabet latin. À l'opposé, l’héritage du monde orthodoxe a favorisé l’alphabet cyrillique

L'évolution phonétique du polonais à partir de l'indo-européen, notamment dans le cas des consonnes, paraît plus importante que celle des autres langues slaves. La langue polonaise contemporaine compte sept voyelles et 36 consonnes, qui sont transcrites à partir de l'alphabet latin modifié. Les phonèmes non représentés originellement par l'alphabet latin sont indiqués par des lettres doubles comme le [sz] et le [cz] (qui correspondent au français [ch] et [tch]) et par des signes diacritiques comme [ź] (le [j] français de jaloux) et [ś] (le [ch] palatal de chapeau), et qui proviennent du tchèque. La lettre ł (qui correspond au son [w] anglais dans week) est propre au polonais. Au cours de son évolution, le polonais a abandonné la distinction entre les voyelles longues et les voyelles brèves, et l'accent est venu se placer sur l'avant-dernière syllabe du mot; dans les autres langues slaves, l’accentuation est mobile.

Le polonais est la seule langue slave utilisant des voyelles nasales (ą et ę dont la prononciation correspond au [ɔ] nasalisé de maison et au [ɛ] nasalisé de train), qui sont dérivées des voyelles nasales du vieux slave. Les voyelles sont les suivantes: ą (correspondant à la nasale -on dans maison), e (è de mère), ę (la nasale -ain dans train), i (pipe), o (pot), ó (ou comme dans bonjour). Pour sa part, le système consonantique polonais peut paraître complexe pour un francophone. Il possède des consonnes dures et des consonnes mouillées. Le tableau qui suit (d'après Monika Nicinski et Olivier Gautreau) présente la liste complète des consonnes dures et de leur correspondance en consonnes mouillées.  

Consonnes dures

Consonnes mouillées

 Suivies uniquement d'une autre consonne ou en finale

Suivies uniquement d'une autre consonne ou en finale

Suivies d'une autre consonne ou d'une voyelle

       c                 cz

       d             dz et dż 

       n

       s                  sz

       z              ż  et  rz

         ć                                 ci

         dź                               dzi

         ń                                  ni

         ź                                  zi

         ś                                  si

c = [ts] dans tsigane ź = [g] dans gilet  ł = [w] dans week-end
ć  = [tch] dans tchèque ż = [g] dans gilet ś = [ch] dans chic
h = jota espagnole j = [y] dans yoga w = [v] dans vide

L'une des difficultés dans l'apprentissage du polonais pour les étrangers réside souvent dans l’orthographe des mots qui comportent les lettres ż et rz, u et ó, h et ch, car dans la prononciation ces lettres semblent correspondre aux mêmes sons ou presque. Une autre difficulté provient du fait qu'il existe en polonais deux façons d'écrire les consonnes: soit avec un accent au-dessus (ć, ń, ś, ź), soit avec un i derrière. Seules les consonnes c, n, s et z peuvent prendre un accent; les autres ne peuvent prendre qu'un i. Dans les textes écrits, les consonnes accentuées c, n, s et z sont notées ć, ń, ś et ź devant une consonne, et ci, ni, si, zi devant une voyelle. Attention, la correspondance des consonnes françaises [q], [v] et [x] (ou [ks]) n'existe pas en polonais, sauf éventuellement dans les mots étrangers. 

3.2 La grammaire

nominatif pilot
génitif pilota
datif pilotowi
accusatif pilota
instrumental pilotem
locatif pilocie
vocatif pilocie
Du côté de la grammaire, le polonais est une langue à déclinaison héritée du vieux-slave. On y compte sept cas (nominatif, génitif, datif, accusatif, vocatif, instrumental et locatif), dont six pour les noms, les pronoms et les adjectifs, plus un septième, le vocatif, qui concerne les noms et les pronoms en situation d'adresse directe. Le tableau ci-contre (provenant de Wikipédia) illustre le masculin singulier avec le mot «pilote».

De façon générale, seulement quatre cas suffisent à couvrir environ 90 % des textes courants. Grâce à la déclinaison, il est possible de former des phrases de structure très et parfois même complexe. 

La langue polonaise possède trois genres: le masculin (gruby, niebieski, ostatni), le féminin (gruba, niebieska, ostatnia) et le neutre (grube, niebieskie, ostatnie). De plus, le masculin compte deux sous-genres: au singulier, un sous-genre animé, qui est celui des personnes et des animaux, et un sous-genre inanimé qui est celui des choses; au pluriel, un sous-genre personnel et un sous-genre non personnel qui est celui des animaux et des choses. C'est pourquoi de nombreux spécialistes affirment que le polonais possède cinq genres: le masculin personnel, le masculin animé, le masculin inanimé, le féminin et le neutre. Le polonais différencie le singulier et le pluriel, mais, comme la plupart des langues slaves, il a perdu le duel qu'il possédait à l'origine. 

L'aspect flexionnel du polonais est très vivant dans les verbes. La flexion des verbes dépend du genre ainsi que de la personne et du nombre, mais les formes temporelles ont été simplifiées par l'élimination de trois temps anciens (l'aoriste, l'imparfait et le plus-que-parfait). Ce qu'on appelle le parfait slave est le seul temps passé utilisé dans la langue commune. Comme dans toutes les langues slaves, l'aspect divise le lexique verbal en deux catégories, celle des verbes perfectifs (exprimant l'action envisagée dans sa limite ou son résultat) et celles des verbes imperfectifs (ne présentant pas cette limitation et exprimant par exemple l'action habituelle ou l'action en cours de déroulement). L'ordre des mots reste très flexible.

De façon générale, la grammaire et la ponctuation polonaises sont régies par un nombre imposant de règles et de nombreuses d’exceptions. C’est peut-être pour ces raisons que la langue polonaise est réputée comme l’une des plus difficiles au monde. 

3.3 Le vocabulaire

En ce qui a trait au vocabulaire, beaucoup de mots proviennent du latin (matka < mare: mère, morze < mare: mer; dom < domus: maison; nowvy < novus: nouveau; lewy < laevus: gauche). Bien sûr, il faut y ajouter des mots d'origine slave (ukrainien, biélorusse, russe) et balte (lituanien), puis germanique (plus précisément allemande: rachunek < Rechnung: «addition»; ratusz < Rathaus: «hôtel de ville»; straijk < Streik: «grève»; gmina < Gemeinde: «commune») et enfin de nombreux mots français (frytki < frite; kolacja < collation; szofer < chauffeur; bagaze < bagage; autobus < autobus, chirurg < chirurgien; karta kredytowa < carte de crédit; krawat < cravate) et anglais (grejpfrut, hamburger, szorty < short, komputer, bank, motor, laptop, piksel), sans oublier une foule de mots scientifiques d'origine gréco-latine.

3.4 Les variantes dialectales du polonais

La langue polonaise est le résultat de son histoire, alors que chaque village ou chaque ville parlait sa propre variété dialectale. Aujourd'hui, il ne reste que trois grandes variétés dialectales: le petit-polonais (Dialekt Małopolski), le dialecte de Cracovie, parlé au sud, dans la voïvodie de Petite-Pologne, le grand-polonais (Dialekt Wielkopolski), le dialecte de Gniezno et de Poznań situé dans le centre-ouest de la Pologne, dans la voïvodie de Grande-Pologne) et le mazovien (Dialekt Mazowiecki), le dialecte de Varsovie, dans la voïvodie de Mazovie), auquel on peut distinguer le mazurien (Dialekt Mazurski).

On peut mentionner également le silésien (Dialekt Slaski) parlé dans les voïvodies du Sud-Ouest, une langue qui n'est pas considérée comme un dialecte distinct, mais comme une variété du petit-polonais influencée par l'allemand. Actuellement, les Silésiens ne constituent pas une «minorité nationale», mais l'un des divers groupes ethniques qui composent la Pologne. Même si les Silésiens réclament leur propre nationalité, nombreux sont ceux qui se disent polonais. 

Enfin, le cachoube (en polonais: Kaszubski), parlé dans le Nord, n'est pas davantage reconnu comme un dialecte du polonais, mais comme une langue slave distincte à part entière. Le cachoube partage certaines particularités avec le mazovien. Les locuteurs du cachoube (les évaluations varient de 100 000 à plus de 200 000) vivent surtout dans et autour de la ville de Gdansk près de la mer Baltique, dans la voïvodie de Poméranie. L'intercompréhension est relativement aisée entre les trois grands dialectes, même s'ils diffèrent quelque peu dans la prononciation, la grammaire, la syntaxe et le vocabulaire.

4 Les langues des minorités nationales

Voici la répartition des groupes ethniques et des langues en Pologne:

Ethnie Population Pourcentage Langue Filiation linguistique Religion principale
Polonais 36 289 000 96,0 % polonais

langue slave

chrétienne
Silésien 790 000 2,0 % silésien

langue slave

chrétienne
Cachoube 231 000 0,6 % cachoube

langue slave

chrétienne
Allemand 121,000 0,3 % allemand

langue germanique

chrétienne
Ukrainien 49 000 0,1 % ukrainien

langue slave

chrétienne
Biélorusse 45 000 0,1 % biélorusse

langue slave

chrétienne
Vietnamien 45 000 0,1 % vietnamien famille austro-asiatique bouddhisme
Russe 22 000 0,0 % russe

langue slave

chrétienne
Tsigane/Rom 13 000 0,0 % romani langue indo-iranienne chrétienne
Lemk/Ruthène 11 000 0,0 % ruthène langue slave chrétienne
Lituanien 7 700 0,0 % lituanien

langue balte

chrétienne
Américain 5 800 0,0 % anglais langue germanique chrétienne
Britannique 5 500 0,0 % anglais langue germanique chrétienne
Macédonien 4 900 0,0 % macédonien

langue slave

chrétienne
Valaque 4 900 0,0 % valaque langue romane chrétienne
Italien 4 800 0,0 % italien langue romane chrétienne
Turc 4 800 0,0 % turc famille altaïque (langue turcique) islam
Espagnol 4 500 0,0 % espagnol langue romane chrétienne
Tsigane sinté 4 300 0,0 % romani sinté langue indo-iranienne chrétienne
Tsigane des Carpates 4 200 0,0 % romani des Carpates langue indo-iranienne chrétienne
Français 3,900 0,0 % français langue romane chrétienne
Indien 3 300 0,0 % hindi langue indo-iranienne hindouisme
Juif polonophone 3 100 0,0 % polonais

langue slave

religion ethnique
Arménien 2 900 0,0 % arménien isolat indo-européen chrétienne
Slovaque 2 900 0,0 % slovaque

langue slave

chrétienne
Grec 1 900 0,0 % grec isolat indo-européen chrétienne
Tchèque 1 800 0,0 % tchèque

langue slave

aucune
Bulgare 1 700 0,0 % bulgare langue slave chrétienne
Tatar 500 0,0 % polonais

langue slave

islam
Caraïte 200 0,0 % polonais

langue slave

religion ethnique

Autres 79 000 0,2 % - - -
Total 37 768 600 100,0 % - - -

4.1 Les données statistiques

En Pologne, les statistiques tenues par le Bureau central de la statistique (entre 1950 et 2000) ne contiennent pas de données sur la langue maternelle de la population. Même le recensement national de 2000 (non publié) n’a pas inclus de question sur l’origine ethnique ou linguistique de la population. Le Parlement polonais a adopté, le 2 décembre 1999, la Loi sur le recensement général de la population et des logements (Journal des lois 2000, no 1, point 1 modifié) prévoyant l’organisation du référendum en mai 2002. Le questionnaire utilisé contient notamment deux questions relatives à la nationalité: «À quelle nationalité appartenez-vous?» et «Quelle(s) langue(s) parlez-vous le plus souvent à la maison?». Les résultats du recensement devaient être disponibles vers le milieu de 2003. Pour la première fois depuis l’entre-deux-guerres, le dernier recensement de 2002 contenait des questions sur la nationalité. D’après ce recensement, plus de 470 000 habitants de la Pologne appartiendraient à une minorité nationale.

Il existe aussi un système de collecte de données sur les minorités nationales; celui-ci est fondé sur les déclarations individuelles faites par les membres appartenant à des groupes minoritaires. Cependant, à partir de ces seules sources, il est pratiquement impossible de déterminer l'importance exacte d'une minorité ethnique ou nationale en Pologne. Nous devons donc recourir à des évaluations approximatives et présenter les limites minimales et maximales de la population concernée. 

Rappelons que, de 1385 à 1795, les territoires de ce qui constitue aujourd’hui la Lituanie, la Biélorussie, ainsi que la plus grande partie de l’Ukraine et de la Pologne, formaient une seule et même entité politique basée non pas sur la conquête, mais sur une union volontaire (république multinationale). La tolérance religieuse manifestée au cours de cette période par la Pologne encouragea l’afflux d’adeptes d’autres religions, qui contribuèrent à la présence sur le territoire national de Tchèques (descendants des Hussites), de Russes (membres de l’Église orthodoxe grecque), de juifs et de protestants allemands. Avant la Seconde Guerre mondiale, les minorités nationales de Pologne représentaient environ 30 % de la population totale. Cette répartition démographique fut bouleversée par l’Holocauste (déplacement ou relogement des populations, modifications de frontières postérieures à 1945, etc.), de telle sorte qu’aujourd’hui ces minorités ne représentent plus que 3 % de la population du pays. C’est dans les voïvodies de Varmie-Mazurie, Podlasie et Opole que l’on rencontre la plus forte concentration de minorités nationales. 

4.2 Les minorités reconnues

La Loi sur les minorités nationales et ethniques et sur la langue régionale distingue trois catégories de minorités: les minorités nationales (mniejszości narodowe), les minorités ethniques (mniejszości etniczne) et une minorité régionale (społeczność posługująca się językiem regionalnym) ou plus précisément une «communauté utilisant une langue régionale». Il s'agit donc ici de minorités juridiquement reconnues:

 Minorités nationales 1) les Biélorusses
2)
les Tchèques
3)
les Lituaniens
4)
les Allemands
5)
les Arméniens
6)
les Russes
7)
les Slovaques
8)
les Ukrainiens
9)
les Juifs
Minorités ethniques 1) les Caraïtes
2)
les Lemks/Ruthènes
3)
les Roms/Tsiganes
4)
les Tatars
Minorité régionale les Cachoubes

Selon l'article 2 de la Loi sur les minorités nationales et ethniques et sur la langue régionale, chacune de ces minorités répond aux conditions suivantes:

1) elle est numériquement moindre que le reste de la population de la république de Pologne;
2) elle se distingue essentiellement des autres citoyens par sa langue, sa culture et ses traditions;
3) elle fait tous les efforts possibles pour le maintien de sa langue, sa culture et ses traditions;
4) elle a la conscience de sa propre histoire de l'appartenance nationale commune et elle est guidée vers son expression et sa protection;  
5) ses ancêtres ont occupé le présent territoire de la république de Pologne depuis au moins cent ans;
6) elle s'identifie comme une nation organisée dans son propre pays.
 

Langue

Limites min./max.

Estimation
(organisations minoritaires)

Localisation

Allemand

100 000 - 350 000

500 000

Voïvodies d’Opole, de Silésie, de Varmie-Mazurie et de Cujavie-Poméranie

Ukrainien

50 - 300 000

300 000

Voïvodies de Basse- Silésie, de Lublin, de Petite-Pologne, des Basses-Carpates et de Varmie-Mazurie, ainsi que région de Zachodniopomorskie (Poméranie occidentale)

Biélorusse

45 000 

200 000

Voïvodie de Podlasie

Caraïte

200 - 20 000

80 000

Dispersés
Cachoube

230 000

100 000 - 350 000

Voïvodie de Poméranie et Cujavie-Poméranie
Lemk Ruthène

11 000 - 70 000

60 000 - 70 000

Voïvodies de Petite-Pologne (Basse et Haute-Silésie), des Basses-Carpates, de Basse-Silésie, de Varmie-Mazurie et de Lubusz

Tsigane

10 000 - 63 000

30 000

Voïvodies de Petite-Pologne, mais généralement dispersés

Slovaque

3 000 - 23 000

25 000

Voïvodie de Petite-Pologne (Szpisz et Orawa)

Lituanien

8 000 - 25 000

30 000

Voïvodie de Podlasie

Russe

22 000 - 25 000

25 000

Voïvodies de Podlasie et Varmie-Mazurie

Yiddish

8000 - 10 000

15 000

Dispersés

Arménien

3 000 - 8 000

15 000

Voïvodies de Basse Silésie et de Petite-Pologne

Grec/macédonien

2 000 - 5 000

5000

Tatar

500 - 1 000

5000

Voïvodie de Podlasie

Tchèque

2 000 - 3 000

2500

Voïvodies de Basse- Silésie, Lublin et Lodz

Total

922 000 - 1,1 million

1,2 million

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Comme on le constate, les résultats officiels de 2002 diffèrent sensiblement de ceux, par exemple, de la Fondation d'Helsinki des droits de l'homme de 1999 et de ceux de l'Association pour les médias civiques de 2003. C'est que ces derniers résultats tiennent compte de certaines minorités non reconnues comme les Grecs.

Selon les données mentionnées ci-dessus, la population des minorités nationales de Pologne s’élèverait entre 1,1 million et 1,2 million de personnes, ce qui signifie que les représentants des minorités ne constitueraient qu’entre 2,8 % et 3,1 % de l’ensemble des citoyens polonais.

Du point de vue de leur affiliation linguistique, les minorités de Pologne parlent des langues germaniques (allemand au sud-ouest de la Pologne), des langues slaves (ukrainien et ruthène au nord-est, nord-ouest et sud-ouest, biélorusse, slovaque, tchèque, macédonien), baltes (lituanien), indo-iraniennes (tsigane), altaïques (tatar), sans oublier l’arménien et le grec. La plupart des citoyens polonais appartenant à des minorités nationales sont des «autochtones». 

Certaines minorités exigent plus de précision. C'est le cas des Caraïtes, des Cachoubes, des Lemks et des Juifs:

Les Caraïtes forment une minorité ethnique d'origine turque d'environ 200 individus dispersés dans diverses voïvodies; ayant perdu l'usage de leur langue maternelle (turc), les membres de cette communauté se distinguent essentiellement désormais par leur religion qui est dérivée à la fois du judaïsme et de l'islam.

Les Cachoubes (ou Kaszub < polonais: Kaszubi; anglais: Kashubian) sont une communauté slave d'environ 230 000 locuteurs. Les Cachoubes parlent le cachoube, une langue slave considérée comme une variété très locale du polonais et influencée par l'allemand. Ils habitent généralement le nord du pays, plus précisément la voïvodie de Poméranie à l’ouest de l’agglomération de Gdańsk. Outre la langue, les Cachoubes se distinguent des Polonais par des traditions régionales particulières. Au total, il existerait de nombreuses variétés dialectales du cachoube.

Les Lemks ou Ruthènes forment une minorité ethnique d'environ 11 000 individus. D'origine ukrainienne, ils habitaient jadis ce qu'il est convenu d'appeler la Łemszczyzna (le «pays des Lemks»), à savoir la partie inférieure des monts Beskid et une partie des monts Sądecki. Dans le cadre de l'action «Wisła» de 1947 (condamnée par la Chambre haute du Parlement polonais en 1990), les Lemks furent déplacés et la plupart d'entre eux vivent aujourd'hui hors de leur région natale dans les voïvodies de Varmie-Mazurie, de Lubusz, de la Poméranie occidentale et de la Basse-Silésie. Beaucoup de Lemks sont retournés dans leur région natale, de telle sorte qu'une partie de la communauté est concentrée dans les voïvodies des Basses-Carpates et de la Petite-Pologne. Certains Lemks revendiquent leur appartenance à la nation ukrainienne, alors que d'autres déclarent former une minorité nationale distincte.

Les Juifs forment une minorité nationale d’environ 8000 à 10 000 individus dispersés dans toute la Pologne et vivant principalement dans les grandes villes. Les Juifs sont des adeptes du judaïsme, mais parlent généralement le polonais.

4.2 Les minorités non reconnues

Le pays compte aussi des minorités non reconnues par la loi. Il s'agit surtout des Grecs (1900) et des Macédoniens (4900). Ces deux groupes étaient des minorités nationales reconnues sous le régime communiste, mais ils perdu cette reconnaissance dans l'actuelle Pologne qui les considère comme des immigrants des réfugiés de la guerre civile en Grèce de 1946-1949.

En Pologne, on copte actuellement plus de 400 000 ressortissants étrangers. La majorité d'entre eux proviennent de divers pays d'Europe orientale (Russie, Biélorussie, Ukraine, etc.), mais également de l'Asie (Chine et Vietnam). Par exemple, la seule communauté vietnamienne compterait environ 60 000 membres.

Comme les locuteurs polonais comptent pour plus de 97 % de la population du pays, on peut affirmer que la Pologne est, au plan linguistique, remarquablement homogène. 

5 Les religions

Avant la Seconde Guerre mondiale, au moment du recensement de 1931, les plus grands groupes religieux en Pologne étaient des adeptes de cinq confessions: les catholiques romains (64,8%), les chrétiens orthodoxes (11,8%), les catholiques grecs (10,4%), les adeptes du judaïsme ( 9,8%) et les protestants (2,6%), pour un total de plus de 99% de la population. Les changements intervenus après la Seconde Guerre mondiale ont fait de la Pologne un pays largement homogène en termes de religion, dans lequel 86,7% à 95,5% de la population est de religion catholique. Cet état de fait fut influencé par plusieurs événements historiques: la perte des frontières orientales habitées en grande partie par la population orthodoxe, la fuite et le déplacement des protestants des territoires de l'Ouest et du Nord, la liquidation par les nazis de la quasi-totalité de la population juive professant le judaïsme, l'émigration vers l'Allemagne d'autres groupes, principalement des protestants de la Pologne occidentale et septentrionale à la suite des répressions et de l'émigration de la population juive qui a survécu à la Seconde Guerre mondiale.

Peu après la Seconde Guerre mondiale, quatre associations religieuses ont été enregistrées:

1) L'Église méthodiste - 5 septembre 1945;
2) L'Église catholique nationale polonaise - 1er février 1946;
3) L'Union des églises adventistes du septième jour - 26 avril 1946;
4) L'Église polonaise des chrétiens baptistes évangéliques - 5 mai 1946.

L'enregistrement de ces quatre dénominations était le résultat du fonctionnement juridique des Églises susmentionnées dans les conditions de l'occupation nazie. Par la suite, furent enregistrées: l'Église vieille-catholique polonaise, le 5 septembre 1947 (interdite en 1965), et l'ancienne Église catholique mariavite en Pologne, le septembre 1947 (confirmée le 31 octobre 1967).

Après 1997, quinze Églises et autres associations religieuses fonctionnent sur la base de lois distinctes. Il s'agit de l'Église catholique, de l'Église orthodoxe autocéphale polonaise, de l'Église évangélique d'Augsbourg en république de Pologne, de l'Église évangélique réformée en république de Pologne, de l'Église évangélique méthodiste en république de Pologne, de l'Église catholique polonaise en république de Pologne, de l'Église adventiste du septième jour en république de Pologne, de l'Église chrétienne baptiste en république de Pologne, de l'Église vieille-catholique mariavite en république de Pologne, l'Église catholique mariavite en république de Pologne, de l'Église pentecôtiste de la république de Pologne, de l'Union des communautés religieuses juives de la république de Pologne, de l'Église de la vieille croyance orientale, de l'Union religieuse musulmane de la république de Pologne et l'Union religieuse Karaim de la République de Pologne.

Au début du XXIe siècle, la répartition des religions se présentait ainsi:

• l'Église catholique romaine : 86,7%;
• l'Église gréco-catholique(0,14%;
• l'ancien catholicisme (0,12%);

• les Témoins de Jéhovah (0,34%);
• le bouddhisme (environ 0,04%);
• l'islam (0,013%);
• le judaïsme (0,004%);
• la religion autochtone (environ 0,01%).

   

Dernière mise à jour: 19 févr. 2024


1) Données démolinguistiques
 


Pologne
 


2) Données historiques
 


3) Politique linguistique du polonais
 


4) Politique linguistique des minorités nationales
 


5) Bibliographie
 

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