Les Émirats arabes unis |
Émirats arabes unisAl Imarat al ´ Arabiyah al Muttahidah |
Capitale:
Abou Dhabi
Population: 2,4 millions (2003) Langue officielle: arabe classique Groupe majoritaire: aucun Groupes minoritaires: arabe du Golfe (37,4 %), malayalam (11,4 %), télougou (4,9 %), baloutchi (4 %), pashtou de l'Est (4 %), arabe hijazi (3,9 %), bengali (3,5 %), arabe omanais (3,2 %), farsi de l'Ouest (3,2 %), filipino (3,2 %), arabe égyptien (3,1 %), arabe leventin du Sud (2,7 %), arabe leventin du Sud (2,6 %), pendjabi de l'Est (2,1 %), pachtou du Sud (1,5 %), arabe leventin du Nord (1,3 %), cinghalais (1,3 %), sindhi (1,1 %), arabe standard (1,1 %), somali (1 %), arabe soudanais (0,8 %), arabe taizzi-adeni (0,6 %), arabe libyen (0,4 %), arabe mésopotamien (0,3 %), anglais (0,2 %), etc. Système politique: fédération de sept émirats (Abou Dabi, Ajman, Charjah, Doubai, Fujaïrah, Ras el Khaïmah et Oumm al Qaïwaïn). Articles constitutionnels (langue): art. 6 et 7 de la Constitution du 2 décembre 1971 Lois linguistiques: Charte de la langue arabe |
Les Émirats arabes unis forment une
fédération de sept
émirats située sur la côte orientale de la péninsule Arabique; ces émirats
sont Abou Dhabi, Dubaï, Sharjah, Ajman, Umm al-Qaïwain, Fujaïrah et Ras
al-Khaïmah (voir la carte). Le territoire des Émirats est délimité au nord par le Qatar et
le golfe Persique, à l'est par le golfe d'Oman et l'État du même nom, au
sud et à l'ouest par l'Arabie saoudite.
La superficie des Émirats arabes unis est de 83 600 km² (ou l'équivalant de l'Autriche; France: 547 030 km²). Les sept émirats sont Abou Dabi (Abu Dhabi), Ajman, Charjah (Sharjah), Doubai (Dubaï), Fujaïrah, Ras el Khaïmah et Oumm al Qaïwaïn (Um al Kwain). Les Émirats arabes unis font partie de la Ligue arabe. |
Les émirats se répartissent inégalement suivant les États : Abou Dhabi, avec 67
600 km², est cinq fois plus étendu que les six autres émirats réunis.
Dubaï, le deuxième émirat en taille, ne compte que 3840 km², tandis que le
plus petit, Ajman, ne s'étend que sur 250 km². De plus, l'émirat de
Sharjah, d'Ajman, de Ras al-Khaïmah et de Fujaïrah sont territorialement
fragmentés.
La ville d'Abou Dhabi, capitale des émirats avec 500 000 habitants, abrite le gouvernement fédéral et met en œuvre la politique extérieure, la défense et l'enseignement des sept émirats. C'est la seule fédération du monde arabe. Chaque émirat est gouverné par un émir dont le pouvoir est héréditaire et absolu. Les sept émirs forment le Conseil suprême, qui constitue la plus haute instance du gouvernement fédéral. Le Conseil procède à l'élection d'un président et d'un vice-président parmi ses membres. Les Émirats arabes unis constituent l'une des zones les plus riches du monde, possédant le plus haut revenu par habitant. Leur économie repose tout entière sur l'exploitation des hydrocarbures. |
Dans certains milieux journalistiques, on utilise parfois la forme abrégée «les émirats» (avec une minuscule initiale). Dans ce cas, la dénomination sert à désigner l'ensemble des États de la péninsule Arabique: les ÉAU, mais aussi le Koweït, le Qatar, Bahreïn et même le sultanat d'Oman.
La population de la fédération était estimée en 2003 à 2 445 651 habitants. Les Émiriens sont concentrés dans les villes côtières ou dans les oasis à l'intérieur des terres. Les Émirats arabes unis rassemblent une population assez hétéroclite en raison du grand nombre de travailleurs étrangers, à un point tel que les populations indigènes (les «natifs»: Arabes du Golfe, Arabes bédouins et Arabes shihh) ont été minorisées par les Indo-Pakistanais et les Indo-Iraniens; elles ne représentent plus aujourd'hui que 37,6 % de la population totale. Les étrangers sont attirés par le haut niveau des salaires offerts dans les Émirats. Seuls les «natifs» peuvent obtenir la nationalité du pays.
2.1 Les ethnies
Moins de 60 % des habitants sont maintenant des Arabes de toutes origines, contre 24,2 % d'Indo-Pakistanais, 11 % d'Indo-Iraniens, 0,8 % d'Occidentaux (incluant les Européens, les Américains et les Canadiens) et 4,7 % d'Africains, de Philippins, de Malais, de Japonais, de Turcs et de Chinois.
Arabes (57,2 %) |
Indo-Pakistanais (24,2 %) |
Indo-Iraniens (11 %) |
Européens (0, 8 %) |
Autres (4,7 %) |
Arabes du Golfe, Arabes bédouins Arabes shihh Arabes saoudiens Arabes omanais Arabes égyptiens Arabes jordaniens Arabes palestiniens Arabes libanais Arabes syriens Arabes soudanais Arabes yéménites Tsiganes nawari Arabes irakiens |
Malayali Télougous Bengladeshis Pandjabi Cinghalais Sindhi Ourdous |
Baloutches
Pachtouns Iraniens |
Américains
Canadiens Allemands Hollandais Italiens Français Norvégien Suédois Grecs Polonais Serbes Croates |
Philippins Somalis Noirs d'Afrique Malais Japonais Turcs Chinois |
Outre les populations natives des Émirats, les travailleurs arabophones proviennent de l'Arabie Saoudite, d'Oman, d'Égypte, de Jordanie, de Palestine, du Liban, de Syrie, du Soudan, du Yémen et de l'Irak. Les Indo-Pakistanais constituent le second groupe en importance (24,7 %) avec les Malayali et les Télougous du sud de l'Inde, puis les Bengladeshis (Bangladesh), les Panjabis (Inde), les Cinghalais (Sri Lanka), les Sindhi (Pakistan) et les Ourdous (Pakistan). Le troisième groupe, celui des Indo-Iraniens, est flou parce qu'il regroupe des ethnies provenant aussi bien du Pakistan que de l'Afghanistan et de l'Iran, mais leur point commun est qu'ils sont des Iraniens de culture, non des Indiens. Le quatrième groupe concerne les Occidentaux (Européens, Américains et Canadiens): ce sont des travailleurs hyper-spécialisés dans l'industrie pétrochimique. Les Nord-Américains (incluant les Canadiens anglophones et francophones) sont présents en affaires depuis des décennies, d'abord dans le domaine du pétrole et du gaz, puis leurs activités se sont élargies pour englober les domaines du génie, de l'architecture, de l'éducation, des soins médicaux ainsi qu'une vaste gamme de services commerciaux.
Le pays abrite aussi d'autres travailleurs asiatiques, africains, etc. La population urbaine dans les Émirats représente 85 % de la population totale. Plus de 95 % de la population est musulmane sunnite de rite kharijite, le reste de la population étant chiite; les autres sont chrétiens.
2.2 Les langues
La langue officielle des Émirats est l'arabe classique, qui sert aussi de langue véhiculaire entre tous les arabophones. Toutes les autres ethnies utilisent plutôt l'anglais comme langue véhiculaire. Aucune langue maternelle particulière n'est majoritaire dans les émirats, même pas une variété d'arabe, mais l'ensemble des arabophones constituent une sorte de majorité de langue, de culture et de religion. Près de 60 % de la population parle l'une des nombreuses variétés d'arabe: arabe du Golfe, arabe shihh, saoudien, omanais, égyptien, jordanien, palestinien, libanais, syrien, soudanais, yéménite, irakien. Toutes les variétés d'arabe appartiennent su groupe sémite de la famille chamito-sémitique (ou afro-asiatique).
Ethnie | Langue maternelle | Affiliation linguistique | Population | % | ||
Arabes du Golfe | arabe du Golfe | langue sémitique | 750 000 | 30,6 % | ||
Malayali | malayalam | langue dravidienne | 280 000 | 11,4 % | ||
Bédouins | arabe du Golfe | langue sémitique | 167 000 | 6,8 % | ||
Télougous | télougou | langue dravidienne | 120 000 | 4,9 % | ||
Baloutches du Sud | baloutchi | langue indo-iranienne | 100 000 | 4,0 % | ||
Pachtouns de l'Est | pachtou de l'Est | langue indo-iranienne | 100 000 | 4,0 % | ||
Arabes saoudiens | arabe hijazi | langue sémitique | 97 565 | 3,9 % | ||
Bengali | bengali | langue indo-iranienne | 89 000 | 3,6 % | ||
Arabes omanais | arabe omanais | langue sémitique | 80 000 | 3,2 % | ||
Iraniens (Perses) | farsi de l'Ouest | langue indo-iranienne | 80 000 | 3,2 % | ||
Philippins | filipino (tagalog) | langue austronésienne | 80 000 | 3,2 % | ||
Arabes égyptiens | arabe égyptien | langue sémitique | 75 000 | 3,0 % | ||
Arabes jordaniens | arabe leventin du Sud | langue sémitique | 67 147 | 2,7 % | ||
Arabes palestiniens | arabe leventin du Sud | langue sémitique | 64 393 | 2,6 % | ||
Panjabis | pendjabi de l'Est | langue indo-iranienne | 53 000 | 2,1 % | ||
Pachtouns du Sud | pachtou du Sud | langue indo-iranienne | 38 100 | 1,5 % | ||
Arabes libanais | arabe leventin du Nord | langue sémitique | 33 574 | 1,3 % | ||
Cinghalais | cinghalais | langue indo-iranienne | 32 000 | 1,3 % | ||
Sindhi | sindhi | langue indo-iranienne | 27 000 | 1,1 % | ||
Arabes syriens | arabe standard | langue sémitique | 26 859 | 1,1 % | ||
Somalis | somali | langue sémitique | 25 000 | 1,0 % | ||
Arabes soudanais | arabe soudanais | langue sémitique | 19 513 | 0, 8 % | ||
Arabes yéménites | arabe taizzi-adeni | langue sémitique | 15 000 | 0, 6 % | ||
Américains | anglais | langue germanique | 13 500 | 0,5 % | ||
Tsiganes nawari | arabe libyen | langue sémitique | 12 000 | 0, 4 % | ||
Arabes irakiens | arabe mésopotamien | langue sémitique | 9 401 | 0, 3 % | ||
Canadiens | anglais | langue germanique | 6 000 | 0, 2 % | ||
Noirs d'Afrique | swahili | langue bantoue | 5 300 | 0, 2 % | ||
Malais | malais | langue austronésienne | 5 300 | 0, 2 % | ||
Ourdous | ourdou | langue indo-iranienne | 5 300 | 0,2 % | ||
Shihuh | arabe shihhi | langue sémitique | 5 000 | 0,2 % | ||
Allemands | allemand | langue germanique | 1 300 | 0,0 % | ||
Japonais | japonais | langue japonaise | 1 300 | 0,0 % | ||
Hollandais | néerlandais | langue germanique | 785 | 0,0 % | ||
Turcs | turc | langue altaïque | 752 | 0,0 % | ||
Italiens | italien | langue romane | 400 | 0,0 % | ||
Français | français | langue romane | 250 | 0,0 % | ||
Norvégien | bokmål | langue germanique | 200 | 0,0 % | ||
Suédois | suédois | langue germanique | 113 | 0,0 % | ||
Chinois | chinois mandarin | langue sino-tibétaine | 100 | 0,0 % | ||
Grecs | grec | langue grecque | 100 | 0,0 % | ||
Polonais | polonais | langue slave | 100 | 0,0 % | ||
Serbo-Croates | serbo-croate | langue slave | 100 | 0,0 % | ||
|
Les langues dravidiennes sont le malayalam (11,4 %) et le télougou (4,8 %). Les langues indo-iraniennes sont le baloutchi, bengali, pachtou, le farsi, le cinghalais, le sindhi et l'ourdou. L'hindi et l'ourdou ne forment en réalité qu’une seule et même langue, mais l’hindi s’écrit avec l’alphabet dévanâgari et l’ourdou avec l’alphabet arabo-persan. Ce sont des raisons religieuses et politiques qui ont favorisé cette répartition: les Pakistanais sont musulmans et voulaient se distinguer des Indiens à majorité hindoue. Les différences entre les deux langues ne sont pas seulement d'ordre graphique (alphabet devanagari pour l’hindi et alphabet arabo-persan pour l’ourdou), mais aussi d'ordre culturel. Elles reflètent des divergences religieuses et politiques, dans la mesure où l'ourdou est associé à l'islam et l’hindi à l'hindouisme.
On compte aussi des langues austronésiennes (filipino et malais), germaniques (anglais, néerlandais, allemand, norvégien, suédois), romanes (français, italien), slaves (polonais, serbe, croate), jusqu'à des langues altaïques (turc), sino-tibétaines (chinois), japonaises (japonais) et bantoues (swahili). Aucune des langues non arabes n'a une chance quelconque de s'imposer, sauf l'anglais comme langue véhiculaire.
D'après les fouilles archéologiques, l'histoire de la région remonterait vers 8000 avant notre ère. Des traces d'occupation ont été attestées aux environs d'Abou Dhabi, de Ras al-Khaïmah et dans le désert près de Al Ain. Cette région était un carrefour commercial important entre la Mésopotamie, l'Iran, le Dilmun (aujourd'hui le Bahreïn ) et l'Inde. Plus tard, il y eut des contacts avec les Grecs, puis avec les Romains.
En 632, la population fut convertie à l'islam lors de l'invasion arabe, puis s'arabisa. Par la suite, son histoire se confond à celle de l'Empire arabo-musulman, notamment avec les califats d'Omeyyades de Damas et des Abbasside de Bagdad. Grands explorateurs, les Arabes de la région sillonnèrent l'océan Indien et commercèrent jusqu'au Vietnam et en Chine. Mais, entre les XIIIe et XVIIe siècles, la région fut convoitée par les Perses, les Ottomans et les Portugais, ces derniers occupant le détroit d'Ormuz au XVIe siècle. Portugais et Arabes se firent des guerres sanglantes, mais les Arabes réussirent à mettre les Portugais en déroute. La région fut rapidement gouvernée par des cheikhs qui s'affrontèrent pour conserver le monopole sur la pêche des perles et la piraterie. Les Al Qassimi, une riche famille de Ras al-Khaïmah, réussit à s'affirmer davantage et prit le contrôle de la région. Ils disposaient d'une puissante flotte d'une soixantaine de grands vaisseaux qui pouvait détrousser tous les navires étrangers. Les Britanniques accusèrent les Al Qassimi de piraterie et se servirent de ce prétexte pour prendre la contrôle de la région appelée «la côte des Pirates».
3.1 Le régime britannique
À partir de 1820, la «la côte des Pirates» tomba sous la gouverne des Britanniques qui cherchaient à protéger leur fameuse «route des Indes». Ils imposèrent aux Arabes le traité de la Trêve et transformèrent la région en protectorat britannique, appelé «États de la Trêve» (en anglais: "Trucial States"). Ce traité quasi unilatéral obligeait les Émirats, ainsi qu'à Bahreïn, au Qatar et au Koweït de n'entretenir aucune relation politique ou économique avec un autre pays que la Grande Bretagne... en échange de sa protection. Les guerres étant terminées, les populations côtières reprirent leur pêche traditionnelle des perles fines; cette industrie resta florissante jusqu'en 1930. Ce ne fut qu'au début du XXe siècle que quelques écoles arabes furent fondées par des marchands de perle à Dubaï, Abu Dhabi et Sharjah. Les écoles furent pourvues en personnel par des enseignants étrangers qui apprirent aux enfants la lecture, l'écriture et des études islamiques, le tout en arabe classique. |
Les Émirats entrèrent véritablement dans l'histoire des relations internationales lorsque la question des frontières avec leur voisin du nord, l'Arabie Saoudite, alors sous protection américaine, fut posée en 1933. La délimitation des frontières posait le problème de la répartition des immenses réserves pétrolières progressivement mises à jour. Les crises économiques des années trente forcèrent certaines écoles à fermer, mais quelques-unes ont fini par rouvrir au début des années cinquante. Le premier gisement de pétrole dans les Émirats fut découvert en 1953, à Abou Dhabi. Les sept cheikhs subirent, d'une part, les pressions des Britanniques les invitant à leur accorder des concessions, et durent faire face, d'autre part, aux mutations d'une économie traditionnelle essentiellement fondée sur la culture perlière, entrée en crise au cours des années trente du fait de l'invention par le Japon des perles de culture. Le gouvernement britannique construisit des écoles à Abou Dhabi, Ras al-Khaïmah et Khawr Fakkan et même une école d'agriculture à Ras al-Khaïmah en 1955, puis une école technique à Sharjah en 1958.
L'exploitation des concessions pétrolières débuta après la Seconde Guerre mondiale. En 1950, un conseil des Émirats fut créé sous les Britanniques qui cédèrent le pays en 1968. Durant le régime britannique, l'anglais s'est installé dans l'Administration publique, mais n'atteignit jamais les populations locales.
3.2 La fédération des Émirats arabes
La fédération des Émirats arabes unis s'est formée le 2 décembre 1971. L'article 7 de la Constitution (encore en vigueur) prévoyait que l'arabe était la langue officielle de l'Union, mais l'anglais demeura toujours présent dans la vie économique et les médias. L'article 17 de la Constitution énonce que l'éducation est fondamentale pour le progrès de la société et doit être obligatoire et gratuite au niveau primaire et aux autres niveaux (secondaire et universitaire. De plus, les uniformes, les livres, l'équipement et le transport furent déclarés également gratuits. Quelques enfants ont fréquenté les écoles religieuses appelées madrassa où ils ont été instruits en arabe classique dans la lecture du Coran.
Les Émirats exploitèrent les hydrocarbures dont les revenus augmentèrent jusqu'à la moitié des années quatre-vingt. Les Émirats arabes unis devinrent l'un des pays les plus riches du monde, mais aussi l'un des plus convoités. Le pays reste à la merci des conflits frontaliers, notamment avec l'Iran qui, en 1992, a annexé trois îles, situées dans le détroit d'Ormuz, jusqu'ici co-administrées avec le Sharjah et, dans une moindre mesure, avec l'Arabie Saoudite. En 1981, le Conseil de coopération du Golfe (CCG) réunit l'Arabie Saoudite, Bahreïn, les Émirats arabes unis, le Koweït, Oman et le Qatar, soit 44 % des réserves mondiales de pétrole. Il prônait la défense commune et l'intégration économique de ces pays en une zone de libre-échange.
En 1996, le chef du gouvernement fédéral des Émirats refusa de recevoir le premier ministre iranien en raison de leur différend, tout en maintenant des relations économiques. Le pays a souvent recherché la protection d'États plus puissants, dans un cadre régional, en intégrant notamment, en 1981, le Conseil de coopération du Golfe, puis en signant des accords de défense et de coopération avec des puissances occidentales : la France, qui a vendu 436 chars Leclerc au gouvernement d'Abou Dhabi en 1993, la Grande-Bretagne (accords de défense du 28 novembre 1996) et les États-Unis. À partir de 1997, prenant ses distances avec les pays occidentaux, le cheikh Zayed, président de la Fédération, boycottait la Conférence économique pour le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord qui se tenait en novembre 1997 et se déclarait opposé aux frappes aériennes menées par les États-Unis contre l'Irak.
L'importance des pays du Golfe s'explique principalement par leurs énormes ressources énergétiques : ils détiennent 53 % des réserves pétrolières connues du monde et génèrent plus du tiers de la production quotidienne mondiale. L'Arabie Saoudite se classe au premier rang avec des réserves de 261 milliards de barils, suivie par les Émirats arabes unis (98 milliards) et le Koweït (96,5 milliards). L'exploitation du pétrole exigea aussi de faire appel à des travailleurs étrangers. Bien que la plupart d'entre eux proviennent des pays arabophones, d'autres viennent des pays occidentaux et de certains États asiatiques (Inde, Pakistan, Afghanistan, etc.). Les Émirats sont ainsi devenus un pays multilingue et multiethnique, à dominance arabophone et islamique.
Le 4 janvier 2010, fut inaugurée la tour Khalifa de Dubaï — en l'honneur de cheikh Khalifa ben Zayed Al-Nahyanedu, le chef de l'État de la fédération des Émirats arabes unis, dont Dubaï fait partie —, maintenant le plus haut gratte-ciel du monde, avec ses 828 mètres et ses 160 étages habitables. Cette tour semble représentative de la mondialisation actuelle. Elle a été construite en sol arabe par une main d'œuvre surtout indienne et pakistanaise, à partir d'une conception américaine, inspirée des travaux d'un architecte et ingénieur originaire du Bangladesh (Fazlur Khan). Il est difficile de trouver un monument plus représentatif d'une certaine modernité.
Les Émirats arabes unis ont élaboré une politique linguistique d'arabisation depuis l'accession à l'indépendance. L'article 6 de la Constitution du 2 décembre 1971 proclame que l'Union fait partie de la grande nation arabe à laquelle elle est liée par la religion, la langue, l'histoire et un destin commun:
Article 6 L'Union fait partie de la grande nation arabe à laquelle elle est liée par la religion, la langue, l'histoire et un destin commun. Le peuple de l'Union est unique et fait partie de la nation arabe. |
L'article 7 déclare que l'arabe est la langue officielle:
Article 7 L'islam est la religion officielle de l'Union. La Charia islamique est la principale source de la législation dans l'Union. La langue officielle de l'Union est l'arabe. |
4.1 La langue de l'État
En réalité, les Émirats ont deux langues, l'une pour l'écrit, l'autre pour
l'oral. Si l'arabe classique sert de langue écrite pour l'État et les médias,
l'arabe du Golfe sert de langue orale pour le gouvernement, l'Administration,
l'armée, la police, les affaires, etc. C'est en arabe du Golfe qu'on gère
l'État, mais c'est l'arabe classique qui sert de langue véhiculaire entre les
populations arabophones. Avec les non-arabophones, c'est l'anglais qui remplace
l'arabe classique.
C'est la population indigène des Émirats qui contrôle les affaires du gouvernement, du Parlement, de la police, etc. C'est pourquoi l'arabe du Golfe, une langue essentiellement orale, est utilisé partout. La plupart des fonctionnaires parlent donc l'arabe du Golfe, mais aussi l'arabe classique lorsque les circonstances l'exigent, parfois l'anglais dans certaines administrations fédérales. C'est en arabe du Golfe qu'on discute des lois rédigées en arabe classique, c'est en arabe du Golfe qu'on commente les règlements administratifs offerts en arabe classique. Dans les tribunaux, l'arabe classique est la langue officielle, mais les accusés, les témoins et les avocats peuvent s'exprimer en arabe du Golfe ou en anglais dans toutes les cours fédérales. Dans les municipalités (cours locales), c'est l'arabe avec au besoin les services d'un interprète. Cela dit, il vaut mieux ne pas avoir de contentieux avec des citoyens de Émirats (les «locaux»), car la justice du pays risque de ne pas se montrer totalement impartiale. Les services gouvernementaux centralisés sont donc offerts en arabe du Golfe (avec les locaux), en arabe classique (avec les autres arabophones) et en anglais (avec les étrangers occidentaux et asiatiques).
4.2 Les langues de l'éducation
L'éducation a constitué une priorité pour le gouvernement des Émirats arabes unis. Aujourd'hui, il y a plus de 290 000 enfants émiriens dans les écoles du gouvernement dans le pays. Chaque village dispose d'une école primaire et les plus grandes villes ont des écoles secondaires. L'éducation est gratuite pour tous à tous les niveaux, incluant l'université. Les uniformes scolaires, les manuels, l'équipement et le transport sont aussi fournis gratuitement. Les garçons et les filles ont un accès égal à l'éducation, mais ils doivent fréquenter des écoles séparées. La plupart des enseignants proviennent des autres pays arabes. Le taux d'analphabétisme était à 77 % en 1980, mais à seulement 76 % en 2000. Il existe aussi un grand réseau d'écoles privées. Presque 40 % des élèves dans les Emirats sont inscrit dans les écoles privées.
Dans les écoles publiques, la langue d'enseignement est l'arabe classique, et c'est dans cette langue qu'on enseigne dans les écoles primaires et secondaires. Les langues secondes les plus enseignées sont l'anglais, le français, l'espagnol. Dans les écoles privées, les langues d'enseignement peuvent être l'anglais, le français, l'allemand, l'hindi, l'ourdou, le malayalam, le farsi, etc. Les Américains ont fondé des écoles où ils dispensent en enseignement en anglais pour les enfants anglophones des Émirats; les Français en ont également. En 1977, les Émirats arabes unis ont fondé une université nationale (l'Université des Émirats arabes) qui a été modelée d'après le système américain. Les deux langues d'enseignement sont l'arabe classique et l'anglais. Cependant, à Dubaï, l'Université américaine (American University) ne dispense son enseignement qu'en anglais. Le gouvernement émirien encourage les étudiants à aller à l'université (environ 11 %) en leur offrant des bourses généreuses et des prix en argent lorsqu'ils obtiennent un diplôme. Les étudiants qui veulent poursuivre des études à l'étranger, surtout aux États-Unis et en Grande-Bretagne, sont financés par le gouvernement.
4.3 Les médias
La Constitution des Émirats arabes unis garantit en
principe la liberté de la presse, mais le contenu éditorial et politique des
journaux demeure très contrôlé, surtout pour la presse arabophone; la presse
anglophone jouit de plus de liberté. Les organes de presse écrite,
officiellement des sociétés privées, sont en réalité subventionnés par les
autorités. Une législation de 1988 exige l'enregistrement de toutes les
publications et dresse la liste des sujets autorisés. Les journalistes
pratiquent l'autocensure dès qu'il s'agit de politique intérieure, des familles
régnantes dans l'Émirat, de religion ou des relations avec les pays voisins
(surtout l'Arabie Saoudite). Pour sa part, la presse étrangère est censurée
avant sa distribution.
Les Émirats arabes unis disposent d'une grande variété de médias tant écrits
qu'électroniques. Parmi les journaux en arabe, mentionnons les quotidiens Al
Bayan, Al Ittihad, l'Al Khaleej, puis l'Al Shindagah,
l'Al Fajr, l'Al-Wahda, etc. D'autres journaux sont en anglais:
Gulf News (quotidien), Emirates Today (quotidien), Khaleej Times,
Abu Dhabi News, Emirates News, etc.
Les stations de radio sont très nombreuses (une trentaine). La plupart diffusent en arabe classique et/ou en arabe du Golfe. Quelques-unes diffusent en anglais, dont FM 92, UAE Radio Dhabi et Voice of the UAE. La station Umm al Qiwan Radio diffuse en plusieurs langues, notamment en arabe, en ourdou, en hindi, en anglais et en français. Pour sa part, Hum FM diffuse en hindi-ourdou.
En ce qui a trait à la télévision, on trouve des émissions en arabe classique, en anglais, en français, en hindi-ourdou, en cinghalais. Le tableau qui suit présente une résumé de la situation pour les chaînes de télévision nationales.
Désignation des chaînes nationales | Statut | Type de programmation | Langue de diffusion |
UAE-Channel 4 Ajman TV | privé | généraliste | arabe |
EDTV Emirates Dubai TV | privé | information, sport, divertissement | arabe et anglais |
UAE-TV Sharjah | privé | généraliste | arabe, ourdou, hindi, anglais et français |
UAE TV- Abu Dhabi | public | généraliste | arabe (Channel 1), anglais et français (Channel 2) |
UAE TV- Dubaï | public | généraliste | arabe, anglais et français |
UMM AL-KhaÏmah Broadcasting | privé | généraliste | arabe, cinghalais et ourdou |
La politique linguistique des Émirats arabes unis en est une d’unilinguisme arabe, mais la diglossie arabe dialectal (arabe du Golfe) et arabe classique est courante. Il n'existe pas, au sens juridique du terme, de minorités linguistiques dans les Émirats, sauf religieuses. Les arabophones doivent parler l'arabe, les autres l'anglais. La notion de minorité linguistique n'existe pas parce que les autres langues sont considérées comme des langues immigrantes, donc ignorées, comme c'est le cas d'ailleurs dans la plupart des pays du monde. En fait, les Émirats composent avec un certain bilinguisme arabo-anglais afin de permettre une meilleure harmonisation entre les nombreux travailleurs étrangers. Dans les affaires de l'État, c'est la valorisation de la langue officielle et le maintien de l'arabe du Golfe dans les communications informelles. Toutefois, dans les écoles privées et dans les médias, c'est la non-intervention et le multilinguisme qui règne, avec une dominance pour l'anglais.
De toute façon, les Émirats arabes unis sont réputés pour bafouer facilement les droits humains. Dans ces conditions, la question des groupes minoritaires d'origine immigrante fait figure de problème marginal.
Bibliographie
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