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Îles
Fidji
Republic of Fiji
/
Matanitu ko Viti
|
Capitale:
Suva
Population: 868 000 (est. 2011)
Langues officielles (de jure)
: anglais, fidjien et hindi
Groupe linguistique «majoritaire»:
aucun
Groupes minoritaires: fidjien
(44,6 %), hindo-fidjien (21,7 %), tamoul (8,6 %), anglais
(6,6 %), télougou (3,6 %), bhojpouri (2,9 %), gujarati (2,7 %),
bengali (2,4 %), lauan (2,4 %), rotuman (1,2 %), etc.
Système politique:
république unitaire
Articles constitutionnels (langue):
art. 4, 6, 23, 27, 28, 29, 38 et 74 de la
Constitution
de 1997 (suspendue en 2006 et abrogée en 2009); art. 3, 9, 13, 14,
15, 26, 31 et 42 de la
Constitution
de 2013.
Lois à caractère linguistiques:
Code
de procédure criminelle (1978);
Loi sur les juges de paix (s.d.);
Loi sur la citoyenneté fidjienne (1998);
Loi sur les boissons alcoolisées (2006);
Convention
relative aux peuples indigènes et tribaux de l’Organisation
internationale du travail (OIT) de 1989.
|
1
Situation géographique
|
La république des Fidji
(en fidjien: Viti; en anglais:
Fiji) est un État insulaire situé dans le Pacifique-Sud
au nord de la Nouvelle-Zélande (voir la
carte générale du Pacifique-Sud). Les États limitrophes sont à l’est la
Nouvelle-Calédonie, puis Tonga et les Samoa à l’ouest, puis
Tuvalu au sud. Les Fidji forment un archipel de 844 îles, îlots et
atolls, dont une centaine seulement est habitée.
Les deux îles principales sont au nord-est
Vanua Levu (5515 km²) et au sud-ouest
Viti Levu (10 493 km²); elles représentent à elles seules 87 % de
la superficie totale du pays (18 376 km²). Les autres îles importantes sont Taveuni (435
km²),
Kandavu (409 km²), Ovalau (104 km²), Ngau (140 km²),
Koro (104 km²) et Rotuma (43 km²), située plus loin à 465 km au nord-ouest de l'archipel
et qui bénéficie d'un statut particulier ("dependancy").
La capitale est Suva, sur l'île de Viti Levu; les
trois quarts de la population des Fidji habitent cette île. L'archipel est divisé
administrativement en quatre régions, Rotuma ne faisant partie d'aucune
d'elles:
- Région centrale : à l'est de Viti Levu (angl.
Central);
- Région orientale : toutes les îles de l'Est (angl. Eastern);
- Région septentrionale : les îles de Vanua
Levu et Taveuni (angl. Northern);
- Région occidentale : à l'ouest de Viti Levu et îles de Yasawa (angl. Western).
|
Les îles Fidji sont découpées administrativement en 14
provinces (ou "yasana"): Ba, Bua, Cakaudrove, Kadavu, Lau, Lomaiviti,
Macuata, Nadroga-Navosa, Naitasiri, Namosi, Ra, Rewa, Rotuma, Serua, Tailevu.
En 2008, la province de Nadroga-Navosa fut scindée en deux: Nadroga d'un côté et Navosa de l'autre (voir
la carte des provinces).
Rotuma (2000 habitants en 2007) est un archipel
particulier, situé approximativement à 465 kilomètres au nord de l'île de Viti
Lavu (Suva). Il est classé administrativement comme une «dépendance» des
Fidji ("Fijian Dependance" ou "dependancy"). Rotuma bénéficie d'un statut particulier tel
qu'il est précisé dans une loi datant de 1927: la Rotuma Act 1927. La
loi ne précise pas si ce territoire est une province, tout en lui accordant
un statut particulier. Il existe un Conseil de l’île de Rotuma. Autrement
dit, Rotuma n’est pas à proprement parlé une province, bien que le petit
archipel soit représenté par un conseil ("Council of Rotuma") dont les
pouvoirs et responsabilités sont identiques à ceux des divisions et des
provinces. L'archipel comprend, outre l’île de Rotuma elle-même, les petites
îles voisines de Hatana, Hạf Liua, Solkope, Solnoho et Uea. Les habitants de
Rotuman sont appelés
Rotumiens ; ils parlent le rotuman (ou
torumien) et constituent un peuple distinct des autres Fidjiens. Ils forment
une minorité reconnue au sein de la République.
Des deux groupes d'îles qui forment la colonie des îles Gilbert et Ellice,
celui des îles Ellice est situé à l'intérieur de la Polynésie; la
population et la langue parlée dans ces îles sont polynésiennes.
Les îles Gilbert, quant à elles, font partie de la Micronésie, et la
population et la langue sont micronésiennes,
même si l'on y constate une certaine influence polynésienne, attribuable aux
liens étroits entretenus avec la population ellicienne. Lors du référendum de
1974, une majorité écrasante d'Elliciens a voté en faveur de la séparation
de la Colonie et, en 1975, ce qui anciennement constituait les îles Ellice est
devenu le nouvel État de Tuvalu, lequel a finalement accédé à l'indépendance en
1978. Quant aux îles Gilbert, elles sont devenues le Kiribati (voir
la carte du Pacifique)
2
Données démolinguistiques
Ethnies (2007) |
Population |
% |
Mélano-Fidjiens |
475
739 |
56,8
% |
Indo-Fidjiens |
313
798 |
37,4
% |
Autres |
47
734 |
5,7 % |
Total |
837
271 |
100
% |
|
Les 868 000 Fidjiens (est. 2011) sont représentés par deux ethnies principales: les Fidjiens
d’origine mélanésienne, les Mélano-Fidjiens, et les Fidjiens
d’origine indienne, les Indo-Fidjiens. Toutefois, selon le recensement du
gouvernement de 2007, la répartition ethnique se présentait
officiellement ainsi: 56,8% de Mélano-Fidjiens, 37,4%
d'Indo-Fidjiens et 5,7% pour tous les autres groupes, sur un total
de 837 271 personnes. |
Les premiers habitants de l'archipel furent
les Mélano-Fidjiens. Ils sont encore majoritaires, mais cette majorité s'atténue
d'année en année. Non seulement les Indo-Fidjiens atteignent maintenant les 37,4
%, mais les autres groupes ethniques augmentent aussi leur nombre, pour
atteindre 5,7%, comprenant notamment un petit nombre
d’Européens, de Rotumans de l’île Rotuma, de Gilbertins originaires de Kiribati et de Chinois.
Selon les données gouvernementales (Fiji Islands Statistics Bureau, 2007), les
chrétiens représentent 64% de la population (surtout des méthodistes, puis des
Assemblées de Dieu, des catholiques, des anglicans, des adventistes du 7e jour).
Ils sont suivis par les hindous (27,8%), les musulmans (6,2 %), les sikhs (0,2
%), etc.
2.1 Les Mélano-Fidjiens
Les Mélano-Fidjiens parlent le fidjien, mais celui-ci est fragmenté en deux
variétés principales: le fidjien occidental (env. 56 000 locuteurs) et le
fidjien oriental (27 000 locuteurs). C’est cette dernière variété qui a été
adoptée comme la langue officielle de l’archipel. Par ailleurs, chacune des
deux grandes variétés de fidjien se divisent elles-mêmes en plusieurs formes
dialectales. Si l'on additionne les Mélano-Fidjiens (264 000), les Fidjiens du
Centre-Ouest (56 000), les Nadroga (27 000), les Fidjiens du Nord-Ouest de l'île
de Viti Levu (22 000), les Kadavu (11 000), les Fidjiens du Nord-Est de Vanua
Levu (2700), les Fidjiens du Sud-Est de Vanua Levu (1700), la langue fidjienne,
toutes variétés confondues, atteint 44,6 % de la population comme langue
maternelle, c'est-à-dire 387 128 locuteurs. Le tableau 1 ci-dessous ("Les
ethnies et les langues parlées aux Fidji") laisse croire seuls les
Mélano-Fidjiens parlent le fidjien, mais d'autres petites communautés le parlent
aussi. Toutefois, à l'extérieur des populations mélanésiennes, le fidjien ne jouit
pas d'un grand prestige.
Le fidjien, à l’instar du rotuman (11 000 locuteurs), du gonedau
(env. 800 locuteurs) et du gilbertin ou kiribati (6400 locuteurs) appartient
aux langues de la famille austronésienne
(sous-groupe mélanésien). En fait, ce territoire fait
partie d’un ensemble plus vaste couvrant une grande partie du Pacifique et
formant ce qu’on appelé le triangle
polynésien, dont les sommets sont Hawaï au nord, l’île de Pâques
au sud-est et la Nouvelle-Zélande au sud-ouest; toutefois, le fidjien fait
partie des langues mélanésiennes et non des langues polynésiennes.
Contrairement au fidjien, le rotuman parlé dans l’île de Rotuma au
nord de l’archipel fait théoriquement partie des langues polynésiennes, à
l’exemple du samoan et du tongien. Il semble constituer une langue distincte
bien qu’il soit apparenté par son lexique au fidjien occidental (langue mélanésienne)
et aux langues polynésiennes. Certains linguistes, pour leur part, n’hésitent
pas à affirmer en même temps que le rotuman forme un
isolat linguistique.
2.2 Les Indo-Fidjiens
Les Indo-Fidjiens, mot composé de «Inde» + «Fidji, parlent en principe l’hindi, une langue
indo-iranienne (d’origine indo-européenne). Cependant, la variété d’hindi
la plus largement répandue aux îles Fidji diffère de celle en usage en Inde: elle
est appelée Fijian Hindi ou Fiji Bat (le «parler des Fidji»),
c'est-à-dire l’hindi des Fidji ou
hindo-fidjien («hindi» + «fidjien») ou
appelé encore hindoustani.
C'est une langue véhiculaire
propre aux Indo-Fidjiens, un mélange de plusieurs langues et dialectes indiens,
ainsi que des mots empruntés au fidjien et à l'anglais. La proportion des
Fidjiens parlant l'hindo-fidjien comme langue maternelle est de 21,7 %.
L'hindo-fidjien reflète les origines diverses des Indiens
des Fidji ainsi que que
leur nouvelle culture, par ailleurs unique, qui s'est développée dans l'archipel. Les Indiens qui se sont installés
aux Fidji étaient à l'origine constitués de divers groupes de religion: on
comptait des
hindous, des sikhs, des musulmans et des chrétiens provenant de nombreuses castes et
sous-castes. Certains Indiens sont venues des régions du nord de
l'Inde et parlaient des langues indo-iraniennes comme l'hindi et l'ourdou (ou
hindoustani) ainsi que d'autres langues telles le bhojpouri, l'awadhi, le bagheli et
le maithili. D'autres Indiens sont venus des régions du sud de l'Inde et parlaient des langues de la
famille
dravidienne comme le tamoul, le telougou et
le malayalam.
Cependant, la traversée sur les navires vers les Fidji et la vie dans les plantations
ont transformé graduellement la vie quotidienne des Indiens. La rencontre de ces différentes cultures indiennes a
aussi exigé une langue commune pour que chacun puisse communiquer. C'est
ainsi que l'hindo-fidjien a été élaboré. On croit que cette langue a probablement
développé un «Bazaar Hindustani», c'est-à-dire un «hindi de foire», qui a
déjà existé en Inde avec de nombreux mots et des particularités provenant des
diverses langues
indo-iraniennes
et
dravidiennes. Les
emprunts à l'anglais et au fidjien ont été introduits ultérieurement.
Si la grande majorité des Indo-Fidjiens parlent l'hindo-fijien,
certains utilisent encore d'autres langues à la maison. C'est le cas du
bengali (env. 22 000), du gujarati (24 000), du tamoul (75 000), du télougou (32
000), du bhojpouri (26 000), du panjabi (8700). Voir le tableau 1
ci-dessous ("Les ethnies et les langues parlées aux Fidji").
Les Indo-Fidjiens peuvent apprendre ces langues à l'école, mais en général les enfants
apprennent l'hindi standard ou l'ourdou, surtout pour les communications
en matière de religion et de littérature. Tous apprennent aussi l'anglais dans les écoles fidjiennes, car c'est la grande
langue véhiculaire de la nation. Selon une enquête du
gouvernement fidjien, près de 90 % des familles indo-fidjiennes parlent
l'hindoustani,
mais les hindous apprennent l'hindi à l'école, tandis que les musulmans
apprennent l'ourdou. Si l'hindi (avec l'alphabet devanagari) et l'ourdou
(avec l'alphabet arabo-persan) sont très différents dans leurs
formes écrites, ils correspondent presque à la même langue parlée.
Il faut aussi établir certaines distinctions
dans les pratiques linguistiques des Indo-Fidjiens. Ils parlent l'hindo-fidjien,
sinon le bengali, le gujarati, le tamoul, etc., mais les hindous
écrivent en hindi et les musulmans en ourdou. Autrement dit, les Indo-Fidjiens
sont polyglottes: ils peuvent, par exemple,
parler le tamoul à la maison, mais l'hindo-fidjien avec leurs voisins, le
fidjien local avec les Mélano-Fidjiens, l'anglais au travail et l'hindi
standard ou l'ourdou dans les cérémonies religieuses. Si l'on fait
exception du bengali (env. 22 000 locuteurs) et le gujarati (env. 24 000
locuteurs), l'usage de toutes les langues indiennes semblent en constant déclin
au profit de l'hindo-fidjien.
2.3 Les anglophones
L’archipel des Fidji compte plus de 29 000 anglophones,
dont 17 000 Euronésiens ((Métis issus d'Européens et d'insulaires du Pacifique),
7300 Australiens et Néo-Zélandais, 4300 Américains et 500
Britanniques, ce qui représente Voir le tableau 1 ci-dessous ("Les
ethnies et les langues parlées aux Fidji"). La plupart des membres de
cette communauté blanche font partie d’un groupe économiquement
privilégié. Ce sont des descendants des anciens colonisateurs qui ont conservé
leurs richesses, notamment en tant que propriétaires de plantations ou commerçants
dans l'import-export. Ils constituent une population coloniale typique dont le rôle
n'a nullement été remis en question par l'indépendance des Fidji. Ils ne
causent pas de problème particulier étant donné les liens qui unissent les
Fidji à l'ancienne métropole et à l'Australie.
L’anglais est utilisé comme langue seconde par un grand nombre de Chinois
et de Rotumans habitant les villes. Les Indo-Fidjiens recourent aussi à
l’anglais, mais les Mélano-Fidjiens l’emploient plus rarement.
2.4 Les autres ethnies
Les Fidji comptent enfin de nombreuses petites
communautés océaniennes et asiatiques. Parmi les groupes océaniens, il convient
de distinguer les Mélanésiens, les Polynésiens (Maoris) et les
Micronésiens (les Banabans de l’île Océan). D'après le tableau 1 ci-dessous, il
faut citer les Lauan (21 000), les Rotumiens (11 000), les Gilbertins (6400),
les les insulaires de Lomaiviti (1700), les Namosi (1700), les Tongiens (1300),
les Samoans (1200), les Wallisiens (900), les les Gonedauans (800), les
Tuvaluans (500), etc. La plupart de ces communautés ont conservé
leur langue maternelle. Les Rotumiens font partie des peuples polynésiens et non
des peuples mélanésiens, comme les Fidjiens. En ce sens, ils constituent un
peuple distinct.
Tableau 1
Les ethnies et les langues parlées aux Fidji
Ethnie |
Population |
Pourcentage |
Langue |
Affiliation linguistique |
Mélano-Fidjiens |
264 000 |
30,4 % |
fidjien |
famille austronésienne |
Indo-Fidjiens |
189 000 |
21,7 % |
hindo-fidjien |
langue indo-iranienne |
Tamouls |
75 000 |
8,6 % |
tamoul |
famille dravidienne |
Fidjiens du Centre-Ouest |
56 000 |
6,4 % |
fidjien
occidental |
famille austronésienne |
Télougous |
32 000 |
3,6 % |
télougou |
famille dravidienne |
Nadroga |
27 000 |
3,1 % |
fidjien occidental |
famille austronésienne |
Bhojpuri Bihari |
26 000 |
2,9 % |
bhojpouri |
langue indo-iranienne |
Gujarats |
24
000 |
2,7
% |
gujarati |
langue indo-iranienne |
Fidjiens du Nord-Est de l'île |
22 000 |
2,5 % |
fidjien |
famille austronésienne |
Bengalis |
22 000 |
2,5 % |
bengali |
langue indo-iranienne |
Lauan (Lau) |
21 000 |
2,4 % |
lauan |
famille austronésienne |
Euronésiens |
17 000 |
1,9 % |
anglais |
langue germanique |
Kadavu (Tavuki) |
11 000 |
1,2 % |
fidjien |
famille austronésienne |
Rotumiens |
11 000 |
1,2 % |
rotuman |
famille austronésienne |
Panjabi |
8 700 |
1,0 % |
panjabi oriental |
langue indo-iranienne |
Anglo-Australiens |
7 300 |
0,8 % |
anglais |
langue germanique |
Métis / Créole salomonais |
7 000 |
0,8 % |
pidgin |
créole |
Gilbertins |
6 400 |
0,7 % |
gilbertin |
famille austronésienne |
Chinois |
5 700 |
0,6 %
|
chinois
cantonais (mandarin) |
famille sino-tibétaine |
Ourdous |
4 400 |
0,5 % |
ourdou |
langue indo-iranienne |
Américains |
4 300 |
0,5 % |
anglais |
langue germanique |
Fidjiens du Centre de l'île Vanua Levu |
3 600 |
0,4 %
|
fidjien |
famille austronésienne |
Fidjien du Nord-Est de l'île Vanua Levu |
2 700 |
0,3 % |
fidjien |
famille austronésienne |
Fidjiens du Sud-Est de l'île Vanua Levu |
2 700 |
0,3 % |
fidjien |
famille austronésienne |
Insulaires de l'archipel de Lomaiviti |
1 700 |
0,1 % |
lomaiviti |
famille austronésienne |
Namosi |
1 700 |
0,1 % |
namosi-naitasari-serua
|
famille austronésienne |
Tongiens |
1 300 |
0,1 % |
tongien |
famille austronésienne |
Samoans |
1 200 |
0,1 % |
samoan |
famille austronésienne |
Wallisiens |
900 |
0,1 % |
wallisien |
famille austronésienne |
Gonedauans |
800 |
0,0 % |
gonedau |
famille austronésienne |
Tuvaluans |
500 |
0,0
% |
tuvaluan (tuvalien) |
famille austronésienne |
Britanniques |
500 |
0,0
% |
anglais |
langue germanique |
Coréens |
400 |
0,0
% |
coréen |
famille coréenne |
Malayali |
400 |
0,0
% |
malayalam |
famille dravidienne |
Autres
ethnies |
9 000 |
1,0 % |
- |
- |
Total |
868 000 |
100
% |
|
|
Le monde asiatique est également représenté
par une communauté de plusieurs milliers de «Chinois», appelés Yué,
parce qu'ils sont originaires de la région de Canton. Ce sont de discrets commerçants
spécialisés dans
l'import-export. Ils utilisent entre eux le chinois cantonnais ou mandarin, mais l’anglais
avec les autres communautés de l'archipel. Étant donné leur petite population (5700), leur
haut taux de mariage inter-ethnique et leur faible participation dans les
instances institutionnelles pour promouvoir le cantonais, beaucoup de Chinois
parlent aujourd'hui l'anglais comme langue maternelle.
2.5 Les langues véhiculaires
Étant donné les tensions interethniques aux îles
Fidji, personne ne veut en principe apprendre la «langue de
l'autre». Les Mélano-Fidjiens utilisent le fidjien ou même le pidgin fidjien
plutôt que le fidjien comme langue véhiculaire. De leur côté, les Indo-Fidgiens
ont recours au pidgin
hindoustani plutôt que l'hindi des Fidji pour communiquer entre eux. De
façon générale, les populations ont tendance à avoir recours à ce qu'on peut
appeler une «langue d'évitement». C'est l'anglais lorsque les
locuteurs connaissent cette langue, mais c'est également l'une des variétés pidginisées du fidjien aussi bien que de l’hindi des Fidji. Ainsi, il existe trois langues
véhiculaires aux îles Fidji: l'anglais, le pidgin fidjien et le pidgin
hindoustani.
3
Données historiques
L’archipel est habité par les ancêtres des Fidjiens d’origine, les Viti,
depuis trois mille ans. Ces premiers Mélanésiens ne semblent pas avoir connu
d’unification politique et, au XVIe siècle, ils ont été intégrés
dans l’empire maori de Tonga.
3.1 L'arrivée des
Européens
L’archipel a été officiellement «découvert» par le Hollandais
Abel Janszoon Tasman en 1643 et exploré par les Britanniques
James
Cook en 1774 et William Bligh en 1789. L'exploration entière des îles fut
menée par une expédition américaine en 1840, mais ce sont les Britanniques
qui annexèrent juridiquement les îles Fidji en 1874 et en firent une colonie
de la Couronne. Devant le manque de coopération des Fidjiens, les Britanniques
importèrent massivement de la main-d’œuvre indienne pour la culture de la
canne à sucre. C’est ainsi que, de 1879 à 1916, se développa un important
courant d'immigration de travailleurs indiens au point où, dans les années
1970, ceux-ci étaient devenus majoritaires aux Fidji. D'autres communautés
ethniques immigrées se sont aussi développées, mais en nombre plus restreint.
Il s’agit de celles qui étaient venues des îles Salomon, de Chine, d'Europe,
de l'île Rotuma, de l'île Océan («Banabans») et des îles Ellice.
Les colonisateurs britanniques imposèrent l’anglais dans l’Administration,
mais laissèrent le secteur de l’éducation aux communautés religieuses (méthodistes
pour les protestants, maristes pour les catholiques) jusqu’en 1930.
L’enseignement s’est alors fait en fidjien standard. En 1926, une ordonnance sur
l'éducation a établi une politique linguistique dans les écoles, en imposant
l'usage de la langue maternelle comme langue d'enseignement pour les trois
premières années du primaire, avec ensuite l'anglais comme langue
d'enseignement. Puis l’éducation
est passée aux mains des autorités anglaises qui, sous prétexte d’harmonie inter-ethnique, ont simplement imposé l’anglais tout en interdisant
l’enseignement en fidjien.
Depuis de nombreuses décennies, une violente rivalité oppose les Indiens et
les Mélanésiens d’origine, c’est-à-dire les Indo-Fidjiens
et les Mélano-Fidjiens, ce qui a provoqué
des émeutes inter-ethniques en décembre 1959.
3.2 L'indépendance
Incités par la majorité
indo-fidjienne, les Britanniques consentirent en 1975 l’indépendance à leur
colonie, non sans avoir accordé aux Mélano-Fidjiens une large prééminence
dans l’appareil de l’État, ainsi que le contrôle de la police et de
l’armée, sans oublier le maintien de leur monopole foncier. Les Fidji restèrent
membres du Commonwealth au grand dam des Indo-Fidjiens qui voyaient les
avantages de l’indépendance leur échapper.
Les rapports entre les deux grandes communautés restèrent tendus jusqu’en
1987 alors qu’un coup d’État militaire renversait un gouvernement d’union
dominé par les Indo-Fidjiens. À la suite d’une seconde intervention
militaire en septembre de la même année, les Fidji furent chassées du
Commonwealth et se proclamèrent alors comme la république des Fidji en
octobre 1987. Bien que condamnés par la communauté internationale, les Mélano-Fidjiens
obtinrent quand même une révision de la Constitution légitimant leur
domination politique et renforçant leur représentation parlementaire. Beaucoup
d’Indo-Fidjiens décidèrent de quitter définitivement l’archipel.
En 1990, la promulgation d'une nouvelle constitution contribua à renforcer
la prépondérance politique des Mélano-Fidjiens en leur assurant un minimum de
37 sièges sur 70. En 1997, une commission parlementaire du ministère des
Affaires étrangères, formée de représentants des communautés fidjienne et
indienne, fut créée afin de réviser la Constitution de 1990 et elle remit un
rapport unanime en juin 1997. Malgré l’opposition des nationalistes fidjiens,
les modifications prévues à la Constitution devaient permettre une représentation
plus équitable des Indo-Fidjiens dans la vie politique du pays.
La nouvelle Constitution de 1997 précise que les Mélano-Fidjiens
disposeront dorénavant de 23 sièges (au lieu de 37) à la Chambre des représentants,
les Indo-Fidjiens en auront 19, les Rotumans, un seul; il y aura aussi trois
représentants pour les «électeurs généraux». Ces dispositions
devraient permettre désormais la formation d'un gouvernement comprenant des
ministres indo-fidjiens et mélano-fidjiens. Les îles Fidji ont été réadmises
au sein du Commonwealth en 1998.
En mai 1999, le dirigeant syndical Mahendra
Chaudhry fut désigné comme premier ministre après la victoire aux élections
générales de la coalition dominée par le Parti travailliste. Il était le premier
Fidjien d’origine indienne à occuper cette fonction. Avec cette victoire, la
communauté indienne espérait obtenir une position dominante au Parlement. Ce fut
de courte durée, car un an plus tard, soit en mai 2000, le gouvernement de
Chaudhry fut renversé par un coup d’État dirigé par George Speight, un homme
d’affaires qui voulait redonner aux Fidjiens d'origine un rôle prééminent.
L’armée dirigée par Frank Bainimarama imposa la loi martiale et, malgré des
tentatives de mutineries, rétablit «l'ordre». Puis George Speight fut arrêté et
condamné. En juillet 2000, Laisenia Qarase fut nommé premier ministre par
intérim. En octobre de la même année, son gouvernement fut déclaré
inconstitutionnel par la Cour d'appel. Par la suite, il fut légalement élu comme
premier ministre en 2001, puis en 2006, après les élections législatives qui se
tinrent du 6 au 13 mai. Mais le 5 décembre suivant, le gouvernement fut renversé
par l’armée dirigée par Voreqe Bainimarama. En janvier 2007, Bainimarama se fit
attribuer le poste de premier ministre par le président Ratu Josefa Iloilovatu,
puis dirigea un «gouvernement de transition».
Le gouvernement du commodore
Bainimarama manifesta son intention de résoudre les tensions
intercommunautaires, en évitant toute politique économique fondée
sur la différentiation ethnique et en abolissant les listes
électorales communautaires, pour les remplacer par des listes sans
distinction ethnique entre les citoyens. Bainimarama promit des
élections libres et démocratiques pour 2009. Dès le mois de juillet
2008, le commodore annonça que les élections n'auraient pas lieu en
2009, faute de temps. En avril 2009, le président de la République
abrogea la Constitution et conféra à Bainimarama un mandat pouvant
durer jusqu'à cinq ans. En septembre de la même année, le
Commonwealth suspendit les îles Fidji. Le
gouvernement fidjien affirma vouloir restaurer la démocratie en 2014
au plus tard; des élections devraient théoriquement avoir lieu d'ici
cette date. Avant de s’emparer du pouvoir,
Bainimarama avait déclaré que les îles Fidji souffraient de
divisions, entre sa population indigène et la minorité indienne, un
problème qui n'a jamais été résolu. Les pays voisins ont maintenu
une pression continue pour exiger un retour rapide à la démocratie.
Une nouvelle constitution fut adoptée en 2013.
4
La politique linguistique
Les îles Fidji ont en principe trois langues
officielles: l'anglais, le fidjien et l'hindi appelé hindoustani dans la
Constitution de 1997. L’article 4 de la
Constitution du 25 juillet 1997
(aujourd'hui suspendue et abrogée) reconnaissait de façon plus
explicite le statut des langues en usage aux Fidji, mais conserve encore
l’appellation de hindoustani pour l’hindi:
Article 4
(abrogé)
Langues
1) L'anglais, le
fidjien et l’hindoustani ont un statut égal dans l’État.
2) La présente constitution doit être adoptée en anglais, mais les traductions en fidjien
et en hindoustani doivent être disponibles.
3) Si, dans
l'interprétation d'une disposition de la présente Constitution, il existe une
différence apparente entre la signification de la version anglaise et sa
signification en fidjien ou en hindoustani, la version anglaise prévaudra.
4) Quiconque fait
affaire avec:
a) un ministère,
b) un bureau dans un service public, ou
c) une autorité locale,
a le droit de le faire en
anglais, en fidjien ou en hindoustani, soit en personne soit au moyen d’un
interprète compétent. |
La Constitution de 2013 ne proclame pas
formellement quelles sont les langues officielles, mais elle énumère ces
langues dans les «principes d'interprétation constitutionnelle»:
Article 3
Principes d'interprétation constitutionnelle
3) La présente Constitution doit être adoptée en
anglais et les traductions en fidjien [iTaukei] et en hindi doivent être
disponibles.
4) S'il existe une différence apparente entre le sens de la version
anglaise d'une disposition de la présente Constitution et sa
signification dans les versions fidjienne et hindi, la version
anglaise doit prévaloir.
|
Dans ce texte, le mot hindoustani
dans la Constitution de 1997 a été remplacé par hindi et le
fidjien est appelé iTaukei. Ce terme désigne depuis 2010 la
nationalité fidjienne, mais aussi l'ethnie et la langue principales des
Fidji. Ainsi, les langues officielles sont l'anglais, le fidjien et
l'hindi.
4.1 Les langues du
Parlement
L'article 74 de la
Constitution de 1997 déclarait que «la langue officielle du Parlement est
l'anglais, mais un membre de chaque Chambre peut s'adresser à la présidence en
fidjien ou hindoustani»:
Article 74
Débats du
Parlement
1) La langue
officielle du Parlement est l'anglais, mais un membre de chaque
Chambre peut s'adresser à la présidence en fidjien ou hindoustani. |
Nonobstant la proclamation d’égalité juridique entre les trois langues de
l’archipel — anglais, fidjien et hindi
—, les élus utilisent massivement l’anglais dans les débats du
Parlement, rarement le fidjien ou l'hindi, alors que les lois ne sont rédigées et promulguées qu’en
anglais, les
traductions en fidjien et en hindi se faisant rarissimes. Actuellement, sur un total de 71 sièges à la
Chambre des représentants, 23 sièges sont réservés aux Mélano-Fidjiens, contre
19 pour les Indo-Fidjiens. Les autres sont des sièges «ouverts», sauf un seul
alloué au représentant de l'île de Rotuman.
4.2 Les langues de la
justice
Dans les tribunaux,
même si l’anglais, le fidjien et l’hindi sont les trois
langues autorisées, l’anglais sert plus souvent qu’autrement comme langue de
communication. D’ailleurs, les juges ne rendent leurs sentences qu’en
anglais. Les articles 194 et 195 du
Code de procédure criminelle (Criminal
Procedure Code) de 1978 traitent de la question linguistique:
Article 194
Langue du tribunal
La langue de la cour dans les cas de la Cour suprême ainsi que les
tribunaux des juges de paix est l'anglais.
Article 195
Traduction
du témoignage pour l'accusé
1) Chaque fois
qu'un témoignage est apporté dans une langue que ne comprend pas l'accusé
et qu'il est physiquement présent, il doit recevoir une traduction
disponible dans une langue qu'il comprend.
2) Lorsque les documents sont apportés à des fins de témoignage
formel, il relève de la discrétion de la cour d'offrir une traduction en
autant que c'est jugé nécessaire. |
Les articles 13, 14 et 15 de la
Constitution de 2013 traitent de la
langue à employer lors des procès; dans tous les cas, l'accusé et le témoin ont
le droit d'être interrogés ou de suivre la procédure dans une langue qu'ils
comprennent:
Article 13
Droits des personnes arrêtées et détenues
1) Quiconque est arrêté ou détenu a le droit :
a) d'être informé rapidement, dans une langue qu'il
comprend,
(i) du motif de l'arrestation ou de la détention et de la nature de toute
accusation qui pourrait lui être portée;
(ii) d'avoir le droit
de garder le silence; et (iii) des conséquences de ne pas rester silencieux;
2) Chaque fois que le présent article exige que des informations soient
données à un justiciable, cette information doit être donnée
simplement et clairement dans une langue qu'il comprend.
Article 14
Droits des accusés
2) Quiconque est accusé d'une infraction a le droit :
a) être présumé innocent jusqu'à ce que sa culpabilité ait été légalement
établie;
(b) être informé par écrit, dans une langue qu'il comprend, de la nature et
des motifs de l'accusation;
(i) d'être jugé dans une langue qu'il comprend ou, si cela n'est pas
possible, de se faire traduire la procédure dans cette langue
aux frais de l'État;
3) Chaque fois que le présent article exige que des informations soient
données à un justiciable, cette information doit être donnée aussi
simplement et clairement que possible, dans une langue qu'il
comprend.
Article
15
Accès aux cours et tribunaux
6) Quiconque est
accusé d'une infraction et est partie à une procédure civile, et tout témoin en
matière criminelle ou civile a le droit de témoigner et d'être interrogé
dans une langue qu'il comprend.
7)
Quiconque est
accusé d'une infraction et est partie à une procédure civile a le droit de
suivre la procédure dans une langue qu'il comprend.
8) Pour donner
effet aux droits mentionnés aux paragraphes 6) et 7), la cour ou le
tribunal concerné, lorsque les intérêts de la justice l'exigent, doit
fournir gratuitement à la personne concernée, les services d'un interprète
ou d'une personne compétente dans la langue des signes.
|
Autrement dit, le tribunal n'est pas dans
l'obligation de comprendre l'accusé, mais doit lui fournir gratuitement un
interprète afin qu'il comprenne la procédure ainsi que la nature et les motifs
de l'accusation portée contre lui. En définitive, selon l'article 51 de la
Loi sur les juges de paix
(cf. les Lois consolidées de Fidji, sans date), seul l'anglais demeure la langue
des tribunaux:
Article 51
Langue du tribunal
La langue des tribunaux des juges de paix doit être l'anglais. |
Ainsi, le droit à la langue aux Fidji est un droit à la
traduction.
4.3 Les langues de
l'Administration gouvernementale
Dans les services gouvernementaux, la
langue de travail des fonctionnaires reste l’anglais, mais les communications
orales et écrites sont assurées dans ce que beaucoup de Fidjiens croient être
«les trois langues officielles» (anglais, fidjien et hindi). Il en est de même
dans les soins de santé et les services sociaux.
Cependant, les documents
officiels destinés à tous les citoyens ont tendance à n’être rédigées
qu’en anglais. Les inscriptions sur les édifices publics sont trilingues,
mais l’anglais est placé au-dessus des inscriptions en fidjien et en hindi.
L'article 7.2 de la
Loi sur la citoyenneté
fidjienne (Fiji Citizenship Act)
de 1998 reconnaît que pour recevoir la citoyenneté fidjienne, il faut, entre autres,
posséder «une connaissance adéquate de la langue anglaise ou de toute autre
langue actuelle à Fiji» :
Article 7
Octroi d'une demande
2) Le ministre
peut refuser d'accorder un certificat de naturalisation si le requérant
ne parvient pas à convaincre le ministre :
(a) qu'il est de
bonne moralité;
(b) qu'il a une connaissance suffisante de la langue anglaise et
assume ses responsabilités comme citoyen de l'État; et
(c) qu'il a l'intention de continuer à résider dans les îles Fidji.
|
Selon l'article 13 de la
Loi sur
les boissons alcoolisées de 2006, pour demander un permis de boissons alcoolisées,
il faut publier une annonce dans un journal en anglais, en fidjien et en
hindoustani (hindi). Néanmoins, comme on peut le ire à l'article 69, l'anglais
demeure la langue privilégiée:
Article 13
Avis d'une demande de
permis
Lorsqu'en vertu de la présente loi une requête pour un permis, un renouvellement,
une modification ou une annulation des conditions d'un permis est
adressé
pour être annoncé, le requérant doit aviser de son
intention de demander un permis dans les journaux publiés et
grandement répandus en anglais, en fidjien et en hindoustani dans les
îles Fiji, une fois dans un journal
et dans chacune de ces langues.
Article 69
Ordonnance
(1) Une ordonnance donnée par un médecin autorisé à une personne
condamnée en lui prescrivant des boissons alcoolisées doit:
(a) avoir été clairement rédigée en anglais, en présentant clairement le
nom du médecin et daté;
(b) prescrire la quantité totale des boissons alcoolisées à fournir, l'état,
la fréquence et la quantité des doses, y compris la durée du traitement;
et
(c) préciser les nom et adresse du patient.
|
4.4 L'éducation
Dans le système d'éducation,
les
parents ont le choix d’envoyer leurs enfants dans des écoles primaires dont
les cours sont dispensés soit en anglais, soit en fidjien, soit en hindi. En
fait, le gouvernement a rétabli la politique linguistique de l'ordonnance sur
l'éducation (l'Education Ordinance) de 1926. Le fidjien standard et
l'hindi demeurent les langues d'enseignement jusqu'en troisième année du
primaire. L'anglais est la langue d'enseignement à partir de la quatrième année. L'article
31 de la Constitution de
2013 mentionne que «les langues familières et contemporaine fidjienne et
indo-fidjienne doivent être enseignées comme des matières
obligatoires dans toutes les écoles primaires»:
Section 31
(version originale)
Right to education
3) Conversational and contemporary iTaukei and Fiji Hindi
languages shall be taught as compulsory subjects in all primary
schools.4) The State may direct any educational institution to
teach subjects pertaining to health, civic education and issues of
national interest, and any educational institution must comply with
any such directions made by the State.
|
Article 31 (traduction)
Droit à l'éducation
3)
Les langues familières
et contemporaine fidjienne et indo-fidjienne doivent être enseignées comme
des matières
obligatoires dans toutes les écoles primaires.
4) L'État peut ordonner à tout établissement
d'enseignement d'offrir des matières ayant trait à la santé, à
l'éducation civique et aux questions d'intérêt national, et les
établissements d'enseignement doivent alors se conformer aux
directives de
l'État.
|
La version officielle en anglais parle de
"conversational language" et de "contemporary iTaukei and Fiji Hindi
languages", ce qui peut se traduire par «langue familière» ou langue
parlée», puis «fidjien contemporain» et «indo-fidjien».
Ces dernières années, le gouvernement des Fidji a prolongé le statut de «langue
maternelle («vernacular status»)
au tamoul, au chinois, à
l'ourdou, au banaban, au rotuman, au gujarati et au télougou dans les écoles primaires qui
ont des inscriptions suffisantes pour les locuteurs de ces langues. Le japonais
et le français ont aussi été introduits au programme de langues dans quelques
écoles primaires pour accommoder un marché de touristes en croissance (ministère
de l'Éducation, 1993). L'accent est mis sur une formation de base dans les
langues vernaculaires ou maternelles, en conjonction avec la promotion de
l'anglais comme première langue d'enseignement dans les classes les plus
élevées, ce qui semble conforme à la devise nationale adoptée après
l'indépendance : l'unité dans la diversité. Toutefois, cette politique de la
langue maternelle enseignée durant les trois premières années ne correspond pas
toujours à la réalité. Dans les faits, l'anglais peut être l'unique langue
d'enseignement dans de nombreuses écoles.
Tous
les cours de langue seconde, au primaire comme au secondaire, sont facultatifs,
et les élèves peuvent choisir l’une des deux autres «langues officielles».
En ce qui a trait à l’anglais, ce sont surtout les Indo-Fidjiens qui
l’apprennent, rarement les Mélano-Fidjiens. Au secondaire, le fidjien a été
introduit comme langue d’enseignement, mais les ressources humaines et les
moyens financiers demeurent insuffisants pour rendre efficace une véritable
politique linguistique. Le personnel enseignant a observé que la plupart des
élèves mélano-fidjiens parlent fidjien dès qu'ils ne sont plus en classe. Même
pendant les cours, les élèves s'adressent en anglais au professeur, mais se
parlent en fidjien lorsqu'ils discutent entre eux.
En 2002, une commission sur l'éducation a été
formée afin de proposer des améliorations sur tous les aspects du système
d'éducation des Fidji, y compris l'enseignement de la langue. Cette commission a
fortement recommandé la rédaction et la mise en oeuvre d'une politique
linguistique nationale pour les Fidji afin de mieux de réglementer
l'enseignement, l'étude et l'usage des langues en éducation. Par ailleurs, le
gouvernement a fait connaître son intention de modifier les programmes
d'enseignement de façon à favoriser l'apprentissage des trois langues
«officielles» de l'archipel. On voudrait que les élèves apprennent tous, dès
2008, trois langues: l'anglais, le fidjien et l'hindi.
Par ailleurs, les Mélano-Fidjiens ont fondé
en 1986 l'Institut de la langue et de la culture fidjiennes (''Institute of Fijian Language and Culture''),
dont la tâche est d'élaborer un dictionnaire et d'enrayer la disparition des
mots en fidjien. Du côté des Indo-Fidjiens, il existe un Département des Affaires indiennes et
multiethniques (''Department of Indian and Multiethnic Affairs'') qui
administre les centres culturels indiens dans les agglomérations urbaines des Fiji.
Les Indo-Fidjiens peuvent compter aussi sur le Conseil culturel national
indien des Fiji (''Fiji Indian National Cultural
Council'') qui est devenu le Conseil culturel multi-ethnique des
Fidji (''Fiji Multi Ethnic Cultural Council'') afin d'assurer la promotion culturelle
des communautés indiennes.
4.5 Les médias et la vie
économique
Les médias de l'archipel sont le reflet des
rapports de force entre les Findjiens, Mélano-Fidjiens et Indo-Fidjiens. La
plupart des langues importantes ont utilisées, notamment l'anglais, le fidjien,
l'indo-fidjien, l'hindi et l'ourdou. Les quotidiens n'apparaissent qu'en
anglais: le Daily Post, le Fiji Times, le Fiji Live et le
Fiji Sun. Seuls les hebdomadaires sont publiés en fidjien (p. ex., le Nai Lalakai)
ou en hindi (p. ex., le Shanti Dut et le Sartaj), plus rarement en ourdou.
|
La radiotélévision diffuse en anglais, en
fidjien et en indo-fidjien (ou hindoustani). Radio Fiji One diffuse en
fidjien, Radio Fiji Two en indo-fidjien, 98 FM en indo-fidjien,
Bula 100 FM en anglais, Bula 102 FM en fidjien, 2 Day FM en
anglais, FM 96 en anglais, Legend FM en anglais, Navtarang
en indo-fidjien, Sargam en indo-fidjien et Viti FM en
fidjien. Il existe des stations de radio religieuses qui diffusent surtout en
hindi et en ourdou, mais également en indo-fidjien.
La Fiji Television est la première télévision des Fiji
fournissant des services de télévision non seulement aux îles Fiji, mais
aussi en Papouasie-Nouvelle-Guinée, et dans autres îles du Pacifique.
Les stations de télévision de la société Fiji Television comprennent des
services de libre-service, Fiji One à Fidji et EMTV en
Papouasie-Nouvelle-Guinée, en plus de la télé payante des services de SKY
Fiji à Fidji et SKY Pacific dans la régions du pacifique.
La vie économique des îles Fidji se déroule
généralement dans l’une ou l’autre des trois langues du pays, bien que
l’anglais s’assure une prédominance indiscutable. Par exemple, les raisons
sociales n’apparaissent qu’en anglais, ce qui démontre, entre autres, que
l’anglais est devenu une langue d’évitement: se servir de l’anglais dans
la vie économique évite de choisir entre le fidjien et l’hindi ou l'ourdou... et c’est
plus rentable. |
5
La
Convention relative aux peuples indigènes et tribaux
Le gouvernement des Fidji a
signé la Convention
relative aux peuples indigènes et tribaux (1989) de l’Organisation
internationale du travail (OIT); le Parlement fidjien l’a ratifiée le 3 mars
1998. Ce document d’une grande importante implique 14 États,
surtout en Amérique latine; les Fidji constituent le seul État du Pacifique à
avoir adhéré à la Convention no 169 de l'OIT.
La Convention reconnaît aux
peuples indigènes le droit de jouir pleinement des libertés fondamentales,
sans entrave ni discrimination (art. 3). Les dispositions de cette convention
doivent être appliquées sans discrimination aux femmes et aux hommes de ces
peuples. Les gouvernements des États signataires doivent mettre en place des
moyens par lesquels les peuples autochtones pourront, à égalité avec le reste
de citoyens de leur pays, participer librement et à tous les niveaux à la
prise de décisions dans les institutions électives et les organismes
administratifs et autres qui sont responsables des politiques et des programmes
qui les concernent (art. 6). L’article 7 reconnaît aux populations concernées
le droit de contrôler leur développement économique, social et culturel
propre. Les États doivent aussi tenir compte des coutumes et du droit coutumier
de ces populations (art. 8). L’article 20 de la Convention oblige les
gouvernements à «prendre des mesures spéciales pour assurer aux travailleurs
appartenant à ces peuples une protection efficace en ce qui concerne le
recrutement et les conditions d'emploi». Les gouvernements doivent faire tout
ce qui est en leur pouvoir pour éviter toute discrimination entre les
travailleurs appartenant aux peuples intéressés.
La partie VI de la Convention
est consacrée à l’éducation, donc indirectement à la langue. L’article
26 est très clair sur la possibilité des autochtones d’acquérir leur
instruction à tous les niveaux:
Article
26
Des mesures
doivent être prises pour assurer aux membres des peuples intéressés
la possibilité d'acquérir une éducation à tous les niveaux au
moins sur un pied d'égalité avec le reste de la communauté
nationale.
|
Le paragraphe 3 de l’article 27 reconnaît
«le droit de ces peuples de créer leurs propres institutions et moyens d'éducation»
et que des ressources appropriées leur soient fournies à cette fin. C’est
l’article 28 qui semble le plus important en cette matière:
Article 27
1)
Lorsque cela est réalisable,
un enseignement doit être donné aux enfants des peuples intéressés
pour leur apprendre à lire et à écrire dans leur propre langue
indigène ou dans la langue qui est le plus communément utilisée par
le groupe auquel ils appartiennent. Lorsque cela n'est pas réalisable,
les autorités compétentes doivent entreprendre des consultations
avec ces peuples en vue de l'adoption de mesures permettant
d'atteindre cet objectif.
2)
Des mesures adéquates doivent être prises pour assurer que ces
peuples aient la possibilité d'atteindre la maîtrise de la langue
nationale ou de l'une des langues officielles du pays.
3)
Des dispositions doivent être prises pour sauvegarder les langues
indigènes des peuples intéressés et en promouvoir le développement
et la pratique.
|
Les États appuieront l'élaboration de
programmes scolaires correspondant à la réalité des peuples autochtones et
mobiliseront les ressources techniques et financières nécessaires à leur
bonne application. Quant à l’article 31, il précise que «mesures de caractère
éducatif doivent être prises dans tous les secteurs de la communauté
nationale, et particulièrement dans ceux qui sont le plus directement en
contact avec les peuples intéressés, afin d'éliminer les préjugés qu'ils
pourraient nourrir à l'égard de ces peuples». Dans ces perspectives, il est
précisé que «des efforts doivent être faits pour assurer que les livres
d'histoire et autres matériels pédagogiques fournissent une description équitable,
exacte et documentée des sociétés et cultures des peuples intéressés».
Comme il se doit, les États signataires de
la Convention reconnaîtront et établiront des mécanismes pour assurer
l'exercice de tous les droits des peuples autochtones, en particulier en ce qui
concerne l'éducation, la langue et la culture.
Dans les faits, la politique linguistique du gouvernement
fidjien consiste davantage à promouvoir l’ethnie mélano-fidjienne que la
langue elle-même, c’est-à-dire à lui remettre le pouvoir politique et économique
plutôt qu’à favoriser comme par le passé les Indo-Fidjiens. Les autorités
du pays ne semblent pas intéressées à promouvoir la langue
fidjienne dans la mesure où l’anglais permet de résoudre plus facilement les
besoins pressants concernant l’unité nationale. Toute politique qui tendrait
à favoriser l’une des deux langues nationales aux dépens de l’autre semble
vouée à l’échec. Dans ces conditions, il vaut mieux partager équitablement
les pouvoirs politique et économique entre les deux grandes ethnies, quitte à
favoriser pour ce faire l’anglais, seule langue supra-ethnique dans
l’archipel.
Dernière
mise à jour:
28 déc. 2023
Bibliographie
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