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Pays-Bas(2) Données historiques |
Les Pays-Bas ont été peuplés à l’origine par des Celtes
et deux principaux peuples germaniques, les Bataves et les Frisons. Les Celtes
étaient les «Belges» (les "Belgea", ainsi appelés plus tard par
Jules César). Les Bataves étaient un peuple germanique installé dans
la région de l'estuaire du Rhin qu'ils occupaient (la «Batavia»);
cette région correspondrait aujourd'hui aux
provinces de la Hollande du Nord, de
la Hollande du Sud et d'Utrecht. Quant aux Frisons, ils
habitaient l'actuelle province de la Frise, mais aussi la province
de
Flevoland, et une partie de l'Overijssel.
Plus au sud, on trouvait les Belgea. À l'est, il existait de
petits peuples germaniques tels que les Chauques, les Ampsivariens, les Chamaves,
les Bructères, les Marses, etc., vite absorbés par les deux autres
ethnies. Les trois peuples principaux Tous ces peuples ont coexisté en se faisant la guerre
jusqu'à l'arrivée des Romains. Jules César conquit les Pays-Bas vers 58 avant notre ère, ce devint la frontière nordique de l'Empire romain; la région fut appelée la Germanie inférieure. Les Romains construisirent ensuite plusieurs cités (dont Traictum > Utrecht et Noviomagus > Nimègue), et ils y introduisirent l'écriture. À partir du IIIe siècle, ils se retirèrent sur le Rhin en raison de l’invasion des «Barbares». |
Au Ve siècle, la chute de l'Empire romain permit de rétablir les divisions ethniques: les Francs envahirent le sud du pays, les Frisons s’établirent sur le littoral et les Saxons s'installèrent à l'est. Le territoire fut alors fragmenté en trois royaumes. Cependant, en 734, celui des des Frisons fut défait par les Francs lors de la bataille de Boarn. Ces derniers conquirent graduellement le reste du pays, ce qui fut fait lorsque Charlemagne vainquit la dernière résistance saxonne en 782-785.
Puis, les XIIe et XIIIe siècles virent l'apparition de villes puissantes, comme Utrecht et Amsterdam, qui devinrent d’importants centres commerciaux. Au XIVe siècle, le jeu des alliances dynastiques et des guerres entraîna la majeure partie du pays sous la suzeraineté des ducs de Bourgogne.
Ces derniers instaurèrent des institutions qui eurent pour
conséquence d’unifier un peu plus le pays. Les mariages princiers, les
achats, la diplomatie et les héritages contribuèrent à réunir la plupart
des États. Mais c'est au cours du
règne de
Philippe III le Bon (1419-1467) que toutes les principautés des Pays-Bas
passèrent sous le contrôle de la maison de Bourgogne. Ces territoires,
qui s'étendaient bien au-delà des régions constituant la Belgique
d'aujourd'hui, sauf Liège qui restait un évêché indépendant,
comprenaient également l'Artois français, la rive gauche du Rhin à
l'est, la Zélande, la Hollande, la Gueldre et d'autres terres au nord
formant actuellement les Pays-Bas.
Rappelons que les ducs de Bourgogne cumulaient plusieurs titres. Par exemple, selon les époques (entre 1384 et 1475), le duc de Bourgogne pouvait être à la fois comte de Franche-Comté, comte d’Artois, comte de Picardie, comte de Flandre, comte de Nevers, comte de Hainaut, comte de Zélande, comte de Hollande, duc de Luxembourg, duc de Namur, duc de Limbourg, duc de Brabant, etc. En épousant Maximilien d’Autriche en 1477, Marie de Bourgogne mit les provinces belges et néerlandaises sous la domination des Habsbourg (plus tard avec ses deux branches: les Habsbourg d’Autriche et ceux d’Espagne). Maximilien signa avec Louis XI le traité d’Arras, qui laissait à la France la Bourgogne ducale et la Picardie. Selon certains, ce morcellement politique eut des conséquences au plan linguistique. Il aurait favorisé la fragmentation dialectale, ce qui contribua à la formation des idiomes picards, flamands, wallons, champenois, lorrains, luxembourgeois, limbourgeois, etc. Cependant, l’administration des États et de l’Église se faisait en latin, tandis que le français n’était parlé encore que par une partie de la noblesse de France. Cette thèse de la fragmentation dialectale à l’époque féodale est cependant contestée, car d’autres linguistes considèrent que la fragmentation dialectale était acquise depuis bien plus longtemps et pratiquement depuis les invasions franques qui étaient constituées de groupes divers aux idiomes déjà différenciés. |
En 1493, Philippe le Beau devint le souverain des Pays-Bas et épousa l’héritière de la maison d’Espagne. Son fils, Charles Quint (1500-1558), né à Gand, fut d’abord prince bourguignon (de langue maternelle française), puis, en 1516, prince des Pays-Bas et roi d’Espagne, enfin en 1519 roi de Sicile et empereur du Saint-Empire romain germanique.
En
tant que souverain des Pays-Bas, Charles réussit à rattacher les 17 provinces
sous son autorité, aussi bien les provinces de langue germanique du Nord
(Flandre, Anvers, Limbourg, Luxembourg, Frise ou Friesland, Ommerlanden, Overijssel,
Hollande, Utrecht, Gueldre, Zélande, etc.) que les provinces romanes du Sud
(Artois, Namur, Brabant, Hainaut, etc.). Juridiquement, les Pays-Bas formaient
avec les autres principautés allemandes le Saint-Empire romain germanique.
De plus, Charles Quint, était non seulement roi des Pays-Bas, empereur du Saint- Empire, mais également roi d’Espagne. Il ne s’agissait pas d’une unité politique entre l’Espagne et les Pays-Bas, mais les deux royaumes étaient néanmoins sous la souveraineté du même roi. Charles Quint se trouvait ainsi à la tête d’un formidable empire encerclant pratiquement la France. Il parlait non seulement le français, mais aussi l’espagnol, l’allemand, l’italien, le latin et même un peu le flamand de sa ville natale de Gand. C’est d’ailleurs ce monarque polyglotte qui aurait affirmé: «Je parle espagnol à Dieu, italien aux femmes, français aux hommes et allemand à mon cheval.» L’époque de Charles Quint (première moitié du XVIe siècle) fut une période faste pour l’ensemble des habitants des provinces de l’actuelle Belgique et des Pays-Bas. C’est avec Philippe II (1527-1598), le fils de Charles Quint, que les problèmes commencèrent aux Pays-Bas espagnols. Étant élevé en Espagne (Castille), ignorant tout du flamand et du hollandais, et ne connaissant qu’un peu de français (et de latin), son éducation exclusivement espagnole le fit peu apprécier aux Pays-Bas espagnols, lesquels lui furent confiés en 1555 après l’abdication de Charles Quint. Il reprit la politique de son père, mais d’une façon beaucoup plus étroite, surtout en matière de religion. |
En effet, Philippe II commença à intervenir dans le gouvernement local, notamment en matière de religion et de nomination des évêques; pire, il se mit à persécuter les protestants. Il finit par s’aliéner toute la noblesse locale et certaines provinces calvinistes, dont la Zélande et la Hollande qui n’acceptaient pas le catholicisme intransigeant de Philippe II. Elles firent sécession en 1572, avec l’appui de Guillaume d’Orange en Gueldre et Louis de Nassau en Wallonie. Puis les provinces de la Flandre et du Hainaut devinrent calvinistes et l’Autriche catholique intervint pour évacuer les provinces du Sud. Le traité de Gand de 1576 donna à Guillaume d’Orange-Nassau, converti au calvinisme, le titre de stadhouder (le représentant du roi ou de l’empereur) des Dix-Sept Provinces des Pays-Bas. En 1579, l’Union d’Arras réunit les régions francophones et catholiques (Artois, Hainaut, etc.), tandis que les calvinistes s’unissent par l’Union d’Utrecht qui réunit les sept provinces calvinistes en Provinces-Unies (Frise, Groningue, Gueldre, Hollande, Overijssel, Utrecht et Zélande), prélude aux Pays-Bas actuels.
La langue qui se développa au nord à cette époque fut une variété de néerlandais ayant une forte influence brabançonne (anversoise). Pendant ce temps, au sud, la langue néerlandaise se fragmentait en de nombreux dialectes régionaux, ce qui favorisa le français qui gagnait rapidement du terrain dans les milieux aristocratiques. Lors de la période bourguignonne, le français était la langue véhiculaire de la plus grande partie de la noblesse et servait de langue administrative. Le néerlandais demeurait, du moins en Flandre et aux Pays-Bas, une langue parlée par le peuple, sous diverses formes dialectales. Il était associé à une langue de paysans, qui ne pouvait plus progresser.
Maurice de Nassau (1567-1625), prince d’Orange, succéda à son père, Guillaume d'Orange-Nassau, et devint un grand chef de guerre. Par la suite, la dynastie des stadhouder de Hollande gouverna le pays avec autorité, affronta l’Angleterre et s’engagea dans la guerre de Dévolution (1667-1668) opposant la France de Louis XIV à l'Espagne.
Au XVIIe siècle, les Provinces-Unies connurent une remarquable période de prospérité grâce à leur flotte commerciale supérieure à celle de l’Angleterre et devinrent le centre commercial, industriel et financier de l'Europe du Nord-Ouest. Comme il s’agissait d’un État confédéral, les Provinces-Unies conservèrent une certaine autonomie, mais les territoires du Sud (l'actuelle Belgique) furent administrées directement par le pouvoir espagnol. La langue qui se développa au nord à cette époque fut une variété de néerlandais ayant une forte influence brabançonne (anversoise).
En 1713, les Pays-Bas espagnols passèrent sous l’autorité de l’empereur d’Autriche. Jusqu'en 1740, l'espagnol fut utilisé comme langue véhiculaire du Conseil des Pays-Bas à Vienne. Avec la centralisation autrichienne, l'usage du français resta prépondérant dans l'administration centrale, au détriment des langues régionales qui restèrent limitées dans les villes néerlandaises et flamandes. Cependant, les documents officiels locaux furent rédigés en néerlandais ou en brabançon en Flandre et aux Pays-Bas actuels et en français dans la Wallonie actuelle.
Plus tard, l'empereur d'Autriche, Joseph II (1741-1790), en despote éclairé, entreprit de faire de ses possessions un État moderne, centralisé et germanique. Les Pays-Bas autrichiens avaient conservé une administration rétrograde, hérités des Espagnols. Les privilèges arrachés depuis des siècles ne servaient plus qu'à favoriser l'esprit de clocher le plus étroit. C'est pourquoi l’administration des Pays-Bas du Sud (l'actuelle Belgique) fut totalement refondue et réorganisée selon le modèle français; Joseph II voulut abolir les privilèges des principautés, instituer son autorité directe et imposer la langue allemande, non pas dans l’administration interne, mais dans les rapports avec Vienne. Cependant, la ville de Bruxelles comptait alors d'une part, une majorité de la population parlant le brabançon, un idiome proche du flamand et employé déjà dans les plus hautes sphères de la société, surtout la noblesse et la haute bourgeoisie, d'autre part, une minorité de langue française, mais il s'agissait de la langue du pouvoir: les gouverneurs généraux qui résidaient dans la ville s'exprimaient uniquement dans cette langue. Les pratiques établies par les Autrichiens firent en sorte que les Flamands de Bruxelles durent apprendre le français s'ils voulaient entreprendre une carrière administrative.
L'usage des langues fit en sorte qu'une minorité riche et francophone cohabitait avec une masse flamande pauvre et peu alphabétisée. Entre ces deux extrêmes, on trouvait une bourgeoisie commerçante et urbaine, bilingue. Néanmoins, les mesures tatillonnes prises par les autorités autrichiennes à l’instigation de Joseph II heurtèrent de front, on le devine, les particularismes locaux, les sentiments religieux, les habitudes linguistiques, etc. La politique de Joseph II suscita un phénomène général de rejet, sauf au Hainaut et au Luxembourg restés plus calmes. Le mécontentement de la population fit éclater la Révolution brabançonne (d'octobre à décembre 1789) et les troupes autrichiennes furent chassées du pays jusqu’en 1793. Cependant, les duchés de Limbourg (actuel «pays de Herve») et de Luxembourg, situés de l’autre côté de la principauté épiscopale de Liège, n’avaient pas participé à la Révolution brabançonne et soutenaient les Autrichiens qui revinrent à partir de ces contrées. La rébellion fut réprimée par la force par les troupes autrichiennes, non seulement dans les Pays-Bas, mais aussi dans la principauté de Liège.
En 1795, avec l'appui des troupes françaises, un mouvement de patriotes fonda la République batave, calquée sur le modèle de la nouvelle République française. Le stadhouder Guillaume V s'enfuit en Angleterre. Par la suite, en 1806, la République batave devint le royaume de Hollande que Napoléon offrit à son frère Louis pour l’intégrer en 1810 à l'Empire français.
En mars 1815, tout le pays fut occupé par les armées de la coalition des puissances européennes ayant participé au Congrès de Vienne (Russie, Autriche, Prusse, Grande-Bretagne). Le 22 juin 1815, Napoléon livra la bataille de Waterloo, alors que les Belges (surtout les Wallons) se battirent tant du côté français que du côté des puissances coalisées, mais dans un cas comme dans l'autre ils y avaient été contraints, la circonscription étant obligatoire.
Après la défaite de Napoléon, le Congrès de Vienne (1815) créa le
nouveau royaume des Pays-Bas connu sous le nom de
«Royaume-Uni des Pays-Bas»
(en néerlandais: Verenigd Koninkrijk der Nederlanden), c’est-à-dire
la réunion de presque toutes les principautés des Pays-Bas autrichiens, les
Provinces-Unis et les Pays de Généralité (ces derniers administrés par les
Provinces-Unies depuis le traité de Munster). C'était, pour les États européens,
un nouvel État-tampon destiné à faire face à un retour éventuel de
l'expansionnisme français. Le royaume fut confié à un roi
hollandais, Guillaume d'Orange, reconnu comme le «roi des Pays-Bas et grand-duc
de Luxembourg». À ce moment-là, le Luxembourg ne faisait pas partie du
royaume, mais constituait un grand-duché membre de la Confédération
germanique. Les nouveaux sujets de Guillaume d’Orange, surtout la bourgeoisie francophone, se montrèrent hostiles à la réunion des Pays-Bas du Nord et des Pays-Bas du Sud. Au début, l’Église catholique était favorable à cette union politique, de même que certains adeptes wallons et flamands de la Révolution française. Mais les dispositions constitutionnelles reconnaissant l’égalité des religions choquèrent profondément les évêques catholiques (tous des Français). C’est surtout au Brabant que le roi pouvait compter sur un nombre assez important d’adeptes flamands qui étaient fortement influencés par les idées des Lumières. Bien qu’en général les Flamands n’aimaient pas la Révolution française et ses excès, ils étaient néanmoins favorables aux idées des grands philosophes français (Voltaire et les encyclopédistes). |
Dans le domaine linguistique, Guillaume d’Orange décréta que la langue officielle du pays devrait être le néerlandais, c’est-à-dire la langue des instances les plus hautes du royaume; de plus, tous les fonctionnaires de l’administration centrale devaient connaître le néerlandais. Selon les arrêtés de 1819 et 1822, il était stipulé («[…] qu’il ne pourrait plus être présenté, pour les places et les emplois publics, que des personnes ayant la connaissance nécessaire du néerlandais». Le néerlandais devint donc la langue officielle. Mais le peuple flamand restait patoisant et illettré; il ignorait le néerlandais officiel. Bref, la politique de néerlandisation menée par les fonctionnaires de Guillaume Ier constituait l'envers de la politique de francisation sous Napoléon!
Toutefois, la mesure orangiste n’excluait point les autres langues, ni leur utilisation dans l’enseignement, dans la justice ou dans l’administration. N’oublions pas que, comme tous les membres de la Maison royale des Pays-Bas, Guillaume d’Orange était francophone et que le français restera la langue de cette famille jusqu’en 1890. L’objectif du souverain était que le néerlandais devait être employé en Flandre et le français en Wallonie dans l’administration, la justice et l’éducation.
Toutefois, l'union du nouveau royaume ne dura pas. Dès 1830, les Belges se révoltèrent et proclamèrent leur indépendance. Après un conflit armé en 1831, suivi de huit ans de guerre larvée, les royaumes de Hollande et de Belgique ratifièrent leur séparation en 1839. Guillaume Ier reconnut l’indépendance de la Belgique et abdiqua en 1840 en faveur de son fils Guillaume II.
Sous l'influence des mouvements révolutionnaires de 1848, Guillaume II promulgua une constitution plus libérale, qui garantissait la pleine et entière liberté de culte aux catholiques. Ainsi, les provinces catholiques du Limbourg et du Brabant septentrional obtinrent un statut égal à celui des autres provinces. À la fin du XIXe siècle, les Pays-Bas, qui avaient opéré de grandes réformes politiques et sociales, retrouvèrent une période de prospérité économique jusqu'à l'éclatement de la Première Guerre mondiale. Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, les Pays-Bas durent se reconstruire et ne purent échapper à la décolonisation.
Après quatre années de guerre, les Pays-Bas finirent par accepter l'indépendance de l'Indonésie, à l'exception de la Nouvelle-Guinée qui ne rejoignit l'État indonésien qu'en 1962. En 1954, le Surinam et les Antilles néerlandaises devinrent membres à part entière du Royaume des Pays-Bas en tant que provinces autonomes; mais le Surinam acquit en 1975 le statut de pays indépendant. Quant au territoire d’Aruba, une île des Antilles, il devint un territoire séparé des Antilles néerlandaises en 1986; à partir de 1996, Aruba devait devenir entièrement indépendante, mais en 1994, il fut décidé que l'île resterait dans le Royaume des Pays-Bas après 1996. Ainsi, les Antilles néerlandaises ont continué de faire partie intégrante du Royaume des Pays-Bas, sauf l'île d'Aruba. Mais la réforme de 2010 est venue abolir l'entité des Antilles néerlandaises pour laisser dorénavant la place aux Territoires néerlandais d'outre-mer. Aujourd'hui, Aruba, Curaçao, Sint Maarten et les Pays-Bas constituent des États égaux et autonomes au sein du Royaume des Pays-Bas, alors que Bonaire, Saba et Sint Eustatitus sont devenues des communes néerlandaises (municipalités) à statut particulier.
Les Pays-Bas ont fini par s'ouvrir aux demandes inlassablement répétées des citoyens de la province de la Frise à l'égard du frison, la langue de la minorité nationale numériquement la plus importante. Jusque dans les années 1980, l'État n'était à peu près jamais intervenu en matière de protection linguistique. Cependant, au cours des années 1959, les Pays-Bas ont connu certains problèmes avec les Frisons, notamment en matière judiciaire, alors que des émeutes avaient éclaté dans la province de la Frise au sujet d'une affaire portée devant les tribunaux. Puis une loi de 1956 finit par autoriser l'usage oral du frison dans les cours de justice de la Frise, mais c'est le juge qui devait décider si le frison était permis. Dans les faits, rares furent les citoyens qui se prévalurent de leur droit de recourir au frison. À la suite d'une modification à la Loi sur l'enseignement primaire de 1974, le frison devint une matière obligatoire dans la province de Frise à partir du 1er août 1980, acquérant ainsi un statut régulier au sein du système éducatif provincial. La collaboration entre l'État et les représentants de la Frise ont recommencé pour aboutir à un projet d'une loi sur la langue frisonne. Le projet de loi était pratiquement terminée au moment où il fut déposé au Parlement. Certains groupes de pression tendent bien de faire reconnaître le frison, mais ce n'était pas jusqu'en 2013 inscrit dans les lois. |
Finalement, la Loi sur l'emploi de la langue frisonne fut été adopté le 2 octobre 2013. Selon les dispositions de cette loi, quiconque réside dans la province de la Frise aura le droit d'employer sa langue maternelle, le néerlandais ou le frison, dans un tribunal et dans ses relations avec les services administratifs. On peut y lire à l'article 2: «Les langues officielles dans la province de la Frise sont le néerlandais et le frison.» Même si le gouvernement central a fini par céder aux pressions, il a conservé le plein contrôle d'une politique linguistique propre à la Frise. Le pouvoir restreint et les faibles ressources financières du gouvernement provincial limitent les tentatives d'une politique linguistique.
La question des immigrants soulève de plus en plus de controverses, car les Pays-Bas doivent composer avec une arrivée massive d'immigrants. Cette population, généralement originaire de Turquie ou du Maroc, compterait quelque 940 000 personnes de religion musulmane. C'est une population fortement concentrée dans les quatre principales agglomérations (Amsterdam, Rotterdam, La Haye et Utrecht), où les immigrants et leurs enfants représentent plus du tiers des habitants.Si les autorités des Pays-Bas se sont montrées jusqu'à récemment assez tolérantes à cet égard, il n'en est pas ainsi ces dernières années. En janvier 2007 il y a eu une nouvelle loi d'intégration. Cette loi est valable pour quiconque n'a pas la nationalité néerlandaise, qui ne parle pas encore bien le néerlandais et qui n'a pas suffisamment de connaissances sur les Pays-Bas. Ceux qui sont venus d'autres pays pour habiter aux Pays-Bas doivent s'intégrer. Cela signifie qu'ils doivent apprendre la langue et qu'ils doivent savoir comment la culture et la société fonctionnent aux Pays-Bas. Par ailleurs, mal intégrés et peu représentés dans les institutions du pays, les enfants de l'immigration se tournent vers les mosquées où l'on trouve des imans de plus en plus radicaux. Depuis un demi-siècle, le «pays des tulipes» avait la réputation d'être le «royaume de la tolérance». Cependant, une partie de la population ne se reconnaît plus dans la société multiculturelle qu'on leur a fabriquée. Sous la pression de la rue, le gouvernement a instauré des cours «d'intégration» pour les immigrants.
Quelques années plus tard, un parti d'extrême-droite, le
Parti pour la liberté (en néerlandais: Partij voor de Vrijheid ou PVV) a fait
son apparition aux Pays-Bas. Son chef aurait dénoncé un vaste complot visant à
transformer l'Europe en «califat», avec la complicité de millions de musulmans
européens. Pour lui, les Marocains sont des «ordures», alors que le premier
ministre est au service des «étrangers» et le maire d'Amsterdam, un «buveur de
thé à la menthe». L'essentiel du programme du PVV tient sur une seule page. Il
se lit comme une déclaration de guerre avec la fermeture des mosquées,
l'interdiction de la vente du Coran associé au livre Mein Kampf d'Adolf
Hitler, sans oublier la fermeture des frontières aux musulmans et la fin des
subventions à l'aide internationale, à l'énergie éolienne, aux artistes et à la
Radiodiffusion publique des Pays-Bas. Enfin, pour le PVV, l'Union européenne est
comparée à un «État nazi». Le pays des tulipes ne fait plus dans la dentelle!
(2) Données
historiques
Dernière mise
à jour:
12 février, 2019
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