La langue corse et la langue sarde
1 La langue corse Le corse et le sarde sont deux langues insulaires d'origine latine. Issu du latin comme les autres langues romanes, le corse est apparenté aux langues du groupe italo-roman tels que le toscan (aujourd’hui l’italien), le piémontais, le génois, le lombard, l’émilien-romagnol, le vénitien, l’istrien, le sicilien, le calabrien, le lucanien, l’abruzzien, etc. Bien que le corse ait subi une forte influence du toscan, il est apparu dans l'histoire avant la naissance de l'italien standard, ce qui en fait une langue bien distincte, et ce, d'autant plus que son vocabulaire comporte une part non négligeable de mots d'origine ligure, mais il a aussi emprunté au génois, au toscan et au français. On le sait, la langue corse n'est pas uniforme, car elle est fragmentée en plusieurs variantes principales (voir la carte ci-contre). On distingue deux groupes variations dialectales principales du corse: le cismuntincu (ou le cismontano), proche du tosca (qui a donné naissance à l'italien moderne), et le pumuntincu (ou l'oltramontano), qui présente de nombreuses caractéristiques communes avec le sicilien et les parlers continentaux de l'Italie méridionale. Ces deux noms de cismontano et d'oltramontano font référence aux montagnes du centre de l’île de Corse, qui séparent les deux groupes. Le cismontano est plus proche, géographiquement et linguistiquement, du toscan; celui-ci, parlé dans la région de Florence (Italie), la langue toscane est à l’origine de l’italien moderne. Quant à l'oltramontano, il est davantage associé aux parlers locaux répandus en Italie du Sud, en Sardaigne et en Sicile. Toutes les variantes du Sud corse présentent certaines caractéristiques communes avec les parlers de l'Italie méridionale (Abruzzes, Basilicate, région de Naples, Calabre, Molise, Pouilles) ainsi qu'avec le sarde (surtout le gallurien ou gadduresu, le sassarien ou sassaresu et le castellanien au nord) et le sicilien. Entre le Nord (cismontano) et le Sud (oltramontano), il existe une variante de transition (en orange). Sur les marges (nord et sud) de cette aire linguistique, il y a une zone de transition intermédiaire dans laquelle certaines caractéristiques peuvent être assimilées à chacun des groupes, ainsi qu'à d'autres particularités locales. 2 La langue sarde Quant à la langue sarde, elle est également fragmentée en plusieurs variantes, mais les deux principales sont le campidanien au sud et le logoudorien au nord (incluant le logoudorien du Nord, le logoudorien central et le logoudorien commun ou standard. Ces deux variantes du sarde ont maintenu une structure syntaxique et lexicale presque similaire à leurs racines latines. Pour beaucoup de linguistes, le gallurien, le castellanien et le sassarien parlés dans le nord de l'île de Sardaigne constituent des variantes méridionales du corse avec le sartenais. On peut aussi parler de corso-sarde ou de sardo-corse. Quant au tabasquin, une variante du ligure, il est parlé dans les communautés de Carloforte sur l’île de San Pietro et de Calasetta sur l’île de Sant'Antioco, situées dans l’archipel de Sulcis. |
3 L'Intercompréhension des langues
L'intercompréhension entre l'italien et le corse est relativement aisée, à tel point qu'une personne italophone et une autre corsophone pourront se comprendre partiellement sans interprète. L'italien, le corse, le sassarien et le gallurien sont également assez intercompréhensibles entre eux. Par contre, si l'intercompréhension entre le sarde logoudorien et le sarde campidanien est aisée, il n'en est pas ainsi entre ces deux langues et le groupe des langues précédentes.
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Les langues sardes comme le logoudorien et le campidanien sont relativement éloignées de l'italien (comme de l'espagnol). Dands le tableau ci-contre, on trouve quelques exemples qui illustrent les ressemblances entre l'italien, le corse, le sassarien et le logoudorien. Ces exemples témoignent surtout des ressemblances entre l'italien, le corse et le sassarien, mais des différences plus grandes avec le sarde logoudorien. |