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Nouveau-Mexique(USA) |
Capitale: Santa Fe |
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L'État du Nouveau-Mexique [NM] est situé au nord du Mexique et il est limité à l'ouest par l'Arizona, au nord par le Colorado, à l'est par l'Oklahoma et le Texas, au sud par le Texas. La superficie de l'État est de 315 115 km², ce qui équivaut approximativement à un territoire de celui de l'Italie actuelle (301 230 km²). Au plan démographique, le Nouveau-Mexique ne compte que 1,8 million d'habitants (en 2000). Une majorité, pas très forte de 63,4 % parle l'anglais comme langue maternelle. Selon le US Census Bureau, quelque 36,5 % des citoyens parlent une autre langue que l'anglais, soit l'espagnol (28,7 %), le navajo (4 %) et d'autres langues autochtones (1,5 %), l'allemand (0,4 %), le français (0,2 %), le chinois (0,1 %), le vietnamien (0,1 %), l'italien (1 %), etc. Bref, le Nouveau-Mexique est l'un de États numériquement les moins anglophones des États-Unis. |
Langues du Nouveau-Mexique (2000) Population % Anglais 1 072 947 63,49 % Espagnol 485 681 28,74 % Navajo 68 788 4,07 % Autres langues autochtones de l'Amérique du Nord 26 880 1,59 % Allemand 7 871 0,47 % Français 4 332 0,26 % Chinois 2 983 0,18 % Vietnamien 2 523 0,15 % Italien 1 931 0,11 % Tagalog 1 603 0,09 % Japonais 1 263 0,07 % Coréen 1 197 0,07 % Arabe 980 0,06 % Autres langues germaniques de l'Ouest 743 0,04 % Persan (farsi) 740 0,04 % Toutes les autres langues 9 449 0,56 %
Les Amérindiens (appelés «Indiens» ou «Pueblos»), qui représentent 8 % de la population du Nouveau-Mexique, vivent essentiellement dans des réserves. Les langues, avec de nombreuses variétés dialectales, font partie de deux familles linguistiques:
Langue | Locuteurs | Communauté | Famille linguistique |
Towa | 1 300 | 1 500 | Famille kiowa-tanoan |
Tiwa | 2 650 | 3 700 | Famille kiowa-tanoan |
Tewa | 1 300 | 2 400 | Famille kiowa-tanoan |
Keres | 9 000 | 11 500 | Famille keres |
Zuñi | 4 500 | 6 000 | Isolat linguistique |
Des populations amérindiennes vivaient dans cette région bien avant l'arrivée des Européens. En 1539, une première expédition espagnole dirigée par Marcos de Niza, un prêtre franciscain, pénétra au Nouveau-Mexique. La région fut ensuite explorée par l'Espagnol Francisco Vásquez de Coronado (1540-1542), qui remonta le Rio Grande, puis par Antonio de Espejo et Bernardino Beltrán (1582-1583).
La colonisation espagnole démarra en 1598 avec la fondation de San Juan, puis celle de Santa Fe en 1609. Les Espagnols imposèrent leur autorité aux Amérindiens autochtones et commencèrent à les «évangéliser». Cependant, les populations autochtones acceptèrent mal les mauvais traitements qu'ils subissaient et la volonté des Blancs d'abolir leurs coutumes religieuses et leurs rites ancestraux. Les Amérindiens se révoltèrent; d'abord, les Apaches en 1676, puis les Pueblos en 1680. Ils massacrèrent de nombreux colons, obligeant les autres à prendre la fuite, et détruisirent tous les premiers établissements espagnols. Mais les Espagnols, emmenés par Diego de Vargas Zapata, revinrent à Santa Fe en 1692. En quelques années (1696), ils avaient reconquis toute la région.
En 1821, après l'indépendance du Mexique, le Nouveau-Mexique devint une province de la jeune nation mexicaine. Celle-ci s'ouvrit au commerce avec les États-Unis et ne s'opposa pas à l'implantation de colons américains. Marchands et trappeurs américains affluèrent à Santa Fe et à Taos. Dans leur lancée vers la conquête de l'Ouest, les États-Unis voulurent bientôt étendre leur expansion à tout le Sud-Ouest, jusqu'à la Californie. Le président américain, James K. Polk, déclara la guerre au Mexique en 1846 et envoya le général Stephen Watts Kearny à la tête de l'armée de l'Ouest envahir le Nouveau-Mexique.
Celui-ci fut occupé sans résistance, puis cédé aux États-Unis lors du traité de Guadalupe-Hidalgo du 2 février 1848. Victorieux du Mexique, les Américains acquirent en même temps le Texas, l'Arizona et le Colorado. Or, à ce moment-là, quelque 75 000 personnes de langue espagnole vivaient dans le Sud-Ouest, soit 60 000 au Nouveau-Mexique, 7500 en Californie, 5000 au Texas, 1000 en Arizona et 1500 au Colorado. L'espagnol était non seulement la langue majoritaire, mais un mélange des cultures espagnole, mexicaine et indienne réglait harmonieusement le mode de vie des gens de cette grande région. Le traité de Guadelupe-Hidalgo accorda la citoyenneté américaine à tous les ressortissants mexicains qui étaient restés dans les territoires concédés et garantit également certains droits civils, politiques et religieux aux colons de langue espagnole, tout en protégeant leur langue et leur culture. Avec la ruée vers l'or en Californie, les colons anglophones affluèrent dans l'Ouest. Comme ils constituaient des majorités locales suffisantes, les garanties du traité de Guadalupe-Hidalgo, explicites ou implicites, furent totalement ignorées. Avec deux cultures en conflit, les nouvelles autorités politiques ont réduit progressivement les droits des hispanophones.
Érigé en territoire fédéral américain avec l'Arizona en 1850, le Nouveau-Mexique connut de nouvelles révoltes amérindiennes, avant que les Apaches soient définitivement soumis en 1886. En 1863, l'Arizona fut détaché du Nouveau-Mexique. En 1906, la moitié de la population du Nouveau-Mexique avait l’espagnol comme langue maternelle. Le Nouveau Mexique avait continué de publier ses lois à la fois en anglais et en espagnol. Le 10 juin 1910, le Congrès américain adopta une loi exigeant de l’Arizona et du Nouveau-Mexique des dispositions constitutionnelles prévoyant des limitations dans l’usage de l'espagnol en tant que langue co-officielle. Les écoles publiques devaient dorénavant être en anglais. Ces dispositions prévoyaient que les établissements d’enseignement publics devaient être ouverts à tous les enfants habitants les territoires et qu’en conséquence «les écoles seront toujours menées en anglais». De plus, la connaissance de la langue anglaise devint une condition préalable pour travailler dans la fonction publique et la législature:
That said State shall never enact any law restricting or abridging the right of suffrage on account of race, color, or previous conditions of servitude, and that ability to read, write, speak, and understand the English language sufficiently well to conduct the duties of the office without the aid of an interpreter shall be necessary qualification for all State officers and members of the State legislature. | Cet État ne décrétera jamais de loi limitant ou réduisant le doit de vote en raison de la race, de la couleur ou des conditions antérieures de servitude, et que la capacité de lire, écrire, parler et comprendre la langue anglaise suffisamment bien pour satisfaire aux devoirs de l'Administration sans l'aide d'un interprète restera la qualification nécessaire pour tous les fonctionnaires de l'État et les membres de son Assemblée législative. |
Il s’agissait là des conditions obligatoires pour tous les fonctionnaires de l’État et les membres de la législature de l'État. Néanmoins, le projet de la nouvelle Constitution du Nouveau-Mexique, achevé le 21 novembre 1911, contenait trois dispositions qui protégeaient les droits des citoyens de langue espagnole. En fait, les dirigeants du futur État du Nouveau-Mexique désiraient maintenir «préservés et inviolés» les droits, privilèges et exemptions civiles, politiques et religieuses accordées à leurs citoyens en vertu du traité de Guadelupe-Hidalgo. La Constitution préservait tous les droits accordés en vertu du traité de Guadelupe-Hidalgo : «Les droits, privilèges et exemptions civils, politiques et religieux accordés aux citoyens du Nouveau-Mexique en vertu du traité de Guadelupe-Hidalgo seront préservés et intacts.»
1) L’article 3 accordait l’égalité religieuse et raciale, de même que l’égalité linguistique; aucun citoyen ne devait perdre ses droits en raison de son appartenance linguistique. Aucune disposition constitutionnelle ne pourrait être modifiée sans l’accord des trois quarts des électeurs de l’État et des deux tiers des votes dans chaque comté de l'État.
2) L’article 8 prévoyait des mesures pour la formations des enseignants afin qu’ils apprennent l’anglais et l’espagnol et deviennent compétents dans les deux langues. En fait, les écoles publiques ayant des élèves de langue espagnole devaient fournir des «moyens appropriés et des méthodes facilitant l'enseignement de la langue anglaise» («provide proper means and methods to facilitate the teaching of the English language»).
3) L’article 10 portait sur les droits scolaires des enfants de descendance espagnole. Il stipulait que les enfants hispanophones de l’État (futur) du Nouveau-Mexique avaient des droits égaux pour l'accès aux écoles publiques et que leurs droits ne pourraient être réduits ou supprimés sans l’accord d’au moins des trois quarts des électeurs dans chaque comté de l'État.
Le 12 janvier 1911, le Nouveau-Mexique expédia sa constitution au président Taft, qui l'approuva le 24 février suivant, mais le Sénat la refusa en raison des dispositions concernant les modifications constitutionnelles. Par la suite, une résolution du Congrès américain fut adoptée exigeant que le Nouveau -Mexique soumette aux électeurs des dispositions moins restrictives dans les procédures de modification constitutionnelle. La même résolution supprima les mesures qui exigeaient que les fonctionnaires et les employés de l’État aient une connaissance étendue de l’anglais («a comprehensive knowledge of the English»). Le 7 novembre 1911, les électeurs du Nouveau-Mexique approuvèrent une disposition remplaçant les procédures de modification constitutionnelle. Le 6 janvier 1912, le Nouveau-Mexique intégra l'Union.
Les Américains hispanophones du 47e État américain (Nouveau-Mexique) réussirent à maintenir dans la Constitution de leur nouvel État américain des dispositions garantissant l’héritage et la protection de l’espagnol, et sa reconnaissance à égalité avec la langue anglaise. De fait, la Constitution de 1911 prévoyait que, pour une durée de vingt ans, toutes les lois adoptées par la législature de l’État devaient être publiée à la fois en anglais et en espagnol:
Pendant les vingt premières années qui suivent l’entrée en vigueur de la présente Constitution, toutes les lois adoptées par la Législature doivent être publiées en anglais et en espagnol et, par la suite, cette publication devra être conforme aux décisions de la Législature. |
Le nouvel État exigea, par exemple, que les avis d'élection de l'Etat et des élections des comtés devaient être imprimés en anglais et «pouvaient être imprimés en espagnol» («may be printed in Spanish»). De plus, il était exigé que les avis juridiques soient publiés et en anglais et en espagnol.
Une loi de 1941 a exigé que toutes les écoles primaires publiques de l'État, tant rurales qu'urbaines, aient au moins trois enseignants et une présence quotidienne de 90 élèves pour apprendre l'espagnol de la 5e année jusqu'à la 8e année, sauf si le conseil de direction, par résolution, supprimait l'obligation à une école d'apprendre l'espagnol pendant une année scolaire. En 1969, la législature a autorisé les districts scolaires de prévoir une «éducation bilingue et biculturelle» pour ceux qui parlaient une autre langue que l'anglais à la maison.
En 1943, un poste de «superviseur de l’espagnol de l'État» (a State Supervisor of Spanish) fut créé afin de promouvoir une amélioration de l'enseignement de l’espagnol dans les écoles de l'État et pour assurer le développement de la langue espagnole, mais le poste fut aboli en 1967. En 1969, la législature du Nouveau-Mexique autorisa tout district scolaire à prévoir une éducation bilingue et une formation biculturelle dans laquelle on laissait place à une autre langue parlée à la maison que l'anglais.
La politique linguistique de l’État du Nouveau-Mexique est décrite dans la Constitution de 1994, celle-ci reprenant dans les grandes lignes celle de 1911. Toutefois, il ne reste que peu d’articles de cette constitution.
3.1 Aucune langue officielle de jure
Les modifications apportées en 1994 ne proclament pas l’anglais comme langue officielle. Autrement dit, au plan strictement juridique, il n'existe pas de langue officielle au Nouveau-Mexique. La Constitution ne traite que très peu de l’espagnol. Ainsi, à l’article 2 (paragraphe 14) portant sur la déclaration des droits de l’homme, on peut lire ce qui à propos de la procédure judiciaire, sans nommer de langue particulière:
Section 14 [...] In all criminal prosecutions, the accused shall have the right to appear and defend himself in person, and by counsel; to demand the nature and cause of the accusation; to be confronted with the witnesses against him; to have the charge and testimony interpreted to him in a language that he understands; to have compulsory process to compel the attendance of necessary witnesses in his behalf, and a speedy public trial by an impartial jury of the county or district in which the offense is alleged to have been committed. |
Paragraphe 14 [...] Dans toute poursuite criminelle, l'accusé aura le droit de se faire défendre par un avocat ou de se défendre en personne; d’exiger la nature et cause de l'accusation; d’être confronté avec les témoins qui témoignent contre lui; de recevoir l’accusation et le témoignage interprété en une langue qu'il comprend; d’exercer le processus obligatoire pour contraindre la présence de témoins nécessaires pour sa défense et un procès public rapide au moyen d’un jury impartial de la région ou du district dans lequel l’infraction a été alléguée avoir été commise. |
L’article 7 (paragraphe 3) concernant l’égalité religieuse et raciale précise que tout citoyen de l’État a le droit de ne pas être discriminé lors d’une élection, d’un emploi ou d’un procès en raison de sa religion, de sa race, de sa langue, ou de son incapacité à parler, lire ou écrire les langues anglaise ou espagnole, sauf les dispositions prévues dans la Constitution.
Section 3
Religious and racial
equality protected; restrictions on amendments. |
Paragraphe 3
Protection de
l'égalité religieuse et raciale; restrictions d'amendements |
Le paragraphe 8 de l’article 12 est consacré à la formation du corps enseignants ayant des compétences en anglais et en espagnol:
Section 8 Teachers to learn English and Spanish The legislature shall provide for the training of teachers in the normal schools or otherwise so that they may become proficient in both the English and Spanish languages, to qualify them to teach Spanish-speaking pupils and students in the public schools and educational institutions of the state, and shall provide proper means and methods to facilitate the teaching of the English language and other branches of learning to such pupils and students. |
Paragraphe 8 Enseignants en anglais et en espagnol L'Assemblée législative sera responsable de la formation des professeurs dans les écoles normales ou autres écoles de manière à ce qu'ils acquièrent les compétences nécessaires en anglais et en espagnol. Ces professeurs pourront enseigner aux élèves et, particulièrement aux élèves hispanophones, dans les écoles publiques et les établissements d'enseignement de l'État; l'Assemblée législative est aussi responsable de fournir les moyens et les méthodes appropriés pour faciliter l'enseignement de la langue anglaise et des autres matières à ces mêmes élèves. |
L’article 19 (paragraphe 1) prévoit des procédures de modification constitutionnelle. Le secrétaire d’État publiera tout amendement aux électeurs de l’État (pour approbation ou rejet) dans les journaux de langue anglaise et espagnole, et ce, durant quatre semaines consécutives.
Section 1.
Proposing and
ratifying amendments. |
Paragraphe 1
Proposition et
ratification d'amendements |
Enfin, le paragraphe 12 de l’article 20 reconduit une disposition de la Constitution de 1911 et porte sur la publication des lois en anglais et en espagnol:
Section 12. Publication of laws in English and Spanish. For the first twenty years after this constitution goes into effect all laws passed by the legislature shall be published in both the English and Spanish languages and thereafter such publication shall be made as the legislature may provide. |
Paragraphe 12 Publication des lois en anglais et en espagnol Pendant les vingt premières années qui suivent l’entrée en vigueur de la présente Constitution, toutes les lois adoptées par l'Assemblée législative doivent être publiées en anglais et en espagnol et, par la suite, cette publication devra être conforme aux décisions de l'Assemblée législative. |
3.2 La déclaration «English Plus»
Cela étant dit, il reste à décrire cette politique linguistique. Elle pourrait se résumer à la English Plus Declaration de 1989, laquelle précisait que l'État du Nouveau-Mexique réaffirmait son plaidoyer en faveur de l'enseignement d'autres langues aux États-Unis et de sa conviction qu’on ne menace pas ainsi le statut de l’anglais. La déclaration affirme également que la connaissance de la part des citoyens à parler plus d'une langue constitue un avantage économique et culturel dans l’État, mais que la connaissance de l’anglais, plus que toute autre langue, doit être encouragée partout dans l'État. Voici la déclaration sur «l'Anglais Plus», qui est alignée sur les objectifs de l'organisme English Plus sur la diversité linguistique:
State declarations of Official
English NEW MEXICO has a non-binding "English
Plus" resolution, officially endorsing multilingualism, passed by the
legislature, finding: WHEREAS the people of New Mexico acknowledge that "English Plus" best serves the national interest since it promotes the concept that all members of our society have full access to opportunities to effectively learn English plus develop proficiency in a second or multiple languages; and WHEREAS the people of New Mexico recognize that the position of English in the United States needs no official legislation to support it; and WHEREAS the people of New Mexico recognize that for survival in the twenty-first century our country needs both the preservation of the cultures and languages among us and the fostering of proficiency in other languages on the part of its citizens; NOW THEREFORE BE IT RESOLVED ... that the First Session of the Thirty-Ninth Legislature of the State of New Mexico hereby reaffirms its advocacy of the teaching of other languages in the United States and its belief that the position of English is not threatened. Proficiency on the part of our citizens in more than one language is to the economic and cultural benefit of our state and the nation, whether that proficiency derives from second language study by English speakers or from home language maintenance plus English acquisition by speakers of other languages. Proficiency in English plus other languages should be encouraged throughout the State. |
Déclarations de l'État sur
l'anglais officiel
L'Assemblée législative du NOUVEAU-MEXIQUE a adopté une résolution non
obligatoire sur l'«Anglais Plus», approuvant officiellement le multilinguisme,
par décision: ATTENDU QUE les citoyens du Nouveau-Mexique reconnaissent que l'«Anglais Plus» sert le mieux l'intérêt national puisqu'il vise à promouvoir le concept que tous les membres de notre société ont le plein accès aux occasions opportunes d'apprendre l'anglais en plus de développer la compétence d'une deuxième langue ou de plusieurs autres; et ATTENDU QUE les citoyens du Nouveau-Mexique reconnaissent que le statut de l'anglais aux États-Unis n'a besoin d'aucune législation officielle pour le soutenir; et ATTENDU QUE les citoyens du Nouveau-Mexique reconnaissent que, pour leur survie au XXIe siècle, notre pays a besoin de conserver ses cultures et ses langues ainsi que la motivation à connaître d'autres langues de la part de ses citoyens; IL EST MAINTENANT DÉCRÉTÉ [...] que la première session de la 39e Législature de l'État du Nouveau-Mexique réaffirme par la présente son plaidoyer en faveur de l'enseignement des autres langues des États-Unis et de sa croyance que le statut de l'anglais n'est pas menacé. La connaissance chez nos citoyens de plus d'une langue est un avantage économique et culturel de notre État et de la nation, si cette connaissance provient de la deuxième langues étudiée par les locuteurs de l'anglais ou du maintien de la langue maternelle en plus de l'acquisition de l'anglais par les locuteurs des autres langues. La connaissance de l'anglais en plus des autres langues doit être encouragée partout dans l'État. |
On est loin de la politique anti-bilinguisme de plusieurs autres États américains, dont les politiques linguistiques s'appuient souvent sur celle d'organismes tels que US English, English Only, English First et Save Our Schools (SOS), qui ont entrepris un véritable combat politique pour promouvoir l'unilinguisme officiel aux États-Unis. Des mesures similaires au Nouveau-Mexique ont été adoptées en Oregon (1989), au Rhode Island (1992) et dans l'État de Washington (1989).
Cela dit, le Nouveau-Mexique n'est pas pour autant un «État bilingue» au sens juridique du terme, puisque la seule langue officielle (de facto) demeure l'anglais. Pour les autres documents juridiques, il faut consulter les New Mexico Statutes and Court Rules Unannotated, c'est-à-dire les Lois et les règles judiciaires non annotées du Nouveau-Mexique.
3.3 La langue de l’État
L’anglais constitue la langue officielle de l’État du Nouveau-Mexique, sans qu'il n'ai été nécessaire de le proclamer. Le Parlement siège en anglais, mais les lois sont publiées en anglais et en espagnol. Précisions que la version espagnole des lois et règlements de l’État n’a pas la même valeur juridique, car il s’agit uniquement d’une traduction.
L’Administration de l’État fonctionne officiellement en anglais, mais des services en espagnol sont prévus dans tous les districts où résident un certain nombre d’hispanophones. Ces services s’étendent aux hôpitaux et aux services sociaux.
Pour ce qui est des tribunaux, le paragraphe 4 des Lois et les règles judiciaires non annotées du Nouveau-Mexique prévoit ce qui suit: «Tous les tribunaux ci-dessus mentionnés tiendront correctement et fidèlement les registres des procédures en anglais et en espagnol.» Dans le chapitre 1-8-15 portant sur la Loi sur les élections primaires, il est précisé que (alinéa b) «si un électeur qualifié cherchant à se faire inscrire est incapable de lire et écrire la langue anglaise ou la langue espagnole, ou s'il est incapable de lire ou écrire en raison de quelque incapacité physique, son certificat d'enregistrement sera rempli par un fonctionnaire [...]». Selon le chapitre 38-10-7 des Lois et les règles judiciaires non annotées du Nouveau-Mexique, toute personne peut faire appel à un interprète certifié pour interpréter ses propos lors de son témoignage si elle ne parle pas anglais.
Autrement dit, l'espagnol n'est pas sans statut au Nouveau-Mexique, il correspond à celui d'une «langue de traduction». Donc, l'espagnol n'a pas le statut de co-officialité qu'on lui prête à tort. Seul l'anglais bénéficie du statut de langue officielle!
3.4 Les écoles
Toutes les écoles publiques sont des écoles de langue anglaise. Cependant, des mesures sont prévues pour les écoles primaires afin que tous les «Hispanos» reçoivent un enseignement dans leur langue maternelle dans le cadre des «programmes d'éducation bilingue et multiculturelle».
En vertu du chapitre 22-23-1.1 des
Lois et les règles judiciaires non annotées du Nouveau-Mexique, ces
programmes sont destinés avant tout à «ceux qui apprennent la langue
anglaise», mais également à «tous les élèves». L'objectif est de rendre un
enfant bilingue et qu'il sache lire et écrire en anglais, si sa langue
maternelle est l'espagnol ou une langue amérindienne, ou qu'il apprenne
l'espagnol et sache le lire si sa langue maternelle est l'anglais. Le système scolaire prévoit en principe qu'on enseigne d'abord la langue minoritaire (l’espagnol), puis l'anglais est introduit progressivement jusqu'à ce qu'il devienne l'unique langue d'enseignement à la fin du primaire. On part du principe (celui de l'intégration) que les non-anglophones doivent finir par s'intégrer à la société américaine et maîtriser l'anglais comme langue principale. L'éducation bilingue permet en même temps aux enfants de la minorité hispanophone de conserver leur langue. L'État du Nouveau-Mexique prend pour acquis que l'acquisition d'une seconde langue en milieu scolaire prend généralement de cinq à sept ans. |
Le chapitre 22-23-6 des Lois et les règles judiciaires non annotées du Nouveau-Mexique précise que, pour avoir droit à l'appui financier de l'État, un programme d'éducation bilingue et multiculturelle doit prévoir répondre aux besoins éducatifs des élèves linguistiquement et culturellement différents, tels que les enfants amérindiens et autres élèves qui peuvent vouloir participer au programme. L'État encourage aussi l'emploi de deux langues comme véhicule d'enseignement pour une partie ou tout le programme d'études, et favorise l'emploi des enseignants qui se sont spécialisées dans l'éducation élémentaire ou secondaire et ont reçu une formation spécialisée dans l'éducation bilingue dispensée en deux langues. Ces enseignants formés doivent faire des évaluations de compétence linguistique et en anglais et dans la langue maternelle des élèves; de plus, ils feront ressortir l'histoire et les cultures associées à l'héritage de la langue parlée à la maison par les élèves.
L'État du Nouveau-Mexique compte plus de 80 850 élèves dits LEP (Limited English Proficient: compétence limitée en anglais) pour lesquels l'État alloue approximativement plus de 40 millions de dollars par année scolaire.
3.5 Le monde du travail
L’État du Nouveau-Mexique ne s’ingère pas dans les entreprises privées, sauf si ces dernières ne bénéficient pas de subventions gouvernementales. Par exemple, lorsque des bureaux touristiques, des bibliothèques ou des publicitaires appartiennent à des entreprises privées, ils ne sont généralement pas assujettis à toutes les restrictions concernant la législation linguistique de l’État, mais dans l’éventualité où un organisme privé réclame des subventions de l’État, il risque d’être soumis à l’unilinguisme officiel. Quoi qu'il en soit, certaines mesures législatives montrent bien que l'anglais reste la langue officielle.
Ainsi, le chapitre 53-8-66 des Lois et les règles judiciaires non annotées du Nouveau-Mexique porte sur les raisons sociales des sociétés étrangères établies dans cet État. Conformément à la loi, aucun certificat ne peut être émis par les autorités à une société étrangère, sauf si la raison sociale de la société est rédigée avec des lettres anglaises («shall be expressed in English letters»). D'après la chapitre 9A-40-2 des Lois et les règles judiciaires non annotées du Nouveau-Mexique, toute demande d'un permis pour un assureur doit être accompagnée d'une traduction correcte anglaise de sa charte si elle n'est pas en anglais. L'article 18A du chapitre 61-14A-11 met en cause la Collection Agency Regulatory Act (Loi régulatrice sur les agences de recouvrement). Les examens pour obtenir le permis sont en langue anglaise. Si l'anglais n'est pas la première langue du demandeur, le conseil peut exiger que le demandeur passe un examen de compétence anglais prescrit par le conseil.
Dans l'ensemble, les lois de cet État visent à assurer un minimum de
l'harmonie entre les citoyens. C'est pourquoi le Nouveau-Mexique permet une utilisation restrictive de
certaines langues, notamment l'espagnol, dans plusieurs secteurs de la vie
sociale et politique. L'objectif est,
comme toujours, de favoriser
l'apprentissage de l'anglais afin d'assurer la communication entre tous les
citoyens. Il ne s'agit pas vraiment d'un système axé sur la protection des minorités.
En réalité, le Nouveau-Mexique ne peut «oublier» l'espagnol, mais il n'est
pas tenu d'en promouvoir la cause. Sa politique linguistique est ambiguë: elle
consiste à laisser croire que l'anglais et l'espagnol sont deux langues à
égalité, mais l'une est officielle, la seconde, une langue de traduction, sans jamais le proclamer par
la loi. Si un État avait à choisir le bilinguisme officiel, c'est bien le
Nouveau-Mexique, mais la pression sociale étant ce qu'elle est aux États-Unis,
l'unilinguisme anglais risque de sortir vainqueur. En
somme, l'État du Nouveau-Mexique pratique ce qu'on appellerait une politique
de statut juridique différencié.
-
Amérique du Nord
-
Dernière mise à
jour:
07 décembre, 2015
(1)
Les États-Unis: situation générale
(2)
La
politique linguistique fédérale
(3)
Les États américains: présentation
générale
(4)
Liste des États disponibles
(5)
Bibliographie