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Grèce
3)
La politique linguistique
à l'égard de la langue grecque
|
1 La politique
linguistique traditionnelle
La Grèce a toujours attaché une grande importance à la préservation de
sa langue et de sa culture. Avec la religion, la langue représente
l'une des valeurs essentielles de l'identité nationale grecque. Dès
sa fondation en 1824, l'État grec, suivant en cela le cadre idéologique de la
création des États-nations en Europe, n'a jamais adopté le bilinguisme ou le
multilinguisme; il s'est déclaré un État homogène de langue grecque et de
religion orthodoxe. Durant près
d'un siècle, toute la politique linguistique de l'État grec consistait à assurer
la continuité du grec ancien au sein de la société grecque. Ce fut la longue
guerre linguistique qui a opposé les tenants du grec ancien ̶ la
katharévousa ou la «langue pure» ̶ et les partisans du grec
moderne ̶ le démotique ̶ , deux langues de même origine, mais
qui ont évolué de façon fort différente. La question linguistique fut résolue en
1976 lorsque le gouvernement fit adopter, dans une simple loi scolaire, le démotique comme
la langue
d'usage de l'État.
1.1 La notion de «langue officielle»
|
Le grec n'a jamais été déclaré dans une loi ou dans la
Constitution la «langue officielle» de l'État grec. Même l'article 6 de la
Constitution de 1968, celle du régime des colonels, ne mentionnait pas que le
grec était la langue officielle: «La langue officielle de l'État et de
l'enseignement est celle dans laquelle sont rédigés la Constitution
et les textes de la législation hellénique.» Cette formulation consistait à imposer la katharévousa sans avoir besoin de la
nommer ni de la définir. Or, le texte de la Constitution et des lois
était rédigé dans la version de la katharévousa, la «langue
pure», une langue qui n'était plus employée à l'oral. |
|
Quant à l'article 2 de la loi n° 309/1976 qui a relégué aux oubliettes la katharévousa
pour le démotique, il énonce seulement au paragraphe 1 que la langue
néo-hellénique doit être employée dans l'enseignement
à partir de l'année scolaire de 1976-1977
et que, au paragraphe 2, cette langue néo-hellénique est «l'instrument
expressif national utilisé par le peuple grec et les écrivains importants de la
Nation et basé sur la forme démotique».
On ne trouve nullement dans quelque
texte juridique que ce soit que «le grec est le langue officielle de la Grèce»,
comme cela est le cas à l'article 2 de la Constitution française qui se lit
comme suit: «La langue de la République est le français.» Ce type de
proclamation n'a jamais existé pour la langue grecque contemporaine! |
Par conséquent, le grec bénéficie du statut de langue officielle en
Grèce dans les faits (de facto), non
par la
loi (de jure). D'ailleurs, l'expression équivalente en grec de «langue
officielle», soit
επίσημη
γλώσσα ("epísimi
glóssa") n'apparaît nulle part, c'est-à-dire dans aucun texte
de loi contemporain en vigueur, ce qui n'empêche pas que le grec soit consacré comme la
langue de toutes les fonctions administratives de l'État grec. Même la
Constitution de 1968 dans l'expression Eπίσημηος
γλώσσα
(en katharévousa) de
l'article 6 ne faisait pas référence au grec, mais à la
katharévousa,
sans la nommer.
Bref, lorsqu'on
parle du grec comme «langue officielle» en Grèce, il s'agit d'une convention
sociopolitique qui reconnaît que, dans les faits, c'est la réalité juridique.
C'est exactement comme aux États-Unis, alors que nulle part dans la Constitution
américaine ou dans tout autre texte institutionnel ou législatif, il n'y a de
définition ou de proclamation d'une langue officielle au niveau fédéral. Mais l'anglais est la
langue officielle de facto, comme le grec peut l'être en Grèce.
La Constitution de 1975, ne traite que de la langue des
Saintes Écritures (art. 3), pas celle en usage dans le pays; de plus, elle ne
fait que mentionner l'interdiction de la discrimination fondée sur la
nationalité, la race, la langue, les convictions religieuses ou politiques (art.
5). Dans un pays où 85 % de la population parle la même langue, il apparaît en
effet peu
pertinent de proclamer une langue officielle qui s'impose de toute façon dans la
pratique quotidienne.
1.2 La révision constitutionnelle
La révision de la Constitution grecque de 1975 était en cours
de discussion et de préparation depuis quelques années. Elle aurait pu ou même dû mettre sur
la table l'importante question de la langue grecque, qui semble largement oubliée et
ostensiblement négligée par les dirigeants politiques du pays. Rappelons qu'il n'existe pas formellement de langue officielle pour le peuple grec et son
État, qui soit reconnue et protégée par sa constitution. La Grèce, comme bien
d'autres pays, se voit pourtant envahir dans les rues et les places publiques par des
enseignes commerciales et professionnelles, qui portent dans leur majorité
des noms étrangers, principalement en anglais, sans compter que de nombreux noms
grecs sont désormais présentés en lettres latines. Il y a aussi la question de la
religion d'État avec l'Église orthodoxe, perçue de plus en plus comme une
anomalie en Europe. Il faudrait garantir explicitement la neutralité religieuse
de l'État, tout en préservant pour des raisons historiques la reconnaissance de
l'orthodoxie en tant que religion dominante, en précisant que cela n'a pas de
conséquences discriminatoires pour aucune autre religion.
Mais la procédure de révision constitutionnelle est
longue et complexe, car l’article 110 de la loi fondamentale est particulièrement contraignant afin
d’éviter que la Constitution ne soit à la merci de majorités politiques
changeantes. Par exemple, cet article 110 fixe une limite temporelle à la
révision : aucune nouvelle procédure ne peut être entamée dans un délai de cinq
ans à compter de «l’achèvement de la précédente procédure». Il arrive que le
cumul d’obstacles entraîne des révisions relativement retreintes, comme en 1986,
en 2001, en 2008 et en 2019.
En février 2019, le Parlement grec a adopté
les révisions constitutionnelles proposées par le gouvernement; les
modifications concernent 28 articles de la Constitution grecque, mais au final
neuf modifications ont reçu les votes nécessaires pour être adoptées, sur un
total de 49 proposées par toutes les parties au cours de la procédure.
Cependant, aucune de ces modifications ne
porte sur la langue, ni sur le rôle de la religion. Avec la majorité absolue de
151 voix, l'article 3 de la Constitution grecque concernant les relations entre
l'Église grecque et l'État devrait être révisé par le prochain Parlement qui
émergera des élections. Cette situation démontre bien que la langue et le
religion en Grèce sont des sujets tellement explosifs qu'on n'ose même plus y
toucher.
1.3 La langue de la législation grecque
Le Parlement grec (en grec moderne : Βουλή των Ελλήνων ou
"Voulí ton Ellínon", ce qui signifie «Conseil des Grecs») est le parlement
monocaméral de la Grèce; il est composé de 300 députés (βουλευτές) ou
"vouleftes" élus pour un mandat de quatre ans au suffrage universel direct par les
citoyens grecs. Le règlement intérieur du Parlement ne traite aucunement de la
langue utilisée lors des débats, mais seul le grec est employé, de même que dans
la rédaction des lois et règlements. La législation électorale ne traite pas
davantage de la langue au moment des élections.
Les seuls textes où l'on fait mention de la question
linguistique concernent les règles du Parlement européen qui
garantissent des conditions
de travail égales à tous les députés afin qu'ils puissent avoir un accès complet
aux informations dans la langue officielle de leur pays ̶ donc le
grec en Grèce ̶ , ce qui s'applique
évidemment aux députés grecs.
2 La langue des tribunaux
Nous savons que la religion et l'État font bon ménage en
Grèce, puisque l'Église orthodoxe n'est pas séparée de l'État qui paye les
salaires des popes, comme ceux de tout membre du clergé orthodoxe. Ce sont des
employés de l'État!
2.1 Le blasphème
Or, l’article 198 du Code pénal
(1962) grec punit
quiconque, en public et avec malveillance, offense Dieu de quelque manière que
ce soit, et quiconque manifeste en public, en blasphémant, un manque de respect
envers le sentiment religieux:
Article 198
Le blasphème
malveillant
1)
Quiconque,
en public et par malveillance, offense Dieu
est passible de deux
ans d'emprisonnement.
2)
Quiconque,
sauf dans ce qui est prévu
au
paragraphe 1,
manifeste en public en blasphémant un
manque de
respect
envers le
sentiment religieux,
est passible
de
six
mois ou
d'une amende
de 3000
euros. |
Toute personne contrevenante est passible
de
six
mois ou
d'une amende
de 3000
euros (3490 $US). Le texte ne mentionne pas si le blasphème doit
être en grec, mais nous savons qu'en Grèce les partis politiques
sont peu désireux de se mettre à dos la très influente Église orthodoxe.
La Grèce n'est pas le seul pays de l'Union européenne à punir le blasphème; sept
autres pays entrent également dans cette catégorie, malgré la très
faible application de ce type de législation (Allemagne, Danemark, Irlande,
Italie, Malte, Pays-Bas et Pologne).
2.2. La langue
des procès
En réalité, tous
les procès se déroulent en grec. Le
Code de procédure civile (1985)
prévoit que, en cas de besoin, un interprète doit être embauché si un
justiciable, un témoin, un expert ou l'une des parties ignore la langue grecque:
Article 252
1)
Si un
témoin,
un expert ou
l'une des
parties
présentes ou
leurs
représentants
judiciaires qui
comparaissent en
personne à
l'audience ou à
la procédure de
l'acte de
procédure
ignore la langue
grecque, un
interprète est
embauché.
S'il s'agit
d'une langue peu
connue,
un traducteur de
l'interprète de
relais peut être
recruté.
2) La
déposition du
témoin est
consignée dans
le procès-verbal
ou dans le
rapport de
traduction.
3) Les
interprètes sont
nommés par le
juge et dans les
tribunaux à
plusieurs
membres par le
président du
tribunal et, à
moins qu'ils
n'aient été
assermentés
comme
interprètes,
ils doivent prêter
serment
conformément à
l'article 408
pour s'acquitter
de leurs
fonctions
avec fidélité et
précision, et
ils peuvent être
exclus pour les
mêmes raisons
que
les experts.
Article 454Si le document soumis a été rédigé dans une langue étrangère, il doit être présenté dans une traduction officielle certifiée par le ministère des Affaires étrangères ou une autre personne juridiquement compétente ou par l'ambassade ou le consulat grec du pays où le document a été rédigé ou par l'ambassade en Grèce ou du consulat du même pays. Dans tous les cas, le tribunal peut ordonner que le document soit traduit en grec par un expert.
|
Par le fait même, si
un document soumis est rédigé dans une langue étrangère, il doit être
présenté dans une traduction officielle certifiée par le ministère des
Affaires étrangères ou une ambassade.
2.3 L'interprétariat
L'article 233 du
Code de
procédure pénale (2019) prévoit également le recours à un interprète
lorsqu'un suspect, un accusé ou un témoin qui ne parle pas ou ne comprend pas
suffisamment la langue grecque:
Article 233
Désignation d'un interprète
1) À tout stade de la procédure pénale,
lorsqu'un suspect, un accusé ou un témoin
qui ne parle pas ou ne comprend pas suffisamment
la langue grecque doit être interrogé, il
doit bénéficier d'une interprétation sans délai. Si c'est nécessaire,
des services d'interprétation sont disponibles pour la communication
entre l'accusé et ses avocats à tous les stades de la procédure pénale.
Le droit à l'interprétation en vertu des alinéas précédents comprend une
assistance appropriée aux personnes malentendantes ou souffrant de
troubles de la parole. À chaque étape de la procédure pénale,
l'examinateur vérifie par tout moyen approprié
si le suspect ou l'accusé parle et comprend la
langue grecque et s'il a besoin de l'assistance d'un interprète.
|
L'article 238 du même code autorise l'emploi d'une langue
étrangère dans une déclaration écrite au moment de l'interrogatoire, mais
une traduction en grec devra néanmoins être faite ultérieurement:
Article 238
Traduction de
documents et dépôts écrits dans une langue étrangère
1) Lorsqu'il s'agit de
traduire des documents
qui nécessitent définitivement un travail à long terme, un délai est
fixé dans lequel l'interprète doit remettre la traduction.
Ce délai peut être prolongé. Si
celui-ci n'est pas respecté, l'interprète désigné est licencié et un
autre est nommé. Il en va ainsi lorsque la personne désignée
exerce son travail de manière inadéquate ou négligente.
2)
Exceptionnellement,
lorsque le témoin ou
l'accusé ignore la
langue grecque
et
qu'il s'avère qu'il
n'est pas facile de
désigner un interprète
approprié,
il peut présenter une
déclaration écrite ou
des excuses dans une
langue étrangère
au moment de
l'interrogatoire.
La
déposition est incluse
dans le dossier avec la
traduction,
qui est faite
ultérieurement,
conformément au
paragraphe 1.
|
En somme, tout accusé a droit à l’assistance d’un interprète si sa
connaissance de la langue grecque est jugée imparfaite. Cette mesure vaut
également pour les personnes sourdes, muettes ou sourdes-muette; l'interprète
doit démontrer sa connaissance suffisante de la langue des signes au moyen d'un
certificat reconnu. Tout interprète doit prêter serment sur l’Évangile du fait
que son interprétation sera effectuée avec fidélité et conscience. La langue
employée est le grec dans sa version moderne, bien que la langue officielle de
l’État ne soit pas identifiée ni définie dans la Constitution de 1975.
Le
Code
civil (1984)
prévoit des mesures similaires dans le cas des testaments:
Article 1737
Testateur
ignorant la
langue grecque
1) Si le
testateur, de
l'avis du
notaire, ignore
la langue
grecque,
ou si le
titulaire
déclare ignorer
le grec,
un interprète
est embauché.
Les
dispositions des
articles 1725 à
1728 concernant
les témoins
s'appliquent en
conséquence à
l'interprète.
2)
L'interprète
doit jurer qu'il
interprétera
fidèlement la
volonté du
testateur et
traduira l'acte,
avant de signer,
dans la langue
exprimée par le
testateur,
tandis que les
autres
écouteront.
Article 1746Testateur ignorant la langue grecque
Si le testateur, de l'avis du notaire, ignore la langue grecque ou déclare ignorer le grec, les dispositions de l'article 1737 s'appliquent en conséquence au secret testamentaire.
|
Tous les textes cités font la preuve que la langue d'usage
des tribunaux est la langue grecque.
3
La langue de l'administration grecque
Depuis l’indépendance en 1824, l’État est devenu la principale source de
revenu pour les dirigeants et les élites. Dès la fin du XIXe
siècle, la bureaucratie grecque était déjà proportionnellement la plus
considérable des États
européens. Cette bureaucratie compte aujourd’hui environ un million de
fonctionnaires pour une population de 11 millions d’habitants, soit un salarié
sur quatre. De plus, le gouvernement ne semble pas savoir lui-même avec précision le
nombre de ses employés.
Normalement, les fonctionnaires servent à gérer des
services publics, même quand ils sont déficients, mais en Grèce ils servent
autant à assurer des privilèges à certains groupes professionnels ou verser des
rentes. Selon Transparence international, la Grèce se classe au 74e
rang sur 180 pays pour le niveau de corruption, plus ou moins à égalité avec la
Jordanie, la Corée du sud et le Costa Rica; en Europe même, la Grèce est
pratiquement au dernier rang aux côtés de la Roumanie et de la Bulgarie. Bref,
la fonction publique grecque n'est pas réputée pour son efficacité.
Nous pouvons
constater aussi que la question linguistique ne préoccupe pas beaucoup
l'administration grecque, car il n'existe que fort peu d'actes normatifs à ce
sujet.
3.1 La citoyenneté grecque
L'article 5A du
Code de la citoyenneté grecque (2004) exige une «connaissance suffisante de la langue
grecque» pour devenir citoyen grec par naturalisation:
Article 5A
1) L'étranger qui souhaite devenir citoyen grec
par naturalisation doit, en plus des conditions de l'article précédent:
a)
Connaître
suffisamment la langue grecque,
afin de remplir les obligations découlant du statut de citoyen grec.
3)
Afin de vérifier la garantie
de la condition essentielle
du cas a) du paragraphe 1 (connaissance
suffisante de la langue
grecque),
la commission de
naturalisation compétente
s'appuie sur
un
examen linguistique
qu'elle organise, de niveau
B1, pour la compréhension et
la production de la parole
et de la compréhension
orales
de langue
écrite et de niveau A1 pour
les adolescents et les
adultes pour la production
de langue écrite,
conformément aux normes
fixée s par le Cadre européen
commun de référence pour les
langues (KEPA-CECR).
Afin de vérifier la garantie dans certaines conditions essentielles du paragraphe 1, et en particulier la familiarité du requérant avec l'histoire et la culture grecques, les institutions du gouvernement de la République grecque, la vie politique du pays, ainsi que les connaissances de base de l'histoire de la politique grecque, surtout moderne, la décision du comité de naturalisation compétent est basée sur un test spécial qu'il organise. Par décision du ministre de l'Intérieur, les spécifications de l'examen linguistique et de l'épreuve spéciale, ainsi que de toute autre question liée à leur organisation et leur contenu sont réglementées.
|
La décision ministérielle Β7-255 de 1998, le
Centre pour la langue grecque (Κέντρο
Ελληνικής Γλώσσας) a été désigné comme l'organisme officiel pour l'émission des certificats de maîtrise du grec. La décision ministérielle
Β7-144 de 1999 a désigné le Centre de la langue grecque comme l'organisme
exclusif de prise de décisions relatives à la conduite des examens
linguistiques.
3.2 Le Centre pour la langue grecque
|
Le Centre pour la langue grecque (en grec: Κέντρο
Ελληνικής γλώσσα = Kéntro Ellinikís glóssa) est une
entité juridique de droit privé créée en vertu de la loi n° 2083/1992,
qui
est basée à Thessalonique avec un bureau additionnel à Athènes. C'est un organisme de recherche supervisé
par le ministère de l'Éducation et des Affaires religieuses. Il
est responsable de la promotion de la langue grecque et de la
certification du grec. Il participe également à des actions
conjointes avec l'Université Aristote de Thessalonique.
L'objectif du Centre pour la langue grecque est de
renforcer et de promouvoir la langue grecque à l'intérieur et à
l'extérieur de la Grèce, d'organiser son enseignement aux
étrangers et aux expatriés, de soutenir les professeurs de grec
à l'étranger et dans le pays, et de produire toute forme de
matériel qui contribue à la promotion et à la diffusion de la
langue grecque.
|
Le Centre pour la langue grecque comprend les départements
scientifiques suivants:
- le département de
lexicographie (Tmíma Lexikografías): il est actif dans
la conception et la compilation de dictionnaires et d'autres outils
lexicographiques, la création de bases de données lexicographiques pour
des applications sur l'Internet et la poursuite du dictionnaire Kriaras;
- le département de
linguistique (Tmíma Glossologías); il est actif dans
la promotion de l'histoire de la langue grecque et dans les questions de
politique linguistique et d'éducation aux langues;
- le département de soutien et
de promotion de la langue grecque (Tmíma Stírixis kai
Provolís tis Ellinikís Glóssas): il organise les examens de
certification de compétence du grec et prépare des programmes de
recherche pour l'enseignement du grec comme langue étrangère/seconde;
- le département de langue et
littérature (Tmíma Glóssas kai Logotechnías): il
s'occupe de l'étude de la langue et de la littérature grecques modernes
(originale et traduite) et étudie la langue comme outil de traduction.
Le Centre pour la langue grecque est également l'organisme responsable
de la conduite des examens de certification de la langue grecque. Les
examens de certification d'adéquation des études grecques sont organisés
dans des centres d'examen reconnus par le KEG (Kéntron Epangelmatikís
Katártisis = Centre de formation professionnelle) en Grèce et à l'étranger.
Les candidats sont testés sur six niveaux de compétence linguistique et
évalués sur quatre ou cinq compétences, à savoir la compréhension et la
production de textes écrits, la compréhension et la production de la langue
parlée et l'utilisation de la langue. Des examens de compétence en grec à
des fins spéciales et des examens de compétence en grec pour les candidats
des centres de formation professionnelle (KEK) sont également organisés
3.3 L'obtention du certificat de
compétence du grec
L'article 68 de la
Loi sur l'accès, le séjour et l'intégration sociale des ressortissants de
pays tiers dans le territoire hellénique (2005) mentionne ainsi les
conditions d'acquisition de la connaissance du grec:
Article
68 Preuve d’une
connaissance suffisante de la langue grecque et des éléments de
l’histoire et de la culture grecques
1)
Une connaissance
suffisante de la langue, de l’histoire et de la culture grecques
doit être démontrée par l’un des acquis suivants :
a) un certificat
d’obtention d’un diplôme pour au moins l’enseignement
obligatoire des écoles
grecques en Grèce;
b) un diplôme d’écoles
secondaires étrangères appartenant au
système d'éducation grec;
c) un diplôme reconnu des
départements de langue
grecque des
universités à l’étranger;
d) un
certificat de compétence
grecque au moins de
niveau B-1 octroyé conformément à la directive 60/2010; et
e) un
certificat spécial de
connaissance suffisante de la langue grecque
et des éléments de l’histoire et de la culture grecques
après un examen réussi effectué sous la responsabilité du
Secrétariat général pour l’apprentissage tout au long de la
vie en coopération avec le Centre de langue hellénique, dans
le cadre de ses responsabilités en matière de certification
de la langue grecque.
|
L'examen pour
l'obtention du certificat de compétence grecque de niveau B-1 comprend la
lecture d'un court texte par le candidat, suivie d'une discussion en rapport
avec son sujet afin de tester les capacités de compréhension de l'écrit. Sur
la base de ce qui est défini dans le Cadre européen commun de référence pour
les langues, le candidat de niveau B-1 peut agir de manière autonome et
efficace dans des situations de communication ordinaires (sur des sujets qui
lui sont familiers ou d'intérêt personnel). Le candidat doit être capable de
gérer les problèmes de communication en demandant l'aide de son
interlocuteur. En termes de capacités de compréhension, le candidat doit
comprendre l'essence et certains détails (mais pas tous) d'un texte oral ou
écrit, tant qu'il n'est pas particulièrement exigeant. Dans ce contexte, les
candidats peuvent être invités, entre autres, à répondre oralement à des
questions spécifiques ou à faire correspondre des phrases avec des images, à
répondre à des questions du type «bien/faux» ou à des questions à choix
multiples, ou à prendre de courtes notes.
L'article 90 de
la
Loi sur l'acquisition du statut et l'octroi d'un permis de séjour de longue
durée (2014) prescrit également la connaissance suffisante du grec pour
l'octroi d'un permis de séjour de longue durée:
Article 90
1) Si les
conditions
prévues à
l’article
précédent sont
cumulativement
satisfaites, le
citoyen d’un
pays tiers doit
demander un
permis de séjour
de longue durée
auprès de
l’institution
responsable, en
vertu du
paragraphe 3 du
présent article,
accompagné des
pièces
justificatives
requises.
2) Les conditions d'intégration d'un citoyen de pays tiers dans la société grecque, visées au paragraphe 1 de l'article 89, sont satisfaites dans les cas suivants:
a) s'il prouve qu'il a une connaissance suffisante de la langue grecque et une connaissance d'éléments de l'histoire et de la culture grecques, conformément à l'article 107; ou
b) s'ils sont titulaires d'une carte de séjour permanent en tant que membres d'une famille grecque;
|
Cette connaissance du grec est exigée aussi sur le marché du
travail, car c'est une condition préalable à l'exercice de diverses
professions en Grèce. Par exemple, le décret ministériel n° 38/2010 énonce à
l'article 52 que des compétences linguistiques en langue grecque sont
nécessaires pour que l'autorisation d'exercer une profession soit fondée sur
la reconnaissance des qualifications professionnelles des bénéficiaires.
Ainsi, tout bénéficiaire de qualifications professionnelles pour exercer une
profession en Grèce doit certifier, selon la profession qu'il souhaite
exercer, qu'il possède le niveau de grec nécessaire.
Il faut ajouter aussi que tout candidat à la certification
de la connaissance du grec doit être familiarisé avec des éléments de la vie
quotidienne en Grèce (horaires de repas, jours fériés, horaires de travail,
temps libre, etc.), les conditions de vie (travail, résidence), certaines
coutumes et traditions dominantes en Grèce (Noël, chants de Noël, Pâques),
les relations interpersonnelles, les comportements sociaux les plus
caractéristiques des membres de la société. Il convient de préciser que tout
individu
candidat n'est pas directement examiné pour les habitudes et les valeurs de
la société grecque, car ses connaissances culturelles sont indirectement
contrôlées par la manière dont l'individu utilise la langue.
3.4 L'emploi obligatoire du grec
L'article 19 de la
Loi sur le Registre public
(2017) impose l'usage de la langue grecque:
Article 19
Langue de la tenue du Registre public
Les informations fournies par les articles 15, 16 et 17 de
la présente loi sont inscrites au registre public
en langue
grecque. Par décision du Conseil d'administration du E.L.T.E.,
les informations peuvent être inscrites dans le registre
dans une autre langue officielle de l'Union européenne en
indiquant si la traduction est officielle ou non.
_______
ELTE =
Comité de normalisation comptable et d'audit. |
L'État grec ne
lésine pas avec l'emploi du grec. Par exemple, la
Loi sur
les mesures de
soutien et le
développement de
l'économie
grecque,
sur les questions
d'organisation
du ministère des
Finances (2014)
impose l'usage du grec dans les documents contractuels:
Article 39
Documents du
contrat
4)
Les documents
contractuels
doivent être
rédigés en grec
et
éventuellement
dans d'autres
langues, en totalité
ou en partie.
En
cas de
divergence entre
les parties des
documents
contractuels
rédigées en
plusieurs
langues,
la version
grecque
prévaudra.
Article 57Rédaction et détails de la publication des avis
4) Les avis d'appel d'offres doivent être publiés en détail en grec. Seul le texte publié dans cette langue est considéré comme authentique. Un résumé des éléments les plus importants de chaque avis peut être publié en d'autres langues officielles. Les frais de publication de ces avis par la Commission européenne sont à la charge de l'Union européenne.
|
Il en est ainsi
à l'article 56 de la
Loi sur la question des communications
électroniques (2006):
Article 56
Contenu des
contrats conclus
par les
producteurs
2) Sans
préjudice de la
loi n° 2251/1994, telle qu’en
vigueur, le
contrat conclu
entre un abonné
ou un
utilisateur
producteur et
une entreprise
assurant la
connexion et/ou
l’accès au
réseau
téléphonique
public ou entre
un consommateur
ou un
utilisateur
producteur et
les autres
prestataires de
services de
communications
électroniques
comprennent au
moins les
éléments
suivants:
j)
l'obligation
d'employer
la langue
grecque,
pour tout
service
fourni par
les sociétés
de
communications
électroniques;
|
Quant à la
Loi sur la protection du consommateur (1994),
elle prescrit également l'emploi de la langue grecque:
Article 2
Conditions
générales de
transaction -
conditions
générales
abusives
2)
Les conditions
générales des
contrats et des
accords
accessoires
rédigés en
Grèce doivent
être formulés
par écrit en
grec, de manière
claire,
spécifique et
compréhensible,
afin que le
consommateur
puisse
pleinement
comprendre leur
signification et
doivent être sont imprimés
en caractères
lisibles dans
une partie
visible du
document
contractuel.
Les
conditions
générales des
transactions
internationales
qui s'appliquent
au marché grec
sont également
obligatoires
dans la langue
grecque.
Article 5Vente des biens de consommation et garanties
2) À chaque vente, le fournisseur doit présenter au consommateur par écrit, en grec ou avec des symboles établis au niveau international, des instructions claires et complètes pour un usage sûr, un entretien et une plein utilisation du produit et des informations sur les risques au moment de son usage et de son entretien. Sont exclus de l'application du paragraphe précédent les produits simples dans leur fabrication, dans leur emploi et dans leur entretien si, pour ces produits, le fabricant ne fournit pas d'instructions dans une langue quelconque.
|
On peut donc constater à l'aide de ces quelques textes de loi que le grec est la
langue d'usage obligatoire. Dans le même ordre d'idée, l'article 50 de la
Décision ministérielle n° 91354 (2017) exige l'emploi du grec dans les
produits emballés ou non destinés au consommateur:
Article 50
Indications des produits (à
l’exclusion des denrées alimentaires)
1) Les produits préemballés
ou non, au stade de la distribution au consommateur, doivent porter
sur leur emballage ou sur une étiquette fermement attachée à chacun
d’eux les indications minimales obligatoires suivantes, clairement
écrites, indélébiles et lisibles:
b) Le nom de vente du produit,
au moins en langue grecque,
afin de fournir des informations suffisantes sur le type de
produit. Sont exclus les produits de la technologie moderne pour
lesquels des noms de vente internationalement reconnus ont été
établis (par exemple: DVD, VIDEO, MP3, etc.), ainsi que les
produits pour lesquels des dispositions plus spécifiques sont en
vigueur.
5)
f) Toute autre
information en langue étrangère
relative à la sécurité et aux modes d'emploi, d’entretien et
d’assemblage présente dans le produit ou sur son emballage, qui est
fournie volontairement par son fabricant,
doit également être indiquée dans la langue
grecque, avec la
possibilité d’utiliser d’autres moyens, tels que l’usage de dessins,
de symboles ou de pictogrammes, à la condition que des informations
adéquates puissent être présentées au consommateur. |
3.5 L'affichage public et commercial
La Grèce ne dispose pas de réglementation concernant les
panneaux d'affichage et les inscriptions publiques ou commerciales. Lorsqu'il
s'agit d'établissements publics appartenant au gouvernement, la pratique est
d'utiliser des inscriptions unilingues grecques.
Dans les grandes villes, de même que dans
les lieux touristiques, les inscriptions désignant les rues, les
villes ou les lieux utiles aux étrangers portent généralement un
double alphabet : l’un en alphabet grec, l’autre en alphabet latin,
ce qui donne, par exemple,
Κόρινθος
/ Korinthos,
Αθήνα
/ Athina, Πάτρα / Patrea.
Dans la plupart des cas, la pratique consiste à utiliser l'anglais avec le grec, ce
qui devient de plus en plus fréquent dans les endroits touristiques:
Αστυνομία
/ Police, Hospital /
Νοσοκομείο, Town Hall /
Δημαρχείο.
Pour les toilettes, on peut avoir ΚΥΡΙΕΣ / LADIES, ΑΝΔΡΕΣ / MEN ou
parfois simplement des symboles.
Dans les entreprises privées, la liberté est
totale, c'est l'unilinguisme grec, anglais ou français, parfois avec
une peu de bilinguisme avec l'anglais (Παραλία
/ Beach).
4 La
langue de l'enseignement
Le système d'éducation en Grèce possède une structure
plutôt conservatrice et demeure sous contrôle strict du gouvernement. En
raison de l'accent mis sur le christianisme présenté à partir d'un point
de vue strictement orthodoxe, les élèves non orthodoxes et non chrétiens sont
dispensés des cours de religion. Les programmes sont uniformes pour
toutes les écoles publiques et privées, et ils sont déterminés par le
ministère de l'Éducation et des Affaires religieuses.
L'enseignement obligatoire en Grèce dure onze ans et s'étend de 4 à 15
ans. Le système d'enseignement grec compte trois niveaux (primaire,
secondaire et supérieur). L'article 16
de la Constitution porte
sur l'éducation, mais il ne fait aucune allusion à la langue d'enseignement:
Article 16
Éducation, art et sciences
1) L’art et la science, la
recherche et l’enseignement sont libres; leur développement et leur
promotion constituent une obligation de l’État. La liberté
universitaire et la liberté d’enseignement ne dispensent pas du
devoir d’obéissance à la Constitution.
2) L’instruction constitue une mission fondamentale de
l’État, et a pour but l’éducation morale, culturelle,
professionnelle et physique des Hellènes, le développement d’une
conscience nationale et religieuse ainsi que leur formation en
citoyens libres et responsables.
3) Les années de la scolarité obligatoire ne peuvent être
inférieures à neuf.
4) Tous les Hellènes ont droit à l’instruction gratuite à
tous ses degrés dans les établissements d’enseignement de l’État.
L’État soutient les élèves et étudiants qui se distinguent, ainsi
que ceux qui ont besoin d’assistance ou de protection particulière,
en fonction de leurs capacités.
5) L’enseignement supérieur est assuré uniquement par des
établissements, qui constituent des personnes morales de droit
public, pleinement décentralisés. Ces établissements se trouvent
sous la tutelle de l’État, ont droit à son aide financière et
fonctionnent conformément aux lois relatives à leurs statuts
d’organisation. La fusion ou la division des établissements
d’enseignement supérieur peut être réalisée même par dérogation à
toute autre disposition contraire, ainsi qu’il est prévu par la loi. |
Cette constitution a été adoptée au lendemain de la chute du régime des
Colonels. On ne voyait probablement pas la nécessité d'inclure des
dispositions concernant la langue grecque, tellement il était évident
que cette langue était la langue d'usage de la nation. Néanmoins, on
se demandait encore si la langue de l'État devait être la
katharévousa ou le démotique.
4.1 L'enseignement primaire
Celui-ci comprend les jardins d'enfants et les écoles primaires. Les
jardins d'enfants ou l'enseignement préscolaire est obligatoire pour les enfants
qui ont atteint l'âge de quatre ans au moment de l'année scolaire 2018-2019. Au
cours de l'année scolaire 2020-2021, l'intégration des dernières municipalités
du pays dans l'enseignement obligatoire de deux ans devrait être achevée. Les
enfants d'âge préscolaire peuvent être inscrits dès l'âge de deux mois dans les
jardins d'enfant jusqu'à l'âge de la scolarité obligatoire. Le contrôle du
fonctionnement de ces écoles appartient aux municipalités.
La
loi scolaire, la
Loi sur la structure et le fonctionnement de
l'enseignement primaire et secondaire (1985), traite sur
la formation des enseignants de maternelle; l'article 12 exige de ces derniers
qu'ils détiennent
un certificat démontrant une connaissance approfondie et un usage
correct de la langue et de l'histoire grecques, et ce, après un examen réussi:
Article 12
3) Après le délai de trois ans à compter de la cessation définitive des activités des écoles maternelles actuelles, la demande de nomination à un poste d'enseignant de maternelle est soumise à un diplôme spécialisé dans un département d'enseignement primaire ou à un diplôme équivalent à celui d'un établissement étranger similaire. Dans ce dernier cas, un certificat de fins d'études secondaires en Grèce ou un certificat démontrant
une connaissance approfondie et un usage correct de la langue et de l'histoire grecques est exigé après un examen réussi. La procédure et les détails pertinents de l'examen sont déterminés par une décision du ministre de l'Éducation et des Affaires religieuses.
|
L'étape qui suit l'enseignement préscolaire est la fréquentation obligatoire
de six ans de l'école primaire, le Dimotiko destiné aux enfants de 6 à 12
ans. Au cours de cette période, ceux-ci doivent apprendre à maîtriser le grec
oral et écrit, avant de passer à l'école secondaire. Les matières d'enseignement
de l'école primaire de type unifié toute la journée sont les suivantes: la
religion orthodoxe, la langue grecque, les mathématiques, l'histoire, la
géographie, l'environnement, l'éducation physique, l'éducation sociale et
politique, les arts (arts visuels, musique, théâtre), l'anglais, une deuxième
langue étrangère (français ou allemand) en raison de deux heures/semaine.
L'article 1er
de la
Loi sur la structure et le fonctionnement de
l'enseignement primaire et secondaire (1985)
est le seul article de la loi portant sur la langue. Le
paragraphe 3
abroge l'article 2 de la loi
n° 309/1976 du ministre de l'Éducation, Georgios Rallis, qui énonçait que la «langue néo-hellénique»
désigne «l'instrument
expressif national utilisé par le peuple grec et les écrivains importants de la
Nation et basé sur la forme démotique». Ce simple paragraphe de deux lignes
impose la langue «démotique» (en grec: η δημοτική)
dans l'enseignement après avoir décrit plus longuement au paragraphe 1 les
caractéristiques pour devenir de bons citoyens:
Article 1er
Objectif -
langue
1)
L'enseignement
primaire et
secondaire a
pour but de
contribuer au
développement
complet,
harmonieux et
équilibré des
forces mentales
et
psychosomatiques
des élèves, afin
que, quels que
soient leur sexe
et leur origine,
ils aient la
possibilité de
devenir des
personnes
intégrées et de
vivre de manière
créative.
En particulier,
l'enseignement
doit aider les
élèves:
a) À devenir des
citoyens libres,
responsables et
démocratiques, à
défendre
l'indépendance
nationale,
l'intégrité
territoriale du
pays et la
démocratie, à
s'inspirer de
l'amour de
l'homme, de la
vie et de la
nature et à être
possédé par la
foi dans la
patrie, et les
éléments
authentiques de
la tradition
chrétienne
orthodoxe. La
liberté de leur
conscience
religieuse est
inviolable.
b) À cultiver et à développer harmonieusement leur esprit et leur corps, leurs inclinations, leurs intérêts et leurs compétences. À acquérir, par l'éducation scolaire, leur identité et leur conscience sociales, à percevoir et à réaliser la valeur sociale et la parité du spirituel et du travail manuel. À être informés et à exercer sur l'usage correct et bénéfique de l'exploitation des biens de la civilisation moderne, ainsi que les valeurs de notre tradition populaire.
c) À développer la pensée créative et critique, ainsi que la perception de l'effort collectif et de la coopération, afin de prendre des initiatives et avec leur participation responsable de contribuer de manière décisive au progrès de la société et au développement de notre pays.d) À comprendre l'importance de l'art, de la science et de la technologie, à respecter les valeurs humaines et à préserver et à promouvoir la culture.
3) La langue d'enseignement, qui fait également l'objet d'une formation systématique, ainsi que la langue des manuels des élèves et ceux des enseignants, doit être la langue démotique, telle qu'elle est façonnée par le peuple et l'expérience de la littérature, sans l'apport effectif de mots étrangers.
|
Au primaire, les langues étrangères les plus étudiées en pourcentage
d’élèves qui les apprenaient dans l’enseignement primaire en
2009-2010 étaient les suivantes: l'anglais (96,1%), le
français (24,4%), l'allemand (22,4%).
4.2 L'enseignement secondaire
Cet enseignement comprend deux cycles, le Gymnasio et le Lykeio.
- Le premier cycle (gymnasio) est obligatoire et dure trois ans.
Il fournit une instruction générale. La langue grecque est généralement
étudiée en raison de trois heures/semaine. Les cours portent sur la
grammaire, la compréhension de texte écrits et oraux, l'acquisition du
vocabulaire et la production de phrases écrites. Précisons que les cours de
grec comprennent deux disciplines: d'une part, «Langue et littérature
grecques modernes», d'autre part, «Langue et littérature grecques anciennes»
(langue grecque ancienne, textes grecs antiques traduits). Les langues étrangères les
plus étudiées en pourcentage d’élèves qui les apprennent dans l’enseignement
secondaire du premier cycle en 2009-2010 étaient les suivantes: l'anglais
(99,2 %), le français (48,0%), l'allemand (43,2 %).
- Le deuxième cycle (lykeio) de l'enseignement secondaire, d'une
durée de trois ans, n'est pas obligatoire et comprend les lycées généraux et
les lycées professionnels. Pour les élèves de ce niveau d’études, le système
d'éducation propose aussi des écoles professionnelles et techniques. À
partir de la 2e année, il faut choisir entre la filière dite «théorique» et
la filière dite «sciences et technologie». À la fin de la 3e année du lycée,
les élèves subissent des examens dans le cadre de leur établissement pour
obtenir le diplôme de fin d'études du lycée. Les langues étrangères les plus
étudiées en pourcentage d’élèves qui les apprenaient dans l’enseignement
secondaire du second cycle étaient en 2009-2010 les suivantes : l'anglais
(83,7 %), le français (6,0 %) et l'allemand (2,1 %). Certains peuvent aussi
étudier l'espagnol, l'italien ou le russe.
Quant aux écoles privées, elles offrent leurs cours dans des établissements
distincts pour le primaire et le secondaire, et elles sont tenues de
respecter les mêmes programmes scolaires que les écoles publiques.
4.3 L'enseignement supérieur
L'enseignement supérieur comprend deux secteurs parallèles :
a) le secteur universitaire: les universités (AEI:
Anotera Ekpedeftika Idrymata), les
établissements supérieurs d'ingénierie (polytehnia), l'École
supérieure des beaux-arts, les Écoles militaires supérieures et l’École des
officiers de police;
b) le secteur technologique (non universitaire): les
établissements d'enseignement technologique (TEI: Tehnologika Ekpedeftika
Idrymata) et l'École supérieure de formation pédagogique et
technologique (Anotati Sholi Pedagogikis Tehnologikis Ekpedefsis Aspaite).
Les TEI proposent une orientation plus professionnelle, leurs programmes
d'études sont davantage axés sur l'application des connaissances et font une
plus large part à la pratique.
Pour s’inscrire
dans une université ou un institut supérieur de technologie, tout étudiant doit
réussir un examen d'admission. Dans tous les établissements d'enseignement, le
grec constitue la langue d'enseignement. L'un des objectifs de l’éducation
grecque est de «développer la conscience nationale et religieuse». Un sérieux
avertissement pour les non-orthodoxes!
4.4 L'enseignement des langues étrangères
L’anglais est une matière obligatoire pour tous les élèves à partir de la 3e
année du primaire en raison de trois heures par semaine. Au secondaire (Gymnasio),
les élèves doivent choisir entre le français et l’allemand en tant que deuxième
langue étrangère obligatoire. L’anglais est enseigné à raison de trois heures
par semaine en première année, et de deux heures par semaine en 2e et 3e année.
Le français et l’allemand sont offerts pendant les trois années en raison de
deux heures par semaine. En fait, le français tient le statut de seconde langue
étrangère après l’anglais. Un enseignement de rattrapage est offert l’après-midi
aux élèves qui en ont besoin, sous forme de cours spéciaux de langues vivantes.
Dans l'enseignement secondaire du second cycle, le lycée ou
Lykeio, l'anglais demeure l'une des matières enseignées dans le cadre de
l'enseignement général. Lors de la première année, l'anglais est enseigné trois
heures par semaine et, dans les 2e et 3e année, l'anglais est enseigné durant
deux heures par semaine. Le français ou l'allemand reste une matière facultative
dans le programme. Dans les écoles professionnelles techniques, dans les
première et deuxièmes classes du premier cycle de l'enseignement technique et
professionnel, l'anglais est enseigné pendant deux heures par semaine dans
toutes les spécialités, sauf pour les spécialisations des arts appliqués, où le
français est enseigné pendant deux heures par semaine.
Récemment (durant l'année scolaire 2018-2019) et à titre d'essai, l'italien,
l'espagnol, le russe et le turc ont été introduits comme options supplémentaires
au lycée, mais ces langues ne suscitent pas un enthousiasme délirant. Au secondaire, les langues étrangères enseignées au primaire et au
secondaire ne sont proposées qu'en option. Quant aux universités publiques,
elles proposent des cours au choix dans les langues européennes pour permettre
aux étudiants de toutes les facultés d'acquérir des compétences linguistiques
appropriées.
Dans l'enseignement supérieur, l'anglais est la langue étrangère obligatoire dans
toutes les universités et instituts d'enseignement technologique, suivie par un
enseignement facultatif des langues étrangères, comme le français, l'allemand,
l'italien, l'espagnol, le russe, l'arabe, etc., selon le curriculum de chaque
établissement d'enseignement technologique ou universitaire. Sauf pour les
langues étrangères incluses dans les programmes, il existe aussi des cours de
langues issues des pays voisins comme le bulgare, le roumain, le serbe et le
turc, en fonction de l'offre de la part des établissements d'enseignement.
4.5 Le grec comme langue seconde
La progression du nombre des réfugiés a mis au premier plan la question de
l'éducation aux langues des individus cherchant refuge et une nouvelle
vie en Europe. La connaissance de la langue locale, le grec, est
essentielle pour cette récente population afin de parvenir à l'amélioration de
sa situation socio-économique et professionnelle. En Grèce, au cours des
dernières décennies, l'enseignement des langues aux immigrés a été
effectué par des organismes publics et, en même temps, par des
initiatives de groupes bénévoles. Cependant, au cours de la récente
crise des réfugiés, il y a eu principalement des activités
d'organisations humanitaires et de volontaires dans ce domaine, en
particulier en ce qui concerne les adolescents de plus de 15 ans et les
adultes.
- Les classes d'accueil
Le ministère de l'Éducation et des Affaires religieuses a élaboré un
programme destinée au réfugiés et aux immigrants: c'est le «Programme
ouvert pour l'enseignement de la langue grecque dans les classes
d'accueil» (Anoichtó prógramma gia ti didaskalía tis ellinikís glóssas
se mathímata ypodochís). Le programme proposé prend en compte les
niveaux de grec (A1: «connaissances de base», A2: «connaissances de base
pour les enfants») du Centre de langue grecque, ainsi que les
caractéristiques de la population étudiante spécifique (connaissance
nulle ou minimale de la langue grecque, non systématique fréquentation
et/ou longue absence de l'école, limitée à une expérience minimale de
l'utilisation de l'écriture alphabétique). L'objectif général de ce
programme est d'enseigner le grec moderne comme deuxième langue afin que
les étudiants puissent comprendre et produire une langue parlée et
écrite à un degré qui leur permet de s'intégrer progressivement
pleinement dans la classe ordinaire.
Selon un rapport de l'Union européenne, des mesures importantes ont été
prises dans le domaine de l'éducation des réfugiés. Au cours de la
période 2018-2019, des efforts importants ont été faits pour offrir une
formation scolaire à 12 867 enfants réfugiés, dont 8290 ont suivi des
cours réguliers avec un soutien pédagogique parallèle et 4577 dans des
écoles séparées qui fonctionnent l'après-midi. On comptait aussi une
trentaine de jardins d'enfants œuvrant dans des camps de réfugiés, y
compris ceux dans les îles grecques. Quelque 690 enseignants ont reçu
une formation spéciale. Des services d'interprétation ont été fournis à
l'appui de l'enregistrement des enfants réfugiés et des psychologues ont
été engagés pour aider les étudiants réfugiés, leurs familles et les
enseignants.
- Les écoles interculturelles
Compte tenu de la présence de plus en plus nombreuses de
communautés issues de l'immigration, la Grèce a entrepris de créer dès 1996 des
«écoles interculturelles» destinées aux enfants provenant surtout des mariages
mixtes, des enfants d'immigrants, des enfants turcs et tsiganes ou juifs, ou aux
expatriés dont les parents travaillent pour les délégations de leur pays. Ces
écoles sont publiques et gratuites pour tous, et offertes dans tous les
départements du pays (les 51 nomes). Il en existe une trentaine qui sont
publiques, et une douzaine, qui sont privées. La pédagogie est axée sous forme
de jeux (jeux de sociétés, cuisine et danse traditionnelle, folklore, etc.). Les
écoles interculturelles sont présentes dans les maternelles, au primaire et au
secondaire. C'est la
loi n° 2413/96 sur l'organisation des écoles d'éducation
interculturelle qui régit ce type d'école.
Article 5
Création, objet, responsabilités
1) Il est créé
un organisme privé appelé l'Institut d'enseignement des Grecs à
l'étranger et de l'éducation interculturelle (IEGEI), dont
l'objectif principal est l'étude et la recherche sur les questions
d'enseignement de la culture grecque à l'étranger, et la
responsabilité et la coordination des efforts pour la mise en
œuvre des différents programmes.
2) Les responsabilités de l'Institut sont les suivantes:
f) L'étude et le
traitement rapide de toute autre question pertinentes concernant
l'enseignement de la langue
grecque et de la culture grecque à l'étranger.
|
Cette éducation dite «interculturelle» (Διαπολιτισμική
Εκπαίδευση = "Diapolitismikí
Ekpaídefsi") consiste, entre autres, à sensibiliser les élèves à leurs cultures
et leurs valeurs propres. Ces écoles intègrent donc le folklore, la langue, la
littérature, les arts propres à diverses communautés ethniques. On espère ainsi
faire mieux connaître la contribution de chacun des groupes ethnoculturels dans
l’édification de la société grecque. Pour résumer la problématique, l'éducation
interculturelle consiste en principe, d’une part, en un accueil d’intégration, dont
l'objectif est de rendre la culture d'accueil et ses valeurs accessibles aux
autres; d'autre part, en un accueil d'acceptation des autres cultures
pour la société dominante au lieu de chercher uniquement à les transformer.
Normalement, cet enseignement interculturel suppose que les enseignants maîtrisent
la langue maternelle des élèves, que ce soit le turc, l'arménien, le bulgare,
etc. L'objectif principal des écoles interculturelles consiste à mieux intégrer
les enfants d'immigrants dans leur pays d’accueil, tout en souhaitant préserver
la langue et la culture du pays d’origine de leurs parents. Ce sont là les
principes de bases qui devraient guider les établissements d'enseignement qui
ont opté pour l'éducation interculturelle.
Or, en Grèce, cet enseignement apparaît plutôt contestable au point
de vue pédagogique, car les enseignants ne sont pas tenus de maîtriser la langue
maternelle (étrangère) de l’élève; cette langue n’est pas enseignée comme deuxième
langue (après le grec) dans les établissements concernés. Le seconde langue enseignée après le
grec est l'anglais; la troisième, le français. Dans les faits, au lieu de se
familiariser avec leur langue maternelle, les élèves doivent apprendre les
éléments de deux nouvelles langues, la grammaire grecque et la grammaire
anglaise, sinon la grammaire française. En raison des problèmes de communication
et de la diversité des populations réunies, le niveau de ces classes demeure
relativement reste bas. Dans les faits, la mission des écoles interculturelles
est d'enseigner la langue et la culture grecques.
Bref, la présence accrue d'élèves étrangers dans les écoles primaires et
secondaires, ce qui représente au moins 10 % des élèves, n'a pas eu pour effet
de modifier ni le contenu ni la vision ethnocentrique du système d'éducation
grec. Les immigrants ne peuvent pas apprendre leur langue maternelle; les
langues étrangères (anglais et français) demeurent peu enseignées. Ce sont des
cours plus ou moins intensifs de langue et de culture grecques. Ainsi, ces
écoles ne sont interculturelles que de nom, car ce sont en réalité des classes
d'accueil destinées à immerger les enfants d'immigrants dans la société grecque.
À ce stade, nous devons affirmer que «l'éducation interculturelle» n'est pas
encore une réalité dans le système scolaire grec. Rappelons que le nombre
d’élèves dans ces écoles est estimée en Grèce à environ 1,2 million de
personnes.
De plus, le nombre d'individus apprenant le grec comme langue étrangère ou
comme langue seconde augmente considérablement en raison de la composition
multinationale, multilingue et multiculturelle de la société grecque. Des cours
de grec sont offerts aujourd'hui dans presque toutes les universités du pays,
par des organismes privés dans diverses parties de la Grèce, par les comités
préfectoraux d'éducation populaire, ainsi que dans les centres d'accueil des
expatriés. Le grec est enseigné comme deuxième langue dans les écoles primaires
et secondaires fréquentées par des enfants d'expatriés et d'étrangers.
À l'étranger, les programmes de langue grecque moderne sont organisés par des
institutions telles que des universités, des communautés grecques, des centres
de langue et des universités populaires avec un nombre assez satisfaisant
d'étudiants. Beaucoup de ceux qui apprennent le grec sont des expatriés qui
tentent de préserver la langue grecque en parallèle avec le patrimoine culturel.
Leur demande constante pendant de nombreuses années était la certification de
leurs études grecques avec la délivrance d'un certificat d'État de maîtrise du
grec. À la suite du décret présidentiel n° 363 du 15 octobre 1998, le ministère
de l'Éducation a institué le certificat d'études grecques définissant son type,
les conditions de son acquisition, la procédure et le contenu des examens, les
conditions de participation candidats, l'échelle de notation ainsi que la
procédure de désignation des centres d'examen.
5 La langue des médias
Depuis le début de la création de la radio et de la
télévision grecques, l'État a joué un rôle de premier plan dans le domaine de la
radio et de la télévision. Cependant, cette situation ne pouvait pas durer
indéfiniment, car la radio et la télévision grecques ont été créées sous des
régimes dictatoriaux. Malgré les annonces d'objectivité et de pluralisme dans
les médias d'État au cours des deux périodes du PASOK (1981-1985, 1985-1989) et
plus tard du gouvernement de Karamanlis (entre le 10 mars 2004 et le 19
septembre 2007), tous les gouvernements ont continué à contrôler les
organismes de ce qui est appelé le «quatrième pouvoir» et à y intervenir afin
d'en tirer des avantages politiques.
En même temps, la
Constitution de 1975 a instauré un
contrôle par l'État du fonctionnement de la radio et de la télévision. L'article
15 énonce que «la radio et la télévision sont placées sous le contrôle direct de
l'État», lequel vise à la transmission objective et dans conditions d'égalité,
de l'information et de l'actualité, aussi bien que de la littérature et des
arts»:
Article 15
2)
La radio et la télévision sont placées sous le contrôle direct de
l'État. Le contrôle et l'application de sanctions administratives
sont de la compétence exclusive du Conseil national de
radiotélévision, qui est une autorité indépendante, ainsi qu'il est
prévu par la loi. Le contrôle direct de l'État, qui prend également
la forme de l'autorisation préalable, vise à la transmission
objective et dans conditions d'égalité, de l'information et de
l'actualité, aussi bien que de la littérature et des arts, en
garantissant le haut niveau des programmes imposé par la mission
sociale de la radio et de la télévision et le développement culturel
du pays, ainsi que par le respect de la condition humaine et de la
protection de l'enfance et de la jeunesse. |
Selon Reporters sans frontières, la Grèce reste parmi
les derniers pays de l'Union européenne en ce qui a trait à la liberté de la
presse. Malgré l'amélioration significative depuis 2014, alors que la Grèce
était classée 99e sur 180 pays au total, la situation demeure encore
problématique, car elle se classe en 24e
position dans l'Union européenne sur 27, en battant de justesse Malte
(30,16), la Hongrie (30,84) et la Bulgarie (35,06).
N'oublions pas que la loi limite les discours qui incitent la peur, la
violence et les troubles publics, ainsi que la publication de propos
obscènes ou offensants appelant à la violence contre le système politique.
La diffamation et les insultes sont des crimes punis jusqu'à
l'emprisonnement. Ainsi, diffamer le chef de l'État est un crime en vertu de
l'article 168 du Code pénal:
Article
168
Insultes
contre le président
de la République
1) Quiconque
commet des violences
contre la personne
du président de la
République ou celui
qui exerce le
pouvoir présidentiel
est puni de
l'emprisonnement.
2)
Quiconque insulte
l'honneur du
président de la
République ou celui
qui exerce le
pouvoir présidentiel
ou le discrédite
publiquement ou
lorsqu'il est
présent est puni
d'un emprisonnement
d'au moins trois
mois.
3)
Le crime des
crimes des
paragraphes 1 et 2
est prescrit après
six mois.
|
L'article 14 de la Constitution énonce que la presse est
libre et que la censure est interdite, mais à titre exceptionnel la
saisie des journaux possible sur ordre du procureur pour cause d'offense
à la religion, à la personne du président, ou visant le renversement du
régime ou en raison de publications indécentes:
Constitution
Article 14
1) Chacun
peut exprimer et diffuser ses pensées oralement, par écrit
et par la voie de la presse, en observant les lois de
l'État.
2) La presse
est libre. La censure et toute autre mesure préventive sont
interdites.
3) La saisie de journaux et d'autres imprimés, soit
avant soit après leur mise en circulation, est interdite. A
titre exceptionnel, est permise la saisie après la mise en
circulation et sur ordre du procureur:
a) Pour cause d'offense à la religion
chrétienne et à toute autre religion connue.
b) Pour cause d'offense à la personne du président de la
République.
c) Pour cause d'une publication qui révèle des
informations sur la composition, l'équipement et la
disposition des forces armées ou sur la fortification du
pays, ou qui vise au renversement du régime politique
par la force ou qui est dirigée contre l'intégrité
territoriale de l'État.
d) Pour cause de publications indécentes qui portent
manifestement outrage à la pudeur publique, dans les cas
déterminés par la loi.
|
Dans ces conditions, il est aisé pour le gouvernement de
vouloir contrôler les organismes de presse.
5.1 La presse écrite
La Grèce doit compter en tout plus de 21 lois, décrets
présidentiels, décrets législatifs et décisions ministérielles régissant la
presse, que ce soit pour des infractions, le salaire des journalistes, les
bureaux de presse publics, les médias municipaux et le domaine public au
sens large. Mais il n'existe que fort peu de dispositions d'ordre
linguistique dans ces documents.
En 2010, on comptait plus de 80 journaux nationaux en Grèce, dont 8 éditions
du matin, 13 le soir, 22 le dimanche et 16 hebdomadaires. Les journaux du
dimanche sont restés le principal format, avec 56,2% des ventes. La plupart
des lecteurs du dimanche en 2010 ont choisi Proto Thema et To Vima,
suivis de Kyriakatiki Eleftherotypia. Les principaux journaux en
langue grecque sont I Kathimerini («Le Quotidien»), To Vima
«La Tribune»), Ta Néa («Les Nouvelles»), To Ethnos («La
Nation») et Εleftherotypia
(«La Liberté de la presse»). En anglais, on trouve
Athens Plus et Athens News. Tous ces journaux sont
généralistes et son publiés à Athènes. Le Makedonía («Macédoine») est
publié à Thessalonique. Il existe aussi un journal grec, Apoyevmatini («Après-Midi»),
qui est publié en Turquie et atteint presque tous les foyers grecs
d'Istanbul.
5.2 Les médias électroniques
|
L'Ellinikí Radiofonía Tileórasi — en abrégé ERT, mais en grec: Ελληνική Ραδιοφωνία Τηλεόραση
= ΕΡΤ, la lettre "P" correspondant à "R" en français — est le
groupe audiovisuel public grec qui fait partie de l'Union européenne de radiotélévision et est un
actionnaire fondateur d'Euronews.
La Radiotélévision grecque est une Société anonyme dont le seul actionnaire
est l'État grec. L'ERT dispose de cinq chaînes de télévision et cinq chaînes Internet, 28
stations de radio, un site Internet, deux multiplexeurs, un magazine,
une archive audiovisuelle, un service hybride, une chorale, deux
orchestres, etc. La Radiotélévision grecque a
sous sa supervision la chaîne de télévision du Parlement hellénique.
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Il existe aussi 19 radios régionales dépendant du groupe ERT.
Seule la radio de Macédoine possède deux stations (et un programme en ondes
courtes). À Athènes et à Corinthe, l'ERT possède aussi KOSMOS, diffusant de
la musique en FM et FILIA, une radio multilingue à destination des
travailleurs immigrés. Le réseau Athens International Radio diffuse
en plusieurs langues: anglais, français, allemand, chinois, albanais,
bulgare, russe, espagnol, arabe, italien, polonais et roumain.
La radio et la télévision sont réglementées en Grèce. Le
paragraphe 18 de l'article 3 de la
Loi sur le statut juridique de la télévision privée et de la télévision
locale, la radiodiffusion et la réglementation des questions relatives au
marché de la radiodiffusion (1995) oblige l'ETR, les radios locales et
les télévisions privées
à prendre toutes les mesures nécessaires pour assurer
l'emploi correct
de la langue
grecque par les
journalistes et
les informateurs
:
Article 3
Principes de diffusion et de publicité
- droit de réponse
- protection de la personnalité et vie privée - protection de
l’enfance - usage approprié de la langue grecque
18)
L'Ellinikí
Radiofonía
Tileórasi,
les télévisions
privées et les
radios locales
ont l'obligation
de prendre
toutes les
mesures
nécessaires
(recrutement de
spécialistes,
correcteurs et
organisation de
séminaires) pour
l'emploi correct
de la langue
grecque par les
journalistes et
les informateurs
ou
dans
la formulation
des textes
parlés dans la
présentation de
programmes de
divertissement
et dans la
compilation ou
le sous-titrage
de programmes en
langues
étrangères.
L'Ellinikí
Radiofonía
Tileórasi
et
les stations de
télévision
privées sont
tenues de
diffuser leur
programme
dans la langue
grecque
originale
à un taux
supérieur à 25%
de leur temps
d'antenne, à
l'exception des
événements
sportifs, des
jeux télévisés,
des publicités
ou des services
de vidéographie
19)
L'ERT et les stations de télévision privées ou
les stations de radio privées ont l’obligation d’organiser une
série d’au moins quinze émissions, avec un minimum 30
minutes par semestre
pour promouvoir l’usage
correct de la langue grecque ou son apprentissage par des
étrangers ou des analphabètes.
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Le paragraphe 19 oblige les mêmes concessionnaires à
produire une série d'au moins quinze émissions pour promouvoir l’usage
correct de la langue grecque ou son apprentissage par des
étrangers ou des analphabètes. Quant au paragraphe 20, il
force les stations de radio et de télévision à diffuser, chaque jour, entre 16 h et
22 h, au moins un bulletin de nouvelles dans
la langue des
signes grecque avec l’indication simultanée de sous-titres
pour l’information des personnes sourdes, d’une durée
minimale de sept minutes.
De plus, l'article 6 de la
Loi
sur la concentration et l'octroi de licences aux entreprises de médias
(2007) impose l'usage du grec ou de sous-titres en grec aux chaînes de
télévision privées:
Article 6
Processus d'octroi de licence pour les chaînes de télévision privées
13) a) La durée du programme doit couvrir:
(i) le total de 24 heures par jour pour les chaînes d'information nationales de contenu général;
(ii) au moins 18 heures par jour pour les stations d'information télévisées régionales à usage général;
(iii) au moins 12 heures par jour pour les chaînes d'information nationales ou régionales sur le thème des nouvelles ou non.
La langue principale de transmission ou de sous-titrage est le grec.
f) Au moins quatre heures par semaine des catégories d'émissions mentionnées au point ii du sous-paragraphe b) sont obligatoirement diffusées avec sous-titrage simultané en grec par le contenu général et les chaînes d'information non informatives, si elles sont incluses dans leur orientation particulière.
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Enfin, l'article 8 de la même loi énonce bien que
la langue principale de transmission des émissions
orales doit être le grec:
Article 8
Processus d'octroi de licence pour les stations de radio locales
13) a)
La durée des émissions couvrir la totalité de vingt-quatre heures, quel que soit le contenu de la station,
la langue principale de
diffusion des émissions étant le grec. |
La loi suscite des coûts plus élevés pour les stations de radio plus
petites ou appartenant à une municipalité, car il faut embaucher un
nombre minimum d'employés à temps plein; il n'y a aucune disposition
distincte pour les radios communautaires. Cette même loi de 2007
permet également aux stations de radio affiliées aux partis
politiques représentés au Parlement hellénique de diffuser sans un
permis préalable. De plus, en vertu de l'article 5,
les
stations
d'information ne
sont pas
considérées
comme les
stations de
radio fonctionnant
avec une
fréquence
accordée
lorsqu'elles
diffusent leur
programme
dans une langue
étrangère,
en raison du
public étranger
spécial auquel
elles
s'adressent. En
Grèce, le paysage radiophonique présente plusieurs particularités
par rapport à autres pays européens. Bien que ce soit un petit
marché, il y a environ 1000 stations de radio. L'existence de tant
de stations n'assure cependant pas des niveaux élevés de diversité
et une grande variété d'options, puisqu'au contraire la grande
majorité des stations ne diffusent que des émissions musicales.
La politique linguistique de la Grèce à l'égard de sa langue nationale
est ambiguë. D'une part, elle reste muette sur le caractère officiel de
la langue grecque puisque formellement il n'y a pas de langue
officielle. D'autre part, il existe un certain nombre de lois non
linguistiques qui contiennent des dispositions contraignantes pour
imposer le grec dans tous les domaines de la société grecque, que ce
soit dans les tribunaux, l'administration, l'éducation, les médias
électroniques, etc.
Le domaine de l'éducation semble particulièrement privilégié. Non
seulement la législation fait-elle grand cas de l'enseignement du grec
dans les établissements d'enseignement, mais elle se préoccupe également
de l'apprentissage et de l'enseignement de cette langue auprès des
immigrants, des réfugiés, des apatrides, sans oublier cet enseignement
à l'extérieur de la Grèce. La présence d’un nombre important de
ressortissants étrangers en Grèce, ainsi que l’intérêt grandissant pour
la langue grecque à l’étranger ces dernières années a augmenté la
demande pour l’enseignement du grec en tant que langue étrangère. C'est
pourquoi la certification standardisée du niveau de connaissance de la
langue grecque s'est ainsi avérée d’une nécessité de plus en plus
grandissante. Le Centre pour la langue grecque a été désigné pour
organiser les examens de grec et de décerner les certificats respectifs.
En somme, la Grèce ne ménage pas ses efforts pour promouvoir sa langue
nationale dans le pays et même à l'étranger, bien que celle-ci ne soit pas
proclamée comme «langue officielle» par une loi ou dans la Constitution.
Il reste à savoir, dans ces conditions, quel rôle peuvent jouer les
langues minoritaires dans ce pays où l'accent est constamment mis sur la
langue nationale.
Dernière mise à jour:
18 févr. 2024
Grèce