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Maine(USA) |
Capitale: Augusta |
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Le Maine (voir [ME]
sur la carte) est un petit État (86
156 km²)
de la Nouvelle-Angleterre situé au
nord-est des États-Unis: il est borné à l'ouest et au nord par la province
de Québec, à l'est par le Nouveau-Brunswick, au sud par l'océan Atlantique
et au sud ouest par l'État du New Hampshire [NH].
Les
autres États voisins sont le Vermont [VT],
le Massachusetts [MA], le Rhode
Island [RI] et le Connecticut [CT]. C'est le 39e État américain par sa superficie et sa capitale est Augusta.
On raconte que le nom de Maine rappelle l'ancienne province du Maine en France, qu'aurait possédée la reine Henriette Maria, l'épouse du roi d'Angleterre Charles Ier. Mais il n'a jamais existé de transaction officielle enregistrant ce supposé titre de propriété. Il faut donc chercher une autre origine au mot Maine (voir plus loin). L'État du Maine est celui qui pénètre le plus profondément dans le territoire canadien, notamment le Canada français. En effet, le 45e parallèle qui sépare le Québec du Vermont se prolongerait en droite ligne jusqu'au sud du Nouveau-Brunswick. |
Langues du Maine (US Census 2000) Population % Anglais 1 10 198 92,20 % Français 63 640 5,28 % Espagnol 9 611 0,80 % Allemand 4 006 0,33 % Italien 1 476 0,12 % Chinois 1 259 0,10 % Langues autochtones de l'Amérique du Nord 1 182 0,10 % Khmer, cambodgien 1 084 0,09 % Vietnamien 911 0,08 % Russe 896 0,07 % Autres langues indo-européennes 785 0,07 % Langues scandinaves 779 0,06 % Tagalog 771 0.06 % Grec 767 0,06 % Polonais 763 0,06 % Toutes les autres langues 636 0,50 %
Source: Centre franco-américain de l'Université du Maine et Département de géographie de l'Université Laval |
Plus de 92 % de la population de cet État de 1,2 million d'habitants
parle l'anglais comme langue maternelle. Le français est la
seconde langue maternelle avec 5,2 % des locuteurs, dont beaucoup
d'Acadiens ou de descendants d'Acadiens. Suivent l'espagnol
(0,8 %), l'allemand (0,3 %), l'italien (0,1 %), le chinois
(0,1 %), les langues amérindiennes
(0,1 %), le khmer
(0,0 %), le vietnamien
(0,0 %), etc. D'après le recensement des États-Unis de 1990, sur le million de citoyens de l'État du Maine âgés de cinq ans et plus, 336 000, environ le tiers, seraient d'origine française, franco-québécoise ou ou acadienne. Ils couvriraient tout le nord (près de la rivières Saint-Jean) ainsi que pratiquement tout le sud de l'État. De ce nombre, environ 80 000 utilisaient encore le français couramment; lors du recensement de 2000, on en comptait 63 640, soit 5,2 %. On trouve des concentrations de Franco-Américains dans les nombreux villages et hameaux qui longent le fleuve Saint-Jean (Madawaska, Caribou, Presqu'Isle, etc.), la région de Jackman près du Québec et certaines agglomérations telles que Bangor, Augusta (la capitale), Lewiston, Portland et Biddeford. Les quatre villes les plus acadiennes des États-Unis sont Madawaska, Fort Kent, Van Buren et Frenchville. Dans tous les États-Unis, le Maine est certainement l'État le plus «francogène», ce qui se comprend puisque toute la portion nord du territoire, le comté d’Aroostook, fait «géographiquement» partie du Québec et du Nouveau-Brunswick. Trente pour cent de la population totale de l’État du Maine serait d’origine acadienne et québécoise, soit environ 375 000 personnes. Néanmoins, le taux d'assimilation est beaucoup plus rapide dans le Maine qu'au Nouveau-Brunswick. Par exemple, les Acadiens et autres francophones conservent leur langue à Edmunston (N.-B.), alors que ceux de Madawaska, Fort Kent, Van Buren et Frenchville la perdent de plus en plus. |
Le territoire du Maine a été découvert en 1498 par le navigateur italien Jean Cabot (en italien Giovanni Caboto) pour le compte de la Couronne anglaise. En 1604, Pierre de Monts fonda la première colonie française du Maine dans l’île Sainte-Croix; en 1607, de nombreux Acadiens s'installèrent dans la région revendiquée également par les Anglais de la Nouvelle-Angleterre. La Compagnie de Plymouth exploita une partie du territoire dont l'économie reposait essentiellement sur la traite des fourrures et l'exploitation du bois d'œuvre. Bien avant l'arrivée des Européens, le territoire était occupé par les Algonquins.
L'origine du mot Maine est un peu complexe. Ce terme apparut pour la première fois en 1622 dans une charte du Conseil de la Nouvelle-Angleterre accordant la région à deux individus: sir Ferdinando Gorges et le capitaine John Mason. La portion de terre attribuée au capitaine Mason en 1629 fut désignée par «New Hampshire»; quant à celle de Gorges, elle fut appelée «New Somerset». Toutefois, le roi Charles Ier, dans une charte de 1639, affirmait que le territoire «sera pour toujours appelé et nommé ''province ou comté de Mayne'' et non par un autre nom». C'est qu'il existait en Angleterre un petit village du nom de Maine. La famille de Ferdinando Gorges était originaire d'un village voisin appelé Broadmayne, lequel était aussi connu à cette époque sous les appellations de Maine, Meine et Maen dans Parva Maen («Petit Maine»). Il est probable aussi que Maine provienne d'un terme maritime: «the Main» (en français: «principal») issu de Main Land («terre principale») écrit «Meyne» ou «Mainland» («le continent»), qui a servi pour distinguer la plus grande partie de l'État (continent) par comparaison aux nombreuses îles du Sud-Est. En 1665, les commissaires du roi ont ordonné que la «Province of Maine» soit inscrite dans les registres officiels. Le terme de Maine aurait été conservé tel quel jusqu'à aujourd'hui.
En 1658, le Maine fut annexé par l'État du Massachusetts. À l'été de 1696, au cours de sa campagne navale, le Canadien Pierre Le Moyne d'Iberville se rendit dans les installations acadiennes de Pentagoët (aujourd'hui Castine) et du Fort Pemaquid (aujourd'hui Pemequid). Avec deux navires, avec l'appui de 240 Abénakis commandé par Saint-Castin et de 25 soldats, d'Iberville attaqua le fort William Henry à Pemaquid, sur la côte du Maine ; le capitaine Pascoe Chubb capitula le 15 août 1696, avec ses 95 hommes.
Plus tard, après la déportation de 1755, de nombreux Acadiens revinrent en Nouvelle-Écosse, mais s'installèrent dans un village qu'ils nommèrent Sainte-Anne-des-Pays-Bas, où ils vécurent jusqu'en 1784, alors que le village, devenu Fredericton, fut choisi comme capitale de la colonie du Nouveau-Brunswick. Ayant été chassés par les loyalistes, les Acadiens repartirent vers le nord-ouest et s'installèrent dans ce qui constitue aujourd'hui le comté d’Aroostook dans le Maine, un territoire qui faisait à ce moment-là partie du Nouveau-Brunswick. Les Acadiens fondèrent une quinzaine de municipalités et y vécurent en français jusqu'en 1842. Pendant ce temps, le Massachusetts avait vu ses frontières rétrécir lors de la création du Maine en 1819, lequel intégra l'Union le 15 mars 1820 et devint le le 23e État américain. |
Au terme d’une longue controverse territoriale entre les
États-Unis et la Grande-Bretagne concernant le Maine et la province du Nouveau-Brunswick, la frontière de l’État fut définitivement fixée lors du
traité de Webster-Ashburton (appelé aussi traité de Washington) du 9 août 1842.
Le problème particulier concernait les 31 000 km²
que se disputaient la colonie du Nouveau-Brunswick (qui sera une province en
1867) et le Maine, dont 13 000 km² furent
finalement attribués au Nouveau-Brunswick. Ce traité mettait fin au conflit
entre le Royaume-Uni (qui représentait le Nouveau-Brunswick) et les États-Unis concernant la frontière entre les deux
États,
mais coupa en deux la
communauté francophone du Nouveau-Brunswick : les Acadiens de la rive nord (Edmunston) du
fleuve Saint-Jean
devinrent des citoyens américains, ceux de la rive sud, des citoyens
britanniques, car le Canada de 1867 n'existait pas encore. Depuis 1840, le
Bas-Canada et le Haut-canada avait été réunis dans le Canada-Uni, dont ne
faisait pas partie le Nouveau-Brunswick.
À l'époque, beaucoup d'Acadiens se sentirent trahis par les négociateurs britanniques qui devaient en principe défendre leurs intérêts. La Grande-Bretagne, représentée par Alexander Baring, premier baron Ashburton, du Conseil privé de Londres, fut accusée d'avoir trop cédé aux États-Unis, représentés par Daniel Webster, secrétaire d'État. |
De son côté, l'État du Maine n'avait récupéré que la moitié du territoire disputé. En réalité, les vrais perdants furent les Acadiens devenus subitement américains et qui, contrairement à ceux du Nouveau-Brunswick, n'ont jamais obtenu de protection linguistique.
Le Maine a connu une forte croissance économique jusque dans les années 1860,
fournissant le pays en bois de charpente, en textile, en produits de la pêche et
en construction navale. Il a par ailleurs été le premier État américain à
édicter une loi de prohibition en 1851. Après la guerre de Sécession toutefois,
l’émergence des navires en coque d’acier et le départ de l’industrie textile
hors de la Nouvelle-Angleterre ont contribué à son déclin économique.
Dans les années 1870, les Canadiens français affluèrent en grand nombre dans le
Maine. Ils y ont joué un rôle de premier plan dans l’industrie moderne de la fin du
XIXe siècle, surtout dans le textile.
Cependant, au fil des ans, leur présence a suscité du rejet. La population
anglophone locale les considérait comme des paysans, des crétins ou de mauvais
patriotes. En 1919, l'État du Maine adoptait une loi obligeant les écoles à
enseigner en anglais. Durant des décennies, les journaux caricaturèrent les
Franco-Américains jusque que des campagnes de protestations réussissent à faire
cesser cette pratique. Pour éviter ces désagréments, beaucoup de francophones
ont préféré s'assimiler et de fondre dans le creuset américain.
Au cours du XXe
siècle, le Maine a connu une langue période de récession après la Seconde Guerre
mondiale. Les années quatre-vingt ont, en revanche, été
marquées par un retour à la prospérité dans l’ensemble de la Nouvelle-Angleterre; c’est ainsi que l’État du Maine est passé, entre 1980 et 1989, du 39e
au 21e rang national pour le revenu par
habitant. Par ailleurs, au plan linguistique, on assiste à une recrudescence du
fait français dans le Maine. Ainsi, en 2002, l'État a inauguré une journée
annuelle franco-américaine au cours de laquelle le serment du drapeau américain
se fait en français; l'hymne national est interprété en anglais et en français. La Constitution de 1983 ne déclare pas que l'anglais est la langue
officielle de l'État. Le Maine est l'un des 25 États à ne pas avoir adopté
l'anglais comme langue officielle. L'anglais a acquis ce statut de facto, comme cela
peut être relativement normal pour une population dont l'anglais est la langue
maternelle dans une proportion de 92 %.
Seul l'anglais est généralement admis dans les organismes de l'État du Maine.
Il en est de même pour la vie économique et culturelle. Le Parlement a adopté quelques
mesures législatives sur l'utilisation de l'anglais
dans les documents publics, l'administration officielle, les avis juridiques,
l'étiquetage, l'école primaire, les règles relatives
à la construction, les postes des médecins pathologistes et
audiologistes, etc. De façon générale, toutes ces
dispositions à caractère linguistique servent à protéger l'anglais et à permettre certaines
utilisations restreintes d'autres langues (p. ex., le français). Nous
allons faire un tour d'horizon dans les Maine Revised Statutes (Lois révisées du
Maine). 3.1 Le monde de l'éducation
Comme on pouvait s'y attendre, la langue d'enseignement dans les écoles
primaires et secondaires publiques de l'État est l'anglais. La section §4701 des
Lois révisées du Maine est très claire à ce sujet, tout en prévoyant des cas
d'exception comme les programmes d'éducation bilingue):
§ 4701.
English as language of instruction
The basic language of instruction in all schools shall
be the English language. [1983, c. 859, Pt. C, §§ 5, 7 (new)]
A school may provide instruction in a language other than
English in the following circumstances, subject to approval of the
commissioner:
A. Transitional instruction using bilingual techniques may be provided to
students of limited proficiency in English; and [1983, c. 859, Pt. C, §§
5, 7 (new)]
L'anglais comme langue d'enseignement
La langue de base de l'enseignement dans
toutes les écoles est l'anglais. [1983, c. 859, Virgule. C, §§ 5, 7 (nouveau)]
Une école peut dispenser l'enseignement dans une
autre langue que l'anglais dans les circonstances suivantes, soumises à
l'approbation du commissaire :
A. Il est possible de dispenser un enseignement transitoire
employant des techniques bilingues à des élèves ayant des connaissances
limitées en
anglais; et [1983, c. 859, Pt C, §§ 5, 7 (nouveau)] Le Maine semble l'un des rares États américains à imposer l'apprentissage
d'une langue étrangère. En effet, la section
§4726 des Lois révisées du Maine porte sur les langues étrangères. Il y
est précisé que toute unité administrative scolaire «offrira un curriculum de
deux ans en langue étrangère». Il s'agit pour les écoles secondaires d'offrir
une ou plusieurs langues dont l'enseignement fait partie intégrante du
programme. Il est mentionné que la langue américaine des signes constitue un
«langue étrangère» et peut satisfaire ainsi aux conditions de la loi de l'État.
Les Acadiens du Maine possèdent leurs propres institutions, dont des écoles qui
donnent des cours d'immersion en français. Le français fait donc partie de
l'enseignement des langues étrangères.3 La politique linguistique
The language of instruction in elementary and secondary schools shall meet
these requirements. [1983, c. 859, Pt. C, §§ 5, 7 (new)]
1. Basic language.
2. Exceptions.
B. Schools may also establish bilingual programs for the purpose of
providing proficiency in both English and a 2nd language. [1983, c. 859,
Pt. C, §§ 5, 7 (new)]
§ 4701
La langue d'enseignement dans les écoles primaires et secondaires satisfera
aux exigences. [1983, c. 859, Pt. C, §§ 5, 7 (nouveau)]
1. Langue de base
2. Exceptions
B. Les écoles peuvent aussi prévoir des programmes bilingues dans
le but de compléter les connaissances à la fois en anglais et en une langue seconde. [1983, c. 859,
Pt C, §§ 5, 7 (nouveau)]
3.2 Le monde de la justice
La législation de l'État a prévu quelques dispositions en matière de justice, notamment pour les jurys et les interprètes. évidemment, il faut être capable de lire, parler et comprendre l'anglais pour faire partie d'un jury (section §1211 des Lois révisées du Maine):
§ 1211.
Disqualifications and exemptions from jury service.
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§ 1211
Disqualifications et exemptions de service de jury
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Quant aux interprètes, ils doivent être qualifiés et donner une transposition des faits de façon compréhensible en répétant les déclarations en anglais au mieux de leurs connaissances (§51 des Lois révisées du Maine). L'article 329 de la Maine Workers' Compensation Act of 1992 (ou Loi sur la rémunération des travailleurs du Maine) exige même la présence d'un interprète lorsqu'une question concerne les droits d'un employé dont la langue maternelle n'est pas l'anglais:
Article 329 Interpreter required An employee whose native language is not English and who does not
understand the English language to the degree necessary to reasonably
understand and participate in proceedings that affect the employee's
rights is entitled to have an interpreter present at all proceedings
before the board or a hearing officer relating to that employee's rights.
The board shall provide and pay the cost of the interpreter. To the extent
possible, the board shall seek advice from the Department of Labor in
locating appropriate interpreters to meet the needs of employees in the
workers' compensation system. [1999, c. 202, §1 (new).]
Article 329 Nécessité d'un interprète Un employé dont la langue maternelle n'est pas
l'anglais et qui ne comprend
pas la langue anglaise à un degré nécessaire pour comprendre
de façon raisonnable et participer aux procédures qui touchent ses droits
a le droit de
faire appel à un interprète présent à toutes les délibérations devant le
bureau ou un responsable du débat relatif à ses droits. Le bureau fournira
l'interprète et défrayera le coût. Dans la mesure du possible,
le bureau cherchera l'avis du Département du travail dans le choix des interprètes appropriés
afin de répondre aux besoins des employés dans le cadre du
système de rémunération des travailleurs. [1999, c. 202, §1
(nouveau).]
3.3 Le monde du travail
L'État du Maine adopté diverses mesures concernant le monde du travail, notamment l'enregistrement de documents, les avis de charité publique, les qualifications et les examens pour certaines professions et certaines exigences de bilinguisme anglais-français dans des cas très particuliers.
En vertu du paragraphe § 121 des Lois révisées du Maine, un document administratif d'une société doit satisfaire à certaines exigences pour être classé par la secrétaire d'État («be entitled to filing with the office of the Secretary of State»): le document doit être en langue anglaise. Cependant, la raison sociale d'une société ne doit pas être obligatoirement en anglais à la condition d'avoir été rédigée en alphabet latin ou en chiffres arabes ou chiffres romains, ou si le certificat d'enregistrement dans une autre langue est accompagné d'une traduction authentifiée comme anglaise:
§ 121
Requirements for documents; extrinsic facts The document must be in the English language, except that:
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§ 121
Exigences pour les documents; faits extrinsèques Le document doit être en langue anglaise, sauf si :
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Au sujet des institutions financières, le paragraphe §1319 des Lois révisées du Maine prévoit que les documents, comptes et dossiers doivent être en anglais, suffisamment pour en permettre la vérification par un agent de l'État du Maine. Au besoin, les documents d'une institution financière provenant de l'étranger devront être accompagnés d'une traduction anglaise (paragraphe § 1016).
Le Département du travail du Maine est tenu de faciliter la tâche des travailleurs immigrants en les instruisant de leurs droits en fonction des lois des États-Unis et de l'État. Pour ce faire, le paragraphe § 1404 des Lois révisées du Maine oblige la fonction publique à faciliter l'accès aux travailleurs non anglophones à des services de traduction si nécessaires et à des programmes pour apprendre l'anglais comme langue seconde.
Dans le cas d'une adoption internationale, un contrat peut être soumis à l'approbation du Congrès américain, d'un État ou d'une législature provinciale canadienne. Selon l'alinéa 3 du paragraphe § 945 des Lois révisées du Maine, les copies dûment authentifiées de ce contrat tant en anglais qu'en français peuvent être entérinées au moment de leur approbation et déposés dans chacune des juridictions.
Dans le cas d'un avis de charité publique auprès de la population, le paragraphe §194-F précise qu'un tel avis doit être publiés dans les journaux, une fois par semaine durant trois semaines consécutives. Selon les dispositions de la loi, l'avis doit être publié en des langues autres que l'anglais chaque fois qu'un nombre significatif (ou en pourcentage) de la population ayant droit d'être servi ou probablement concerné par le service ou l'objectif de la charité publique a besoin d'information dans une langue autre que l'anglais pour fins d'efficacité. Selon la loi, le «nombre significatif» est défini comme 5 % ou 1000 personnes, le moindre des deux. Le paragraphe § 3104 des Lois révisées du Maine exige le bilinguisme anglais-français au Département de la santé et des services sociaux (Department of Healt and Human Services). Conformément à la loi, le Département imprimera et distribuera des brochures ou des fascicules concernant le programme de bon de nourriture en d'autres langues s'il le considère nécessaire. En ce cas, le Département préparera des annonces de service public en français pour la distribution destinée aux journaux, aux stations de radio et de de télévision.
Les lois du Maine exigent des contraintes particulières pour pratiquer certaines professions spécialisées, surtout dans le domaine de la santé. En général, il est obligatoire de démontrer sa capacité «en lecture, en écriture et en conversation de la langue anglaise». Par exemple, pour devenir kinésithérapeute ou aide-kinésithérapeute, le candidat qui a reçu une formation dans un autre pays doit démontrer sa compétence en anglais écrit et parlé (paragraphe §3114-A). Dans les examens de pratique de médecine vétérinaire, le Conseil du Département de l'éducation peut exiger que le diplôme soit couronné par la réussite d'un examen d'équivalence ou un mécanisme d'évaluation pour les candidats formés à l'étranger afin de vérifier non seulement les «compétences cliniques», mais également en langue anglaise (section §4861).
Il arrive parfois que l'État exige un bilinguisme anglais-français. C'est le cas dans la procédure d'élection dans une municipalité, pour certaines nominations au Bureau consultatif législatif Maine-Canada ou à la Commission consultative législative de Maine-Canada, ainsi que pour les agents ou gardes forestiers. Pour ce qui est de la procédure d'élection dans une municipalité, le paragraphe § 603 des Lois révisées du Maine précise les modalités des bulletins imprimés en français. Ceux-ci doivent être imprimés sur une feuille séparée du bulletin-type pour y être attaché:
§ 603
Sample ballots. The Secretary of State shall prepare ballot instructions in the French language, to be printed on a separate sheet of paper that may conveniently be attached to sample ballots. The Secretary of State shall furnish these ballot instruction sheets upon request by the clerk of a municipality. [1997, c. 436, §77 (amd).] |
§ 603
Bulletins types Le secrétaire d'État préparera des directives pour les bulletins en français, qui devront être imprimés sur une feuille séparée et pouvant être commodément attachée aux bulletins-types. Le secrétaire d'État procurera ces feuilles de directives pour les bulletins à la demande du fonctionnaire d'une municipalité. [1997, c. 436, §77 (amd).] |
N'oublions pas que certaines municipalités du Nord comptent des minorités francophones. Le paragraphe §224 est consacré au directeur du Bureau consultatif législatif Maine-Canada. L'une des exigences est de connaître le français: «Le directeur sera capable de parler couramment la langue française.» Quant aux membres de la Commission consultative législative de Maine-Canada, le paragraphe §227 précise bien qu'«au moins un membre nommé par le président du Sénat et un membre nommé par le président de la Chambre parleront couramment le français». D'autres postes bilingues concernent les gardes forestiers. Le paragraphe § 8901 précise que le directeur du Bureau de foresterie nomme les gardes forestiers conformément à la Loi sur la fonction publique, mais que les gardes assignés aux postes de Clayton Lake, Saint-Pamphile, Estcourt Station, Daaquam, Musquacook Lake, Snare Brook et Baker Lake doivent être bilingues en français et en anglais.
En somme, la politique linguistique du Maine s'inscrit dans une politique très sectorielle qui consiste à répondre aux problèmes au fur et à mesure qu'ils se présentent. Comme le Maine est le seul des États américains situés à la fois à la frontière du Québec et du Nouveau-Brunswick, il peut être plus susceptible que d'autres à l'influence éventuelle du français. En réalité, le français ne cause pas plus une menace que d'autres langues dans cet État massivement unilingue anglais. On pourrait même affirmer que le Maine n'a pas vraiment besoin d'une politique linguistique, mais que certaines mesures particulières favorisant l'anglais peuvent néanmoins s'avérer utiles, tout en ajoutant une forme minimale de bilinguisme anglais-français pour assurer un bon fonctionnement de certains organismes communautaires et intergouvernementaux. Après tout, il existe de petites communautés francophones, généralement acadiennes, viables en raison de la proximité du Québec et du Nouveau-Brunswick.
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