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Rhode Island(USA) |
Capitale: Providence Population: 1,0 million (2000) Langue officielle: anglais (de facto) Groupe majoritaire: anglais (80,0 %) Groupes minoritaires: espagnol (8,1 %), portugais (3,8 %), français (2 %), italien (1,4 %), môn khmer (0,6 %), chinois (0,4 %), lao ou laotien (0,3 %), polonais (0,3 %), allemand (0,3 %), arabe (0,2 %), russe (0,2 %), grec (0,2 %), arménien (0,2 %), tagalog (0,2 %), coréen (0,1 %), etc. Système politique: 26e État de l'Union américaine (USA) Articles constitutionnels (langue): aucune disposition linguistique dans la Constitution de 1986 Lois linguistiques: plusieurs lois à incidence linguistique (une vingtaine). |
Le Rhode Island [RI] est un État américain situé au nord du pays (Nouvelle-Angleterre). Il est limité au nord et à l'est par le Massachusetts, à l'est par le Connecticut et au sud par l'océan Atlantique (baie de Narragansett). D'une superficie de 3144 km², c'est le plus petit État américain, à peine plus grand que le grand-duché du Luxembourg (2586 km²). Selon toute vraisemblance, l'origine du nom de l'État proviendrait de l'explorateur italien Giovanni da Verrazzano qui, en 1524, aurait comparé Block Island (dans la partie du sud de l'État) à l'île de Rhodes en Méditerranée, d'où le nom ensuite de «Little Rhody». Le Rhode Island comptait en 2000 quelque 1 048 319 d'habitants. L'US Census Bureau de 2000 estime que 80 % des habitants parlent l'anglais comme langue maternelle. L'espagnol constitue le seconde langue maternelle d'importance avec 8,1 % des citoyens de cet État. Les autres langues sont le portugais (3,8 %), le français (2 %), l'italien (1,4 %), le môn khmer (0,6 %), le chinois (0,4 %), le lao ou laotien (0,3 %), le polonais (0,3 %), l'allemand (0,3 %), l'arabe (0,2 %), le russe (0,2 %), le grec (0,2 %), l'arménien (0,2 %), le tagalog (0,2 %), le coréen (0,1 %), etc. |
Langues du Rhode Island (US Census Bureau 2000) Population
(5 ans et plus)% Anglais 788 560 80,0 % Espagnol 79 443 8,1 % Portugais 37 437 3,8 % Français 19 385 2,0 % Italien 13 759
1,4 % Môn-khmer 5 586 0,6 % Chinois 3 882
0,4 % Lao 3 195
0,3 % Polonais 2 966 0,3 % Allemand 2 841
0,3 % Arabe 2 086 0,2 % Russe 1 922
0,2 % Grec 1 858 0,2 % Arménien 1 595 0,2 % Tagalog
1 532
0,2 % Coréen 1 433 0,1 % Toutes autres langues 17 674 1,7 % Total 985 184 100 %
À l'arrivée des Européens, la région était peuplée
de peuples amérindiens, dont les Wampanoags et les Narragansetts. Une colonie anglaise fut fondée
par des dissidents religieux exclus des communautés puritaines de la colonie de
la baie de Massachusetts. L'un des premiers colons fut Roger Williams qui fonda
avec ses disciples en 1636 la ville de Providence. William Coddington et
d'autres dissidents s'installèrent à Portsmouth (1638), à Newport (1639) et à
Warwick (1643). Les quakers, à la recherche d'une liberté de culte, s'y
installèrent en grand nombre dans les années 1650 et 1660. En 1663, la colonie
se vit garantir la liberté religieuse par une charte de Charles II d'Angleterre.
Elle se joignit en 1675-1676 aux autres colonies de la Nouvelle-Angleterre pour
vaincre les tribus amérindiennes. La colonie prospéra rapidement au XVIIIe siècle grâce à l'agriculture, à la pêche (baleines), au commerce colonial, à la traite des esclaves et à la contrebande. Newport devint l'un des premiers centres commerciaux de l'Amérique du Nord. Les restrictions commerciales imposées par le gouvernement britannique dans les années 1760 provoquèrent un vif mécontentement parmi les colons. L'un des premiers actes de résistance ayant précédé la guerre de l'Indépendance fut l'incendie du navire anglais Gaspee en juin 1772, dans la baie de Narragansett. |
Le Rhode Island proclama son indépendance dès mai 1776. Après leur victoire navale de Quaker Hill (août 1778), les Britanniques occupèrent Newport. Ils en furent chassés en octobre 1779 et le port devint la base de la flotte française (1780-1781) envoyée au secours des insurgés américains, sous le commandement du comte de Rochambeau. Soucieux de son indépendance, le Rhode Island n'intégra l'Union que le 29 mai 1790.
L'État connut une forte croissance économique au XIXe siècle (commerce maritime florissant et développement de l'industrie textile) qui encouragea l'immigration et l'urbanisation. Les nouveaux arrivants ne pouvaient jouir du droit de vote, limité selon la charte de 1663, toujours en vigueur, aux seuls propriétaires fonciers. La campagne en faveur d'une réforme constitutionnelle aboutit à une véritable rébellion en 1842. Une constitution plus libérale entra en vigueur en 1843.
C'est vers cette époque que les premiers Franco-Canadiens arrivèrent dans la vallée de la rivière Pawtuxet; ces catholiques fondèrent la paroisse de St. Mary en 1845 dans le village de Crompton. Au début des années 1870, il y eut une forte immigration de Québécois dans la région, qui fondèrent d'autres paroisses catholiques, dont celle de Saint-Jean-Baptiste. La ville de Woonsocket tout au nord de l'État fut même connue au Québec comme «la ville plus française des États Unis» à un point tel qu'il était relativement facile d'y vivre sans parler anglais. Dans les années trente, cette ville industrielle comptait quelque 40 000 francophones sur une population totale de 50 000 habitants. De nombreux francophones occupèrent des fonctions importantes dans leur municipalité. M. Pothier fut même élu gouverneur du Rhode Island durant quatre mandats consécutifs par une majorité aux trois quarts anglo-protestante. Les quartiers francophones du Rhode Island étaient généralement appelés les «Petits Canadas» où ils pouvaient préserver leurs traditions et parler français. Mais les politiques américaines de l'époque tentaient toutes de réduire l'enseignement d'une langue étrangère et à limiter son emploi comme langue d'enseignement aux matières qui ne faisaient pas partie du programme des écoles publiques. Cet arrangement ne fut rejeté que dans un seul état, celui de Rhode-Island. Alors que dans la plupart des États américains, des lois contre les «langues étrangères» étaient adoptées un peu partout, le Rhode Island faisait figure d'exception. Par exemple, en 1926, le député Henri Nesbitt et le sénateur Edouard Belhumour réussirent à faire adopter un loi qui permettait explicitement aux écoles privées l'enseignement de toutes les matières en deux langues, dont voici un article: «Que rien ici ne soit interprété ou utilisé pour dénier le droit d'enseigner dans les écoles privées ou les institutions à caractère privé, les matières mentionnées ou toute autre matière, dans une langue différente de l'anglais, sans préjudice à l'enseignement de l'anglais, tel que prescrit dans la loi.» Cette loi demeura la seule du genre dans toute l'Union pendant plus de quarante ans.
Durement frappé par la Grande Dépression des années 1930, le Rhode Island n'a jamais retrouvé sa prospérité d'antan. Au cours des années cinquante, les Franco-Américains du Rhode Island subirent l'assimilation au point où, sur une population totale de plus de 200 000 personnes dans l'État, moins de 20 000 parlaient encore le français au début des années quatre-vingt.
Comme beaucoup d'autres États, le Rhode Island n'a jamais déclaré l'anglais comme langue officielle; l'anglais a donc a acquis ce statut dans les faits (de facto). De plus, la Constitution de 1986 de l'État ne contient aucune disposition linguistique. Il faut donc aller chercher dans les General Laws Of Rhode Island (Lois générales du Rhode Island) pour trouver certaines dispositions d'ordre linguistique. Mais c'est surtout le chapitre 42-5.1 des Lois générales du Rhode Island, qui nous renseigne le plus sur la politique linguistique de cet État et sur ses diverses cultures. En effet, le paragraphe 5.1-1 correspond à la résolution «English Plus» de 1992, laquelle précise que le Rhode Island affirme que la possibilité pour les citoyens de parler plus d'une langue constitue un avantage économique et culturel tout en reconnaissant que l’anglais est «la langue prédominante du Rhode Island». Voici la déclaration sur «l'Anglais Plus», qui est alignée sur les objectifs de l'organisme English Plus concernant le multilinguisme et la diversité linguistique:
CHAPTER 42-5.1 Rhode Island Policy and Its Diverse Cultures
Section 42-5.1-1 (1) Diverse ethnic and
linguistic communities have contributed to the social and economic
prosperity of Rhode Island. |
CHAPITRE 42-5.1 Politique du Rhode Island et de ses diverses cultures
Paragraphe 42-5.1-1 (1) Les diverses
communautés ethniques et linguistiques ont contribué à la prospérité
sociale et économique du Rhode Island. (6) La politique de l'État
du Rhode Island est d'accueillir et d'encourager la présence des diverses
cultures et l'usage des différentes langues dans les affaires, tant
privées que gouvernementales, dans cet État. |
L'État reconnaît que les diverses communautés ethniques et linguistiques ont contribué à la prospérité la sociale et économique du Rhode Island (1). Afin de favoriser le commerce extérieur pour le bien-être économique de l'État, il apparaît nécessaire d'avoir des citoyens multilingues et multiculturels (3-4). De plus, l'État encourage ses citoyens multilingues à devenir compétent en anglais (5). C'est pourquoi la politique de l'État du Rhode Island est d'accueillir et présence d'encourager les diverses cultures et l'usage des différentes langues dans les affaires, tant privées que gouvernementales, dans cet État (6). Le Rhode Island semble adopter une approche exceptionnelle pour un État américain en reconnaissant que l'anglais est déjà langue la prédominante dans l'État et qu'il n'est besoin d'aucune législation pour le soutenir (7). Quoi qu'il en soit, l'anglais est et première restera la langue des États-Unis (8). L'État encourage donc chaque individu de maintenir sa langue maternelle tout en apprenant l'anglais (10). Enfin, il est reconnu que la connaissance d'une langue seconde ou de plusieurs langues peut constituer un outil majeur pour la croissance économique du Rhode Island (12). Rappelons que des mesures relativement similaires ont été adoptées au Nouveau-Mexique (1989), en Oregon (1989) et dans l'État de Washington (1989).
3.1 L'administration de l'État
Le Rhode Island a prévu diverses mesures concernant l'anglais. Les plus importantes dispositions linguistiques concernent les tribunaux, les élections, les hôpitaux, les policiers et les permis de conduire.
En matière de justice, la politique de l'État du Rhode Island est de garantir les droits des personnes qui, en raison d'un contexte non anglophone, sont incapables de comprendre et de communiquer aisément en anglais et qui, par conséquent, ont besoin de l'aide d'un interprète afin d'être entièrement protégés au cours de la procédure judiciaire dans des questions d'ordre criminel, que ce soit devant la Cour supérieure de l'État, une cour de district et le tribunal de la famille du Rhode Island pour les questions d'ordre de la jeunesse (§ 8-19-1 des Lois générales du Rhode Island). L'État exige des interprètes qu'ils aient non seulement une totale connaissance de deux langues, mais également une connaissance de la procédure judiciaire, du vocabulaire juridique et des systèmes juridiques en général, ainsi que la compréhension de leur rôle, qui consiste à ne pas réduire les propos de l'autre personne, ni émettre son opinion, mais à interpréter exactement chaque mot utilisé, et ce, sans correction ni modification.
En
vertu du chapitre 8-19 des Lois générales du Rhode Island, la politique
de l'Assemblée législative est de
prévoir des interprètes aux non anglophones lors des poursuites judiciaires
devant les cours de l'État du Rhode Island et
de fixer une procédure pour la certification et la nomination des interprètes.
Conformément au paragraphe 8-19-2, l'expression «non-anglophone» désigne toute personne qui ne peut
parler ou comprendre aisément l'anglais et dont la langue maternelle est l'espagnol, le portugais,
le capverdien ou le cambodgien (môn khmer), ce qui ne comprend pas les personnes dont
l'ouïe est détériorée. La loi distingue deux catégories d'interprètes: l'«interprète qualifié»
et l'«interprète certifié officiel». L'interprète dit «qualifié» désigne une personne qui, par
son expérience et sa
formation, est capable de traduire une langue étrangère donnée vers l'anglais, mais qui ne
détient pas de certification de l'État
conformément à la loi (§ 8-19-5). L'«interprète certifié officiel» est
celui qui est capable d'interpréter simultanément et consécutivement de
l'anglais à la langue de la personne ayant besoin d'un interprète et de
cette
langue à l'anglais, et qui a été certifié en vertu de la loi (§ 8-19-5).
Le Département d'État de l'enseignement supérieur et le Bureau administratif de
la cour de l'État doivent rassembler une liste officielle des interprètes
qualifiés et certifiés du Rhode Island.
En ce qui a trait aux
élections dans l'État du Rhode Island, le paragraphe
§ 17-11-12 des Lois générales du Rhode Island précise qu'un agent
d'élection dans une ville, un district ou un comté est qualifié s'il réside dans
la ville en question, le district ou le comté, et qu'il est «capable de lire en
anglais la Constitution de l'État et écrire son nom». Il en est ainsi des
modérateurs (§ 17-11-8) et des superviseurs d'élection (§ 17-15-14). Lorsqu'un
conseil électoral décide d'imprimer des bulletins de vote en une autre langue
que l'anglais (en plus de cette langue), il lui faudra prévoir au moins une
personne pouvant parler cette langue, qui pourra être disponible pour aider les
électeurs concernés (§ 17-19-22.1). De plus, la loi oblige une ville à fournir
du matériel bilingue toutes les fois que, sur la base du recensement fédéral, on
compte plus de 5 % ou plus de 10 000 citoyens en âge de voter et qui sont des
membres d'une minorité linguistique ou ont des connaissances limitées en anglais
(§ 17-19-54). Cette mesure s'applique également aux groupes minoritaires dont le
taux d'analphabétisme est plus élevé que le taux national. Dès lors, le conseil
électoral devra prévoir fournir des documents bilingues (formulaires,
directives, bulletins de vote, etc.).
Le chapitre 23-17 des Lois générales du Rhode Island est consacré à la santé et à la sécurité dans les hôpitaux. Tous les hôpitaux sont autorisés à afficher des signaux et des avis en anglais et dans trois autres langues étrangères les plus employées par les patients (§ 23-17-52). De plus, chaque hôpital doit avoir un interprète qualifié disponible pour traduire auprès des patients les consignes, les recommandations, les ordonnances et les services appropriés (§ 23-17-54).
Les policiers qui croient qu'une personne mineure a subi une agression sexuelle doivent remettre à la victime le texte d'une déclaration écrite et rédigée à la fois en anglais, en portugais, en espagnol, en cambodgien, en hmong, en lao, en vietnamien et en français, puis lire si possible cette déclaration (§ 8-8.1-5 des Lois générales du Rhode Island).
Toute personne résidant au Rhode Island peut être notaire ou juge de paix s'il satisfait aux conditions nécessaires pour une telle fonction. Cependant, au moment de son enregistrement, il lui faudra démontrer qu'il «peut parler, lire et écrire l'anglais» (§ 42-30-5).
De plus, la législation oblige tout conducteur d'un véhicule automobile à prouver sa capacité de lire l'anglais pour comprendre les indications routières, les signaux et les avertissements (§ 31-10.3-19) s'il veut obtenir un permis de conduire.
Enfin, le gouvernement du Rhode Island a créé la Commission des échanges culturelles américaine et canadienne-française (American and Canadian French Cultural Exchange Commission), composée de neuf membres, tous citoyens américains d'origine canadienne-française et résidants de l'État. Cette commission doit établir, maintenir et développer des liens culturels entre les Canadiens français et les Franco-Américains, favorisera un intérêt particulier à l'histoire et à l'environnement culturel des deux groupes, aussi bien dans la vie économique, politique, sociale qu'artistique des pays impliqués; de plus, la commission doit élaborer et promouvoir des programmes de français dans les écoles de l'État (§ 42-58-1). En vertu du paragraphe 25-2-29 des Lois générales du Rhode Island, le 24 juin est reconnu comme la «Fête de la Saint-Jean-Baptiste» au Rhode Island en hommage aux contributions significatives des Franco-Américains dans la vie culturelle, économique et civique de l'État.
3.2 Les écoles
La question scolaire ne semble pas soulever un débat passionnel au Rhode Island. Dans cet État comme ailleurs, toutes les écoles publiques sont tenues d'utiliser l'anglais comme langue d'enseignement, sauf pour les cas prévues dans le cadre de l'éducation bilingue et l'enseignement des langues étrangères. Même dans les écoles privées, il est obligatoire d'apprendre la lecture, l'écriture, la géographie, l'arithmétique, l'histoire des États-Unis et du Rhode Island ainsi que les lois du gouvernement américain «en anglais» essentiellement de la même façon que ces matières sont enseignées dans les écoles publiques, comme l'instruction en l'anglais (§ 16-19-2 des Lois générales du Rhode Island). Cela dit, rien dans la loi ne doit être interprété ou pour nier le droit de fréquenter les écoles privées ou de recevoir l'enseignement dans chacune des matières ou en une autre langue en plus de l'anglais. Autrement dit, l'anglais est toujours obligatoire, sauf dans les premières années du primaire (en principe trois) pour l'éducation bilingue. La politique de l'État du Rhode Island est décrite au paragraphe 16-54-1 des Lois générales du Rhode Island:
§ 16-54-1 Declaration of policy.
The Rhode Island Constitution recognizes the diffusion of knowledge as essential to the preservation of the rights and liberties of all the people and places the responsibility on the general assembly to promote public schools and to adopt all means deemed necessary and proper to secure to the people the advantages and opportunities of education. As this responsibility relates to limited English proficient students, the state asserts that these students shall be provided with appropriate programs and services which will make their educational opportunities equal to their English dominant peers. Programs or services developed by local schools must, at the very least, provide for the attainment of English language proficiency and academic achievement. |
§ 16-54-1 Déclaration de la politique La Constitution du Rhode Island reconnaît la diffusion des connaissances comme un élément essentiel à la conservation des droits et privilèges de tous, et engage la responsabilité de l'Assemblée législative pour promouvoir les écoles publiques et adopter tous les moyens considérés nécessaires et appropriés pour garantir aux citoyens les avantages et les opportunités en éducation. Comme cette responsabilité concerne les élèves ayant des connaissances limitées en anglais, l'État affirme que l'on dispensera à ces élèves des programmes appropriés et des services qui feront en sorte qu'ils auront des chances égales en éducation à ceux de la majorité anglophone. Des programmes et des services développés par les écoles locales doivent au moins prévoir l'acquisition des connaissances en anglais ainsi que la réussite scolaire. |
N'oublions pas que l'éducation bilingue ne sert pas à conserver la langue première, mais plutôt de moyen pour parvenir plus rapidement à la connaissance de l'anglais, objectif fondamental de ce type d'enseignement. L'État oblige tous les districts scolaires à prévoir des programmes pour les 8600 enfants dits LEP (Limited English Proficiency : enfants ayant des connaissances limitées en anglais), mais plusieurs choisissent néanmoins des programmes appelés ESL (pour «English Second Language»). La plupart des écoles bilingues desservent des élèves dont la langue maternelle est l'espagnol, mais il en existe aussi où la première langue est le portugais ou le français. Ces écoles sont accréditées par le Département de l'éducation du Rhode Island. Pour ce qui est des écoles française, mentionnons l'École franco-américaine, l'École bilingue et les programmes d’immersion des écoles de Milton et de Holliston. Les professeurs doivent être francophones et maîtriser l'anglais et le français.
3.3 Les entreprises
L'État du Rhode Island intervient fort peu dans la langue des entreprises privées. Le paragraphe 19-14.2-13 des Lois générales du Rhode Island énonce qu'un avis de vente aux enchères doit être publié au moins six jours avant «en anglais» dans l'un des journaux publiés dans la ville où la vente aura lieu. Les aliments surgelés, notamment les desserts, sont soumis à une certaine réglementation en matière de langue; les documents, registres, étiquettes et factures concernant ces produits «shall be written in legible English», c'est-à-dire qu'ils doivent être rédigés dans «un anglais lisible» (§ 21-9-11 et 21-28-3.26). En outre, les produits faits de céréales et vendus aux consommateurs doivent être accompagnés d'une étiquette «en anglais» (§ 2-6-3). Il en est ainsi de la plupart des produits manufacturés (§ 28-18-15), car des indications écrites, «imprimées et rédigées de façon lisible en anglais» doivent accompagner ces produits.
Au plan des grands principes, l'État du Rhode Island se révèle l'un des États américains les plus ouverts sur le multilinguisme et le multiculturalisme. Néanmoins, toute la vie sociale de l'État doit passer par l'anglais, c'est-à-dire de la vie parlementaire jusqu'au monde du travail en passant par l'école. La politique linguistique de l'État du Rhode Island correspond à une politique sectorielle limitée à l'école primaire tout en comprenant bien que l'éducation bilingue ne vise pas à assurer la conservation des langues immigrantes, mais leur intégration au sein de la société américaine.
Cela étant dit, l'État du Rhode Island se montre assez conciliant à l'égard de ses minorités, surtout dans le domaines des élections, des tribunaux, des écoles et des hôpitaux.
(1) Les États-Unis: situation générale |
(2) La politique linguistique fédérale |
(3) Les États américains: présentation générale |
(4) Liste des États disponibles |
(5) Bibliographie |
- Amérique du Nord -