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La Nouvelle-Suède
(1638-1655)
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1. La Nouvelle-Suède
Aux côtés des Anglais, des Français et des Hollandais,
les Suédois ont colonisé quelque temps
une petite partie de l'Amérique du Nord. Sans doute inspirée par la richesse des autres grandes puissances
européennes, la Suède a cherché à exercer son influence dans le Nouveau Monde.
En 1637, des actionnaires suédois, hollandais et allemands ont formé la Nouvelle
Compagnie suédoise afin de faire le commerce des fourrures et de cultiver le
tabac en Amérique du Nord.
Sous le commandement de Pieter Minuit (un Wallon), ex-gouverneur de la Nouvelle-Hollande, la première expédition de la compagnie suédoise quitta la Suède en 1637 à bord de deux bateaux de la Marine royale de Suède, le Kalmar Nyckel et le Fogel Grip. Les navires atteignirent la baie de Delaware en mars 1638; les colons commencèrent à construire un fort au site de l'actuelle ville de Wilmington (Delaware). Ils l'ont nommé «Fort-Christina», en l'honneur de la jeune reine de Suède, Christine, alors âgée de 12 ans. |
Au cours des dix-sept années qui suivirent, la Nouvelle-Suède connut une douzaine d'expéditions, dont 11 navires ont atteint leur destination, amenant avec eux plus de 600 colons. La colonie suédoise, adossée à la colonie de la Nouvelle-Hollande, comptait, outre des colons suédois, de nombreux colons finnois et un certain nombre d'Allemands. N'oublions pas que, jusqu'en 1809, la Finlande est restée annexée à la Suède et représentait un bon tiers du territoire.
Quelques agglomérations virent le jour, dont Fort-Nassau, Fort-Casimir, Nya Elfsborg, Nya Stockholm et Swanendael. Ailleurs, la colonie suédoise comprenait plusieurs fermes le long des deux rives du fleuve Delaware, ainsi que dans ce qui constituent aujourd'hui le New Jersey, la Pennsylvanie et le Maryland. La Nouvelle-Suède était la première colonie européenne permanente dans la vallée de la Delaware.La Nouvelle-Suède connut six gouverneurs qui, sauf une seule exception (Johan Björnsson Printz), résidèrent à Fort-Christina:
Pieter Minuit (de mars à juin 1638), nommé par la Nouvelle Compagnie suédoise;
Måns Nilsson Kling (1638-1640);
Peter Hollander Ridder (1640-1643);
Johan Björnsson Printz (1643-1653);
Johan Papegoya (1653-1654);
Johan Classon Rising (1654-1655).
La période la plus florissante de la Nouvelle-Suède eu lieu
durant l'administration du gouverneur Johan Printz (1643-1653). Il
étendit la colonie vers le nord de Fort-Christina, le long de rives de la
Delaware et améliora les conditions militaires et commerciales de la
colonie en construisant le fort Elfsborg (aujourd'hui Salem). Après
plusieurs années, de nombreux colons se révoltèrent contre le corpulent gouverneur Printz en raison de son
attitude autocratique. Malade et déjà âgé pour l'époque (60 ans), Printz ne trouva rien d'autre comme solution que de faire arrêter le chef de la rébellion
afin de le condamner et le faire exécuter sous une accusation de haute trahison. Printz repartit pour la Suède en 1653
en laissant son poste à son fils.
Durant cette période, une petite traite négrière suédoise fut florissante en faisant du commerce avec les différents postes suédois situés sur la Côte-de-l'Or (l'actuel Ghana). Contrairement aux Hollandais et aux Anglais, les Suédois entretinrent de bonnes relations avec les Amérindiens. |
2. Les colonies suédoisesSous l'administration du gouverneur Johan Papegoya (1653-1654), la colonie suédoise commença à connaître des conflits de voisinage avec la Nouvelle-Hollande. À cette époque, le territoire de la Nouvelle-Hollande comprenait une partie de l'actuel État de New York, le Connecticut, le Delaware et le New Jersey. En 1647, la population de la Nouvelle-Hollande comptait entre 1500 et 2000 habitants, mais en 1654 la population de la colonie hollandaise avait déjà atteint 5000 habitants, alors que la colonie suédoise dépassait à peine 1000 habitants. Nommé gouverneur de la Nouvelle-Hollande en 1647, Peter Stuyvesant avait résolu de s'emparer de la colonie suédoise devenue trop encombrante. Avec une armée de plus de 300 soldats hollandais, Stuyvesant fit tomber les forts suédois les uns après les autres. La Nouvelle-Suède dut se rendre en 1655.
Par la suite, le gouverneur Stuyvesant permit aux colons suédois de continuer à vivre comme «nation suédoise», c'est-à-dire d'être dirigés par un administrateur de leur choix, de conserver leurs terres, d'organiser leur propre milice, de pratiquer leur religion, de parler leur langue et de faire du commerce avec les autochtones. La «nation suédoise» a pu poursuivre ses activités jusqu'en 1681, lorsque William Penn reçut de Charles II d’Angleterre une charte pour acquérir la Pennsylvanie et les trois comtés du Delaware actuel. L'ancienne colonie suédoise fut alors submergée par les nombreux immigrants anglais, allemands, hollandais, irlandais et français (huguenots) et connut rapidement une prospérité reposant sur un développement économique constant. Il n'en demeure pas moins que les 1000 habitants d'origine suédoise ont laissé une descendance estimée aujourd'hui à quelque 20 millions d'Américains.
Au
XVIIe
siècle, la Suède se trouvait au maximum de son expansion Elle possédait
non seulement la Suède, mais aussi également toute la Finlande, une partie
de la Norvège, l'Estonie, ainsi que des territoires en Russie, en
Lettonie, en Pologne et en Allemagne.
Les territoires coloniaux s'étendirent d'abord en Nouvelle-Suède (entre 1638 et 1655), qu'elle perdit au profit des Hollandais. La Suède contrôla temporairement
différents postes sur la
Côte-de-l'Or
(l'actuel Ghana) à
partir du mois d'avril 1650, mais elle perdit le dernier poste moins de
quinze
ans plus tard lorsque, le 20 avril 1663, Fort Carlsborg et l’important
Fort Chistiansborg furent récupérés par le Danemark. En 1785, Gustave III de Suède obtint l'île de Saint-Barthélemy en échange d'un comptoir français à Göteborg (Suède). Mais La France acheta l’île en 1878, vendue en raison de sa non-rentabilité. C'était la dernière colonie suédoise. |
Histoire sociolinguistique des États-Unis: (2) La colonisation européenne