|
GambieRepublic of the Gambia |
Capitale: Banjul |
La Gambie est un pays d'Afrique
de l’Ouest, baigné par l’océan
Atlantique, dont les frontières en longueur se découpent entièrement à l’intérieur du
Sénégal (voir la carte détaillée). Se confondant avec la vallée du
fleuve Gambie, auquel il doit son nom, ce pays constitue l’un des plus
petits États du continent africain, avec une superficie de seulement 11 295 km²
(France: 547 03 km²).
Fait très particulier (un héritage du colonialisme), le pays s’étire sur
480 km (à vol d'oiseau)
de part et d’autre du fleuve Gambie, depuis sa source jusqu'à son
embouchure; la distance du nord au sud n’excède
pas 50 km. Cependant, comme son cours est sinueux, la longueur réelle
du fleuve Gambie est estimée à 1125 km. La Gambie a pour capitale Banjul,
située sur la côte ouest à l'embouchure du fleuve; c'est la seule
grande ville et unique port maritime du pays.
Le pays est divisé en cinq provinces et une municipalité: Banjul ("Division du Grand Banjul"), Western Coast ("Côte-Ouest"), North Bank ("Banque du Nord"), Lower River ("Fleuve inférieur"), Central River ("Fleuve central") et Upper River ("Fleuve supérieur"). |
Contrairement au Sénégal, la Gambie est une ancienne colonie britannique et elle a dû constamment, depuis son indépendance en 1965, résister à la volonté d’unification de son voisin sénégalais (francophone), dont elle dépend étroitement.
|
La population gambienne était estimée à 1,4 millions d'habitants en
2004, ce qui correspond à une densité assez élevée (de 124,9 habitants au km²)
pour un pays d'Afrique. Outre la capital (Banjul), les provinces les plus peuplées sont la
West Coast, l'Upper River, La Central River et la North River. En
2023, la population était de 2,6 millions. 2.1 Les ethnies Les Mandingues (ou Malinkés) représentent 38 % de la population. Les autres groupes importants sont les Wolofs (17,9 %), les Falacunda ou Peuls (14 %), les Soninkés (9,2 %) et les Toucouleurs (7,1 %). Certaines petites communautés (Bambara, Jahanka ou Jahanqués, Kalankés, Khassonkés, etc.) proviennent des pays voisins, mais surtout du Sénégal (francophone) ou de la Guinée-Bissau (lusophone). |
Le tableau qui suit présente la répartition des peuples et des langues dans le pays:
Ethnie | Population | Pourcentage | Langue principale | Filiation linguistique | Religion |
Mandingues | 1 137 000 | 42,5 % |
mandingue |
islam |
|
Fulani | 459 000 | 17,1 % | peul | nigéro-congolaise | islam |
Wolof | 382 000 | 14,2 % | wolof | nigéro-congolaise | islam |
Soninké | 158 000 | 5,9 % | soninké | nigéro-congolaise | islam |
Jola-Fonyi | 142 000 | 5,3 % | fonyi | nigéro-congolaise | islam |
Jola-Karon | 80 00 | 2,9 % | karon | nigéro-congolaise | religion ethnique |
Sérère | 64 000 | 2,3 % | sérère | nigéro-congolaise | islam |
Mandjaque | 46 000 | 1,7 % | mandjaque | nigéro-congolaise | religion ethnique |
Maure | 39 000 | 1,4 % | hassaniya | famille afro-asiatique (sémitique) | islam |
Bainouk | 35 000 | 1,3 % | bainouk | nigéro-congolaise | islam |
Maninké | 31 500 | 1,1 % | maninké | nigéro-congolaise | islam |
Créole | 27 000 | 1,0 % | créole portugais | créole (portugais) | christianisme |
Bambara | 26 000 | 0,9 % | bambara | nigéro-congolaise | islam |
Aku | 21 000 | 0,7 % | krio | groupe ouest-atlantique | christianisme |
Haoussa | 13 000 | 0,4 % | haoussa | famille afro-asiatique (tchadique) | islam |
Yorouba | 13 000 | 0,4 % | yourouba | nigéro-congolaise | islam |
Igbo | 7 700 | 0,2 % | igbo | nigéro-congolaise | christianisme |
Jahanka | 6 200 | 0,2 % | jahanqué | nigéro-congolaise | islam |
Soussou | 5 200 | 0,1 % | soussou | nigéro-congolaise | islam |
Libanais | 3 800 | 0,1 % | arabe libanais | famille afro-asiatique (sémitique) | islam |
Balanta | 3 400 | 0,1 % | balanta | nigéro-congolaise | religion ethnique |
Khassonké | 2 700 | 0,1 % | khassonké | nigéro-congolaise | islam |
Maswanka | 2 700 | 0,1 % | mansoanka | nigéro-congolaise | islam |
Britannique | 2 600 | 0,0 % | anglais | langue germanique | christianisme |
Mankanya | 2 500 | 0,0 % | mankanya | nigéro-congolaise | religion ethnique |
Jola-Bayote | 1 300 | 0,0 % | bayot | nigéro-congolaise | religion ethnique |
Français | 1 100 | 0,0 % | français | langue romane | christianisme |
Autres | 33 000 | 1,2 % | - | - | - |
Total | 2 673 700 | 100 % |
2.2 Les langues gambiennes
La quasi-totalité des 18 langues gambiennes appartient à la famille nigéro-congolaise. Seuls les deux créoles (portugais et anglais) ne font pas partie de cette famille. Les langues les plus importantes sont, dans l'ordre décroissant, le mandingue, le wolof gambien, le peul, le soninké, le jola-fogny, le sérère et le mandjaque. L'anglais est la langue officielle de la Gambie, mais il ne constitue la langue maternelle de personne; il demeure une langue seconde. Comme la Gambie est enclavée dans le Sénégal, un État officiellement francophone, le français reste une langue importante; il est baragouiné par beaucoup de Gambiens. Néanmoins, la présence de plusieurs langues africaines couramment parlées dans cette région de l'Afrique, comme le wolof et le mandingue, permet aux citoyens de pays différents de communiquer dans des langues autres que les langues officielles que sont l'anglais en Gambie et le français au Sénégal. D'ailleurs, le français reste souvent la quatrième langue de certains Gambiens (après la langue maternelle, le wolof et l'anglais). La Gambie est un petit pays anglophone où l'occasion de parler le français n'existe qu'en raison des Sénégalais vivant en Gambie. Bien que l'anglais soit largement employé dans le monde, le français demeure une langue privilégiée à cause de la situation géopolitique de ce petit pays d'Afrique, où presque tous les États voisins sont francophones.
Environ 95 % des Gambiens pratiquent un islam (sunnite) très fortement imprégné des croyances traditionnelles africaines. Seule une petite minorité est de confession chrétienne.
2.3 La langue officielle
L'anglais a toujours été la langue officielle en Gambie, car c'est une ancienne colonie de l'Empire britannique. Mais cette langue est officielle dans les faits (de facto) et non de par la loi (de jure), puisqu'une qu'aucune déclaration n'a été rédigée ni promulguée. Toutefois, le président Yahya Jammeh a décidé de changer la langue officielle, l'anglais, pour l’arabe. Ce choix rapprocherait la Gambie de la Ligue des États arabes. En effet depuis plusieurs années, Yahya Jammeh a entretenu des relations très étroites avec certains pays arabes comme la Libye, l’Égypte et le Qatar, ainsi qu'avec l'Iran. Ce changement de langue officielle est devenu un sujet de discussion dans les casernes de l'armée et les lieux publics. Cette décision vient après que la Gambie eût retiré ses membres du Commonwealth britannique en octobre 2013. Yahya Jammeh a affirmé qu'il ne serait plus jamais «membre d'une institution néo-coloniale» et qu'il ne fera plus partie d'une institution qui représente «une extension du colonialisme». La Gambie a obtenu son indépendance du Royaume-Uni il y a un demi-siècle, et le président a déclaré que le seul vestige britannique dans son pays était aujourd'hui la langue anglaise:
We no longer believe that for you to be a government, you should speak a foreign language; we are going to speak our own language. | [Il n'est plus le temps de croire que, pour vous être un gouvernement, vous devriez parler une langue étrangère; nous allons parler notre propre langue.] |
Le problème, c'est que l'arabe littéraire n'est la langue maternelle de personne en Gambie. Le président gambien n'a pas donné de calendrier précis pour abandonner l'anglais, mais il a affirmé que cela arriverait «très bientôt» ("very soon").
Cette nouvelle politique linguistique pourrait être interprétée comme une stratégie visant à apaiser les nouveaux alliés arabes de la Gambie. Le président Jammeh a désespérément besoin d'argent et il fera tout ce qu'il faut pour séduire les Arabes. Il a confié de vastes secteurs de l'économie gambienne à des Syriens, des Libanais et des Jordaniens. De plus, en changeant de langue officielle, par exemple de l'anglais à l'arabe, la Gambie deviendrait une nation islamique. Des observateurs pourraient invoquer les dispositions de la Constitution ou de la législation à cet effet, mais ce serait oublier qu'aucune disposition ne proclame l'anglais comme langue officielle. De plus, la constitutionnalité des lois ou des pratiques n'a aucune importance en Gambie. Les décrets présidentiels font office de Constitution.
Il n'en demeure pas moins que le changement de langue officielle est plus facile à annoncer qu'à réaliser en pratique. Un tel changement entraînerait des conséquences énormes dont les modalités doivent être prévues avant qu'un tel changement ne soit effectué. Pour les spécialistes de la question, le passage de l'anglais à l'arabe pourrait se révéler un processus long et complexe et il y a lieu de croire que le changement serait encore plus long que la propre vie du président Jammeh avant que la Gambie réussisse à faire disparaître complètement l'utilisation de l'anglais. Dans la pratique, il serait plus aisé de passer de l'anglais au français que de l'anglais à l'arabe. Totalement enclavé dans le territoire sénégalais, la Gambie subit beaucoup plus la concurrence du français que du Sénégal.
Des outils du néolithique et des morceaux de pierres
mégalithiques de l’âge du fer ont été trouvés près de Banjul. À partir du
XIIIe
siècle, les Mandingues, les Wolof et les Peuls s’établirent dans la vallée du
fleuve de Gambie.
Formant de petits États, ils payaient un tribut à l’empire du Mali.
En 1455, des Portugais établirent des comptoirs commerciaux le long du fleuve de
Gambie, à
partir desquels était organisée la traite des Noirs. Ils furent
supplantés au XVIIe siècle par des compagnies à charte anglaises et françaises.
En 1783, le traité de Versailles accorda les rives du fleuve de Gambie (50 km du
nord au sud) à la Grande-Bretagne. En 1816, les Britanniques achetèrent l’île de Banjul au souverain d’un royaume
local et fondèrent la ville de Bathurst, devenue Banjul. La Grande-Bretagne
parvint à maintenir sa suprématie malgré les autorités françaises, notamment
exprimée par le général Gallieni, de réunir en un seul territoire le Sénégal et
la vallée inférieure de la Gambie.
3.1 Le protectorat britannique
La région de la Gambie devint un protectorat britannique en 1820 et une colonie
de la Couronne en 1886. En 1889 furent fixées, par un accord avec la France, les
frontières de la Gambie actuelle.
La Gambie bénéficia d’un régime d’administration indirecte, qui maintenait le
pouvoir des chefs locaux. La Grande-Bretagne encouragea le développement de la
production des arachides. Le gouvernement colonial ne se préoccupa jamais de
l'enseignement de l'anglais auprès des autochtones. Il avait laissé la
responsabilité de l'éducation aux missionnaires, qui utilisèrent les langues
locales. Ce ne fut qu’après la Seconde Guerre
mondiale que furent formés en anglais les premiers cadres autochtones aux fonctions
administratives. Des partis politiques nationalistes se créèrent dans les années 1950, et, en
1960, furent organisées des élections à l’échelle nationale.
3.2 Après l’indépendance
La Gambie accéda à l'indépendance le 18 février 1965, avec pour premier ministre sir Dawda Kaibara
Jawara, à l’issue d’un référendum populaire. En s’appuyant sur le Parti progressiste du peuple
(People’s Progressive Party: le PPP), Dawda Kaibara
Jawara demeura au pouvoir jusqu’en juillet 1994.
En 1981, quelque 500 personnes furent tuées dans une tentative de coup d’État,
accompagnée d’émeutes à Banjul, ce qui provoqua l’intervention du Sénégal. L’année
suivante, le Sénégal obtenait la création d’une confédération de Sénégambie, que
présidait le président sénégalais Abdou Diouf, alors que Dawda Kaibara
Jawara était le vice-président.
Cette confédération n’eut guère de suites concrètes, que ce soit au point de vue
économique que politique. C'est pourquoi elle s’effondra en 1989, mais elle fut
suivie d'un traité d’amitié
en 1991.
En juillet 1994, un groupe de jeunes officiers renversa le gouvernement de
Jawara et prit le contrôle du pays. Un conseil provisoire de gouvernement
militaire (Arm Forces Provisional Ruling Military Council : le AFPRC), que
dirigeait le capitaine Yahya Jameh, fut mis en place. La Constitution fut
suspendue ainsi que les partis politiques. Plusieurs pays de l’Union
européenne, surtout la Grande-Bretagne, firent pression sur Yahya Jameh
restaure la démocratie. Après la suspension de l’aide internationale qui
représentait, en 1993, le quart du revenu national gambien, le PRCPF s’engagea à
organiser des élections pluralistes en 1996. L’aggravation de la situation
économique convainquit Jameh à devancer la date choisie pour le retour à un régime
civil. Le 8 août 1996, la nouvelle Constitution fut approuvée par 70 % des
électeurs et, le 26 septembre, Yahya Jammeh remporta l’élection présidentielle avec
56 % des voix, contre 36 % à son adversaire (Ousainou Darbo). Cette
élection, à laquelle plusieurs figures de l’opposition n’eurent pas le droit de
se présenter, fut entachée par des fraudes massives. En janvier 1997, les élections
législatives donnèrent la majorité à l’Alliance patriotique pour la
réorientation et la construction (APRC) de Yahya Jammeh, l’opposition ne
remportant que 10 sièges.
La stabilisation de la situation politique a favorisé une certaine accalmie
économique, marquée notamment par une reprise de l’activité touristique.
Cependant, la situation est demeurée difficile, en raison de la suspension des
programmes internationaux de coopération après le coup d’État de 1994.
Bien qu'elle ait été membre du Commonwealth depuis 1965, la Gambie annonçait en octobre 2013 son retrait de l'organisation qui critiquait le régime du président Yahya Jammeh au sujet des droits de l'homme. Le président n'a jamais hésité à menacer de mort les défenseurs des droits de l'homme, en accusant ceux qui aideraient ces derniers de vouloir «déstabiliser le pays».
La Constitution du 24 avril fut suspendue en juillet 1994, modifiée et approuvée lors d'un référendum national le 8 août 1996; elle ne fut rétablie qu'en janvier 1997. Aucune disposition ne proclame l'anglais comme langue officielle. Généralement, un État qui n'a pas de langue officielle de jure n'a pas de politique linguistique élaborée. L'article 17 de la Constitution porte sur les libertés fondamentales:
Article 17 2) Indépendamment de sa race, de sa couleur, de son sexe, de sa langue, de sa religion, de son opinion politique ou autre, de son origine nationale ou sociale, de ses biens, de sa naissance ou de tout autre statut, tous les citoyens en Gambie bénéficient des libertés et des droits humains fondamentaux ainsi qu'aux libertés individuelles contenues dans le présent chapitre, mais tous sont tenus de respecter les droits et libertés des autres dans l'intérêt public. |
L'article 32 de la Constitution reconnaît aux Gambiens le droit de pratiquer et de préserver leurs culture et langue particulières:
Article 32 Tous les citoyens ont le droit d'aimer, de pratiquer, de revendiquer, de maintenir et de promouvoir une culture, une langue, une tradition ou une religion soumise aux termes de la présente Constitution et à la condition que les droits protégés par la présente disposition n'empiètent pas sur les droits et libertés des autres ou sur l'intérêt national, notamment l'unité nationale. |
L'article 33 de la Constitution traite de la discrimination (y compris la langue), mais rien ne précise que celle-ci soit interdite:
Article 33 4) Dans le présent article, le mot «discrimination» désigne un traitement différent à des personnes diverses, attribuable complètement ou principalement à leurs descriptions respectives concernant la race, la couleur, le genre, la langue, la religion, l'opinion politique ou autre, l'origine nationale ou sociale, les biens, la naissance ou tout autre statut par lequel les individus correspondant à cette description sont soumis aux handicaps ou à des restrictions auxquelles ceux qui correspondent à un autre signalement ne sont pas assujettis, ou lorsque la discrimination accorde des privilèges ou des avantages que l'on ne s'accorde pas aux individus correspondant à une autre caractéristique. |
4.1 La langue de l'État
À la suite de l'indépendance, les dirigeants de l'époque ont cru plus sage de reconduire la politique linguistique coloniale. L'anglais n'a jamais été promulgué langue officielle; il le fut dans les faits (de facto). La seule langue utilisée au Parlement est l'anglais; c'est même l'une des conditions pour être élu. Comme c'est la langue de l'État, c'est l'anglais qui est employé dans l'Administration et les tribunaux, de même que dans tous les événements officiels.
Curieusement, la Loi sur la nationalité et la citoyenneté (1965) ne prescrit au candidat ou à la candidate aucune langue précise en particulier, sauf la «connaissance suffisante d'une langue d'usage courant en Gambie» :
Article 3 Enregistrement de certaines personnes en tant que citoyens 1) Sous réserve des dispositions du paragraphe 4 du présent article, un citoyen d'un pays auquel l'article 6 de la Constitution s'applique, ou de la république d'Irlande ou de toute personne protégée, être une personne physique majeure et capable de faire une demande au ministre de la manière prescrite pour être enregistrée en tant que citoyen de la Gambie s'il convainc le ministre -
|
Il est possible que ce soit l'anglais, mais en principe une langue courante en Gambie ne peut être qu'une langue gambienne, notamment le mandingue, le wolof gambien, le peul ou le soninké.
Mais l'article 38 de la Loi sur les réfugiés (2008) autorise l'emploi d'une autre langue que l'anglais avec l'aide d'un interprète:
Article 38 Interprétation linguistique Le formulaire de demande doit normalement être complété en anglais, mais un réfugié : - analphabète ou non scolarisé en anglais peut compléter le formulaire de demande dans une autre langue de son choix ou être assisté gratuitement des services d'interprétation fournis par la Commission. |
Il en est ainsi à l'article 29 de la Loi sur l'enfance (2010) lorsqu'un parent ne peut pas lire ni écrire en anglais:
Article 29 1) Lorsque le père et la mère d'un enfant, qui ne sont pas mariés l'un à l'autre au moment de la naissance de l'enfant, acceptent la responsabilité parentale conjointe de l'enfant, le contrat de responsabilité parentale doit être conforme à la formule 9 à 'annexe au présent règlement. 2) Le contrat doit être attestée par un juge de paix, un notaire ou un commissaire à l'assermentation, qui doit expliquer aux parents dans une langue qu'ils comprennent, s'ils ne peuvent pas lire ni écrire en anglais, le contenu du contrat et de l'état de celui-ci au moment du contrat. |
Cependant, l'article 17 de la
Loi sur
l'administration locale (2002) impose l'usage de l'anglais dans
l'administration locale comme membre d'un Conseil :
Article 17 Qualification et disqualification des conseillers au Conseil 1) Toute personne est admissible à l'élection ou à la nomination comme membre du Conseil si elle :
|
Selon la Loi sur les zones franches (2001), la connaissance de l'anglais est aussi exigée pour un opérateur d'une zone franche:
Article 16 Un opérateur d'une zone franche doit :
|
Ces quelques rares textes juridiques concernant la langue en Gambie démontrent que l'anglais n'est obligatoire que pour les fonctionnaires, non pour les simples citoyens.
4.2 Les langues admises dans les tribunaux
Il existe quelques dispositions concernant les langues employées dans les tribunaux. En effet, certains paragraphes des articles 19, 24 et 36 de la Constitution portent sur ce sujet:
Article 19 2) Quiconque est arrêté ou détenu doit être informé aussitôt qu'il est raisonnablement possible de le faire, et en dans tous les cas dans un délai de trois heures, dans une langue qu'il comprend, des motifs de son arrestation ou de sa détention, ainsi que de son droit de consulter un avocat. Article 24 2) [...]
Article 36 1) Lorsque quelqu'un est détenue en vertu d'une loi de l'Assemblée nationale mentionnée à l'article 35, les dispositions suivantes s'appliquent :
|
Autrement dit, un accusé est assuré de recevoir des explications sur son arrestation dans une langue qu'il comprend. Il faut savoir que l'école n'a pas rejoint nécessairement les personnes plus âgées — l'école n'étant pas obligatoire — et que beaucoup de gens ignorent la langue officielle; ils ne savent ni lire ni écrire. Il faut bien comprendre que l'usage d'une langue gambienne ne constitue pas un droit linguistique au sens strict, mais un recours de dernière instance parce qu'on ne peut pas faire autrement.
4.3 L'éducation
La Gambie est un pays pauvre. L’enseignement primaire est gratuit (les cinq premières années), mais il n’est pas obligatoire. En 2001, l’alphabétisation ne concernait que 59 % de la population; et 40 % des jeunes de 12 à 17 ans étaient scolarisés. Si 75 % des enfants commencent leurs études primaires, seuls quelque 20 % des jeunes accèdent au secondaire. De plus, le pays ne possède pas d’université, mais une proportion de 0,4 % des jeunes réussissent à s'instruire à l'extérieur du pays.
Dans tous les secteurs de l'éducation, l'anglais est la langue d'enseignement, sauf dans les écoles coraniques où la langue enseignée est l'arabe. Un cours de français langue seconde est disponible pour les élèves du secondaire. Toutes les études sauf l'école Islamique sont effectuées en anglais. Comme la Gambie est un pays pauvre, les écoles ne sont pas toujours pourvues de manuels en quantité suffisante et la formation des enseignants laisse parfois à désirer. Par exemple, il est difficile de trouver des documents en langue française en Gambie, notamment ceux qui pourraient être utiles dans l'enseignement. Pour diverses autres raisons, l'enseignement des langues étrangères n'est peut-être pas toujours adéquate dans ce pays.
4.4 Les médias
Comme c'est souvent le cas dans les pays d'Afrique, la langue officielle est omniprésente dans les médias écrits et électroniques, sauf à la radio où les langues locales demeurent le moyen le plus sûr pour rejoindre les autochtones. En Gambie, 85 % des habitants vivent de l'agriculture ou de la pêche et beaucoup ignorent la langue officielle.
Les principaux journaux du pays, tels que The Daily Observer, The Gambia Daily, The Gambia News, The Independent et The Point (tous de Banjul)ne publient qu'en anglais. Radio Gambia diffuse sa programmation en anglais et dans quelques langues locales (surtout en wolof, en mandingue et en peul). Il en est ainsi pour les stations Citizen FM, Radio 1 FM et quelques autres (West Coast Radio, City Limits Radio, Radio Syd, Sud FM, etc.). Le gouvernement opère la seule station de télévision nationale, GRTS, qui rejoint environ 60 % des Gambiens. Il existe d'autres rares stations privées captées par satellite, mais Premium TV Network, une station transmise de Banjul par Arabstat, diffuse en arabe classique.
La Gambie se caractérise par une politique linguistique de
non-intervention, se contentant de perpétuer les usages en cours depuis le
protectorat britannique. Aucun effort n'est tenté pour sauvegarder les langues
locales qui, de toute façon, ne sont pas en danger. Le mandingue, le wolof et le
peul demeurent les grandes langues véhiculaires du pays aux dépens de l'anglais
réservé à l'administration de l'État, les écoles et les documents écrits. En
somme, il y a peu à dire sur cette politique linguistique, sinon qu'elle
correspond sûrement à un coût économique limité par rapport à ce qui pourrait
être fait en faveur des langues gambiennes.
Bibliographie
|