Le judéo-espagnol
Le judéo-espagnol est une langue ibéro-romane issue du castillan médiéval (1492) et parlée par les Juifs de la diaspora. La plupart des Juifs qui parlent encore cette langue ont comme terre d'origine la péninsule Ibérique, l’Afrique du Nord, la Turquie, la Grèce, la Bulgarie et l’Italie. On les appelle les juifs séfarades, ce qui signifie en hébreu «Espagne».
Appelé aussi ladino ou djudezmo, le judéo-espagnol correspondrait à la variété espagnole parlée à la cours du roi de Castille à la fin du XVe siècle. Le 31 mars 1492, le roi Ferdinand de Castille avait décidé de chasser tous les Juifs d’Espagne qui refusaient de se convertir au catholicisme. Près de 200 00 juifs ont dû s'exiler en Afrique du Nord (surtout au Maroc), en Turquie et dans certains autres pays de la Méditerranée. Ces exilés ont conservé leur langue espagnole, mais celle-ci a a évolué différemment du castillan d’Espagne, au point où, vers 1620, on pouvait déjà parler de nouvelles langues: espanyol, djudezmo, judyo, djidyo, spanyolith, ladino, etc. On distingue également le judéo-français, le judéo-italien, le judéo-grec, le judéo-turc, etc. En ce sens, le judéo-espagnol ne peut être considéré comme une sorte de reliquat du castillan médiéval.
Après le XVe siècle, les Juifs installés autour des pays de la Méditerranée en sont venus progressivement à se reconnaître dans cette langue judéo-espagnole qui, malgré ses influences arabes, turques, italiennes, grecques, etc., constitue encore aujourd’hui un témoignage vivant de l’espagnol parlé aux XIVe et XVe siècles. On estime que près de 400 000 juifs parlent cette langue, dont 300 000 juste en Israël. Le judéo-espagnol s’est écrit pendant un certain temps avec l'alphabet hébreu, mais au cours du XXe siècle les caractères latins ont fini par l’emporter. Le judéo-espagnol a emprunté beaucoup de mots à l'hébreu, à l'arabe, au turc, au grec, au bulgare, à l'italien, etc.
En Israël, c'est aujourd'hui une langue qui, en raison de la concurrence de l’hébreu, est éventuellement appelée à disparaître. La communauté séfarade continue de se distinguer de la communauté ashkénaze par ses rites religieux. On parle parfois de deux «religions juives»: les ashkénazes et les séfarades. Dans les autres pays, le judéo-espagnol est concurrencé par les langues des pays d'accueil, et ce, d'autant plus qu'il n'est pas standardisé, qu'il n'est jamais reconnu dans l'enseignement et qu'il demeure sans prestige.