Circulaire du
14 février 2003 relative à l’emploi de la langue
française
Premier
ministre - NOR : PRMX0306461C - JO du
21-03-2003, p. 5034-5035
Paris, le 14 février 2003.
Le Premier ministre à Mesdames,
Messieurs les
ministres, ministres délégués et secrétaires d’État.
Je souhaite que le
Gouvernement conduise une politique ambitieuse, déterminée
et renouvelée en faveur de la langue française. Cette
politique est nécessaire pour assurer, au service de nos
concitoyens, la primauté de notre langue sur le territoire
national ; elle l’est également pour préserver la place du
français sur la scène internationale.
1. Assurer la
primauté du français sur le territoire national
Langue de la
République, le français est notre bien commun. Les règles
qui en garantissent l’usage et en favorisent le
développement doivent être strictement observées.
Les textes en
vigueur donnent aux consommateurs et aux salariés
l’assurance de disposer d’une information en langue
française, droit essentiel qui leur offre une protection
indispensable à leur sécurité et à leur santé. J’invite donc
les services chargés de contrôler l’application des textes
relatifs à l’emploi de la langue française, en particulier
la loi du 4 août 1994, à accomplir leur mission avec une
particulière vigilance.
Par ailleurs,
notre langue doit pouvoir continuer à disposer de termes et
d’expressions permettant d’exprimer les notions et réalités
contemporaines. C’est le but du travail de terminologie et
de néologie. Je vous engage à favoriser l’activité des
commissions de terminologie et de néologie placées sous
votre autorité. Votre rôle est en effet déterminant pour
enrichir, faire connaître et partager les ressources
nouvelles du français.
À cet égard, la
création de commissions spécialisées et la nomination de
hauts fonctionnaires chargés de la terminologie et de la
néologie doivent intervenir très rapidement pour couvrir
l’ensemble des domaines dont vous avez la charge.
Je vous rappelle
enfin que les termes retenus par la commission générale de
terminologie et de néologie s’imposent aux services et aux
établissements publics de l’État. Je vous demande de veiller
particulièrement à ce qu’ils soient employés dans tous les
moyens d’information et de communication, traditionnels
(publications) et nouveaux (sites de l’internet), dont le
contenu relève de votre responsabilité ou de la
responsabilité d’établissements placés sous votre autorité
ou votre tutelle.
Il importe
également que vous favorisiez la diffusion des contenus
scientifiques en langue française. Vous serez attentifs à
l’application des dispositions de la loi du 4 août 1994
permettant d’assurer la présence de notre langue dans les
manifestations internationales organisées sur notre
territoire. Plusieurs dispositifs de soutien, proposés
notamment par le ministère de la culture et de la
communication, encouragent l’usage du français dans les
publications comme dans les colloques scientifiques. Vous
veillerez à en informer les organismes susceptibles d’y
recourir.
2. Affirmer la
place du français sur la scène internationale
Le respect du
statut de langue officielle et de langue de travail du
français dans les organisations internationales,
particulièrement les institutions européennes, est une
condition du maintien de la diversité linguistique. Il
importe de promouvoir de façon dynamique l’usage de notre
langue dans ces enceintes.
Le prochain
élargissement de l’Union européenne doit être l’occasion de
promouvoir le recours à l’utilisation de la langue française
en Europe. L’usage du français est important dans les
institutions communautaires et il doit le rester. Dès lors,
un effort majeur doit être accompli pour répondre aux fortes
demandes de formation à la langue française des diplomates
et des fonctionnaires des États candidats. En outre, nous
devons mener une politique déterminée en faveur du
plurilinguisme dans les institutions européennes et dans les
programmes d’éducation et de formation nationaux et
européens. Je souhaite que le Gouvernement intensifie son
action en ce sens.
J’attends
également que, dans les différentes négociations auxquelles
vous êtes amenés à participer dans le cadre européen, les
intérêts de notre langue et la préservation de la diversité
linguistique soient vigoureusement défendus.
Je vous invite
donc à rappeler aux agents placés sous votre autorité les
responsabilités particulières qui leur incombent au regard
de la langue française, dont ils doivent systématiquement
privilégier l’emploi. Les règles qu’ils sont tenus
d’observer dans leurs activités en France et dans les
relations internationales font l’objet de plusieurs
circulaires qui, je le souligne, demeurent en vigueur.
Nos concitoyens
attendent de l’État qu’il montre l’exemple dans
l’utilisation de la langue française. Je compte sur votre
vigilance pour rappeler à vos services l’importance de cet
enjeu.
Jean-Pierre
RAFFARIN |