Les janissaires
Conformément à la loi islamique, les non-musulmans devaient être écartés de l'armée et de l'administration ottomane, mais cette règle fut contournée dune certaine manière, dans les Balkans et particulièrement en Serbie et au Kosovo, par la pratique originale de la devchirmé.
Cest que les Ottomans avaient pris l'habitude, par lentremise des janissaires, un corps délite spécialement formé à cet effet, d'enlever de jeunes adolescents chrétiens à leur famille. Dès le XIVe siècle, les Serbes et les Albanais étaient terrorisés à la seule pensée de voir arriver les janissaires dans leur région. Après avoir été enlevés, les jeunes étaient circoncis, puis convertis de force à l'islam et fanatisés. Ensuite, ils recevaient une éducation particulièrement «soignée» pour servir dans les troupes d'élite, dont le fameux corps des janissaires, et, pour les plus aptes, dans les services administratifs jusque parfois aux plus hauts postes du palais: conseillers du divan et grands vizirs. Parmi les quarante sept grands vizirs qui se succédèrent entre 1453 et 1623, cinq seulement furent de souche turque. Ceux qui se «convertissaient» à lislam étaient exclus du «ramassage» des janissaires et pouvaient servir dans ladministration ottomane. Si les Serbes à lexception des Bosniaques refusaient généralement de se convertir à lislam, les Albanais du Kosovo, au contraire, ne sen étaient pas privés.
Ce système, qui avait l'avantage de fournir au sultan une protection et une élite dirigeante entretenue dans un esprit de soumission et de parfaite loyauté, constituait certainement un puissant moyen de centralisation et d'homogénéisation du gouvernement de l'Empire. Mais la devchirmé tomba en désuétude dès le XVIIe siècle, et sa suppression officielle en 1826, avec la dissolution du corps des janissaires, n'est que la confirmation d'un déclin général de la puissance ottomane.
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Source:
POUMARÈDE, Jacques. «Approche historique du droit des minorités et des peuples autochtones» dans Droit des minorités et des peuples autochtones, Paris, Presses Universitaires de France, 1996, p. 129-130.