Schisme de 1054
Le schisme de 1054 désigne en principe la rupture survenue
le 16 juillet 1054 entre l’Église de Rome (Occident) et l’Église de
Constantinople (Orient). Au XIe siècle,
les relations entre le patriarche de Constantinople et le pape de Rome étaient très tendues
depuis déjà deux siècles. À partir du IXe
siècle,
l'Italie du Sud était sous juridiction de l'empereur byzantin (voir la carte ci-dessous),
là
où s'élevaient de nombreuses églises de rite grec. Or, le pape entendait y implanter le rite latin, comme dans le reste de la péninsule
italienne et dans le reste de l’Europe. En réponse aux mesures du pape, le
patriarche de Constantinople fit fermer les couvents et les églises latines de
Constantinople pour cause de non-respect des usages liturgiques grecs.
Il s'ensuivit une excommunication réciproque entre le patriarche de Constantinople, Michel Cérulaire (de mars 1043 à novembre 1058) et le pape de Rome, Léon IX (de 1049 à 1054). Les croyants n'en firent peu de cas, et ce, d'autant plus que le décès du pape Léon IX frappait d'invalidité l'excommunication prononcée contre le patriarche de Constantinople, mais la situation allait s'envenimer davantage par la suite. |
L'essentiel du contentieux entre les deux Églises chrétiennes reposait sur l'étendue du pouvoir accordé respectivement à l'évêque de Rome et à l'évêque de Constantinople. Le premier est convaincu de la primauté de Rome parce que son Église a été fondée par l'apôtre Pierre, le premier pape. D'autres sièges, tels Alexandrie, Antioche et Jérusalem, bénéficiaient également de ce principe d'apostolicité, parce qu'ils avaient été fondés par des apôtres. Or, Constantinople n'avait pas d'origine apostolique. Outre cette querelle sur l’ordre «hiérarchique» à fixer entre l'évêque de Rome et l'évêque de Constantinople, le différend prit une dimension politique.
En effet, l’évêque de Rome, le
pape, est devenu un sujet de l'empereur byzantin, le seul héritier de
l’Empire romain depuis la chute de l’Empire d’Occident en 476; l'empereur
byzantin, le basileus (du grec
Basileús,
signifiant
«roi»), avait comme mission d'assurer la sécurité du chef de l'Église
romaine. Le
problème, c'est que, en 800, Charlemagne avait été sacré
du titre
d'«empereur des Romains» à Rome par
le pape Léon III, et ce, en remerciement des services rendus à la
papauté, notamment l'élimination des Lombards. Dès lors, Rome choisissait le
Saint-Empire romain germanique (Occident) au dépens de l'Empire d'Orient.
Avec le sacre de Charlemagne, le monde romain de l'Antiquité se trouvait
désormais partagé entre trois empires rivaux: l'Empire carolingien en Europe
(capitale : Aix-la-Chapelle), l'Empire byzantin en Anatolie (capitale:
Constantinople) et l'Empire arabe au Proche-Orient et au Maghreb
(capitale : Bagdad).
Il y avait aussi des rivalités d'ordre culturel et linguistique: l'Église de Constantinople utilisait le grec, alors que c'était le latin à Rome. L'Église d'Orient resta toujours très influencée par la philosophie et la littérature grecques, ce qui allait faciliter la conversion massive des peuples slaves au christianisme byzantin (orthodoxe). À ces rivalités s'ajoutèrent des affrontement dogmatiques, liturgiques et disciplinaires. Ainsi, le mariage des prêtres était autorisé à Constantinople, pas à Rome |
Les relations entre l'Église de Rome et l'Église de Constantinople reprirent provisoirement, mais le pillage de Constantinople par les croisés en 1204 allait consacrer définitivement la rupture entre les deux mondes.
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