Les Moraves sont les habitants de la Moravie (en tchèque Morava),
une région géographique et historique formant la partie orientale de la République
tchèque (jusqu'à son indépendance effective le 1er janvier
1993), la partie occidentale étant peuplée de Tchèques.
La région de la Moravie fut d'abord peuplée par les Celtes boïens avant l'ère chrétienne, puis habitée par les Quades, les Rugiens, les Hérules et, au VIIe siècle, par un peuple slave qui prit le nom de Morave. |
La Grande-Moravie fut fondé vers 830. Ce
royaume s'étendait sur les territoires actuels de la République
tchèque (Bohème et Moravie), de la Slovaquie (Moravie et principauté
de Nitra), de l'Allemagne orientale et de l'Autriche (Bohème et
Lusace), de la Hongrie au nord-ouest (Nitra et Pannonie), du sud de
la Pologne (Vistule et Silésie), ainsi que des parcelles de la
Slovénie, de l'Ukraine (Galicie), de la Serbie (Pannonie) et de la
Roumanie (Transthéissie).
Le roi morave Rostislav (820-870) fit appel à des missionnaires auprès de l'empereur byzantin Michel III pour christianiser les Slaves de la Grande-Moravie. Ce dernier envoya en 863 deux missionnaires, Cyrille le Philosophe (prénommé Constantin, ensuite appelé Cyrille de Salonique) et son frère Méthode. Les deux frères fondèrent l'Église slavonne et l'écriture slavonne. La Grande-Moravie atteignit sa plus grande étendue territoriale sous le comte Svätopluk Ier (840-894) qui régna de 870 à 894. Puis les habitants de la Grande-Moravie tombèrent sous la domination hongroise après 907, avec d'autres groupes comme les Croates, les Slovènes, les Dalmates, les Serbes et les Ruthènes. Le royaume de Grande-Moravie disparut d'un coup! |
Après une défaite aux mains des Hongrois en 906, la Grande-Moravie fut ensuite dépecée entre les royaumes voisins. C'est ainsi qu'elle fut rattachée à la Bohême en 1029. Son histoire se confondit ensuite avec celle de la Bohême, avec qui elle passa sous l'autorité des Habsbourgs en 1526. Domaine de la couronne d'Autriche, séparée après la révolution de 1848, elle fut rattachée à la Tchécoslovaquie lors de la formation de ce pays en 1918. En janvier 1993, la Tchécoslovaquie fut dissoute et la République slovaque ainsi que la République tchèque devinrent deux nations indépendantes. Aujourd'hui, la Moravie forme deux régions régions administratives de la République tchèque: la Moravie méridionale et la Moravie septentrionale. La ville principale est Brno.
Au début des années 1990, un mouvement morave émergea, lequel consistait à promouvoir l'idée que les Moraves étaient une nation indépendante des Tchèques, prétendument la plus ancienne parmi les Slaves, car les tribus slaves moraves occidentales auraient été réunies au début du IXe siècle. Cette autodétermination morave historiquement la plus importante était étroitement liée à la chute du régime communiste, pour lequel il n'a pas été possible de déclarer la nationalité morave lors des recensements, et à la division de la république qui a suivi.
Lors du recensement de 1991, quelque 1,3 million de citoyens de la République tchèque, soit 13,2% de la population, ont déclaré une nationalité morave. Lors du recensement de 2001, il y eut une baisse importante, puisque seulement 380 474 citoyens de la République tchèque, soit 3,7% de la population, ont alors déclaré la nationalité morave. Par rapport au recensement de 1991, soit celui de 2001, près d'un million de personnes se sont à nouveau déclarées de nationalité tchèque la plus grande concentration de la population, qui s'est déclarée de nationalité morave, se trouvait dans la région de la Moravie du Sud. Selon les résultats du recensement de la population de 2011, le nombre d'habitants de nationalité morave a de nouveau augmenté, avec un total de 630 897 habitants, soit 6,3% de la population totale de la République tchèque. La part la plus importante a de nouveau été enregistrée dans la région de Moravie du Sud, où 21,8% de la population s'est déclarée de nationalité morave, suivie par la région de Zlín (16,3%), la région d'Olomouc (12,0%) et la région de Vysočina (7,0%). La question de la nationalité morave indépendante, différente de la nationalité tchèque, est souvent associée aux efforts visant à restaurer l'autonomie morave.
Quant aux Moraves, ils ont toujours conservé une identité distincte des Tchèques, même s'ils parlent la même langue: le tchèque. Les Moraves compteraient pour 13,4 % de la population de la République tchèque, contre 81,4 % pour les Tchèques. À l’exemple des Tchèques de Bohême, les Moraves sont des tchécophones.
L’idée d’une Moravie politiquement plus ou moins indépendante caresse l’esprit de beaucoup de Moraves. C’est peut-être l’une des raisons qui expliquent que l’État tchèque n'a pas encore trouvé d'appellation satisfaisante pour désigner «le pays des Tchèques et des Moraves»: c’est en effet l'un des rares pays au monde à être défini par un adjectif (République tchèque) plutôt que par un nom propre (Tchéquie, étant une dénomination non officielle).
Le mot Čechy (ou Tchéquie) désigne la Bohême, non le pays tout entier. On utilise plutôt le terme Česko (ou Tchessco) ou simplement Republika pour désigner le pays, car le mot Čechy revêt une connotation négative en raison notamment de son emploi par Adolf Hitler, qui parlait de faire disparaître la «Tchéquie» (Bohême) de la carte d’Europe.
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